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Pablo K. Mora
Elève ; en 3ème année
Pablo K. Mora
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■ Inscrit le : 25/02/2021

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Mon personnage
❖ Âge : 18 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Pablo K. Mora

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Lun 5 Fév 2024 - 5:57
Suite du solo commencé ici : https://www.kobehs.org/t18626-solola-conscience-est-la-consequence-du-renoncement-aux-pulsions

MARS - PREMIERE PARTIE

Le 01/03/2018

Pouah, j’ai beau avoir révisé, la physique quelle plaie. Sérieux, qu’est-ce que j’en ai à faire des lois de Newton et compagnie moi ? J’en ai déjà ma claque avec celle qu’on doit suivre tous les jours, pas envie d’en rajouter.  Faut pas se faire d’idée, j’suis quasi sûr d’avoir foiré la moitié des exercices mais bon… j’aurai au moins essayé. J’ai hâte d’être au week-end pour souffler. D’ailleurs, ça m’fait penser à ce que Tsu m’disait tout à l’heure. Alors comme ça, elle et Nolan vont se “changer les idées” hein ? J’dirai surtout qu’ils se font un rencard ! Haha, j’suis content qu’ils essaient en tout cas, parce que c’est que le début et on sait pas ce que ça va donner, mais j’suis sûr qu’entre eux ça peut durer. Après tout, j'aurais rien manigancé si j’y croyais pas !

Mais vu que je perds ma camarade de révisions pour samedi matin, j’irai bien demander à Emma si elle est dispo une matinée de plus… Pas que j’veuille m’imposer, mais avec elle j’arrive bien à bosser, et c’est hors de question que j’demande aux gars, j’ai pas envie d’voir leur réactions si j’leur annonce que j’veux réviser. Et puis, j’vais pas nier, j’aime bien passer du temps avec la miss. C’est qu’elle en a, des qualités.


Le 02/03/2018

Brrrr. 4h d’histoire et géographie, quelle horreur. J’sais pas ce qu’ils ont ces profs, des sadiques j’te jure. Heureusement que j’ai limité les dégâts en histoire, parce que la géo… Bref. Ca a été beaucoup mieux en anglais cet aprem, c’est déjà ça. Y’a au moins quelques matières où j’m’en sors au moins. Sur ce, j’crois que je vais pas trop traîner pour aller m’coucher. Emma a accepté pour demain matin, et j’ai pas envie de la faire poireauter en loupant le réveil. Allez hop, au dodo Pablito comme dirait la Mama.


Le 03/03/2018 (écrit à quatre mains)

S'assurant que personne n'est dans le couloir, Pablo va jusqu'à la chambre d'Emma et frappe avec leur petit "code habituel” pour s'annoncer. Ce petit code, cela fait deux semaines qu’il existe. Depuis que Pablo est venu s’y réfugier, à  vrai dire, sauf que ça a continué. Plus d’une fois, pour réviser ou juste pour discuter, Emma et Pablo se retrouvent quand personne n’est là. Quand personne ne les voit. Il ouvre alors la porte, se faufile à l’intérieur et referme, avant de poser ses affaires sur le lit de la miss et de la saluer.

Hello Emma, j'espère que ça te dérange toujours pas d'être réveillée ce matin... Si tu veux dormir un peu plus, tu me dis et je reviens plus tard ok ?

Lorsqu'on toque à la porte, Emma sait directement qui s'agit de Pablo et ne s'agite donc pas lorsqu'il entre sans attendre sa réponse.  Assise sur son lit, elle pose sur lui un regard encore endormi, secoue la tête.

"Hey. Non, non, ça va. Ne t'inquiète pas. Tu ne me déranges jamais." Elle sourit timidement. "C'est juste que... J'ai passé une mauvaise nuit donc... ne t'étonnes pas si je suis moins réactive que d'ordinaire."

Ne cherchant pas à cacher la vérité, elle pose son regard sur sa cheville bandée. Pablo lui sourit et baisse la tête vers la cheville d'Emma, soucieux :

Elle te fait toujours mal, hein ?

Il cogite en se mordant l'intérieur de la joue, le cerveau à mille à l'heure, puis sort de ses pensées avec une étincelle dans les yeux. Son remède miracle.

J'dois avoir un peu de baume du tigre dans mon sac de foot, si tu me laisses une minute, je file la chercher dans ma chambre. J'me suis tordu la cheville plus d'une fois au foot alors j'peux te la masser avec. Et il se frotte l'arrière de la tête, après avoir réalisé que ça gênerait peut-être Emma. Enfin, si tu veux.

Emma se contente d'hocher la tête, honteuse. À la proposition de Pablo, elle sent ses joues chauffer, met du temps à répondre.

"J-je ne voudrais pas te déranger. Tu n'es pas là pour t'occuper de moi."

Elle se mord la lèvre inférieure,  sachant parfaitement que cette excuse ne passera pas.

Tutut, Pas de ça. J’arrive, bouge pas ok? Et sers-toi, c’est fait pour.  

Il désigne alors les affaires qu’il a posées au bout de son lit. Un sac contenant trois cahiers et trois livres, mais aussi le petit déjeuner qu’il a emballé dans des serviettes en papier, les ayant ramené de la cantine. Emma, les joues rougissantes, sourit et lui répond aussitôt à la vue du petit déjeuner :

T'as quelque chose à me demander que tu gâtes autant ?
C'est pour te remercier d'avoir accepté de te réveiller pour m’aider. Et puis comme ça, ça t’évite un aller-retour alors que ta cheville se remet à peine de ta chute !

Le sourire d’Emma, Pablo s’y fait sans problème et y répond sans attendre en l’imitant, mais l’accolade qu’elle lui fait en le remerciant le surprend. Pablo passe une main dans son dos et lui rend, le sourire un peu plus niais qu’il ne le voudrait, puis se reprend quand ils s’écartent. Il lui adresse un clin d'œil et file rapidement dans sa chambre pour récupérer la fameuse pommade.

A son retour, ils papotent le temps que la demoiselle prenne son petit déjeuner, puis ils entament les révisions de certaines matières de la semaine. Pablo aide Emma pour réviser la musique, passion commune qu’ils partagent depuis peu, puis ils enchaînent sur l’art plastique. Comme à son habitude pour cette matière, Pablo ne peut se mettre dedans sans dessiner en même temps alors il attrape son bloc-note et commence à gribouiller, posant en même temps des questions à Emma pour l’entraîner. Elle se réjouit de petite découverte et en retour, elle l’aide à réviser ses cours, même s’ils sont d’un niveau supérieur. Ce n’est pas toujours son point fort, mais elle fait de son mieux et cela lui donne un aperçu du programme qu’elle étudiera l’année suivante, en plus de pouvoir aider l’Espagnol.

Chacun fait ses exercices, se consulte de temps en temps pour s’aider ou pour corriger, font une petite pause et ça reprend. Ce petit rythme s’installe naturellement maintenant. Et quand midi arrive, à la fin des révision, Pablo propose aussitôt d’aller manger ensemble à la cantine, à défaut de pouvoir l’inviter en ville. Son budget est serré, mais cela ne l’empêche pas pour autant de lui proposer de s’aérer la tête là-bas ensuite. Emma accepte rapidement, avec la simple requête de ne pas aller trop loin pour ne pas forcer sur sa cheville fraîchement rétablie et Pablo acquiesce aussitôt.

On s’arrêtera quelque part alors, genre un parc ou un petit café pour boire un verre !
T’inquiète, j’te prendrai sur mon dos pour le retour si t’as trop mal de toute façon, c’est bien comme ça qu’on fait au Japon après tout !

Il lui adresse un clin d'œil, puis laisse ses affaires pour l’emmener manger. Après tout, ils finiront bien par rentrer.


Le 04/03/2018
Programme de base : courir avec Nolan et l’aider avec ses chrono.

Et c’est bien ce que j’ai fait… pour un temps en tout cas.

J’étais loin d’imaginer que Seito serait là, alors que c’est plutôt évident en y repensant. J’suis resté un moment, j’ai bien aidé et tout moi aussi. J’ai couru un bon moment avec Nolan mais… La présence de Seito m’rappelle trop ce qu’il s’est passé à la Saint Valentin et j’arrivais pas  à juste rester à côté pendant que le chrono tournait alors… j’ai fini par aller courir de mon côté.

J’sais pas c’est quoi mon problème, c’était qu’un incident mais… Bref, ça finira par passer.

Un torrent d’images, un flot incessant
Dans ma tête qui vrille, un tourment oppressant
Des pensées qui fusent, me submergent, me dépassent
Et que je ne parviens ni à calmer, ni à dompter
Faites que le temps les efface…



Le 05/03/2018 (écrit à quatre mains)

Tsumugi est déjà sur place et attend sagement à une table tout en relisant un cours et surveillant de temps à autre son téléphone en attendant son rendez-vous. Pablo rejoint Tsumugi dans le centre ville à l'endroit habituel, s'approche du comptoir pour commander une boisson fraîche et vient s'asseoir aussitôt après.

Salut toi !

Elle lève les yeux en l'entendant et lui sourit avec chaleur.

"Coucou ! Encore un peu et je t'envoyais un message pour savoir si tu t'étais perdu."

Elle ressemble un peu ses affaires pour lui faire de la place, alors que Pablo lui répond, l’air taquin :

Oh ça va, moi j't'ai pas lâché tu vois bien !

Tsumugi fait mine de s'offusquer.

"Si je t'avais vraiment lâché, on ne serait pas là aujourd'hui !"
C'est vrai, c'est vrai...

Il tire la langue et s'asseoir, posant son sac sur ses genoux pour sortir son livre et un bloc de feuilles.Elle attend que Pablo ait finit de s'installer.

"Comment tu te sens pour l'examen ?"

Il s'installe tranquillement et gonfle les joues a la question de Tsu, avant de soupirer.

J'sais pas... Mais mieux que si j'avais rien révisé en tout cas. J'me dis que j'pourrais au moins gratter quelques points. Et toi ?

Elle lui sourit, confiante.

"Vu les efforts que tu fournis, ça m'étonnerait un peu que tu ne puisses pas en avoir." Elle soupire à son tour. "Et pour moi, c'est toujours la même chose. Les matières scientifiques qui me donnent du mal mais Nissa et Ren m'aident beaucoup, donc je pense que ça devrait aller."

Pablo la remercie du regard et lui dit d'une voix rassurante :

J'suis sûr que ce sera le cas.

Il sourit, puis son regard se fait fuyant.

A propos d'aide... Il se pourrait que j'en ai eu aussi. Genre... samedi.

Elle sourit, rassurée qu'il ait pu travailler malgré son absence puis hausse un sourcil. Pablo qui se fait timide, elle aura tout vu.

"Ah oui ? Avec qui ? Qu'est ce que vous avez fait ?"
Eh bah...

Pablo sourit à moitié en se frottant l'arrière de la tête, se demandant s'il n'aurait pas mieux fait de se taire, mais il a confiance en Tsumugi.

Disons que j'ai profité que tu sois kidnappé par ton cher Nolan pour faire de même avec sa cousine... Elle m'a aidé a révisé plusieurs trucs et j'l'ai aidé avec ses révisions de musique et arts plastiques…

Elle se sent rougir à la mention de son cher Nolan mais tente de faire comme si de rien était et sourit malicieusement.

"Mmmh ! Eeeet...? Continue donc j'attends la suite !"
Bah c'est tout ! J'vois pas ce que t'attends de plus.

Il fait style de rien, ouvre sa trousse et cherche son stylo, puis plisse les yeux en trifouillant ensuite les livres de littérature.

Tu pourrais avoir un minimum de reconnaissance sur le fait que j'ai révisé quand même ! POURQUOI ON A AUTANT DE BOUQUINS ?!

Elle éclate de rire :

"Oh ! L'autre !" Elle croise ses doigts sous son menton en le fixant. "Elle te plaît tant que ça ?"

Pablo finit par claquer le fameux livre sur la table en soupirant, se laissant tomber contre le dossier de sa chaise.

C'est ça, fait la maligne et j'te rappelle la figure que t'avais y'a trois semaines dans ce café avant que j'en sorte ! Il lui fait une petite grimace en ronchonnant, puis continue : Mais, ouais.. elle me plaît bien. C'est juste que c'est compliqué...

Elle s’empourpre :

"O-oui bah raison de plus pour que je profite de cet instant magique ! Et puis tu sais aussi que tu peux tout me dire... la preuve j'ai dit à personne que tu révise en secret !"
Et je t'en remercie ! Dit il bien content qu'elle ait gardé ça entre eux

Elle rit doucement :

"Aller. Raconte tout à Tata Tsu. Pourquoi compliqué ? Tu en as d'autres en vue ? Elle s'est pas jeté sur le ring ?"
Mais non, c'est pas ça...

Il hésite, puis la fixe sérieusement en se redressant sur sa chaise, s'avançant un peu par dessus la table :

Bon, même si c'est déjà un peu le cas, j'pense que le moment est venu d'officialiser les choses entre nous Tsu'.

