Ah sh*t, here we go again... | Kazane Mitsugu

Le premier jour de cours était arrivé plus vite que prévu.

Kazane avait eu bien du mal à s'endormir durant la nuit. L'appréhension lui ayant enserré le cœur et le changement de chambre ayant Bousculé ses habitudes à peine ancrée depuis son déménagement.

Le sommeil ne fût donc pas réparateur et la jeune femme n'avait fait que sec retourner et se retourner dans son lit, espérant ne pas réveiller ses colocataires.
Elle sortit du lit vers 6h50, emplie d'excitation et d'une légère appréhension.
La jeune femme fila discrètement hors de la chambre pour prendre un petit déjeuner rapide et ensuite sauter dans la douche.

L'eau ruisselant contre sa peau et ses cheveux firent disparaître un temps ses sentiments négatifs tout en réveillant totalement le corps et l'esprit embrumé de Kazane.
Après s'être habillée, la nouvelle arrivante vit que le dortoir était animé par l'effervescence de la rentrée.

Les autres filles, ses colocataires, étaient déjà en train de se préparer elles aussi. Kazane les salua d'un signe de tête et se mit à brosser ses longs cheveux noirs, essayant de se donner un peu de confiance supplémentaire pour cette journée importante.

Ensuite, elle partit sur le site du lycée. Certes elle était en avance, mais la crainte de se tromper de classe était bien trop présente dans son esprit pour faire autrement.
Le premier cours était celui de littérature, une matière que Kazane adorait à Tsushima.
Elle avait hâte de découvrir ce que le cours lui réservait.

Elle prit place à droite dans la salle de classe, au milieu de la rangée.
Malgré le manque de sommeil qui alourdissait ses paupières, la lycéenne restait attentive et curieuse, notant scrupuleusement les dires du professeur.
Après la littérature, vint le cours de mathématiques, une matière qui n'était pas du tout le point fort de Kazane.

Elle se mordit la lèvre, luttant contre son esprit qui menaçait constamment de rêvasser.
Elle essayait de garder un esprit ouvert malgré ses réticences. Elle s'efforça de suivre le cours et de poser des questions quand quelque chose lui échappait, mais elle ne put s'empêcher de ressentir un certain soulagement lorsque l'heure prit fin.

Le cours de japonais qui suivit ne représentait pas un défi majeur pour Kazane. Bien qu'elle ne soit pas particulièrement douée dans cette matière, elle s'en sortait sans difficulté excessive. Elle prit des notes et participa aux discussions, mais restait discrète.

La pause déjeuner arriva à point nommé, offrant un répit bien mérité aux étudiants.
Kazane rejoignit la cafétéria avec un peu d'anxiété. Elle n'avait vu aucune de ses colocataires et elle n'avait pas eu le temps de se faire des amis... Alors, elle mangea seule, accompagnée de son plateau garni et d'un de ses livres pour passer le temps en solitaire.

Après le repas, vint l'heure du cours de sport, une matière que la lycéenne attendait avec impatience. Elle se changea rapidement en tenue de sport, prête à donner le meilleur de sois même et s'imposer dans les meilleurs.
Bon, à la grande déception de la jeune Mitsugu, il ne s'était pas passé grand-chose étant donné que c'était le premier jour.
La journée toucha à sa fin avec le cours d'anglais qui avalait les deux dernière heure , laissant Kazane avec un mélange de fatigue et de satisfaction... Plus que deux longues heures et le club de littérature s'ouvrirait à elle.

Alors qu'elle regagnait sa place, Kazane se sentit épiée. Ce sentiment désagréable lui fit jeter un coup d'œil furtif derrière son épaule et c'est là qu'elle la vit.
La jeune femme qui l'avait fait tomber de son escabeau à la librairie et qui s'était mangé ses foudres. A cause d'elle, Kazane avait été exclue de la librairie pour une semaine... Et elle était dans sa classe, à l'observer.

