Le mépris, une source de conflit || PV Moon Kawaguchi

Les problèmes que j’ai toujours eu avec les autres ne semblent pas s’arranger avec le temps. Je pensais que les choses allaient vraiment changer en venant à Kobe. Je suis déterminé à avoir cette bourse pour bon comportement et c’est ce qui m’a, jusque-là, amené à me contenir dans chaque conflit. J’ai tout fait pour garder pour moi mon envie d’envoyer ch*er tous ceux qui se pensaient en droit de m’accuser à tort.
Pourtant, il semblerait que ce ne soit pas suffisant. Je commence à en avoir assez qu’on m’agresse. Pour des broutilles et souvent à tort ! Ce n’est pas mieux que de me faire harceler à cause de mon physique. Il m’est donc impossible de laisser passer ce qu’il est en train de m’arriver alors que j’allais tout simplement à la bibliothèque pour travailler.

Nous sommes jeudi, juste après la pause déjeuner. Mon professeur de mathématiques n’est pas présent, ce qui laisse à toute la classe une heure de libre en attendant l’heure de littérature. Peut-être aurais-je dû rester en classe pour travailler. Pourtant, je ne pensais pas pouvoir travailler au milieu de tout le monde avec de potentiels bavardages, entre autres. C’est pourquoi je suis sorti dans l’espoir de rejoindre la bibliothèque. En plus, ça me dégourdit les jambes, ce qui n’est pas une mauvaise chose.

Ce que je n’avais pas prévu, c’est que je sois suivi par un groupe d’élèves qui ne semblent pas me porter dans leur cœur. Je ne les connais pas spécialement. De vue, au mieux. Je ne leur ai jamais adressé la parole et je ne me rappelle pas qu’ils aient tenté de se rapprocher de moi non plus. Je n’ai donc que deux hypothèses déplaisantes concernant leur venue. Soit ils me reprochent un comportement qui ne leur plaît pas, ce qui ne devrait pas les amener à s’en plaindre à moi en étant éloigné de tout le monde, mais à aller trouver un professeur afin que ce soit lui qui me remette sur le droit chemin. Et encore, ce serait injuste puisque je n’ai rien fait de répréhensible. Pas que je sache en tout cas. Quant à la seconde… un nouvel harcèlement, sans doute basé sur mon physique… J’ai la gerbe rien que d’y penser.

Je me tourne vers eux quand ils m’appellent, ne voulant pas causer de problèmes, même si j’ai une vague de colère qui me noircit le cœur. Leur comportement ne m’aide pas à me calmer. Leurs sourires sont narquois. Leurs regards moqueurs. Leur gestuelle… Tout porte à croire qu’ils s’amusent de la situation et que leur idée leur semble la meilleure de toute. Une idée qui va dans le sens de mes hypothèses : ils sont là pour se moquer de moi. Je les écoute, sans broncher malgré la colère qui ne cesse de me monter au nez. Ils m’accusent de ne pas bien choisir mes amis et d’avoir un comportement intolérable. Accusations qui sont fausses. Selon eux, ce sont des raisons suffisantes pour qu’ils puissent se permettre de m’en mettre plein la tronche.
Tout en parlant, ils se sont rapprochés de moi et ont commencé à me bousculer, me toucher, me rire aux oreilles… Je tiens bon quelques minutes avant de laisser mon poings atteindre l’un de mes agresseurs en plein dans la mâchoire. Je reçois un coup en retour d’un des trois autres, que je lui rends par un coup de pied dans les genoux. Je le savais, l’effet de surprise est vraiment le meilleur mouvement à faire quand on est seul contre plusieurs. D’autant plus quand ils sont plus grands et plus forts que moi. Pourtant, je ne me démonte pas. Non, je ne veux pas me laisser faire. C’est pourquoi je donne un coup dès lors que j’en reçois un. J’ai mal. Je ne peux pas le nier. Mais, plus que la douleur, c’est la colère et l’adrénaline qui m’aident à tenir le coup contre ces abrutis qui ne pensent qu’avec leurs poings. Dire qu’ils pourraient entraver mes mouvements si facilement et qu’ils n’y pensent même pas… Tant mieux pour moi.

