Drum roll

Belle tentative de la part du joueur Anglo-Thaïlandais ! La réflexion était réelle et bien pensée mais la balle a été renvoyée d'un revers de la main par la célèbre Tessa Yorke ! Un arrêt fait dans le plus grand calme et avec une élégance qui n'est pas passé inaperçu ! À présent, il ne reste plus qu'à retourner chercher une autre suggestion et, cette fois-ci ne pas se tromper car il y a peu d'essai pour gagner le match !

Une bonne suggestion et un silence qui me laisse d'abord espérer avoir réussi du premier coup mais c'est un échec.

« Mince ! Ca n’aurait pas été drôle de trouver du premier coup ! Pas de Français donc... »

Alors là, ça se corse ! Le Français se présentant presque comme une évidence, j'avais fini par presque m'en convaincre! Revenir en arrière pour trouver une autre proposition s'avère plus compliqué que je ne l'aurais pensé au départ. Cependant, c'est le jeu et je ne laisserai pas abattre pour si peu !

Réfléchis, à moins d'un choix pour une passion d'un certain pays, le tout doit être logique et rationnel... Du moins, je l'espère sinon je suis foutu ! Est-ce qu'il y a d'autres langues en lien avec l'art ou le design ? Techniquement,  un peu toutes vu qu'il y a des artistes partout dans le monde mais un plus en particulier ? Je sais qu'il y a des cours de chinois et que l'art de ce pays est assez prisé mais... Vu que dans mon esprit c'est plus de la céramique, et qu'elle étudie le design... Je ne pense pas que ça soit ça... D'ailleurs, quel genre de design est-ce qu'elle étudie ? Je ne me suis pas du tout intéressé à ce cursus donc je ne sais pas vers quoi il tend. Design mobilier, immobilier, vêtements... Il y a pas mal de variantes dans ce domaine également donc ça ne va pas m'aider d'y réfléchir. Il me faudra la liste des langues vivantes disponibles dans l'établissement pour éliminer les choix mais je n'ai pas ça sous main. À part le Japonais et le Français, la seule langue qui me semble une évidence à enseigner, c'est l'Anglais mais... Elle le maîtrise et nous échangeons actuellement dans cette langue donc ne serait-ce pas un peu bête à proposer ? De toutes façons, je n'ai pas beaucoup d'autres option pour le moment et même en étant natif, consolider ou maintenir ses acquis à l'étranger ne seraient pas idiot... Bon aller, je tente et si c'est pas ça tant pis, il me restera un dernier essai complètement au pif...

Absolument pas sûr de moi, je lui propose d'un ton hésitant :

« Anglais ? »

Au fond de moi, je me prépare déjà à recevoir une potentielle moquerie et réfléchis à ce que l'école pourrait enseigner d'autre comme langue. Il y avait coréen aussi, non ? J'aurais dû mieux regarder les options lorsque je me suis inscrits ici...

Et c'est une victoire pour notre challenger ! Une petit victoire en est une tout de même alors ne peut s'empêcher de s'amuser en serrant le poing, suivi d'un petit mouvement de bras, pour la fêter avec un peu d'humour. Il peut à présent arrêter de réfléchir aux langues enseignées dans l'établissement et il n'en est pas mécontent. En apprenant les raisons de son choix, différentes de ce qu'il pensait, il se maudit presque de ne pas y avoir pensé.

« C'est pas bête ! Si j'arrive à rattraper tout mes cours d'ici le prochain trimestre, je demanderais peut-être à intégrer le cursus. À voir si les heures correspondent avec mon emploi du temps »

Comme je dois déjà rattraper les cours de Japonais tous les Mardi, est-ce que ça serait une bonne chose que j'aille également en Anglais ? Ça ne sera pas bien dur à rattraper dans tous les cas vu que je maîtrise techniquement mais en aurais-je le temps ?

« Pour ce qui est du massacre de la langue... J'en ai déjà eu plusieurs aperçu depuis mon arrivée au Japon. Ça me fait rire mais parfois, c'est compliqué de les comprendre malgré qu'ils tentent de bien faire. »

Je rigole un peu avant de reprendre.

