[TERMINE] La symphonie des maladresses [ft. Félix]

La symphonie des maladresses

L'une des principales qualité d'un bibliothèque, c'est que c'est silencieux. Très silencieux. Du moins, c'est censé l'être. Autant vous dire que quand quelque chose tombe, si en plus ça tombe deux fois d'affilé suivit d'un gémissement de douleur et que vous êtes à peine un ou deux rayons plus loin, vous allez l'entendre. Et Félix l'avait entendu. Et il n'aimait pas ce bruit.

Aussi rapidement que le lui permettait sa jambe et sa canne, le bibliothécaire se dirigea vers la source du bruit. Tout ça pour tomber sur un garçon se tenant douloureusement la tête et... Non... Il n'avait pas fait ça... Est-ce que ce délinquant avait vraiment fait tomber un livre par terre ?! L'européen poussa un discret soupir exaspéré, probablement la plus grande démonstration d'émotion sincère depuis son arrivé. ... Quelque part, bien joué blondinet. Ce n'était pourtant pas compliqué de faire un minimum attention !?

- Jeune homme, la place d'un livre n'est pas sur le sol, pas plus que la votre.

Félix s'approcha alors de la vrai victime de cette terrible scène, le livre évidemment, pour le ramasser. Mmh. La couverture était légèrement abimé dans le coin. Pas de quoi devoir remplacer l'objet mais suffisamment pour que ce soit visible. Posant l'ouvrage sur la table la plus proche, il toisait le garçon du regard, sévère.

- Je peux savoir comment vous vous êtes retrouvé dans une pareille situation ?

En temps normal, Félix l'aurait aidé  à se redresser. Mais en temps normal, les gens ne saccageait pas les livres de sa bibliothèque. ... De toute façon, il avait simplement l'air de s'être cogné la tête, pas de quoi paniqué, il ne devait pas y avoir grand chose dedans de toute manière. L'homme aperçu du coin de l'œuvre un papier froissé. Mmh ? Un devoir ? Il n'espérait pas. Ce n'était pas une manière de traiter son travail. Mais là encore, vu la manière dont ce jeune homme traitait les livres.

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Félix fut agréablement surpris : le jeune voyou ne tenta même pas de riposter. Tout au plus il se contenta d'une tentative discutable d'humour dont le principal effet fut de faire hausser un sourcil au bibliothécaire. L'effet secondaire engendra une réponse très terre à terre sur un ton parfaitement neutre.

- J'en ai bien conscience. C'est d'ailleurs cette même gravité qui est censée maintenir un livre sur une table et vous sur une chaise.

Après tout, un livre correctement posé ne peut pas tomber plus bas, n'est-ce pas, jeune homme ? Pas plus que quelqu'un qui sait se tenir assis convenablement. A moins bien sur que les deux aient développé la capacité de traverser la matière mais c'était bien peu probable. Finalement, vint l'explication du pourquoi de la chute. Il s'était endormi ? A bien y regarder, il avait effectivement mauvaise mine. L'européen fronça légèrement les sourcils.

- Je vous l'accorde, vous avez l'air épuisé. Alors pourquoi êtes-vous encore ici ? La bibliothèque n'est pas un dortoir et vous avez clairement plus besoin de repos que de lecture.

D'un autre côté, cela semblait être une habitude japonaise de s'épuiser à la tâche. Il l'avait déjà constaté avec plusieurs étudiants... Mais Kobe accueillait des élève des quatre coins du monde et au vue de ses traits physiques, ce jeune homme ne venait clairement pas de l'île. ... Ou alors il cachait très bien son jeu. A moins qu'il n'ait acquis les mauvaise habitude de son pays d'étude. Le regard de Félix vagabonda jusqu'au livre qu'il avait posé sur la table. Un ouvrage sur la lune.

- Avez-vous développé une fascination pour l'astre lunaire au cours de la nuit au point d'en oublier de dormir ?

C'était parfois compliqué de s'endormir lorsqu'on se retrouvait emporté dans une activité, une passion, quel qu'elle soit, c'était difficile de trouver le sommeil. Mais tout de même ! Il fallait faire preuve d'un peu de raison que diable !