Le combat fait rage. Les coups pleuvent. J’ai beau prendre des coups, je les rends à chacun avec plus ou moins d’adresse. Je finis par me demander pourquoi je n’utilise pas le karaté, une pensée bien vite balayée par un coup que je reçois dans le ventre. Le souffle coupé, j'en reçois un autre dans le nez. Ok. De toute façon, je n'ai pas le temps de réfléchir. Qu’à cela ne tienne, je n’utilise que plus de force pour me défendre. Je crois même que j’ai failli crevé un œil à quelqu’un ou casser le nez d’un autre. Enfin… ils ont bien fait pareil, alors pourquoi me sentirais-je coupable ? S’ils ne voulaient pas de ça, ils n’avaient qu’à ne pas m’emmerder. Ou ne pas me rendre les coups. Ils ne récoltent que ce qu’ils ont semé !

Alors que je vais envoyer un nouveau coup, une personne se place entre nous tous. Ce n’est que de justesse que j’arrête mon geste. Essoufflé, je prends une seconde avant de me reculer en regardant la scène d’un regard noir, prêt à me défendre de toutes les manières possibles. Je transpire au point que je sens les gouttes perler sur mon visage. J’ai mal partout. Je sens le goût du sang sur ma langue. J’espère que je n’ai pas de dent cassée… Et alors que je passe en revue mon état, j’entends la personne qui s’interpose nous appeler assez poliment et nous sommer d’arrêter. Mon regard est noir sur l’adulte. Une femme qu’il ne me semble pas avoir déjà rencontré. L’ai-je seulement croisée ? Peut-être…

Je vérifie mes adversaires un instant, de crainte qu’ils ne me fasse du mal derrière son dos. Et, très vite, mon regard se fixe sur elle. Elle semble me prendre pour celui qui a commencé. Evidemment ! C’est bien une pensée japonaise de s’en prendre à ceux qui ne semblent pas de ce sang ! Mais le pire, c’est que les autres se mettent à plaider en leur faveur !



Je ricane un instant avant de les fusiller du regard et éclater :



Evidemment, ces enf*irés se montrent comme des victimes, maintenant qu’il y a une membre du personnel qui s’en mêle. Et maintenant je réalise : à chaque fois qu’il y a un conflit entre un japonais et un “gaijin”, c’est pratiquement toujours ce dernier qui est en faute aux yeux des autorités. Je lève les yeux au ciel. Ok… J’ai compris… Je regarde ensuite l’adulte, prêt à l’entendre me demander à la suivre dans le bureau du CPE ou celui du directeur. Au point où j’en suis, je suis certain que je n’aurais pas l’occasion de me défendre. A la limite, si je ne craignais pas que ce soit pris pour de l’insolence, je demanderais même s’ils ne voulaient pas me mettre les menottes.

Dans un premier temps, elle nous laisse nous exprimer. Enfin… Façon de dire. Maintenant que j’ai lancé la bombe du “je devrais être japonais c’est vous qui êtes fermés d’esprit en plus d’être conservateurs”, les trois tentent de se faire entendre et de me la fermer verbalement. On va dire qu’ils ont gagné puisque je ne pipe pas mot, n’accordant mon regard qu’à l’adulte qui nous a séparés. Que va-t-elle penser de la situation ? Suis-je dans la m*rde jusqu’au cou ? Elle a l'air d’être asiatique… Quoique tous les japonais ne sont pas comme eux, la preuve avec Kazane-san. Ou certains de mes camarades de classe. C’est pour ça que j’avais bon espoir de finir par m’intégrer, jusqu’à ce que ces ploucs me tombent dessus.

Je l’entends marmonner quelque chose que je ne comprends pas. Ça n'a pas l’air d’être du japonais… Puis elle s’adresse aux trois brutes, leur faisant savoir qu’elle est également une gaijin et qu’elle ne veut plus les entendre. Je me sens… soulagé et angoissé en même temps. De même que je me sens presque fier qu’ils se soient fait rembarrer, même si je n’ai rien fait pour.
La voilà qui se tourne à nouveau vers moi. Je soutiens son regard, le visage fermé. Je ne voudrais pas donner la satisfaction à mes agresseurs de grimacer de douleur ou de sortir de mes gonds. Encore moins alors qu’elle me demande ce qu’il s’est passé. Je réponds d’une voix plus lourde que je l’avais escompté mais assez posée pour ne pas donner l’impression de m’en prendre à quelqu’un :



Pas la peine de préciser que, par la suite, ils ont riposté et que la bagarre a fait rage jusqu’à ce qu’elle intervienne. Maintenant, il ne manque plus qu’à voir ce qu’elle va décider de faire. Sans doute nous emmener chez un haut placé pour nous remettre à notre place. A quoi peut-on s’attendre ? Des heures de colle ? Une simple punition ? Un renvoi ? Le dernier me paraît peu probable, mais sait-on jamais. Vaut mieux ne pas espérer moins et finir par tomber des nues.

