[Club de cuisine] Cookie Monster [ft. Noboru]

Ça fait un moment que je l’ai remarqué. Je me souviens pas quand il est apparu dans le club de cuisine. Plus grand que moi, blond, je crois qu’il a des yeux bleus, mais je ne suis pas certaine. On ne se regarde pas tellement dans les yeux. Il est quand même mignon. Par contre, ce que j’ai remarqué c’est deux choses : la première, c’est qu’il est toujours seul. Il n’a pas l’air d’avoir des amis. Je trouve ça quand même un peu triste. En même temps, il a aussi une espèce d’aura qui ne donne pas toujours envie aux gens d’aller lui parler. Moi la première, hein, je ne vais pas style que.  La deuxième chose que j’ai remarqué, c’est qu’il parle français. Enfin, quand il parle. Il ne parle pas souvent cet étudiant. Enfin, je prends pour acquis que c’est un étudiant. Enfin, un lycéen c’est aussi un étudiant, vu que ça étudie, mais ça, c’est un autre débat. BREF. Ce que j’essaie de dire, c’est qu’en ce mois d’octobre, je me suis pour objectif complètement débile d’interagir avec lui. Je dis « lui », parce que je ne sais plus trop son nom (oui honte à moi).  

Ce que j’aime du mois d’octobre, c’est que les températures commencent à être plus fraîches.  Ça veut aussi dire que c’est bientôt l’halloween et qu’il va falloir que je me trouve un costume pour l’événement, mais je ne sais pas du tout quoi pour le moment, il va falloir que je trouve quelques idées. Depuis la fin des vacances, je me suis surtout concentrée sur mes études, mon petit boulot et quelques petites choses comme ça. Surtout mes études. Avec la blessure que j’ai eu dû au séisme, ça m’a un peu mise dans le pétrin niveau danse et je fais mon possible pour que tout aille pour le mieux.

J’raconte ça comme si quelqu’un avait manqué des épisodes d’un téléroman, genre les feux de l’amour ou top model (ma grand-mère regardait ça tellement religieusement jusqu’à son décès. Je connais juste un peu trop de trucs sur ces téléromans tant que j’en ai écouté avec elle à une époque. Bref). Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, je me suis donné comme défi COMPLÈTEMENT débile ce garçon que j’ai remarqué depuis un moment. Enfin, je dis ça, mais j’ai pris cette décision il y a quelques minutes seulement alors que je l’ai vu pour un énième fois seul. Et il faut dire que je me sens un peu seule aussi aujourd’hui. En tout cas. Pour commencer ce plan absolument pas diabolique, je me suis non loin de lui et voilà que je cuisine tranquillement pour commencer. Je ne suis pas assez « hot » pour commencer avec un bonjour directement.

Ça me gêne un peu de faire ça à vrai dire.  

Je réajuste mon tablier ainsi que ma veste oversize et je commence à réfléchir sur de la nourriture à faire aujourd’hui. Je suis un peu indécise sur le projet en ce moment. Je pense que j’ai la tête ailleurs.

J’ai fini par trouver ce que je vais faire. En fait, je ne savais pas trop, je me suis dit que j’allais faire quelque chose de vraiment trop simple. Et ce qui est le plus facile à réaliser : des crêpes. Enfin, c’est facile parce que pas besoin d’utiliser beaucoup d’ingrédients. D’ailleurs, je me permets de fouiller avec mon téléphone le site de Ricardo (le DIEU Ricardo, quoi que 3 fois par jour est vraiment pas mal aussi et eum… Je connais moins les autres. Ma mère pourrait se plaindre que je juge QUE par Ricardo, mais ce n’est pas tant vrai. C’est juste que son site internet est le plus pratique pour trouver des recettes. Mais là, je disgresse un peu) afin de trouver une recette adéquate pour ce que je souhaite faire. Je sors mes ingrédients : farine, sucre, sel, œufs, lait extrait de vanille et du beurre fondu. Moins convaincue par ça à vrai dire (je connais mes ingrédients habituellement, mais je ne suis pas douée pour me souvenir des quantités, c’est pour ça que j’ai besoin d’un petit coup de pouce.), mais bon, pourquoi pas.

