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Lun 30 Mai 2022 - 9:59


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Une affaire à régler en famille
1er septembre 2017 - Okinawa

Solo avec plusieurs personnages différents discutant entre eux. Pour plus de clarté, chacun aura son petit code couleur.
Chaque terme en gras souligné vous affichera une image, donc survolez les liens !
Bonne lecture !

Ryuji avait pris congé expressément pour cela, pour retourner sur les terres qui l'avaient vu grandir, Okinawa. Il avait même repoussé de quelques jours la date du départ pour pouvoir y aller plus reposé ; ou du moins avoir moins l'air fatigué, il n'avait pas envie de rendre sa mère inquiète. Et pourtant malgré tout ça, les cernes sous ses yeux semblaient se provoquer dans un duel constant pour la domination du dessous de ses yeux. C'est qu'il avait veillé un peu plus tard que prévu, tentant de s'occuper de la pauvre robe que Moon avait déchirée et laissée entre ses mains. Il pensait être certain de pouvoir y arriver mais ses tentatives s'étaient soldées par des échecs cuisants ; fort heureusement rien de définitif ou provoquant la perte totale de ladite robe, il ne se serait pas pardonné cet affront.

Résigné, il avait même fini par la glisser dans sa valise : il demandera à sa soeur de jeter un oeil dessus, après tout elle lui devait bien, c'était lui qui lui avait offert sa dernière machine à coudre pour son anniversaire ! Elle pouvait bien faire un effort et consentir à lui filer ce petit coup de main. C'était d'ailleurs elle qui l'attendait à son arrivée à l'aéroport, tenant une petite pancarte taguée de plusieurs noms mignons, de petits chats et autres dessins très enfantins, aux couleurs bien criardes. Illisible. Elle avait évidemment fait ça exprès, juste pour tenter de gêner son frère aîné. Elle était plantée là, grand sourire, lorsqu'il franchit le sas, sa valise traînant derrière-lui.

Oniii-chaaaaaaaan !!, s'était-elle mise à crier dans le hall, perturbant les autres proches attendant les voyageurs. Ryuji se dirigea vers elle avant qu'elle ne provoque plus de honte. Arrête, tout le monde te regarde., lui répondit son grand frère en levant les yeux au ciel.

Futaba Yamashiro, la soeur de Ryuji, était une jeune adulte de dix-neuf ans, cheveux bruns coiffés plutôt court, très coquette en général malgré son style décontracté ce jour-là. Elle ne faisait pas grand chose de ses journées si ce n'est se prendre en photo ou se faire prendre en photo, discuter avec ses fans sur les réseaux sociaux, bref, c'était une jeune idol. Elle partageait tellement peu de points communs et de traits physiques avec son frère que beaucoup de gens ont cru que l'un ou l'autre avait été adopté. Pourtant, si on regardait son père, elle lui ressemblait beaucoup ; alors que Ryuji avait hérité de pas mal de caractéristiques physiques de leur mère.

Tu as fait mon voyage, mon grand frère préféré ?, lui demanda-t-elle en agrippant son bras. Signe que quelque chose de louche se tramait. Qu'est-ce que t'as encore à me demander cette fois ?

Leurs relations étaient au beau fixe mais une telle proximité entre eux était louche, surtout venant d'elle ; autant l'aîné adorait la gêner en "envahissant son espace perso" comme elle le disait si bien, autant l'inverse n'était absolument pas vrai... A moins que la cadette ait quelque chose à demander à son frangin. Bien évidemment, à force, il commençait à la connaître ! Plusieurs pistes se précisèrent dans ses pensées : soit elle avait besoin d'argent, soit elle avait besoin d'être couverte pour l'une de ses conneries (le genre de connerie dont on préfère cacher l'existence aux parents), ça n'allait pas plus loin. Malgré ça, il aimait profondément sa petite sœur et en grand frère bien trop laxiste, il faisait de son mieux pour l'aider quand elle en avait besoin, toujours en râlant et en profitant de la situation pour lui-même négocier des choses.

Eh bien... il y a ce sac que j'ai vu et-
Je t'arrête de suite: tu n'auras pas un Yen de ma part sans rien en échange., la coupa subitement Ryuji. J'ai besoin de tes talents de couturière pour rafistoler une robe. Chère. Précieuse.

