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Pablo K. Mora
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Dim 4 Déc 2022 - 23:12
Si l'on attend rien, tout devient une surprise.

Flashback - le 4 novembre 2017, en début d'après-midi.

J'ai eu une idée en tête et j'ai pas attendu longtemps avant d'aller trouver Nolan pour lui en parler. Quii de mieux que le "Rinbo" de Seito (peu importe ce que voulait dire ce surnom qu'ils se donnaient) pour m' aider vu que ça concerne justement le japonais ? J'pouvais pas mieux choisir comme co-équipier, parce que les idées se sont enchainées. Premier arrêt, le jour même après le repas. Histoire d'être discrets, on s'est rejoint dans le centre-ville. Y'a pas mal de boutiques, mais ce qui court pas les rues, c'est les p*tains de patisseries. Au bout d'un bon quart d'heures de recherche, j'suis entré dans celle qui se trouvait tout près, bien déter' à trouver le best gâteau... dans nos moyens.

- Bonjour !

Le boulanger doit être dans l'arrière-boutique parce qu'on le voit pas, alors j'en profite inspecter toute la vitrine dispo. Y'a des tonnes de petites patisseries, mais les gateaux... c'est autre chose. C'est cool hein, les gros gateaux moelleux au fromage frais là, mais c'est pas ça que j'voulais ! J'me retourne vers Nolan en pestant.

- Joder, y'a pas des VRAIS gateaux ?!
- Au pire on va dans une pâtisserie plus occidentale.
- C'est à j'sais pas combien de temps d'ici et ça va être méga cher ! Nan, j'suis sur que ce monsieur là peut faire un gâteau ! Regarde, il a bien des pâtisseries avec des fraises !
-Ca va coûter aussi cher de faire un gâteau qu'est pas à la carte mec !

Nolan rigole, mais j'reste déterminé, surement pour ça qu'il rigole de plus belle d'ailleurs. C'est à ce moment précis que revient le boulanger, le sourcil levé et amusé.

- Monsieur, faire un gâteau un peu sur commande c'est possible ?
- Avec des fraises, comme ça là !

J'pointe aussitôt du doigt avec entrain les pâtisseries en question, ce qui ressemble le plus à ce que j'ai en tête, avant d'expliquer au mec pour être sur que ça passe. Mais ce qui risque de moins passer, c'est le prix qu'ça va nous couter. J'plonge les mains dans mes poches aussitôt pour chercher mes billets. Travailler au konbini, ça a fini par payer ! Très peu, vu que c'est au black, mais j'ai pu garder un peu de côté pour acheter le cadeau la semaine dernière, à voir si il me reste assez...

-Eh bien.. Oui c'est possible mais ça va prendre un peu de temps nous avons des commandes avant. Il vous le faut pour quand ?
- Oh, c'est pour dans une semaine, le 10. On peut passer commande ?
-Bien sûr !
- Fiou, au moins le délai c'est bon ! Merci M'sieur !

Le boulanger s'en va prendre note et j'me retourne vers Nolan, en parlant tout bas, à moitié inquiet.

- On avait dit qu'on fait moit-moit pour payer, j'peux mettre euuuh...
- Si t'as pas la moitié c'est pas grave t'inquiète ! On va dépasser le budget gâteau prévu.
- Ouais mais si on dépasse, on pourra pas prendre la déco !

J'me mords la lèvre et finit de compter les billets, avant d'annoncer :

- Ok, j'ai 2200 yens pour la moitié du gâteau. Si tu mets autant, tu crois qu'ça passe ?
- Ouais j'pense !

On tourne la tête en même temps vers le boulanger, comme pour lui demander confirmation et j'crois que j'ai jamais eu l'air autant desespéré pour réussir un truc. Le mec a du le capter, parce qu'il a rigolé en voyant nos têtes et nous a tout de suite rassuré. Il nous donne le prix et miracle, ça rentre dans le budget. 4360 yens, il nous reste même un p'tit reste.

- Fiou... Ca, c'est réglé ! Merci m'sieur, il va être content !

J'suis sur qu'Mori va apprécier, j'espère en tout cas. J'me tourne vers Nolan et lui donne un ptit coup dans le bras, l'esprit bien plus léger maintenant que la question du gâteau est réglée :

- Tu vois, budget nickel au final !

Tout sourire, on sort de la boulangerie avec notre ticket. J'le range en faisant gaffe à ce que ça puisse pas tomber, et on retourne prendre le bus pour rentrer. Le long du trajet, on en profite pour discuter du reste du plan. C'est qu'il y a encore des choses à préparer !



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Dim 4 Déc 2022 - 23:12

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SI L'ON ATTEND RIEN, TOUT DEVIENT UNE SURPRISE

Feat Rinbo & Pablolito


Dimanche 5 novembre 2017 - Chambre de Nolan

C’est une vrai opération de préparer tout ça en devant le cacher à Seito ! Toute la semaine prochaine je vais devoir lui parler comme si de rien n’était, au secours ! On est dans ma chambre avec Pablo en train de voir la suite maintenant qu’on est ok pour le gâteau. Si ça ne tenait qu’à moi il y aurait eu budget illimité mais bon, j’ai appris que montrer qu’on peut payer peut mettre mal à l’aise. Il tenait à ce qu’on participe à part égale et j’peux bien comprendre. Il manque maintenant une étape importante.

« Bon ! Faut qu'on voit la déco ! Hmm des ballons ? Il aime bien le bleu et le violet de ce que j'ai remarqué. T'as d'autres idées ? »

« Ah ouais cool ça ! en plus si tu sais les couleurs, c'est encore mieux ! Hmm... qu'est-ce qu'on peut prendre d'autre ? Des bougies pour le gâteau ?! AH JE SAIS ! Celle qui se rallument quand on souffle dessus, pour l'embêter héhé ! »

Son idée me fait rire, il y en a pas un pour rattraper l’autre !

« T'aime vraiment l'emmerder ! Déjà qu'il va être super gêné le connaissant ! Mais allez on prends ça ! Et une banderole aussi nan ? »

« Oooh ça va, c'est pas méchant mais pour le taquiner ! Pablo rigole et continue. Ah ouais, bonne idée la banderole ! Un truc bien cool qu'il ratera pas en entrant dans la pièce ! Et on prend combien de ballons ? Quelques-uns ou on recouvre le sol ? J'ai du souffle, mais quand même ! »

Je réfléchis... Si on en met pas beaucoup ça fera vide. Autant le choquer jusqu’au bout.

« Allez on fait ça bien, il en faut plein partout ! Moi aussi j'ai du souffle ! Tellement hâte de voir sa tête ! »

« Bon ok, deal pour les ballons partout ! Pablo sort son téléphone pour regarder quand ça tombe. J'pense j'viendrai en gonfler le midi, j'prendrai un sandwich ! Ca t'dit ? »

« Ouais on peut commencer le midi ! Mais en fait, j'irai pas à mon club comme ça je m'occupe du gros des ballons, aller chercher le gâteau et tout ! »

« T'es sur, ça t'dérange pas ? J'suis obligé d'aller au foot ce jour là, on a préparé un p’tit truc avec les gars dans les vestiaires, il va être bien surpris ! On va faire ça en sortant de l'entraînement. Mais j'peux faire finir tout le monde un peu plus tôt par contre ! »

« Nan t'inquiète ! Je peux bien rater le club pour son anniversaire ! Ah ouais ? Trop bien, c'est quoi ?! »

J’suis excité comme si c’était une énorme fête ! On va être que tous les trois mais je sais que ce sera un grand moment pour mon Rinbo et que dans sa tête ce sera comme si on était cinquante. Ca donne encore plus envie de tout organiser.

« Attend, j'vais t'expliquer ! Pablo me détaille tout, tout fier, puis me demande : Tu veux nous rejoindre à ce moment là ? Comme ça on file à trois dans la chambre juste après ! »

Son idée est géniale ! Pas question que je rate ça !

« Ouais j'vais venir ! »

« Impec ! En tout cas, j'te revaudrai ça pour ta séance club, j'sais que c'est important aussi pour toi le sport alors j't'en dois une ! »

Je souris et lui cogne gentiment la cuisse. Rater deux heures d’athlétisme, je ne vais pas mentir, ça tiraille une petite voix dans ma tête. Cette voix destructrice qui me crie comme je prendrai du retard, mais là, j’ai une excellente raison de la faire taire ! Il ne faut pas que j’y pense, voilà tout. Ca va le faire...

« Mais tu me dois rien du tout, c'est normal pour le Rinbo ! »

La semaine passe et avec Pablo on s’assure que tout se passe comme prévu. J’ai dû parfois réfléchir à ce que je disais à Seito pour ne pas fourcher, c’était dur purée ! Mais c’est bon, le secret est bien gardé. Plutôt facile puisque Rinbo fait comme si ce n’était pas bientôt son anniversaire. Celui-là je vous jure.

La veille, on va chercher le gâteau avec Pablo, il est super beau ! On a bien fait de passer commande chez eux. J’espère qu’il est tout aussi bon et que Seito va l’aimer.

Vendredi 10 novembre 2017

C’est aujourd’huiiiii ! J’ia le trac comme si je passais un examen ! Comme prévu, on a gonflé un peu de ballons sur la pause de midi puis j’ai profité des heures de club pour continuer à gonfler ceux qui manquaient. Heureusement que j’ai du souffle grâce au sport parce que purée, j’ai mal aux joues ! Bon, plus qu’à aller cherche le gâteau en cuisine. Le personnel a bien voulu qu’on le range dans leur frigo pour être sûr que personne n’y touche et c’est vraiment super gentil.

Le gâteau est installé, merci à ceux de la chambre de Pablo. Je dois rejoindre l’équipe de foot dans les vestiaires pour la suite. Je me dépêche. Comme Seito ne se douche pas s’il y a du monde, je me montre une fois sûr qu’il est dans les douches pour ne pas être cramé et attend dans le couloir. J’échange un regard avec Pablo, on est comme des gosses ! On a aussi l’air un peu bizarre de guetter, à attendre qu’il ait fini mais bref !


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Dim 4 Déc 2022 - 23:13
Si l'on attend rien, tout devient une surprise.

Vendredi 10 novembre 2017, fin d'entrainement du club de football.