B*rdel… Non mais regardez-moi ces lascars qui semblent fiers d’eux, comme si j’allais être le seul à tomber. Sans doute qu’ils se disent que jamais on ne me croira et qu’ils n’ont rien fait de mal. Je soupire. Si jamais ils tombent, avec ou sans moi, j’ai comme l’impression que je n’en aurais pas fini avec eux… Et si je tombe seul ? Ils s’en vanteront partout. Maintenant que j’y pense…. Et m*rde ! Ma bourse de bonne conduite. Adieux… Je ne pourrais jamais espérer t’avoir entre les mains pour aider mes parents… Je n’ai plus qu’à garder de bons résultats…

Mes paroles sont pleinement écoutées. Elle me regarde, ignorant les trois autres qui protestent chaque fois que je les accuse de quelque chose. A aucun moment elle ne remet en question mes paroles et je dois avouer que ça me rassure. Surtout que j’ai été très honnête à son égard malgré que je me mette dans la m*rde en ayant donné le premier coup. Je doute que le fait qu’on m’ait asticoté pendant un long moment soit pris en compte au moment de donner les punitions.

Maintenant que tout est dit, voilà qu’elle nous demande nos noms. J’imagine qu’au lieu de nous emmener en confrontation face au CPE, elle préfère donner la version de tout le monde dans le calme elle-même. Les autres donnent leur nom avec chacun un commentaire plaidant leur cause. Quelle immaturité. Sachant que ça ne servira à rien, je préfère lui donner mon nom tout simplement :



Elle écrit sur son téléphone, certainement nos noms. Et, cela fait, elle nous apprend qu’elle va tout raconter non pas au CPE mais au directeur. Super ! Je comprends la manœuvre, mais je n’aime pas l’idée d’être fiché comme mauvais élément de cette manière… J’espère que je ne vais pas être renvoyé, même temporairement, pour avoir donné le premier coup. J’espère qu’il sera ouvert d’esprit… D’un autre côté, ça m’apprendra.
Je soupire doucement et, alors que les trois lascars semblent se concerter entre eux, je suis l’adulte qui compte m’emmener à l’infirmerie. Je n’aime pas trop l’idée, mais ce n’est pas comme si j’avais le choix, de toute façon. Je ne pipe donc pas mot avant me demande si ce genre de choses arrivent souvent. Je vérifie que nous n’avons pas été suivi et, soulagé du répit qui m’a été donné, je réponds en haussant les épaules :



En primaire aussi je subissais des brimades, mais rien d’aussi violent, je pense. D’ailleurs, c’est bien ma première bagarre à Kobe malgré que j’ai vécu d’autres disputes avant ça. Et la première fois que mes origines sont ouvertement critiquées ici. Je ne sais pas si je dois me réjouir de cette différence entre mes anciennes écoles et celle-ci.
Pensif, je marche avec les mains dans les poches à côté de la membre du personnel. Je me demande si elle va accepter ma réponse qui, finalement, est très évasive. D’un autre côté, je n’ai pas envie de me présenter comme une victime. Je pense avoir assez pris cette place comme ça même je tente de me défendre.

Pas de grande réaction de la part de l’adulte à qui je viens d’avouer que ce que je vis aujourd’hui est toujours moins pire que ce que c’était au collège. En même temps, que pourrait-elle dire à ça ? Mon but étant de clore au mieux la conversation que je n’ai pas spécialement envie d’approfondir, c’est bien mieux comme ça. Enfin… c’est ce que je pensais…

Il ne faut pas plus de quelques secondes avant qu’elle ne me pose des questions sur le fait de parler de tout ça, déclarant que ce genre de comportement n’est pas acceptable. Pour le coup, je suis bien d’accord avec elle. Subir les brimades des autres à cause de mes origines n’est pas acceptable. Pourtant, que peut-on faire ? On ne pourra jamais changer leur façon de penser si eux-mêmes ne le veulent pas. Et, pour peu qu’ils ont été éduqués de cette manière… Non, franchement, je doute vraiment qu’on puisse faire quoi que ce soit, même si je venais à en parler. C’est d’ailleurs la réflexion que je me faisais déjà au collège.