« Shakespeare doit se retourner dans sa tombe dès qu'ils ouvrent la bouche, le pauvre... »

Un son strident me fait tourner la tête et ça vient de la machine qui tournait avant mon arrivée, d'ailleurs, sa propriétaire est pile à l'heure pour récupérer son linge ! Quand est-il de celle de l'autre profiteur ? Il semblerait que le cycle soit presque terminé et que ses déchets malodorants soient à nouveau devenu des vêtements ! Un regard rapide dans la salle m'indique que pour faire sécher le linge, il n'y aura qu'un sèche-linge de disponible. L'autre étant actuellement utilisé par la nouvelle venue. Ah ! Bah ça y est, c'est finit pour moi aussi ! Même si la machine de Tessa a prit un peu de retard suite au sauvetage de la montre, elle ne devrait pas tarder à finir également. En bon gentleman, comme j'ai encore ma lessive personnelle à faire, autant la laisser passer en première pour sécher son linge.

Je me lève pour remplir la machine libre avec mon linge sale - qui ne sent pas la mort, lui - avant de sourire de nouveau à Tessa.

« Tu pourras utiliser le sèche-linge directement quand ça sonne si tu veux, les dames d'abord. » dis-je en plaçant une main sur mon cœur, légèrement penché en avant et l'autre indiquant le sèche-linge.

Évidemment, ce n'est pas réellement à prendre au sérieux car jouer les gentlemans purs et durs dans une laverie... Le charme serait vite rompu par le bruit du sèche-linge, que la demoiselle vient de mettre en route avant de ressortir aussitôt. J'attrape mon sac et me dirige vers la machine que je rempli sans problème. J'en reviens toujours pas pour l'autre là... Je sais bien que les animaux sont autorisés dans les dortoirs mais de là à accepter les porcs... Je plains le coloc et je me demande si l'administration est au courant, tiens !

En fine observatrice, la jeune femme sait que s'il tente de sécher tout le linge, il va en avoir pour un bon moment ! Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est qu'il n'en a pas l'intention. Monsieur a uniquement demandé à ce que son linge soit lavé, pas séché après tout~ Puisqu'il sait jouer sur les mots afin de prendre avantage des honnêtes gens, il devrait savoir que chaque mot à son importance, non ? Tel est pris qui croyait prendre !

J'écoute ce qui ressemble à une légère inquiétude et sourit en passant au plan que j'ai élaboré.

« Je ne mettrais que mon linge à sécher, il m'a juste demandé de lui laver son linge. Il n'a pas précisé s'il voulait que je le lui rende sec ou humide. »

Une fois mon dernier t-shirt placé dans la machine, je me tourne légèrement vers Tessa pour hausser les épaules, un léger sourire taquin sur les lèvres. Ne jamais se mettre un O'Connor à dos car il peut vous réserver bien des surprises...

« J'espère qu'il aura le temps de venir le faire sécher avant la fin de la journée et qu'un sèche-linge sera libre à ce moment-là. Ça serait dommage que son linge sente l'humidité ! »

Même si ça sera toujours mieux que ce qu'il a osé me donner à laver, eurk ! Rien que d'y repenser ça m’écœure! Je mets en route ma machine et retourne vers les bancs, décidé à reprendre ma place.

« Et puis, le temps passe vite quand on est en bonne compagnie ! »

Je ne sais pas si c'est le cas pour elle aussi mais moi, je n'ai pas ressentis le temps passer pendant la première tournée. Même si elle va sûrement partir une fois son linge propre, je n'aurais plus tant que ça à patienter pour que le mien le soit aussi. J'ai eut de la chance qu'elle soit là... Même si elle m'a entendu lorsque je criais victoire... Arg ! Non, faut pas que j'y repense, mes joues vont refaire des leurs !

La gente damoiselle semble également apprécier sa compagnie et savoir que c'est réciproque lui fait plaisir. Forcément, cette petite joie vient très légèrement rosir ses joues. Pas de quoi en faire un drame, mais s'il s'en rendait compte, tout cela empirerait sans le moindre doute. Pauvre de lui~ Espérons que cela passera inaperçu pour la jeune femme qui semble s’intéresser à sa scolarité.

Une question sur ma scolarité à Londres... Il va falloir que je fasse attention à ce que je dis car une erreur et je suis sûr qu'elle me mets directement sur liste rouge... ou noire... Du moment que je ne parle pas de mes connaissances, ça devrait bien se passer !

« Alors je ne sais pas à quel niveau scolaire porte la question donc : J'ai commencé par Sevenash School jusqu'à mes 10 ans, puis je suis allé à City of London School »

Je marque une légère pause avant de reprendre pour terminer la scolarité Londonienne.