Les gars ont du le remarquer, la séance a été un peu plus chill aujourd'hui. En même temps, j'ai 150 questions qui me tournent en tête et ça m'occupe l'esprit, au lieu de les faire des exercices plus compliqué. Est-ce que Nolan a eu le temps de finir de gonfler les ballons ? Est-ce que ça rend aussi bien que ce qu'on espérait ? Est-ce que la banderole va tenir jusqu'à notre arrivé ? Est-ce que les cadeaux vont lui plaire ? Est-ce qu'il aime toujours les fraises ? Ouais, j'ai pas dit que toutes les questions étaient censées non plus. Mais là, y'a surtout une question qui me trigger. Est-ce que les gars ont retenus le plan pour aujourd'hui ? C'st ce qu'on va vite vérifier. Je siffle la fin de l'entrainement et fais signe aux gars de se rapprocher :

- Merci les gars, vous vous êtes bien dépensé aujourd'hui, allez vous laver ! Par contre, personne ne sort des vestiaires sans mon accord, pigé ? Vous prenez votre douche et vous attendez dans le vestiaire ! J'ai un truc à vous annoncer.

Je les laisse partir, aucun d'eux ne sourcille alors ça me rassure. Y'a juste Seito qui a l'air de se poser des questions et, comme toute la semaine, c'est difficile de tenir ma langue alors j'évite de trop parler ! J'lui donne une tape sur l'épaule et lui dit en le prenant à part :

- Hé, y'aurait moyen que tu t'prépare ici juste aujourd'hui steuplait ? Passe après les gars, t'inquiète, tu seras tranquille.

J'attends pas et j'file aussitôt dans la douche dès qu'il confirme, histoire d'être l'un des premiers à sortir. Au passage, j'vois Nolan passer comme un filou dans le vestiaire pour me faire signe et j'souris, fier de notre plan ! J'me lave en quatrième vitesse, mais bien quand même pour être propre hein, faut pas déconner. Je récupère mon sac et sors dans le couloir, le pose par terre et m'adosse au mur. Les gars sortent petit à petit, j'discute vite fait avec Nolan et quand les derniers arrivent, Seito compris, j'tape dans mes mains trois fois pour attirer leur attention, ce qui leur donne le signal pour se mettre en position.

- Mori, c'est pour toi !

Yulian, ce cher pote, gère la musique en maitre comme prévu il y a deux semaines quand j'ai prévenu toute l'équipe, sauf Seito évidemment. Une partie des gars font la choré avec moi, les autres sont tout autour prêt à sauter et chanter. Les premières notes de "Joyeux anniversaire" remixé résonnent dans le téléphone de Yulian et nous, on commence à bouger. On agite les bras, on remue des jambes, on chante évidemment, et tout à la fin, on frappe tous ensemble dans nos mains pour lui souhaiter son anniversaire, toute l'équipe et Nolan en prime, qui vient se caler avec moi au milieu du troupeau, face à Seito, sur une pause de fin des plus fabuleuses !

De 00:35 à 01:35




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Lun 5 Déc 2022 - 21:03
VENDREDI 10 NOVEMBRE 2017



Le rouge pivoine est une couleur qui lui sied bien. Surtout que la pivoine a une signification particulièrement adéquate dans cette situation. Quelle situation ? Et bien celle où Seito se retrouve au centre de toutes les attentions, au milieu d'une choré de footballeurs amateurs menée par un espagnol fabuleux et son acolyte français tout aussi fabuleux et super-héros à ses heures perdues.

Rien que ça !

Pour commencer, le nom chinois de la pivoine signifie la plus belle. Et bien qu'il n'ait jamais eu la prétention de se sentir beau, là, tout de suite, maintenant, il se sent passablement intéressant. Ce qui est un niveau au-dessus de l'invisibilité totale dans laquelle il croyait joyeusement évoluer. Car soudain, il réalise que les personnes qu'il a eu tant de mal à appeler amis sont véritablement ses amis. Ce qui est idiot, il le sait bien, mais la découverte est de taille. C'en est presque absurde d'avoir attendu une démonstration de ce genre pour en prendre pleinement conscience. Comme si toutes les petites attentions précédentes, bien que répertoriées, n'avaient été que des petits cailloux semés sur un chemin plus vaste dont il ne connaissait pas la destination.

Poursuivant sur la pivoine rouge, il est important de retenir les deux symboliques qu'elle représente : l'honneur et le respect. Le mot est fort, il en a conscience mais c'est un honneur d'être leur ami et du respect pour ce qu'il leur donne à supporter. Ils ne le savent pas. Seito n'est pas très expansif sur ses sentiments. Pourtant, plus les jours passent, plus il se sent chanceux de les avoir rencontré. A croire que sa bonne étoile l'avait guidé vers cette expulsion pour qu'il croise enfin la route des personnes qui changeraient son regard sur la vie. Pareil, cela paraît exagéré. Il ne devrait pas être à plaindre. Il a un toit, il est en bonne santé. Sauf que dans sa tête, sa vie était ratée. Songer à l'inévitable avait représenté un lot de consolation bienvenu à mesure qu'il s'enfonçait dans la noirceur d'une existence sans amour.

Ce qui nous amène au cœur même de la pivoine rouge, la clé de voûte de la pigmentation de ses joues, j'ai nommé l'amour. Les marques d'affection ont été succinctes. Six ans qu'il les repousse. Pire, qu'il crache sur ses démonstrations inutiles dont la fausseté l’écœure. A s'emmurer dans un silence réconfortant plutôt que s'ouvrir aux autres. Il se fichait des regards, des moqueries, des quand-dira-t-on. Pour être honnête, il ne les voyait plus. Tout à son objectif, Seito avait occulté la vie et ce qu'elle a de plus beau à offrir. L'humain. Les relations humaines. De petits riens à pas grand-chose, qui se transforment en petits liens et métamorphose. L'évidence le frappe de plein fouet. Il est vivant et il aime la direction qu'a pris sa vie.

Sa gorge se noue. Il a les larmes aux yeux mais rien ne sort. Deux billes rondes les dévisagent un à un. Il entrouvre les lèvres, les referme.

« Vous êtes des oufs. » est la première chose qu'il parvient à dire.

Puis il baisse la tête, au comble de l'embarras, et glisse ses doigts dans ses cheveux, recouvrant partiellement son œil gauche de nombreuses mèches brunes.

« Merci beaucoup. Ça a dû vous prendre mille ans d'apprendre cette choré en plus. Tout ça pour moi quoi, vous êtes vraiment oufs. Je- franchement bravo, c'était bien. Genre vraiment bien. P*tain, j'sais pas quoi dire. Ca m'gêne trop en vrai, fallait pas. Merci. »

Bien qu'intimidé, un sourire idiot se colle en bas de son visage. Il ne sait pas où se mettre. Toutes les issues sont bloquées par ses camarades. Mais à bien y réfléchir, il n'est pas certain de vouloir s'enfuir. Au-delà de la surprise et de la confusion, un sentiment de joie fait battre son cœur bruyamment. Il le sent cogner fort contre sa poitrine. Ce n'est pas douloureux. Au contraire. La sensation est grisante. Ses joues ne décolorent pas.

« Vous préparez ça depuis combien d'temps ? » Effaré par la réponse, il réitère son incrédulité : « Vous êtes vraiment des oufs. Fallait vraiment pas. »

Et soudain il comprend tout. Le comportement suspect des deux loustics le midi, l'éloignement de Pablo durant la semaine, la demande bizarre de perturber ses habitudes pudiques dans le vestiaire. Ils avaient de la chance qu'il n'ait jamais remis en doute le moindre de leurs bobards. Nolan avait prétexté devoir rejoindre sa cousine pour une raison inconnue et Pablo avait sorti la carte de l'énième rencard. Avec qui, Dieu seul savait. Même si leurs excuses pour l'abandonner même pas vingt minutes après s'être mis à table semblaient crédibles, Seito s'était senti étonnamment seul dans la cantine. N'allez pas croire qu'il attendait qu'on lui souhaite un joyeux anniversaire. Nolan devait être au courant mais ce n'était pas bien grave que ce dernier ne s'en souvienne pas. Rester dans l'ombre lui convenait. Surtout que depuis la réception du SMS de ses parents en début de semaine, il éprouvait des difficultés à se concentrer. La peur de se faire démonter pour son anniversaire le rendait malade et il voyait dans cet oubli une bénédiction.

« J'comprends mieux pourquoi vous étiez bizarres tous les deux. » fait-il remarquer à Pablo et Nolan. « Il était bien ton rencard Pablo ? Oh et ta cousine, elle a apprécié ton aide Nolan ? »

Le lycéen pardonne leurs mensonges instantanément en rigolant de leurs bêtises. Puis il se remet au centre de la pièce et s'incline pour les remercier solennellement. S'opère alors une dispersion des troupes tandis qu'il retourne auprès de ses deux amis.

« J'ai cru que j'allais crever. Quand t'as dit Mori c'est pour toi, j'étais là en mode : Hein, quoi ? Pour moi quoi ? Jamais j'aurais pensé que vous alliez vous mettre à danser. Même Yulian qui lance la musique, ce fourbe ! Vous êtes trop gentils mais vraiment vous auriez pas dû. Je mérite pas tout ça. Merci les gars. D'ailleurs, qui c'est qu'a choisi ce remix chelou. Oh et Pablo, c'est toi qu'a inventé la choré ? »

Entre temps, Seito finit de se sécher les cheveux en frottant vigoureusement la serviette sur son crâne puis il fourre le tout dans son sac et le balance sur son épaule. Ses yeux pétillent de malice alors qu'il leur balance, taquin :

« Maintenant que vous vous êtes bien marrés, j'peux aller m'écrouler sur mon lit ou vous allez m'inventer que y'a des aliens qui m'attendent dans ma chambre et qu'à cause de ça je suis obligé d'aller dans la vôtre ? »




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Dim 8 Jan 2023 - 22:55

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SI L'ON ATTEND RIEN, TOUT DEVIENT UNE SURPRISE

Feat Rinbo & Pablolito


La musique se lance devant Seito qui ne sait plus où se mettre. Bien sûr la chorégraphie est assez simple pour qu’on ait le temps d’apprendre un truc propre et synchronisé, mais je suis trop content qu’on y arrive et surtout de l’effet que ça produit ! Ca, il s’y attendait pas c’est clair ! Moi aussi je suis tout ému en voyant sa tête, lui doit penser qu’il ne mérite pas autant d’attention. Il fallait bien qu’on lui fasse une piqûre de rappel !

« Eheh j’suis trop content que t’ai aimé ! Eeet, un peu plus d’une semaine, en cachette. »

C’est là que mon Rinbo réalise la raison de notre comportement un peu bizarre ce midi. J’éclate de rire et plaide coupable. Par contre, il va prendre une tape sur la tête le Rinbo s’il continue à dire qu’il ne le mérite pas.

« C’était tellement dur de tenir le secret t’imagine même pas ! Et bien sûr que tu mérites, ce qui faut pas entendre ! Le remix on l’a trouvé ensemble, on s’est bien marré et la choré, dis merci à Pablo ! »

Même si je me débrouille en danse pour ce qui est de bouger en rythme, imaginer une chorégraphie n’est clairement pas mon domaine. Ah Rinbo... Sa perspicacité m’étonnera toujours, si proche et si loin de la vérité à la fois.

