Main d'oeuvre gratuite |ft. Seito Mori

Main d’œuvre gratuite |ft. Seito Mori

Le mardi 18 juillet 2017

Les étudiants étaient en examen, et Shizuka en profitait pour prendre ses marques dans le campus. Elle avait dû gérer les épreuves de sport, mais elle avait du temps libre pour apprendre à connaitre les élèves, préparer son programme pour septembre, ou faire le tour du matériel scolaire.

Elle se tenait justement au gymnase et regardait d’un œil morne le matériel absolument mal rangé. Shizuka était flemmarde, et chez elle c’était le désordre. Pour autant, elle n’avait pas envie de chercher pendant 20 minutes avant chaque cours les ballons, brassard et autre choses utiles. Elle poussa un profond soupire en ressortant du gymnase.

Devait-elle s’y coller maintenant ? Devait-elle exploiter un élève pour ça ? Elle avait la flemme. Les rayons du soleil chatouillaient sa peau. J’ai juste envie de me poser et de lire un livre. Elle se demanda si elle devait demander à Kobayashi… Cependant, l’aider en retour ne l’enchanté pas vraiment.

Soudain, la solution apparue devant ses yeux. Une tête brune qui passait par là.

- Hé !

C’est qui lui ? Mora ? Non, Mora c’est l’espagnol. Mori ? Ouais, c’est ça ! Seito Mori !

Shizuka n’allait pas le supplier, non. Elle était bien plus habile que ça. Elle était prête à tout pour déléguer une partie de son travail.

- Mori, tu n’as pas d’épreuve ? Tu traines au lieu de réviser ?

Le piège allait vite se refermer sur ce petit être innocent.

Tenue de Shizuka:

■ Inscrit le : 27/02/2021

MARDI 18 JUILLET 2017

Un dieu vivant. Un poète des temps modernes. Une plume si incisive qu'elle ferait pâlir Sôseki lui-même, si lyrique qu'elle engendrerait de l'envie chez Kawabata, si pertinente qu'elle pousserait Murakami à le rencontrer. Pas de doute poussible, les examinateurs verront dans ses écrits un avenir tout tracé, digne des plus grands auteurs que la Terre ait jamais porté. Seito en est persuadé, il a une fois de plus battu des records à l'examen de Littérature. Emporté par les mots, il s'était laissé pousser des ailes et avait rejoint une muse bienveillante dans le ciel accueillant des possibles. Jusqu'à présent, il ne s'en sort pas si mal. Tout du moins, il tente de s'en persuader. Après tout il a révise plus assidûment cette fois-ci. Il connaît le programme pour l'avoir déjà vu l'année d'avant. Bien qu'il ait eu l'impression de le découvrir en se plongeant sérieusement dedans, il avait fait confiance à ses quelques souvenirs. Puis cette fois-ci, plus que toute autre fois, il n'était pas seul. Ce n'était pas de la pitié de la part de ses colocataires. Un soutien infaillible de la part de ses compagnons de chambre le maintenait à flot. Et que dire du temps que lui avait accordé Mitsuki, à disséquer des démonstrations, énumérer des faits historiques, décomposer des formules à plusieurs inconnues. Il n'avait pas excellé en Physique-Chimie hier mais il s'était assuré d'avoir au moins la moyenne.

A l'heure actuelle, il se dirige tout fringant vers les vestiaires. Les troisième année sont justement en train de plancher sur le sujet et il tournait en rond dans sa chambre. En regardant son emploi du temps, il avait constaté avec un plaisir non dissimulé qu'il lui restait trois épreuves avant d'être libéré de toutes ses révisions. Pour une fois prévenant, il avait souhaité préparé ses affaires de sport pour l'épreuve de demain mais s'était aperçu que son deuxième maillot manquait à l'appel. Et bien évidemment, il avait complètement oublié de laver l'autre. En témoignait la pile qui grandissait chaque jour au pied de son lit. Le maillot qu'il cherchait ne pouvait être perdu à jamais et il n'y avait qu'un seul endroit où il aurait pu l'oublier. Sa recherche n'est pas longue. Un coup d’œil sur les patères et les bancs pour finalement regarder en-dessous et découvrir le tissu poussiéreux. Une bonne chose de faite ! Il l'époussette rapidement pour la forme, renifle les aisselles – potable – avant de sortir des vestiaires. Dans ses pensées, il dépasse le gymnase sans faire attention à ceux qui l'entourent. Le japonais est donc surpris qu'on l'interpelle, il cherche aussitôt la provenance et tombe nez à nez avec la professeure de sport. Q-que ? Il n'a rien à se reprocher et pourtant il ne peut s'empêcher de ressentir un léger stress. C'est à moitié bafouillant qu'il répond :

« N-non. J'ai pas besoin de réviser, Sensei. »

Pas la réponse la plus maligne de son répertoire. Il esquisse un sourire embêté et se rattrape rapidement :

« J'ai les épreuves de sport demain. C'est pas comme si le sport, ça se révisait. »

Ou qu'il en avait véritablement quelque chose à faire de sa note en sport. Ce qu'il s'abstient d'ajouter.