Il plisse les yeux, fronce les sourcils avec sérieux, et plante son regard dans le sien en tendant le petit doigt :

Est ce que tu jures solennellement que tout ce qu'on s'est dit et se dira restera entre nous, peu importe le sujet ? Est ce que tu jures que ça sera pas répète a quelqu'un d'autre sans accord préalable ? Est ce que tu jures de tout faire pour me couvrir peu importe comment, si il faut conserver l'un de ces secrets ?

Et enfin, il termine :

Est ce que tu veux bien qu'on soit de vrais amis, genre que j'sois ton bro et toi.. ma soeur, amicalement tu vois ? Il marmonne plus bas Une "soeur de coeur", c'est ça qu'vous dites entre meufs j'crois. Puis la fixe encre plus intensément de ses yeux verts, tendant un peu plus le petit doigt vers elle : Alors ?

A mesure qu'il parle, ses yeux s'arrondisent sous l'étonnement, peu habituée à le voir si sérieux. Son coeur s'emballe alors que son regard se pose sur le petit doigt entre eux puis à nouveau sur le jeune homme.

"Ça vaut pour toi aussi Pablo..." Dit-elle en tendant le petit doigt et s'accrochant à celui de Pablo en souriant avec douceur.
Évidemment.
"Comme tu l'as dit, c'était déjà un  peu le cas."

Quand elle accroche son doigt, Pablo la retient, prenant le sujet très au sérieux. Comme toujours quand il s'agit de confiance.

Ouais, mais "un peu". Là si tu jures, c'est avéré et réciproque sur tout ce que j'ai dit. Et attention, parce que j'ai qu'une parole Tsu'.

Lentement, sérieusement, elle hoche la tête, son petit doigt se resserrant sur celui de Pablo, consciente de l'importance du moment.

"Je te le jure." Dit-elle, avec douceur.
Et pas d'exception. Même pas les amours ou quoi.
"Tant que tu assassines personne ça devrait aller.."

Pablo serre le petit doigt de Tsumugi en retour et finit par la relâcher en rigolant :

Je note que tu m'aiderais pas à creuser, haha ! Mais j'le ferai moi, si jamais.

Elle souffle du nez.

« Et moi je te promet de ne pas te mettre dans une telle galère ! Ça te rendrait complice de mon crime… »

Il lui fait un clin d'œil et enchaîne avec la réponse qu'elle attend, reprenant son serieux :

Et du coup, pour Emma... Ce qui est compliqué c'est que, même si elle me plaît, j'suis pas sûr de ce que j'veux ou de pouvoir lui donner ce qu'elle mérite. Et puis y'a Nolan aussi, mais bon, j'compte pas faire souffrir Emma non plus. C'est juste que j'suis paumé, du coup j'prends mon temps pour pas merder...

Elle repose sa main sur la table et l’écoute attentivement.

« C’est pas moi qui te reprocherais de vouloir prendre ton temps… Au contraire, c’est plutôt une bonne chose, enfin … Pour moi ! Et ça montre que tu tiens à elle… Pour Nolan… Tu devrais le sortir de l’équation même si je comprends la situation… Les maths du coeur sont déjà assez compliquées… »
Merci, c'est déja ça d'bien haha.

Il cogite un peu en cherchant une page de son livre, et ajoute :

Mais l'gros problème, c'est surtout que j'sais pas où j'en suis et où j'veux aller... J’ai l’impression de douter sur le moindre truc en ce moment… J'vais m'contenter d'prendre mon temps en attendant que les choses s'éclaircissent un peu j’crois.

Elle hoche la tête. Et cherche son regard.

« C’est le mieux… Le pire, c’est d’être dans l’incertitude, donc si toi tu ne sais pas… C’est pas elle qui pourra savoir pour toi ! »
Ouais, en tout cas j'tenterai rien sans être un peu plus sûr de moi, ça c'est clair.

Puis après un temps.

«  On commence ? »

Il lui sourit, puis  baisse la tête pour trouver enfin la page qu'il cherchait. Il redresse la tête quand elle propose de commencer et pose la main sur son bras en vitesse :

Attends attends ! Toi ca a été avec Nolan, samedi ? Juste ça et après on démarre, juré!  

Tsumugi aurait du s’attendre à ce qu’il la lance sur le sujet “Nolan”. Elle détourne les yeux, ne peut s’empêcher de sourire en pensant à lui et aux moments partagé.

Oui… » Dit-elle simplement avant de relever les yeux vers Pablo et rire légèrement, consciente que ça ne lui suffira pas comme réponse. Alors elle prend son téléphone et lui montre les photos du parc d’attraction. « On s’est éclaté ! ».

Pablo rapproche sa chaise aussitôt alors que le serveur amène (enfin) sa boisson, se penchant un peu pour regarder les photos.

Eh bah j'vois ça ! La grosse éclate haha !

Il regarde défiler les photos et sourit, non sans arborer une pointe de fierté :

J'suis content de voir que la ptite graine que j'ai trouvé et arrosé de surprise ait finit par germer, héhé. Il relève les yeux vers Tsumugi et se fait malicieux : J'espère que vous penserez à m'prendre comme témoin ! Et attention, si ça tourne au vinaigre, tu m'appelles et j'vais l'secouer !

Il éclate de rire, puis se recule pour éviter un éventuel petit coup de Tsumugi, reprenant sa place. Elle s’étouffe à moitié et s’empourpre. Tend le bras pour le taper du dos de la main mais rencontre le vide. Il est rapide le Pablo.

« Témoin… Témoin… T-t-tu vas un peu vite quand même ! On est même pas encore ensemble… » Elle secoue la tête pour retrouver ses esprits et sourit. « Mais c’est vrai qu’on en serait pas là si t’avais pas aidé… »  
Allez, révisions et que ça saute !
Roulant des yeux elle pouffe. « Dit-il ! » avant de s’y mettre avec lui.

Et les révisions vont bon trains. Les deux camarades se donnent à fond après ce petit aparté, cette promesse que Pablo n’est pas près d’oublier. Entre deux exercices et l’observe, il sourit. Bien content d’avoir une amie comme Tsumugi.


Le 06/03/2018

Deux heures de litté, check. Merci Tsu, t’es la best.

Quatre heures de TP de physique-chimie sans faire exploser le labo, check.
Bien content d’être tombé sur la chimie d’ailleurs, sinon j’aurai fait griller les circuits).

Repos soldat, avant de poursuivre demain.


Le 07/03/2018

Deux heures de sport ? Check HAUT. LA. MAIN.

Quatre p*tain d’heures de mathématiques… Pas check.
Pas du tout check même. Sérieux, qui a eu l’idée de faire des trucs aussi tordus avec des fonctions ? J’ai pas dessiné sur ma copie cette fois au moins, c’est déjà ça…

Mais bon, y’a des batailles qu’on peut pas gagner hein. Demain sera une meilleure journée ! Deux heures de musique, ça peut pas mal se passer. Alors pour m’remettre de ces foutus maths, retrouver Darcy et compagnie feront pas d’mal.

Par ici le bouquin. Repos soldat !


Le 08/03/2018 (écrit à quatre mains)

Pablo s'est installé à la table de Seito à la cantine pour manger ensemble ce soir-là. Vu qu'il n'ont pas passé de soirée à deux ou de moment à deux tout court depuis quelques temps au final, en arrivant devant le bâtiment, il finit par proposer à Seito :

Hey au fait... Tu passes dans ma chambre après ? Ca fait un moment, avec les exams et tout.

Seito a révisé tout l'après-midi. Il a la tête comme une pastèque et le repas n'a pas suffi à le détendre. Il accueille donc la proposition de Pablo avec enthousiasme.

Oh, carrément ! C'est vrai que ça fait longtemps.
Bueno ! A tout d'suite du coup !

Alors qu'ils s'engouffrent dans le bâtiment, Pablo passe par les sanitaires et rentre ensuite dans sa chambre, refait un peu son lit plutôt que de le laisser en vrac, histoire de. Constatant que ses colocataires ne sont pas là, il se pose sur son lit et attrape sa guitare sans se questionner, caressant les cordes du bout des ongles.

I close my eyes,
Only for a moment, and the moment's gone
All my dreams pass before my eyes, a curiosity
Dust in the wind
All they are is dust in the wind


Ils ont beau se séparer brièvement, cela suffit au cerveau de Seito pour s'activer de la plus bête des manières. Tu vas te retrouver tout seul avec Pablo. Et ça après ta discussion avec Nolan. C'est dangereux. Il souffle un bon coup et ressort de sa chambre après avoir retiré son pull parce qu'il avait trop chaud. Effleurant la porte de légers toquements, il rentre dans la chambre timidement. Il s'arrête en apercevant la guitare et l'observe silencieusement. Puis il finit par s'approcher et s'assoit sur la chaise de bureau en face.

Pablo joue et ferme les yeux après le premier couplet, le cerveau immergé dans les notes de la mélodie. Il est tellement plongé dedans qu'il chante la suite en gardant les paupières closes, n'entendant pas Seito entrer. Ne les rouvrant qu'à la dernière phrase, il termine avec un léger sourire, baissant la tête vers sa guitare et espaçant les dernières notes pour qu'elle se fondent dans le silence.

Everything is dust in the wind...

Le japonais ne comprend pas l'intégralité des paroles mais cela n'a aucune importance. Son regard se perd sur le visage de Pablo qu'il tente de ne pas fixer trop longtemps au cas où ce dernier rouvrirait soudain les yeux, puis il parvient à glisser sur ses doigts sous lesquels les cordes résonnent.

Toujours aussi beau quand tu joues, complimente-t-il malgré lui. Ça a l'air si facile quand tu l'fais.
Merci, merci, les pourboires c'est sur la table de chevet ! Pour les dédicaces, faut faire la queue!

Pablo rigole, prenant plutôt le compliment avec une pointe de taquinerie, en esquivant ce que son cerveau lui indique d’autre. Hors de question de laisser ses pensées parasiter maintenant.  

Hahaha, plus sérieusement, y'a des heures de travail derrière ! Mes devoirs de maths sont jaloux.

Seito rigole à son tour et répond :

Et bah putain, pourtant j'en ai passé des heures sur les maths et j'ai pas ton niveau en guitare. Enfin en maths. Bref tu m'as compris !
Sauf que là, c'est plusieurs jours par chanson, et pas une heure par exercice !

Et là le regard de Seito accroche le livre sur la table de chevet et l'attrape. Pablo rigole de plus belle et replace sa guitare sur ses cuisses, posant son capodastre sur le manche. Son regard dévie sur la main de Seito et ses yeux s'alarment, en voyant qu'il n'a pas planqué le livre dans sa table de chevet. Grillé.

Oh tu es en train de le lire ? Tu aimes bien pour le moment ?

Seito feuillette les pages, un sourire aux lèvres et le cœur battant, jusqu'à la page cornée. Et il ne peut s'empêcher de faire remarquer :

C'est mal de corner les pages. Tu l'entends pas mais elle souffre la pauvre. J'peux te filer un marque-pages si tu veux, j'ai pas pensé à t'en offrir un avec le livre.
AH ! Ouais je... Ca fait un moment que j'suis dessus, j'le lis par morceau. C'est pas aussi rapide que toi, mais... au moins je lis ! L'histoire est cool en tout cas pour l'moment, Elizabeth est badass.

A moitié gêné, il se frotte l'arrière de la tête et se repenche sur sa guitare, cherchant la prochaine chanson qu'il va jouer. Il redresse la tête à la remarque de Seito et serre les dents en les dévoilant, coupable.

Ouais je... désolé, j'ai pas l'habitude alors système D ! J'mettais un ticket du konbini avant mais j'l'ai paumé...
J't'ai déjà dit qu'on s'en foutait de la vitesse de lecture. Et ouais, t'as vu ça ? J'la prendrais dans mon équipe si y'avait une vraie apocalypse de zombies ! Même si j'suis sûr que tu t'défendrais bien avec ta batte de baseball.
Ah ça c'est sur que j'gère avec une batte, suffit d'voir sur le terrain !

Il souffle du nez et repose le livre.

J'vais te donner un marque-pages, ce sera plus simple.

Attiré par ce que Pablo a pluggé sur le manche de la guitare, il se fait curieux :

C'est quoi ça, sur la guitare ? Ça sert à quoi ?

Il relève fièrement la tête en clipsant le capo puis il baisse la tête vers le fameux objet :

Ah ça, c'est un capodastre. Ou un capo, pour faire court. Ça sert à changer la tonalité de la guitare sans devoir changer les accords et la façon de mettre ses doigts en gros. J'en rejoue une et tu choisis la prochaine ?

Et commençant à jouer l'intro de la prochaine chanson, il revient sur le marque-page, soucieux  :

T'es sûr pour le marque-page? t'en as un de rechange toi au moins ? Faut pas qu'tu perdes ta page sinon "le tumulte des flots" va se transformer en tsunami.
J'en ai au moins une dizaine, tu pourras même choisir celui que tu préfères !