A quoi bon en parler ? Bon, d’accord, mes parents sont au courant. J’ai dû leur expliquer mon comportement à l’école et, de ce fait, leur parler de mon harcèlement. Pour autant, même s’ils m’ont proposé des solutions, je ne les ai pas acceptées. A côté de ça, j’ai demandé à venir ici dans l’espoir d’avoir la paix, en plus de toutes mes autres raisons. J’espère seulement que je pourrais rester dans cette école dans les années à venir malgré les maigres moyens de mes parents vu que, malgré ce qu’il s’est passé aujourd’hui, la vie n’y est pas si mal.



Puisqu’il me semble que c’est la première fois, je doute qu’on ait plus que ça, même si je garde la possibilité qu’on puisse avoir pire. Si j’ai raison et qu’on n’a pas plus qu’une tape sur les doigts, je doute que ça finisse bien. Surtout qu’ils sont dans ma classe…
Je soupire doucement, ne sachant pas trop quoi penser de tout ça. Mon regard ne se pose pas sur mon interlocutrice, pas vraiment sûr de pouvoir cacher ce que je ressens réellement. Je voudrais éviter qu’on prenne ma colère comme excuse pour me mettre toute cette situation sur le dos. Enfin… Étant elle aussi une gaijin selon ses dires, elle devrait me comprendre, surtout vu la façon dont elle parle de tout ça. Et je ne tiens pas à paraître faible en ne sachant pas masquer ma tristesse. Sérieusement, j’en ai vraiment assez de subir à cause de mon apparence…

Sans doute ne sait-elle quoi me répondre. A moins qu’elle n’ait aussi vécu ça et qu’elle se rend compte qu’elle non plus n’a jamais été chercher de l’aide. Un peu comme Oribe-sensei quand elle a été attaquée. Enfin, je ne peux pas savoir. Ce n’est pas comme si je lisais dans ses pensées… C’est juste l'hypothèse la plus facile à trouver dans ces conditions.

Je finis quand même, dans ce silence, par lui demander ce que ces garçons et moi-même pourrions avoir comme sanction après ce qu’il s’est passé. Je ne m’attends pas à grand-chose. Juste à un assentiment ou un “je ne sais pas” qui pourrait être totalement normal, surtout si elle ne connaît pas bien le directeur. Pourtant, comme si elle attendait patiemment que je lui pose ce genre de question, elle me répond immédiatement, m’apprenant qu’il s’agit de sa toute première affaire de harcèlement. Un aveu de manque d’expérience, donc. Ce qui explique qu’elle ne saurait pas me donner de finalité. Quoique… Elle est déjà certaine que ce ne sera pas une simple tape sur les doigts. C’est déjà ça. … Sa précision ne me plaît pas beaucoup. Enfin… La condition pour que la punition soit plus grande que celle que j’ai évoquée. Je grimace, peu certain de vouloir m’exposer devant le directeur de l’école alors que je suis également fautif dans l’histoire, ayant donné le premier coup.

J’aimerais lui faire savoir mon point de vue sur la question, mais elle ne me laisse pas faire, ajoutant que mon témoignage est important et qu’elle est prête à m’accompagner. Elle n’a pas tort et je n’ai pas spécialement envie qu’ils s’en sortent à si bon compte. Pourtant, aller exposer mes faiblesses ne me plaît pas des masses. Je demande, dans l’espoir d’éviter une confrontation, surtout s’il connaît mon dossier qui démontre que je ne suis pas un élève modèle en terme de comportement :



