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- Le DoyenPersonnel ; directeur (pnj)■ Age : 17■ Messages : 7830■ Inscrit le : 20/11/2007
Mon personnage
❖ Âge : 69
❖ Chambre/Zone n° : Chez lui
❖ Arrivé(e) en : Depuis toujours
Le club de traditions organise une sortie scolaire pour ses membres et leurs amis - moyennant leur place - afin d’assister à une représentation inédite et exceptionnelle. Les derniers Taikomochi du continent seront sur scène en compagnie des Geisha de Kyôto. Il s’agit de la dernière représentation pour certains d’entre eux et l’émotion sera au rendez-vous, c’est certain !
Dans l'intimité de la loge, basculez dans la peau de l'un de ces derniers Taikomochi/Geisha (selon votre choix) et préparez-vous, physiquement et émotionnellement, pour votre dernière représentation.
L'écriture à deux plumes est un mélange entre un mini-RP et un texte solo. Cette épreuve prend le format du mini-RP (deux champions de deux forums différents rédigeant chacun 5 posts de 350 mots max) pour former un texte continu se rapprochant du Solo. Comme pour les autres épreuves, un thème est donné, mais celui-ci ne concerne pas nécessairement vos personnages et univers respectifs, même s'il vous sera possible de les évoquer.
En somme, il s'agit de continuer à tour de rôle une petite histoire, sur trois jours comme pour le mini-RP.
▬ Cette épreuve est une écriture à deux plumes.
▬ Vous avez trois jours pour échanger au maximum 5 réponses RP chacun, soit 10 réponses en tout.
▬ L'épreuve se termine le dimanche 16 octobre à 23h59.
▬ Les réponses sont limitées à 350 mots maximum.
- IllyInvité
L’art est une équation à deux inconnues : l’artiste et le public. C’est presque mathématique, la calculatrice en moins et l’émoi en plus.
Ce soir, la leçon est un au revoir : je pose un point final à l’équation.
Ce soir, c’est mon dernier soir au Japon.
Je me tiens plus droite et plus pâle pour ravaler les sentiments compliqués que l’idée éveille. Le Japon, ce n'est pas le pays de mon enfance : c'est le pays de mes rêves d'enfant.
Quand j’étais petite, mes camarades de classe se fantasmaient princesse à dos de dragon et couraient, couronnées de tiares de strass et armées d’épées en plastique. Plus tard, elles ont désiré les groupes de visual kei et les néons d’Harajuku.
Moi, j’ai rêvé de tous temps de l’intemporalité des portiques de prière des temples, de l’éphémère éternel des pétales de cerisier chutant sur la surface d’un lac lisse.
Mais ce soir, l’éternité prend fin.
J’ouvre les yeux sur le présent. Devant la salle de représentation, les spectateurs qui attendent de pouvoir entrer font un parterre de fleurs de tissus : les kimonos forment des corolles élégantes, à côté de vestes de costume comme des bourgeons de couleurs tristes. Les t-shirts des touristes ont des airs de mauvaises herbes attachantes, percent la pelouse régulière d’uniformes de lycée. J’inspire tous ces détails qui, bientôt, ne seront plus que des souvenirs.
Puis, à pas mesurés, je me glisse par la porte des habitués pour gagner le siège qui m'est réservé : il ne faut pas que je sois en retard. C'est le dernier spectacle avant mon départ.
Ce soir, la leçon est un au revoir : je pose un point final à l’équation.
Ce soir, c’est mon dernier soir au Japon.
Je me tiens plus droite et plus pâle pour ravaler les sentiments compliqués que l’idée éveille. Le Japon, ce n'est pas le pays de mon enfance : c'est le pays de mes rêves d'enfant.
Quand j’étais petite, mes camarades de classe se fantasmaient princesse à dos de dragon et couraient, couronnées de tiares de strass et armées d’épées en plastique. Plus tard, elles ont désiré les groupes de visual kei et les néons d’Harajuku.