La fin surprend Seito. Il écarquille les yeux. Pablo se souvient du livre qu'il lit en ce moment, c'est... bizarre ? Il se sent tout drôle et préfère se plonger dans la nouvelle chanson qu'entonne Pablo. La reconnaissant après le premier couplet, il l'accompagne en fredonnant faiblement.

Well, you only need the light when it's burning low
Only miss the sun when it starts to snow
Only know you love her when you let her go


Pablo chante en y mettant du coeur, et s'y met de plus belle en jetant un oeil à Seito qui se met à fredonner. Il le fixe en continuant jusqu'au refrain, ou il l'invite du regard à l'accompagner plus fort. Il le sait réservé, alors il laisse couler pour le premier mais après le deuxième couplet, il s'arrête deux secondes pour lui faire signe de vraiment chanter, entamant alors le deuxième refrain. Peu importe s'il chante en yaourt, ils ne sont que deux et se sont déjà entendus au karaoké.

Le japonais aime bien chanter, c'est un fait. Il en a rarement l'occasion mais il y prend toujours plaisir et ce, même s'en se rendre compte que ce fredonnement est sorti de lui-même. Démontrant à quel point, malgré tout ce qui a pu se passer entre eux, il est à l'aise avec Pablo. Et l'espagnol, en l'invitant à chanter avec lui, souligne ce constat. Le trouble niché dans ses iris, il hésite. Pas longtemps. Juste quelques secondes pendant lesquelles il tente de se persuader que ça n'engage rien, qu'il l'aime bien, beaucoup peut-être, mais que chanter ensemble se fait entre amis.
Il prend son inspiration et se met à chanter, sa voix claire se mêlant à celle de Pablo. Et l’Espagnol sourit en entendant Seito joindre sa voix à la sienne, poursuivant la mélodie. Ils chantent à l'unisson jusqu'à la fin de la chanson, puis Pablo écarte les dernières notes pour fondre la mélodie dans le silence, poussant ensuite un soupir de contentement.

Toujours aussi bon chanteur Mori. T'as choisi la prochaine ?  

D'abord intimidé, Seito se détend à mesure qu'ils progressent dans la chanson, prenant soin de ne pas trop croiser le regard de Pablo sous peine de balbutier des paroles déjà difficilement prononçables car en anglais. Cependant, dès l'instant où Pablo le complimente à la fin de la chanson, ses joues s'embrasent.

Merci...

Il baisse les yeux, esquissant un sourire malgré tout. Sourire qui s'efface sous un air de réflexion que suscite le choix de la chanson suivante.

Ah ! Euh... Tu sais celle qui fait - il chantonne rapidement - Así que corre, corre, corre.

Pablo tapote sagement sur sa guitare en attendant que Seito choisisse, et est surpris quand il l'annonce. Mais sachant que Seito n'en comprends pas le sens, il occulte le fourmillement irritant son cerveau et soutient les efforts de son ami :

Eh, c'est pas trop mal ton espagnol, y'a encore les Rrr qui coince un peu mais ca commence à venir !

Seito pouffe de rire.

Je sais pas si j'y arriverais un jour, c'est vraiment dur à prononcer.

L'espagnol retire le capodastre de sa guitare, cherche quelques secondes où placer ses doigts vu qu'il ne l'a pas jouée depuis un petit moment, puis ferme les yeux. Son pouce glisse sur les cordes une première fois, puis une deuxième. Son autre main commence à se déplacer sur le manche et ses doigts pince les notes une à une alors qu'il commence à chanter avec un peu plus de sensibilité :

Me miras diferente, me abrazas y no siento tu calor...

Il retrouve son sérieux et observe les moindres faits et gestes de Pablo jusqu'à ce que les premières notes résonnent dans la chambre. Sans pouvoir en donner la raison, il a toujours apprécié cette chanson. Pourtant, il n'en comprend pas un traître mot et n'a jamais eu l'idée d'aller regarder la traduction. A ses yeux - à ses oreilles serait plus à propos - préserver le mystère n'est pas une contrainte. Chaque mot résonne en lui, il ferme les yeux et s'adosse pleinement contre la chaise.

Pablo n'ouvre pas les yeux une seconde de toute la chanson. Bien trop conscient que celle-ci, qu'il appréciait jusque-là comme les autres, prend un tout autre sens. Ce qui lui plait moyennement sur l'instant. Les amours impossibles ne sont pas au goût du jour, et bien que la silhouette de ce gars rencontré à la Saint Valentin lorgne par-dessus son épaule pour le toiser amèrement après avoir fait rejaillir certains souvenirs, Pablo n'en démords pas. Il fronce même les sourcils alors qu'il arrive sur le dernier tiers de la chanson, mettant plus d'intensité dans ses notes, sa voix grondant un peu plus, pour s'adoucir sur la fin.

Lo has hecho ya y, la verdad, me da igual

J'aime vraiment bien cette chanson, déclare naïvement Seito en rouvrant les yeux avant que les dernières notes ne retentissent.

Il lui sourit avec douceur, inconscient de l'émotion que cette chanson suscite chez Pablo. Pablo finit par rouvrir les yeux, faisant face à un Seito souriant et inconscient des pensées qui lui ronge le crâne malgré ses efforts pour les diluer. Il sourit à moitié et pose la guitare à côté de lui en soupirant :

Elle est intense ouais, et ce sera la dernière !

Il se redresse aussitôt et se lève du lit, changeant l'ambiance en changeant d'activité.

Allez debout, j'ai un marque-page à choisir si tu veux éviter qu'mon livre ne pleure une nuit de plus !

Seito ne s'offusque pas que ce concert privé soit terminé. Trois chansons dont une en duo, c'est plus que ce qu'il espérait de ce moment avec Pablo. Et il est même agréablement surpris par l'activité que propose l'espagnol. Ses yeux s'illuminent alors que son sourire s'agrandit.

Règle du book club numéro un : on ne fait jamais pleurer un livre.

Seito laisse échapper un léger rire et se faufile hors de la chambre pour rejoindre la sienne. Si Pablo s'attendait à contenter le Japonais en parlant bouquin, il était loin de s'attendre à ce qu'il détourne une phrase culte de l'un de ses films préférés. Il le regarde partir en rigolant et lève les yeux au ciel en souriant, avant d'aller à sa suite. Sans réellement faire attention à qui l'occupe, Seito se dirige tout droit vers son étagère et réunit tous les marque-pages qu'il trouve, certains calant la page de livres dont il comptait relire des passages marquants. Puis il les dispose un à un sur la couverture de son lit, comme s'il exposait sa collection de cartes Pokémon.

Et voilà, choisis !

Arrivé dans la chambre, Pablo colle son épaule à l'encadrure de la porte et le regarde s'affairer, puis se plaque sa main sur sa figure en soupirant, le voyant retirer des marque-pages de ses propres bouquins.

Mais.... Seito. T'étais pas obligé de retirer ceux que t'avais dans les livres ! Comment tu vas faire pour retrouver ta page maintenant hein ?! Tsch...
Mais t'inquiète, j'ai tout en mémoire. J'vais retrouver facilement ! Et au pire, j'relirai tout l'bouquin, comme ça pas besoin de marque-pages.

C'est dire à quel point cette quête l'enthousiasme. De son coté, l’Espagnol secoue la tête et se décolle de sa position, venant se planter devant le lit et la collection de marque-pages haute en couleurs.

Eh beh, y'a du choix... Dire que j'en ai même pas un. J'fais vraiment pitié.

Le regard de Seito parcourt fièrement sa collection avant de venir se planter sur Pablo.

J'savais pas c'que ça voulait dire d'être hors-jeu et pourtant tu m'as quand même pris dans ton équipe. Faut bien commencer quelque part !

Ses yeux pétillent soudain de malice.

T'as qu'à t'imaginer que c'est des baguettes magiques. Il prend une voix de vieux et déclare solennel : Le marque-pages choisit son lecteur, Mora-kun.

Pablo l'écoute, et attentivement. Avec la même malice qui apparaît dans le regard de Seito. Ils s'entendent bien sur certaines choses, c'est indéniable. Et il n'en faut pas plus pour lancer la machine. La voix d'Ollivander se superpose à celle de Seito quand il prononce les mots qui lui font frissonner les poils de bras, un moment de la plus haute importance est en train d'avoir lieu.

Tu veux dire que tu m'acceptes dans ton équipe de lecteur, alors ? Ou plutôt dans ta maison, si on reste dans le même registre ?
J't'accepte dans mon équipe tous les jours ! Par contre, pour Gryffondor, faut voir ça avec le Choixpeau.

Pablo hausse un sourcil, un sourire narquois sur le visage, puis baisse les yeux sur les marques pages. Il se prête au jeu à fond, non seulement parce que l'univers lui plaît, mais aussi parce qu'il a toujours voulu que la magie existe. Alors ce marque-page sera choisi en bonne et due forme. Pablo passe la main par-dessus chacun des marque pages, cinq centimètres au-dessus d'eux. Puis il refait de même en les effleurant du bout des doigts, fermant les yeux, fronçant les sourcils en s'arrêtant à trois moments différents de son parcours. Avec toute la détermination, il rouvre les yeux et les plante dans ceux de Seito en se tournant vers lui :

Okay, je sais sur lesquels je dois tenter le coup.

Seito est comme un gosse. Et ce sentiment s'accentue alors que l'espagnol joue le jeu. Il se sent vraiment bien, comme sur ce toit le jour de la Saint-Valentin. Au point qu'il ignore tous les signaux de son criquet. Curieux, il suit la main de Pablo et s'amuse à faire quelques effets spéciaux à la bouche lorsqu'il s'arrête plus longtemps au-dessus de certains, augmentant l'immersion. Faisant mine de rien, il se contente de croiser son regard et attend le verdict.

Intéressant... J'ai senti aussi dans l'atmosphère que certains réagissaient à ta présence. Mais il ne peut n'y en avoir qu'un.
Ouais hein ? Hm...

Pablo se tapote le menton et regarde Seito, avant de tendre le bras approximativement vers les marque-pages :

J'crois que j'ai bien senti le truc par là et par là bas, mais j'sais pas lesquels c'était du coup... Tu peux retirer ceux qui sont éliminés, O grand sorcier ?
C'est comme si c'était fait !

Aussitôt, Seito ôte tous les marque-pages pour n'en garder que trois qu'il réaligne devant Pablo.

Hum... je me demande bien lequel te choisira.

Pablo se penche un peu, se tenant toujours le menton et plissant les yeux en inspectant les trois.

C'est ouf, que ce soit ces trois là. La mer, le dragon, tout ce que j'aime !

C'est vrai que le hasard fait bien les choses. Seito le constate avec autant de stupeur dès lors que Pablo le fait remarquer. Mais il fait comme si de rien n'était et préfère rester dans son rôle.

C'est la beauté de la magie.

Pablo se redresse et met les mains sur ses hanches, se tournant de nouveau vers le japonais :

Et maintenant, c'est quoi l'étape suivante pour savoir lequel sera l'élu ?!

Pensant que Pablo reproduira son petit manège précédent, il est surpris d'avoir à décider de la suite.

Oh ! Et bien tu... Il réfléchit. Tu fermes les yeux et tu fais le vide dans ta tête.

Seito attend que Pablo ait fermé les yeux avant de s'emparer des trois marque-pages, de les retourner puis de les mélanger jusqu'à ne plus savoir lui-même qui est où.

Le vide ? Ok...

Pablo ne sait pas trop ce qu'à Seito en tête, mais il fait confiance à Seito et clos aussitôt les paupières. Il prend une grande inspiration et souffle par le nez tranquillement, souriant légèrement en entendant les marque pages se froisser entre eux.

Voilà, maintenant tu peux rouvrir les yeux. Il présente l'éventail, faces cachées, à Pablo. Choisis.

Quand il les réouvre, il sourit de toute ses dents :

Rapide et efficace, Mori !

Il regarde l'éventail des possibilités et se frotte l'arrière de la tête, puis plisse les yeux, puis se tient le menton, et passe par une ribambelle d'actions différentes avant de choisir. Sa main s'approche timidement, hésite, vrille à gauche, à droite, au centre et revient finalement à l'extrémité gauche devant lui. Il pince le marque-page et le tire en fermant les yeux pour la lever fièrement, comme une carte de Yu-Gi-Oh  face au visage de Seito. Il entrouvre un oeil et regarde Seito, hésitant :

Alors... ?

Seito retient son souffle alors que Pablo navigue entre les trois marque-pages. Aucune préférence entre les cartons à part la certitude que son choix lui plaira. A mesure que les secondes s'égrainent, il perd de son sérieux, se laissant grignoter par l'impatience. Ses yeux se posent successivement sur Pablo et les marque-pages. Jusqu'à ce que finalement, le choix se porte sur celui tout à sa droite. Sa respiration se bloque alors que l'illustration lui est révélée. Il écarquille les yeux et laisse échapper :

Oh... Le dragon... comme sur ton briquet.

