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Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
■ Age : 33
■ Messages : 1801
■ Inscrit le : 27/02/2021

■ Mes clubs :
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Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Seito Mori

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Lun 9 Mai 2022 - 22:40
CE QUI ÉRAFLE LES AUTRES ME DÉCHIRE



Jeudi 17 août – A bord du train - 16h23

Le paysage défile, monotone. Le roulis du wagon berce le lycéen vers un sommeil peuplé d'ombres distordues et inquiétantes. Malgré la dangerosité de ce repos mérité, il n'interrompt pas la longue glissade dans ce toboggan d'émotions qui le submergent alors qu'il fuit sa famille. Traitez-le de lâche, tout cela n'a pas d'importance. Sa mâchoire se crispe, tant d'images l'assaillent et paralysent la sérénité que devrait lui apporter sa bravade. Ses affaires, en vrac dans sa valise, se souviennent de la montée en puissance de l'altercation. Elles ont eu peur d'être abandonnées sur place, mais de quoi se serait-il vêtu alors ? Entre les fibres se cachent sa colère et son irrépressible envie de détruire tout ce qui l'entoure. Ses poings fermés se resserrent. Ils l'avaient cherché. Pour une fois qu'il ne faisait pas de vague, ils l'avaient provoqué. A chatouiller le dragon, il ne fallait pas s'étonner qu'il se soit réveillé de mauvais poil. Alors pourquoi ces visages mortifiés et ce dégoût dans leur voix ? A prôner l'évidence en citant sa prévisibilité et l'égoïsme qui lui colle à la peau. L'affubler d'un surnom idiot pour le rabaisser et s'étonner qu'il se rebelle. Sus à l'animal, au malpropre qui entache la réputation de cette famille d'honnêtes gens. S'insurger de le voir s'enorgueillir de ce qui les fait vriller jusqu'à ce qu'il emploie les grands moyens pour s'échapper de cette prison qu'il appelle maison.

27 juillet - KHS

Les vacances d'été sonnent comme une douce promesse d'oisiveté après cette période d'examens. Seito avait donné de sa personne en révisant correctement. Pas jusqu'à s'en rendre malade mais la différence d'approche entre ses examens de fin d'année et ceux-là était flagrante. A plusieurs reprises il avait voulu abandonner. Les efforts déployés avaient-ils une chance d'aboutir ? Il aurait aimé s'en persuader mais il craignait un énième retour de bâton. Ce qui le rassurait en un sens car il connaissait les règles de ce jeu-là. Être médiocre, se faire engueuler, répliquer avec tout autant de fougue. Une méthode surannée mais toujours diablement efficace. Mais la Golden Week avait changé les modalités. Au pied du mur, il n'avait pas eu le choix que d'accepter les termes de ce nouveau contrat et, à l'aube des résultats, il se demande s'il n'aurait pas dû décliner. Mais la vie est ainsi faite et, à bien y réfléchir, la Golden Week est un rouage moteur de son développement personnel tant cette semaine a été le vecteur de répercussions en cascade jusqu'à l'aboutissement d'un rapprochement sans pareil. Il aurait pu en compter deux à son effectif s'il avait su maintenir le fragile équilibre qui les unie. Son front se pose sur la vitre où le béton succède à des tâches verdoyantes.

Ses parents ne lui avaient laissé aucun jour de répit. Il devait prendre le train le soir-même du jour des résultats. Que craignaient-ils au juste ? Qu'une soirée de plus sans leur surveillance allait le motiver à copieusement tourner en ridicule le nom de famille Mori ? Il n'a pas besoin d'explications, cette injonction-seule démontre le peu de confiance qu'ils lui accordent. Cette contrariété s'était ajoutée à la pile dans la décharge de son cerveau. Il ne saurait dire si sa colère s'essouffle ou s'il se ramollit mais il avait à peine argumenté. A la place, il avait préféré passer sa dernière soirée libre à papoter avec ses colocataires et profiter de ce plaisir simple sans penser au lendemain. Sa valise était déjà prête. Ne restait sur sa table de chevet que le livre qu'il avait terminé la veille et qu'il ne devait pas oublier de ramener à la bibliothèque avant son départ. Il n'avait pas eu de véritable moment d'intimité avec Mitsuki, tout du moins pas ce soir-là. Pour autant son regard avait souvent accroché le sien, demandeur silencieux d'un soutien permanent. Le japonais craignait son absence. Mais sa plus grande peur, tapie tout au fond de lui, demeurait dans la croyance que ses parents étaient capables de l'empêcher de retourner sur le campus après avoir jugé que ses efforts ne porteraient jamais leurs fruits. Il aurait bien assez le temps de ruminer pendant ce vide intergalactique jusque début septembre. Bon sang, trente-sept jours d'isolement.

28 juillet - KHS

Les résultats sous les yeux, il n'est pas peu fier de sa performance. Le lycéen en fait donc profiter son entourage, à commencer par Mitsuki qu'il remercie chaudement pour son accompagnement tout au long des examens. C'est qu'il en a posé des questions idiotes. Elle a bien du courage de l'avoir supporté et lui a bien de la chance de l'avoir rencontrée. Il reste tout de même timide sur leurs échanges en public, à part quelques moments de folie passagers. Les mauvais résultats de Mora ne lui échappent pas mais il lui épargne sa fanfaronnade. De toute façon, ce n'est pas comme s'ils étaient amis. De ça l'espagnol a été on ne peut plus clair et, bien qu'ils soient obligés de communiquer au club de foot, ils n'en restent pas moins distants. Cet éloignement est plutôt facile à maintenir au vu de la quinzaine de personnes qui évolue maintenant pendant les entraînements. Il est bien loin le temps où Mora était venu le chercher personnellement et avait complimenté ses maigres connaissances. Mais aucune pensée négative n'avait parasité ce soulagement en voyant que ses efforts avaient payé. Il lui semblait avoir passé un cap et se voyait déjà sillonner une route pavée de succès. Aussi il envisage son retour chez lui plus confiant. Ses parents sauraient reconnaître son implication, bien que tardive. Et c'est avec cette naïveté candide que la journée s'était écoulée jusqu'à ce qu'il doive prendre le train.

