[Terminé]Peek-a-Boo

Quand le festival a commencé, nous avons accueilli nos papas directement à l'entrée du campus. Ils étaient dans les premiers arrivés ! On en a profiter pour leur faire visiter le campus avec Monty et Itsuki. Ils sont ensuite parti à 3 vers les activités sportives prévues par la section sportive. N'ayant aucune envie de les faire, idem pour Monty, on a décidé de rester ensemble, le temps que ça soit notre tour d'aller remplir nos devoirs d'élèves.

"Allons faire la maison hantée des premières années ! Je pense que ça va être cheap mais on peut être surpris !"

Sans attendre son approbation, je me dirige vers la classe des 1-B. Là-bas et après une petite file d'attente, on nous donne une lampe frontale. Nous devons traverser la salle divisé en plusieurs espace avec des rideaux et des paravents.

"Tu crois qu'ils ont piqué les paravents des dortoirs ?" dis-je en chuchotant d'un ton amusé. L'idée me fait sourire alors que je m'avance dans la pièce.

Montoro n'avait pas eu beaucoup de temps de répit, entre l'arrivée de ses papas, la visite du campus en leur compagnie et la gestion du jeu de piste à côté. Se fatiguer encore plus avec des jeux sportifs, non merci, c'était trop lui demander. Il put passer un peu de temps avec Gabriella — voir cette maison hantée faite par les élèves de première année —. Monty comme Gaby ne s'attendaient pas à grand chose mais ils ne perdaient rien à essayer. Montoro se demandait ce que les élèves avaient pu programmer dans un espace aussi restreint qu'une salle de classe.

Monty prit la lampe frontale à contrecœur — il n'avait pas envie de l'enfiler sur la tête, c'était désagréable —, si bien qu'il la passa juste autour de son cou et la réajustait en la relevant manuellement, au besoin. Il ne comprit pas vraiment la boutade de sa sœur, même pas du tout, donc il resta de marbre sur cette réflexion.

— Pourquoi auraient-ils fait ça ?

Soudain, tandis qu'ils bavardaient, quelque chose surgit. Une tête avec des cheveux, peut-être. Fausse manipulation, Monty ne l'aperçut que brièvement, quand il voulut lever sa lampe vers la chose, c'était trop tard. Du coup, il ne prit pas peur, il était même déçu d'avoir loupé l'apparition, de fait il tiqua brièvement. Qu'en était-il pour Gaby ?

Lampe frontale en main, je réponds à Monty :

"Parce que c'est des paravents comme dans les chambres ?"

Je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit qu'une chose surgit dans notre champ de vision. Ça m'a fait sursauté un peu mais pas au point de me faire peur.

"C'était quoi ce truc ?" demandé-je avec un petit air dégouté.

J'espère qu'ils ont mieux à proposer ! On avance doucement dans la salle de classe. On dirait presque notre parcours avec toutes ces cloisons partout.

"Bon, c'est pas ouf he-"

Je m'interromps en sentant un truc sur ma tête. Là, je me glace d'horreur et lève précipitamment la main pour essayer de dégager le truc en haussant le ton :

"Y a un truc dans mes cheveux !!!!"

Je suis plus dégoutée que paniquée et si y a un truc dégueulasse?

Montoro avait peur de Gaby qui a peur. Dès qu'elle s'agitait, son instinct de frère aîné le poussait à réagir aussitôt, le mettant sur le qui-vive. Il pointa sa lampe sur la tête de Gabriella.

— Ne bouge pas.

Fit-il calmement. Il examina les cheveux de Gaby puis balaya par plusieurs revers de main la texture qui s'y était logée — la décrivant au passage à sa sœur pour qu'elle se décrispe définitivement —.

— C'est du spray pour faire de fausses toiles d'araignées.

C'était plutôt embêtant à retirer mais s'enlevait malgré tout, sans laisser de résidus. Montoro, lui, n'avait rien senti mais il demanda tout de même à Gaby de vérifier. Il se pencha un peu en avant, de sorte à ce que Gaby puisse atteindre ses cheveux au cas où.

— J'en ai ?

Le ton calme de Monty me fait arrêter de m'agiter mais je suis encore dégoutée. Quand il me dit ce que c'est, je grimace encore plus.

