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Aliénor de Clairefontaine
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Aliénor de Clairefontaine
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Mar 20 Aoû 2024 - 12:48

"Alors elle s'appelle Aliénor...?"

Musique (Attention à bien baisser le volume avant de la lancer) :



Samedi 19 Mai 2018
Centre commercial de Kobe

Le week-end, Aliénor était généralement seule. Le peu d’amies qu’elle s’était fait étaient en général bien occupées, et ses fins de semaine n’étaient ponctuées que soit de visionnage de films, soit de révisions ou de répétitions personnelles. Tant d’activités pour le moins passionnantes, certes, bien que nombre de personnes les trouveraient chiantes comme la mort, mais ces dernières ne permettaient pas vraiment de prendre le soleil, à part pour aller d’un bâtiment à un autre. Dommage, il faisait beau…Et ça faisait un moment qu’elle n’avait pas mangé de bons gâteaux.

Bah, une promenade ne ferait sûrement de mal à personne, et surtout pas à la demoiselle, remotivée à la perspective de retrouver quelques bonheurs sucrés. Elle enfila alors une tenue, simple, composée d’un petit t-shirt à col rond, léger, un short en jean et un petit gilet clair assez fin. On n’oublie pas le sac, bien entendu. Le porte-monnaie en forme de grenouille se trouvant à l’intérieur, il serait bien dommage d’oublier son argent, n’est-ce pas ?

Alors elle était partie. Empreinte de candeur comme à son habitude, la jeune femme prit le métro jusqu’au centre commercial, tout en se renseignant le plus possible -et en temps réel s’il vous plait- pour ne pas se perdre. Et une fois arrivée…

…C’était grand.

Très grand.

Les centres commerciaux parisiens avaient leur lot d’immensité, il est vrai. Mais ils n’avaient jamais eu cette sensation de chaos organisé qui saisissait de suite la demoiselle. Bondé de monde, rempli de magasins en tout genre, comme s’il était possible, pour quiconque aurait le sens de l’orientation (ou saurait se diriger avec les étoiles, l’immense toit de verre le permettait), de trouver tout ce dont on a besoin en un clin d’oeil. Mais bon. Elle avait payé le métro, fait tout le chemin jusqu’ici, ce serait idiot de rentrer de suite, bien que l’endroit était intimidant.

Alors, comme un aventurier inexpérimenté dans son premier donjon, elle avança. Timidement. Et commença alors à chercher son bonheur dans les galeries marchandes. Entre les terrasses, les couloirs et les escalators, faisant défiler pendant une bonne heure les enseignes, colorées, lumineuses, parfois un peu éblouissantes. Soupirant et ne parvenant pas à se décider, Aliénor décida alors d’aller se commander un verre pour se reposer un peu…Quand un homme, d’environ trente ans, aux airs peu engageants, vint l’accoster.

”Eh, ma jolie. Tu cherches quelque chose ?”

Forcément, une étrangère, habillée clair en plus, attirait forcément le regard…Poliment, celle-ci vint lui répondre. Chose à ne pas faire, bien entendu…

- Oh, Bonjour…C’est bien gentil de votre part, Monsieur…Vous sauriez où je peux trouver une…bonne pâtisserie ?”

L’homme secoua la tête, mais esquissa un sourire en coin, satisfait d’avoir trouvé une proie.

”Nan, mais je connais un endroit super sympa, on y retrouve des potes et on t’fait visiter la ville, t’en dis quoi ?”

Hmm. Ce n’était pas dans les plans de la journée de la Française. Elle secoua la tête, un peu gênée, et tenta de formuler son refus, pour se faire couper aussi sec.

- J-je, c’est très gentil à vous mais je ne pense pas…

”Allez viens, j’te promets ça va être sympa, ma belle !”

La conversation prenait un tournant qu’Aliénor n’appréciait pas forcément, et elle cherchait un moyen de s’en extraire, visiblement rendue très mal à l’aise par la situation.