Pour éviter de courir jusqu'à la gare, il s'y prend à l'avance. Cela ne lui ressemble pas. Peut-être que l'ambiance générale l'avait électrisé au point de griller ses quelques neurones restantes de bon sens, toujours est-il qu'il se sent rassuré lorsqu'il promet à Mitsuki de lui écrire aussi souvent qu'il le pourra. Le japonais ne lui fait pas miroiter la possibilité de se voir pendant ce long mois car il est intimement persuadé que ses parents le garderont au bercail. Mais de simples messages constants suffiront à le rassurer qu'au moins une personne pensera à lui. Et bien sûr il n'oublie pas ses nombreux échanges avec son Rinbo qui chasseront avec génie son abattement récurrent. A l'abri des regards indiscrets, Seito se rapproche d'elle. L'appréhension qu'il ressent face à cette intimité prolongée ne tarit pas. Dire qu'il n'apprécie pas son contact serait erroné. Cependant il doit toujours autant se faire violence pour être démonstratif. D'où la raison pour laquelle la fréquence de son affection tactile est loin d'être productive. Mais à l'heure des adieux aucun mot ne parviendrait à exprimer le manque qu'il éprouvera, seul dans le bureau qui lui sert de chambre. Il chasse son inconfort, ses craintes et foudroie son aversion d'un baiser délicat. Ses lèvres grappillent ça et là des souvenirs de douceur pour les jours à venir où il n'aura que ses mots pour survivre. Et il fait bien, le retour à la réalité s'impose à lui dès le premier soir.

28 juillet - Kawachingano

La petite maison tient toujours debout. Cette constatation n'a aucune utilité mais l'épate néanmoins. Par moments, vivre sur le campus lui fait oublier qu'il a une vie à côté et qu'il doit rendre des compte à ses géniteurs. Non pas qu'il en efface la Chose de son esprit – est-ce seulement possible ? – mais il aime cette liberté que lui apporte l'internat. Si ses parents avaient eu d'autres alternatives à leur disposition, ils ne lui auraient pas accordé une telle liberté mais grâce à ses efforts cumulés il avait brûlé plusieurs cartouches et incendié l'avenir qui lui était réservé. Et bizarrement le sort lui avait été favorable. Sur ce coup-là, il avait assuré. La situation dans laquelle il évolue actuellement est grandiose. Alors oui il est en froid avec ses parents et aime à croire qu'il est toujours fils unique, mais il a des amis et une petite amie. Attendez, il est important que vous saisissiez l'aspect lunaire de cette déclaration. Il a des amis et une petite-amie. Et il ne parle pas de simples élèves de classe qu'il voit tous les jours par défaut. Non non, il parle de vraies personnes qui, malgré son humour douteux et son redoublement, ont décidé de leur plein gré d'entretenir une relation amicale avec lui. Et bien qu'il ne sache pas toujours comment le montrer, il leur en est éternellement reconnaissant. A dire vrai, il a bien plus d'attaches à Kobe, en l'espace de six mois, qu'en bientôt dix-huit ans avec ses parents. Alors, le regard posé sur la porte d'entrée, il devrait en être attristé mais il n'en est rien.

Sans prendre la peine de sourire, Seito appuie sur la sonnette. Dans un premier temps rien ne se passe. Il hésite entre sonner à nouveau et rentrer comme s'il était chez lui, ce qui est plutôt ironique. Mais après plusieurs secondes de blanc, de l'agitation se manifeste à la porte. Les pas sont trop courts et resserrés pour qu'ils soient de bonne augure. A raison. La porte s'entrouvre sur une petite fille enjouée qui s'exclame tout sourire :

« C'est Seitooo ! »

Le japonais soupire. Comment diable pourrait-il oublier le monstre qui vit dans cette tanière ? La Chose approche ses serres de son pantalon et il s'écarte prestement. Évidemment sa mère choisit ce moment précis pour apparaître au bout du couloir et le gratifier d'un chaleureux accueil.

« Ne la regarde pas avec ce regard noir, remercie-la de t'avoir ouvert la porte. »

La petite fille ne semble pas s'en soucier ou alors elle y est habituée. Sans doute se dit-elle que son frère l'a toujours regardé de cette façon, aussi il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Les dents serrés, Seito ne quitte la Chose des yeux pour autant et décide d'y ajouter une touche d'ironie en répondant à la requête de sa mère.

« Wow bravo, tu sais ouvrir une porte. »

Il relève les yeux et esquisse un sourire mesquin.

« Tu veux voir mon coloriage, Seito ? »
« Vraiment mature. Dépêche-toi de rentrer. Ne mets pas la valise là, tu vas tout salir. »
« Et je la pose où au juste ? »
« Tu la soulèves jusqu'au bureau, et retire tes chaussures ! »
« Tu crois que je fais quoi là ? »
« A peine arrivé et tu commences... »
« Tu veux que je reparte ? J'vous avais pourtant dit que j'voulais rester sur le campus pendant les vacances. »
« Ce n'est pas ce que j'ai dit, ne déforme pas mes propos. »

Son père rentre en scène à la manière d'une pièce de théâtre. Il soupçonne sa mère de lui avoir envoyé un signal de détresse mental. L'enfant du démon est là ; je répète, code rouge, l'enfant du démon est là.

