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[LITTERATURE] POURQUOI FALLAIT-IL QU'IL BATTE POUR TOI ? (Mathéo) Empty [LITTERATURE] POURQUOI FALLAIT-IL QU'IL BATTE POUR TOI ? (Mathéo)

Dim 24 Déc 2023 - 23:26
J’avais espoir. L’espoir d’un renouveau. D’un nouveau départ. A Tokyo, j’étais le punching ball de base : celui que l’on aime torturer parce qu’il n’a jamais su s’imposer, qu’il bégaie comme une idiot à la moindre occasion – certes rarissime - ou l’on lui parle, même sans y ajouter d’injure à son égard. Le "fils à papa". Celui qui a l’argent et l’intelligence, mais pas le moindre sex appeal. Juste celui que l’on remarque pour user et abuser de railleries toutes plus minables et enfantines les unes que les autres. Alors quand la rumeur s’est mise à courir, dans mon ancien bahut, que j’étais gay, je crois que vous avez encore peine à imaginer ce que j’ai vraiment dû endurer. Une tête à claque. Ouais, je crois que c’est comme ça que l’on pourrait me définir. Et pourtant, je n’ai rien fait pour mériter cela. Enfin si, j’existe, tout simplement… et ce même si je ne l’ai absolument pas désiré. Mais comme tout un chacun qui vit sur cette planète, personne n’a demandé de venir ici-bas. Bon okay, je ne suis pas superstitieux ou croyant, et peut-être est-ce là ma limite, mais je ne crois sincèrement pas qu’une âme reposant au Paradis puisse vraiment choisir de quitter un univers de paix et d’amour pour venir sur cette Terre pourrie, de quitter les doux anges si parfaits pour venir s’en prendre plein la tronche sur cette maudite planète.

Bref, vous l’aurez compris, j’étais mort de peur. Je n’avais pas dormi de toute la nuit dans cette chambre qui était la mienne depuis ce fameux 7 avril, jour de mon arrivée ici... Entouré d’élèves, j'avais eu maintes occasions d'initier un nouveau comportement plus sociable, mais jusqu'à aujourd'hui en tout cas, je n’avais pas même réussi à croiser le regard de qui que ce soit pour ne serait-ce que les saluer poliment. J’essayais de me faire aussi discret que possible, et très sincèrement s’il y avait eu ne serait-ce qu’un trou microscopique dans le mur, j’aurais tout fait pour m’y glisser et me cacher. Mais non, l’architecture de la pièce que nous partagions avec mes colocataires était loin d’être aussi luxueuse que l’étais ma propre chambre. Cependant, il y avait tout ce qui fallait, et un confort qui me convenait sans équivoque. Ici, pensais-je, j’allais certainement pouvoir être « Monsieur Tout-Le-Monde». J’avais même pensé m’inventer un nouveau nom pour que nul ne fasse de rapprochement avec l’une des plus grandes industries de luxe au monde, mais d’un autre côté, je pouvais tout aussi bien prétendre n’avoir rien à voir avec elle. Après tout, je ne suis certainement pas le seul Hisoka qui existe, fort heureusement ! Alors pour l’instant, j’étais juste aux yeux de trois adolescents un gamin paumé et intimidé qui ne souhaite qu’une chose : avoir enfin sa place quelque part sur cette planète. Qui sait, et cela avait d’ailleurs été l’objectif en venant ici, peut-être me ferais-je même des connaissances. Que dis-je… des amis ? Bon d’accord, rien que de m’imaginer cela me fait monter la tension. Il suffisait juste de faire comme le psychologue m’avait appris : contrôler les rythmes de ma respiration. Et j’allais d’ailleurs pouvoir mettre cette technique à l’épreuve en allant… au club de littérature ! Pour l’instant on est pas mal : pas très nombreux, et l’univers de la littérature me passionne totalement. Alors, avec un peu (beaucoup ?) de chance, cela allait le faire... Non ?

