[Terminé] Et toi, tu fais quoi ce soir ? | Maya

Qu’est-ce qu’on s’ennuie. Lou regarde chanter un de ses camarades de classe. De première année, comme elle. Déjà, il est moche. En plus, il chante comme un pied. Affalée dans le canapé de la salle de karaoké, elle attend que le temps passe. Mais qu’est-ce qu’on s’ennuie ! Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Lou, elle pensait que ce serait une chouette idée, chanter après les examens, pour laisser tomber la pression. Ce soir, elle ne fait pas son service au restaurant. Alors, pour une fois qu’elle peut se mêler au groupe… Mais le groupe est nul.

En fait, ce qu'elle n'avait pas appréhendé, c’est que la soirée “décompression” a vite tourné en soirée drague. Autant de garçons que de filles. Sans compter qu’ils ne l'intéressent pas vraiment, ces garçons. Y’en a un qui lui tourne autour depuis trop longtemps. Elle ne lui répond même plus. Son verre à la main, elle est à court de limonade. Rien ne va plus.

« J’reviens, j’vais chercher à boire. » Et peut-être à manger, tant qu’à faire.

Elle refuse qu’on l’accompagne. Non, c’est bon, elle peut trouver son chemin comme une grande. Elle sort de la salle, et soupire. Pas possible ça. Un dernier verre de limo, une dernière chanson, et elle se casse !

Ses pieds traînent jusqu’au bar, elle s’accoude et demande, las : « Une ramune, goût fraise, s’il vous plaît. » Elle ferait tout pour sortir de cet enfer.

Et elle, qu’est-ce qu’elle fait là ? Elle se le demande bien, Lou. Tellement qu’elle a l’impression que c’est une petite voix, extérieure, qui le lui demande. Mais elle répond quand même, d’une voix molle, lasse, presque désabusée :

« Je fête la fin de la semaine, je crois. »

Elle n’est vraiment pas certaine de la fêter. C’est tout le contraire. Elle s’ennuie de la fin de la semaine. Lou serait bien mieux dans son restaurant, maintenant, tout de suite. A piquer dans les assiettes froides des clients repus, alors qu’elle ramène la vaisselle à la plonge.

Son ramune prend du temps à arriver. Et la voix dans sa tête continue de parler. Comment ça, des heures de colle ? Mais elle parle de trucs chelous, la voix dans sa tête. Immédiatement, Lou se retourne pour se rendre compte que la voix dans sa tête est complètement tangible. Et sous l’apparence de Maya.

« Oh ! C’est toi ! » Qui d’autre ? « Tu vas pas me croire. » Lou rejoint son pouce et son index pour former un zéro. « J’t’avais dit, en rentrant : il a fermé les yeux. C’était la première fois, je suis nouvelle, et j’ai joué la corde de la pauvre fille qui aide ses parents au restaurant. La corde sensible j'pense ! »

Lou n’est pas d’habitude manipulatrice, mais certains adultes sont plus manipulables que d’autres. Le serveur dépose la limonade sur le bar, et Lou l’attrape. Elle presse le bouchon pour faire tomber la bille dans la boisson.

« En vrai, c’est un fête de m*rde. » Elle hausse les épaules. « On m’a promis un karaoké entre potes, mais je me retrouve dans un blind date hétéro. » Emphase sur hétéro.

“Un fantôme”. Lou roule doucement des yeux vers sa ramune. Ça va ! Ça arrive à tout le monde d'être un peu dans le gaze. Bon, Lou est plus active que passive. Elle préfère le mouvement aux rêveries. Mais même elle, a du temps off.

« J’y penserais, mais je ne sais pas où prendre des bons cours. »

Une gorgée, dans un petit sourire mâlin. En fait, Lou, ne serait pas une très bonne actrice. Le dernier soir, c’est un simple concours de circonstances. Elle n’a pas vraiment eu à mentir. C’était vraiment la première fois. L’adolescente était vraiment désolée, et un peu flippée de la punition. Y’a aussi des surveillants sympathiques, qui préfèrent l’avertissement avant la punition.

« Par contre, maintenant, plus le choix : faut que je rentre avant 22 heures, sinon c’est colle… » Ou rentrer chez ses parents. Elle a encore une chambre dans la maison familiale. Même si elle n’a jamais pris le temps de déménager. Elle dort plus souvent à l’école que chez elle.