"Super... ils vont se demandé ce qu'on a fait !" dis-je en soupirant. Je regarde ensuite les cheveux de mon frère et passe rapidement ma main sur ses cheveux pour être sûre, lui n'a rien. "Nope RAS ! Mais c'est bizarre, t'es plus grand, tu aurais dû en avoir !"

N'est-ce pas de la profonde injustice ? En me remettant en marche, je place une de mes mains sur ma tête. Même si ça ne protège pas grand chose, c'est déjà mieux que rien.

"J'imagine que ça doit être l'enfer pour les arachnophobes mais je ne vois toujours pas ce que ça a d'effrayant."

Plus on avance, plus je me pose la question. J'illumine notre chemin en tournant ma lampe dans tous les sens, pour être sûr de rien manquer. Furtivement, je vois quelque chose qui passe au sol à un moment.

"Tu crois qu'ils ont prit des vrais animaux ?"

Et si il y avait une souris en liberté là dedans ?! Un frisson de dégoût me parcoure l'échine à l'idée.

Monty sourit — vilement — en écoutant les indignations de sa sœur. Leur différence de gabarit était notable après tout mais les propos n'avaient aucune logique, l'aîné se passa de commentaire sarcastique pour ne pas offenser la cadette, heureusement — même s'il en mourrait d'envie, comme le montra ce pincement de lèvre amusé —.

Ils progressèrent encore et la façon dont Gaby agitait sa lampe commença à indisposer Monty qui y voyait son appréhension — inexistante chez lui —. Gaby était très sensible. Bien plus qu'elle ne pouvait avoir peur en réalité. Elle surréagissait à cause de sa sensibilité exacerbée. Subitement, il s'approcha de sa sœur et lui agrippa le poignet, qu'il releva sous son menton, se procurant cet effet d'éclairé par en-dessous tout à fait dramatique.

— C'est pas une discothèque.

Fit-il remarquer à Gabriella, ironique, alors qu'il avait toute son attention. Oui, il faisait le pitre. Monty chercha à la rassurer, détendre l'atmosphère, sans répondre à ses inquiétudes au sujet d'animaux qui se baladeraient.

Vint ensuite un passage très étroit entre deux paravents, chacun enveloppé d'une bâche blanche couverte de sang éclaboussé. Ils ne pouvaient passer qu'un par un.

Je suis surprise quand je sens que Monty attrape ma main. Je le regarde interdite quelques secondes avant de me mettre à rire. N'importe quoi !

"Ah bon ? Pourtant je suis sûre que ça ferait un bon thème ! Imagine ils font ça pour Halloween ? Ça serait trop cool.

J'évite d'agiter ma lampe à nouveau et regarde devant nous. Voilà qui ne présage rien de bon. Sans perdre de temps, je me place sur le côté et imite les gentlemans qui ouvrent les portes aux femmes.

"Je vous en prie mon cher prince, passez le premier !"

Bah quoi ? Je suis pour les femmes d'abord mais pas dans ce genre de contexte !

Le passage n'était pas très engageant. Monty et Gaby ressentaient probablement la même chose. La crainte du salissant. Elle surpassait plus que la raison. Gabriella l'invita à y passer en premier. L'aîné hocha la tête et s'avança sans hésiter. Même si elle ne lui avait pas demandé, jamais il n'aurait accepté qu'elle s'y engouffre la première. Il y alla à tâtillons toutefois. Il toucha d'abord les rebords avec ses doigts afin de déterminer si le sang était sec ou non. Puis il passa la tête et commença à renifler d'éventuelles effluves suspectes. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça, réflexe. Il avança alors, se déplaçant de côté.

Soudain, tandis qu'il avançait, une énorme carcasse pendue (et factice) lui arriva dessus. Comme le passage était étroit, ce ne fut pas aisé de faire marche arrière et pour couronner le tout, d'autres membres, humains cette fois-ci, furent jetés par dessus les paravents. On aurait dit des bras et des jambes faits en coussins rembourrés. La surprise d'un tel assaut met Montoro, momentanément en arrêt. Il est surpris, bien sûr, et décide de ne plus bouger, le temps que le déferlement de calamités ne cesse. Gabriella y était certainement soumise aussi de son côté. Il pouvait voir une carcasse les prendre en étau de l'autre côté. Il tendit la main à sa sœur.