« Nan t’inquiète, on s’est dit que tu aurais déjà du mal à réaliser que t’as pas rêvé avec la danse ! Mais j’fais le chemin avec vous jusqu’au dortoir avant d’aller au mien. »

Histoire de discuter, en toute innocence, sans aucune idée derrière la tête. J’échange un discret regard avec Pablo et on se met en route. Arrivés devant la porte de Pablo, le plan se met en marche. Zut alors, qu’est-il arrivé à sa porte pour qu’elle refuse de s’ouvrir ?!

« C’est chelou, y’a p’têt un truc derrière, fait voir. »

Pas moyen de l’ouvrir quel dommage !

« Bon, on l’a défonce à trois ? »

C’est ce qu’on fait et Seito peut admirer la chambre dont le sol est recouvert de ballons bleu et violet et la banderole avec écrit dessus «BON ANNIVERSAIRE» qui pend au milieu. Et puis surtout, le gâteau ! J’ai hâte de voir sa réaction.




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Dim 29 Jan 2023 - 17:45
Si l'on attend rien, tout devient une surprise.


La réacton de Mori est priceless. J’me doutais que ça le surprendrait mais là, c’est à un autre niveau ! J’m’avance et j’donne une p’tite tape de la main sur son épaule avant d’rigoler :

- De rien Mori, content qu’ça t’plaise ! Les gars se sont donnés à fond, et j’ai à peine suggéré qques tours de terrains si ils se dégonflaient, rien de plus !

Bah quoi, c’est pas rien ! Ils ont donné du leur, et y’a pas eu besoin de vraiment les menacer en vrai ! Quelques mots, un sourire en coin et un regard confiant, rien de plus. Et non, j’men veux pas, parce que Mori est content et c’est ça qui compte. J’aurais le seum sinon vu les efforts que j’y ai mis. Quand il mentionne nos excuses bidons de ce midi, j’éclate de rire et donne un coup de coup complice à Nolan.

- SUPER et haut en couleurs, crois-moi.

J’avoue, quand il s’éparpille sur sa réaction et tout, j’peux pas cacher la p’tite fierté quand Nolan lui répond, j’souris même de plus belle, et de toute mes dents ! C’est vrai qu’Seito m’a déjà vu danser un peu à la salle d’arcade avec les bros de Tokyo, mais j’suis sûr qu’il se doutait pas, ni Nolan d’ailleurs, que j’avais ça dans le sang. Et pas juste pour les jeux d’arcade !

- Hé ouais, vous connaissez pas la moitié d’mes talents les gars ! Bon allez, on rentre avant que tu nous clamse dans les bras. Tu vas quand même pas pleurer, hein ?

J’ricane en le bousculant un peu pour rigoler et on se met en route. Quand on arrive dans le couloir, j’lance un ptit regard en coin à Nolan avant de faire un signe de tête. Phase 2 du plan : activée. J’essaie d’ouvrir ma porte et fait genre de galérer quelques secondes, avant de ronchonner en espagnol. J’fais semblant de forcer un peu plus et m’exclame :

- ¡Joder! C’est pas possible ça !

Nolan arrive aussitôt pour m’aider et j’me retiens de sourire, en fronçant les sourcils pour continuer à ronchonner. Seito a l’air curieux, j’dirai pas inquiet, mais ptete. Ce serait con quand même d’être coincé hors de sa chambre en vrai haha. J’me garde ça comme excuse pour les prochains devoirs que j’ferai pas !

- Ouais bah si Lloyd a bloqué la porte, j’lui fait la tête au carré… Allez vas-y, a trois on force. 1… 2… 3 !  

On ouvre la porte à la volée et j’mexclame aussitôt pour attirer l’attention de Mori :

- Oh p*tain, j’y crois pas. Mate-ça !  

Vu sa réaction pour la danse, j’crois que là, on va le perdre complet ! Dès qu’il s’approche j’me met à coté et j’passe un bras autour de ses épaules pour le tenir, comme ça j’suis sûr qu’il clamsera pas. Faut avouer, avec Nolan, on a géré !

-  Joyeux anniversaire mec !  



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Dim 29 Jan 2023 - 22:34
VENDREDI 10 NOVEMBRE 2017



Pleurer ? Pablo a devant lui un homme, un vrai. Dix-huit ans aujourd'hui. Et pourtant, s'il devait compter le nombre de chagrins qu'il a essuyé, il n'aurait pas assez de doigts. Ses joues ont les traces indélébiles d'une peine écrasante qu'aucun de ses amis ne soupçonne. Quant à ses lèvres, le sel en a gercé les contours. Si ses yeux sont brillants, c'est un effet d'optique. Un grain de poussière dans le regard qu'ils s'échangent. Seito hoche la tête négativement, ses cheveux caressant son front mollement. Puis il acquiesce à la proposition de Nolan et se laisse gentiment accompagné vers sa chambre. Le trajet lui semble ridiculement court. La faute à sa fébrilité. Ce n'est qu'une danse, ce n'est qu'un anniversaire, ce n'est qu'un an de plus, ce ne devrait être qu'une attention parmi tant d'autres. En aucun cas l'unique pierre lancée au beau milieu de l'étang.

La chambre de Pablo est le premier arrêt. Seito s'apprête à leur souhaiter une bonne sieste lorsqu'un incident hors du commun attire son attention. La porte ne s'ouvre pas. Il fronce les sourcils.

« Y s'passe quoi ? » demande-t-il avec curiosité.

Le japonais se hausse sur la pointe des pieds, essayant d'entrevoir le problème entre les épaules des deux garçons mais un bref aperçu de la serrure ne lui révèle aucune déficience. Circonspect, il s'étonne de la remarque de l'espagnol.

« Pourquoi il aurait fait ça ? »

Mais sa question restera sans réponse car on requiert son assistance pour enfoncer des portes ouvertes. Ce qu'il a tendance à faire naturellement mais jamais au pied de la lettre. Sa main seule se pose sur le battant de la porte et il se laisse emporter par l'énergie décuplée de ces deux acolytes. Le bois claque contre le mur, Seito manque de s'éclater au sol mais parvient à consolider ses appuis après quelques pas hasardeux. Jusqu'à ce que son regard se pose sur le gâteau qui trône au centre de la pièce. La banderole qui pend au-dessus. Les ballons bleus et violets qui recouvrent l'intégralité du sol.

Un silence de mort s'abat sur la pièce.

Ses yeux s'écarquillent de stupeur, son cœur accuse le crescendo. Les bras toujours dans les airs pour retenir sa chute s'abaissent lentement jusqu'à pendre sans but le long de son corps. Le contact l'essouffle, les souhaits renouvelés d'un joyeux anniversaire le désarçonnent. Soudain il n'a plus d'accroches tangibles à son existence. Entre ses doigts, la réalité se délite. La pierre étire la surface de l'eau. Vibre fortement. En résulte de nombreux frissons que ce contact prolongé suscite, que ses sentiments exacerbés induisent.

Cristal aux multiples facettes, il oscille dangereusement.

Sa première pensée est absconse. Rongée par l'incrédulité, elle lui suggère une constatation simple. Tes amis tiennent vraiment à toi. Simple mais diablement touchante. Ils se sont tous les deux souvenus de la date de son anniversaire. Cela aurait dû suffire. Amplement. Mais ils avaient jugé important d'organiser non pas une mais deux surprises. S'il avait été un Pokémon sauvage, il aurait été capturé dès le premier jet de Pokéball. Mais n'étant qu'un Seito aphone, il ne peut qu'admirer cet étalage de bienveillance avec des yeux de biche effarouchée.

Les ridules creusent de leurs sillons concentriques le plan d'eau immobile.

Seito a fermé toutes les routes faciles menant à lui, sans s'apercevoir qu'il demeurait pour autant atteignable. La seule contrainte était de parcourir ce kilomètre supplémentaire. Une tâche fastidieuse, qu'aucun n'avait jusqu'alors accompli, et voici qu'ils étaient deux coureurs chevronnés à avoir franchi cette ligne d'arrivée invisible. Il se tenait juste derrière, éternellement solitaire, et les avait accueilli inévitablement dérouté. L'air se raréfie dans ses poumons. Toutes ces attentions, comme autant de pièces d'or, l'aveuglent et ses paupières se referment.

Ses épaules s'affaissent, abaissant la herse sur son corps devenu trésor inestimable.

Ce jour fatidique qu'est son anniversaire le renvoie immanquablement au lendemain. A cette invitation de ses parents à rentrer chez lui pour le week-end. Le message ne disait rien de plus et il n'avait aucune raison de croire qu'il passerait un agréable moment. Pas après le boxon qu'il avait réitéré. Pas après avoir été évincé de l'anniversaire de la Chose. Rien ne pourrait égaler cet anniversaire incroyable que lui offrent ses amis. Car il n'y a en vérité aucune comparaison possible. Jamais, en les rencontrant, il n'aurait pu imaginer à quel point Nolan et Pablo seraient importants pour lui.

La cerise s'efface au profit de sa comparse écarlate. Le gâteau est un fraisier. Et, sans un bruit, la pierre transperce.

Les muscles de sa mâchoire se raidissent. Ses lèvres se resserrent. Six ans qu'il en crève. Six longues années à manquer d'air. Maintenu en vie par la rage. Et maintenant que l'amour l'effeure... Les larmes se fraient un chemin sur ses joues banalement balisées. C'est à peine s'il les remarque. Jusqu'à ce que ses épaules trahissent ce déferlement. Balayant l'homme viril.

Seito éclate en sanglots, à peine audibles.




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Ven 10 Fév 2023 - 20:05

[terminé]Si l'on attend rien, tout devient une surprise. 13ju

SI L'ON ATTEND RIEN, TOUT DEVIENT UNE SURPRISE

Feat Rinbo & Pablolito


« Joyeux anniversaire Rinbo ! »

J’ai essayé, plusieurs fois, de m’imaginer la réaction que Seito pourrait bien avoir pour la seconde partie de sa surprise. Je n’ai jamais réussi à me mettre d’accord sur la version me paraissant la plus vraisemblable. Est-ce qu’il allait avoir le plus grand sourire que je n’ai jamais vu ? Est-ce qu’il allait penser que c’est trop et s’en aller en courant ? Est-ce qu’il nous dirait simplement merci en montrant que ça lui faisait plaisir ?  

A aucun moment dans ma réflexion, je n’ai envisagé l’idée qu’il soit trop stupéfait pour avoir une quelconque réaction. Lui et moi, sommes si différents. Quand mes émotions me traversent et éclaboussent les autres, les siennes lui collent à la peau au point de l’étouffer. Pendant les quelques secondes qui s’écoulent, j’ai peur que ça ne lui plaise pas. J’ignore ce qui pourrait provoquer cela mais, je sais que Seito a encore du mal à accepter le fait qu’on tienne à lui, à penser qu’il le mérite. Sa réaction dans les vestiaires en dit beaucoup. Je me sentirais vraiment mal de déclencher tout l’inverse du message qu’on a voulu lui faire passer.