- Ecoutez, je ne veux pas…

”Quoi, j’te plais pas ? J’suis pas assez bien pour une gaijin ?”

Et en plus il commençait à s’énerver…La jeune fille se ratatinait, un peu apeurée, cherchant de l’aide autour d’elle du regard, pour se sortir au plus vite du pétrin dans lequel elle s’était fourrée…


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Dim 1 Sep 2024 - 18:32
« Alors elle s'appelle Aliénor...? »
« Il me faut des nouvelles pompes... »

Tout était parti de ce simple constat lors de l'une de ses séances d'entraînements urbain d'après séance d'entraînement en club. Pour une mordue de basket comme Rindo, enchaîner l'entraînement du club par une petite virée en centre-ville pour y trouver un terrain dans lequel continuer à dribbler, mettre quelques paniers supplémentaires et affronter des joueurs de tous les horizons, ça n'avait rien de particulier. C'était même une habitude et presque une routine : sortir de la douche, passer à sa chambre pour se rééquiper, chopper son ballon, puis prendre le premier métro pour enfin satisfaire sa passion débordante grâce à quelques heures supplémentaires. Mais en plus du surmenage, le basket de rue avait appris de nombreuses choses à la Tokyoïte, notamment que tomber sur du béton, ça fait bien plus mal que de tomber sur du parquet. Et que les frottements sur ce premier ruinent bien plus vite la semelle de n'importe quelles baskets que sur un terrain conventionnel. Enfin, comme pour beaucoup de joueurs, ces deux faits lui sortaient totalement de la tête jusqu'à qu'elle se ramasse au sol ou qu'elle glisse au pire moment à cause de ses semelles lisses. Une course, un arrêt, des appuis solides, suivis d'un saut enclenché avant de se rendre compte que ses appuis n'étaient finalement pas si solides à cause de ses semelles en savon, puis un panier raté... Le ballon rebondit contre l'anneau, manquant totalement le panier pour partir en sens inverse jusqu'au sol pour y marquer un échec lamentable.

Le plus frustrant dans tout ça, c'était qu'une fois qu'elle remarquait l'état de ses chaussures, jouer devenait un calvaire aussi déstabilisant qu'un joueur s'étant à peine remis d'une blessure et qui se mettrait donc à jouer en ayant peur de se blesser à nouveau. En somme, continuer était tout simplement impossible et il ne lui restait plus qu'à rentrer sans demander son reste, à une heure tardive où les grandes enseignes étaient déjà fermées. Au moins, elle savait déjà sur le chemin du retour comment elle allait s'occuper son week-end en l'absence de cours et d'entraînement.

Rindo se réveilla en ce samedi alors que la matinée était déjà bien entamée, ses prévisions pour la journée ne l'ayant pas empêchée de réviser jusqu'à pas d'heure en ne s'arrêtant que quand la fatigue l'empêchait de lire une ligne correctement. La furie émergea lentement de son sommeil, prenant quelques minutes pour trouver le courage de se lever et quitter son lit pour aller se préparer dans la salle de bain en commençant par brancher son fer à lisser qu'elle n'utilise que très rarement. Le temps que celui-ci chauffe suffisamment, elle en profitait pour faire sa routine matinale, se nettoyer le visage, mettre un peu de maquillage, déposer ses lentilles sur ses pupilles... Tout ça avant d'enfin lisser ses cheveux et partir se changer. Le printemps était sa saison préférée, autant pour la température parfaite marquant un parfait compromis entre l'agréable soleil d'été et la légère brise rafraîchissante d'hiver, mais surtout parce que ces températures lui permettaient de s'habiller selon ses envies sans contraintes de froid ou de chaud. Elle enfila donc un pantalon ample noir par dessus de longues bottes à sangles de la même teinte et un court débardeur bordeaux en velours côtelé épousant son corps sous une fine veste sans manches à capuche aux nuances de rouge et de noir, qu'elle vint zipper jusqu'au dessous de sa poitrine.