Après, pour le reste, c’est pas tant compliqué : tout mettre dans le bol, mélanger et faire cuire par la suite. J’ai parfois quelques petits coups d’œil vers mon voisin de cuisine pour voir ce qu’il fait. Le fromage me rend un peu perplexe, mais j’essaie de ne pas trop le montrer. À un moment, on arrive même à avoir un petit « eye contact » et je fais un sourire en guise de bonjour, rougissant, bien malgré moi.

Je me sens un peu déconcentrée, je pars donc à la recherche d’une poêle adéquate pour faire mes crêpes. Voilà ! Ma pâte se fait bien rapidement et une fois bien mélangée, je chauffe ma poêle et je me mets sur le projet : je fais ma première crêpe.

Je regarde mon mélange et je tique : visiblement, je vais en avoir beaucoup. Ce n’est pas une SI mauvaise chose, mais tout dépendant combien je vais en avoir, il va falloir que je trouve quelque chose à faire. Je pourrais partager avec Meyu – je pleure intérieurement à chaque fois que je vais au club de cuisine et que je me souviens soudainement qu’elle n’en fait plus partie… POURQUOIIII, pourquoiiiii !? Elle m’a expliqué pourquoi mais j’étais trop choquée pour l’avoir retenu –.

Autour de moi, l’odeur des crêpes se fait sentir. Et ça, ça me redonne un peu le moral. Ça sent juste TELLEMENT bon des crêpes. Ça me rappelle ma maman et ma grand-maman. Elles sont bonnes leurs crêpes, meilleures que les miennes. Maman dit que c’est parce que c’est quelqu’un d’autres qui les ont faits, c’est pour ça qu’elles sont meilleures. Moi, je dis qu’elles ont un ingrédient secret. Mais difficile à dire c’est lequel.

Va falloir que je mène mon enquête quand je retournerais voir mes parents. D’ailleurs, je ne sais pas quand je vais les revoir.

Petit coup de mou #2 en quelques minutes.
J’appellerais mes parents dès que possible.

Peut-être que ça va aider.

Ouin, je ne suis pas tant bonne dans les quantités. Je crois que j’en ai fait un peu trop. J’en voulais peut-être quatre ou cinq moi, pas deux millions, parce que ça s’enligne pas mal pour ça en ce moment. Mmh. Beau problème quoi.

Je me gratte un moment la tête pendant qu’une crêpe est en train de cuire. Je jette à nouveau un coup d’œil en direction de mon voisin de cuisine. Et ma bouche va plus rapidement que mes pensées et voilà déjà que je parle :

- Eum, pardon… Je me demandais ce que tu fais comme recette… Ça l’air plutôt bon, mais ça ne me dit rien.

Je crois que je suis rouge comme une tomate à la simple idée de parler avec un étranger, quelqu’un que je ne connais pas trop. Je suis certaine qu’il pense que je suis vraiment étrange à lui parler comme ça. Ça pourrait être un peu malaisant.

- Euh… Au fait… J’ai un peu trop de crêpes, je ne sais pas si ça te dirait d’en avoir quelques-unes. Puis, j’ajoute dans un petit murmure, telle une confidence :Et si jamais, j’ai du sirop d’érable – du vrai –, que je garde toujours pour lorsque je viens cuisiner.

Je lui ai dit tout ça et une petite voix me dit dans ma tête que j’aurais du ne pas lui dire tout ça. Non parce que du sirop d’érable c’est précieux, c’est le cas, mais ce n’est pas trop le sujet en ce moment, c’est qu’il doit penser que je suis une vraie extraterrestre en ce moment. Avec ça, j’ai juste encore plus envie de me cacher. Pour me changer les idées, je retourne à mon travail sur les crêpes, la voilà qu’elle est retournée, suffit de la faire dorée avant de la mettre dans l’assiette qui lui est prévue, ainsi que toutes les prochaines.