Evidemment, il parlait de celle que Moon lui avait laissée la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Celle qu'il n'avait pas réussi à lui-même réparer. Il aurait pu se mordre la joue d'avoir demandé telle faveur à sa sœur mais le fait qu'elle ait attaqué la première en lui réclamant un cadeau ou tout du moins de l'argent était une occasion trop belle pour la laisser passer. Elle hocha la tête rapidement comme une gosse surexcitée, acceptant d'office, la promesse de ce fameux sac probablement hors de prix sembla suffisante pour qu'elle ne rechigne pas à la tâche. Après tout, elle était vraiment bonne couturière et Ryuji savait très bien, au fond, qu'elle adorait travailler sur des pièces... si seulement elle savait que c'était la robe de la collègue-crush-amante-et-potentielle-petite-amie de son frère, elle deviendrait totalement dingue, le harcelant pour obtenir le moindre détail sur elle, sur lui, sur eux, dans tous les sens du terme et sans la moindre retenue : plus il y avait de détails, mieux c'était. Cet art du gossip et du sans-gêne était probablement le seul point commun évident dans leurs caractères respectifs d'ailleurs.




Le trajet jusqu'à l'appartement de Ryuji n'était pas long en soi mais le moulin à paroles qu'était sa sœur le rendit interminable. Certes, cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vus mais ils se parlaient quasi toutes les semaines par message ou sur les réseaux sociaux ! Ryuji était même le premier à liker tous ses posts sur Instagram. Secrètement, il était son fan numéro 1 mais il se gardait bien de lui avouer qu'il était fier, bien que souvent inquiet, de la réussite de sa sœur. C'était la porte ouverte au moindre abus de sa part et il subsistait encore suffisamment d'égo dans le trentenaire pour qu'il se refuse catégoriquement à ça, "Plutôt crever" aurait-il pu dire.

Il pénétrèrent finalement dans le hall de l'immeuble où résidait l'aîné du clan Yamashiro lorsqu'il venait à Okinawa. Il en était fier de cet appartement, il l'avait payé au Yen près, gagné par la sueur de son front durant son année sabbatique d'abord, et lors des jobs qui se sont succédés durant sa vie d'adulte à Tokyo. Résultat: un appartement très sympathique en périphérie d'une station balnéaire comme il y en a beaucoup sur l'île au fond, totalement sous exploité et qui servait avant tout de pied-à-terre, d'atelier et de fourre-tout. L'atmosphère y était lourde, la poussière y avait élu domicile et ne comptait pas déménager de si tôt. Ryuji et Futaba avaient du pain sur la planche, au moins pour préparer le logement à les accueillir pour les jours suivants. Ryuji comptait bien rester quelques petits jours ici avant de repartir pour Kobe et entamer la rentrée de septembre, l'occasion pour lui pour revoir la famille, saluer sa grand-mère qui avait rejoint le domicile familial et rendre hommage à l'ancêtre ; le plan classique. C'était aussi l'occasion de s'aérer avant de confronter le quotidien à l'université et toutes ces probabilités de croiser sa coréenne.

Ils aérèrent l'appartement, chassèrent la poussière avec une grande efficacité, tant et si bien qu'ils eurent fini plus tôt que prévu initialement. Ryuji sortir la machine à coudre qui traînait dans le living et tapota dessus en pointant Futaba. Allez hop, rends-toi digne de ton prénom., lança-t-il à sa sœur en sortant la robe de son sac pour lui présenter l'état des lieux. Bah alors frangin, on s'est montré trop pressé ? glissa la cadette en se penchant vers son frère et en prenant un ton totalement inapproprié, bien trop mielleux. Elle avait l'art de se montrer insupportable et de jouer avec la patience des gens, son frère était un cobaye de longue durée. C'est à.... une collègue de l'université. J'ai tenté de la réparer mais c'est une belle pièce, assez chère. Je préfère pas me foirer. Plusieurs sens étaient possibles pour le mot "cher". Parlait-il de valeur monétaire ou de valeur sentimentale ? Sûrement les deux, probablement l'un plus que l'autre aussi. Ce qui lui tenait plus à cœur que le tissus c'était la volonté de lui rendre, ça faisait un prétexte pas si déconnant pour qu'ils se croisent hors de leurs prérogatives professorales. Encore un peu et Ryuji lui-même aurait pu se mettre à croire qu'il fomentait des plans plus capillotractés les uns que les autres.