Ainsi, elle était fin prête pour se rendre au centre commercial en métro, en n'oubliant pas de prendre son sac à main noir en toile clouté et doté de plusieurs poches pour permettre des rangements conséquents. S'il y a bien une chose que la Tokyoïte ne comprenait pas, c'était ces filles un peu trop chic au point de s'encombrer d'un mini-sac dans lequel elles peinent à rentrer leur portefeuille et leur téléphone au lieu de se contenter des poches de leurs vêtements. Au moins là-dedans, elle pouvait ranger absolument toutes les folies qu'elle pourrait faire une fois arrivée au centre commercial. Un arrêt, une longue marche la menant jusqu'à une immense bâtisse s'imposant au milieu de l'un des plus beaux quartiers de Kobe, une myriade de personnes marchant dans tous les sens, entrant et sortant de ces lieux... Contrairement à certains touristes ou autres étrangers, Rindo se sentait comme un poisson dans l'eau au milieu de toute cette foule dans cet environnement si chaotique et liminal à la fois, avec ses galeries marchandes à perte de vue, ses escaliers disséminés ça et là pour mener aux différents étages et ces vitres laissant passer les rayons d'un beau soleil dans un ciel découvert pour illuminer la fontaine habilement placée au milieu de tout ça pour décorer paisiblement les lieux.

Elle progressait aisément au milieu de la foule, marchant à son rythme habituel tout en esquivant avec des mouvements fluides les personnes à dépasser ou celles venant à contresens jusqu'à atteindre sa boutique de baskets favorite. La basketteuse y restait de longues minutes, durant lesquelles elle essaya d'innombrables paires jusqu'à porter son choix sur des chaussures montantes de la marque d'un certain mamba noir portant le même nom que la ville, puis elle se mit à vagabonder dans le centre commercial après avoir fait chauffer sa carte bancaire une première fois. Elle aimait bien vadrouiller ici, faire du leche vitrine, vagabonder dans les boutiques, regarder tout ce qui attirait son attention, acheter ce qui lui plaisait, et surtout refaire ses stocks de nourriture et de boissons entre deux consommations sur place. C'est dans ces moments que la Tokyoïte appréciait particulièrement son sac déjà bien rempli, mais une pause s'imposait au rythme des heures s'écoulant.

Une petite boutique tombait à point nommé, doté d'un comptoir et de quelques petites tables disposées devant pour improviser une terrasse sur laquelle les passants pouvaient consommer l'une des innombrables boissons à leur carte, dont un bubble tea au taro qui avait attiré l'attention de Rindo au loin. Elle avait d'innombrables péchés concernant la nourriture et les boissons, mais ce type de bubble tea ne devait pas être bien loin du sommet, au point où il invita presque la furie à s'asseoir pour en commander un en reposant ses jambes. Sa boisson arriva rapidement, laissant tout le loisir à Rindo de boire tranquillement tout en regardant ce qu'il se passait sur les réseaux sociaux de son téléphone et en levant les yeux quand du mouvement lninteiguait dans sa vision périphérique en activant parfois sa vision de stalkeuse. Mais il n'y avait rien de très alarmant, si ce n'est une fille venue s'installer à quelques tables d'elle. Une tenue assez simple, qui lui donnait pourtant un air raffiné, des traits bien loin du japon, des cheveux ondulés blancs et bleus... Et surtout, deux yeux de couleurs différentes. Cette gaijin était vraiment intriguante. Au point qu'elle en réveillait presque en un regard l'instinct de la stalkeuse qui eut une sensation étrangement familière. Elle captivait à elle seule toute l'attention de Rindo, la ramenant presque dans un passé où elle en ignorait les personnes avec elle pour sonder une personne du regard comme si ça lui suffirait à tout savoir. Son nom, son prénom, son âge, son groupe sanguin, ses hobbts... Encore une fois, sans même qu'elle s'en rende compte... Rindo savait qu'elle voulait en savoir beaucoup trop. Un besoin viscéral qui la déstabilisait en la frappant pour la troisième fois de sa vie.