J’essaie de ne pas mourir de l’intérieur, mais c’est bien quelque chose de fort difficile. Je n’aurais peut-être pas du l’approcher, lui parler, finalement. C’est juste que… M’enfin. J’aime bien les gens dans le club de cuisine, parfois je m’y sens quand même un peu seule. C’est certain que le départ de Meyuki du club ne m’a pas aidé avec cette impression. Je me trouve quand même un peu bête de lui avoir adressé la parole. J’ai l’impression que ces mots étaient des mots de trop et que je n’aurais dû rien dire. Parfois le silence vaut mille mots, non ?

Bref, il me dit faire des sablés au fromage. Je dois admettre que c’est quelque chose qui m’intrigue quand même un peu – beaucoup –. Ce n’est pas quelque chose que je fais bien souvent des sablés. Enfin pas des sablés salés. Je suis plutôt en mode sablés au beurre ou au sucre. On en faisait souvent en famille durant le temps des fêtes. On aime bien ça les décorer et tout avant de les manger sans nous soucier d’un quelconque régime.

Alors qu’il me répond, j’ai un petit hochement de tête. D’accord. Merci pour les informations. Je me dis que je ne devrais plus l’embêter. Je ne sais même pas si du sirop d’érable c’est quelque chose qui l’intéresse ou non. Je m’égare dans mes pensées, j’en oublie presque mes crêpes. Crêpes que je prends soin de m’occuper, je veux qu’elles soient parfaites. Je dois quand même admettre que je ne suis pas une experte dans la matière. J’ai toujours trouvé les crêpes de ma mère ou de ma grand-mère bien meilleures que les miennes. Ma mère m’a souvent dit que c’était meilleur quand quelqu’un d’autre les cuisine. J’ose espérer que c’est vrai et que c’est pour ça que les miennes, je ne les trouve pas aussi excellente.

Je remets un peu de beurre dans la poêle et je me remets au travail. Je fais ma pile de crêpes, un peu perdue dans des souvenirs divers et variés, réfléchissant également à ce qu’on pourrait mettre.

Non ce n’est pas négociable. Bien que de la tartinade de noisette ça serait excellent, je pense que j’ai envie de sirop d’érable. J’ai envie de me sentir comme à la maison.

Je continue mon travail, non sans regarder ce que mon camarade de club à côté de moi fait. Je suis un peu curieuse. Je vois bien qu’il termine ses biscuits, le chanceux. J’aurais bien espéré terminer, mais il faut dire que moi et les bonnes quantités, par bout, ça fait deux. Comme en ce moment. Toujours trop en faire, comme si j’ai peur d’en manquer. C’est sûr que ça gosse un peu, mais bon, je n’y peux rien, c’est comme ça. Je fais un petit haussement d’épaule dans ma tête – parce que le faire pour de vrai, ce serait peut-être bizarre – et je me concentre sur mon « travail ».

Je sors de mes rêveries lorsque le dude me questionne sur ma pâte à crêpe. Je ne peux pas m’empêcher de rougir. Il doit avoir pitié de moi. C’est un peu gênant.

- Ou… Oui… Tu peux m’aider sans problème… C’est très gentil de ta part. C’est vrai qu’il y en a beaucoup, c’est comme préparer une recette avec des pâtes, il y en a toujours beaucoup trop.

Petit rire un peu gêné. C’est un peu sorti tout seul. Pour une énième fois, je me sens bête, mais je vais finir par m’y faire. Je ne sais pas trop comment il va s’y prendre pour m’aider, mais compte tenu qu’il a terminé ses sablés et qu’il a une mini crêpière – que je regarde et j’envie, parce que je me dis que c’est absolument incroyable comme gugu à avoir à la maison. Je note ça mentalement –. Je pose la pâte à crêpes entre nous deux, comme ça il pourra prendre ce qu’il veut. Je serais bien étonnée qu’il veuille prendre ma poêle. Oui, c’est moi, les crêpes ce sont plutôt avec une poêle et en regardant l’allure de mes crêpes, elles sont pas mal, mais celles de ma mère sont vraiment toujours mieux.