Ca devrait se faire sans trop de mal. annonça l'experte après une analyse rapide des dégâts. Ca se verra un peu mais je ferai mon max pour que ce soit subtil. Tu pourras rassurer ta.... "collègue". Elle avait même mimé les guillemets tout en le regardant avec l'air le plus suspicieux possible, avant d'éclater de rire en sous-entendant de repasser avec cette mystérieuse collègue pour la présenter. Il en était hors de question bien évidemment, pas sans une préparation préalable de tous les côtés. De plus, ils étaient bien loin de ce genre de rencontre ! Encore fallait-il qu'elle ait lieu de prime abord avant de s'embarquer dans de la préparation. Bien qu'il comptait bien vaguement prendre la température auprès de sa mère au moins, elle était gentille sa mère... Mais avait fortement tendance à ne pas pouvoir tenir sa langue. Futaba c'était la même. Il ne lui restait plus qu'une seule personne... Yamashiro-père. Aie.

Le retour au foyer parental attendra demain. La fratrie avait du temps à rattraper autour de malbouffe et d'une ou deux bières. Certes, Futaba n'avait pas encore l'âge (elle l'aura plus tard cette année) mais Ryuji la couvrait intégralement. Son petit coin pour dormir était prêt d'ailleurs, pour ne pas affronter le regard inquisiteur des parents ; enfin, ça c'était sans compter sur ses désirs de princesse et des paris idiots entre frère et sœur à base de "celui qui perd pieute sur le canapé". De toute façon il était très confortable ce canapé-lit, un peu dur certes mais ça renforçait les dorsaux ! Du moins c'était ce que Ryuji se dit en se couchant avec difficulté après avoir raté plusieurs fois les paris idiots de sa sœur. Il sourit en regardant les lumières de la rue se refléter sur le plafond. A lui aussi ce genre d'ambiance avait manqué. Dès le lendemain ils continueront leur périple. Etape 2 : les parents, et là il devait préparer une défense en béton armé et un moral d'acier pour supporter le retour à la maison familiale. Il mourait autant de peur que d'impatience.


Code : Gin
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Mer 15 Juin 2022 - 12:57
[SOLO | OKINAWA] - Une affaire à régler en famille Elson-tan-washitsu-evening-02
Une affaire à régler en famille, Ch.II
2 septembre 2017 – Résidence Yamashiro, Naha, Okinawa
feat. Le clan Yamashiro
Introduction de Papa Yamashiro et de Mama Yamashiro dans le lore ! Pour que ce soit plus simple à suivre, voilà les codes couleur :
Ryuji en Japonais / Ryuji en Français
Futaba en Japonais / Futaba en Français
Liliane, la maman, en Japonais / Liliane, la maman, en Français
Kyosuke, le père, en Japonais / Kyosuke, le père, en Français


Promis, je limiterai les changements de langue au possible ~
N'oubliez pas de survoler les mots en gras et souligné pour avoir quelques petits indices Wink

Le réveil sortit Ryuji Yamashiro, toujours trente ans, toujours professeur de design à Kobe et toujours célibataire. Il s'assura de la dernière information en jetant un oeil sur son téléphone. Il aurait probablement aimé recevoir un message de Moon mais il n'en fut rien, leur dernier échange remontait à plusieurs jours et était des plus banals. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait pouvoir changer son statut sur les réseaux sociaux. Il soupira en se relevant, grogna en s'extirpant du canapé-lit, râla en galérant pour ouvrir la porte vitrée menant au balcon et soupira de plus belle une fois la fumée de sa cigarette du matin dans les poumons.

Il était environ sept heures du matin, il aurait préféré se lever plus tard mais il avait oublié de déprogrammer ses alarmes habituelles, celles de Kobe, où il avait toujours plus ou moins de choses à faire si ce n'était se préparer pour aller en cours ; bien que parfois cette alarme en particulier lui servait de rappel d'être raisonnable et de rejoindre sa couche, notamment après une longue nuit de travail ou de débauche en solitaire, bières et cigarettes à la main. Il toussa en écrasant le mégot dans le cendrier et retourna dans l'appartement, contemplant le bazar mis par sa soeur et lui la nuit précédente. Son léger mal de tête lui rappela alors qu'ils n'avaient probablement pas suffisamment coupé l'alcool avec l'eau.

La journée s'annonçait d'ores et déjà épique, dire qu'ils avaient rendez-vous avec leurs parents en début d'après-midi... Il se maudit d'avoir eu cette idée, d'autant plus que cette visite n'était pas prévue, il n'avait en effet prévenu que Futaba, voulant faire une surprise à sa mère. Quant à son père, s'il pouvait l'esquiver quelques heures, ça l'arrangeait. Leurs relations étaient plutôt bonnes mais ce week-end là, il n'avait pas réellement envie de croiser le regard froid et dur de son paternel.