Mais toute sa contemplation tomba a l'eau alors qu'elle fixait cette inconnue tout en sirotant sa boisson dont elle éclatait les bulles aromatisées entre sa langue et son palais, l'une d'entre elle lui apportant un goût amer quand un homme s'approcha de cette fille pour lui parler dans un japonais déplaisant, proche des aboiements avec son intonation si malsaine. Là aussi elle avait une impression de déjà-vu. Sauf que la dernière fois que quelque chose avait commencé ainsi, elle s'était retrouvée à devoir sauver l'assistante sociale du campus ayant plongée avec le sourire dans un traquenard. La fille lui répondit dans toute son innocence avant que l'impatience du chien en route n'envenime la situation en essuyant un refus clair et net.

« Écoutez, je ne veux pas...
—Quoi, j'te plais pas ? J'suis pas assez bien pour une gaijin ? »

Malgré son air malaisé et un peu apeuré, la gaijin qui baffouillait avec un accent lointain ne se démontait pas. Ce qui plaisait à la furie, qu'est-ce qu'il y avait de plus beau à ses yeux qu'une femme forte malgré la peur ? Bon, plein de choses à vrai dire, mais celle-ci lui plaisait bien. Cela dit, il était hors de question pour elle de laisser une fille se faire harceler si ouvertement. C'était peut-être le comble pour une stalkeuse, mais Rindo avait au moins la décence de le faire de loin sans empiéter dans l'espace de confort des gens. Et elle ne pouvait décemment pas rester silencieuse quand le regard de cette fille se mit à balayer le public autour d'elle comme pour chercher de l'aide. Rindo soupira, avalant une gorgée avant de retirer la paille de sa bouche pour prendre la parole.

« T'es pas assez bien pour une gaijin, non, tu l'es clairement pas assez pour qui que ce soit. »

Ça devait sûrement être le fardeau de Rindo, venir en aide aux femmes dérangées par des hommes lourds. Même si celui-ci, malgré le regard noir rempli d'hostilité qu'il vint jeter à la Tokyoïte en réponse à son intervention avait le mérite de lui avoir amorcée un contact avec une fille qui l'intriguait. Mais ce n'était pas une raison pour donner de la gloire à un tel clébard qu'elle toisa de haut en restant assise pour le moment, en espérant qu'il reste à sa place et décide d'avoir un élan de lucidité en quittant les lieux.
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Dim 1 Sep 2024 - 22:49

"Alors elle s'appelle Aliénor...?"


Mal à l'aise face à ce type, c'était exactement le mot. Celui-ci était entré dans son espace vital. Un mètre de distance, tout au plus, et pour rajouter une petite cerise d'agacement sur l'écoeurant glaçage qu'était sa drague, il commençait à s'énerver. L'espace d'un instant, l'idée d'effectuer un mouvement de balancier avec son bras afin de lui encastrer son large sac à main en simili cuir noir droit vers sa mâchoire et de s'enfuir à toutes jambes lui avait effleuré l'esprit. Mais la bienséance l'en empêchait. La jeune femme ne se démontait pas, mais commençait clairement à être à court d'idées. Son refus n'était pas suffisant. Devait-elle s'énerver autant que lui ? Un regard de haut en bas, bref, expliquait à son cerveau reptilien que même aussi maigre qu'il était, la demoiselle manquait clairement de force physique et d'endurance. Si ça dégénérait, elle perdrait certainement. Et lui, la bienséance, il n'avait pas l'air d'en avoir grand chose à faire. C'est alors que la providence apparut, sous la forme de paroles prononcées depuis une table voisine.