« En quoi se déchausser prend autant de temps ? A moins que tu sois décidé à ne pas y mettre du tien, comme toujours. »

Seito perd son sourire. Les chaussons au pied, il soulève sa valise comme demandé et se glisse entre tous pour accéder au bureau. Au passage, il ne peut s'empêcher de semer des petits cailloux de discorde.

« Ça fait plaisir de vous revoir en tout cas. »




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Lun 9 Mai 2022 - 22:55
CE QUI ÉRAFLE LES AUTRES ME DÉCHIRE



Jeudi 17 août – A bord du train - 16h35

Sa tête dodeline contre la fenêtre. La fatigue qui l'étreint n'est pas seulement physique, elle est aussi mentale. Elle s'insinue dans la moindre interstice de son être et joue avec son cœur qu'elle empoigne et malmène en soubresauts appuyés. Il est épuisé mais refuse de céder à cet oubli salvateur que la sieste lui promet. Cela ne ferait que repousser l'inévitable. En rouvrant les yeux, la même banquette accueillerait son séant, le même décor s'effilocherait sous son regard fané. Quant à ses pensées elles viendraient à nouveau lui picorer l'âme à l'image de harpies aux serres acérées et vengeresses. Il n'a pas autant de propension pour la procrastination alors, bien qu'il lui en coûte, il lutte contre ses paupières lourdes. Pas d'argent sur lui, pas eu le temps ni même l'idée de prendre à manger avec lui, il doit se contenter de sa ténacité pour repousser les avances de Morphée. Partir en catastrophe lui était venu sur un coup de tête. Jamais il n'aurait pu supporter d'avantage sans se détruire. S'il fuit, ce n'est pas que pour les autres, c'est aussi pour sa propre sanité.

1er août - Kawachingano

Plus que trente-quatre jours avant la rentrée. Le lycéen compte les jours, comme un détenu compterait ceux qui le séparent du dehors. Il n'a pourtant pas écopé d'une lourde peine mais chaque jour le pèse. Après ce charmant accueil il n'a eu que des échanges cordiaux et aimables. Toute la maison respire la joie de vivre et il est tellement heureux de contribuer à cette bienveillance généralisée qu'il ne sort de sa chambre qu'au moment des repas où on le force à manger « en famille ». Ce qui lui tient évidemment tant à cœur qu'il n'ouvre la bouche que lorsqu'on lui pose une question – pas la bouche pleine sinon c'est malpoli – et remplit son office avec maigre renfort de monosyllabes. Pour couronner le tout, il est absolument ravi que son père l'incite à profiter de sa journée dans son intégralité plutôt que de flemmarder dans son lit jusqu'à des heures indues car frôler les douze coups de midi serait indécent voire criminel. Serait-ce de trop de souligner ses traits tirés par un manque de sommeil répété et l’irascibilité qui s'en dégage une fois couplé à l'impossibilité d'agir comme bon lui semble.

Heureusement, comme convenu, il échange avec Mitsuki. De tout et de rien. Sans dévoiler la vraie teneur de son incarcération, il ne cache pas complètement sa mauvaise humeur. Mais jamais il ne la dirige contre elle. Cela varie entre un seul SMS, tout un débat ou plusieurs messages entrecoupés par des interruptions diverses et variées. Seulement trois jours se sont écoulés et il se languit déjà de la retrouver. De les retrouver, même ses détracteurs. A commencer par Mora. Et lui, pas moyen de lui envoyer un message vu que cet idiot a explosé son téléphone en plus de torpiller leur amitié branlante. C'est ridicule. Quand dit le dictionnaire ? Amitié : sentiment d'affection entre deux personnes ; attachement, sympathie qu'une personne témoigne à une autre. Il ne reconnaît absolument pas l'espagnol dans cette définition. Contrairement à lui... qui déborde de bienveillance à son égard et s'étonne encore de mordre la poussière après un énième rejet. Leurs échanges au club, bien que présents, avaient été précaires. Les entraînements les forçaient à se parler. Sans eux ils se seraient éloignés. Oscillant entre froid polaire et sauce piquante, tout semblait calculer pour agacer Seito. Cela avait fonctionné, au début, puis les jours s'étaient écoulés jusqu'à ce que le japonais parvienne à fermer sa bouche face à l'incendie. Parfois même il esquissait un sourire, forme d'auto-dérision ultime, avant de quitter les lieux.

Malgré l'animosité, Seito n'est pas décidé à partir. Il a donné sa parole après tout et, depuis l'incident de la cigarette, il n'a de cesse de prouver qu'il n'est pas un maudit nuisible. Ce qui est loin d'être gagné. Mais le japonais persiste alors qu'il sait pertinemment qu'il ne devrait pas s'accrocher autant. Le dernier entraînement avant les vacances s'était déroulé sans accrocs. Oh bien sûr il ne surpasse pas Ronaldo mais il avait pu rattraper la majorité des balles envoyées et s'était plutôt bien défendu sur les tours de terrain et autres exercices d'endurance et agilité. La faute à l'endorphine sans aucun doute, il avait profité de la toute fin de l'entraînement, après que la majorité des recrues ait pris le chemin des vestiaires, pour tenter une approche. Il avait pris sur lui pour ne pas bafouiller et n'avait pas rebroussé chemin, même quand Mora avait affiché une mauvaise tête en le voyant venir. Amusant comme finalement la Chose et lui se ressemblent finalement. Il est son Mora. Mais trêve de digressions. Seito lui avait demandé sa playlist de course, souvenir lointain mais tenace de leur unique footing ensemble. Il s'attendait à un refus ou une moquerie, aussi il avait été étonné que l'espagnol accède à sa demande. Sous couvert de maintenir l'entraînement même sans le club, cela va de soi.