— Gaby, t'as rien ? Rejoins-moi.

Le passage était encombré. L'agacement sembla monter chez Montoro.

Je le regarde faire, en espérant que le sang n'est pas frais. Enfin que le faux sang n'est pas frais. J'espère que ce n'est pas la peinture non plus ! On ne dirait pas parce que mon héros avance précautionneusement entre les paravents. Et là, c'est le drame. Des choses non identifiés me tombe dessus. De surprise, je lâche : "AAAAHHHH" en levant les bras pour me protéger le visage. Qu'est-ce qu'ils foutent ?! Ils sont malade les premières années ! Je prends mon mal en patience, parce que ça s'arrête forcément à un moment. C'est la voix de Monty qui me fait baisser les bras et regarder dans sa direction.

"Non, ça va ! J'étais juste surprise."

Sans hésitation, j'attrape sa main et me déplace tant bien que mal vers lui, en me faufilant. Je râle pendant le processus :

"Franchement, j'espère qu'il y a un passage pour sortir de la salle sans rien parce que là, ça devient dangereux !"

Ça me répugne de sentir les faux bras ou fausses jambes sur ma peau. Pourquoi j'ai mit un short ? Pffff. Je finis par rejoindre bel et bien Monty, sans lâcher sa main, j'ajoute :

"J'espère que c'est bientôt fini."

En fait, j'ai limite envie de faire demi-tour et sortir d'ici mais c'est trop tard, autant continuer. Le chemin est encombré, alors on doit avancer prudemment, jusqu'à ce qui semble la dernière "pièce".

Gabriella parvint à sa faufiler jusqu'à lui, à saisir sa main. Montoro s'employa à dégager le passage avec une délicatesse tout à fait exemplaire et contenue, en respect au travail d'autrui — c'est à dire en bousculant tout, à coups de pieds et de coudes —. Chemin libre, il emmena sa sœur dans la partie suivante où une série de miroirs à pieds étaient disposés tout le long des murs du petit hall final. Certains miroirs étaient ordinaires, d'autres avaient des images plastifiées de figures abominables scotchées dessus, lesquelles se renvoyaient à travers les autres reflets des miroirs de part et d'autre, comme une mise en abîme. L'effet visuel était très intéressant à voir à travers les miroirs. Montoro aimait bien. Il préférait ce type de mise en scène bien recherchée, plutôt qu'une boucherie de démembrement exaspérante.

— Regarde.

Fit-il remarquer à sa jeune sœur, désignant d'un mouvement de tête un miroir avec une image de Sadako.

— Quand tu observes dans le miroir, on voit l'image devant nous reflétée derrière, ici et là-bas. On a l'impression qu'elle nous regarde à plusieurs endroits et ailleurs.

Montoro lui parla de ce qu'il trouva bien pensé dans ce dernier hall. En n'y faisant guère trop attention, cette partie de la maison hantée était en réalité la seule vraiment angoissante. Cela dit, à ce stade, ce n'était plus qu'une galerie d'observation intrigante.

Cette fois-ci ils la jouent à la galerie des glaces de Versailles, en beaucoup plus glauque. Super. Cette ambiance, bien que cheap, me rends étrangement nerveuse. Juste un peu !!! Il n'y a pas assez de place pour qu'ils surgissent d'un miroir de toute façon pfff. Je regarde ce que Monty me désigne et tout ce que je réponds c'est un : "Hein hein." avant de rapprocher plus de lui, quitte à le coller. Juste parce que je me sens à l'étroit ici ! C'est tout.

On sort bien vite de la salle de classe pour se retrouver dehors. Je ne suis pas mécontente quand je rends la lampe frontale à un des élèves.

"Bon bah c'était pas ouf hein." dis-je en regardant mon téléphone. "On va voir où en sont les parents ? Je suis sûre qu'ils ont besoin d'encouragement !!"

Je papillonnerais bien dans le festival mais on ne peut pas trop se le permettre. En chemin, je m'arrête quand même pour réclamer un mochi à un stand. C'est que tout ce parcours dans le noir m'a donné un peu faim. Rien de tel qu'un peu de sucre pour se remettre et être en pleine forme pour le reste de la journée !