La lycéenne pensa à directement aller la voir et lui demander quel état son problème pour crever l'abcès directement, mais l'arrivée du professeur d'anglais coupa court à son action.
L'homme se présenta en usant directement de l'anglais. C’était brutal comme entrée en matière mais bon, Kazane parvenait à comprendre ses phrases non sans difficulté.

Soudain sa mine s’illumina tel un personnage d’anime clishé et qu’une idée brillante lui avait traversé l’esprit. Il prit une craie et inscrit au tableau « getting to know each others »

-« Bonjour à tous et bienvenu aux quelques élèves que je ne connais pas. Cette classe ayant accueilli pas mal de nouveaux élèves en fin d’année dernière et de nouveau maintenant, j’ai une activité toute trouvée pour vous ! Je vais faire des binômes et pendant toutes les deux heures, vous allez réaliser ensemble un exposé sur un point commun que
vous avez. La semaine prochaine vous le présenterez à vos camarades et à moi-même ! »

Il continua de définir les consignes avec enthousiasme. Kazane était avachie sur son bureau, écoutant d'une oreille les noms qui défilaient.
Qu'importe avec qui elle serait, Mitsugu ne connaissait pas vraiment ses condisciple et la fille qu'elle vilipendée devait sûrement avoir été citée.

-« Dantori Hariaya et… Kazane Mitsugu tiens ! »

Kazane se redressa d'un coup et se retourna vers la jeune femme de la librairie qui se nommait Hariaya Dantori. Leurs regards se croisèrent. Les yeux de glace Mitsugu rencontra ceux inquiets de Dantori.

Eh bien, il faudrait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et Kazane était bien décidée à demander à Dantori d'arrêter de la regarder.

Pleine d’assurance, la demoiselle d’1m70 se dirigea vers le pupitre de sa Némésis et lui lança :

-« Bonjour, Dantori-San. Bon, tu ne m’apprécie pas, je ne t’apprécie pas, mais on va devoir travailler ensemble. Alors, si tu veux que ça se passe bien, tu devrais arrêter de m’épier. »

Sa voix était faible, presque imperceptible. Heureusement que les acquittés auditives de Kazane étaient bonnes.
Car, si elle avait hérité de la surdité de son grand-père maternel, la jeune femme l'aurait fait répétée et elle était certaine que cela aurait été un supplice pour Hariaya et pour elle.

La lycéenne se souvenait de son visage et ses bégaiement insupportables lors de l'altercation à la librairie. Et voilà qu'elle recommençait alors qu'elle se justifiait de l'avoir épiée... La jeune femme laissa tomber cette partie de la conversation, autant de pas donner du bois au feu de sa colère intérieur qui n'était qu'au stade de braise.

Kazane se demandait si elle avait la lumière à tous les étages ou si c'est l'anxiété qui l'avait transformée en couteau le moins aiguisé du tiroir... La fin de journée allait être longue, songea-t-elle déjà exaspérée.

La jeune Mitsugu soupira et tourna son visage froid vers sa partenaire d'infortune et vit que son visage avait viré au rouge.

-« T... T'aime quoi, toi ? »

C'était la question qu'elle lui avait soufflée, Kazane eut envie de lui répondre « pas toi, c'est sûr » mais cela aurait été purement méchant et stupide, alors elle se ravisa.

La lycéenne tourna ta tête vers le tableau noir gravé par les consignes du professeur responsable de leurs tourments et son regard de glace devint vide.
Elle tentait de trouver un point commun entre elles. Plus vite c’éttait fait, plus vite elles seraient débarrassée l’une de l’autre.

Son esprit s'ouvrit et les souvenirs de la seule interaction avec Dantori défilèrent...
Les deux antagonistes s'étaient vue à la librairie. Toutes deux avaient une pile de livres dans les bras... Kazane si quelle devait creuser dans cette direction et se concentra là-dessus pour tenter de déduire un point commun.