Moi, j’ai rêvé de tous temps de l’intemporalité des portiques de prière des temples, de l’éphémère éternel des pétales de cerisier chutant sur la surface d’un lac lisse.
Mais ce soir, l’éternité prend fin.
J’ouvre les yeux sur le présent. Devant la salle de représentation, les spectateurs qui attendent de pouvoir entrer font un parterre de fleurs de tissus : les kimonos forment des corolles élégantes, à côté de vestes de costume comme des bourgeons de couleurs tristes. Les t-shirts des touristes ont des airs de mauvaises herbes attachantes, percent la pelouse régulière d’uniformes de lycée. J’inspire tous ces détails qui, bientôt, ne seront plus que des souvenirs.
Puis, à pas mesurés, je me glisse par la porte des habitués pour gagner le siège qui m'est réservé : il ne faut pas que je sois en retard. C'est le dernier spectacle avant mon départ.
- InvitéInvité
L'éclairage est aveuglant, rendant le public inexistant. Même spectacle, mais les techniques et l'enrobage festifs changent en fonction des spectateurs et des lieux. Perfectionner ses arts, c'est rendre parfait le spectacle.
Le kimono floral et sombre à la fois, s'enveloppe parfaitement dans le pourtour de la silhouette svelte et fine de la geisha. Le contraste entre cette salle moderne et ce spectacle centenaire est détonnant. Je sors mon ombrelle, exécutant parfaitement auprès de mes consœurs, la dance répétée maintes fois, pour une ultime fois sous le spectre des traditions.
Je connais chaque pas, chaque geste, chaque manière de procéder pour rendre ma posture et ma gestuelle le plus envoûtante possible. Il faut capter le publique tout en étant mystérieuse et distante à la fois. Le tambour et son rythme lent se cale une fois de plus sur ma fréquence cardiaque, plus jamais je ne ressentirai l'assourdissant instrument mettre tout mon corps en vibration. Devant ce triste constat, une part de moi réalise désormais réellement qu'il s'agit ici de mon dernier spectacle, de ma dernière représentation, il me faut désormais conjuguer mon émotion avec cette intarissable et furieuse envie de faire le meilleur spectacle de ma vie.
Mais c'est alors que les Geisha de Kyoto font leurs entrées, leur savoir-faire dépasse l'entendement et elles se mettent à mener la dance d'une manière si fluide, si professionnelle qu'il semble impossible de faire mieux que ces femmes à l'expérience illimitées. Subjugué par leurs talents et leurs compétences, un feu bouillonne en moi, m'ordonnant de ne pas succomber à tant de beauté au détriment de ma prestation. Je dois mobiliser des trésors de volonté pour poursuivre cette ultime danse.
- IllyInvité
Quelque part, noyé dans les lumières de la scène, un tambour bat une mesure lente et douce. Il y a une part de mathématiques dans cet art là aussi : des temps et des demi-temps, des fractions d’instants.
J’ai passé tant de temps ici, j’ai vu tant de danses et entendu tant de chants. Je les connais par cœur, désormais. Certains pratiquent l’art comme une religion : quelque chose de mystique et d’insaisisable. Moi, je le pratique comme les mathématiques : avec rigueur et régularité, jusqu’à en faire une certitude. Certains répètent leurs tables de multiplication. Moi, je me répète les notes des spectacles qui ont bercé toutes mes soirées, depuis que j’ai emménagé au Japon.
Je ferme les yeux plus fort. Si je ne les rouvre jamais, peut-être que ce moment durera pour toujours ? Est-ce que le présent ne deviendra jamais plus tard ?
Mais mon grand-père disait la cigarette aux lèvres que s'inquiéter, c'est souffrir deux fois. Ces jours-ci, il ne souffre qu'une fois - du cancer, dans l’institut où on l’a hospitalisé, en Europe. Son rire a le goût du tabac.
Il faut que je rentre – pour lui.