Il alluma la cafetière pour préparer une double de café salvatrice, il en avait bien besoin, Futaba aussi en aura bien besoin. L'aîné partit immédiatement la sortir de son sommeil, hors de question qu'il soit le seul debout si tôt, plutôt mourir. Alors il pénétra dans sa chambre pour retrouver sa soeur dans son lit, les draps défaits, une jambe par-dessus, les cheveux en vrac. Il dut se retenir de prendre une photo tant la scène était drôle à voir ; il ne se retint pas de rire en revanche, un rire si fort qu'il provoqua en la jeune femme une réaction immédiate de rejet. Elle s'enroula d'un coup dans la couette tel un burrito de mauvaise humeur, les joues gonflées par sa grimace même dans son sommeil. Cette veine tentative n'arrêta pas le trentenaire qui chopa au passage un oreiller qui avait probablement été balancé pendant la nuit pour le lui lancer en pleine figure.

AAAARGH ! Salopard !
— Réveille-toi Baba, on a des trucs à faire.
— Gnnn mais on a que dalle à faire... dit-elle en grognant à moitié Fais-moi un café.
— Et tu veux que je te le livre sur un plateau d'argent, aussi? Il passe. T'as qu'à venir le chercher. En plus t'es horrible le matin, on aura bien besoin de trois heures pour ravaler ta façade, sorcière.


Il éclata de rire en refermant la porte, juste à temps pour esquiver le torrent d'insultes et d'objets lancés contre celle-ci. C'était une scène autrefois habituelle et qui lui avait un peu manquée. Autrefois, les matins étaient rythmés par les engueulades entre les deux enfants, ce qui avait le don d'amuser leur mère et de rendre marteau leur père, qui eut vite-fait de prendre l'habitude de se lever plus tôt qu'eux et de vite s'éclipser au travail : tout sauf entendre ses rejetons se déchaîner de si bon matin.

Ryuji regarda l'heure ainsi qu'une nouvelle fois sa boîte de réception. Toujours rien. Quelques soupirs et grommellements plus tard, il avala un café serré et noir comme son air maussade du matin avant de sauter à la douche. Il avait estimé qu'il pouvait prendre son temps sous l'eau sans devoir gérer une Futaba de mauvais poil arrivant en trombe dans la pièce en exigeant le départ immédiat de son ainé à grands renforts de menaces de l'y expulser par la force manu militari. Des menaces qui le faisaient plus rire que trembler des genoux, Futaba ne faisait pas le poids contre lui et leurs chamailleries avaient maintes fois prouvé ce fait. Alors il prit bien le temps de se réveiller sous le jet d'eau bien chaude, un joli bandeau sur le front pour plaquer ses cheveux flamboyants en arrière. Il repensa à Moon, bien évidemment, à la rentrée, aussi, mais à sa collègue surtout, à leurs rendez-vous, à leur nuit ensemble. Il refroidit l'eau pour calmer ses ardeurs et se réveiller plus brutalement, un retour sec à la réalité qui le fit tressaillir.

Cependant, sa soeur ne l'entendait pas de cette oreille et, comme cela aurait pu être prévu, déboula dans la salle de bains en hurlant. Sors de là c'est mon tour ! Ryuji émit un petit "Hm?" surpris avant de tirer le rideau de douche à damiers pour y passer la tête. Il affichait un air des plus estomaqués, choqué de voir sa soeur d'habitude si traînarde déjà sur le pont, surtout après un réveil en fanfare comme celui qu'il lui avait réservé. Les cheveux en vrac, des cernes énormes sous les yeux, un tas de vêtements en boule sous le bras et une brosse dans la main ; elle était prête à en découdre avec lui. Il rit.

On t'a jamais appris à frapper avant d'entrer ?
— Pas quand il s'agit de ma salle de bain et de mon tour de prendre une douche.
— Tu manques pas de culot, sorcière. dit-il en lui faisant la grimace Puis je te signale que jusqu'à preuve du contraire, c'est encore MON appart', je te le prête juste pour tes peeeetites soirées pyjama entre copiineeeeen
— Ok tu l'auras voulu.