La bousculade, la chute depuis l'escabeau, les livres éparpillés au sol et l’explosion de colère envers l’autre lycéenne.
Tout repassa sous le regard mental de Mitsugu non sans culpabilité uniquement réprimée par l’ego, puis une révélation lui vint...

Hariaya avait des mangas éparpillés à ses pieds lors de la bousculade alors que Kazane n’avait pris que des romans... Mais les souvenirs étaient trop floues pour déceler les couvertures... Elle voyait la scène comme si sa vision était sous l’eau, rendant l’investigation mentale impossible au-delà de ce point
Elle tenait peut être un infime point commun.

Après quelques longues secondes de réflexions, Kazane tourna rapidement sa tête vers Hariaya, le regard déterminé et sourire en coin crispé  se dessina sur ses lèvres.

-« Notre regrettable rencontre s'est faite dans la librairie. Je pense que l'on devrait chercher du côté de notre passion pour la littérature.
Dans mes souvenirs, tu avais des Mangas... Cites-moi ceux que tu apprécies et on devrait trouver un point commun… Et s’il te plait, Dantori-san, parle un peu plus fort, je n’ai pas de sonnars à la place des oreilles. »

La voix de la demoiselle était toujours froide mais plus comme le zéro absolu. Son ton était plus proche de l'ère glaciaire.

L’effort était difficile mais Kazane espérait bien réussir cet exercice, qu’importe si Hariyaya persévérait dans la voie du boulet ou si elle se ressaisissait en se montrant utile…

Cette replongée dans ses souvenirs avait ravivé la colère mais aussi la culpabilité de Kazane, peut-être avait-elle était trop loin ce jour-là ?  Devrait-elle s’excuser ?

Malheureusement, ces questions furent balayées par son égo et ses traits restait figés sur une expression froide .

Kazane écoutait sans grand intérêt sa camarade d'infortune murmurer ses préférences. Elle devait faire un effort d’écoute pour percevoir ses paroles mais la jeune femme s’y fit… Un défaut de plus ou de moins, ce n’est pas ça qui allait lui rendre Dantori sympathique.

Pourtant, malgré son désintérêt apparent, la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'écouter attentivement au fur et à mesure que les titres sortirent de la bouche de l’adolescente.
Elle cita The Promised Neverland, Fullmetal Alchemist, Soul Eater et Black Butler dont Elle appuya la préférence.

Ajoutant les actes aux mots, Dantori dessinait des cercles à côté des titres qu’elle avait écrits. Une idée que Mitsugu trouvait bonne et elle l'imita en cours de route, sortant de son sac un bloc de feuilles aux coins pliés et commença à griffonner dessus.

La jeune ne réfléchissait pas si c'était bien vu ou non d'aimer ces œuvres. L'avantage d'avoir eu une mère qui n'a eu de cessé de rabaisser son enfant pour ses goûts et la personne qu'elle était, c'est que Kazane avait pu se créer une carapace et affirmer ses préférences en faisant fi de l'avis d'autrui.

Les faibles mots d'Hariaya résonnaient dans ses oreilles, suscitant une curiosité mêlée d'irritation au vu du volume très bas de ses paroles.
Kazane avait écrits sur son bloc quelques titre tel que L'attaque des titans, Death Note, Devil Man, Made in abyss et Black Butler...

Le dernier titre prononcé par l'adolescente craintive réveilla son attention. Voilà une œuvre que les deux antagonistes aimait... En plus, le scénario se passe en Angleterre, de quoi ravir le professeur d'anglais.

Mitsugu brisa le silence pesant qui s'était installé dès que Hariaya avait terminé sa phrase. Elle vit qu'elle fuyait toujours son regard... La jeune femme avait l'impression de dialoguer avec un chien battu bègue.