Pablo tourne aussitôt le marque-pages vers lui-même, la bouche ronde. Il cligne des yeux et baisse le bras, regardant Seito incrédule :

C'est... C'est trop ouf !

Il regarde le marque-page, le tenant entre ses deux mains, puis sourit bêtement :

J'suis trop content que ce soit celui-là... J'aime bien les dragons.

Il redresse la tête vers Seito, surpris après coup. Ce briquet, il s’en souvient bien l’avoir sorti, et avec le bazar dans sa tête il y a quelques minutes, il fait tout pour chasser ce souvenir, sans pour autant cacher sa curiosité :

Comment t'as fait pour te rappeler d'ailleurs ? T'as vu mon briquet genre 2 secondes !

Quittant momentanément son rôle, Seito fait remarquer :

Ouais... on dirait presque que c'est vraiment magique.

Sa surprise est bien vite remplacée par un léger rougissement alors qu'il bafouille :

Je- Bin- Je sais pas moi. J'me souviens c'est tout. C'était ma première cigarette. On était proches. Je- Je l'ai vu.

Il sourit nerveusement et dépose les deux marque-pages restants avec le reste sur son bureau. Puis détourne l'attention en s'exclamant :

Bon bah voilà, tu vas pouvoir marquer ta page sans la corner. Et avec un dragon en plus, la classe !
Eh bah t'as une sacré mémoire, parce que j'crois pas que j'me serai souvenu moi !

Pablo rigole avec legereté. Pourtant, si cette scène avait eu lieu plus récemment, pas sûr que Seito soit le seul à rougir ce soir. L’Espagnol baisse alors la tête vers le marque-page. SON marque-page. Son tout premier. A lui. Puis il redresse la tête, sans réussir à cacher la fierté dans son regard :

Ouais, il est trop stylé !

Le sourire de Seito s'agrandit, illuminant tout son visage d'une joie enfantine.

J'suis super content qu'il te plaise. J't'avais dit que c'était comme une baguette !

Pas un mot ne sort de la bouche de Pablo, le sourire ne quittant pas ses lèvres. Alors, il se contente de faire de même avec les yeux en relevant la tête vers Seito. Un an plus tôt, il aurait rit au nez de la personne qui lui en aurait offert un. Ce soir, il en est tout autre chose. Le gardant précieusement dans sa main pour ne pas l’abimer dans sa poche, Pablo sent l’heure filer et ne veut pas abuser. S’il y a bien une chose dont il veut s’assurer, c’est d’être encore là l’an prochain.

Il finit par remercier Seito et quitte la chambre en faisant un signe de sa main libre, puis retourne dans la sienne, se laissant tomber sur son lit. Pablo contemple le marque-page quelques minutes, détaillant du regard ce dragon qui trône au centre du papier, et tout les détails qui le compose. Il le caresse du bout du doigt, puis le place entre les pages du livre sur sa table de chevet, avant de les ranger dans le tiroir, à l’abri des regards.

Tout ça est à eux, et il ne veut le partager avec personne d’autre.

Made by Meuh

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Pablo te rentre dedans en #cc0000

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Time will only make it worse but was it all well deserved ?
So small in a massive universe, I'll find my place when I stop living with this curse
Pablo K. Mora
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Pablo K. Mora
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Lun 5 Fév 2024 - 6:08
MARS - DEUXIEME PARTIE

Le 09/03/2018

Deux heures d’arts plastiques plus tard, me voilà enfin LIBRE pour la semaine.

J’ai fait d’mon mieux, Kobayashi-senseï devrait s’en rendre compte, qu’il y a eu plus d’efforts que d’habitude. Peut-être même qu’il va oser imaginer que j’ai réviser, et pas en revenir de tout l’été, haha ! Enfin, si ça s’trouve, ce sera même pas lui qui va corriger.

Dans tous les cas, j’ai fait mon max !


Le 11/03/2018

J’sais pas ce qui se passe dans ma tête, mais j’aimerai bien que ça se calme. J’passe de bons moments avec Emma et j’sens bien que ce que j’ai dit à Tsu’ sort pas de nulle part. J’ressens un truc pour elle, et j’ai envie qu’on se rapproche. Je l’ai bien senti encore ce samedi aprem pendant qu’on rigolait entre deux révisions. Ce sourire, ce rire, j’veux les voir encore et qu’ils me réchauffent le coeur. Mais ce matin, ça a fini comme dimanche dernier. Mon cerveau a réussi à parasiter et j’ai fini par filer pour pas repenser à ce foutu dorayaki. J’sais pas pourquoi j’fais une fixette dessus mais faut que ça cesse.

Dans le miroir, un visage familier
Se dessine, se trouble,
Des reflets déformés, un kaléidoscope cassé
Où se cachent mes fêlures, au secours, j’vois double.

Je ne vois pas, je ne veux pas voir
Le voile est épais, mon cœur est noir
Je suis aveugle à la vérité qui poigne
Et je m'enveloppe dans un manteau, une broigne

Les murmures, les paroles voilées
Les regards qui me jaugent, c’est non, j’ai donné.
Un malaise diffus, une gêne installée
Mais je feins l'ignorance, la tête baissée

Je ne vois pas, je ne veux pas voir
Le voile est épais, mon cœur est noir
Je suis aveugle à la vérité qui poigne
Et je m'enveloppe dans un manteau, une broigne

Peut-être que je suis sourd, peut-être que je suis muet
Coincé dans un labyrinthe de mensonges et de secrets
Au fond de moi, une lueur vacillante
Un soupçon de doute, une flamme tremblante

Je ne vois pas, je ne veux pas voir
Le voile est épais, mon cœur est noir
Je suis aveugle à la vérité qui poigne
Et je m'enveloppe dans un manteau, une broigne

Peur de l'inconnu, peur de se briser
Le silence assourdissant, le besoin de crier
Tout ce que j’dois faire, c’est filer.



Le 13/03/2018

Les exams se sont finis hier avec le TP de BIO et pourtant, j’suis pas soulagé pour un sou…J’suis même pas resté avec Yulian, Nolan ou quoi, j’ai juste passé la journée à me balader en ville tout seul, la musique dans les oreilles...

J’te dis pas le bien que ça m’a fait.
Rien d’autre que des notes et des paroles qui s'enchaînent, sans laisser place à autre chose. Aller dans des rues passantes pour que les gens se bousculent et que mon regard se promène un peu partout sans s’arrêter trop longtemps.
C’est de ça dont j’avais besoin.
De filer.

Et quand j’ai fini par me sentir mieux, j’ai vagabonder dans des rues moins pleines, jusqu’à tomber sur un terrain vague. Le genre de terrain où quelques potes et moi on s’arrêtait pour faire ce qu’on kiffait le plus : danser. Et la chanson suivante a résonné comme un appel dans mon corps tout entier. Un appel à la danse, un deuxième après des mois sans pratiquer. J’ai même pas cherché à résister, j’suis passé par dessus la grille, j’me suis calé dans un coin pour ne pas être vu des passants et j’ai laissé la musique me guider. J'crois que la danse me rappelle, et j'vais capituler. Alors quit à s’y remettre pour de bon, autant y aller molo et commencer par Dr.Dre.

Une fois rentré au campus, j'ai fignolé mes préparatifs pour le lendemain et ai entamé un dernier cadeau pour mettre derrière moi ce souvenir dont j’arrive pas à me détacher. Pour boucler la boucle, comme on dirait.


Le 14/03/2018 (en partie co-écrit avec Tsumugi, Emma, Nolan et Seito)

Le trajet jusqu'au cinéma était animé en discussion. Seito a émis des théories sur le film qu'ils s'apprêtent à voir, à grands renforts d'exemples et de citations d'autres films. Niveau super-héros, on peut dire qu'il est calé. Néanmoins, une fois parvenus devant le cinéma, le japonais défait son sac et en ressort trois enveloppes qu'il tend à Nolan, Pablo et Emma.

Sato-chan a déjà eu la sienne ce matin, voilà pour vous. C'est pour vous remercier de... pour vous remercier quoi.

Pendant tout le trajet, Nolan a participé activement aux théories émises par Seito. Les deux sont plutôt calés en super-héros alors rien d'étonnant à ce qu'ils aient été loin dans leurs idées. Devant le cinéma, Nolan saisit l'enveloppe donnée par Seito, hébété. Il s'est retenu d'acheter quelque chose pour le White Day parce qu'il a déjà eu du mal à convaincre Pablo et Seito de le laisser leur payer le resto. En tout cas, Emma a reçu sa petite boîte de chocolats et confiserie ce matin et Tsumugi, ah ça lui a donné du mal mais il est plutôt fier de lui !

T'es un cachotier Rinbo... Fallait pas... On, on ouvre maintenant ouu ?

Emma prêtait une oreille attentive aux discussions qui avaient lieu autour d'elle. Elle était loin d'être aussi calée que son cousin et Seito en matière de super-héro mais elle parvenait tout de même à comprendre ce qui se disait. Une fois arrivés à destination, Emma réajuste sa tenue. Une robe, simple mais plus près du corps que d'ordinaire. Elle tenait à faire plaisir à Tsumugi en lui montrant qu'elle faisait des efforts. Surprise par le geste de Seito, il lui faut quelque secondes pour enfin réagir et lui prendre l'enveloppe.

" Remercier de quoi ?"

Restée proche d’Emma durant le trajet, Tsumugi en avait profité pour lui dire, en toute discrétion pour ne pas trop la gêner, qu’elle avait très bien choisit sa robe et qu’elle était fière de sa jeune Padawan, tout en restant attentive aux théories et débats lancé par les garçons y participant volontiers.

Devant le cinéma, Tsumugi observe son colocataire avec curiosité avant de comprendre, en voyant les enveloppes qu’il s’agit de ses cadeaux du WD. Elle lui sourit, complice et encore touchée par son attention du matin, puis coule un regard vers Nolan. Au moins Mori-kun avait pensé à elle…

Cette sortie, Pablo l’appréhende. Non pas a cause de ses pensées parasites, parce que la veille lui a fait du bien et qu’ils seront en groupe, mais parce que c’est la première sortie qu’ils font tous ensemble depuis qu’il révise en cachette avec les filles, et surtout qu’il cache à Nolan son rapprochement avec Emma. Alors sur le chemin du cinéma, il est fidèle à lui-même. Il complimente les filles dès leur arrivée, il rit, fort, et il taquine toute la bande dès qu'il le peut. Il participe activement au débat sur les super héros, ne manquant pas de mettre à l'honneur certains antagonistes et les outsiders. Quand Seito lui tend l'enveloppe, il la saisit et sans l'ouvrir, suit la remarque de Nolan :

Ouais, on attend ou on ouvre maintenant ? Et c'est pour nous remercier de quoi ?

Il réfléchit mais ayant passé moins de temps avec les gars ces derniers temps, a du mal a faire le lien.Seito les regarde à tour de rôle avec des yeux idiots.

Bin... d'être mes amis. Et pour ce que vous m'avez offert à la Saint-Valentin. Et ouais, vous pouvez l'ouvrir maintenant ou plus tard. Vous faites c'que vous voulez, c'est votre cadeau. Enfin c'est moi qui vous l'ai donné mais... rho vous m'avez compris.

Il laisse échapper un rire, embarrassé par son propre embarras. Pablo range l'enveloppe soigneusement dans sa veste :

Dans ce cas là, merci à toi aussi d'être le mien. J'ouvrirai ça ce soir pour que personne ne me voit pousser un "kyaaa" !

Il rigole et fait un clin d'oeil a Seito, avant se se tourner vers les filles, jouant les dramaqueen avec le revers de la main sur le front.

J'ai quelque chose pour vous aussi, mais je vous le filerai ce soir. J'suis pas doué pour gérer les émotions en public.

Tsumugi les observe, dubitative avant qu’une moue ne déforme ses lèvres, puis prise d’une impulsion, elle donne une petite tape derrière la tête de Pablo et vient pincer l’oreille de Seito.

Remercier quelqu’un pour un cadeau de saint-valentin je veux bien mais… On remercie pas d’être un ami ! On est juste… Amis.. »

Seito vire au rouge tomate et se recule nerveusement, posant un regard affolé sur la blonde.

Hey ! C'était quoi ça ?!

Nolan se retient de se pincer le nez, celui là alors ! Il n'a toujours pas compris. Heureusement, Tsumugi lit dans ses pensées. Nolan lui fait un sourire entendu après le tirage d'oreille de Seito.

Merci Tsu, ça me démangeait ! Et merci pour le cadeau Rinbo, je l'ouvrirai ce soir aussi ! Pablo, laisse toi kyater, t'auras pas moins de street cred’ que ce que t'as pas ! Toi aussi tu fais un cadeau, j'vous retiens. Ah et..

Il tape la tête de Seito avec l'enveloppe. Et oui, il a bien dit Tsu.

T'as pas oublié ce que j'ai dis à ton anniversaire !