« Tu l’as dit, dommage.. » Encore une gorgée, ça file vite la limonade. « Si j’avais compris que j’allais passer deux heures à me faire draguer par un mec collant, j’te promets, j’aurai fait autre chose. Réviser, même.»

Tout laisse à croire que Maya veut filer D’abord, il y a la position de son corps. L’étudiante n’est pas tournée vers Lou. Ses jambes semblent vouloir s’empresser jusqu’à la porte, pour prendre un tout autre chemin que celui du bar. Terrible. Et puis, il y a les mots.

Il y a les mots, surtout.

“Profite pour l’instant”, “Bon courage pour t’amuser dans ta soirée”. Alors que Lou avait lancé la conversation, pour pouvoir passer un peu de temps avec la blonde, celle-ci coupe court aussi vite que possible.

Mais ça ne peut pas se passer comme ça.

Oh non ! Lou s’en fiche pas mal de Maya. Ça pourrait être la blonde, ça pourrait être n’importe qui d’autre. Elle veut juste passer du temps hors de la boîte à musique de l’enfer. Elle a laissé son sac, là bas. Malheureuse. Quitte à devoir rester dans le karaoké, le faire en bonne compagnie. Enfin, en compagnie tout court. D’autre chose que d’un adolescent graveleux.

« Et toi ? » Elle espère que ça coupera Maya. « Tu fais quoi, ici ? » Plutôt que de réviser, pour les examens.

Allez, c’est parti ! Troquons une soirée désagréable par une autre. C’est pas comme si c’était la première à aborder le sujet. Lou ne fait que renvoyer la balle. Elle n’est pas partie dans des délires chelous, elle, quand Maya lui a demandé ce qu’elle foutait au bar ?

En plus, Lou venait en paix. Elle ne demandait que quelques minutes de conversation, rien de plus. C’est fou comme la blonde s’énerve vite.

« C’est bon, j’ai compris, casse toi. »

Elle se retourne, pour continuer de boire sa bouteille de Ramune. De toute manière, elle n’a pas besoin de continuer une discussion avec une blondasse ridicule qui ne sait pas se tenir.

Elle marmonne, avant de prendre une gorgée de limonade. « Et d’où elle parle d’alcool, elle, j’ai rien dit moi… » A vrai dire, Lou n’avait même pas remarqué que Maya avait bu. C’est pas comme si c’était écrit sur son front.

Bon bah résultat des courses : limonade, dernière chanson, récupération de sac, et on rentre réviser.

On joue au jeu du chaud-froid ? Parce que Lou ne sait plus trop sur quel pied danser avec la blonde. Un temps agressive, l’autre temps curieuse, puis de nouveau agressive. Lou est un peu vexée, et alors, elle se retourne, la limonade encore dans la main :

« Parce que ça t’intéresse, maintenant ? »

Son âge, et le contenu de son verre. En plus, elle touche sur un truc qui la frustre. Elle aimerait bien, Lou, être un peu plus grande. Et ce n’est pas qu’une histoire d’alcool. Même si elle est curieuse du goût et des effets, c’est pour tout le reste. Pas être prise pour une gamine, pouvoir parler et qu’on l’écoute. Elle ne veut pas devenir une adulte rangée, dans un bureau, mais elle aimerait être un peu prise au sérieux.

Surtout par des étudiantes comme Maya.

« C’était pas vraiment prévu comme un blind-date, à la base, c’est un plan foireux, c’est tout. » Elle hausse les épaules. Parce qu’après tout, elle préfère parler que de faire la gueule, elle a bien besoin de se décharger un peu. « Ca devait juste être un truc entre potes, j’pensais pas que ça allait tourner romance. »

Le souci, pour Lou. Dans une classe d’adolescents plein d’hormones, on pense d’abord amour, qu’amitié. Et elle a du mal à faire comprendre qu’elle n’est pas intéressée. Pas prête pour faire son coming out, les mecs n’acceptent pas toujours son manque d’intérêt.