-« Je dois admettre, Dantori-san, que tu as de bons goûts... Même si, je trouve que l'œuvre la plus intéressante que tu as cité est Black Butler. »

Kazane croisa ses jambes et s'étira. Elles avaient un peu avancés, il ne restait plus qu'à creuser ce filon pour mener à bien l'exercice.

-« Si on travaille dessus, on a un avantage. Le scénario se déroule dans l'Angleterre au XIXème siècle... De quoi faire des liens avec le cours. »


Elle fixait sa camarade de classe, prête à entendre son avis, elle l'avait surprise dans le bon sens du terme cette fois...
Mitsugu espérait qu'Hariyaya arrive à nouveau à aligner trois mots comme tout à l’heure.

Kazane fit un hochement de tête sec et bref pour marquer son approbation et se mit à écrire sur ses feuilles aux coins pliés.
Tandis que sa main traçait de manière appliqué les caractères à l'encre bleue sur l'étendue blanche du papier, une partie de l'esprit de Kazane profita du silence entre les deux jeunes femmes pour s'activer.

La réflexion se fit sur Dantori.

Certes, Mitsugu était ravie de ne plus l'entendre, c'était dans le silence que cette fille était tolérable après tout, il lui tardait d'en finir avec ce travail qui forçait la collaboration entre deux personnes qui se détestaient mutuellement, mais plusieurs questions vinrent dans les dédales de sa pensée.

Pourquoi elle la détestait tant ?
Pourquoi cette fille l'insupportait tant ?
Qu'est-ce qui menait Kazane à la vilipender ?

Naturellement, la dispute à la librairie et l'exclusion de la lycéenne de l'établissement à cause de cette gourde d'Hariaya était la première explication qui s'imposa à elle.

De plus, elle l'avait épié durant un long moment comme une lâche et son attitude actuelle semblable à un prisonnier face à un bureau n'arrangeait pas les choses.
Cependant, si elle omettait l'ego, en creusant au fond d'elle-même , Kazane savait que ce n'était pas ça.
Ces raisons étaient trop futiles.

Certes, la lycéenne avait un tempérament explosif et ses colères faisaient même peur aux brutes de son lycée à Tsushima, mais une telle rancune ? C'était inédit en 17 années d'existence.

La réflexion fût stoppée net. La main avait cessée décrire. L'encre avait noircie le papier jusqu'à être acculé au bord de la largeur inférieure où le stylo attendait patiemment de continuer son œuvre.

Kazane relu ses écrits. Ce qu'elle aimait dans Black Butler était retranscrit comme une liste légèrement expliquée.

Univers captivant : L'histoire se déroule dans un univers victorien mêlant mystère, surnaturel, et éléments gothiques. Cette ambiance unique offre une expérience immersive et intrigante.

Personnages biens écrits : Les personnages principaux, Ciel Phantomhive et Sebastian Michaelis, ainsi que les nombreux personnages secondaires, sont tous bien développés et charismatiques. Le duo maître-serviteur formé par Ciel et Sebastian est particulièrement savoureux.

Intrigues et mystères : L'intrigue de "Black Butler" est riche en rebondissements, enquêtes et mystères à résoudre. Cela nous tiens en haleine et en plus, c'est bien écrit.
Mélange de genres : Le manga réussit à mélanger habilement des éléments de différents genres tels que le fantastique, le policier, l'humour noir et le drame. Cette diversité permet à l'œuvre de toujours nous surprendre.
Esthétique soignée : Le dessin de Yana Toboso est raffiné, détaillé et élégant, ce qui contribue à l'ambiance sombre et gothique de l'œuvre. Les costumes d'époque et les décors victoriens sont recherchés et soignés.

Réflexion sur la dualité humaine : "Black Butler" aborde des thèmes tels que la dualité humaine, la vengeance, le deuil, et la nature de l'âme. Ces réflexions profondes ajoutent une dimension plus complexe à l'histoire.

Humour noir : Malgré son ambiance sombre, "Black Butler" comporte également des touches d'humour noir qui allègent l'atmosphère et apportent un certain équilibre émotionnel à l'œuvre.