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Ah. Donc ce jeune homme ne se contentait pas de la bibliothèque comme lieu de sieste impromptu. Voilà qui était préoccupant... Que ce soit pour l'état de santé de l'élève ou pour la capacité potentiellement inexistante de son enseignant à rendre ses cours intéressants. Que les jeunes soient des fainéants c'était une chose, mais il fallait admettre que transmettre un savoir sans ennuyer la galerie, c'était tout un art. Un art qui, malheureusement, se perdait facilement. Mais s'il voulait savoir à qui la faute, mieux valait poser la question directement.

- Est-ce le cours qui est ennuyeux à ce point ou votre sommeil laisse-t-il a désirer ?

Félix ne s'attendait pas à une réponse honnête. Chacun essaie toujours de défendre ses agissements, c'est naturel, mais ça valait la peine d'essayer. De toute façon, assouvir sa curiosité ne l'aiderait pas à régler son problème du moment. Et pour cause ! Son problème du moment, c'était qu'il avait dans les pattes un élève au bord du burn out, qui dormait sur ses tables et abimait ses livres. Plus vite son exposé serait terminé, plus vite il déguerpirait. ... Pourvu qu'il puisse encore faire son exposé, puisqu'entre le coup sur la tête et la fatigue, le bibliothécaire se demandait si le cerveau du garçon n'était pas déjà fondu. L'européen porta sa main libre à son menton, pensif.

- Quoi qu'il en soit, je comprend mieux la nécessité de votre présence ici. Quel est le sujet complet de votre exposé ? J'ose espérer que c'est un peu plus précis que simplement "la lune".

Avec un peu de chance, Félix pourrait au moins l'aguiller sur les ouvrages qui l'aideraient au mieux. Mais "la lune", c'était vague. Et pas qu'un peu ! Et selon la matière, on ne cherchait pas les mêmes choses. Bref, il fallait un peu plus d'indications.

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Le bibliothécaire resta silencieux quelques instant. La situation que lui décrivait le jeune homme n'avait rien d'enviable.

- Voilà qui est fâcheux.

Félix avait tendance à penser que l'on pouvait s'intéressait à tout si les choses étaient expliquées de manière suffisamment captivante mais, effectivement, aller en cours épuisé ne permettait pas de rester concentré suffisamment longtemps pour développer sa curiosité. C'était un fait. L'homme suivit le blondinet des yeux lorsqu'il le vit prendre des cachets. Des anti-douleurs ? ... Cela allait être long, n'est-ce pas ? Pendant un instant il hésita à simplement indiquer quelques livres au garçon avant de tourner les talons, son travail s'arrêtait là après tout. Néanmoins... Non. Vu l'état dans lequel il avait mit le dernier ouvrage qu'il avait touché, mieux valait garder un œil sur lui.

- Je doute effectivement que votre professeur soit réceptif à ce genre "d'effets".

Un enseignant en physique devait attendre des faits, pas des croyances. Dommage, Félix aurait été d'une meilleure aide dans le second cas. Mais soit, ce qu'on ne sait pas, d'autres le savent pour nous, il suffit de savoir où chercher pour récupérer leurs connaissances. Le bibliothécaire lance un regard au livre posé sur la table. Pas un mauvais choix en soit, mais il est certain de pouvoir trouver plus précis. A moins bien sur que le choix soit volontaire de rester sur quelque chose de plus large.

- Une raison particulière pour avoir choisi ce livre ?

Fit-il en indiquant le livre de sa canne avant de la reposer au sol.

- Sachez en tout cas que si vous le désirez, je suis tout à fait disposé à vous aider dans vos recherches, Monsieur... Monsieur ?

C'est vrai qu'il ne lui avait pas encore demandé son nom... Une terrible erreur. Il fallait bien qu'il sache comment appeler cette racaille destructrice de livre.