Je sais être proche de la vérité quand Seito réagit enfin. Quand il se met littéralement à pleurer devant nous. Dans ce genre de situation, je devrais être heureux, fier qu’on ait réussi notre coup, sortir une bêtise plus grosse que moi comme d’habitude. Sauf que je ne peux pas. Parce que je suis toujours incapable de savoir s’il pleure de joie ou si à l’inverse, c’est la claque de trop. Parce que je n’ai jamais vu personne pleurer pour son anniversaire et que ça me fait mal d’imaginer ce qui peut bien l’y pousser. Parce que je réalise que Seito ne me parle jamais en détail de ses parents. Ils existent, et c’est à peu près tout.

« Eh Rinbo, ça va ? Pourquoi tu pleures ? »

Il m’en faut pas plus pour me rapprocher de lui, le laisser s’en rendre compte, et l’entourer de mes bras. Il tremble comme une feuille et j’ai l’impression qu’il peut s’effondrer à tout moment. J’échange un regard avec Pablo et lui fait un mince sourire. A mon avis il n’a jamais vu Seito comme ça. Ni qu’il me laisse l’approcher de cette manière. Dire qu’on ne lui a pas encore donné ses cadeaux. J’espère qu’avec cette journée, mon Rinbo aura compris une bonne fois pour toute qu’on pense à lui et qu’il compte pour nous. Mais surtout, que si c’est le cas, c’est parce qu’il a des qualités qu’on apprécie. Seito ne serait jamais devenu mon meilleur ami s’il n’était pas toujours à l’écoute, toujours prêt à faire les quatre-cents coups, drôle, à se plier en quatre - souvent trop même -, à ne jamais me juger. Bref, je sais que je peux quasiment tout lui dire, j’aimerais qu’il comprenne que l’inverse est vrai également.


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Dim 19 Fév 2023 - 21:43
Si l'on attend rien, tout devient une surprise.


Les ballons, la banderole, le gâteau, tout y est ! Le bras autour des épaules de Seito, j’le tiens contre moi et regarde la pièce. J’suis grave fier de ce qu’on a préparé avec Nolan et j’lui jette d’ailleurs un regard heureux avec un méga sourire. On s’est donné !

J’attends tranquille que Mori ait le temps de tout regarder et d’encaisser, parce qu’on a bien caché le truc jusque maintenant et qu’il doit trop pas s’y attendre. Alors j’lui laisse le temps, j’reste souriant et tout, mais au bout d’un moment le seul son qui brise le silence, c’est Mori entrain de… pleurer ?

J’fronce les sourcils, un peu perdu et tourne la tête vers Nolan sans trop comprendre. J’m’attendais à plein de réactions, ça c’est clair, mais pas à… ça. J’voyais Seito crier de joie, qu’il reste sans voix, qu’il se retourne et nous regarde méga surpris avec la bouche en cœur ou j’sais pas quoi, qu’il soit super content en gros. Mais qu’il pleure, ça sérieux c’était pas du tout prévu. J’cligne des yeux et m’écarte machinalement quand Nolan s’approche pour l’enlacer, j’ai l’impression d’être bugué.

J’fronce les sourcils un peu plus, toujours perdu, regardant dans le vide pour essayer de piger. Mais sérieux, j’vois pas pourquoi il pleurerait. Ça a même pas l’air d’être des pleurs de joie en plus, c’est vraiment des sanglots étouffés. Si ça s’trouve, c’est pas ce qu’il voulait. On a trop pensé à ce qu’on voulait faire et ça a fait tout l’effet inverse. Parce que ouais, ça nous a fait kiffé, mais vu sa réaction, ptête que j’me suis trop emballé et qu’on s’est planté sur toute la ligne…

Au lieu d’m’approcher et de m’incruster dans le câlin pour lui remonter le moral, j’me sens juste con et reste planté comme un piquet, serrant les points dans mes poches en essayant d’pas trop m’énerver contre moi-même pour avoir foiré. Si ça s’trouve c’est qu’un malentendu, j’l’espère en tout cas, parce que j’m’en veux trop là…

- Je… Désolé Mori. Ça t’plait pas… c’est ça ?

Pourtant j’étais sûr qu’on avait de bonnes idées, et Nolan c’est son meilleur pote en plus, alors le gâteau, les ballons et tout… On n’a pas pu autant se foirer, si ? J’détends mes doigts et prend une grande inspiration, essayant d’rattraper le coup :

- Si tu veux, on pète tous les ballons, j’planque la banderolle et on va manger le gateau en salle commune ? Si t’aimes pas les fraises c’est rien on… On ira chercher autre chose au konbini ?! Ou on ira manger un truc en ville, mais t'inquiète, je... j'vais arranger ça. dis-je en m'approchant de la banderole en tendant le bras pour aller la décrocher.





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Mar 21 Fév 2023 - 22:25
VENDREDI 10 NOVEMBRE 2017



Les larmes dament ses fossettes d'ordinaire souriantes. Et ce n'est que lorsqu'elles chatouillent ses lèvres que Seito réalise qu'il pleure. Ce n'est pourtant ni le lieu, ni le moment. La question de Nolan est incongrue. Il a soudain l'impression d'être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Incapable de bouger, il laisse le déluge inonder son visage. Quant à savoir comment il va... Il n'en sait rien. Cela n'a aucun sens mais il n'a pas l'impression d'être triste. Pour autant, il ne respire pas la joie. Coincé dans un entre-deux étouffant, il se décide à parler sans trancher. Sans s'attarder sur l'incohérence de sa réponse. L'affliction se mélange à l'incrédulité. Et c'est tout bas qu'il dit :

« C'est mon gâteau préféré. »

Si ses amis étaient perdus, ils ne peuvent l'être que plus. Mais il n'a pas le loisir d'argumenter d'avantage que le français le prend de court. Le contact a beau être doux, il n'en reste pas moins douloureux. Au point que son corps réagit vivement et que des frissons l'ébranlent de la tête aux pieds. S'extirper de cette étreinte serait une grave erreur. Alors il se fait violence et tente d'apprécier cette chaleur qui l'entoure. Car au fond il y a bien un petit quelque chose de rassurant qui fait battre son cœur plus vite. Il ne peut nier reprendre doucement des couleurs. Comme par magie, les larmes tarissent.

Et le japonais n'a pas le temps de reprendre pleinement ses esprits qu'il doit arrêter un autre train en marche. Pablo a de quoi être déboussolé. Pleurer des larmes de crocodile le jour de son anniversaire est rarement de bonne augure. Une soudaine envie de dévoiler le pot-aux-roses le saisit. Mais ses amis ne comprendraient pas. Pire, ils le traiteraient d'égoïste. Voire de monstre. L'idée-même de basculer à nouveau tout au fond du trou lui donne envie de vomir. Et pourtant s'opère un déclic lorsque l'espagnol apporte des milliers de solutions à un problème inexistant. Prouvant à son tour l'inquiétude que ses pleurs génèrent.

Sans gestes brusques, le lycéen se détache des bras de son Rinbo et rattrape Mora avant qu'il ne mette à terme à cette fabuleuse surprise. Il n'a pas réfléchi à quoi faire et se laisse guider par son instinct. Ses doigts s'enroulent fermement autour du poignet levé de Pablo. Son cœur explose sous cette force ardente qui le pousse à dépasser ses limites. Ils ne peuvent pas croire qu'ils ont échoué. Au contraire, le succès est total. Il est même foudroyant d'efficacité. C'est un souffle qui s'échappe de ses lèvres.

« T'as rien à arranger. »

Son corps attire celui de l'espagnol contre lui en tirant doucement sur son poignet. C'est avec une maladresse farouche que ses bras enserrent son torse et que sa tête s'enfouit  dans son cou. Fermer les yeux ne suffit pas à endiguer l'onde de choc. Ses paumes se plaquent contre son dos tandis qu'il respire pleinement son parfum boisé. Et, tout aussi soudain que ce rapprochement, il rompt le contact en reculant de plusieurs pas. Tournant le dos au gâteau mais à présent face à eux. Un revers de la main rapide éponge ses joues détrempées. Il en ressort essoré.

Son regard chaparde le vairon du français, dérobe le jade de l'espagnol. Comment leur expliquer ce qu'il ressent alors qu'il peine à mettre lui-même des mots dessus ? Gêné par sa vulnérabilité, il ne parvient qu'à s'excuser. Les sanglots encore accrochés à ses cordes vocales, il se racle la gorge avant de se courber avec déférence.

« Pardon. Vous... Ça m'a surpris. »

Jamais il n'aurait imaginé un tel dévouement de la part de ses amis. Il avait lui-même offert un cadeau à chacun pour leurs anniversaires mais ce n'était rien en comparaison de cette danse, de ce gâteau, de ces ballons, de cette banderole. De toutes ces cachotteries dans l'unique but de lui faire plaisir. A lui et à personne d'autre. De lui accorder le statut d'être spécial, sans savoir qu'il a passé six années de sa vie à enterrer méticuleusement tout potentiel d'avoir de la valeur. Alors oui, les larmes étaient la seule réponse à cette affection disproportionnée. Et, sans le vouloir, il livre un pan de sa vie.

« J'avais oublié c'que ça faisait de fêter mon anniversaire. »

C'est en goûtant au bonheur qu'on s'aperçoit de son absence.




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Jeu 23 Mar 2023 - 21:56

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SI L'ON ATTEND RIEN, TOUT DEVIENT UNE SURPRISE

Feat Rinbo & Pablolito


Pablo mec, t’y es tellement pas. Je comprends que la première idée qui lui vienne ce soit que ça ne plaise pas à Seito cela dit. Même si, je ne connais personne qui réagirais mal à une surprise pareille. J’ai un tout petit sourire qui s’affiche quand j’entends le murmure de mon Rinbo. C’est pour ça qu’il pleure alors ? Trop d’émotions ? Le point que j’ai dans la poitrine j’ai du mal à l’expliquer. Un mélange de soulagement et de peine, je déteste ça.

A côté, Pablo ne l’a pas entendu et commence à faire machine arrière. J’ai beau secouer la tête dans sa direction, trop tard il a déjà le bras tendu pour décrocher la banderole. Je crois que c’est qui réveille Seito, il quitte doucement mes bras pour l’en empêcher. La suite de la scène par contre, j’avoue qu’elle m’étonne autant que ses pleures. Qu’il ait le courage de le prendre dans ses bras comme il l’a fait avec moi le jour de notre mise au point. Je sais que je ne devrais pas, mais il y a juste cette minuscule partie de moi qui... Bref. C’est pas le moment ! Je sais que ça fait un moment que Seito essaie de devenir ami avec Pablo, on en a même parlé alors c’est normal et je suis content que ça aille mieux entre eux. D'ailleurs, je crois que Pablo aussi comprend pas trop ce qui se passe.

