Il faut sauver la Somen Party ! [Lou]

Les beaux jours reviennent. Et puis le soleil, aussi. Alors Lou, elle est toute contente. Avec la lumière s’allume son beau sourire ! Enfin, s’allume… Lou ne l’a pas perdu. C’est que pour le moment, presque tout baigne. Elle a une superbe petite-amie (qui doit rester secrète). Elle a pu retrouver du temps pour réviser et a de meilleures notes à l’école. Et elle a presque l’impression que sa relation avec son frère s’apaise.

Quoi demander de plus ?

Eh ben, du soleil ! Beaucoup de soleil ! De la chaleur, pour pouvoir sortir dehors sans trembler, et pour pouvoir profiter. Surtout avec le club de cuisine. Maintenant qu’elle n’est plus que dans deux clubs, Lou peut prendre le temps de vraiment s’investir. Et c’est bien ce club qui lui plaît le plus. Souvent, elle fait des gâteaux, mais de temps en temps, elle aime se tenter au salé. Et qui dit soleil, dit somen !

Et avec qui de mieux que super-Tawen ? Un super copain qui est arrivé à la rentrée, et qui en plus parle français ! Quand ils se sont rencontrés, Lou a presque eu la sensation d’être retournée à la maison. Quel doux accent. Ils se connaissent peu, mais Lou l’apprécie. Surtout sa bonne humeur. SURTOUT quand il chante son bonheur pour les Somen.

« Hmmmmm… Du bambou ! Et et…. Un œuf ! Au plat, pas mollet, pour avoir un blanc bien bien croustillant ! Peut-être un peu de dorade. Juste un peu, j’aime bien un peu d’iode. Et et… Des edamames. Et et… » Pourquoi pas du daikon, des algues, des épinards… En fait Lou aimerait faire un Somen à tout. Elle ne sait pas vraiment quoi choisir. Si la petite s’en sort avec les gâteaux, elle a encore à apprendre sur l'équilibre des goûts salés.

Bientôt, il vivront la plus chouette après-midi que le club n’a jamais connu. Une après-midi de douceur et de bonheur. Une après-midi qui….« Dis…Tamen… » Lou fouille dans les placards. Encore, et encore. « Ils sont où, les paquets de somen ? » Et elle fouille, et elle regarde. Elle ferme, ouvre, referme, réouvre, rereferme le frigo. Elle s’agite, elle s'excite, elle en halète presque.

C’est la pire après-midi de toute sa vie ! « C’est la fin du monde ! » Qu’est-ce qu’ils font dans Food Wars, lorsque ce genre de situation survient ? Ils appellent leurs super contacts. Ou alors ils courent jusqu’à la première épicerie du quartier. Y’a pas beaucoup de choix, donc Lou espère qu’ils auront de la chance : « On court jusqu’au magasin le plus proche ? »

Et avec quelle thune ? Lou n’y pense pas encore.

La ligne 87 ! Mais voilà qu’une bonne idée ! Alors, Lou glisse une main dans ses poches, pour chercher sa carte. Mais voilà qu’elle a beau chercher, qu’elle ne trouvera rien du tout. C’est ça, d’habiter juste à côté de l’école… On a pas besoin de beaucoup prendre les transports. Casse cou, Lou a tendance à préférer marcher - et prendre des chemins sinueux -, plutôt que de se laisser aller au bus. Surtout qu’ils ne sont jamais à l’heure, et elle non plus, alors mieux vaut compter sur sa vitesse de pointe… en course.

Et finalement, lorsqu’elle se rend compte qu’elle cherche pour rien du tout, elle redresse le regard, l’air tout désolé, et chuchote, au point qu’on ne puisse l’entendre, qu’en tendant l’oreille :

« J’ai pas de carte… »

Et elle se mord légèrement la lèvre, embarrassée. Elle n’a pas de carte, et voilà que la somen party tombe à l’eau, à cause d’elle ! Et les nouilles, c’est vraiment meilleur avec un bouillon ! Pas question de laisser tout ceci tourner vinaigre (ce qui est encore moins bon que l’eau). C’est party, let’s go, en avant les amis… Lou a une idée qui pourrait lui coûter ses économies :

« Pas le temps pour réfléchir, on saute dans le bus ! Je prendrai un ticket sur le trajet… »

…Voir pas du tout, et elle se glissera en même temps que Tanwen dans le véhicule. Ni vu, ni connu. Elle n’est pas du genre à frauder, mais il faut bien une première à tout, n’est-ce pas ? Elle n’attend pas vraiment que le garçon accepte ou non la proposition, et attrape un sac cabas. Un bien moche. Mais un bien utile. Et elle enfile ensuite son gilet. Ouvre la porte :

« Tu m’suis ? On va prendre du retard. »

Mais elle ne l’attend pas, elle s’engouffre dans le couloir, direction : la sortie d’école, le bus 87, et le konbini !

Et elle court, Lou. Elle se raccroche à la vie ! Pas question de marcher, c’est tout l’univers qui compte sur elle. Heureusement qu’elle a les épaules solides, elle se sent Atlas. Pas question de laisser le globe tomber. Somen party il faudra, Somen party il y aura !  

Alors oui. Il fait super chaud en ce mois de juin.

Alors oui. En plus de ça, l’atmosphère est lourde.  

Mais elle fait fi de ses soucis, et reste dure comme la pierre. Et puis quoi, encore ! Se montrer soupe au lait. Puis, ça n’a aucun goût la soupe au lait. Autant préférer une bonne tisane au miel. Ou un grog. Et même, ça c’est bon l’hiver. Non. Lou c’est une femme de toutes les saisons. S’il faut imaginer un glaçon fondre sous sa langue, elle l’imaginera. Si elle doit visualiser le vent frais d’un ventilateur sur sa peau, elle le visualisera.

Et puis, elle n’est pas seule.

Elle a Tanwen.

Il compte sur elle, il est résistant. Il est certainement de ceux qui peuvent supporter le feu et la terre, l’eau et la poussière. C’est un héros malgré lui... Quoi que ? Lou se tourne, et se retourne lorsqu’elle entend la suplique de son camarade.  

Tanwen il y avait. Tanwen il n’y a plus.  

« PAS QUESTION CAMARADE ! »  

S’il y a bien quelque chose que Lou a appris en regardant Equestria Girls, c’est que l’amitié c’est important, qu’il faut compter les uns sur les autres, jamais lâcher les copines, et toujours s’entraider. Mais voilà le dilemme :  

Sauver Tanwen, et rater la Somen ? Sauver la Somen et lâcher Tanwen ?

Combien de coeur brisés pour un sauvé ?  

Il faut écouter la morale et Lou se met à courir, courir, jusqu’à l’arrêt de bus. Elle court, comme si sa vie dépendant en hurlant sur son passage : « TANWEEEEN-KUN, JE L’ARRETE REJOINS MOI !! »

Et le bus se stoppe. Et elle pose un pied dedans, en gardant l’autre pied dehors. Elle essaie de faire patienter le chauffeur : « Mon ami arrive tout de suite, promis ! »