Sa main vient frotter son oreille, tentant de faire disparaître la sensation fantôme. Mais c'est peine perdue puisqu'il est victime d'une seconde attaque.

Mais ! Toi aussi !

Il fait mine de s'offusquer et très vite, demande :

Bon, on rentre ?

Pablo se frotte la tete et ronchonne a la tape de Tsumugi, ainsi qu’à la remarque de Nolan. Emma rit nerveusement en voyant ses deux amis se faire malmenés par la blonde.  Sans oublier son cousin qui en rajoute une couche. Mais elle ne dit rien pour autant, préférant profiter de la scène, comme à son habitude.

"J'ai l'impression que tout le monde fait des cachotteries ici." finit-elle par dire sur un ton faussement sévère. "Vous qui criez haut et fort qu'il faut être franc et honnête."

Seito secoue la tête et répond à Emma :

Franc et honnête, c'est tout moi.

En l'entendant, l’Espagnol tourne la tête aussitôt vers Emma et lui fait discrètement les gros yeux. Parler de cachotterie dans leur situation, pas question ! Pour noyer le poisson, il surenchérit :

Ouais mais c'est pas pareil ! C'est le but d'une surprise !

Emma adresse une petit grimace à Pablo, lève les yeux au ciel de façon théâtrale avant de se tourner vers l'entrée du cinéma.

"Oui, allons-y. Si on arrive et que les lumières sont déjà éteintes, je vais encore réussir à embrasser le sol !"

Tsumugi se sent rougir en attendant son surnom de la bouche de Nolan et pour cacher son contentement, elle préfère préfère répondre à Seito:
« C’était ta punition ! »

Puis elle sourit en écoutant Emma et finit par se tourner vers Pablo:

« C’est vrai que toi tu t’y connais niveau surprise… Par avance… Merci pour l’attention. »

Trottinant derrière Emma elle renchérit:

« Avant de penser à approfondir ta relation avec la Terre, ce serait pas mal qu’on arrive à chopper des places tous côte-à-côte ! »  
J'amortirai ta chute Emma, et bisou gratuit pour moi ! Allez on y va !

Pablo se mord la langue pour retenir une réponse a la phrase d'Emma. Ils avance et en entendant Tsumugi, il se faufile et saute entre les filles en levant le bras pour interrompre toute discussion et intervention :

Hop hop hop, preums pour choisir ! J'me met entre Seito et Emma !

Pablo saute pour réserver sa place et pas n'importe où. Nolan plisse des yeux en le regardant, il a l'air vachement intéressé, il faut qu'il le surveille un peu plus ! Nolan espère qu'il n'a pas oublié ce qu'il lui a dit.

T'es un gros gamin, on va demander un réhausseur aussi krkr ! Je me mets de l'autre côté de Seito alors. On se prend un gros seau de popcorn comme la dernière fois ?

Il demande en se tournant vers Tsumugi. Nolan aurait bien eu envie de gâcher le plan de Pablo en se mettant à côté d'Emma, mais bon, de toute s'il est suspect il le saura ! Emma sourit à la réponse de Tsumugi, tout en emboîtant le pas à ses petits camarades. En entendant Pablo réclamer sa place à ses côtés, elle hausse un sourcil, surprise. Ses joues s'empourprent malgré elle et elle jete un coup d'oeil à Nolan, à qui elle adresse un sourire rassurant ; "ça va, t'inquiète !"

"Ok Pablo, mais ce n'est pas gratuit. Je te laisse payer les nachos !"

Tsumugi souffle du nez en voyant Pablo si pressé de prendre sa place puis lève les yeux vers Nolan et hoche la tête en souriant, ravie de constater que pour lui, il est clair qu’ils seront assis l’un à côté de l’autre.

 « ça me va ! »  

Et elle se penche légèrement en avant pour pouvoir voir Emma de l’autre côté de Pablo.

 « T’as vu ça ? Ils se mettent tous entre nous pour qu’on les encadrent ! On va pouvoir les surveiller pour les empêcher de faire des bêtises. »  

Emma rit aux mots de Tsumugi, s'imaginant déjà devoir leur tirer les oreilles.

" Ce sont des causes perdues." Dit-elle en visant Pablo à qui elle offre un sourir angélique.  

Seito hausse un sourcil étonné en les voyant se chamailler leurs places.

Ah... euh bin d'accord. Comme vous voulez.

Il est content de se retrouver entre ses deux amis mais cela ne l'aurait pas dérangé d'être à côté d'une des filles. Pablo hausse les épaules aux différentes remarques et ajoute simplement :

Le p'tit couple sera ensemble au moins, et moi j'serai bien entouré. Tout l'monde y gagne !

Il paie une barquette de nacchos et un pot de popcorn pour faire plaisir à ses deux voisins, se faufile alors vers la salle et dans les rangées, trouvant au groupe une rangée avec le meilleur ration pas-mal-au-cou/vue-complète. Après plusieurs minutes, le petit groupe finit par être bien calé. La projection de Black Panther commence et Nolan est assez rapidement pris dans le film. Il pioche parfois dans le popcorn et en profite parfois pour embêter Tsu comme au rencard.

Han trop bien le costume ! Il chuchote à Seito et Tsumugi.

Comme pendant le rencard, Tsumugi se met à l’aise, retirant ses chaussures pour glisser ses pieds sous ses fesses et se recouvre avec un plaid.

 « J’avoue ! Je crois que je le préfère à celui des autres … »Qu’elle répond sur le même ton.

Tsumugi est d'accord avec lui et Nolan sourit en la voyant prendre sa position favorite pour être à l'aise. Plus tard, une fois rassasiée par le pop corn, Tsumugi profite que les autres ne puissent pas la voir pour effleurer le bras et la main de la Nolan en toute discrétion.

Durant le film, Emma reste plutôt silencieuse, profitant de la séance, tout en restant attentive aux commentaires des autres. Elle jette parfois quelques coup d'œil vers les autres, et vole quelques nachos. Pablo pioche tantôt sucré, tantôt salé. Il ne manque pas de complimenter le costume lui aussi, complètement ravi du choix d'acteur surtout.

C'est trop cool d'avoir enfin un super héros étranger!

Même s'il reste américain au premier abord, tout le lore suffit à comprendre ses origines. Et Pablo, ça lui parle, et ça lui plaît. Peut être que c'est l'un des copains des Avengers auquel il pourrait s'identifier ? Lui aussi, après tout, il veut protéger les siens.

Le lore est méga cool en tout cas! J''kiffe le film pour l'instant !

Seito ne parle pas pendant le film, il regarde. Silencieusement, ultra attentif, il ne rate pas une seule tirade, un seul combat, les yeux brillants quand l'émotion est là, foudroyants quand la colère le demande, émerveillés quand les héros réussissent. Par contre, il pioche dans le pot de pop-corn et il n'y va pas de main morte.
Nolan jette un oeil à Seito à côté de lui et pouffe de rire en le voyant aussi concentré et surtout à fond dans le pop-corn. Ce n'est pas lui qui aura un trou de mémoire sur une action à la fin du film ! Il répond à Pablo en se penchant légèrement en avant.

Ouais c'est vrai, y'en a marre de voir toujours les mêmes !

Entendant Nolan à côté d’elle répondre à Pablo, elle les regarde, curieuse. Dommage qu'elle n'ait pas compris ce qu'a dit son ami et ne puisse participer à la conversation. Elle se promet de leur demander plus tard leur impression sur le film et se reconcentre sur ce dernier jusqu’à la fin.

Pablo apprécie la remarque de Nolan et profite du reste du film le sourire aux lèvres. Il pioche tantot dans les popcorn, tantôt dans les nachos, frôlant plus d'une fois les doigts de ses voisin(e)s par gourmandise.

Toujours aussi silencieuse et attentive au film, elle sourit doucement en voyant Seito se goinfrer. Ça lui donne encore plus envie de nachos et pour une fois depuis longtemps, elle ne s'en prive pas. Elle est avec son cousin et ses amis et hors de question de gâcher l'ambiance parce qu'elle n'en profite pas.

Après avoir discuté un peu, Nolan est complètement absorbé par le film. Il peut parfois lâcher un petit commentaire mais comme Seito, l'action prend toute son attention. Sauf les fois où ses doigts continuent de rencontrer ceux de Tsumugi dans le seau de pop-corn, où il lui jette parfois un coup d'œil, comme si de rien n'était.

À la fin du film, Emma s'étire  tout en demandant aux autres s'ils ont encore de la place pour le restaurant. Elle profite aussi que Pablo passe près d'elle pour le remercier pour les nachos avec un grand sourire , avant de jeter le carton. L’espagnol en profite pour se lever et s'étire également, suivant le petit groupe et répond à Emma d'un clin d'oeil. A la sortie, loin d'être rassasié, il questionne aussitôt les autres en se frottant le ventre :

Hé, on mange ou maintenant du coup ?

Seito ressort du cinéma les yeux plein d'étoiles. Il fait parti de ceux qui ont insisté pour regarder TOUTES les scènes post-générique. Bien sûr, il a aidé à finir le pop-corn. Et bien sûr qu'il a conscientisé chaque effleurement. Mais il ne s'en montre pas plus affecté que ça, bien qu'il soit un brin ailleurs quand il retrouve l'air frais. Manger ? Encore ? Le plat après le dessert, soit. L'idée lui plait assez pour qu'il réponde rapidement :

Y'a un truc de ramens au coin d'la rue.  

A la fin du film, Nolan s'étire, regarde l'état des-dit pop-corn et taquine Tsumugi en baissant un peu sa voix.

Donc ça raffole du pop-corn les sirènes !  

Les scènes post génériques étaient vachement sympa, Nolan ne regrette pas d'être resté les regarder ! Il ne rate pas que son Rinbo est sur son petit nuage.

Vous avez encore de la place au moins ?

Tsumugi, à la remarque de Nolan à la fin du film se sent rougir et hoche la tête. Bien évidemment qu’elle aime le pop-corn ! Mais n’en aurait peut-être pas pris autant si elle ne risquait pas tant d’effleurer les doigts de Nolan. Seul trouble pendant le visionnage du film. Les scènes post-générique passées, elle s’étire et remet ses chaussures avant de pouffer.

« Y a toujours de la place pour un bol de ramens ! Même si ça fait plus Ninja que Super-héros…  »

Emma hoche la tête à la question de Nolan, bien qu'un peu gênée d'ainsi avouer qu'elle a encore faim.

"Dis-toi qu'un super hero peut très bien manger des ramens" dit-elle avec un petit sourire.

Arrivés au restaurant en question, Emma se place près de son cousin et commence à regarder la carte pour savoir ce qui lui ferait exactement envie.

"Je me laisserais bien tenter pour des ramens végétariennes."

Nolan apprécie la présence de sa cousine près de lui et à sa suite, choisis son plat dans le menu. Tsumugi, Seito et Pablo ne tardent pas à en faire autant, ne perdant pas de temps pour être rapidement servi et rentrer au campus avant le couvre-feu. Chacun profite du repas, des rires éclatent et l’ambiance de groupe met de la joie et de la bonne humeur dans le restaurant. Assis à côté d’Emma, Pablo remarque les oeillades que Tsumugi lui lance pour le taquiner et lui rend le même regard ou place une remarque bien sentie pour la gêner alors qu’elle est à côté de Nolan, pour renchérir et la dissuader.

Une fois le repas fini et revenu au campus, l’Espagnol attrape discrètement Nolan avant que tout le monde ne se quitte. Il fait signe aux autres qu’il passera les voir, comme promis plus tôt, et le retient. Une fois seuls, il lui lance :

"Ca a l'air de bien se passer entre vous et si tu comptes aller dans la lignée de la st valentin et pousser votre relation, j'veux juste que tu saches que j'tiens à Tsu et que j'te l'ai confiée parce que j'te fais confiance, alors prend soin d'elle sinon j'te tomberai dessus, ok pendejo ? "
« Ouais t’inquiète pas, j’suis bien avec elle. »

Pablo fixe Nolan le temps de sa réponse et finit par afficher un sourire satisfait. Ils se donnent une tape sur l’épaule et finisse par se quitter, ayant chacun des choses à faire avant de dormir.

De son côté, Pablo passe par les casiers en premier :  Il laisse un papier épais, enroulé sur lui-même avec une cordelette autour en guise de ruban, dans le casier de Tsumugi et lui envoie SMS pour lui dire qu'il a déposé son cadeau là-bas; et qu’il la remercie pour ses chocolats à la st valentin. Nulle besoin de la déranger alors que Nolan n’est visiblement pas parti vers le dortoir des étudiants, Pablo n’est pas né de la dernière pluie pour deviner avec qui il va passer les derniers instants de sa soirée.

Pablo rentre ensuite au dortoir et file aux sanitaires après un détour dans sa chambre. Après quelques minutes, il sort de la douche et se met en short/débardeur pour aller dans le couloir, son cadeau à la main et gardant celui d’Emma pour la fin. Il envoie un message à Seito pour le prévenir qu'il est devant, vu l'heure, pour ne pas déranger ses colocs, et tient son cadeau d'une main derrière son dos.