Il faut que ce soir soit le dernier soir – pour moi.
Je rouvre les yeux. Les lumières m’aveuglent mais je leur en suis presque reconnaissante : elles nappent d’ombres profondes toute la salle, jusqu’à ce que plus rien n’existe que ce dernier spectacle qui se prépare.
Ce soir, plus que tout autre soir, il faut que tout soit parfait.
Le tambour bat comme un cœur plus grand que nature et, doucement, je m’aligne sur son rythme à pas timides.
- InvitéInvité
Ressassant mes problèmes, une larme fine perle le long de mon maquillage d'un blanc immaculé. Est-ce donc là la sérénade des sentiments et des ressentis qui s'unissent pour un dernier concert de remords et de regrets ? Les ombrelles se ferment dans une parfaite synchronicité, deux des meilleures geishas de Kyoto prennent place au milieu de la scène, elles sont immobiles et quand bien même, elles dégagent une prestance infinie. Nous, nous dirigeons de part et d'autre de la scène, arborant chacune des postures diverses. Certains sont assis, d'autres à genoux, le tout cesse de bouger et forme ainsi une scène sculpturale dont Michel Ange n'a rien a envié.
Les mouvements des deux danseuses sont parfaitement synchrones et elles déploient leurs magnifiques éventails pour réaliser un ballet aérien prestigieux et envoûtant. Je suis là, sur le côté droit de la scène, j'observe le public, mais mon ouïe me fait comprendre toute la subtilité de ce qu'il se passe en envoyant les signaux sonores des éventails qui fendent les airs avec majesté.
Que j'aurai aimé dépassé mon statut et ma condition d'apprentie pour devenir une artiste à part entière et ainsi peut-être entrer dans l'une des plus prestigieuses écoles de geishas afin de devenir une véritable Maiko.
Devant l'immobilisme, je suis assaillie par la puissance des ressentis et des émotions. Il s'agit bel et bien ici de l'ultime ligne, la moitié du spectacle approche et je me rends compte davantage qu'il est temps pour moi de tourner la page. Plus jamais je ne porterai ce maquillage pâle et ce rouge à lèvres qui m'est si précieux, sublimant ainsi chaque courbe de mon visage lisse. Plus jamais je ne pourrais admirer les décors faits de dessins d'étables et de cerisiers. C'est tout un pan de moi qui s’érode peu à peu dans la ligne du temps.
- IllyInvité
Je sens la larme couler, bien sûr – une première, puis une seconde à la pensée que, demain, je pleurerais du noir mascara au lieu du blanc geisha.
Il y a une équation mal résolue dans ma vie, aussi : j’ai passé les trois quarts de ma vie à rêver du Japon, un tiers à y vivre. Je suis parvenue à la moitié de mon apprentissage avant de recevoir la nouvelle qu’il faudrait rentrer en Europe – rester en Europe, où grand-père meurt à petit feu, entre les cigarettes qu’il s’enfuit pour fumer en douce.
C’est lui qui m’a encouragée à commencer l’apprentissage. « Meiko, m’a-t-il dit à une époque qui semble séparée de maintenant par un infini. Evidemment que c’est une mauvaise idée de carrière. Mais c’est un beau projet de vie. »
Dans un angle de mon champ de vision, les éventails chantent et dansent. Un quart de tour, un pivot de 180°. Une pause d’un quart de temps. Une inclinaison d’un tiers de tour. Le claquement du moment où ils se replient, synchrones avec la note claire d’une corde. La fin approche. Ferais-je des mathématiques, quand il faudra avoir tourné la page de l’art ? La géométrie aura-t-elle la grâce des danseuses, sur du papier millimétré comme une estrade pour les compas ?