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Félix tiqua quelques peu face à la première réponse du jeune homme mais ne fit aucune remarque. Tout de même... Il pouvait faire un effort pour être un minimum efficace dans ses recherches, bien faire le travail en amont, ça économisait un temps fou ! Enfin... Les jeunes n'étaient pas franchement reconnus pour leur prévoyance. ... Kristianov, donc ? Mmh. Définitivement pas japonais. Russe plutôt ? Peut-être. Là n'était pas la question. Le bibliothécaire acquiesça.

- Je vous en prie, je ne fais que mon travail. Le mieux serait encore de vous trouver quelques papiers scientifiques spécialisés dans ces recherches. Je devrais pouvoir vous en trouver quelques uns mais... Mmmh. Disons que cela restreindra forcément les informations.

Félix resta songeur un instant. C'était quand même dommage d'être limité alors qu'il y avait un endroit où l'ont pouvait trouver tout ce dont on avait besoin. ... Et puis ça éviterait à M. Kristianov de remettre les mains sur un livre. L'homme jeta un coup d'oeil à droite, puis à gauche avant de se rapprocher de l'élève pour parler un peu plus bas.

- .... Vous ne seriez pas familier avec le site internet Sci-Hub par hasard ?

Une veritable petite merveille ce site. Félix était tombé dessus par hasard lord que recherches sur des sujets diverses et variés alors qu'il avait besoin d'accéder à des études. Au vu de ce qu'il avait constaté sur certain forum, ce site avait dû sauver un bon nombres d'étudiants et de chercheurs depuis sa création. On a beau préférer les livres, c'est tout de même bien pratique d'avoir tout à porté de main. Bon, il y avait juste un tout petit riquiqui problème avec ce site.

- C'est un site qui permet d'accéder à un grand nombre d'articles scientifiques. Je me dois tout de même de vous prévenir, son utilisation n'est pas considérée comme légal.

Oui, oui, le piratage et la criminalité sont des fléaux, bla bla bla. Mais vous savez pourquoi les gens deviennent des criminels ? Parce qu'ils n'ont pas accès à une bonne éducation. Et vous savez pourquoi ils n'ont pas accès à une bonne éducation ? Parce que certaines personne estiment qu'on se doit de cacher des recherches et des connaissances derrière un mur payant. Et ce n'est même pas comme si l'argent était donné aux scientifiques derrière ! Ah non hein, il ne faudrait pas voler l'argent de ses pauvres éditeurs plein au as ! ... Ahem. Toutes mes excuses. Bref. De toute manière, il n'était pas dit que le site soit accessible, du moins facilement... Il était censé être bloquer dans certains pays ou quelque chose comme ça, il ignorait si le japon était concerné, il n'avait pas eu à le vérifier lui même pour l'instant. Mais de toute manière, il avait cru comprendre qu'il existait des moyen de contourner ce problème ? ... Il n'était pas sûr de comprendre le principe, une histoire de faire croire au réseau qu'on était dans un pays ou dans un autres... Erf. Non vous savez, dès qu'il fallait aller plus loin que juste "taper dans une barre de recherche, chercher et lire", ça devenait trop compliqué.

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La surprise de l'élève était compréhensible, ça ne rendait pas sont utilisation de vulgarité plus plaisante. Félix eut un léger froncement de sourcil avant de le reprendre.

- Langage, monsieur Kristianov.

Au moins semblait il amusé par la situation. Parfait. Ça faisait une personne sur deux.

- Vous l'avez dit vous même, je suis un bibliothécaire. Mon rôle consiste à fournir autant de savoir que je le peux, pas de le conserver dans un coin pour qu'il prenne la poussière. Je considère que l'accès à la connaissance devrait être un droit, non un privilège accessible seulement à une élite. Il va s'en dire que je ne vous encourage pas à recourir à ces pratiques s'il ne s'agit pas d'une situation importante mais j'estime que vos études le sont suffisamment.

Certes, il ne s'agissait que d'une punition... Mais c'était une occasion de s'entrainer à la recherches, au rassemblement et à la synthèses des informations. Que ce travail ait été donné en guise de sanction ne le rendait pas moins important, bien au contraire. Le bibliothécaire pris le temps de revenir sur un autre points soulevé par l'étudiant.