Mission effectuée, mais la fin de soirée n’est pas encore arrivée. Il a encore un dernier cadeau à délivrer. A quelques minutes du couvre-feu, Pablo récupère le dernier rouleau et se rend devant la porte d’Emma, où il toque de ce fameux “code” entre eux. Sans un mot pour ne réveiller personne, il lui adresse un grand sourire et lui tend le rouleau, qu’elle ouvre et observe avec des yeux ronds, les joues s'embrasant aussitôt. Pablo n’a pas besoin de plus pour être joyeux alors il l’attire contre elle pour lui embrasser le front. Il lui murmure de passer une bonne nuit et disparaît sans se retourner en voyant le surveillant arriver au bout du couloir, loin d’avoir envie de se faire virer avant l'arrivée de son grand-père le surlendemain.


Le 15/03/2018

La nuit a été compliquée et loin de trouver le sommeil, j’me suis agité jusqu’au petit matin en attendant que le couperet tombe. J’en ai même pour faire un petit cadeau de dernière minute à Nolan, qu’il appréciera sans aucun doute ! Vu que j’ai pas beaucoup dormi, je profite d’être levé tot pour filer aux casiers de l’université déposer son cadeau. Un joli diplome ou il pourra lire :

“J'atteste sur l'honneur que mon pote Nolan Le Lidec dit "el pendejo" court plus vite que moi même, Pablo K. Mora dit "el cabron", au 100m. Il a donc pour obligation de participer aux JO.
Signé, Pablo K. Mora. “


Je souris comme un idiot en le déposant et finit par revenir dans ma chambre, attendant le moment fatidique pour rejoindre les gars pour les résultats. En apercevant les tableaux au loin, mon sourire disparait pour faire place a une toute autre expression.
L’angoisse.
L’angoisse de rater les examens.
L’angoisse de l’annoncer aux grand-parents.
L’angoisse de les entendre me dire que je ne reverrai pas le campus en Avril et que j’irai dans ce foutu camp de redressement.
On se sépare pour aller voir nos résultats, mes yeux volent par dessus le nom et les notes de mes camarades de classe, et le couperet fini par tomber.
Des points miraculeux en maths et en TP me sauvent la moyenne, faudra que remercie Paul et les filles plus tard, obligé.
Soulagé, j’rejoins Seito et Nolan pour les féliciter. On finit par aller se poser dans le parc et on discute, mais le temps finit par nous rattraper et on a la cérémonie à répéter.

Eh bah p*tain, j’m’en serais bien passé.

Il aura fallu un mois entier pour qu’à ce moment précis, heureux d’avoir réussi mes exams et de revenir sur le campus, je me rende compte que ce foutu Mathéo de la Saint Valentin est à KHS. Comment j’ai vu ça, tu m’diras ? C’est simple. Presque drôle même. Parce que quand les classes on défilé une par une pour se mettre dans chaque rangée, j'ai vu cet enfoiré dans les rangs, avant de devoir m'asseoir à quelques sièges d'ou il se trouvait. J’ai resisté, p*tain de fort même, pour ne pas me retourner. Mais j'ai fini par craquer et lui faire comprendre bien comme il faut que je l'ai à l'oeil désormais. Qu’est-ce que ça m’a démangé de lui en coller une…

Une fois la cérémonie finie, j’ai filé sans attendre les gars pour retourner dans ma chambre et essayer d’me calmer, mais ça a pris du temps. Normal à vrai dire, après ce genre de “retrouvailles” dont j’me serai bien passé. Et ce qui s’est passé ce soir avec Yulian n’a rien arrangé.

Confusion, peur, j’suis froissé
Comment gérer ce choc, cette nouvelle vision?
Je me suis toujours battu contre les préjugés
Mais face à la réalité, je plonge dans la désillusion

Mes pensées se bousculent,
mes questions se multiplient
Mon cœur s'est serré,
Un sentiment étrange m'a envahi

J'ai cru te connaître, te comprendre
Mais aujourd'hui, le ciel me tombe sur la tête
Ce mur qui continue d’se fendre
Pitié, faites qu’ça s’arrête



Le 16/03/2018

Koichi. J’ai failli attendre.
Ca va grand-père, j’ai que deux minutes de retard…
Deux minutes de trop, si tu veux mon avis. Allons voir ces résultats, garçon.

J’soupire en me mettant en route, flanquant les mains dans mes poches. Mais le regard du vieux m’fait les retirer aussitôt en roulant des yeux. L’intérieur de ma joue coincé entre les dents, j’laisse planer le silence jusqu’à arriver devant le tableau. Son regard aiguisé fixe les notes inscrites à côté de mon nom. Le nez qui se retrousse, le sourcil qui se lève puis se fronce, les lèvres qui grimacent… Les moindres petits mouvements sur son visage finissent par me donner la nausée. J’passe la main sur mon ventre et détourne la tête en attendant qu’il finisse par accoucher, m’assurant que mes potes soient loin d’ici pour éviter d’assister à un éventuel massacre.

Hm.

Mon regard fait volte-face, inquiet.

Comment ça, “hm” ? Ca.. Ca veut dire quoi ce “hm” ?
C’est avec ce genre de notes, que tu crois t’en tirer ?
Qu-... Mais j’ai la moyenne, regarde ! Avec mes notes en sport et anglais, je-
Et tu crois que deux bonnes notes suffisent à lever toutes nos inquiétudes ? C’est ça ? Tu crois que parce que tes notes en “sport” et en “anglais” suffisent à nous faire penser que tu vas t’en sortir dans la vie et t’assurer une situation stable sans qu’on soit encore derrière ton dos ? Tu crois que c’est ça, qui va nous faire croire que tu ne vas pas finir en taule, comme mon fils ? Espèce d’idiot, tu meriterais qu’on t’envoie dans ce fichu camp pas plus tard que demain.

La bouche entrouverte, aucun mot n’arrive à sortir. J’sens la colère monter, mais pas seule cette fois. Cette sensation amère qui s’amène humidifie mon regard, alors que je referme la bouche en serrant les machoires. La ferme Pablo, n’empire pas ton cas… J’essaie de prendre une inspiration et de souffler le plus calmement possible, sans l’agacer mais l’expression sur mon visage suffit à le faire froncer les sourcils.

Pitié, épargne moi cette tête de miséreux, ça ne prend pas avec moi. Des larmes de chiard et un chiot qui grogne ? Estime toi heureux de l’avoir cette fichu moyenne, parce qu’à trois points près, t’étais bon pour partir d’ici ! Ravale tes larmes et réajuste moi cette cravate, qu’on aille à cette cérémonie. On discutera à la maison.

Je renifle un bon coup pour éviter de verser une seule larme qui lui donnerait raison. Un regard rapide à gauche à droite m’assure que les gars ne sont pas dans le coin, et les filles non plus d’ailleurs. Et je m’aperçois vite que la majorité des gens sont déjà dans le gymnase ou sont en chemin. Une chance. Sans un mot, je tourne les talons et essaie de ne pas prêter attention à son ruminage sur le chemin pour aller au gymnase. J’évite soigneusement de croiser qui que ce soit qui traine encore avec ses parents et vais directement à l’arrière pour les derniers préparatifs. Je me mets à l’écart pour reprendre mon souffle, prétextant la retombée du stress des résultats à qui le demande, puis entre dans le rang.

Aucun regard pour les copains, ni pour les filles.
Aucun regard pour les camarades de classe ou de club.
Aucun regard pour ce foutu Mathéo.

J’sens le regard du vieux sur moi pendant toute la durée de la cérémonie, et sachant ce qui m’attend en rentrant, c’est déja bien assez.


Made by Meuh

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Pablo te rentre dedans en #cc0000

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Time will only make it worse but was it all well deserved ?
So small in a massive universe, I'll find my place when I stop living with this curse
Pablo K. Mora
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Pablo K. Mora
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Dim 11 Fév 2024 - 19:59
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MARS - DERNIERE PARTIE (les vacances)

Le 16/03/2018

Le voyage en train est toujours trop court, pour rentrer chez mes grands-parents. J’aimerai qu’il dure des heures. DES HEURES pour retarder l’arrivée chez eux. Mais alors là, le retour en voiture avec grand-père… Chaque minute a été un supplice. Le silence de mort qui régnait était horrible. Et pas question de piquer du nez pour lui donner l’occasion de placer une critique bien sentie.

A quelques rues de la maison, je réponds par monosyllabe, me contente de regarder par la fenêtre et une fois arrivé, j’attrape mes affaires et m’engouffre dans la maison. Mon sac de linge sale dans la buanderie, je planque mon journal dans la remise, histoire qu’ils n’y touchent pas et fini par aller me poser dans le salon… où attend grand-mère. M*ierda.

Koichi. Eh bien, la politesse aurait été d’au moins me dire bonjour avant de filer dans la maison comme tu l’as fait, tu ne crois pas ?
Oh ça va, bonjour, voilà. J’voulais juste me débarrasser de mon linge sale avant de venir te voir. Tu vas pas déjà m’engueuler alors que j’ai même pas eu le temps de me détendre une seconde ?
Te détendre ? Tu as eu bien assez de temps pour te détendre, vu tes notes. Tu devrais plutôt t'occuper de ton avenir !
Mon avenir ? C'est quoi mon avenir ? Me lever tôt pour aller dans une université où je vais m’ennuyer ? Travailler dans un bureau pour un patron qui me dira quoi faire ? Non merci !

Je sais que j’devrais m’abstenir, mais c’est au dessus de mes forces là. Le trajet a pompé toute ma résistance aux critiques et c’est celle de trop pour aujourd’hui. Grand-mère se lève, rouge de colère.

Tu es insolent ! Tu n'as aucun respect pour tes professeurs, pour nous, pour personne !
C'est pas vrai ! Je veux juste pas vivre comme vous ! Je veux vivre ma vie, à ma façon !

La gifle part.

Ta façon ? C'est une façon de gamin irresponsable ! il suffit de voir tes cheveux et ton dossier de cette année. Tu vas finir dans la rue si tu continues comme ça !

La tête envoyée vers la gauche, je sens les picotements sur ma joue. Grand-mère s’est pas retenue cette fois. Et elle a encore de la force, faut croire. J’passe la langue à l’intérieur de ma joue pour délier la douleur, prenant une grande inspiration pour m’retenir de dire la phrase de trop. J’me lève d’un bond pour sortir, hors de question de rester ici une seconde de plus. Faut que j’aille dehors avant que ça ne vrille encore.  


Le 18/03/2018

Et voilà, de retour dans le train-train habituel des vacances, à vivre à la Cendrillon. Le château en moins. Et j’exagère même pas, parce que j’dors pas en haut d’une tour contrairement à elle, moi j’ai le lit d’appoint dans le salon. Monté le soir, rangé le matin, c’est limite si j’devrais pas dormir dans le canapé pour éviter de déranger toute la pièce. J’sais que leur maison n'est pas énorme, mais ça renforce juste l’impression que j’ai de ne pas être à ma place chez eux, d’être un intrus. Suffit d’voir les repas, silencieux et tendus…

Attention, j’suis pas mis au coin non plus. Enfin, pas tout l'temps. Les fois ou j'dois "m'absenter" parce que des gens viennent à la maison, j'sais bien que c'est parce qu'avoir un métisse sous leur toit fait mauvais genre dans leur cercle d'amis. A part ça, ils ont le sens des responsabilités, j'vous assure. Et histoire que j’l'ai aussi, ils s’appliquent à me donner de quoi faire et veillent à ne pas trop me laisser me relâcher. Me laisser me détendre, comme elle l’a souligné, faudrait pas abuser. Éplucher les légumes, mettre la table, passer l’aspirateur, sortir les poubelles, aller chercher le courrier, faire les courses, arroser les plantes, tondre la pelouse, plier le linge… Le pied total. Et puis, bien sûr, travailler à la boutique fait partie de mes attributions. Sauf que cette tâche-là, c’est différent. J’sais pas pourquoi j’suis aussi à l’aise avec les plantes… Ça a le mérite d’être le seul moment de mes vacances que j’arrive à apprécier.

Un jour, peut-être, trouverai-je mon nid
Un chez-moi stable, où je serai épanoui
En attendant, je serre les dents et j'avance
Vers un avenir incertain, mais plein d'espérance


Le 19/03/2018 (copyright aux paroles de Mathéo en gras)

J’ai jamais été un accro au portable. Même chez mes vieux, j’l’utilise pas beaucoup mais c’est pas eux qui m’en privent. D’habitude, j’le regarde quand même de temps en temps mais là j’sais pas, j’ai pas envie d’parler. Et puis, parler à qui ? A Nolan, à qui j’cache le fait de voir sa cousine en douce ? A Seito, que j’évite à moitié depuis un mois ? ou à Yulian, que j’ai fuit après sa big révélation ? L’embarras du choix, hein…

Si seulement j’avais jamais croisé ce gars, à la Saint Valentin. Ce “Mathéo” à la noix. Lui et ses aveux de pervers qui fantasme sur ses kohais là. Mais c’est son coming-out, là en l’occurence, qui m’a perturbé. Certaines de ses paroles ont fait écho un peu trop à ce que j’ai pu ressentir ce jour là. Au mec avec qui j’ai dansé. Et plus récemment, aussi… à Seito.