« T'es pas assez bien pour une gaijin, non, tu l'es clairement pas assez pour qui que ce soit. »

En même temps que l'illustre inconnu, Aliénor tourna la tête. Une dame, d'environ son âge. Bien habillée, aux traits neutres et froids. Une crinière et feu, et d'étranges prunelles ambrées, ce qu'elle pouvait imaginer être des lentilles...Elle était terriblement belle, d'une sorte de beauté glaciale, intimidante. Et elle était assez courageuse pour juste taillader l'égo de ce type en pièces avec une phrase, sans prendre de gants. Ce qu'elle-même aurait peut être du faire, finalement. Mais elle aurait perdu la bagarre à coup sûr. Du coup, ça la ramenait à son problème. Et pendant que le dragueur fut interloqué par la réplique de l'inconnue, une idée, à la fois des plus rusées et audacieuses, vint germer dans l'esprit de la française.

« Qui t'a demandé ton avis, toi ? C'est quoi ton prob- »

- Oh te voilà donc, ma chérie ! Je te cherchais !

Aliénor sortit son meilleur jeu d'acteur. Reprenant un air joyeux, sautillant presque jusque à la table de la demoiselle aux cheveux rouges, profitant ainsi de la colère de l'homme pour s'extraire de sa position de désavantage, en plus de couper court au conflit. Elle vint ensuite se poster à côté de la chaise, jouant le jeu de la petite amie auprès de cette inconnue jusqu'à ce que l'intrus décide de partir, à base de questions bateau telles que "as-tu trouvé ce que tu voulais ?", "ça ne t'a pas trop couté j'espère ?", etc. Visiblement, l'acting de la française fut suffisament crédible pour que l'indésirable en vienne à une conclusion logique, et un presque-crachat avant de partir en maugréant.

« Pfeuh. Une putain d'gaijin lesbienne... »

Alors qu'elle vit ce qu'elle considérait au mieux comme une nuisance, au pire comme un cafard, s'éloigner en maugréant, la jeune femme ne put s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement. Le problème était parti, et elle allait pouvoir faire ses courses, enfin...Ou presque, en tout cas. Le fait qu'elle avait alpagué une parfaite inconnue et s'était faite passer pour sa petite amie afin de se tirer d'affaire lui était presque sorti de l'esprit. La demoiselle recula d'un coup, avant de se répandre en excuses pour son coup de théâtre aussi impromptu qu'efficace.

- Ah, je...! Mes excuses ! Je vous ai utilisée comme une excuse pour qu'il me laisse tranquille, j'en suis profondément désolée !

En vérité, c'était une pas si mauvaise idée pour nouer un contact. Jusque là, elle n'avait fait connaissance qu'avec les personnes du campus. Puis si elle l'avait aidée, c'est qu'elle n'était pas mal intentionnée. En tout cas, Aliénor l'espérait. Et de toute façon, il fallait bien faire amende honorable.

-Puis-je me racheter, peut être, en vous offrant un verre ou une pâtisserie ? Je cherchais justement un endroit où en acheter...

Son regard honteux se leva vers celui de l'inconnue, alors que ses joues rosissaient de gêne. La situation compliquée était terminée, et maintenant Aliénor se sentait ridicule. D'avoir été sauvée, et d'avoir du se servir d'elle comme figurante.


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Lun 9 Sep 2024 - 19:28
« Alors elle s'appelle Aliénor...? »
« Qui t'as demandé ton avis, toi ? »

Rindo soupira intérieurement lorsque ses oreilles entendirent ces mots si doux à l'écoute. "Qui t'as demandé ton avis", "Qu'est-ce que tu veux toi ?", "Pour qui tu te prends ?", "De quoi tu te mêles ?"... Toutes les questions de ce genre n'étaient que la rançon de la gloire d'une bonne stalkeuse, qui ne pouvait donc pas s'empêcher d'esquisser un léger sourire au coin des lèvres alors que ses yeux restaient rivés sur le coureur de gaijin. Visiblement, la petite intervention de la stalkeuse ne lui avait pas trop plu, mais même si son regard interloqué dans une pointe de colère qu'il s'apprêtait à rejeter sur elle ne lui plaisait pas le moins du monde, elle était au moins parvenue à lui faire détourner l'attention de cette pauvre gaijin complètement perdue.