Je ne suis pas certain qu’elle comprenne ma démarche. Cependant, je ne veux vraiment qu’on remette en doute ma parole, du moins je ne veux pas l’entendre. Jusqu’à présent, personne ne m’a vraiment écouté quand je disais subir des violences morales ou physiques. Tout le monde pensait que c’était de ma faute. Et, aujourd’hui, j’ai donné le premier coup… Il faudrait que je demande ce que je risque, personnellement, à part l’impossibilité de recevoir la bourse pour bon comportement. Je doute m’en sortir sans avoir au moins une heure de colle…

Dans un sens, je me sens peu envieux de la meilleure solution qu’elle me propose. C’est pour ça que j’attends le “mais” qui semble suivre son affirmation. Si je peux éviter une confrontation avec le directeur et me sentir vulnérable comme à chaque fois que je n’avais fait que me défendre, étant ainsi stigmatisé comme étant un mauvais élève, ça m’arrangerait grandement. J’ai assez donné dans cette image et je sais que je suis actuellement en faute. Entendre dire que rien ne peut être fait parce que j’ai donné le premier coup…
Mon regard se porte sur l’adulte alors que j’ai de grandes attentes concernant ce “mais”. Si je peux sauter sur cette alternative, je le ferais. Je serais certain d’avoir écrit tout ce que je veux dire et je n’aurais pas de commentaire cinglant ou réprobateur. Bien sûr, j’en mérite. Un peu… Mais je pense m’en infliger assez pour qu’on m’en rajoute un peu plus.

Le soulagement se fait sentir alors qu’elle déclare que cette solution est mieux que rien. Si elle savait combien cette attente m’a paru être une éternité ! Je hoche la tête à sa proposition, tout de même assez surpris d’avoir quelqu’un de mon côté. Qui plus est, un adulte qui ne me fait pas de reproche sur mon comportement.



Pas que mon écriture soit horrible. En tout cas, ce n’est pas la crainte qui m’amène à faire une telle demande. Je crains surtout de mélanger le français et le japonais en étant dans l’urgence, comme lorsque je note mes cours. Même pour moi, parfois, c’est difficile de me relire, alors je n’ose imaginer la tête de ce pauvre directeur s’il doit essayer de relire quelque chose comme ça. Encore plus s’il ne parle pas un mot français…

Je ne peux que me sentir soulagé alors que la professeure accepte ma proposition. Je suis également rassuré de ne pas avoir à me taper l’affiche devant tous les autres professeurs qui se demanderont sans aucun doute ce que vient foutre un élève dans le coin. J’accepte donc d’un mouvement de tête qu’elle vienne récupérer le mot que j’écrirais dans la soirée dans la journée de demain. J’espère juste que les trois pignoufs auront décidé de faire l’école buissonnière ou d’aller se dégourdir les jambes à ce moment-là. Je ne voudrais pas recevoir une rouste parce qu’ils auront une suspicion ou une autre. Déjà que je doute qu’ils aient réellement apprécié qu’on s’occupe de moi et qu’on me donne du crédit à leur détriment…



Tout comme les trois autres, mais je préfère le taire. Je pense qu’elle le comprendra assez vite si elle les voit dans la salle de classe. Au moins, elle accepte de me faire cette fleur de donner un mot de ma main au directeur afin que je puisse avoir la paix. Jusqu’à présent, jamais rien de tel ne s’était produit. Ca avait toujours été de ma faute. Merci à l’ouverture d’esprit de cette dame. D’ailleurs… je ne suis pas sûr de connaître son nom. Ou sa profession exacte. Dommage que je ne puisse pas lui faire une fleur…

Nous arrivons en vue de l’infirmerie. Je m’arrête pour me tourner dans sa direction et, ensuite, m’incliner respectueusement. Je lui suis profondément reconnaissant de m’avoir aidé à me sortir de ce mauvais pas et de m’aider dans le futur. Pour ainsi dire, j’ai beau ne pas connaître son nom, je la considère comme ma bienfaitrice. La première…



Je me relève et, en la regardant j’ajoute, un peu plus timidement, de crainte de faire une bévue :



Je me dirige ainsi vers l’infirmerie. De toute façon, je la verrais demain. Elle aura tout le temps de me faire des reproches à ce moment-là. En attendant, je pense que je n’ai que des hématomes, mais je ne voudrais pas que ça cache quelque chose de plus important. C’est pourquoi je montre mes coups à l’infirmière une fois qu’elle me reçoit, refusant tout de même de lui expliquer d’où ça vient. Faut pas abuser non plus.