Ni une ni deux, elle balança ses affaires sur le comptoir près de l'évier et commença à se déshabiller. Immédiatement, Ryuji tira le rideau pour se planquer derrière-lui : hors de question de voir sa soeur nue et si c'était une technique de Sioux pour le déloger de son réconfort matinal à 30°, elle se mettait le doigt dans l'oeil. Elle se glissa alors carrément dans la douche, dos à lui. A cet instant, le trentenaire se remercia d'avoir dépensé sans compter dans l'achat de la cabine pour qu'elle soit suffisamment spacieuse pour qu'on puisse y tenir à deux. Sans ça, la scène aurait été encore plus gênante. Certes, ils avaient longtemps partagé la salle de bain durant leur enfance et une plus petite en plus, du moins jusqu'à-ce que leur père décroche une promotion et qu'ils déménagent dans une maison plus grande, mais à partir de l'adolescence, Ryuji avait protesté et avait obtenu gain de cause, targuant que la douche et le bain font partie de rituels à ne pas prendre à la légère et qu'ils ne pouvaient être partagés avec n'importe qui, sa soeur en ligne de mire !

Ryuji laissa éclater sa frustration, tira le rideau de douche si fort qu'il aurait pu l'arracher sur-le-champ et sortit donc de la cabine de douche. Sa cadette laissa échapper l'un de ses célèbres "Fufufu~" qui avaient le don de rendre son frère chèvre avant de chantonner en se lavant, victorieuse, comme si de rien n'était. De l'autre côté du rideau, il se contenta de se sécher et de se continuer sa routine matinale en ignorant autant que possible sa soeur. Après tout il était chez lui, c'était elle la parasite. Elle brisa le silence, d'une voix plus calme, presque enjouée.

Ca m'avait presque manqué, ça, fufu...
— Parle pour toi. On a passé l'âge, tu te rends pas compte d'à quel point c'est chelou. T'es vraiment toujours dans l'excès !
— Paaaardooooon ? Tu te fous de ma gueule ? T'es le roi, Môssieur Je-suis-pas-foutu-de-désaper-ma-meuf-sans-foutre-en-l'air-sa-robe !
— D'une, c'est pas ma faute et de deux, c'est pas ma copine il baissa le ton, murmurant dans sa barbe ... pas vraiment.
— Eheheh j'le savais. Je. Le. Savaiiiiis. KYAAAA


Ryuji satura, rouge de honte il sortit de la salle de bain et laissa l'autre folle s'exciter toute seule dans la douche, à grands coups de Je vais avoir une grande-soeeeeur-eeeeeeuh et autres "Kya" qui hérissaient le poil et auraient clairement pu réveiller les voisins, si pas tout le quartier. L'espace d'un instant il hésita à couper l'arrivée d'eau chaude pour la punir de son insolence mais se ravisa en dernière minute. Après tout, elle avait quand même rafistolé la robe de Moon et sans (trop) râler, jusqu'à pas d'heure la veille. Il lui devait bien ça, un petit répit, un peu d'indulgence. Au fond, en plus, ça le faisait rire de la voir aussi enjouée pour quelque chose comme ça, elle n'avait quasi pas changé en quasi un an et demi et dans un sens, ça le rassurait.

La fratrie finit de se préparer entre chamailleries et discussions sérieuses sur l'amour, les amis, la vie, l'avenir, le travail ; ils rattrapaient le temps perdu comme un frère et une soeur ne s'étant plus vus depuis des mois feraient, rien de plus normal, même pour deux caractères forts tels que les enfants Yamashiro. Vers 10H30 ils étaient fins prêts, les affaires de Ryuji étaient chargées dans la voiture, celles de Futaba aussi, ils avaient même pris le temps de faire quelques courses pour ramener de quoi préparer le repas du soir avec leur mère. Sans trop trainer, ils se mirent en route vers la résidence Yamashiro, surnommée par certains "Le Château du Dragon".




Les parents habitaient désormais dans l'ancienne demeure du patriarche, Ryuji senior, qui avait quitté le monde des vivants il y a quelques temps, laissant une veuve éplorée et des enfants et petits enfants sous le choc, Ryuji junior en premier. La famille était grande, Futaba et lui avaient pas mal de cousin éparpillés un peu partout sur l'archipel mais pourtant, ils avaient une place particulière dans le coeur de "Jiji-san", probablement parce que de tous ses petits enfants ils étaient ceux habitant le plus près de lui.