- J'osais espérer que des parents souhaiteraient que leurs enfants puissent avoir tous les outils en mains pour étudier convenablement.

Après tout, la plupart des parents couvait tellement leur rejetons en ce moment qu'ils étaient même incapable de se rendre compte que leurs enfants étaient responsables de leur propres décisions et que ces dites décisions, des fois, elles craignaient. Mais M. Kristianov marquait un point. Si les parents n'approuvaient pas cette méthode ils ne penseraient jamais que leur pauvre bambin aurait juste pu l'ignorer, non, leur pauvre enfant aurait forcement était poussé à la faute, sans autre choix aucun.

- J'apprécie votre conseil et je le prend en note. Merci.

Il accompagna son remerciement avec un hochement de tête avant de se concentrer sur un problème bien plus important. Cette fameuse punition.

- Votre inquiétude concernant la possibilité d'être distrait est légitime. J'irais même jusqu'à vous avouer que je la partagerai si j'étais dans votre situation. Comme dit, je peux vous fournir en plus quelques études à disposition à la bibliothèque. Rien ne m'empêche non plus de repasser à intervalle régulier pour être certain que vous ne déviez pas de vos recherches.

C'était malheureusement toute l'aide qu'il pouvait offrir en l'état.

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Le jeune homme marquait des points quant à son point de vue réaliste sur la situation. Mais ce n'était pas parce qu'il avait raison que les choses devaient rester ainsi. Néanmoins, ce n'était plus le sujet de cette conversation et Félix préféra ne pas s'y attarder davantage. L'important c'était l'exposé de monsieur Kristianov. Au moins semblait il apprécié l'idée et l'aide apportée par le bibliothécaire. A la remarque de l'étudiant, l'homme hocha simplement la tête en le regardant s'éloigner. Mmh. Il y avait peut-être quelque chose à sauver dans ce garçon finalement. Autant reprendre calmement sa ronde et ranger quelques livres. Il finirait par retomber sur l'élève plus tard.

Et effectivement, "plus tard" finit par arriver. Alors même que Félix aperçut monsieur Kristianov, il passa discrètement dans son dos pour observer son écran. Et ça ne parlait pas de la lune. Le bibliothécaire se racla la gorge.

- Monsieur Kristianov. Les illusions d'optiques sont un sujets fascinant, je vous l'accorde mais je doute qu'elles aient un rapport avec votre devoir.

Quoi que ? Peut-être que la lune provoque des illusions d'optique ? Bref. Félix gardait un ton neutre. Après tout, l'étudiant l'avait prévenu que cela risquait d'arriver et lui-même était malheureusement victime des fourberie de la technologie lorsqu'il essayait de rester concentrer. Ce n'était pas pour rien qu'il écrivait sur une machine à écrire.

- Souhaitez vous partager le résultat de vos recherches jusqu'à présent ? Peut être cela vous permettra-t-il de mettre en place un plan pour votre exposé. Si vous souhaitez de l'aide, bien évidemment. Je ne voudrais pas que ma présence vous dérange.

Outre effectivement permettre de créer un plan, ce serait également l'occasion de monsieur Kristianov de se remettre en tête le bon sujet. Et puis, s'il avait besoin d'aide pour structurer la rédaction, Félix serait sans doute en mesure de donner un coup de main.

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Si monsieur Kristianov tenta tant bien que mal de justifier sa dérive digne du radeau de la méduse, son explication ne convainquis pas le bibliothécaire qui l'accueillit avec un froncement de sourcil sévère. Heureusement pour lui, l'étudiant reprit bien vite un comportement plus sérieux. Après avoir fermé les onglets inutiles, il fit un résumé de ses trouvailles. Il ne fallait pas se voiler la face, ce n'était pas un incroyable... Même si, Félix devait bien l'avouer, la mention que la lune avait un impact sur le développement de certaines espèces attisait sa curiosité.

- J'avoue que je ne m'attendais pas à ça. La nature est définitivement bien étrange quand elle s'y met.