« Et avant de venir ici, j'ai commencé mes études supérieures au Royal Veterinary College..Et toi ? Tu étais dans quelles écoles ? »

Je sais déjà pour la partie collège et lycée, vu que Jamie me parlait de Tessa assez souvent quand on se voyait mais pas pour le reste et... J'avoue être assez curieux.

Le monde est petit n'est-ce pas Evan ? Qui aurait pensé que Tessa se trouvait dans l'école maternelle se trouvant non loin de la sienne ? Celle où se trouvait son voisin et ami d'enfance : Jamie... Ils ont donc toujours été dans les mêmes établissements et ça, il ne l'avait encore jamais su. Qu'allait-il encore pouvoir découvrir au cours de cette discussion ?

« Alors j'ai bien fais de tout citer ! Eh oui ! Une école pour mec pratique et ennuyant à la fois ! Haha ! »

Peu de tabou entre nous mais par contre, bonjour les rivalités et les discussions tournées sur le sexe opposé dès l'arrivée de la puberté... Ils me fatiguaient parfois à me bouder ou me vanner dès que j'avais une copine ou au contraire, que je n'en avais plus. Comparer le temps de mise en couple ou ce qu'ils ont achetés à leur copine... Ils n'avaient que ça à faire faut croire ! Enfin bref, j'y penses avec nostalgie et en rigole quand même car... bah c'était l'âge pour faire ça !

Les écoles où elle est allée sont que des établissement côtés, rien de très étonnant et je les connais bien même sans y avoir étudié. La première car c'était l'école maternelle proche de la même – où je tentais de croiser celle qui m'avait offert un pansement, en prétextant aller voir Jamie – et la seconde, là où se trouvait Jamie et que j'allais squatter non loin à l'occasion.

« Tu m'étonnes ! Si tu arrives après le mois d'Avril, ça te fais comme une année scolaire de Septembre à Mars... Ouch ! 1 an et demi pour finir une année... L'horreur ! »

En plus, les cours ne devaient pas tous être passionnant si elle avait déjà vu une partie du programme. Quoi que... Ils sont sûrement différents entre les deux pays, ça a dû être perturbant en réalité.

« Tu connaissais déjà le contenu ou bien les programmes étaient totalement différents ? À l'université, surtout en médecine, je n'ai pas trop eut ce problème là mais au niveau lycée, ça doit quand-même être assez différent, non ? »

Les difficultés qu’elle a vécut avec le changement de langue, Evan ne les comprends que trop bien car il les vit également. Il n’est pas totalement bilingue car le Japonais n’est pas une langue maternelle pour lui, juste une langue qui l’a intrigué très tôt et dont il a appris à en aimer les sonorités et les traditions cachées derrière chaque kanji.

« Ok, ça a dû être long car tu connaissais tout mais en même temps, ça t’a permis d’avoir de bonnes bases pour le reste de ta scolarité et de prendre ton temps pour t’adapter au changement de langue. »

Je lui souris avant de reprendre sur le même sujet.

« Surtout que chez toi, avec ta mère, vous devez utiliser le langage familier et pas la forme en "masu" , je me trompe ? J’ai surtout appris cette forme-là, car mon prof voulait que je la maîtrise avant d’apprendre à parler familièrement, donc je ne suis pas tant perdu en cours. À part quand ils utilisent le langage ultra soutenu, le keigo, là c’est l’horreur. Quelle idée de mettre deux formulations complètement différentes, pour dire la même chose, juste parce que l’un est supérieur dans la hiérarchie comparé à l’autre ! C’est frustrant ! »

Apprécier une langue ne veut pas dire cependant la trouver pratique. Comparée à sa langue natale, n'importe qui peut se dire que les Japonais aiment se compliquer la tâche ! Tessa relève d'ailleurs que le japonais n'est pas la seule langue avec de telle particularité et, si on y réfléchit un instant, c'est aussi une part du choc culturel. Essayer de parler en japonais, à un Japonais, tout comme vous le feriez à un Anglais en milieu professionnel et vous aurez sûrement du mal à vous entendre avec... Evan devra sûrement faire attention sur ce point à l'avenir.

« Je crois en avoir entendu parler pour le français oui. Y compris le côté différenciation si c'est masculin ou féminin... Ça a l'air d'être un véritable enfer à apprendre ! »

Tessa m'explique qu'elles parlaient bien de façon familière avec sa mère mais qu'elle lui a appris le keigo à l'adolescence afin de la préparer pour le milieu professionnel et les joyeusetés de la mondanités. Rien que d'y penser, je grimace légèrement. J'y ai participé quelques fois en Angleterre et j'ai du mal avec le côté « coincé » de la chose. Quand on organise une soirée, c'est pour s'amuser et passer ma soirée debout, à discuter et faire des danses de salon qui vont m'empêcher de m'ennuyer. Heureusement que mon père n'est pas du genre à perdre son sens de l'humour même dans ce genre de soirée sinon, je me serais toujours fais chier comme un rat mort...

