Collaboration impromptue ; Hiroki Sato

Aïe aïe aïe.
Pris la main dans le sac, et Junko ne daigne même pas essayer de se défendre. Il s'écarte poliment lorsque le gars du personnel des cuisines s'avance pour prendre un sac dans le frigo qu'il vient d'ouvrir. Passant une main derrière son crâne pour en gratter la chevelure, seul signe de son embarras, le grand basketteur darde ses prunelles brunes sur le rouquin devant lui, qui commence à la réprimander.
Junko retient un soupire mais pas le geste de balancer quelque peu sa tête en arrière. Il lance un nouveau regard au rouquin, tique sur ses reproches et sur l'argument de l'hygiène. Jun hausse un sourcil, désabusé, mais il ne peut retenir le sourire un peu provocateur qui lui pend aux lèvres.



Par là il sous-entend qu'il connait peut-être deux trois trucs lui aussi, et clairement l'hygiène demandé en médecine n'est pas la même qu'en cuisine, quoi que ce gars puisse lui dire. Junko sait pourtant qu'il n'a rien à faire là, mais l'attaquer avec un argument illogique et de non-sens, il ne supporte pas vraiment. Enfin, il doit montrer patte blanche s'il veut s'en sortir sans trop de dégats, lorsque plane sur lui la menace d'un rapport.
Junko roule des yeux, visiblement contrarié mais plutôt dans le sens gêné.



Il tente de se dédouaner, et si l'autre pense obtenir son nom simplement en le lui demandant il est tombé sur le mauvais japonais. Junko n'est pas prêt à voir un rapport sur lui, surtout pour une broutille comme ça. En plus de ça, techniquement, il n'a rien volé encore.



Les fins de mois, c'est galère.
Et en plus de ça, son ventre se met à grogner.
Ah, super.

Ca a l'air de fonctionner, les yeux doux et l'air dépité avec lui là. Il fait même l'effort de partager ses boîtes de restes avec Junko. C'est presque si ça le ferait culpabiliser d'avoir fait ça mais en vrai... C'est Junko, il prend ce qu'on lui donne. Ce sera bien le dernier à refuser quoi que ce soit, en vrai de vrai. Il se fait donc tout petit maintenant et regarde l'autre préparer une boîte pour lui en partageant ce qu'il a.
La victoire est petite, mais elle est au moins là. Elle a le mérite d'exister, et pour de la bouffe gratuite, il va sûrement rien dire !

Enfin, il y a quand même un deal pour qu'il puisse emporter la boîte avec lui. Est-ce qu'il peut faire confiance au rouquin ? Est-ce qu'il peut pas juste prendre la boîte et partir en courant ? Il a pas l'air très sportif, c'est sûr qu'à la course il lui met une branlée. Mais bon, un grand japonais brun avec les cheveux longs et sa dégaine... ça se retrouve facilement. Surtout qu'il n'est pas le plus discret à l'université, comme il parle avec tout le monde, en plus d'être dans deux clubs. Mmh... Bon, Junko suppose qu'il va devoir lui faire confiance.



Est-ce qu'il doit lui écrire ? Est-ce qu'il devrait lui écrire ? Les kanjis c'est toujours tricky mais bon... Peut-être qu'il peut s'en tirer comme ça. Peut-être ?
En tout cas, Junko prend le sac qu'il lui tend et ne se fait pas prier pour sortir des cuisines. Mais bon, lui aussi il est un peu curieux de connaître au moins le nom de ce gars. Pas tous les jours qu'on tombe sur un type assez gentil -ou naïf ?- pour accepter un écart au règlement comme ça, après tout.

Junko hausse un sourcil à la remarque du rouquin. Ou du moins, à son conseil qu'il trouve terriblement déplacé. De quoi, pourquoi il lui parle de d'emploi pour financer ses études d'un coup comme ça avec un air de daron ou de big bro ? Pour qui il le prend au juste, le Junko ? Le regard brun coulisse d'une expression à la fois perplexe et quelque peu étonnée, d'un froncement témoignant un léger agacement. Et Junko n'est pas Junko s'il se laissait faire devant une remarque qu'il trouve totalement malvenue.



Tous les vendredis soirs, tous les samedis soirs, il sert cocktails, shots et autres rafraichissements dans un bar de Kobe. Après une semaine à suivre des cours de médecine et à courir partout en internat à l'hôpital, il ne se repose que le dimanche finalement, et encore... La majorité du temps il dort, pour rattraper la fatigue accumulée de la semaine. Donc s'entendre conseiller "T'as pas d'argent ? Tu sais que y'a un truc qui s'appelle travailler pour gagner de l'argent ? Tu devrais essayer" c'est pas le plus agréable.
Junko hoche juste la tête à l'entente de son nom. Hiroki Sato, donc. Il hausse de nouveau un sourcil quand il entend le roux dire qu'il n'occupe pas un poste important.



Aka un endroit des plus stratégiques quand on cotoie des gens de sa tranche d'âge, c'est-à-dire les étudiants. Hiroki a de quoi dealer et négocier des amitiés partout en travaillant en cuisine, en plus de récupérer de la bouffe gratuitement. Bon, Junko ne doute pas que c'est un travail harassant, pour travailler en tant que barman il en sait quelque chose. La restauration, c'est dur. Mais bon, de là à entendre des bêtises pareilles ? A la place d'Hiroki, Jun en aurait déjà largement profité pour développer son réseau un maximum.
Enfin, il lui parle du club de cuisine mais Junko ne relève pas. Il est déjà inscrit dans deux clubs sportifs.
Ils parviennent à la sortie et si Junko est content de s'en sortir sans note à son actif comme quoi il vient de lui-même se servir dans les frigos de la cuisine de la cantine, il ne peut pas retenir le coup d'oeil qu'il lance aux mots d'Hiroki.

Non là, c'est trop.
Déjà il lui conseille de trouver un taff parce que c'est pauvre et que l'argent ne tombe évidemment pas par miracle sur le compte bancaire, mais en plus de ça voilà qu'il lui cause comme à un gosse de dix piges. Alors que bon... Ils sont dans la même tranche d'âge, apparemment. Junko ne le trouve pas excessivement plus vieux que lui, et il ne considère pas qu'être un membre du personnel du campus lui permet de lui parler avec un ton si infantilisant.



Si c'est dit sur un ton léger et dans un discret sourire, il ne peut empêcher une expression d'incompréhension quant à l'attitude d'Hiroki envers lui. Si y'a bien un truc que Junko n'arrive pas à piger c'est bien ça : comment peut-il se dire que c'est ok d'infantiliser quelqu'un de son âge ? Enfin, il reste ouvert et pas vraiment vexé, bien qu'un peu agacé.