« C'est quoi ton prob...
—Oh te voilà donc, ma chérie ! Je te cherchais ! »

Ce fut alors au tour de Rindo d'être interloquée, alors même qu'elle était en train de réfléchir à sa prochaine punchline pour envoyer paître cet homme une bonne fois pour toutes. Au lieu de ça, la furie resta bouche bée en haussant un sourcil tandis que la gaijin aux cheveux blanc vint saisir cette perche pour s'extirper de sa situation délicate en sautillant presque jusqu'à sa table, ce qui ne manqua pas de lui rappeler de très, très mauvais souvenirs. La dernière fois que Rindo avait sauvée une fille de ce mauvais pas et qu'elle y avait réagie d'un air aussi enjoué, c'était avec Arizona... Et comme absolument TOUT ce qui se passe avec Arizona Williams, les choses avaient très mal tournées. Cependant... Quelque chose qu'elle n'arrivait pas à bien situer rendait cette situation différente, beaucoup plus appréciable pour Rindo qu'importe les éventuels scénarios catastrophiques qu'elle pouvait imaginer avec son expérience désastreuse en terme de sauvetages. Peut être le fait que la furie n'aurait pas été sur la défensive si cette fille était venue l'enlacer en la voyant, contrairement au malaise et l'envie de s'éclipser qu'elle avait ressentie sous l'étreinte de Williams...

Mais sous le regard béat de l'homme qui semblait plus qu'intrigué par cette situation, ce qui intriguait le plus Rindo alors que cette belle inconnue vint s'installer à côté d'elle en affichant un grand sourire digne des plus grandes actrices, c'était l'un des mots qu'elle avait prononcée. "Masheri" ? Ça ne voulait absolument rien dire ! Et si elle avait inventée un prénom pour rendre son mensonge plus crédible, cette fille devait avoir une imagination sacrément moche comparé à son apparence éblouissante... A moins qu'il s'agisse d'un mot étranger. Un mot étranger accompagné de toute une flopée de suestions venant marteler Rindo dans une intonation si sincère qu'elle en viendrait même à se demander si elles ne se connaissaient pas réellement ! Si bien que la Tokyoïte tentait de jouer le jeu en y répondant un peu plus vaguement que la formidable actrice à ses côtés, jusqu'à entendre la voix libératrice de l'homme leur lâchant enfin la grappe ?

« Pfeuh. Une putain d'gaijin lesbienne... »

Cracha-t-il en faisant volte-face pour enfin quitter les lieux et épargner tout ce beau monde de la nuisance qu'il représentait dans un endroit normalement si paisible. Si l'étrangère lâchait un soupir de soulagement, Rindo restait plus silencieuse, étant totalement abasourdie par ce qu'il venait de se passer. Elle regardait le singe en manque partir, puis elle posa ses grands yeux sur la femme à ses côtés sans dire un mot, totalement prise au dépourvu par sa performance. La rousse n'aimait pas que les choses échappent autant à son contrôle et se retrouver dans une situation si loufoque qu'elle ne trouvait même pas les mots pour s'exprimer, ni ce qu'elle devait exprimer tout court. Mais son regard communicatif fit sursauter la belle actrice à côté d'elle.

« Ah, je... ! Mes excuses ! Je vous ai utilisée comme une excuse pour qu'il me laisse tranquille, j'en suis profondément désolée ! »

Et revoilà l'étrangère en panique. Elle qui venait de sortir une si belle performance, elle était de nouveau en train de paniquer maintenant que la pression était enfin partie, laissant place à ce qui semblait être sa véritable personnalité. Dans un sens, c'était vachement impressionnant de saisir une occasion en étant parfaitement crédible comme elle venait de faire, et la voir redevenir elle-même si soudainement extirpa un léger rire à peine caché par les lèvres de Rindo, qui vint joindre ses deux mains sur la table. C'était bien plus facile pour elle de trouver ses mots, maintenant.