“Parfois, je me dis que peut-être, dans un autre monde, peut-être que je pourrais essayer de passer plus de temps avec lui et…”
Et quoi ? Qu’est-ce qui se passerait de différent ? On est potes, y’a aucune raison que ça change. Et j’veux pas que ça change. Je l’apprécie et j’veux juste…  j’sais pas, ne pas le perdre ? Ne pas avoir envie de perdre un pote, y’a rien de mal à ça.

“je suis terrifié à l’idée de poser mes yeux sur lui”
Tout comme j’étais terrifié de poser les yeux sur le gars à cette fête, après cette danse. Terrifié d’avoir ce genre de regard sur autre qu’une nana. Terrifié du regard que mon père a posé sur moi en captant ça.

“Est-ce que c’est normal d’être autant envahit par ça ?”
Foutu Mathéo. J’le déteste encore plus, de repenser à tout ça et d’avoir l’impression d’être… dans la même situation.

Mais il est gay, moi j’le suis pas. J’ai toujours aimé les nanas, toujours. Leur beauté, leur douceur, leur regard, leur sourire… Leurs formes, même si j’ai jamais été attiré par celles qui en avaient trop. J’aime les regarder, les embrasser, les faire rire…

Je suis attiré par les femmes, et c’est tout ce qui compte.


Le 21/03/2018

Occupé à la boutique depuis le début de la matinée, Pablo s’affaire à préparer un bouquet commandé la veille, par un jeune fiancé. Le langage des fleurs, les couleurs… La demande est précise, mais l’Espagnol sait y faire. Il n’en est pas à sa première journée entre ces murs, alors il s’applique. Alors qu’il noue un ruban autour du bouquet, la clochette de l’entrée retentit :

J : Putain, j’suis trempé !
K : Ouais, c'est chiant ce temps de merde.
L : Oh, les gars, vous voyez ce que j’vois ?
S : Attends, c’est Pablo, ça ?
L : Putain, alors la rumeur est vrai ! Qu'est-ce qu'il fout habillé comme ça ?
S : Il a l'air d'une lopette comme ça !
J : Ouais, une vraie tafiole, hahaha !

Pablo ne s’était pas retourné tout de suite, mais entend les voix s’élever le dernier mot lui hérisse les poils. Il serre les dents, ayant reconnu les voix de certains gars du quartier avec qui il lui arrivait de traîner avant de finir à Kobe. Lentement, il se retourne, le sourire forcé. Ces gars ne lui avaient pas manqué.

S : Salut, Pablo ! La forme ?
Je vais bien. Qu’est-ce que vous voulez ?

Le regardant de bas en haut, ils enchaînent :

L : Oh mais on voit que tu vas bien ! C'est quoi ce déguisement ?
J : Putain, c'est la meilleure ! dit-il en ricanant.
C'est pas un déguisement. J’aide mes vieux à la boutique c’est tout.
L : T’as l’air d’une vraie fiote avec tes cheveux violet et ce tablier, haha !
K : Ouais, grave ! Tu m’fais un bouquet, Violette ? Hahahaharicane le troisième.

Pablo s’écarte du comptoir et se plante devant eux, le regard noir et les poings serrés :

Répètez un peu ?
L : Qu'est-ce qui te prend ? On s'amuse juste.
Vous amuser ? Vous prenez pour qui à m’parler comme ça ?

L’espagnol s’avance, à deux doigts d’en chopper un par le col. Aussitôt, le dernier qui a parlé fait un pas en arrière pour reculer.
J : Wow, calmos, ça va on… on voulait juste rigoler.
Rigoler ? C'est votre façon de rigoler, ça ? *Hijo de p*ta j’vais vous-
K : Calme-toi, Pablo. C’était pas censé te blesser. D’habitude tu…
D’habitude quoi ? Vous me traitez de P* et ça doit pas être blessant ? J’vais t’en foutre une tu vas voir si c’est pas blessant !

Pablo s’avance pour lui mettre un coup mais son grand-père sort de l’arrière boutique, le retenant en posant une main sur l’épaule. Pablo serre les dents en les fusillant du regard, alors que son grand-père les interrompt :

Qu'est-ce qui se passe ici ?
L : Rien m’sieur, on s'amusait juste avec notre pote.
S’amuser ouais, mon cul. J'en ai assez de ces abrutis !
La récréation est finie. Sortez de ma boutique maintenant.

Les regardant partir, Pablo fulmine et soupire par le nez, toujours remonté. Son grand-père lui montre l’arrière-boutique du pouce et l’y envoie pour le reste de la journée. Le soir, à table, il clôture le diner.

Demain matin, soit levé à six heures.


Le 22/03/2018

J’aurai préféré dormir tard, ce matin. Franchement, me réveiller pour vivre ça… J’vais t’raconter. Le lit replié et rangé, j’suis allé me laver et me brosser les dents. Six heures tapantes, comme demandé par le vieux. Et pendant que j’me brossais les dents, il a débarqué dans la salle de bain :

J’ai presque fini, j’te dit quand la salle de bain est libre.
C’est pas pour ça que je viens.
C’est pour quoi alors ?
Tu sais pourquoi. Tes cheveux, Koichi. Ils ne sont pas convenables.
Je les aime bien comme ça.

Et là, grand-mère est arrivé. Avec son regard désapprobateur, et un sachet dans les mains. Trop opaque pour voir ce qu’il y avait dedans, mais y’a pas fallu longtemps pour le savoir. Elle a sorti une teinture de ma couleur d’origine et l’a plaquée sur le lavabo.

Ce n'est pas une question de goût. C'est une question de respect.
De respect ? Pour qui ?
Pour nous, tes grands-parents. Pour les gens.

J’ai ris jaune. L’avis des gens, ça me sort par les yeux. Ils ont toujours voulu avoir l’air d’être des gens biens sous tout rapport. Une famille irréprochable. Mais depuis que Papa est en taule, ils ne lui ont rendu aucune visite. Tu parles d’une famille.

Les gens ? Vous vous souciez à c’point de ce que pensent les gens ?
Oui, nous nous soucions de ce que pensent les gens ! Ils se moquent de toi, Koichi. Ton  grand-père m’a dit ce qu’il s’est passé hier, ils te prennent pour un…
C'est pas vrai ! J’sais qui j’suis et j’me fous de ce qu'ils pensent !
Tu vas te teindre les cheveux en une couleur normale, le problème sera réglé.
Non ! Vous ne me forcez pas à faire ça !
Si, on te force ! Tu es notre petit-fils, et on a le droit de décider ce qui est bon pour toi.
Vous n'avez aucun droit sur moi ! Je suis libre de faire ce que je veux !

Grand-père m’a attrapé par le bras et j’me suis raidi aussitôt. Contrairement à grand-mère, lui j’sais qu’il en a de la poigne, et j’sais jusqu’où il peut aller.

C’est là que tu te trompes, Koichi. Nous sommes tes tuteurs légaux. Est-ce qu’on doit te rappeler où est ton père ?
Tu crois que c’est lui qui paie tes frais de scolarité à Kobe ? Ou ta génitrice, peut-être ? Tu es au Japon ici, et si t’as encore cette possibilité, c’est grâce à nous, alors tu nous dois un minimum de respect.
P*tain mais vous êtes sérieux là ?
Tu vas me faire cette teinture tout de suite ou tu peux faire une croix sur ta rentrée, c’est clair ?

Soit étonné, mais j’ai pas cherché plus loin. J’savais très bien de quoi il me menacerait si j’avais renchéri, et j’ai tout sauf envie de finir dans cet endroit. Alors j’ai abdiqué. J’l’ai faite, leur foutu teinture. Et j’me sens encore moins à ma place qu’avant.

Mes parents m’ont jamais autant manqué que maintenant…


Le 27/03/2018 (Vu avec Emma et Seito !)
Hey. On peut s'appeler plus tard dans la soirée ?
Ouais carrément. Mais pas tard et pas longtemps, sinon ça va râler.
OK. Envoie-moi un SMS après le repas.
J’suis sorti de l’arrière boutique et j’me suis occupé du client suivant, me questionnant tout le long de l’heure restante la raison de son appel. J’en suis venu rapidement à la conclusion qu’il avait capté que je l’évitais un peu et que c’est de ça qu’il voulait parler. J’vois rien d’autre, et j’crois que j’ferai mieux de m’excuser.

L’heure finie, j’suis sorti de la boutique pour rentrer. J’ai fait un p’tit détour, le temps de cogiter à comment m’y prendre parce que… ca reste délicat à lui expliquer, et j’ai fini par me faire interpeller. Relevant la tête, j’ai cherché d’où mon prénom avait été crié, jusqu'à ce que j’aperçoive un bras tendu. Alors j’ai descendu les yeux le long de celui-ci, jusqu'à un visage que reconnaît très vite. J’ai fait signe à la miss et lui ait sourit malgré la fatigue, lui faisant signe de rester où elle est.  

Hey Emma ! Attends, j'traverse !

Après avoir regardé de chaque côté de la route, je traverse à grandes enjambées pour rejoindre la brunette avec qui j’ai passé pas mal de temps ce dernier mois. Mon sourire c’est élargi, avant de tourner la tête vers les deux personnes qui l'accompagnent :

Salut Miss, content d'te voir ! Et enchanté de vous rencontrer, j'imagine que vous êtes de la même famille ? Il y a des traits qui ne trompent pas, haha ! Moi c'est Pablo Mora, j’suis un ami d'Emma.
Aaah, le fameux Pablo !

Mon regard a croisé celui d’Emma, et s’en est suivi une petite discussion à quatre, avec ce qui s’est avéré être son frère et sa soeur. Raphael et Margaux. L’un plutôt accueillant et souriant, Sa soeur un peu plus distante, mais sympa tout de même. Apparemment, Emma leur a parlé de ses rencontres sur le campus et, j’dois l’avouer, ça m’a fait un peu trop plaisir de savoir qu’elle a parlé de moi. C’est qu’elle est sympa elle aussi. Et j’dois avouer que ce serait mentir si j’disais qu’elle me fait pas d’effet. Elle est jolie, et quand elle rougit c’est… Madre mia… Craquant à souhait.

J’imagine que vous avez déja visité pas mal de trucs si ça fait plusieurs jours que vous êtes là, mais si tu veux Emma, demain j’te fais un petit tour en banlieue. Y’a pleins de p’tits trucs sympas que les touristes connaissent pas !

Emma était ravie. J’ai fait le reste de la route avec eux jusque leur hôtel, et j’ai fini par rentrer à la maison. C’était pas exactement sur ma route, mais le détour n’était pas long J’avais déjà pas mal dévié à la base, alors bon.Revenu à la maison, j’aide grand-mère à la cuisine. Y’a des choses auxquelles on peut échapper, mais la routine ici, jamais. Repas englouti rapidement, j’sors de table en les laissant finir :

J’en ai pour deux minutes, un pote m’a demandé de l’appeler pour un truc urgent. J’reviens dès que vous avez fini pour faire la vaisselle, juré.

Bobard à moitié, mais ils ont pas besoin d’en savoir plus. J’sors mon téléphone pour le texter :
J'ai fini d'manger, vamos !
J’range le téléphone dans ma poche et sors dans le jardin, exaspéré de la journée. Levé aux aurores pour ouvrir la boutique, des clients bien relous et capricieux, sans parlé de l’accumulation de nerfs et de fatigue depuis le début des vacances. Le téléphone sonne, je réponds après quelques secondes de réflexion. J’espère qu’il m’en veut pas trop, si c’est pour ce que je crois.

Ouais, j'suis là. Ça va ?
Salut. Un peu fatigué mais ça va. Et toi ?
Un peu crevé aussi on va dire...  J'ai hâte que les vacances se finissent.

Ouais, c’est moi qui dit ça.  Pablo qui fait la sieste sur le campus. Pablo qui fout pas grand chose en cours… En tout cas, Seito a pas l’air de mauvaise humeur, c’est déja ça.

Pareil. J'en ai juste trop marre de poncer et lasurer des fenêtres.
T'es devenu menuisier ?
Ma famille s'est mise en tête de m'épuiser en refaisant toute une baraque, tout ça pour que j'sorte la tête de mes bouquins. Comme si ça allait changer c'que j'veux faire plus tard. J'ai les mains dans un état...
Fais gaffe, tu vas avoir les mains caleuses comme moi !
Elles sont pas caleuses tes mains.
Avec la guitare, crois moi que si haha ! Mais t'occupes pas d'eux, ils s'mordront les doigts quand tu seras vendu en librairie va.
*soupir* Franchement je sais pas. Enfin bref...