« Elle a bien fait de te l'apprendre tôt ! Quand je vois la galère que c'est de l'apprendre et à utiliser lors des stages, malgré que je les ai appris par cœur, depuis plusieurs année... J'imagine pas si j'avais dû l'apprendre sur le tas ou l'année dernière ! »

Heureusement que dès que mon prof a su que j'étais sérieux, dans mon projet d'aller au Japon avec possibilité de bosser en milieu pro là-bas, il a commencé m'apprendre les différences de niveau de langage et le keigo sinon, j'aurais été complètement perdu.

« Tu as souvent eu à l'utiliser toi depuis que tu es là ? »

Même si son interlocutrice est dans le pays depuis plus longtemps que lui, elle n'a pas eut plus d'occasion que cela de pouvoir exercer son Keigo. C'est une particularité de langage principalement utilisée dans le milieu professionnel et l'utilisation quotidienne dans les magasins, lorsqu'un vendeur s'adresse à vous n'est pas vraiment formateur. Après tout, lorsque l'on est le client en grande surface ou dans la restauration, nous sommes les « supérieurs » et tant pis si le keigo est mal ou pas utilisé. L'inverse par contre est vu comme une marque d'irrespect et étant dans la branche médecine... Il y aura droit lorsqu'il rencontrera des vétérinaires de renom ou les propriétaires d'animaux durant les stages (qui ne lui en ont pas encore tenu rigueur grâce à son statut d'étranger).

Mais le temps passe et il est temps pour la demoiselle de quitter les lieux, à contre cœur, malgré l'ambiance chaleureuse qui n'était pas dû uniquement aux nombreuses machines en route.

Lorsque l'alarme du sèche-linge retentit, je suis presque déçu car je sais déjà que la conversation n'ira pas plus loin. Non pas à cause de ma « mission » mais parce que c'était agréable d'échanger avec elle et je comprends pourquoi Jamie l'appréciait tant. Ce que je comprend moins c'est pourquoi la quitter pour ensuite la faire espionner par son meilleur pote, ça, c'est un mystère...

« Oui, il vaut mieux prendre toutes les opportunités. Je tente de donner le change en Keigo quand je fais des achats importants pour mes stages. J'ai le droit au regard surpris, puis les compliments sur mon niveau de Japonais et là, j'ai peur car on me faisait les mêmes quand j'avais 10 ans, lors de visio pour la pratique, avec des fautes tout les deux mots ! Haha ! »

Je rigole et sourit lorsqu'elle me propose son aide, c'est une opportunité à ne pas laisser passer.

« Avec plaisir. Il ne faudra pas regretter de me voir plus souvent à l'avenir alors ! »

Bon, je dis ça, mais je sais très bien que je ne vais pas passer mon temps à la chercher tout les jours dans le but d'avoir de l'aide en Japonais. Elle a une vie et je ne suis pas un stalker professionnel, près à avoir une copie de son emploi du temps mensuel, afin de toujours savoir où la trouver. Désolé Jamie mais je dois aussi penser à mes études bro.

Je me lève et me dirige vers la porte pour la lui tenir, même si elle n'est pas chargée, je préfère agir en gentleman. C'est plus valorisant que d'être vu comme un stalker ou un pervers égocentrique quand même...

« Bon après-midi et à la prochaine. Prends soin de toi ! »

Je sais qu'elle va sûrement dans sa chambre et que ce n'est pas périlleux mais c'est une formulation fréquente en japonais alors je l'utilise, tout simplement. Elle me remercie silencieusement, ou du moins me fait un signe de tête en passant. Une fois de nouveau seul, je retourne auprès de ma machine qui est presque terminée. L'alarme sonne l'heure d'ouvrir le hublot et je débute le transfert vers le sèche-linge qui tournera plusieurs fois avant que le résultat soit satisfaisant.

Terminé ! Je n'ai plus qu'à tout remballer soigneusement pour moi, à l'arrache pour mon tortionnaire bienfaiteur qui aura surement une expression fortement divertissante lorsqu'il se rendra compte qu'il n'est pas le seul à savoir jouer avec les mots.

#terminé