Je dois plutôt me concentrer sur l'aveux de mon Rinbo. C’est tellement triste qu’il en soit au point d’oublier. Comment c’était possible ? P*tain il a quoi comme parents pour vivre ça ?! Pas étonnant qu’il ne m’en parle jamais, ça doit être l’enfer chaque fois qu’il rentre chez lui.

« Je te promets qu’à partir de maintenant, le 10 novembre tu t’en souviendras. »

Je presse rapidement son épaule de mes doigts puis nous fait un peu d’espace autour de la table de nuit sur laquelle est posée de le gâteau. J’attrape une chaise et la place à côté, sachant qu’ils vont suivre le mouvement.

« Allez, met toi au milieu qu’on fasse une photo ! »

Pablo se charge d’allumer les bougies, on prend des photos puis Seito doit souffler dessus. Sauf qu’on l’a un peu charrié en mettant des bougies qui ne s’éteignent pas du premier coup. Ca nous fait bien rire et la bonne humeur revient. Maintenant, j’ai un peu faim là ! J’ai apporté des petites assiettes en plastique qu’il restait chez moi à Osaka, avec les cuillères qui vont avec. Le gâteau, on me l'a coupé en cuisine parce que bien sûr on se balade pas avec un couteau sur un campus. Alors première bouchée, et c’est super bon !

« C’est une tuerie ! T’as de la chance que ce soit ton anniversaire parce que j’aurais mangé la moitié ! »

Quand on a bien entamé notre part, je ne tiens plus en place.

« Bon, Rinbo, je sais qu’on t’en a déjà fait voir, mais c’est pas fini. Pas d’anniv sans cadeaux ! »

Je me lève et va chercher les deux paquets bien caché sous le lit de Pablo. Un petit rectangulaire qui contient le jeu Animal Crossing. Je sais qu’il n’a pas de console mais il peut se servir de la mienne je ne joue plus trop avec. Quant au deuxième, il est plus personnel. C’est un porte carnet en cuir, la première idée qui m’est venue quand j’ai réfléchis à ses cadeaux. Je me suis pas contenté de l’offrir vide, il est déjà rempli d’un carnet pour faire des fiches de personnages ou organiser son scénario, il y a des petits post-it de différentes tailles et couleurs et deux stylos à encre effaçable. J’ai hâte qu’il les ouvre, je voulais marquer le coup ! J’ai essayé de pas aller trop loin mais bon, c’est difficile de ne pas en faire trop quand on a les moyens et qu’on est habitué.

« Tiens ! Bon anniversaire ! Et interdiction de dire qu’il fallait pas. »

Je lui fais un grand sourire, ouuuuvre !

Carnet:


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Dim 26 Mar 2023 - 16:54
Si l'on attend rien, tout devient une surprise.

Une main m’arrête, que je crois être celle de Nolan. J’me retourne avec l’intention de m’en défaire parce que j’suis déter’ à régler ce que j’ai raté, mais reste bouche bée en m’apercevant que ces doigts sont ceux de Seito. Ses mots me laissent sans voix et le geste qui suit me fait écarquiller les yeux. Qu’est ce que…

J’ai les bras de Seito enroulé autour de moi. Ceux de Seito. Une situation que j’aurai sûrement jamais imaginé en toute connaissance de cause, vu ses soucis avec le contact en général. Mais il est là, bien là contre moi, et tout ce que j’ai envie de faire c’est d’lui montrer que j’suis là aussi. On est là pour lui et personne d’autre. J’le serre contre moi avec plus d’entrain que prévu, la main sur sa nuque alors qu’il a la tête dans l’creux de mon cou. Quand je sens ses joues humides contre ma peau, j’resserre machinalement mes bras autour de lui, aussi court ce moment soit-il. Pleure autant qu’tu veux, j’bouge pas d’là. J’suis touché par la situation, c’est sûr, touché et rassuré que tout ça n’ait pas été fait en vain, rassuré que la surprise lui plaise, rassuré tout court même. J’avais conscience de l’apprécier et tout, mais j’pensais pas tenir à ce point à ce gars.

Quand il se défait, j’fais un pas en arrière aussi et passe la main derrière ma nuque, la remontant dans mes cheveux pour me frotter le crâne en évitant d’croiser le regard de Nolan. J’sais pas comment intégrer ce qui vient de se passer, ça m’fait bizarre et du bien à la fois. Tout comme que cette colère qui apparaît aussi vite qu’elle ne repart quand il parle de cet « oubli ». Pas en colère contre lui, non, c’est différent. Après tout, j’ai pas fêté l’mien depuis trois ans, pas par oubli mais parce que les personnes les plus importantes de ma vie ne sont pas là pour entourer le gâteau, parce que mes grands-parents m’tolère à peine et parce que j’omets volontairement d’en parler à mes potes. Mais j’conçois pas qu’un gars comme Seito soit laissé d’côté par sa propre famille. C’est un bon gars, merde quoi. J’suis sûr que Le Lidec apprécie pas non plus. Quand ce dernier prend la parole, j’m’empresse d’approuver :

- Ouais, tu peux compter sur nous pour t’le rappeler et te surprendre un peu plus à chaque fois.

J’le dis pas sur le ton de la rigolade, même si c’est s’que j’aurai fait en temps normal. Là c’est dit avec conviction et les yeux planté dans son regard, pour qu’il sente que c’est sincère. Ses vieux sont ptête cons, et moi aussi parfois, mais j’ai bien l’intention d’pas oublier son anniversaire les années à venir, et qu’il l’oublie pas non plus. J’suis le mouvement lancé par Nolan, allume les bougies avec mon fidèle briquet, attrape une chaise que j’retourne et sur laquelle j’m’installe à califourchon pour qu’on s’fasse une photo de groupe. J’fais un signe stylé vers Mori en l’pointant du doigt sur la photo, méga sourire sur la tronche, BG en toute circonstance. Mais aussi, s’il l’a pas fêté depuis un bail, alors faut que ce souvenir soit impec’. On lui laisse un peu de place pour s’positionner devant le gâteau et au moment d’le souffler, j’éclate de rire quand j’vois sa réaction alors que les bougies se rallument en donnant un coup d’coude à Nolan.

- Bah alors Mori, on t’as coupé l’souffle hein ? Allez fais un effort !

J’crois qu’il doit s’y reprendre à deux ou trois fois pour réussir à venir à bout de ses bougies piégées, mais j’suis bien content d’ma connerie et j’ai même du mal à m’calmer. Après toutes ces émotions, faut bien rire un peu ! On prend finalement chacun une part et bordel, le gâteau est trop bon. J’pousse un soupir jouissif, limite l’orgasme, et tape du poing sur ma cuisse en fixant Nolan :

- Tu vois qu’j’avais raison d’insister Nolan, j’savais qu’le patissier pouvait le faire comme on voulait ce gâteau, tsch. On aurait eu un gâteau naze sinon !

Ouais, j’regrette pas d’avoir été ronchon (bon ok, un peu plus que ça) contre lui, parce que le gâteau est méga bon et que les gars sont ravis. Tous les moyens sont bons s’ils sont efficaces. D’ailleurs, la suite des évènements va surement peser encore un peu dans la balance. On savoure notre part et une fois qu’Nolan a fini la sienne, il attaque la suite du programme. J’tourne la tête vers Mori et lui glisse tout bas :

- Il t’reste un peu d’air dans les poumons ? Parce que tu d’vrais respirer un coup, t’en as pas fini avec les émotions j’crois.

Nolan se tourne à ce moment-là pour venir lui offrir ses paquets. J’laisse Mori les ouvrir et sourit d’avance, parce que j’suis sûr que Nolan a tapé dans l’mille. Ils se connaissent trop bien pour se foirer. J’suis un peu plus réservé sur la réaction qu’aura Mori en ouvrant les miens, parce que moi-même j’sais pas ce qu’il va en penser. J’sais même pas s’il comprendra pourquoi j’lui offre ça, mais on verra. Au pire, j’expliquerai.

Dès qu’il a fini avec les cadeaux de Nolan, j’me lève pour aller chercher les miens. Un dans mon placard (où mes fringues sont rangées, pour une fois) enveloppé d’un papier doré avec la ptite étiquette du magasin et l’autre sous mon oreiller, dont l’emballage est bien plus sommaire puisque j’ai du faire avec les moyens du bord et un minimum d’effort pour que ce soit pas tout naze. J’lui tends d’abord la boîte carrée qui s’trouvait dans mon placard, contenant un grand mug avec un motif japonais qui ressemblent étrangement aux motifs un peu espagnol/portugais d’la vaisselle de ma mère.  Une fois ouvert, j’me permet d’commenter :

- Ca fait un peu l’genre de motif qu’on retrouve en Espagne, j’le trouvais stylé. Et puis, les auteurs ont toujours un mug de café dans l’quel ils versent un peu de whisky en douce… Eh bah voilà le tien. Mais tu bois ce que tu veux dedans évidemment !

Le deuxième est plus petit, tout en longueur, et emballé dans du papier colorié aux feutres, avec un bout de ficelle pour le maintenir attaché. Colorié aux feutres, parce que pour que ca fasse moins con qu’une feuille à carreaux, j’ai dessiné un bouquin avec un point d’interrogation à la place du titre et j’ai écrit « c’est quoi le prochain ? » en dessous, histoire de le guider un peu. Quand il aura fini de déballer, il trouvera un crayon à l’apparence tout simple, mais avec un des héros sinon LE héros de bouquins espagnols le plus connu.

- C’est Don Quichotte. Et rien à voir avec la franchise de magasins à 100 yens hein. Le VRAI Don Quichotte ! Ma mère m’racontait son histoire un peu à sa sauce quand j’étais p’tit et ça a toujours été un d'mes héros préférés... Même si pour le coup, j'ai jamais lu le vrai bouquin mais.. Bref.

J’ai toujours kiffé sa façon de voir les choses. Prendre les paysannes pour des princesses, les auberges pour des chateaux et les moulins pour des géants. Il se racontait ses propres aventures et il kiffait sa vie, il avait même Sancho toujours là pour l’épauler. Ptête bien qu’avec Nolan et Seito, j’ai deux Sancho du coup, qui sait.

- Enfin voilà, j'sais que tu dois te dire que c'est qu’un crayon et que c’est naze mais… J’ai galéré à trouver le bouquin en plus d'apprendre la danse avec les gars du foot, mais j’continue de chercher ! Si j'le trouve, j’te l’offrirai pour Noël. Ca t’va quand même ?