Me brossant les dents, je crachai dans le lavabo le dentifrice qui moussait dans ma fine bouche. Gargarisme, puis inspection du râtelier. Imaginez qu’il y a un bout de je-ne-sais-pas-quoi qui colle à mes dents, j’aurais l’air d’un bel âne, moi ! Mais non, tout allait bien. Je pris ensuite mon uniforme de lycéen que j’enfilai après avoir fini de me laver le corps dans la douche et de m’être séché. Une main dans mes cheveux noirs totalement fous, et je lâchai un long soupir. Faute d’être canon, j’étais au moins élégant, soigné et présentable. La beauté, ça n’était pas de mon ressort, du moins à mes yeux trop exigeants. J’étais né pas bien grand – quoique dans la moyenne de ce pays, heureusement – timide à souhait, et pas franchement intéressant. Enfin… je crois. Je l’admets, c’était mon seul et unique regard sur ma personne qui parlait, mais jusqu’à présent il n’y avait pas eu foule pour me dire le contraire. Alors zut, ma décision était prise : aujourd’hui serait le signe d’un nouveau départ. J’aurai des amis, et même un mec ! Quoique… oh non, ça je sais pas faire… Et puis regarde-toi dans le miroir, andouille ! Tu ne ferais même pas rougir un blobfish…

Levant les yeux au ciel, je poussai un long soupir blasé. Qu’est-ce que cette foutue voix dans ma tête pouvait me gonfler ! Bon, allez, de toute manière quand il faut y aller, il faut y aller ! Je sortis de la salle d’eau, pris mon sac de cours posé à terre, ainsi qu’une longue inspiration, et tentai d’une démarche qui se voulait assurée de sortir pour rejoindre le bâtiment des cours. Le dos droit, je testais un semblant de démarche assurée et franche, les yeux rivés devant moi en me flagellant mentalement pour ne pas fixer le bout de mes chaussures. Traversant les locaux que je connaissais par cœur, je pris la direction de la salle du club de littérature. La porte entrouverte, je pouvais entendre les bribes de voix qui s’échappaient de celle-ci. Je fis un temps d’arrêt, fermai les deux et pris une longue inspiration pour me donner du courage.

* Allez, vas-y… Ça va le faire. Tu crois quoi, que tu vas finir servi dans le bentô de midi ? Un peu de courage, quoi ! T’as pas trois ans ! *

Je pénétrai dans la classe avec la plus grande discrétion. Bon d’accord, c’était peut-être un peu trop demandé de me la jouer « décontracté » pour ce nouveau jour. En tout cas, c’était objectivement hors de mes moyens. La tête basse, je pris place comme à mon habitude à la dernière table au dernier rang, située près de la fenêtre, dans le coin où je me ferai tout petit. Les yeux parcourant la vaste cour, je m’efforçai de supplier mon cœur de bien vouloir se calmer, et par miracle je crois même qu’au fil des minutes j’étais bien en train d’y parvenir. Oui, mais quand je sentis une présence sur ma droite et pire, que j’entendis la chaise avoisinant la mienne s’écarter pour qu’un élève s’y installe, je craignais bien de ne plus arriver à respirer. Mais non, je me l’étais personnellement promis : j’allais devenir ici un garçon ordinaire. Alors je tournai la tête vers la personne qui venait de s’asseoir juste à côté de moi et lâchai un maigre « Salut! » qui s’évapora dans l’air. Le regard rivé sur le visage de mon voisin, je me sentis défaillir. Mais bazar, pourquoi LUI ? Pourquoi Mathéo ? fallait-il que le SEUL type de cette classe qui décide de devenir par hasard mon collègue de table était celui que je trouvais précisément abominablement… canon ? Alors ça, c’est carrément la poisse olympique !

La bouche entrouverte, les yeux rivés dans les siens et les joues écarlates à souhait, j’eus l’impression lorsque nos yeux se croisèrent que j’allais m’évanouir. Alors aussitôt je détournai la tête et me forçai à reprendre consistance en observant d’un œil certainement trop insistant l’arbre au fond du parc à travers la vitre. Je déglutis avec peine, maudissant toutes ces divinités auxquelles je n’avais jamais cru. Qui sait, si l’une d’elle au moins existe réellement… pourquoi me haït-elle à ce point ?!
Mathéo Takahashi
A l'université ; 2è année
Mathéo Takahashi
■ Age : 31
■ Messages : 518
■ Inscrit le : 09/12/2022

■ Mes clubs :
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Mon personnage
❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Mathéo Takahashi

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Mar 2 Jan 2024 - 21:33
Pourquoi fallait il qu'il batte pour toi ?