10h23 indique le micro-ondes. Son père boit son troisième café de la journée. Deux lettres traînent sur le comptoir. Un flash des résultats de fin d'année le surprend autant qu'il l'agace. Sa mère lui a donné pour tâche de nettoyer tous les placards de la cuisine. Il est accroupi sous l'évier et frotte un recoin tenace. Ou tout du moins il fait mine de frotter car il entend le papier se froisser plus haut et il ne peut s'empêcher d'appréhender. Pendant un repas il avait répondu avec honnêteté avoir réussi ses examens. Il considérait avoir eu une moyenne décente et ne s'en était pas caché. Sans trop se mouiller, il avait cru voir une lueur d'espoir dans les yeux de sa mère et cela l'avait ragaillardi. A présent, son père allait découvrir ses efforts et devrait lui concéder une nette amélioration. Il avait redoublé, c'est vrai, mais il s'employait à ne plus jamais commettre cette erreur. Sous la menace d'un côté mais pour une raison plus personnelle d'un autre. Il quitterait cette maison la tête haute et s'il fallait pour cela employer les grands moyens alors oui, il a à cœur de remonter sa moyenne et de s'assurer un avenir époustouflant. Tout ouï, il referme le placard et s'attaque à celui de gauche. Son père s'est rassis entre temps. L'enveloppe se déchire, les feuilles se déplient puis un silence de mort emplie la pièce. Il retient son souffle.

« Je te savais fauteur de trouble mais pas menteur. »

Seito se redresse si vite qu'il se cogne la tête dans l'encadrement du placard et lâche un juron. La main sur la tête et une grimace aux lèvres il pose un regard effaré sur son père. Se faire traiter de menteur est la pire des insultes, le plus douloureux des reproches, l'impardonnable phrase de trop. Au point qu'aucun mot ne s'échappe de sa bouche entrouverte. Non, ça fait trop mal.

« Je suis pas un ment... »
« Alors tu es plus bête que ce que je pensais. »

Ses poings se serrent autant que ses sourcils se froncent. Vraiment ? Y a-t-il nécessité à enfoncer le couteau aussi profondément ? D'autant qu'il ne comprend pas d'où vient le problème. Il se fait donc insistant.

« Je suis PAS un menteur. »
« Tu soutiens donc que 59/100 est une bonne moyenne ? »

Oui ? Pourquoi ? C'est mieux que 46. Treize points de plus, ce n'est pas rien. C'est même relativement spectaculaire comme avancée. Surtout en seulement 4 mois d'efforts. S'il reste constant, sa moyenne atteindra des sommets en fin d'année.

« C'est mieux qu'en mars. »
« Parce que c'est mieux, c'est bien ? Parce que c'est mieux, tu peux t'en réjouir ? »

Oui aux deux questions, sans l'ombre d'une hésitation. Oui, il s'est amélioré. Oui, il exprime son contentement. En quoi est-ce mal ?

« Je comprends pas. »
« Alors ta mère et moi avons véritablement raté ton éducation. »




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Lun 9 Mai 2022 - 23:04
CE QUI ÉRAFLE LES AUTRES ME DÉCHIRE



Jeudi 17 août – A bord du train - 16h42

Les gares défilent, plus que trois arrêts avant de retrouver le goût de vivre. Son cœur tambourine fort contre sa poitrine. Il a beau être de retour dans un lieu familier, il ressent tout de même l'étrange sensation d'être un naufragé perdu en pleine tempête. Sa chambre sera vide, tout du moins il le craint, un écho troublant de sa situation précédente. Il devra s'acclimater aux bruits ambiants, à la pénombre nocturne, à la solitude persistante. Une veilleuse à ton âge lui souffle la petite voix narquoise. Il refoule aussitôt cette angoisse au fond de son hémisphère gauche. Seito ne sera jamais aussi seul que lorsqu'il est chez ses parents. Cette constatation devrait lui faire de la peine mais à la place elle le rassure. Car il sait qu'il a fait le bon choix en prenant la poudre d'escampette. Peu importe le visage déformé de son père, peu importe les menaces de sa mère, peu importe les pépiements de la Chose. Il préfère de loin errer dans des couloirs vides plutôt que de passer une minute de plus avec ses géniteurs. Il a essayé, timidement certes, mais cela reste notable. Une percée dans sa carapace pour comprendre un petit mystère. Pardon Kobayashi-sensei.

10 août - Kawachingano

Les cigales s'époumonent. Ses parents ont cédé, une sortie par jour d'une heure seulement. Il alterne entre bibliothèque de quartier et course à pied. Dans ses oreilles, les chansons de l'espagnol défilent. Le rythme se corse crescendo puis redescend progressivement pour calmer ses poumons en feu. Depuis qu'il s'entraîne régulièrement, il n'est plus autant essoufflé qu'avant. Courir une heure complète est un challenge adéquat et lui inspire une motivation inespérée. Il ne connaissait aucune chanson de la playlist, écoutant très peu de musique à la base. Déjà qu'il n'était pas à la page sur les nouveautés du moment alors pour les sorties internationales... il navigue en plein désert symphonique. A chaque nouvelle écoute, il apprend à les apprécier. La voix pour certaines, l'instrumental pour d'autres. La curiosité avait pris le dessus, il avait cherché la traduction de beaucoup d'entre elles. Comme si, en déchiffrant le sens, il parviendra à savoir par quel bout prendre Mora pour qu'enfin ils s'ajustent et résonnent sur le même thème. La demi-heure se fait sentir, il en a plein les jambes. Il sue aussi énormément. En même temps, quelle idée d'aller courir à 15 heures. Autant s'abonner directement à Insolation magazine.

Lorsqu'il débarque chez lui, en traînant sa carcasse perlée, il remarque la Chose dans le jardin en plein soleil. Rectification : il remarque l'absence de couvre-chef sur ses cheveux noirs. Le japonais pousse le portillon et franchit la distance qui les sépare avec une célérité sans égale pour se saisir du chapeau tombé par terre et le remettre correctement à sa place. Pourquoi a-t-elle été laissée sans surveillance ? La petite relève la tête et affiche un sourire radieux.