« Tu parles, même moi j'ai faillit croire qu'on était ensemble. »

Dit-elle sur un ton légèrement amusé pour ne pas qu'elle la prenne trop au sérieux. Après tout ça restait une hyperbole, même si ça n'aurait pas déranger la stalkeuse qu'elle est d'y croire. Même si elle avait été à deux doigts d'y croire tout simplement, tout compte fait. Mais ce n'était pas le genre de chose que Rindo allait oublier si facilement, d'autant plus que cette fille lui avait déjà tapée dans l'œil et que le destin semblait presque avoir envoyé ce crétin pour forcer une interaction... Ce qui n'était jamais arrivé avec Asuka, ni avec Futaba, quand elle y pensait. En somme, elle était prise de cours pour la première fois aux côtés d'une fille ayant éveillée son intérêt avant de se faire passer pour sa copine ! Elle était clairement sur un terrain glissant et très dangereux où elle allait devoir se mettre à réfléchir un minimum, pour une fois.

« Puis-je me racheter, peut être, en vous offrant un verre ou une pâtisserie ? Je cherchais justement un endroit où en acheter... »

La Tokyoïte n'aimait pas les dettes, surtout quand il s'agissait de quelqu'un croyant en avoir une envers elle comme si elle avait agit par intérêt ou pour que quelqu'un lui rembourse ses actes. Peu importe dans quoi elle se mêle, et c'est généralement dans tout, la furie restait un électron libre qui n'agissait que par instinct et envie sans se soucier des réactions des autres et d'à quel point ils allaient être reconnaissants envers elle. Même en se fourrant dans le pétrin de quelqu'un d'autre... Ça restait sa décision arbitraire, il n'y avait aucun ascenseur à renvoyer pour ça. C'est pourquoi elle était légèrement hésitante, détournant un peu le regard en laissant un frémissement résonner discrètement entre ses lèvres en étant sur le point de bafouiller. Elle aurait refusée en temps normal, ou bien elle aurait sautée sur l'appel de la nourriture et seulement de la nourriture. Mais cette situation délicate était différente. Elle s'en mordrait les doigts si elle laissait encore une fille si intriguante lui échapper et disparaître sans qu'elle n'ait essayée d'interagir correctement avec.

« C'est moi qui m'en suis mêlée, je peux pas t'en vouloir de t'être jetée sur l'occasion... Mais je peux quand-même te montrer quelques endroits qui font de bonnes pâtisseries si tu veux ! »

Pour une furie, elle parlait sur un ton extrêmement enjoué dont elle n'avait jamais imaginée l'existence jusqu'ici. C'était à des années lumières de son amusement et de sa tonalité souvent réjouie aux côtés de ses amis, et même bien loin de son intonation exagérément joviale ou dramatique qu'elle partageait avec Milan. Avec une fille si éblouissante s'exprimant d'une voix si douce et dont elle voulait déjà tout savoir, Rindo se sentait bien plus enjouée qu'à son habitude, c'en était même déconcertant pour elle-même. Mais elle n'en montrait rien, affichant plutôt un sourire pour contraster avec la gêne que la gaijin avait l'air de ressentir si elle en croyait son visage légèrement rubescent. La rousse marqua cependant un arrêt, effaçant son sourire pour prendre une mine un peu plus sérieuse en levant les yeux avant de poser à nouveau son regard sur l'étrangère.

« Oh, avant que j'oublie, ça veut dire quoi masheri ? »
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Sam 14 Sep 2024 - 22:25

"Alors elle s'appelle Aliénor...?"

"Tu parles, même moi j'ai failli croire qu'on était ensemble."

Une phrase. Il avait suffi d'une seule phrase pour que la demoiselle, soulagée il y a deux minutes, manque de s'étouffer alors que le carmin de la honte commençait à lui monter aux joues plus vivement. Le destin avait peut être mis ce crétin sur leur route commune afin de les pousser à discuter, faire connaissance, certes. Mais pour les mettre en couple ? Il ne fallait tout de même pas exagérer ! Aliénor trouvait la demoiselle en face d'elle, en effet fort charmante, mais également très intimidante. Ce regarde d'ambre pourtant glacial semblait chercher à regarder jusqu'aux tréfonds de son âme, et ce simple fait fit sursauter la française d'un petit frisson. Elle comprit alors que sa petite performance avait été très osée, et aurait pu lui jouer bien des tours. Il fallait alors commencer à réfléchir un peu plus, si la jeune fille ne voulait pas se retrouver à jouer à un jeu dangereux avec cette belle inconnue.