Début juin

Les journées de Mathéo se ressemblaient. Elles étaient calmes, studieuses et répétitives. Rythmées par ses heures de cours, le jeune homme s’imposait tout autant d’heures de travail personnel. Le temps libre, il n’en avait pas tellement. On pouvait le retrouver perché sur une chaise de la bibliothèque, le nez dans ses bouquins, crayon en main ou bien accoudé au bureau de sa chambre, à retaper consciencieusement toutes ses notes sur l’ordinateur… mais s’amuser ou se détendre ? Il n’en avait tout simplement pas le temps. Le silence et le calme étaient la tonalité la principale de sa vie mais cela n’était pas pour lui déplaire. Extérieurement, sa vie ne semblait tourner qu’autour des livres, des cahiers et des révisions, le calme plat - trop plat, diraient certains – mais intérieurement, elle bouillonnait. Le stress était son plus vieux compagnon, habitué à lui mâchouiller le corps avec affection. La fatigue était sans doute sa plus tendre amie, endiablée, elle lui donnait bien du fil à retordre, l’obligeait à combattre ses envies de lit douillet et à l’affronter régulièrement pour être en droit de continuer à travailler. Parfois, elle chatouillait aussi ses humeurs et le forçait à trouver des stratagèmes pour garder la tête froide. Entre les deux, l’Angoisse apparaissait parfois faire un coucou, elle venait lui chuchoter ses mauvaises nouvelles de pacotilles à l’oreille et ramenait avec elle sa pire ennemie : la peur. Et si ceci et si cela, comment ferait-il ? Réussirait il dans les premiers aux examens ? Pourrait-il tenir la distance maintenant qu’il s’était fait amis et petit-ami ? Pouvait-il être un bon frère pour ses sœurs maintenant qu’il était submergé de tous les côtés ? Seito le trouverait il toujours à son goût à mesure que ses cernes lui creusaient les yeux ? L’apaisement apparent offert par l’atmosphère monotone de ses journées était de mise pour pouvoir survivre à tout cela, son intériorité tenait un subtil équilibre qu’un rien pourrait venir froisser. Pour autant, il se sentait heureux. Là était le grand changement de l’année. A chaque coup de mou, à chaque montée d’angoisse, lorsque toutes ses inquiétudes se réunissaient pour venir brouiller son esprit : un vent frais venait rapidement les balayer. Seito était une brise rafraîchissante et penser à lui l’aidait à tenir bon.

Les heures de club alourdissaient ses jours mais elles s’avéraient d’autant plus précieuses qu’elles offraient à Mathéo l’opportunité de décrocher un peu. Faire quelques origamis et sorties avec le club des traditions japonaises, s’entraîner au club de natation ou bien lire pour le plaisir d’échanger avec les membres du club de littérature… c’était sans doute là son seul « temps libre ». Le club de littérature avait un petit supplément gourmand : Seito. Leur cher président de club, ce garçon qui faisait battre son coeur. Bien qu’ils cachaient leur relation, c’était toujours un plaisir pour eux de s’y retrouver. Ces petits moments club permettaient à Mathéo de patienter jusqu'à leur prochain rendez-vous. Ce jour n'y faisant pas exception, Mathéo s’était dépêché de quitter la bibliothèque pour rejoindre le club à l’ouverture.

Sur la route, il hésita néanmoins à faire un rapide aller-retour au konbini pour s’acheter quelque chose de consistant à grignoter, l’estomac sur les talons. Il y résista, préférant se dépêcher dans l’espoir de se retrouver une minute ou deux seul avec son petit-ami. Malheureusement, le club était déjà occupé par deux autres personnes et Seito ne semblait pas encore arrivé. « Bonjour » lança poliment Mathéo à Mitsugu-san qui lisait dans un coin, avant de venir s’asseoir à côté d’Hisoka-san qui à son grand étonnement le salua avec entrain. Ce dernier semblait lui même stupéfait de son essai, rouge comme une pivoine. Mathéo trouva cela mignon. « Salut Hisoka-san… Tu vas bien ? » demanda-t-il gentiment. Katsuo Hisoka était un garçon timide. Depuis qu’il avait rejoint le club à la rentrée, ils n’avaient jamais réellement pu faire connaissance. Malgré les efforts de chacun pour le mettre à l’aise, le lycéen ne semblait pas encore être suffisamment en confiance pour se laisser aller avec eux. Mathéo trouvait cela dommage et avec Seito ils s’étaient déjà demandé comment favoriser son intégration. L’étudiant était content de constater que le temps faisait son effet. Il sortit son exemplaire du livre du mois, annoté et post-itté de partout, ainsi que sa gourde d’eau. Bwoaaaaauuuuuuurg. Son ventre cria famine et il s’empressa d’avaler une gorgée pour tenter de le faire patienter davantage. Il se tourna vers son camarde, gêné. « Désolé, j’ai faim… mon ventre risque de faire du bruit toute l'heure... Si ça te dérange, je peux changer de place »
 
KoalaVolant

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