J'regarde le crayon avec une pointe de nostalgie, j'en avais embarqué plusieurs avec moi mais c'est le dernier survivant depuis mon départ d'Espagne. Mais pas de remords, ni de regrets. Il est entre de bonnes mains.




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Lun 3 Avr 2023 - 15:45
VENDREDI 10 NOVEMBRE 2017



S'il n'était pas lui, il les enlacerait à nouveau tour à tour. Il prolongerait cette étreinte jusqu'à les laisser le souffle court et le sourire aux lèvres. Ses mains s'emmêleraient dans leurs dos, appuyant physiquement l'amour qu'il leur porte. Son menton se nicherait dans leurs cous sans manquer défaillir. Il oserait aller encore plus loin en les embrassant sur les deux joues, à la mode européenne. Sans se soucier d'être dévergondé. Son cœur battrait avec la même frénésie mais il ne ressentirait pas le besoin de s'éloigner pour réaliser ce qui lui tombe dessus. Pas plus qu'il n'insisterait sur l'aspect exceptionnel de la situation. Il se contenterait d'apprécier les efforts mis en œuvre sans les faire douter. Mieux encore, il n'éclaterait pas en sanglots. La joie serait sa seule contribution à l'édifice de leur amitié.

Sauf qu'il est lui. Lui et ses défauts. Lui et ses cicatrices. Dans le pire, plus que dans le meilleur.

Seito pique du nez, les joues couleur fraisier. Encaisser leurs paroles bienveillantes est un défi suffisant à relever. Il en absorbe la sincérité avec la détresse d'un poisson perdu dans le désert. Le danger réside dans l'absurde réalisation qu'il y croit dur comme fer. Que Nolan et Pablo tiendront leur promesse à mesure que le temps passe, peu importe ce que la vie leur réserve. Une marque au fer blanc enflamme le brasier de l'espoir. Celui-là même qu'il a enterré six pieds sous terre des siècles auparavant. Ou du moins il lui semblait. Mais ils sont bien là, avec leurs bidons d'essence, prêt à en découdre avec la fatalité qu'il s'est imposé. La vie ne devrait récompenser que les gentils alors quoi ? Un bug dans la matrice ? Une faille dans l'espace-temps ? Il ne comprend pas leur motivation. Il lui est réellement difficile de concevoir être intéressant.

La main de Nolan le sort de sa torpeur. Il contient un frisson. Le moment de grâce est passé, il a déjà bien trop puisé dans ses réserves. Il a besoin de souffler. Sur la chaise que lui tend le français, quelle bonne idée. Un sourire flotte sur ses lèvres alors qu'il s'y assoit. Mais une nouvelle embuscade l'attend ! Portable dégainé, les photos pleuvent. A nouveau les corps se rapprochent. Une sensation fantôme lui échauffe la nuque, souvenir de ces doigts espagnols plaqués fermement sur sa peau réceptive. Il accrochera les photos aux côtés de celles d'Halloween et de l'anniversaire de Nolan. De mur blanc à fresque de l'amitié, il suffit parfois de tous petits riens pour tapisser un grand tout. Et voilà qu'enfin il peut souffler. Les bougies sous le nez, Seito mobilise l'intégralité de ses poumons. Mais les flammes résistent.

« Mais bordel, c'est quoi ces bougies ?! Vous l'avez fait exprès ! » s'insurge-t-il. Maison de brique, le grand méchant loup s'agace gentiment en comprenant le stratagème. L'hilarité fend ses lèvres à son tour. « Vous allez voir, j'vais vous les éteindre les bougies ! C'est moi qui vais vous couper l'souffle ! »

Le jeune homme s'appuie sur la table basse et, au bout de trois tentatives supplémentaires, bat à plates coutures le kami du feu. Ne se laissant pas avoir, il mouille rapidement le bout de ses doigts et pince chacune des mèches avec sa salive.

« AHA ! J'ai réussi ! » s'exclame-t-il aussitôt.

Après l'effort vient le réconfort. Une assiette entre les mains, il les observe prendre leurs premières bouchées et manque de s'étouffer face à la réaction disproportionnée de Pablo. Heureusement, la taquinerie de Nolan le retient de plonger et il s'empresse de goûter à son tour.

« Oh la vache, j'avoue ! »

Il en prend une seconde bouchée et ferme momentanément les yeux. La crème épouse son palais alors que ses dents croquent dans une fraise. Glissant lentement dans son œsophage, sa gorge se serre. Les émotions affleurent, bouillonnant à la surface de sa peau. Il est à deux doigts de tanguer à nouveau. Pour un gâteau. Ses dents attrapent l'intérieur de sa joue droite et il serre. Fort. Jusqu'à ce que la marée soit de nouveau basse. Son surnom lui fait rouvrir les yeux, hagard. A-t-il bien entendu ? Ses yeux papillonnent sur le murmure de Pablo et il écoute son conseil en prenant une grande inspiration. Il a envie de protester mais il a enfin compris que ce combat est perdu d'avance. Autant accepter tout ce qui vient sans broncher et réagir une fois enseveli sous l'avalanche. Il pose son assiette sans en avoir fini sa première part. Voyant Nolan revenir avec deux paquets, il ne peut s'empêcher de lui rendre un regard désapprobateur.

« Même si c'est vrai ? » ose-t-il répondre.

Mais il ne pousse pas la blague plus loin et soupèse plutôt les cadeaux. Il détache soigneusement le scotch du plus petit et tombe sur la jaquette du dernier Animal Crossing. Un froncement de sourcils marque sa perplexité, n'ayant pas de console à sa dispositon, mais soudain les connexions se font. Il relève la tête et fait part de son incrédulité :

« Mais tu vas quand même pas me prêter ta console aussi longtemps... »

Ce genre de petits plaisirs lui avait été interdit. En empruntant pour la première fois le matériel du français, il avait redécouvert le monde des jeux vidéo. Sans pour autant délaisser la lecture, il venait souvent jouer dans la chambre de son Rinbo. Ses sessions de jeu s'accompagnaient généralement de longues discussions plus ou moins légères. De quoi tisser des liens au fur et à mesure.

« Je continuerai à squatter ta chambre, tant pis pour toi ! » pouffe-t-il. Il dépose précautionneusement la boîte et s'attaque au deuxième cadeau tout en marmonnant : « Un seul, ça suffisait largement. Juste me souhaiter un joyeux anniversaire, ça suff- » Ses mains se figent.

Ses doigts caressent le cuir timidement. L'odeur lui emplit vivement les narines. Il inspire, ouvre le carnet et expire. Le frémissement reprend, clapotant allègrement sur son cœur. Dans un premier temps, il touche l'ensemble du regard puis ses mains passent au crible stylos, papiers et autres post-it. Ses épaules s'affaissent, profondément touché.

« On pourra pas dire que c'est la faute du matériel si ma prochaine histoire est nulle... » Il se gratte la tête, sourit. Relève des yeux émerveillés sur Nolan. « C'est génial. Merci beaucoup Rinbo. »

Il ne pousse pas trop sur sa voix de peur qu'elle se brise. D'autant qu'il doit se ménager car c'est au tour de Pablo de dévoiler ses cadeaux. C'est plus fort que lui, il proteste gentiment :

« Toi aussi t'en as deux ? J'sais bien que j'ai pas le droit de dire qu'il fallait pas mais... » Sentant le regard insistant de Nolan, il se mord la lèvre. « OK, j'dis plus rien. »

Un kaléidoscope de reflets s'imprime sur les paumes de ses mains fébriles. Il déglutit silencieusement et entrouvre délicatement le paquet pour en sortir une tasse  aux motifs étoilés. Pablo, comme Nolan, aurait pu lui offrir n'importe quoi qu'il en aurait été heureux. Mais la vraie richesse de son cadeau prend vie dans sa justification.

« Tu m'offres un petit bout d'Espagne. » murmure-t-il niaisement. Il rit à la mention de l'alcool. « Vaut mieux pas que j'boive du whisky, j'veux pas que mes kanjis soient bourrés ! »

N'ayant jamais expérimenté, il craint ne pas avoir la résistance nécessaire pour un alcool aussi fort. Mais l'envie d'essayer ne manque pas. Il ne boit pas non plus de café, par contre il consomme pas mal de thé. La main sur la anse, il tourne la tasse pour mieux détailler les motifs et demande :

« C'est un motif traditionnel ? »

Sa curiosité satisfaite, il la pose prudemment à côté de la boîte de jeu et attrape le second cadeau que lui tend l'espagnol. Après avoir lu ce qui est écrit sur la feuille enroulée, il sonde dans le vert de ses yeux un semblant de réponse mais abandonne et découvre par lui-même le crayon de papier. Malgré que Pablo dévoile l'identité sur l'illustration, Seito hausse un sourcil, puis relève complètement la tête. Ébahi, son cœur rate un battement.

Pablo a un héros de littérature préféré.

La révélation se fait un nid douillet dans son esprit. Il n'en revient pas. Le même Pablo qui n'aime pas spécialement lire et qui lui avait dit essayer de finir le livre que le japonais lui avait offert à son anniversaire. Son visage reste figé de stupéfaction alors qu'il le dévisage. Et pendant tout ce temps, cet idiot en profite pour se dévaloriser en lui sortant toutes les pires justifications du monde. Cela met presque Seito en colère. De but en blanc, il le coupe :

« Mais ça va pas bien ? » Gros blanc. « C'est le meilleur cadeau. Je connais pas bien la littérature hispanique mais j'ai vraiment hâte de la découvrir grâce à toi. » Nouveau blanc.

Ses yeux vibrent d'une rare intensité. Les pieds de la chaise crissent un peu alors qu'il se lève. Le crayon toujours entre ses mains, il le cale contre son cœur et s'incline à quatre-vingt dix degrés vers ses amis. La tête penchée, il les remercie profondément.

« Merci du fond du cœur pour la surprise, le gâteau, la danse, les cadeaux. Vous êtes fous. Je mérite pas tout ça mais je vous remercie énormément. »

Craignant la remontée soudaine de sa mer intérieure, il se redresse lentement. Pataugeant dans l'embarras, il met la pagaille dans ses cheveux. Il se sent fiévreux. Une bonne fièvre. Sagement, il regagne son siège et range avec délicatesse le crayon de papier dans son nouveau porte-carnet. Puis il reprend son assiette et engouffre la fin de sa part. Saisissant le couteau pour se resservir, Seito pose à tour de rôle son regard malicieux sur Nolan et Pablo et déclare :

« J'suppose que vous en revoulez. »




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Lun 3 Avr 2023 - 23:10

[terminé]Si l'on attend rien, tout devient une surprise. 13ju

SI L'ON ATTEND RIEN, TOUT DEVIENT UNE SURPRISE

Feat Rinbo & Pablolito


Non vraiment, même si mon côté un peu possessif aurait aimé rester le seul à être autorisé à prendre Seito dans mes bras, je suis obligé de sourire en les regardant. Pour les deux, ce sont quelques secondes qui doivent sûrement avoir l’air de venir d’une autre trame temporelle. Et puis, c’est la première fois que je vois Pablo avoir un autre comportement que celui du mec qui met des bourrades dans le dos ou m’écrase les joues parce qu’il s’improvise potier-visagiste. Je les découvre tous les deux de manières différentes, c’est un anniversaire qu’aucun de nous trois n’oubliera, c’est certain.