La route n'était pas particulièrement passionnante alors le trentenaire en profita pour enchaîner plusieurs chansons plus variées les unes que les autres, déjà parce qu'il adorait conduire sur ce genre et ensuite, c'était son petit plaisir de casser les oreilles à sa soeur, qui ne jurait que par la k-pop ou d'autres styles plus commerciaux. Pourtant, avec le temps (la route n'était certes pas passionnante mais elle était longue), elle finit par s'y faire et même chanter à tue tête certains des choix de son frère. De quoi enterrer la hache de guerre et arriver complices chez leurs parents.

Deux heures plus tard, ils arrivèrent enfin à destination. La demeure était belle, plutôt grande et sortait du lot : contrairement au style architectural du coin, elle avait été construite tout en bois et rappelait les demeures anciennes que l'on trouvait dans le Kansai, là d'où était originaire le patriarche. On aurait pu croire qu'elle abritait des onsen mais point de sources chaudes à l'horizon, si ce n'est un bain à remous qui rappelait le style, au fond du jardin, près d'une annexe, le "Nid" comme aimait l'appeler la mère de famille. Les enfants se garèrent dans l'allée et furent immédiatement accueillis par Liliane, leur mère, émue aux larmes.

Liliane Marchand de son nom de jeune fille, 50 ans à peine, ne faisait clairement pas son âge, la faute à son extrême beauté et un soin tout particulier apporté à sa peau. C'était presque un modèle de vertu: elle faisait du yoga, mangeait sainement, pratiquait parfois le jeûne, faisait beaucoup de sport, ... bref, un tableau quasi parfait si ce n'est sa passion pour le tabac ; il fallait bien que le fils hérite son addiction de quelque part. Française d'origine, elle portait de longs cheveux blonds qu'elle nouait souvent en queue de cheval ou en chignon, ses yeux étaient vert émeraude et elle avait un style... atypique pour une étrangère. Depuis son arrivée au Japon elle avait totalement embrassé la culture à un niveau presque obsessionnel, elle portait le yukata traditionnel comme personne si elle avait le choix ; si pas elle changeait de garde-robe et optait pour un style plus moderne, à son grand dam.

MES ENFANTS !
— Mamaaaan je suis làààà ~ Futaba courut dans les bras de sa mère comme une enfant Regarde quel affreux personnage j'ai trouvé sur le bord de la route...
– Salut M'man.
— "Salut M'man" !? La mère lâcha sa fille pour se diriger vers son aîné en sortant son porte-cigarette d'une poche de son yukata Tu ne donnes plus de nouvelles ou presque pendant des mois et c'est tout ce que tu me sors ? T'abuses...
— C'est parce qu'il a une co–
— OH mais tu m'as manqué maman, ne boude paaaaas


Mère et fils s'allumèrent respectivement une cigarette en taillant le bout de gras. Ryuji était le portrait craché de son père mais pourtant, avait plutôt le caractère de sa mère, tandis que sa soeur était l'exact opposé. Ils étaient également plus proche chacun d'un parent différent, même si Futaba était moins en froid contre le paternel que Ryuji, elle était peut-être excessive dans ses réactions mais elle pardonnait vite, elle. La mère de famille les accueillit à l'intérieur, rangeant les courses dans la cuisine et leur servant immédiatement thé, café, biscuits et autres friandises pour les trois accros au sucre qu'ils étaient.

Le père n'était pas encore rentré et quant à la matriarche de la famille, elle vivait sa vie tranquille dans une annexe construite tout récemment. Elle était certes perdue depuis le décès de son seul (et unique !) amour mais avait tenu à garder le maximum d'indépendance. En tout cas c'était la version officielle. Dans les coulisses, elle avait plusieurs fois confié ne plus supporter les batifolages et autres roucoulades de son fils avec sa belle-fille ; une vision dont Ryuji se serait bien passé.

L'intérieur n'avait pour ainsi dire pas changé, le couple avait juste modernisé la déco et l'équipement, sans compter la construction de l'annexe pour la matriarche et quelques aménagements dans le jardin, leur fameux "Nid". Ryuji n'y avait jamais mis les pieds mais comprit bien assez vite que pour sa propre santé mentale, il ferait mieux de ne JAMAIS y mettre les pieds... Sauf peut-être accompagné ? Il pensa fugacement à Moon et un potentiel séjour mais les papotages des deux femmes le sortirent de sa rêverie. Ryuji n'y fit pas plus attention que ça, la route l'avait quand même cassé, Futaba avait refusé de prendre le volant, sans parler de la gueule de bois qui avait encore du mal à passer. Il se contenta de répondre aux questions, d'acquiescer et de se remplir l'estomac de café et de sucreries, comme au bon vieux temps.