Toutefois, l'énigmatique personne en face d'elle ne semblait pas vouloir simplement la taquiner. A bien y regarder, celle-ci semblait même plutôt heureuse, joviale. Etait-ce son contact qui faisait cet effet ? Voilà quelque chose qui lui semblait bien étrange, mais ça avait quelque chose de rassurant. Alors, lorsque celle-ci lui proposa de l'accompagner à des enseignes où de bonnes pâtisseries se trouvaient, celle-ci sauta sur l'occasion. Après tout, à défaut de trouver l'amour, on peut toujours trouver des gâteaux. Pour remercier sa bienfaitrice, Aliénor s'inclina. Une révérence, toujours presque exagérée, un peu trop maniérée, mais témoignant de sa sincérité, se terminant par un doux sourire, qui serait très certainement pour son interlocutrice, très charmant, sans que la française ne s'en rende compte.

- Eh bien, c'en serait avec grand plaisir ! Je serais ravie de passer cette après-midi avec celle qui m'a sauvée.

C'était un peu exagéré, mais Aliénor avait bien du mal à exprimer sa gratitude sans utiliser d'hyperboles. Après tout, dans un endroit pareil, prise à part, sans témoins, la demoiselle n'osait même pas imaginer ce qui aurait pu se passer si cette inconnue n'avait pas fait preuve de cran à ce moment en intervenant. Peut être aurait-elle été rackettée, agressée ou pire encore. Et rien que pour lui avoir évité ce funeste destin, la française se sentait redevable envers son interlocutrice, qui en plus lui faisait l'honneur de lui tenir compagnie. C'aurait pu être bien tranquille, si celle-ci ne s'était pas interrogée sur un mot utilisé de manière bien trop désinvolte par notre chère amie.

"Oh, avant que j'oublie, ça veut dire quoi masheri ?"

Deuxième fois qu'Aliénor manqua de s'étouffer, alors que le rouge lui remonta subitement aux joues, plus intensément encore cette fois. Ah, oui...Elle avait oublié l'avoir sortie, celle là. Maudissant intérieurement l'intensité dont elle faisait toujours preuve, sans s'en rendre compte, lors de ses improvisations, celle-ci tenta de bredouiller quelques mots un peu hésitants. Ne sachant pas quelles conséquences auraient son honnêteté,  mais elle lui devait bien cela. Et malgré tout, la demoiselle sentit bien que se montrer honnête ne ferait que l'enfoncer davantage dans ce jeu pernicieux qui s'installait entre elles.

- A-ah, oui... "Ma chérie"... C'est du français, l-là d'où je viens. C'est utilisé, comme surnom pour la personne que l'on aime, comme "mon coeur", ou "m-mon amour"...

La française détourna le regard, les yeux un peu troubles et les joues carmin. Elle savait très bien qu'elle avait offert grâcieusement des cartouches à sa bienfaitrice, et espérait de tout coeur que celle-ci ne les utilisait pas pour la taquiner. Quelque chose de nouveau venait de poindre dans un coin de la tête d'Aliénor. Un sentiment étrange, qu'elle ne comprenait pas vraiment. Oui, elle souhaitait que cette fille ne la taquine pas davantage...D'un autre côté, elle voulait secrètement, au fond d'elle, qu'elle le fasse, qu'une sorte de complicité, de proximité tente de s'installer...Ne sachant pas vraiment ce qu'elle souhaite, cette question dépassa cependant sa pensée et vint sortir de ses lèvres presque inconsciemment, alors que son regard océan se releva vers son interlocutrice.

- Souhaiterais-tu que j'en prononce d'autres en français ?

Codage par Libella sur Graphiorum

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