« Onii-chaaan ! »

Cette appellation le plonge dans une abîme profonde et dangereuse. Son regard oscille entre ses mains, le chapeau et ce visage réjoui. Il vient de... Non. Se pourrait-il qu'il... Impensable. A-t-il porté secours à... Bordel de merde. Le souffle court, il encaisse le choc sans émettre le moindre son. Il est horrifié par le réflexe qui s'est emparé de son corps. Alors qu'il recule, la Chose l'interpelle.

« Seito, on joue ? »

Son ancien doudou trône aux côtés de la petite fille, accompagné d'autres peluches à la fourrure mieux entretenue. Les propos du professeur d'arts plastiques le frappent de plein fouet. Sa main s'empare de la sienne et l'invite à s'asseoir sur l'herbe. Son cerveau l'abandonne, il se retrouve au sol. Les yeux écarquillés, il observe silencieusement l'enfant babiller des non-sens sur l'heure du thé et la chance qu'ils ont d'accueillir son frère pour le boire tous ensemble.

« Momo elle dit que t'es gentil. Et Yuzu il veut servir le thé. »
« Et Kyou, il veut quoi ? »

Son ancien doudou le regarde sans sourciller. Il ne connaissait pas les noms des autres peluches et ne peut s'empêcher de remarquer le champ lexical similaire à son partenaire de sommeil. C'est idiot mais il se demande si c'est voulu.

« Un bisou. »

Pourquoi est-il rentré dans son jeu ? Qu'est-ce qui l'empêche de prendre ses jambes à son cou en prétextant de manière dédaigneuse la futilité d'une telle activité ? Après tout, il a bien besoin d'une douche après son sport. Mais ses pensées éclatent dès l'instant où elle prononce le souhait de sa peluche.

« Tu dis n'importe quoi. »

Alors qu'il prend appui sur ses mains pour se relever, elle le prend de court en approchant Kyou de lui et dépose son museau abîmé contre sa joue. Ses doigts se rétractent, il ferme les yeux. Un bref instant, l'image des lèvres de Mitsuki gravite et suffit à sceller cette tendresse spontanée. Privé de son élan, son postérieur se repose sur l'herbe sans qu'il trouve quoi que ce soit à redire. Lorsqu'il rouvre ses paupières, il tombe nez à nez avec une tasse que lui tend la Chose. Vide.

« Comment tu veux qu'on boive le thé si y'a rien dedans ? »
« C'est pour de faux. »
« Pour de faux veut pas dire que ça doit être vide. L'air ça se boit pas. »
« Pourquoi ? »
« Parce que c'est de l'air et que l'air on le respire, c'est tout. »
« Pourquoi ? »
« Parce que ton corps fonctionne pas sans air, sinon tu meurs. »
« C'est quoi meurs ? »
« BON, on va remplir ces tasses. Arrête de me poser des questions ! »

Le japonais soupire bruyamment. Il s'empare de la théière en plastique et se lève pour la remplir à l'aide du tuyau d'arrosage. Revenu devant le comité de peluches, il arrache des brins d'herbe et les plonge dans l'eau. De la terre vient avec sans qu'il s'en préoccupe.

« Voilà, t'as du thé. »
« Du thé, du thé, du thééé ! »

La petite fille est aux anges et s'empresse de saisir la théière, manquant d'en renverser la moitié sur le sol. Bien que ce soit finalement le cas, elle parvient à remplir en parti les tasses de ce goûter improvisé et pétille de joie. Au point qu'elle oublie momentanément que le thé n'est pas buvable et porte la tasse à ses lèvres. Seito réagit trop tard, elle a le temps de siroter une gorgée.

« Bois pas ça ! »

Il dégage la tasse de sa bouche quand une voix paniquée couvre son exclamation.

« Qu'est-ce que tu fais ?! »
« C-comment ça ? »
« De la terre dans de l'eau, de l'herbe. Tu cherches à l'empoisonner, c'est ça ? »
« Mais pas du tout ! »
« NE ME MENS PAS ! Megumi, tu vas bien ma puce ? Il n'a pas été trop méchant avec toi ? »
« C'est le thé, Maman ! On boit le thé ! »
« Tu as bu ce qu'il t'a donné ? »
« Seito il a dit qu'on buvait le thé ! »
« Megumi, est-ce que tu as bu dans cette tasse ? »
« J'ai goûté, c'est pas bon. »
« Je l'empêchais de boire dedans quand t'es arrivée ! J'lui ai jamais dit de boire ça ! Ça va pas ou quoi ?! »
« Ne t'avise même pas de te trouver des excuses ! Ton père a raison, tu es devenu menteur. »
« Mais PUTAIN ! Puisque j'te dis que... »

Le claquement de la main de sa mère est sec. Seito porte sa main à sa joue, choqué. Le reste est flou. Dans sa chambre il s'enquiert de la vie de Mitsuki, de son activité du jour. Il lui raconte son footing, la chaleur qu'il fait, le livre qu'il a terminé hier soir. Mais à aucun moment il ne mentionne ce nouvel échec. Tout simplement parce que personne ne sait que la Chose existe. Pire que ça, personne ne doit savoir qu'il a fait ami-ami avec elle dans un moment d'égarement. Cette nuit-là, les cauchemars l'assaillent et, quand il se réveille le lendemain, il constate que sa virée en enfer est loin d'être finie.