Cheloue cette fille. Lou ne la comprend clairement pas. Mais elle ne fait pas la fine bouche. Tant pis pour son égo, elle peut le mettre de côté. Après tout, autant se faire des amies. Ce n’est pas le genre à chercher le conflit pour un oui ou pour un non.

« Franchement, je préfère pas y retourner, non…»

Un détail l’empêche néanmoins de juste partir : son sac est tenu en otage dans cette salle de l’enfer. Il faudrait qu’elle soit discrète, pour le récupérer et fuir. Elle n’a pas envie d’expliquer son départ, ou de se justifier. Oui, elle aurait dû le prendre en allant au bar, mais elle n’a pas réfléchi à ce point à son plan de fuite.

« Mais faut que je récupère mon sac et franchement… Je préfère prendre une petite pause avant de me confronter.»

Elle ne veut pas être méchante, Lou, et ne veut pas juste les recaler. Même gentiment.

« Y’a même pas de meuf qui m’y intéresse, c’est juste des potes…»

Elle se retient de dire “moi je pense pas juste avec mes ovaires”. Mais à quoi ça sert ? A part énerver Maya ? Maintenant qu’elle s’est calmée..

Lou hausse les épaules. Bien sûr que c’est une erreur stratégique. Elle ne compte pas le refaire deux fois. Mais la lycéenne doit se rendre à l’évidence : Maya a raison. Ce qui semble être tout un plat pour elle, ce n’est pas si grave.

Suffit juste d’inventer une petite excuse.

Prendre son sac.

Partir.

« Non, non, je sais que t’as raison…»

Le “Mais” ne sort pas, mais elle le pense très fort. Lou n’a pourtant pas peur de la confrontation, mais elle tient à garder intact son cercle social. C’est même le plus important pour elle. Elle a fort besoin d’amis sur lesquels compter. Même s’ils sont lourds et collants. Même si ce ne sont pas vraiment des amis, et juste des potes. Elle ne supporte pas le silence et la solitude. Donc elle ne veut pas les fâcher.

A la mention de Louise, Lou redresse immédiatement le regard. C’est vrai, qu’il y a Louise. Elle y pense souvent, Lou. Mais elle ne sait pas trop où cette relation va la mener. C’est grisant, les petits mots doux, et les photos attentionnées.

« J’aimerai beaucoup qu’elle vienne… Mais ses parents savent pas que j’existe. Et les miens non plus. Difficile pour organiser un voyage ! »

Ah ! Le coming out… Toute une histoire.

« Un peu ? »

Lou sait que ce n’est pas un “au revoir” qui va la brouiller avec les étudiants de sa classe. Mais c’est un peu plus fort qu’elle. Elle n’est pas prête à se transformer en femme-forte, capable de prioriser ses désirs au reste. Elle a trop peur de se froisser. De perdre des amis. Pas question d’être exclue, mise de côté, pire harcelée !

Alors, oui, elle exagère certainement, ce n’est pas une sortie raccourcie qui amène à ce genre de situation, mais il suffit d’un petit rien. L’effet papillon, elle ne veut pas s’y frotter.

« Oh ? » Lou redresse le regard. « J’avais jamais réfléchi à ça… »

Lou, tellement persuadée par son attirance pour Louise, ne l’a jamais vraiment considérée comme une amie. Et naturellement, elle n’avait pas envisagé la présenter comme tel à ses parents. Elle le pourrait, mais est-ce que ce serait aussi évident ?

Et puis, au fond, elle a peur. Elle n’est pas sûre d’être prête à vraiment être amoureuse. A vraiment passer du temps avec une fille, lui tenir la main, l’embrasser… et même pire ! Les attentes du couple sont un peu flippantes, la distance, ça permet de s’économiser.

« T’as des drôles de solutions quand même. » Elle va pas chercher une fille juste pour remplacer Louise. « Je suis pas en recherche, pour le moment. »

Lou réfléchit comme tel : pour le moment, Louise lui va bien. Pas besoin de plus. Mais le jour où elle tombera amoureuse, elle réfléchira autrement. La séparation avec Louise ne lui fait pas tellement peur. C’est plus simple avec quelqu’un qui ne peut pas venir toquer à ta porte pour te supplier de la reprendre.