C’est bien la première fois que le gars le plus fier du campus n’ose pas me regarder. Dans un autre contexte je l’aurais charrier, mais là tout de suite je comprends sans mal que ça doit le chambouler à un point qu’il n’avait pas prévu. C’est vrai que Pablo aussi est super secret sur lui-même. On n’a encore jamais eu l’occasion de parler de nos vies, je me rends compte que j’ignore beaucoup de choses, si ce n’est pas tout. Il faudrait qu’on change ça. S’amuser ensemble c’est super mais avoir des personnes vers qui se tourner quand ça va pas, c’est encore plus important. Quand on assure à Seito qu’il peut compter sur nous pour ses prochains anniversaire, ses joues battent tous mes records de rougeur !

Il a bien mérité une trêve dans ce trop plein d’émotions ! Pas mieux qu’un gâteau sucré bien comme il faut pour reprendre de l’énergie. Avant ça, des photos s’imposent ! Des avec nos sourires, d’autres avec des grimaces. Une plus spéciale. Je tire discrètement la manche de Pablo derrière Seito pour qu’il me regarde et retrousse ma bouche, il comprend et retient un rire. Sur la dernière photo, on fait tous les deux semblant de faire un bisou sur chaque joue de Seito, le tout en louchant bien sûr. Pas simple d’appuyer sur le téléphone en même temps mais ça sort bien et c’est à mourir de rire. Et enfin le tant désiré, tant attendu, soufflage de bougies piégées ! Seito râle comme prévu, l’effort qu’il met en gonflant ses joues mérite une photo en plus, clic !

« C’était une super idée ces bougies krkr ! »

Quand il réussi à les éteindre j’applaudis chaudement sa performance. Il a bien mérité de mordre un croc. Le fraisier est juste parfait et... Mais qu’est-ce qui lui arrive au càbron ?! Je le regarde prendre son pied avec des gros yeux puis je souris à ce qu’il dit.

« Pour cet effet là, ouais ça valait le coup que t'engueule presque le pâtissier hein... »
« Moi au moins j'ai déjà joui, pendejo ! Hahaha ! » Il fait le fier en plus !
« Moi aussi wesh ! Même si... tout seu- oh la ferme ! »

Ça y est je rougis, ça faisait longtemps tiens ! Je tape dans sa cuisse pour me venger. Il m’énerve cet estupido, pas étonnant qu’il a beaucoup pécho, à coup de deux minutes le rapport, ça va y’a l’temps ! Ouais, c’est gratuit ! Pour la peine, on passe aux cadeaux ! Seito n’est effectivement pas prêt. Je plisse des yeux en le regardant quand il tente une blague. C’est interdit devant moi ! Encore un peu je me dandinerais tellement j’ai hâte qu’il ouvre le premier. Il m’en a beaucoup parlé, comme quoi ça avait l’air super apaisant tout ça, alors je me suis tout de suite dit que ça lui ferait plaisir.

« Tant que tu paies en barres de rire, si ! »

Je pouffe aussi à cette horrible menace de squatter ma chambre. Quitter Malory m’avait fait un vrai vide, je m’étais vraiment retrouvé seul en arrivant à Kobe. Sans personne à qui faire confiance, tout à recommencer. Si on m’avait dit que j’y trouverais mon meilleur ami, je ne pense pas que je l’aurais cru. Plus que le jeu, c’est l’ouverture du carnet dont j’ai réellement hâte. L’effet qu’il produit est dix fois celui auquel je m’attendais ! Je souris doucement en voyant ses doigts caresser le cuir du carnet. Il lui durera longtemps, normalement des années. Toute sa vie il le regardera en pensant à cet anniversaire, c’est le plus beau à mon sens. J’ai l’impression d’être une éponge, j’ai le cœur serré de voir à quel point ça le touche.

« Elle sera géniale, j’en doute même pas. Content que ça te plaise. »

Je me racle un peu la gorge, purée je me fais avoir par les émotions que je voulais provoquer moi-même. C’est pas tant lui offrir des cadeaux, c’est savoir dans quel état d’esprit lui-même, aucun anniversaire, aucun cadeaux, aucune attention en fait. Rien que d’y penser ça me fouterait le cafard. Ça n’arrivera plus jamais, même si ses parents continuent à se montrer indignes, il nous aura. D’ailleurs, c’est au tour de Pablo d’offrir ses cadeaux. J’suis super curieux, il a pas voulu m’dire ce qu’il lui offrait, trop relou le mec ! Seito remet ça avec son non mérite mais je l’arrête tout de suite d’un regard. C’est qu’il est têtu !

Alors, le premier c’est un grand mug dont les motifs me parlent. Un petit bout d’Espagne, ouais c’est bien ça.

« Oh ma mère avait acheté un set comme ça en vacances. Super joli ! J’donnerai beaucoup pour te voir bourré Rinbo ! »

L’imaginer me suffit à pouffer, mes épaules tremblotent. Une fois quelques infos sur le mug donnés par Pablo, place au deuxième. Celui-là est plus petit. Par contre l’emballage, il a dû y passer du temps ! Le prochain ? Le prochain quoi ? Je regarde aussi Pablo pour essayer de comprendre mais il ne lâche pas un mot. Quand Seito ouvre, c’est un crayon qui se cache sous le papier. Mais il a quoi de spécial ? Pablo explique qui est dessus et je comprends mieux.

« Haaan. »

On a étudié des extraits de ce livre en cours quand j’étais en France. Bon, comme c’était enseigné de manière très scolaire, j’en garde pas forcément de bons souvenirs. Wow, Seito arrête tout de suite Pablo, pour la seconde fois en quoi, quinze minutes ? Ces deux-là j’vous jure, quand c’est pas l’un, c’est l’autre. Je trouve que son cadeau est très bien, certes c’est un crayon, mais la valeur est plutôt sentimentale. Encore un point étonnant chez le càbron. Sensible, va. Assume-le un peu plus !

« Mais ouais, ils sont supers tes cadeaux mec, y’a pas besoin d’plus ! »

Soudain, Seito se met debout et s’incline comme le veut la tradition devant nous pour nous remercier. Bon, quand il dit pour la troisième fois ne pas mériter, ça va bien ! J’attrape le paquet d’assiettes en plastiques propres et lui tape la tête avec.

« Y’a pas de quoi Rinbo, c’est normal entre amis ! J’instaure une loi, chaque fois que tu diras ça, l’objet le plus proche touchera ta tête. »

Je le regarde avec la mine la plus sérieuse possible avant de ricaner. Bon, c’est pas tout mais, qui dit nouvelle vague d’émotions, dit nouvelle part de gâteau !

« Est-ce qu’on en re-veux qu’il demande ! Fait péteeer ! Ah mais, les boissons ! »

Je me tourne vers Pablo en écarquillant les yeux. Il faut du liquide sucré pour faire passer tout ça. Un impératif. Mon complice d’anniversaire sort de quoi se désaltérer pendant que je prends une autre bouchée de fraisier.

« Rinbo, on s’est dit qu’on allait regarder un film tous les trois, ça t’dis ? »

Un film drôle pour continuer sur la lignée de l’ambiance. J’ai aussi caché mon ordinateur sous le lit de Pablo. J’aurais dû regarder s’il cachait des trucs cochons, obligé que oui. Allez, on se pose au sol contre le bord de son lit. La couette, je la prends en la faisant passer sur nos têtes et elle finit sur nos cuisses, l’ordinateur au milieu de la chambre. J’ai téléchargé trois films, à Seito de choisir !


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Lun 10 Avr 2023 - 22:12
Si l'on attend rien, tout devient une surprise.

Sans surprise, Seito est méga contente des cadeau de Nolan et ça fait plaisir à voir. Une p’tite partie de moi se dit qu’en même temps, il le connait bien plus que moi, qu’il allait forcement taper dans le mille et tout ça, mais c’est pas le moment d’avoir ce genre de pensées. Je focus sur l’anniversaire de mon pote, c’est tout ce qui doit compter. Quand il passe à l’ouverture des miens, j’ai l’impression d’être en apnée. J’regarde les bouts de papiers se délier, en place une pour essayer de m’détendre et d’faire rigoler, mais sa réflexion m’prend au dépourvu.

- Je… Ouais c’est… c’est un peu ça, un p’tit bout d’Espagne… Motifs trad’, même si ça ressemble à certains motifs japonais haha…

Sans savoir que c’est espagnol, on pourrait croire que c’est d’la contrefaçon de trucs japonais ou j’sais pas quoi, mais juré c’est vraiment un motif d’chez moi. C’est bien l’seul truc de la p’tite boutique planquée que j’ai pu acheter, le reste était hors de mes moyens… Ce que j’comprends, vu les frais de port pour faire venir tout de là-bas. Le fait que la mère de Nolan en ait du même genre rajoute de la crédibilité et ça m’fait relax un peu.

- Un d’ces jours on boira un coup ensemble, j’paierai cher pour voir ce que ça donne quand vous êtes bourrés.

Mais pas l’temps de rigoler. Sans crier gare, Mori pose les doigts sur l’deuxième cadeau, m’replongeant direct en apnée. Cette fois, j’suis encore moins sûr de moi. J’sais pas pourquoi j’me suis dit qu’offrir un stupide crayon serait une bonne idée, c’est juste… Hein ? Le meilleur cadeau ?

- Oh… P*tain j’pensais pas que ça t’ferait autant plaisir, ça m’rassure trop d’un coup là ! J’pousse un gros soupir soulagé, et m’frotte l’arrière du crâne, avant d’rajouter : C’est le dernier qui m’reste de chez moi, alors t’as intérêt à en faire bon usage, pigé ?!

Les remerciements arrivent et j’balaye rapidement l’air de la main pour dire à Mori d’laisser tomber, que c’est normal et tout ça, comme le dit si bien Nolan. J’rajoute même en rigolant que pour une fois, j’respecterai la loi à la lettre pour qu’Seito arrête.

- T’as vu les estomacs sur pattes qu’on est ? Carrément qu’on r’veut du gâteau ! T’inquiète cabron, tiens mon assiette, j’vais chercher les bouteilles.