Vers 19H30, le bruit du moteur de la Toyota familiale se fit entendre. Yamashiro-père était de retour du travail. Kyosuke Yamashiro, 56 ans, fonctionnaire militaire dans l'une des bases de Naha. C'est un homme plutôt grand pour un Japonais, encore basé malgré des années passées derrière un bureau après une carrière de militaire. Il porte un bouc aussi gris que ses cheveux – il n'a pas le même secret de longévité que son épouse ! Il est très classique dans sa posture et sa tenue, digne aussi, le portrait craché de son père dans sa jeunesse. Il est plutôt strict mais c'est un mari qui aime sans condition ainsi qu'un père qui a toujours fait de son mieux pour être présent pour ses enfants, même malgré leur caractère.

Il entra dans la salle à manger en silence, posa sa serviette sur le comptoir de la cuisine, ce qui se solda par une remarque de sa femme comme d'habitude, et ne dit mot. Il avait besoin de son café lui aussi pour vraiment officialiser son retour à la maison, déjà que son petit rituel avait été perturbé par l'arrivée de ses rejetons: d'habitude sa femme l'attendait patiemment en fumant sa cigarette dehors. Toujours à la même heure. Réglés comme du papier à musique. Mais ce soir c'était différent, elle jacassait en Français avec leurs gosses. Il s'éclaircit la voix une fois. Puis une deuxième et enfin une troisième fois un peu plus fort avant d'enfin prendre la parole : Parler. Japonais. Merci beucoup. Il grogna et sortit de la pièce pour se mettre à l'aise. Il avait appris le Français et le comprenait mais n'aimait pas spécialement le parler, sauf pour glisser quelques mots doux bien pesés à son épouse ; mais le cadre ne s'y prêtait pas du tout.

En attendant son retour, Futaba et sa mère s'activèrent en cuisine tandis que Ryuji partit en direction du bureau de son père, l'ancien bureau du patriarche, c'était là où il se réfugiait après le travail. Il aurait préféré aider en cuisine mais sa mère l'avait gentiment envoyé pour parler à son père, et vu qu'elle semblait y tenir, il s'exécuta. Il toqua à la porte et entra sans laisser le temps à son père de répondre. Il l'attendait, deux verres servis sur la petite table basse. Lui aussi avait fini par adopter le style traditionnel et avait revêtit son yukata. S'il avait eu les cheveux plus longs, comme son fils, on aurait pu croire à un samouraï en plein audience. Ryuji prit place devant lui en silence.

On ne change pas les habitudes à ce que je vois...
— Tu constates bien.
— Je dois m'attendre à me faire gronder et déshériter ? Il leva les yeux au ciel et prit le verre Santé !
— Tsk. Plus sarcastique la prochaine fois ? Ca me fait du bien que tu sois venu. Vraiment.
— A moi aussi, au fond. J'avais besoin de quitter Kobe quelques jours, donc je me suis dit pourquoi pas passer.
— Une sage décision. Comment ça se passe ta reconversion ? Et côté privé, aucune fiancée à présenter à ton vieux père ?


Ryuji failli s'étouffer en entendant cette question. Cela ressemblait plutôt à sa mère, pas à son père. Il suspecta qu'ils aient eu une discussion au préalable et qu'elle lui ait demandé de lui tirer les vers du nez... Une mesure plutôt inutile sachant qu'elle était en tête-à-tête avec Futaba au même moment.

Ca se passe très bien, les gosses sont sympas, ils bossent bien, la paye est bonne...
— Hm-hm... Et c'est tout ?
— Tu t'attendais à quoi ? Il prit une gorgée d'alcool en secouant les épaules "Au fait papa, j'ai craqué sur une collègue et c'est plus fort que je ne le pensais, s'il te plait donne-moi des conseils, comment t'as fait avec maman" ? S'il-te-plait, ce serait idiot...
— Parce que c'est le cas ? J'ai remarqué que tu as failli t'étrangler. Je te connais. Tu es mon fils... Enfin, je crois ? Il faut que je confirme avec ta mère.
— Ca va, oui ! Tss... Il se pourrait que ce soit le cas.
— Alors imaginons que l'on soit fou, que cette possibilité soit une réalité. Que fais-tu ici et elle là-bas ?
— Ah ça... c'est une longue histoire. Si tu as du temps avant qu'on passe à table, eh.