Même s'il trouvait les découvertes de l'élève un peu légères malgré tout, le bibliothécaire avait l'humeur à l'empathie. Félix était coutumier de devoir faire des recherches pour écrire dessus ensuite. Il comprenait que ce n'était pas forcement la partie la plus intéressante... Pour tout dire, il avait même un peu pitié de l'étudiant qui, en plus, devait faire un exposé. Autrement dit, il n'allait même pas particulièrement pouvoir s'amuser avec l'écriture. Il faudrait qu'il reste dans le concret. Bref. Quand bien même l'homme n'approuvait pas la dérive, il pouvait la comprendre.

- Un plan semble déjà se dessiner avec ce que vous avez. Une introduction de ce qu'est la lune, un paragraphes sur ses effets avérés, un autre sur les théories populaires et une conclusion. Ma foi, vous êtes plutôt bien parti.

Allez, un peu d'encouragement ne le tuerait pas.

- Votre professeur vous a-t-il précisé à quel point cet exposé devait être poussé ?

Pas que Félix voulait encourager le jeune homme à tirer au flanc mais clairement, il était toujours fatigué. S'épuiser à la tâche pour une punition ne l'aiderait pas et pourrait même le dégouter de faire d'autre travaux de ce style dans le futur. Et ça, ce n'était absolument pas souhaitable.

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Contrairement au bibliothécaire, le jeune homme semblait trouver cette causalité tristement et complètement banale. Alors qu'il donnait son point de vue sur la chose, Félix hochait doucement la tête, attentif. Vu comme ça... Et puis cela  expliquait comment et pourquoi Monsieur Kristianov avait réussi à dériver de son sujet d'origine pour s'intéresser aux illusions d'optiques, s'il parvenait à tout relier. Hé ! Il devait être super doué pour le jeu de wikipédia... mais bref. Là n'était pas le sujet de la discussion. Prit dans ses pensées, Félix les marmonna à haute voix.

- Je vois... J'avouerai que la science lorsqu'il s'agit de biologie ou de chimie n'est guère mon point fort. Les recherches que j'ai fait sur le sujet concernait surtout les poisons, les fonctions vitales ou les différents moyen de se débarrasser d'un corps.

Les cochons. Les cochons sont vraiment un excellent moyen de se débarrasser d'un corps. L'acide aussi. Mais ça prend plus de temps. Quelques secondes s'écoulèrent dans le silence avant que Félix ne tourne le regard en direction de l'étudiant. Mmh. Il avait dit ça à haute voix, n'est-ce pas ? L'esprit et l'imagination partaient vite en besogne à cet âge. Mieux valait désamorcer n'importe quelle idée qui était en train de se former dans l'esprit de l'étudiant.

- ... Peut-être devrais-je préciser que ces recherches ont été faites dans le cadre d'un exercice d'écriture. ... Quoi qu'il en soit, je voulais simplement dire qu'il en faut peu pour me surprendre dans ce domaine.

Il se râcla la gorge. À la manière dont il avait tenté de balayer le sujet, certains pourraient le trouver encore plus suspect. Bien joué Félix ! Bref. Il fallait se reconcentrer sur le sujet principal : l'exposé. L'étudiant avait l'air d'apprécier l'indication concernant le plan proposé. Bien, au moins, maintenant qu'il avait ça en note, il allait pouvoir le développer un peu. Même si, de ce qu'il disait, ça n'avait pas non plus besoin d'être trop poussé. Félix eut un nouveau hochement de tête.

- Bien, et quand devez-vous le rendre ? Si vous en avez la possibilité, je vous conseillerais d'écrire une première version maintenant, même très sommaire, voir très peu rédiger, d'aller dormir un peu et de revenir plus tard dessus, à tête reposer.

C'était toujours une bonne idée de poser ses idées et de les "redécouvrir" après une bonne nuit de sommeil. Des fois ça aidait à se rendre compte que vraiment, quand on est fatigué, on écrit n'importe quoi ! Et puis des fois aussi, ça servait juste à corriger des fautes, des tournures de phrase, ce genre de banalité.