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Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
■ Age : 33
■ Messages : 1801
■ Inscrit le : 27/02/2021

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Mon personnage
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Seito Mori

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Mer 11 Mai 2022 - 22:30
CE QUI ÉRAFLE LES AUTRES ME DÉCHIRE



Jeudi 17 août – A bord du train – 16h54

Sa main tremble en fouillant dans la poche de son manteau. Elle tremble d'autant plus quand il ne trouve pas d'office ce qu'il cherche. Pourvu qu'il ne l'ait pas oublié dans la pagaille ambiante... Seito se mord la lèvre inférieure et s'aide de ses deux mains pour farfouiller dans l'autre poche. Toujours rien. Il lâche une injure à voix basse et chope le sac à dos à ses pieds. L'inquiétude grimpe quand la poche de devant ne contient pas le trésor attendu. Il se mord plus violemment la lèvre et saisit rageusement la fermeture éclair principale. Il plonge à cœur perdu dans le fourre-tout et manque de renverser la moitié de son contenu par terre quand le train s'arrête en gare. Des passagers descendent, de nouveaux prennent leur place. Son regard noir dissuade une jeune femme de s'asseoir à côté de lui, il retourne à ses recherches. Soudain, ses doigts touchent le verre fêlé et il s'empresse de saisir l'appareil. Le souffle court, il ouvre ses messages. Le premier est de Nolan, il répond de manière automatique. Les autres sont de Mitsuki. Ils sont nombreux, comme si elle s'était inquiétée de ne pas avoir de réponse pendant aussi longtemps. Les yeux rivés sur son téléphone, il se demande bêtement quoi répondre. Un simple salut serait-il suffisant après cette absence ? Mais s'il lui expliquait la situation actuelle, elle lui poserait alors tout un tas de questions et il refuse qu'elle découvre le pot-aux-roses de cette manière. Le portable s'échoue sur ses cuisses. Elle s'est inquiétée. Cette constatation lui trotte dans la tête. Ses deux pouces au-dessus de l'écran, le japonais inspire profondément et tape son message.

14 août – Kawachingano

Plus que vingt-et-un jours avant la rentrée. Le nez dans un carnet, il couche sur le papier un nouveau chapitre de son roman. Étant ressorti miraculeusement indemne de sa séance de danse avec Barrossa-chan, il avait eu matière à poursuivre les aventures de ses protagonistes.

Le moment fatidique était arrivé. La jeune femme s'était fait surprendre en plein exercice d'espionnage et devait rendre des comptes au général qui l'avait surpris dans sa tente. Son acolyte pénètre dans la tente suivi de deux autres officiers et masque avec peine son inquiétude lorsqu'il la reconnaît. Personne ne doit savoir qu'ils se connaissent. Pire, qu'ils sont de mèche. Le samouraï devait pourtant s'assurer que le général ne reviendrait pas dans sa tente pendant un laps de temps donné. L'avait-il trahi ?
Sa beauté ne semble pas éblouir le supérieur, il n'est pas de ceux qui consomment pour oublier un pêché. Son ton est intransigeant, ses questions incisives. D'abord clouée à une chaise, les liens autour de ses poignets se resserrent jusqu'à entraver le moindre espoir de fuite. Aurait-il eu des doutes ? Le port de tête droit, elle ne cède pas à la panique. Aucun regard vers son partenaire, elle reste stoïque et fière. Son silence agace le général, soudain ses doigts agrippent la garde de son katana. Jamais elle ne trahira ses principes. Y avait-il renoncé ? Les flammes du brasero dansent sur le fil de la lame alors qu'il dégaine. La corde lui cisaille la peau, elle abandonne tout mouvement puis ferme les yeux.
Plutôt que de céder à la peur, elle l'accueille comme une amie. La seule face au trépas. L'avait-il seulement aimé ? Son teint diaphane sied à la mort, elle attend son heure patiemment. Le fil aiguisé épouse sa gorge. Son souffle s'amenuise. Une incision précise et nette, elle ne sentira rien et cela la rassure. Mais la fin ne vient pas, car alors un coup de tonnerre retentit. Suivi très rapidement d'un second et le chaos qui s'en suit. Elle rouvre les yeux, fébrile, croise le regard de son allié et comprend. Il ne l'a jamais abandonné. Bien au contraire. Elle lui sourit, sans plus se soucier de sa mort imminente. Malgré la diversion, le général jusqu'alors occupé saisit le stratagème et dans un brusque revirement de situation, empoigne sauvagement  le chignon de la demoiselle.
La lame s'envole, son partenaire se joint prestement à cette danse mortelle jusqu'à ce que sonne le glas et que...

Seito sursaute brusquement. Complètement absorbé par son écriture, il en est tiré violemment par trois coups secs contre la porte du bureau. Et soudain il se rappelle. Son oncle et sa tante mangent avec eux ce midi. Un nouveau coup à la porte l'informe qu'il doit sortir de suite et après un immense soupir, il s'exécute. La table a été installée dans le jardin, le soleil est au rendez-vous. N'ayant pas vu la lumière du jour de la matinée, le japonais grimace face à la luminosité avant que ses pupilles s'acclimatent et qu'il s'incline respectueusement devant ses aînés.

« Toujours aussi casanier ? » marmonne sa tante à sa mère.
« Il vaut mieux ça qu'il erre dehors sans surveillance. »

Qu'elle l'admette sans sourciller le crispe mais il s'assoit sans un mot, faisant mine de ne pas avoir entendu leurs messes basses. Pendant ce temps, la Chose aimante toute l'attention.

« Et bien alors ma poupée, l'école te plaît ? »
« C'est trop bien ! J'ai plein de copains et pi' on fait plein d'acviti... d'aticvi... »
« ...d'activités. »
« Oui ! Et même que Papa et Maman ils ont dit que mes dessins sont trop beaux ! »
« Oh oui, ce qu'elle dessine bien ! Elle adore ça ! »
« C'est merveilleux ma chérie, tu me montreras tout ça à la fin du repas ? »
« Oui Tata ! »

La discussion se poursuit sans qu'on s'enquiert de son état. Protagoniste d'une fresque dont il n'est pas le peintre, il se contente de manger sans grand appétit. Son cerveau est resté bloqué sur son histoire inachevée et élucubre des théories farfelues sur la suite de l'action. Évidemment, son moment d'absence finit par être remarqué.