« Ouais, y’a son insta, attends. » Lou sort son téléphone de sa poche, et pianote sur l’application. Elle cherche le pseudo de Louise dans la barre de recherche avant de tendre l’appareil à Maya. « Regarde comme elle est belle. » Une petite blonde, aux yeux bleus, l’air innocente.

Mais pourquoi elle parle de lit tout de suite, elle ? Lou n’a que seize ans, elle n’a aucune envie de se presser. Alors, oui, un petit débordement, c’est envisageable, mais l’adolescente en a plus peur qu’autre chose. Elle n’est pas tout à fait prête pour ce genre de pratique. Alors, à l'allusion de Maya, ses joues rougissent immédiatement et elle s’exclame :

« Mais q-quoi ?! De quoi tu parles ! »

Bien sûr qu’elle ne voudrait pas que ses parents la voient dans une telle position. Personne ne voudrait ! Mais bien vite, elle se calme.

« Honnêtement, si déjà je pouvais avoir un premier bisou, je serais contente. »

Lou a déjà smacké des mecs, en soirée, ou plus jeunes. Mais ça ne compte pas. Elle aimerait un vrai baiser d’amour, comme dans les Disney, ou les films de Noël. Un bisou qui compte, auquel elle pensera toute sa vie. Un premier baiser d’une personne importante.

Le regard de Lou se perd sur les photos de Louise. Elle aimerait beaucoup que ce soit elle, son premier baiser. Elle y pense très souvent.

« Oh oui, elle est belle… »

Très belle, trop belle pour elle, même. Lou n’en revient pas d’avoir les faveurs d’une si jolie fille. Lou est très basique, normale, plate, pas sexy. Alors une fille aussi mignonne..

« Je lui en parlerai, peut-être pour cet été ? »

Ce serait bien qu’elles soient encore amoureuses cet été.

Mais, mais ! Bien sûr que Lou sait de quoi Maya parle, mais elle n’a aucune envie de discuter de ça avec une inconnue. A la limite, avec de très bonnes amies, une blague grivoise ou deux, ça peut arriver. Mais davantage… Non ! Non ! Non ! Lou n’est pas prête pour ce genre de discussion.

Et puis, elle est bizarre cette Maya. Elle a eu une vie si trépidante que ça ? C’est si bizarre que ça que Lou n’ait rien fait à seize ans ? C’est jeune, encore, seize ans !

« C’est, compliqué…. »

Quatre mois, deux semaines et cinq jours qu’elles se parlent. Très exactement. Mais ça, Lou ne veut pas le dire à Maya, ce serait trop ridicule.

« On a jamais statué qu’on était en couple, mais c’est tout comme. »

Lou est une femme moderne, elle n’a pas besoin de plein d’étiquettes et de labels ! Elle vit au jour le jour. En espérant que Louise n'entretient aucune autre relation à côté.

C’est dur à entendre.

Terriblement.

« Oui, je sais.. »

Le cœur de Lou se serre aux quelques mots de Maya. Pourtant, elle y a déjà pensé, des centaines de fois. Elle le sait bien, plus leur relation est floue, et plus Louise est libre. Libre de penser ce qu’elle veut de Lou. Libre de ne pas la considérer comme sa petite amie.

Mais Lou en joue, aussi. A à peine seize ans, elle a peur de l’engagement. Être ensemble, ça ne veut pas rien dire. Alors, dans ce statu quo, elle a l’impression de pouvoir fuir si tout devient trop compliqué. Juste ne plus répondre.

C’est le souci de leur relation. De loin. Basée sur quelques messages. Rien de profond, même. Beaucoup de banalités et d’échanges de photographies.

En fait, Lou n’est pas sûre d’être amoureuse. Elle est peut-être juste possessive.

« Mais, faut être amoureuses, pour se mettre en couple, non ? »

Et comment en être sûre ?

« Toi, t’as peut être plus d’expérience. Comment on sait qu’on aime ? »

Lou hausse les épaules. Pourquoi se mettre en couple si on ne s’aime pas ? C’est absurde. Le couple, c’est un concept un peu effrayant. Il faudrait pouvoir, à toute épreuve, supporter une personne et ce, dans la durée. Bien sûr, si c’est plus possible, il y a toujours la carte rupture… Mais ce n’est pas toujours aussi simple à faire.