- InvitéInvité
Il y a d'abord les cris. Les sifflements, les applaudissements. Un véritable tumulte d'informations, les lumières s'estompent tout comme mon rôle. Pendant un instant, j'ai l'impression qu'il est là, au premier rang, vêtu de son plus bel habit, une cigarette au coin de la bouche. Non, ce n'est qu'une illusion : Grand-père n'est pas ici. Les gens se lèvent tour à tour pour saluer la prestation, j'ai plutôt l'impression de les voir debout pour bien me faire comprendre que c'est la toute dernière fois.
Une dernière fois... Une dernière fois, les éventails soulèvent le vent pour saluer la foule, saluer leurs présences. Quant à moi, la mélancolie me saisit les entrailles et me fait tituber, pour me rappeler tel un coup de poignard, le véritable sens du mot : Fin.
Le rideau tombe, se referme, séparant ainsi le monde du spectacle du monde réel, une fine frontière de tissu qui m'arrache à tout ce que j'aime et tout ce dont j'aurai rêvé. Est-ce ici la finalité de mon être ? Non. Mais c'est bel et bien la fin de mon personnage, la fin d'une échappatoire qui me permettait de perdre pied dans l’irréel pour oublier le réel un court instant. Ma passion vit son ultime instant, tout comme grand-père. Alors, réel et irréel se mêleront bientôt dans l'obscurité et dans le crépuscule de la vie. La Geisha n'est plus, son rôle s'évanouit dans cette soirée obscure, le rôle s'en va une dernière fois en direction du projecteur qui forme un long couloir lumineux. Cette fois-ci, c'est sûr. C'est vraiment fini. Les danseurs, les geishas, et les techniciens quittent peu à peu les lieux, me laissant seule sur une scène désolante et vide.
Une dernière fois... Une dernière fois, les éventails soulèvent le vent pour saluer la foule, saluer leurs présences. Quant à moi, la mélancolie me saisit les entrailles et me fait tituber, pour me rappeler tel un coup de poignard, le véritable sens du mot : Fin.
Le rideau tombe, se referme, séparant ainsi le monde du spectacle du monde réel, une fine frontière de tissu qui m'arrache à tout ce que j'aime et tout ce dont j'aurai rêvé. Est-ce ici la finalité de mon être ? Non. Mais c'est bel et bien la fin de mon personnage, la fin d'une échappatoire qui me permettait de perdre pied dans l’irréel pour oublier le réel un court instant. Ma passion vit son ultime instant, tout comme grand-père. Alors, réel et irréel se mêleront bientôt dans l'obscurité et dans le crépuscule de la vie. La Geisha n'est plus, son rôle s'évanouit dans cette soirée obscure, le rôle s'en va une dernière fois en direction du projecteur qui forme un long couloir lumineux. Cette fois-ci, c'est sûr. C'est vraiment fini. Les danseurs, les geishas, et les techniciens quittent peu à peu les lieux, me laissant seule sur une scène désolante et vide.
- IllyInvité
Il y a les cris et les applaudissements et, à nouveau, je suis en vie, je vis mon rêve.
Il y a les cris et les applaudissements et les saluts. Puis les lumières s’éteignent. Les geishas redeviennent simplement des jeunes femmes.
Je reste sur la scène jusqu’à ce qu’elle se vide et la salle aussi. Mon cœur, lui, s’est empli de souvenirs. Dans le silence revenu, je m’incline face à la première moitié de l’équation que j’ai jouée toutes ces années et salue le public parti.
« Merci. »
Puis, lentement, je rejoins ma loge et le miroir. Accroché à son cadre, une photo de grand-père me regarde, cigarette aux lèvres. Mon reflet ressemble à un rêve quelques instants avant l’aube et le réveil. Je m’incline devant la seconde partie de l’équation, devant l’artiste que j’ai été toutes ces années.
« Merci. »
Puis je me replie mon kimono et je me démaquille. Je défais mon chignon. Puis je prends ma valise et, avec, je traverse une dernière fois la scène. Le son des roulettes sur le bois sonne comme un au-revoir.
Ce soir, c’était mon dernier soir.
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