« Et bien le gratte-papier, je t'ai connu plus bavard. On ne mérite pas ton savoir aujourd'hui ? »

Seito sort abruptement de sa léthargie et pose un regard vide sur sa tante. Ce n'est pas la première fois qu'elle le surnomme ainsi et une fois de plus, cela lui hérisse les poils de contrariété. Quand il parle, on l'en empêche ; quand il se tait, on lui demande s'il a un problème. Serait-ce trop demander de rester consistant ? Il ne sait véritablement pas quoi répondre à cette question sans paraître désobligeant dès le premier mot. Et il sait pertinemment que s'il se montre désagréable, les représailles seront immédiates. Un simple haussement d'épaules de son côté pour signifier son indifférence ne prend pas. Sa tante s'adresse à ses parents, comme s'il n'était pas là.

« Est-ce qu'il s'est repris depuis son redoublement ? »
« Alors vous allez rire mais il était persuadé que oui. » entame son père avec impudence. « A peine au-dessus de la moyenne et il s'en réjouit. »

Il ne parvient pas à se taire, pourtant il aimerait.

« C'est que l'début. »
« Je ne t'ai pas demandé de commenter Seito. »

Ah vous voyez comme c'est confus. Un coup oui, un coup non. Ou alors était-ce un test et il a lamentablement échoué. Comme tout ce qu'il entreprend finalement.

« Des années que ce garçon pose problème, vous n'aviez pas fait appel à un psychologue pendant, je ne sais plus... combien ? »
« Un peu moins de deux ans. » souffle sa mère en servant le dessert.
« Mais oui ma poupée, c'est de la glace au melon. C'est qui la plus belle ? C'est toi, oui c'est toi ! »

Seito regarde le dégueulis de mièvrerie, médusé. Que l'on parvienne à le dégoûter de la glace est criminel. Mais à l'heure actuelle, fourrer ce froid dans sa bouche est le seul moyen de le tenir tranquille. Et comme si de rien n'était sa tante réenclenche la discussion interrompue en répondant à sa mère.

« Tu ne m'as pas dit qu'il avait encore tenté quelque chose il y a quelques jours ? »
« Si... »
« Vous ne pouvez pas continuer comme ça. Il doit être suivi. »

Sa mère regarde son père et annonce :

« Nous en avons discuté, oui... »
« Pardon ? »

PARDON ? Première nouvelle, merci de prévenir ! Jouons au jeu des sept familles. Dans la famille Mori, je demande... le fils ! Ah bah non, il n'existe pas parce qu'il est considéré comme fou à lier et a donc été écarté de la famille sans qu'il ait son mot à dire.

« Vous faites bien. Vous devez vous faire aider. »
« Des démarches sont en cours avec un psychologue sur Kobe, nous attendons une confirmation. »

Seito tombe des nues. Si violemment qu'il tord la cuillère qu'il tient entre les mains. Il sent monter en lui une colère sans pareille. Son sang se mue en une rivière magmatique, indiquant une éruption imminente et colossale. Son ton est dur lorsqu'il s'exprime.

« C'est marrant mais j'crois pas avoir donné ma validation, moi. »
« Voyons, voyons, c'est justement parce que tu fais ce genre de caprices que tes parents demandent de l'aide. Ils agissent pour ton bien. Il serait grand temps que tu le comprennes. »
« Tu suivras ces séances, Seito. Comme ta tante l'a si bien dit, nous sommes tes parents et nous avons décidé qu'il serait mieux pour toi de voir un psychologue à nouveau. »
« Et si j'y vais pas ? »

Sa question appelle au défi alors que ses yeux lancent des éclairs. La lave s'agite de plus en plus. Il la sent couler de son cœur et envahir son système veineux d'une chaleur enivrante. Sa mère s'éclipse avec la Chose et en cela il comprend que la suite va être terrible.

« Si tu n'y vas pas ? » répète son père avec animosité. « Si tu n'y vas, nous n'aurons plus d'autre choix que de faire appel à un centre spécialisé qui saura te gérer mieux que nous. »

Ses phalanges blanchies lâchent la cuillère qui s'échoue de manière cinglante sur la table. Il refuse d'en entendre d'avantage. Exploser leur ferait trop plaisir et les conforterait dans l'idée qu'il est un cas à gérer. Putain. Les pieds de sa chaise arrachent l'herbe quand il se lève.

« Vous feriez jamais ça. »

Sa mère revient. La Chose doit sûrement avoir été mise à la sieste. Seito regarde son père, pose les yeux sur sa mère et répète, d'une voix beaucoup moins sûre :

« Vous feriez jamais ça... »
« Alors ne nous y contrains pas Seito. »

Il suffoque.