Kazane  n’était pas satisfaite, cela lui semblait extrêmement bateau, voir ininteressant. En haussant les épaules, elle posa alors son stylo et se tourna rapidement vers son binôme, la toisant de son regard froid et impassible.
Elle lui glissa le bloc de feuilles pour lui permettre de lire sa liste.

-«  Voilà ce que j'apprécie dans l'œuvre. As-tu eu le temps de faire la tienne ou souhaites-tu me faire patienter encore un peu, Dantori-San ? »

Mitsugu espérait qu'elle ait terminé. Elle avait hâte d'en finir... L’activité club du soir  serait plus que salvatrice.

Les yeux de Kazane parcourait la feuille de Dantori avec attention.
Sans grande surprise, elle vit que ses réponses étaient similaires aux siennes... Quoique, il semblait que les deux jeunes femmes ne partageait pas qu'une aversion mutuelle comme point commun.
Prenant une nouvelle feuille, la jeune femme inscrivant les appréciations commune d'un côté et les éléments qui ne revenaient pas dans leurs deux listes de l'autre.

Elle devraient faire un tri mais Mitsugu pensait que garder certains sujets uniques aux deux lycéenne pouvait permettre une perspective de l'œuvre jamais perçue par lune et l'autre... Non pas que Kazane souhaitait vraiment apprendre de Hariaya, mais elle a toujours pensé que l'on pouvait apprendre de tout le monde, même du couteau le moins affûté du tiroir.

Sa camarade d'infortune fit glisser une nouvelle feuille entre elle, en soufflant d'une voix plus audible qu'au début de leur collaboration mais toujours discrète :

-« J’ai commencé à faire ça, on peut rajouter les points que tu as mis pour les réflexions sur la nature humaine en plus dans la partie sur le fond. Mais faudra réussir à les équilibrer. »

D'un geste plus sec qu'elle ne l'aurait voulu, Kazane prit la copie où était inscrit le plan et analysant celui-ci dans un silence froid, les sourcils froncés.

C'était pas mal, il fallait l'avouer mais elle ne pouvait lui rendre sans mot dire.

-« C'est pas mal, cependant le premier point est médiocre. Il serait mieux de d'abord donner un synopsis de l'œuvre ainsi que ses informations de référence tel que l'auteur et son année de parution avant d'expliquer comment nous l'avons connu... Sinon, ton public ne va pas comprendre de quoi tu parles, Dantori-San. »

Elle barra soigneusement le point un et écrivit ses idées. Imposant son idées par la sanction de son stylo à encre bleu mutilant l'écriture de Hariaya posée sur le papier.

-« Étonnement, je n'ai rien à dire sur le point deux et trois, j'apprécie ton effort sur les références à la littérature et l'histoire des îles britanniques.
Cependant, je pense qu'il faudrait aussi que l'on cite quelques défauts... Nulle œuvre est parfaite et nous devrions montrer que nous sommes critiques envers ce que nous lisons... »

La voix de Mitsugu était toujours sèche, presque militaire.
Dans les moments où elle voulait imposer sa manière de faire, on pouvait presque la confondre avec son père qui donnait ses ordres à des recrues peu débrouillardes.
Cela se faisait de manière inconsciente et les amis de la lycéenne resté à Tsushima l'appelait à ces moments-là "maman" ce qui avait le don d'énerver Kazane mais cela avait le mérite de lui servir de garde-fou, l'empêchant de poursuivre sa manière de faire parfois autoritaire.

Une fois ses corrections effectuées, elle remit entre elle le plan et se tourna vers Hariaya, lui faisant face. Elle croisa ses jambes et ses bras sur sa poitrine, adoptant ce que certains appelaient une posture "fermée" et toisa sa camarade de classe du regard.