Son soupir me dit rien qui vaille, et le blanc qui s’installe non plus. J’arrête de marcher en rond dans le jardin, le regard cherchant la suite de la discussion. Est-ce que j’prends les devants ? J’soupire de soulagement quand j’entends de nouveau sa voix, mais ce n’est que de courte durée.

Si je t'appelle, c'est parce qu'il s'est passé un truc avant les vacances... Un truc que j'ai pas pu te dire...  

L'air grave, je répond aussi sec, inquiet :

Quoi ?! Y'a quelqu'un qui t'as cherché des noises ? Qui t'as frappé ? Ca a l'air grave et j't'ai pas recroisé le jour du départ vu que j'étais avec mon grand-père, alors dis moi s'qui s'passe, ça m'inquiète ton truc.
N-non, il s'est rien passé de tout ça. Pardon, j'voulais pas t'inquiéter. C'est pas grave... Enfin... Je voulais te le dire en personne. Que tu l'apprennes pas de quelqu'un d'autre. Parce que t'es mon ami.

Pourquoi ça m’fait ça, d’entendre ces derniers mots ? Cette petite douleur au creux du ventre ?

Beh si c'est pas grave, pourquoi tu m'dis ça comme ça ? J'suis ton pote comme tu dis, alors y va rien s'passer ! Allez, accouche !

J’suis content d’être son pote, ça devrait pas m’faire mal de l’entendre. Mais ce qui m’inquiète plus que ça, c’est ce qu’il à me dire. Même s’il dit que c’est pas grave, j’ai quand même la sensation que c’est important.

Parce que c'est compliqué...
Compliqué ou non, on est potes alors j'dirai rien, j'suis mal placé pour critiquer s'que t'aurais pu faire Seito ! Allez dis moi...

Quelques secondes passent, où j’hausse les sourcils d’impatience, le poing sur la hanche. Le silence s'installe, puis un demi-aveu.

J'ai embrassé quelqu'un.

Je ne dis rien, attendant le fin mot de l'histoire. J’vois pas où est le problème. Tout un tas de scénarios se bousculent dans ma tête, tout un tas de visage défile devant mes yeux, cherchant qui il pourait avoir embrassé pour que ce soit si grave. Mais rien ne me prépare à la bombe qui va être largué.

Et c'était un garçon...

Le deuxième missile de la même armée m’explose en pleine figure, assourdissant mes oreilles. J'ai pas bien entendu, tu... Tu peux répéter plus fort ? Voilà ce que je pourrais dire, ça ou n'importe quoi d'autre, mais le silence s’installe. Et ce silence est tout sauf annonciateur de bonnes nouvelles.

Je crois... Non je suis même sûr que je s-sors avec... C'est arrivé tellement vite... J'ai voulu te le dire tout de suite mais j'ai eu peur que tu... que ça change quelque chose... entre nous...

Le silence est long, pesant. Interminable, enfin presque. La voix de Grand-Mère brise le silence en criant au loin :

KOICHI ! La vaisselle ne se fera pas toute seule, bon sang !
CA VA, J'ARRIVE !

J’réponds en hurlant, murmurant un “joder” avant de m’excuser auprès de Seito

Désolé pour ce qui vient d'se passer.
C'est rien.

J’me pince l’arrête du nez, essayant de process l’information et posant les questions pour essayer de dissiper tout doute possible :

Tu veux dire quoi, par "arriver vite" ? Genre... On t'as forcé ou... ?
Bien sûr que non !

J’secoue la tête et me reprend :

Désolé, je.. J'voulais pas insinuer que…  

Que quoi ? Que ça venait pas de lui ? Qu’un mec l’avait forcé ? Il l’a dit lui même. C’est lui qui a embrassé ce “quelqu’un”. Seito a embrassé un mec. Et moi j'ai rien vu venir. J’prend une grande inspiration,  souffle un bon coup, puis lui dit :

Ecoute Seito. J'vais pas t'mentir, ça m'prend de court d'apprendre ça... Mais comme tu l'as dit, j'suis ton ami et rien d'autre.  

Ouais, ces mots douloureux. J’me mords la joue, repensant à ce que j’ai écrit dans mon journal y’a quelques jours. Moi aussi, j’crois que j’avais peur que quelque chose change entre lui et moi, mais je m’étais remis les idées en place. Quelques seconde passent, puis je surenchéris, perturbé :

J'veux dire que ça changera rien à ça, ok ? Faut juste que j'me fasse à.. à la nouvelle, tu vois ? Tu sais, tu fais ce que tu veux, moi j'ai rien à r'dire tant que ça t'va... et qu't'es safe.
Je vois... souffle-t-il. Sa voix se fait tremblante. I-il fallait que je te le dise... Je suis désolé...

La confusion et tout ce mélange d'émotions m’fait m’agiter, me sentant aussitôt coupable à l'idée de blesser Seito. Mes pensées dérivent jusqu’à Yulian et ma réaction ce jour-là. J’ai pas envie de tout foirer une deuxième fois. Faut que je gère ça mieux, même si ce noeud dans le ventre fait rien pour m’aider. J’passe une main nerveuse sur mon front, dans mes cheveux, et essaie de m’rattraper :

Non non non Seito, s'te plait t'excuse pas. C'est pas toi l'problème c'est moi. Je... J'suis à la ramasse, j'suis fatigué, pour rien arranger l'tout et...

KOICHI, LACHES CE TÉLÉPHONE ! L'eau va refroidir, bon sang de bonsoir !

Grand-mère hurle par la fenêtre, avant de claquer la porte vitrée. Sa voix me glace le sang, me figeant sur place. Que la fenêtre ne claque que maintenant… J’espère qu’elle a rien entendu de tout ça. Je prends quelques secondes pour retrouver ou j’en étais. Ma voix se fait fluctuante, en proie à la confusion et à la détresse alors que j’essaie de rassurer Seito. C’est pas lui qui a merdé…

Toi t'as rien fait d'mal. T'es avec quelqu'un et si t'es content, ton pote l'est aussi. Garde juste ça en tête, ok ? J'vais devoir te laisser Seito, je... J'suis désolé.

BIP.
Mes yeux s’écarquillent alors que je sens le téléphone me disparaitre des mains. Je tourne lentement la tête, faisant face à Grand-Mère et son regard noir, qui me transperce de part en part.

Un ami t’a demandé de l’appeler pour un truc urgent ? Tu te FICHES de moi ?
Grand-mère, c’est pas ce que tu-

La deuxième gifle des vacances.

J’espère bien, que ce n’est pas ce que je crois. Va me faire la vaisselle tout de suite. Tu n’auras plus ton téléphone jusque la rentrée.


Karma mon cul, ouais.  


Le 28/03/2018

J’ai pas dormi de la nuit. Surprise, hein ? Sérieux, j’arrive pas à digérer tout ça. Cette bombe larguée en plein vol, et derrière, Grand-Mère qui débarque comme un démon au pire moment… j’me suis retourné dans mon lit pendant des heures. Et j’ai même pas déjeuné ce matin. J’suis parti direct à la boutique avec Grand-Père et basta. Heureusement, dans la matinée j’ai pu négocier d’avoir l’après-midi avec Emma, que j’avais promis de guider en ville. J’aurai pas d’argent de poche pour ça, ni pour le mois prochain tout court, mais c’est déja ça…

Parti de la boutique, je profite d’avoir un peu d’avance sur Emma pour entrer dans l’Eglise devant laquelle je lui ai donné rendez-vous la veille. Elle est facilement repérable, alors ça devrait l’aider. J’ai un p’tit quart d’heure, ça devrait me laisser le temps d’aller parler au prêtre et de m’alléger le cerveau au moins un peu, pour profiter de l’après-midi. Je pousse la porte en bois, m’approche de la vasque et imbibe mes doigts d’eau pour faire le signe de croix. En m’avançant dans la nef, je contemple les vitraux et l’autel, puis interpelle le prêtre quand j’arrive devant lui.

Excusez-moi mon père, j’ai quelques questions qui tournent en boucle et j’voudrais votre lumière là dessus, j’peux vous les poser ?
Bien sur mon enfant.

Le prêtre observe la nef et voyant qu’elle est plutôt vide, m’indique qu’on peut rester ici pour discuter.

Je t’écoute, dis moi ce qui te taraude.
Eh bah… en fait j’viens d’apprendre que deux d’mes potes sont… sont gay. Alors j’me pose des questions… Pas sur moi hein, mais parce que ça ‘ma fait un choc, vous voyez ? J’ai essayé d’pas imaginer trop d’trucs, toute façon c’est pas leur genre de… Ils ont rien fait d’mal de ce que j’sais ! Et-
Du calme, du calme mon enfant, qu’est-ce que tu veux me dire, exactement ?
*soupir* J’ai juste pas envie de les perdre…
Ce ne sont pas les homosexuels en tant que tel, que l’Eglise condamne, mais les actes homosexuels. Si ton ami ne s’adonne pas à ces pratiques…
Alors… Si ils se mettent en couple avec quelqu’un, mais qu’ils ne bais-... font pas l’amour ensemble, ça va ?
C’est grossièrement dit et résumé, mais c’est un peu cela. Ces actes sont intrinsèquement désordonnés et mauvais d’un point de vue moral. Cela va à l’encontre de l’ordre naturel des choses, de ce que Dieu a créé et voulu pour les Hommes.
Ouais, je sais mais… ça fait d’mal à personne, ce qu’ils font entre eux les homos, non ?
Laisse moi te réciter le lévitique 18:22 pour t’expliquer. “Tu ne livreras pas l'un de tes enfants pour les sacrifices à Molok. ”
C’est quoi, le sacrifice à Mo… Molok-machin là ?
Laisse-moi finir. Tu vas comprendre. “Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable.” Et cette “chose abominable” citée ici, c’est le sacrifice dont il est question. C’est condamner la fécondité d’un couple, que de se livre à cette pratique.
Ouais mais les capotes, c’est un peu pareil nan ?
Utiliser ces objets, ce n’est pas péché contrairement à ces actes. Certains fervents pratiquants n’en utilisent jamais, mais peu importe. Si un couple en utilise, le désir entre l’homme et la femme sont toujours là et leur fécondité aussi, ils pourront se lancer quand ils seront prêt. Alors qu’entre deux hommes, ce n’est pas le cas, tu comprends ?
Hm… Bah ouais mais si ils veulent juste jamais avoir d’enfant à la base, qu’ils soient en couple avec un homme ou une femme, ça change rien du coup !
La fécondité de l’amour conjugal ne se réduit pas à la seule procréation des enfants. Parents ou pas, dans une relation de couple nous sommes tous appelés à répondre à notre vocation de chrétien, fleurir là où l’on a été planté.
Fleurir là où… Attendez, quand vous dites “finir” c’est genre éjac-

Le prêtre lève sa main pour me couper aussitôt :

Oui, mais-
WOW OOOK allez pas plus loin !

Mes yeux s’écarquillent. Je lève les deux mains à mon tour et m’agite, demandant au prêtre de s’arrêter.

J’crois que j’ai compris et j’ai pas envie d’avoir votre tête comme image la prochaine fois que… *tousse* Que rien, oubliez ! Merci mon père, je vais y aller moi, hein ! Amen !

Le prêtre soupire, me regardant partir.

Amen… dit-il en soupirant.


Sorti de là, je remet ma veste en place et secoue la tête. C’que c’est malaisant d’parler de ça avec un prêtre, bordel. Brrr. Je cherche Emma du regard et la rejoint en souriant. Je lui explique rapidement que j’suis croyant et que ça m’arrive d’aller à l’Eglise de temps en temps, mais que là j’avais surtout quelques questions sur certains aspects et que… j’ai eu mes réponses.

Je change vite de sujet et l’emmène se balader, comme prévu au programme. Parc mémorial d'Arisugawa-no-miya, prendre l’un des trains de banlieue pour aller sur l’autre rive et lui montrer la mini-Statue de la Liberté, passer sur le Rainbow bridge et regarder les bateaux, la mer et d'autres petits endroits sympas… On a passé un super moment et on a fini par rentrer.

En faisant la route entre son hôtel et chez mes grands parents, j’me suis refait l’après-midi dans la tête et j’ai remarqué qu’Emma était plus à l’aise que d’habitude. Plus… proche aussi. J’sais pas si j’me fais des films sur ce dernier point, mais faudra que je pense à vérifier. Avant ça, faut que j’prépare le repas de ce soir. J’ai encore quelques jours de survie à tenir avant la rentrée. Au moins ça m’laisse le temps de trouver j’vais faire pour parler à Nolan, parce que j’vais pas pouvoir garder tout ça secret. On est devenus proche lui et moi, et j’ai pas envie de tout bousiller.

Pour ce qui est de Yulian et Seito… J’crois que j’verrai ça plus tard. Là sur le moment, c’est trop dur et de toute façon j’ai pas mon téléphone. J’crois que j’ai besoin de temps pour encaisser.


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Pablo te rentre dedans en #cc0000

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Time will only make it worse but was it all well deserved ?
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