[Devant la L-1] Imagine que tu oses et tout se passe bien

Pablo sort de la douche et se met en short et débardeur pour aller dans le couloir, son cadeau à la main. Il envoie un message à Seito pour le prévenir qu'il est devant sa chambre, vu l'heure, pour ne pas déranger ses colocs, et tient son cadeau d'une main derrière son dos.

J'suis devant, tu peux sortir vite fait ?

Le SMS étonne Seito qui fronce les sourcils, affalé sur son lit. Il ne prend pas la peine de répondre et se relève aussitôt pour aller ouvrir. Alors qu'il referme la porte derrière lui, il demande :
— Bah alors, pourquoi tu rentres pas comme d'hab' ?
— Vu l'heure, on sait jamais. Y'en a qui s'couchent à l'heure des poules.
Seito rigole.
— Pas moi en tout cas !
Pablo baisse la tête vers son bras caché et la redresse vers Seito.
— Et puis j'ai un truc pour toi.
La suite l'interpelle. Le japonais dévisage l’espagnol.
— Ah bon ? C'est quoi ?
— Tu vas vite le savoir !
Pablo sort de derrière son dos une feuille épaisse, enroulée sur elle-même avec une cordelette autour en guise de ruban. Il le tend à Seito, tout sourire.
— Tiens, cadeau.
Seito affiche un visage surpris alors qu'un rouleau se matérialise devant lui. Il l'attrape avec hésitation, des connexions semblant se faire dans son esprit endiablé.
— Attends... C'est pour le White Day ?
— Ouais... pour te remercier d'être venu l'autre soir et ça malgré le dresscode, dit Pablo en rigolant.
— Oh mais... fallait pas. Tu as déjà fait beaucoup, je mérite pas tout ça. Et c'était normal que j'te suive, malgré la chemise.
Il passe une main embarrassée dans ses cheveux et sourit timidement.
— J'vais devoir rajouter un truc à mon coupon de c'matin.
— Mais non t'as rien à rajouter, t'inquiète...
Le japonais défait la cordelette et déroule le papier. Pablo détourne le regard mais, trop curieux, il finit par dévisager Seito pour attendre sa réaction.
— C'est- C'est moi...
Un ange passe. Après de longues secondes ébahies, Seito relève les yeux sur Pablo.
— C'est toi qui l'a dessiné ?!
Pablo roule des yeux en rigolant.
— Nan, j'l'ai trouvé dans le couloir en revenant du ciné !
— Mais ! C'est trop bien fait ! Tu sais tout dessiner en fait ! Les paysages, les portraits, wow...
Ses yeux bruns s'illuminent soudain d'une révélation.
— Jamais personne m'a dessiné, merci beaucoup Pablo.
— J'suis loin d'être un pro, mais j'me débrouille ouais... Merci. Faut dire, avec tous les cours où j'ai rien foutu, j'ai eu le temps de m'appliquer.
L'espagnol se frotte l'arrière de la tête et sourit en le voyant s'illuminer.
— De rien, à défaut de chocolats, au moins ça tiendra un peu plus sur la durée haha ! Tant mieux si ça te plaît.
— Fais gaffe, j'pourrais manger le papier ! rigole Seito.
Il pose à nouveau un regard attendri sur le dessin et souffle :
— Ça m'plait beaucoup, ouais...
Il a soudain envie de lui donner plus mais après la discussion avec Nolan, il ne sait pas si c'est une bonne idée. Cependant sa langue court-circuite son bon sens et il s'entend demander :
— Je... Je peux te faire un câlin ?
Pablo rigole avec lui et se fait surprendre par la question de Seito. Il cligne des yeux, se demandant s'il a bien entendu et sans que son cerveau ne finisse sa réflexion, il commence à lever les bras, lui disant :
— Viens là.
Seito plonge dans cette mer vert émeraude et se laisse happer par les bras de Pablo. Ses propres bras viennent enserrer son torse. La chaleur qu'il emmagasine brûle ses doutes et il se sent pousser des ailes au point de commenter :
— Peu importe les résultats de demain, on reste ensemble.
Pablo entoure ses bras autour de Seito et pose la tête sur son épaule.
— Plus que tu le crois même, parce que je t'ai pas dit mais... examen réussi ou non... On sera tous les deux en troisième année à la rentrée, alors une chance sur trois d'être dans la même classe.
Les yeux de Seito s'écarquillent de stupeur, a-t-il bien entendu ? Pour s'en assurer, il recule sa tête de quelques centimètres pour confronter Pablo.
— Pour de vrai ?
Il se détache doucement de lui, ses mains glissant le long de son dos. Pablo laisse retomber ses bras et se recule un peu face à la proximité du japonais, rigolant à moitié.
— Ouais 'fin t'excite pas, y'a deux chances sur trois quand même qu'on soit pas dans la même classe ! Mais on verra bien.
— Ouais mais y'a au moins une chance qui existe ! répond joyeusement Seito.
Le redoublement de Pablo ne devrait pas le mettre en joie mais il n'y peut rien, se savoir accompagné d'un ami jusqu'à la fin du lycée le rassure. Un sourire joueur vient étirer ses lèvres.
— Tu sais, t'étais pas obligé de redoubler pour qu'on soit ensemble ? J'aurais aussi pu devenir plus intelligent et sauter une classe.
Pablo lui rend le même sourire et répond :
— C'est moi qui aurait du redoubler, pas toi. Dans tous les cas, on f'ra mieux cette fois !
— Avoue, tu voulais qu'on soit côte à côte à la cérémonie. Mora et Mori, le rinbo et l'outsider.
— J'avoue, j'osais pas l'dire !
Pablo éclate de rire et jette un œil vers sa chambre avant de poursuivre :
— On devrait aller se coucher, j'passe te chercher d'main matin pour aller voir les résultats toute façon ! Nolan nous rejoint en chemin normalement. Allez, bonne nuit mec !
Il lui donne deux petites tapes sur l'épaule et se tourne pour partir. Seito aurait aimé que Pablo reste plus longtemps pour dissiper toute l’anxiété qu'il ressent en cette veille de résultats. Mais il ne proteste pas.
— Ouais, je t'attendrais. A demain ! Essaye de dormir.
Seito lui sourit et alors qu'il regarde l'espagnol traverser le couloir, il chuchote un peu fort :
— Pablo ! Encore merci pour le dessin !
Pablo se retourne en chemin et murmure :
— De rien. Et toi stresse pas trop ce soir, ça va aller d'main je l'sens. Fais d'beaux rêves Mori !
Il lui fait un clin d’œil et fait volte face, les mains dans les poches de son short, pour retourner dans sa chambre. Le papier roulé contre lui, Seito disparaît derrière sa porte. Pablo a sûrement raison, il le sent bien aussi pour demain.


#terminé