J’file dans mon placard et en sort des gobelets, du thé glacé, du Coca et de l’eau, j’ai pas pu prendre plus qu’une de chaque mais ce sera déjà ça. J’sers tout le monde et m’asseoit pour manger ma part de gâteau, savourant de nouveau chaque morceau. Repensant à tout à l’heure, j’renchéris :

- J’engueulerai des patissiers tous les jours pour des gâteaux pareils, p*tain… Hmmmm. C’est trop méga bon.

J’ferme les yeux et savoure le morceau de fraise sous mes dents, la crème hyper bien aérée et tout qui fond dans la bouche, pousse un soupir après avoir avalé. Quand Nolan mentionne le film, j’me redresse aussitôt en avalant l’dernier morceau.

- Oh ouais c’est vrai, les films !

J’me lève aussitôt pour prendre les oreillers des autres de la chambre et qu’on ait d’quoi pas s’péter le dos contre mon lit, ce sera plus confo. Nolan prend ma couette pour qu’on soit bien installé et j’le laisse faire sans ronchonner, au moins on aura pas froid ! Et avant que l’un d’nous s’asseoit, j’plonge pour prendre la place face à l’ordi en faisant mon caprice :

- C’est moi qui m’met au milieu, c’est pour tout l’temps qu’vous avez passé à deux avant qu’on traine à trois ! Un d’chaque côté et pas l’droit de ronchonner !

J’tapote des mains sur le sol de part et d’autre de moi en rigolant, attendant qu’ils viennent prendre place. On laisse le choix à Seito pour le film, toute façon on a déjà restreint à trois, c’est déjà pas mal ! Une fois le film lancé, j’embête Nolan en lui donnant un coup de hanche :

¨P*tain t’en prends de la place toi, alleeez bouge ton fiac  laisse moi m’installer confo cabron!

Il ronchonne mais j'me laisse pas faire ! J’me tortille entre les deux en poussant Nolan de plus belle et m’laisse glisser un peu contre mon lit pour bien m’poser. J’prends mes aises et m’installe tout confo entre les potes, remontant la couette jusque mon menton. Po-sé.

La soirée avance, on rigole et on fait des remarques pendant le film, mais j’suis si bien installé que certains d’entre nous s’font vite rattraper par Morphée. Nolan est calé contre mon dos, le bras autour d’la couette. Visiblement, c’est pas le seul à s’être endormi parce que j’en capte rien, la tête bien trop confortablement nichée sur l’épaule de Seito, blottit sous la couette entre eux, et l’esprit déjà en chemin pour des aventures digne de Don Quichotte, avec mes acolyte à moi.




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Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
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Seito Mori

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Sam 15 Avr 2023 - 21:30
VENDREDI 10 NOVEMBRE 2017



Une myriade d'émotions le dévore alors qu'il embrasse d'un regard incrédule chacun des cadeaux qu'il a reçus. Aucun faux pas. De quoi délester, l'espace d'un instant, ses épaules courbaturées. Une pause bienvenue avant la tempête qui s'abattra sur lui demain. Ils ne s'imaginent pas les bienfaits de leur amitié. Ils y ont goûté avant lui, ils savent gérer cette affection qu'ils lui portent. Si tenté que ce soit le mot exact. Quant à lui, il ne sait où donner de la tête tant les contradictions l'étreignent et l'ébranlent. Un instant, il se sent prêt à leur dévoiler ses craintes du lendemain. L'instant d'après, il se ravise et préfère profiter au maximum du moment présent pour peu que ce soit le dernier de sa triste existence. La pluie, le beau-temps, l'orage et le ciel bleu dans un seul et même corps qu'aucun parent ou ami n'a su éclaircir auparavant.

En cet instant, pourtant, il n'a jamais été aussi certain de vouloir vivre. Une démonstration exemplaire que la vie, contre toute attente, trouve toujours un chemin. Même à travers le béton armé de son cœur. Les fissures sont autant de plaies à vif que leur attention embaume. Secoue-toi, palpite, scande cet hymne décadent à la face du monde ! Et s'ils en entendent l'écho, que leurs cœurs battent à l'unisson. Le temps d'une soirée, n'osant pas demander plus par peur d'être cupide. Plonger dans une mer de billets est surfait lorsque l'on peut plonger dans un océan de bonheur. Nulle peur ne l'anime alors qu'il s'immerge pleinement. La surface de l'eau se tend puis l'absorbe.

Seito ne comprend pas le soulagement sonore de Pablo. A quel moment son avis pourrait-il générer de l'inquiétude chez l'espagnol ? Mais alors qu'il pensait conserver jalousement ce crayon de papier sur son bureau, la remarque de son usage le fait sursauter. Pour pigé, ça oui il pige. Il acquiesce bêtement de la tête, soudain incapable de lui avouer qu'en l'utilisant, il sera forcé de le tailler, ce qui l'empêcherait de le garder pour toute la vie. Ses joues rougissent mais l'ambiance est soumise à tant d'émotion que cela passe inaperçu. D'autant qu'il s'empresse de les remercier avec la plus grande politesse, réellement soufflé par la montagne d'attentions qu'ils lui ont réservé. Son honnêteté transperce ses remerciements d'une vérité accablante que Nolan est bien déterminé à détruire.

« AOUCH ! » s'offusque-t-il, plus pour la forme que par une réelle douleur.

Leurs regards se défient, mais il perd bien vite la bataille. Il n'est pas de taille à affronter de telles paroles. Elles le touchent trop profondément pour qu'il puisse ne serait-ce qu'envisager une blague pour esquiver cette punition. Car il sait d'avance que ce ne serait ni le premier coup, ni le dernier. Il espère seulement que son Rinbo ne réalisera jamais à quel point Seito a raison d'affirmer son démérite. Mais il préfère de loin saturer son estomac de sucre plutôt que de sombrer à nouveau dans le creux de la vague. Des fraises valent mieux qu'une brique dans son ventre et la légèreté de la crème, couplée à la soudaine agitation de ses amis, a tôt fait d'aérer ses pensées fluctuantes. Un poil trop lorsqu'il tique sur la remarque de l'espagnol. Il le dévisage, perplexe.

« Tu f'rais quoi ? » Un sourcil se hausse alors qu'il se tourne vers Nolan. « Dis-moi que c'est pas c'que j'pense... »

Évidemment que si. Seito est tellement ahuri qu'il ne lui vient pas à l'esprit de réprimander le comportement de Pablo. Pire, une toute petite voix dans sa tête lui intime que s'il en est venu à cet extrême, c'est pour lui et uniquement pour lui. Qu'il mérite cette attention tordue. Son cœur tressaute. Le verre de Coca que lui tend Nolan est bienvenu, il y trempe les lèvres immédiatement. De sa poitrine à sa langue, l'effervescence se transfère et il accueille la suite de la soirée avec une joie débordante.

« OH ! Carrément ! On r'garde quoi ? »

A lui de décider qu'ils lui répondent. Et bien, ils sont dans de beaux draps ! Tiens, en parlant de drap, les deux loustics aménagent leur coin de visionnage à l'aide de coussins. Seito ménage son émerveillement, le contenant aux étoiles qui illuminent ses pupilles, d'ordinaires ténébreuses. S'apprêtant à s'asseoir, il se fait devancer par un Pablo avenant qu'une jalousie enfantine anime. Un rire, franc et sincère, franchit la barrière de ses lèvres. Taquin, il réplique :

« Fallait l'dire plus tôt que tu t'sens seul, on t'aurait tenu compagnie. »

N'y voyez aucun sous-entendu, Seito en est incapable. Il glousse à nouveau et s'assoit donc à côté de Pablo, prenant soin de maintenir une distance raisonnable entre eux. Ce qui aurait pu fonctionner si ces deux abrutis n'avaient pas jugé le moment opportun pour s'asticoter. Le japonais lève les yeux au ciel, un sourire amusé sur les lèvres qu'un coup de hanche soudain vient décrocher sans vergogne, le laissant hagard et fébrile. Son cerveau percute que seuls quelques centimètres le séparent de l'espagnol. Une information suffisante pour que ses joues s'embrasent. Ni une ni deux, il ramène la couette jusqu'à son visage et camoufle son trouble dans une semi-réflexion du film à choisir.

Une voix envoûtante résonne sur l'image d'une main balayant les épis de blé. Les boucliers cliquettent, les catapultes s'arment jusqu'à ce qu'un corps sans tête galope en direction d'une armée romaine impatiente d'en découdre. Le chef des Marcomans s'avance alors, trophée en main, et défie l'ennemi sous les huées intrépides de ses fidèles soldats. Déchaîne les enfers, affirme le général. Il n'en faut pas plus à Seito pour embarquer dans l'épopée de Gladiator et vibrer aux côtés du héros que le destin a condamné. Le lycéen est de ceux qui se transposent à la place des personnages au point d'en éprouver la peur, la joie ou la tristesse. Trop obnubilé par ce qui se trame à l'écran, Seito ne s'aperçoit que trop tard que ses deux amis se sont assoupis.

Sacrilège lui hurle son éthique. Mais elle se tait bien vite lorsque de que son souffle, il caresse les cheveux de Pablo. Tout son être se cramponne au point de contact de sa joue contre son épaule. Un regard en biais lui confirme sa seule résistance au sommeil. Il n'ose plus bouger. Le générique défile et il s'accroche aux noms comme aux branches d'un arbre, persuadé que ce refuge suffira à l'exempter de cette frénésie ridicule dans lequel son cœur semble vouloir s'embarquer. Mais la tentation est trop forte. Ses yeux s'aimantent à nouveau sur son visage et en dessinent les traits hispaniques. Ses yeux clos, dont les cils gardent jalousement deux émeraudes sauvages, son nez droit, qu'il faudrait renommer nez espagnol plutôt que grec et ses lèvres, collines d'un verbe détonant sur lesquelles il se voit brièvement caracoler.

Ses doigts innocents s'approchent dangereusement d'une mèche violacée. L'effleurent. Il tourne vivement la tête. Sa main se rétracte. Que croit-il faire ? Les pensées sans dessus dessous, son cœur tambourine et réveille le bel au bois dormant. Ou alors n'est-ce que son agitation spontanée qui en est la cause.

« P-pardon. » souffle-t-il. « Le film est fini. »

Et avec lui ce moment de douceur. Lui faisant de la place pour s'étirer, ses doigts frôlent la main de l'espagnol sous la couette. Il se dégage de la chaleur non sans peine. Estomaqué que son corps fasse pression pour qu'il réitère ce rapprochement, Seito frissonne. A l'image de ce gladiateur, demain, l'empereur que sont ses parents, décidera d'incliner le pouce vers le haut ou vers le bas. Son avis n'a que peu d'importance, si ce n'est l'assurance qu'il ne souhaite pas mourir.




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