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Mer 11 Mai 2022 - 22:33
CE QUI ÉRAFLE LES AUTRES ME DÉCHIRE



Jeudi 17 août – KHS

Le visage fermé, il passe les grilles du campus. Le parc ne semble pas souffrir de la chaleur et l'accueille de toute sa verdoyance. Pourtant, c'est à peine s'il y fait attention. Seito ne se sent pas très bien. Il semblerait qu'un esprit frappeur se soit armé d'un marteau pour lui marteler le crâne. Ou alors il couve un rhume en plein été. Son regard porte loin devant lui, sans qu'il s'attarde véritablement sur ce qui l'entoure. Le pas soutenu, il met très peu de temps pour parvenir à la porte du bâtiment abritant les dortoirs des lycéens. Il trace sa route, dépasse la salle commune. Il y aurait des gens qu'il connaît qu'il ne se serait pas arrêté pour autant. Tout l'indiffère. Le poids dans sa poitrine ne s'est toujours pas levé. Il croyait pourtant qu'en remettant les pieds à l'école des fleurs de joie fleuriraient sur sa peau, mais le poison est pérenne. Pas un seul regard à la porte attenante à la sienne, il s'engouffre dans sa chambre comme un bulldozer. La valise s'échoue contre l'armoire, le sac est jeté par-dessus. Il envoie valdinguer ses chaussures d'intérieur sous le bureau et s'écrase sans retenue sur le matelas de son lit. Le visage dans le coussin, il ressent toute la tension comme un poids sur son corps. Sa tête est sur le point d'exploser. A peine il la bouge qu'une douleur sourde le saborde. Sans qu'il contrôle quoi que ce soit, des larmes roulent sur ses joues. D'abord éparses, elles s'intensifient. Le coussin comme seul témoin, Seito pleure jusqu'à l'épuisement. Le sommeil l'emporte jusqu'au lendemain.

Jeudi 17 août – Kawachingano

Au cours des dernières soixante-douze heures, ses heures de sommeil se comptent sur les doigts d'une main. Impossible de digérer la nouvelle. Impossible de vivre normalement en refusant de péter sévèrement une durite. Impossible de goûter au plaisir d'un divertissement. La forme de son corps épouse à présent parfaitement son matelas. L'inverse est vrai aussi. L'adolescent avait voulu rester calme. Dans sa tête, il n'était pas à son maximum. Aux yeux de son public, il avait joué son meilleur numéro. Ses parents n'avaient pas jugé suffisant de le priver de sortie, ils lui avaient aussi confisqué son portable. Il pouvait tout aussi bien mourir maintenant que personne ne le saurait. Son dernier repas de condamné date d'hier matin : un simple mochi à la pâte de haricots rouges. Insensible aux remarques de son estomac, il se demande en combien de temps le corps bascule en état d'urgence. La faim lui semble jouable à gérer mais la soif... Il humecte ses lèvres de salive et soupire. Ses pensées défilent sans qu'il s'attarde sur l'une d'elles en particulier. Par moment l'image de Mitsuki et sa nouvelle coiffure apparaît. Elle est toujours aussi jolie s'était-il dit. L'envie de manger une Kawarinbo avec Nolan le traverse. Puis son dernier échange avec Mora pour sa playlist...

Soudain, il redresse le buste. Ses parents l'ont peut-être privé de son portable mais ils ne se souviennent pas de ce vieil MP3. Le dos contre le mur, les écouteurs dans les oreilles, il appuie sur Play. Addicted to you d'Avicii résonne. Ses yeux se posent sur l'écran. De toutes les chansons... il ferme les yeux et se laisse porter par les paroles. C'est alors que SOS de Rihanna prend le relais et là il sourit jusqu'à pouffer de rire. L'aléatoire est ridiculement à-propos. Rire lui fait un bien fou. Il réalise alors qu'il va devenir fou s'il reste une seconde de plus dans cette chambre, dans cette maison, dans cette ville. SOS, please somebody help me. Sauf que personne ne viendra le sauver. Il ne peut compter que sur lui. Et alors il sait. Seito arrache ses écouteurs, saisit son sac à dos et fourre tout ce qui est éparpillé autour dedans. Il jette toutes ses fringues dans sa valise et sort de sa chambre pour aller récupérer ses affaires de toilette. La maison semble vide, c'est tant mieux. Il réalise que son portable est caché quelque part et qu'il DOIT le trouver avant de partir. Sans se soucier du bordel qu'il génère, il cherche dans tous les recoins de la cuisine puis du salon jusqu'à se rendre à l'évidence. Prudemment il pénètre dans la chambre de ses parents et prend soin de ne rien bouger de place. Finalement, le téléphone fait son apparition dans le dressing.

Il retourne dans sa chambre sans encombre et finit de rassembler ses affaires. Le fait est qu'il n'en a pas énormément mais qu'il est beaucoup trop désordonné. Et ce n'est clairement pas le bon moment pour lui servir de leçon. Sa valise bouclée, il glisse son sac sur son épaule et sort du bureau. La porte d'entrée cliquette, il est trop proche du but pour abandonner maintenant. Alors il apparaît comme une fleur dans le couloir, ses affaires comme bouclier. Sa mère lui jette un regard horrifié.

« Qu'est-ce que... »

La Chose lâche la main de sa mère et accourt vers Seito en le surprenant de la pertinence de ses propos. Elle est peut-être moins bête que ce qu'il pensait.

« Oh tu pars Seito ? Fais un bon voyage ! »

Puis, totalement insouciante, elle trottine jusqu'à sa chambre où il l'entend dire bonjour à ses peluches. Ce moment de tendresse s'évapore dès l'instant où son regard croise celui de sa mère. Le japonais anticipe la question.

« J'retourne à l'école. »
« Je t'interdis de partir. »
« J'crois pas t'avoir demandé ton avis. Après tout, tu m'as pas demandé le mien pour le psy' alors on est quittes. »

Ses lèvres esquissent  un sourire sans joie. Les roulettes crissent sur le carrelage. Alors qu'il passe à côté de sa mère, elle l'agrippe par le bras. Fermement.

« Tu es obligé d'y... »
« Tu crois que j'le sais pas ? »

Les mâchoires serrées, il se dégage vivement de son emprise et continue son chemin jusqu'à la porte d'entrée. Pour une raison obscure, il jette un regard derrière son épaule. Sa mère est immobile, mais ses yeux ne le quittent pas. Ce visage le hantera pendant plusieurs semaines. Son menton s'affaisse et il referme lentement le battant en bois derrière lui.

Ne t'inquiète pas Maman, je suis facile à oublier.




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