Pas question de se mettre en couple sans être certaine que c’est pour de bon. Et Louise, c’est assez difficile de l’envisager comme “la bonne”. La distance est assez handicapante.

« Je sais pas… » Lou regarde dans le vide. « Je sais vraiment pas si je l’aime… »

Elle apprécie de lui parler. Souvent, quand elle voit un couple dans les films, elle pense à Louise. Et puis, quand elle doit parler de son type de meuf, elle la décrit. Blonde, yeux bleus, visage européen.

Elle aime bien les européennes. L’accent, aussi. C’est charmant.

« T’es amoureuse de quelqu’un, toi ? »

Après tout, Maya est curieuse, pourquoi Lou ne le serait pas ?

Comme si elle pouvait la séduire ! D'une : Maya devrait apprendre le français. Et si elle ne comprend même pas le mot « gourmet », elle n'est clairement pas avancée. De deux : il faudrait que Louise se laisse charmer. Et peut-être que Lou se trompe, mais la jeune française ne semble pas attirée par les filles aussi âgées ! Malgré sa bouille d'ange et sa petite taille, Maya est quand même une adulte. Et les adultes, c'est tout aussi attirant que effrayant. Lou en connaît, des filles de son âge qui sortent avec des mecs de l'Université. Mais elles leur doivent des trucs bizarres... Que Lou ne veut même pas imaginer.

« Vas-y, j'ai confiance en elle ! »

Bon, Lou aurait certainement un tout autre discours dans une toute autre situation. Elle n'a pas confiance en les camarades françaises de Louise, par exemple. Suffirait qu'une pas très hétéro se rende compte que Louise ne l'est pas non plus... Et Lou la perdrait. C'est sûr.

Mais c'est le jeu de la vie.

Lou, ce n'est pas une jalouse. Du moins, elle ne le pense pas. Cette situation est trop particulière pour faire preuve de jalousie, de toute manière. C'est pas comme si c'était la femme de sa vie. C'est pas comme si elle pouvait y faire quoi que ce soit. Trop de kilomètres les sépare.

Et puis, même si elles étaient à côté l'une de l'autre, Lou ne serait certainement pas jalouse. A quoi bon ? A part à s'empoisonner la vie ?

« Tu lui as demandé ? »

Autant être fixée. Aimer, aussi fort, dans le vide, c'est dur. Plus le temps passe, et plus Maya va se blesser. Si elle est amoureuse, autant prendre le taureau par les cornes, non ? Qu'est-ce qui pourrait se passer de mal ? Lou est encore bien innocente, et a du chemin à parcourir avant de comprendre toutes les joyeusetés des relations amoureuses.

Maya semble presque perdre de sa superbe. Alors quoi ? Elle ne réagit même pas ?! C’est étonnant. Pourtant elle a pris toutes les perches tendues jusque là. Mais elle ne pique pas, elle abandonne juste. Est-ce qu’elle est déçue de la réaction de Lou ? Elle s’attendait à voir plus d’énervement ? Ou alors, est-ce qu’elle se rend compte qu'il est possible d’aimer sans être complètement jalouse ?

Ou bien, c’est juste que la discussion tourne vinaigre.

« Ah… Oh. » Difficile de répondre à ça. « Comment ça, ambigüe ? » Lou a du mal à bien comprendre. Comment ça s’est passé ? Est-ce qu’elle a dit “je t’aime, mais c’est impossible”. Le Japon est un pays assez traditionnel, et c’est pas toujours simple de sortir du placard.

« Je… J’ai jamais vraiment vécu la France, tu sais. » Du moins, à huit ans, elle n’a pas eu à vivre la discrimination et l’homophobie. « Mais de ce que je sais, c’est un peu plus facile d’être homosexuel en France. C’est pas toujours accepté, évidemment, y’a des familles traditionnelles, mais je crois que c’est plus simple qu’au Japon. »

Pourtant, Lou a une toute autre expérience.

« Louise, par exemple, elle s’est pas outée à ses parents. Ils sont très attachés aux traditions française. Louise pense que sa mère ne supporterait pas le fait de ne pas avoir de petit enfant biologique..»

Au moins, elle pourrait se marier légalement.