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Pendant un instant, Félix observa l'étudiant. Presque amusé par sa réaction et sa question. Mais là n'était pas le sujet, jeune homme, il fallait rester concentré ! Heureusement, l'élève n'eut même pas besoin qu'on le reprenne et se remis vite dans le bon état d'esprit. Nul doute que l'idée de pouvoir prendre un repos bien mérité l'avait motivé ! ... Le bibliothécaire ne savait pas s'il devait être ravi ou au contraire s'en inquiéter. Mmh. Pour tout le manque de concentration dont faisait preuve, monsieur Kristianov c'était montré relativement appliqué pour sa punition. Disons donc ravi. Ravi de le voir retrouver un brins de motivation et de savoir qu'il se ferait un plaisir de se reposer par la suite.

Satisfait, le bibliothécaire fit mine de s'éloigner avant de se stopper dans son geste. Il hésita un instant avant de se tourner vers l'étudiant, très sérieux.

- ... Les porcs. Ces animaux dévorent tout. Ou presque. Ils ne digèrent juste pas les dents et les os trop gros si ma mémoire est bonnes.

Et ce n'était pas le plus compliqué à cacher. Même si... Avec les technologies modernes, il était possible de retrouver des informations sur la victime à partir de ses os puis de croiser les sources pour obtenir son identité et... Mmh. Félix balaya ces pensées de son esprit. Ce n'était pas le moment.

- Les bains d'acide sont également une option. Mais ils demandent des préparatifs particuliers et de la prudence lors de la manipulation.

Et ce n'était pas discret selon où vous viviez. Sans parler qu'il n'y avait pas que le corps que cela pouvait ronger. Vous vous voyez expliquer à votre voisin du dessous pourquoi de l'acide coule depuis son plafond ?

Il n'y avait plus qu'à espérer que maintenant que sa curiosité était satisfaite, monsieur Kristianov allait pouvoir rester concentré sans que des questions sans réponse le hante. ... Ou alors, au contraire, Félix venait de lui donner d'autres sujets sur lesquels s'attarder au lieu de travailler sur sa punition. Arf. C'était peut-être une très mauvaise erreur de calculs. En même temps, le bibliothécaire avait fait L, évidemment qu'il était nul en math.

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Félix ignorait s'il devait s'en amuser ou s'en inquiéter, mais l'étudiant prit à cœur d'analyser ses remarques, ajoutant même un argument sur à quel point l'acide n'était pas pratique. Le bibliothécaire ne pouvait qu'hocher la tête, parfaitement d'accord avec les dires du jeune homme. Néanmoins, ce dernier devait se remettre au travail... Et lui aussi. Ces livres n'allaient pas se ranger tout seuls !

L'homme eut le temps de ranger quelques ouvrages quand son trajet le fit repasser dans la rangée du jeune homme au cheveux blond. Le bruit d'affaires en mouvement attira son attention et il y jeta un coup d'œil.

- Vous partez ?

Question rhétorique : l'étudiant ne rangerait pas ses affaires s'il avait l'intention de rester. Les yeux de Félix se posèrent sur le livre abandonné sur une table. Sans doute monsieur Kristianov avait-il l'intention de le ranger juste avant de partir. ... Il avait plutôt intérêt en fait. Mmrh. Le bibliothécaire décida de lui laisser le bénéfice du doute. ... Quoi ? Il n'allait quand même pas le ranger pour lui ! Il y avait des limites ! S'il rangeait les autres ouvrages, c'étaient parce que des délinquants étaient incapable de le faire eux-mêmes mais surement, le jeune russe ne rentrait pas dans cette catégorie. L'homme n'attendit pas de réponse à sa question et enchaina :

- N'hésitez pas à repasser si vous avez de nouveau besoin d'aide dans vos recherches.

Contrairement aux apparences, le bibliothécaire ne mordait pas. Et même s'il ne l'admettrait pas, à cause de la chute de livre, le jeune Yulian ne lui avait pas fait si mauvaise impression que ça... L'aider une nouvelle fois au besoin ne serait pas trop dérangeant.

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