-« Pour être efficace, nous devrions diviser le travail. Dis-moi, quelles parties souhaites-tu réaliser et je ferais les autres, ensuite nous corrigerons. Je ferais un PowerPoint durant la semaine et je te le soumettrais, ainsi tu pourras ajouter ce que tu souhaites. C'est clair ? »

Kazane savait qu'elle était dure, au plus profond de son être, une petite fille impuissante lui hurlait d'arrêter mais son égo étouffé les paroles de celle-ci.
Cette gamine impuissante face à sa mère, cette esclave qu'elle était, cela la dégoûtait.
Dantori était une projection de cette enfant que Mitsugu était autrefois, mais le rejet de soi s'était traduit en haine contre la petite lycéenne. Cela était toujours inconscient mais la conscience de la jeune femme n’était pas encore totalement éteinte.

Kazane se félicita d'avoir gardé son calme durant 45 minutes. Avoir comme partenaire Dantori n'était pas un cadeau mais au moins, elles avaient pu être efficace dans la préparation du projet.

Maintenant, les deux jeunes femmes pouvaient travailler chacune de leurs côtés, redressant les murs du silence et d'antipathie mutuelle qu'elles avaient érigé entre elle avant cette collaboration forcée.

Kazane retroussa la manche de sa chemise et posa les yeux sur la montre blanche qui cerclait son poignet gauche.
Il restait encore une heure et quinze minutes avant que le cours ne se termine. Avant de replonger dans ses fiches de notes, le regard de la jeune femme vagabonda dans la classe.

Le professeur était tranquillement assis sur sa chaise. Il avait la tête plongée dans une pile de document tout en se balançant lentement sur son siège.
Les autres lycéens de la classe étaient encore en pleines discussions à voix basses, débattant sur les sujets de leurs travaux tout en griffonnant nerveusement sur leurs feuilles.

Mitsugu soupira, au moins, travailler avec cette gnome lui avait permis d'être efficace et de rapidement distribuer le travail...

À ce rythme, la présentation de la semaine suivante serait vite réalisée
Kazane se surprit à penser que si Dantori n'était pas aussi insupportable, elle n'était pas si mal comme co-équipière de projet.

-« C’est clair pour moi, je peux faire la partie 3 et la conclusion, et toi les deux premières parties si ça te va. Je t’envoie tout vite pour que tu fasses le diapo. »

La voix d'Hariaya tira la jeune femme de sa rêverie, celle-ci tourna lentement sa tête vers la petite insulaire qui avait attrapé son téléphone et ajusté l'objectif de l'appareil photo intégré sur la feuille de route.

Une fois son opération terminée, elle fit glisser la feuille vers sa Nemesis.
Kazane lança un regard interrogateur à Dantori tout en demandant dans un murmure si elle ne voulait pas conserver l'objet.

Une fois qu'elle avait répondu, la jeune Mitsugu écrivit une série de chiffre sur un bout de papier qu'elle déchira soigneusement avant de le faire glisser sous les yeux d'Hariaya.

-« Bon, je sais que tu ne vas pas apprécier l'idée, mais voici mon numéro de téléphone. Donne-moi le tien afin que l'on puisse se coordonner pour la semaine prochaine et s'entraider si tu piétines trop...
Donne-moi aussi t'es horaires de disponibilité, que je ne t'envoie pas de SMS dans des moments incongrues, Dantori-San. »

Bien que la lycéenne n'était pas fane de l'idée de donner son numéro de téléphone à sa camarade d'infortune, elle préférait tout de même passer par ce moyen de communication qu'internet.
Des coupures incongrues lui avaient déjà fait perdre des parties multi-joueurs de Halo ou d'autres jeu en ligne... Pour un projet scolaire, la jeune femme favorisait la carte de la sécurité.
De plus, le ton de sa voix laissait entendre qu’Hariaya n’avait pas le choix de toute façon.

-« Tu sais quelle est la marche à suivre de ton côté pour trouver les informations ? »