Ryuji passa le début de soirée à discuter avec son père, une chose qui n'était plus arrivée depuis plusieurs mois, même avant qu'ils se brouillent en réalité. Yamashiro-père n'était pas réputé pour être quelqu'un de très causant, du moins sobre, sa langue se déliait plus facilement une fois l'influence de l'alcool en marche, comme ce soir-là après une longue semaine de travail et un petit verre en compagnie de son fils aîné. Bientôt l'heure de se retrouver autour de la table sonna, ce qui voulait également dire que Ryuji allait devoir se confronter à un autre interrogatoire qu'il craignait, car il pouvait mettre sa main à couper que sa soeur avait vendu la mèche à leur mère, qui devait fort probablement attendre avec impatience de pouvoir cuisiner son fils à propos de cette fameuse collègue...

La scène était gênante au possible: Ryuji au centre de l'attention, les regards de sa mère et de sa soeur rivés sur lui tandis que le père était plus concentré par le repas ; normal en même temps quand on set déjà dans la confidence. Le trentenaire fit de son mieux pour esquiver les questions, rebondissant sur elles pour les retourner ou les altérer autant que possible ; un vrai concours de saut d'obstacles en slalom lors des Jeux Olympiques. Ryuji méritait clairement une médaille d'or ou une moins celle d'argent : il n'était qu'une pâle copie de son père à ce jeu là, Kyosuke l'insondable était passé maître dans l'art de l'esquive, merci à l'air impassible qui en avait déjà terrifié plus d'un. A force, ni sa femme ni sa fille ne se risquaient encore à tenter de savoir quoi que ce soit venant de lui. Ryuji soupira, fatigué de la gueule de bois, de la route et surtout de l'avalanche de questions et sous-entendus qu'il se mangea toute la soirée ; un bel accompagnement pour le plat préparé, à n'en point douter. Entre le fromage et le dessert, il prit congé, direction l'arrière-cour de la demeure, le petit coin cigarette qu'il s'était trouvé il y a plusieurs années déjà.

Alors qu'il pensait être tranquille, enfin seul, il fut rejoint par sa mère...

Alors alors, je peux savoir hein ?
— Non.
— Alleeeeez Elle fit la moue, comme une enfant Je suis sûr que ton père sait déjà tout, en plus...
— C'est siiii évident ? Bref. C'est une collègue, on se tourne autour, et pas que d'ailleurs, mais j'ai dû mal à ne pas trop m'attacher trop vite.
— Ah ça, mon grand...
— C'était comment avec papa ?
— Ahah! Simple mais pas facile pour autant, ton grand-père me terrifiait, puis il avait une ex dont il avait du mal à se défaire mais heureusement, je me suis accrochée et il s'est rendu compte de ce qu'il manquerait s'il ne me choisissait pas !
— Pas de détail, s'il-te-plait. Je t'en supplie !


Un silence gêné s'installa, seulement interrompu par les bruits d'inspiration et d'expiration des deux fumeurs. La mère coupa court avec une question fatidique.

Tu l'aimes, Ryu ?
— Non. Oui. Je sais pas ?
— Alors laisse les choses se faire.
— Facile à di-
— Facile à dire, je sais. Mais il n'y a pas de secret. Si tu forces trop, ça n'ira pas.
— Hm.
— Tatata. Rien ne t'empêche de provoquer le destin un peu mais si vous êtes destinés à vous revoir et à passer votre envie, ça viendra. Tu verras.
— Dire que j'avais décidé de venir ici pour ne pas y penser, voilà que j'y pense tout le temps.


Ryuji écrasa le mégot de sa cigarette dans le cendrier, signe qu'il était temps pour lui de rejoindre ses appartements. Il déposa un baiser sur le front de sa mère avant de partir, en concluant leur petite conversation par un simple Merci maman... avant de se diriger vers sa chambre. Ce n'était pas sa chambre d'ado, bien que ses affaires avaient été transférées lors du déménagement, il n'avait pas grandi dans cette maison bien trop grande comparée à celle de son enfance. Pourtant il s'y sentait quand même comme chez lui, c'était celle de son grand-père après tout, alors il y subsistait une partie de lui encore tenace.

Il se coucha dans le lit, regardant le ciel par la fenêtre. La nuit était jeune et belle et à défaut d'autre chose, il put se reposer avec une vue sur la lune. Le lendemain il allait vivre sa dernière journée ici avant un petit moment vu la rentrée des classes approchant, ce n'était plus qu'une question d'heures à ce stade. Il profita de ce repos bien mérité, la tête un peu moins en vrac, il en avait bien besoin.


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