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Le mardi 18 juillet 2017

Pas besoin de réviser ? Bah voyons. Soit c’est une tête, soit un cancre. La remarque sur le sport lui donne l’ouverture attendue. Un sourire un peu mauvais se dessine sur son visage. Est-ce bien malin de dire que le sport ne se révise pas face à la prof de sport ? Certainement pas.

- Ah bon ?

Elle hausse les épaules. Les règles du jeu ? Faire un dernier entrainement ? Travailler une dernière fois son cardio ? Faire des étirements ? Des assouplissements ? Tout ça, ça se fait en amont !

- Hé bien, puisque tu n’as pas de révision, c’est parfait. J’accepte ton aide.

Shizuka pointe alors le gymnase derrière elle.

- C’est un vrai foutoir la dedans, on va tout ranger ensemble.

Son ton et son visage ne laisse pas la place à une réponse négative. De toute manière, qui se risquerait à contredire et désobéir face à une professeur qu’il ne connait pas encore ? Elle a beau être cool, elle sait aussi jouer au « mauvais prof » quand il le faut. Même les cancres, elle les gère plutôt bien en temps normal. Elle ne connait pas encore le petit Mori, mais une chose est certaine, il n’a aucun intérêt à se mettre à dos Shizuka en refusant.

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MARDI 18 JUILLET 2017

Et bien oui, ce n'est pas comme s'il y avait des formules ultra compliquées à connaître et à savoir appliquer, d'explications de textes entières à apprendre par cœur, ou encore de dates en cascade à mémoriser depuis la nuit des temps. Le sport ne nécessitait pas un cerveau très développé. Courir derrière un ballon, sauter plus haut que certains obstacles, faire preuve de rapidité, rien de bien transcendant. Alors certes, il n'est pas le garçon le plus habilité à se passer d'un peu d'entraînement mais il juge faire déjà bien assez d'efforts. Il a bien rejoint le club de foot après tout. Puis s'est bien mis à faire du footing, dans le seul but – menteur – d'être moins essoufflé pour ledit club. Il ne montre pas plus d'intérêt pour les autres sports et cela lui convient amplement. Le sport ne le fera malheureusement pas grandir plus alors il s'en tient au strict minimum et tant pis ses notes dans le domaine restent moyennes. Par contre, le lycéen réalise qu'il n'aurait peut-être dû jouer aussi franc jeu avec la professeure de sport. Son sourire d'apparence s'efface vite au profit d'une mine interloquée.

« Mon aide ? » répète-t-il, le sourcil droit relevé.

Ses yeux suivent la direction du doigt pointé et alors il comprend et se décompose en beauté. Ne pas réviser ne voulait pas dire qu'il n'avait rien de prévu. Bien qu'il s'ennuyait auparavant, il aurait eu tôt fait de rejoindre la bibliothèque et de se plonger dans une trouvaille improvisée. Avec l'incrédulité du désespoir, il revient poser son attention sur l'enseignante et demande :

« Ah... à ce point ? »

Qu'essaie-t-il donc d'accomplir ? Il est clair que Matsuda-senpai ne lui laisse pas le choix quant à l'issue de cette proposition. Aucune question n'a été formulée, pourtant il serait malvenu de répondre par la négative. Le respect de ses aînés est un des piliers de bonne conduite auquel il se doit de faire honneur. L'image de sa mère le rappelant à ses devoirs s'impose dans son esprit et il s'incline poliment devant la professeure pour masquer son agacement.

« Avec plaisir, Sensei. » répond-il simplement.

Après quoi il se redresse, les traits de nouveau neutres. Pourvu que le terme 'foutoir' ne soit qu'une exagération.

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Le mardi 18 juillet 2017

Shizuka pourrait presque avoir des remords, en voyant la tête de Mori se décomposer. Cependant, sa flemme est bien plus forte que de potentiels regrets de mettre un élève à contribution. Elle aurait pu le laisser profiter de cette belle après-midi. Il est juste au mauvais endroit, au mauvais moment ; ou du point de vue de Shizuka : au bon endroit, au bon moment. Mais il n’est pas seulement question de l’utiliser. C’est un bon moyen d’avoir un tête à tête et d’en apprendre plus sur lui. Elle aime nouer de vraies relations de confiance avec ses étudiants. Cependant, les occasions manquent parfois.

Son attitude lui en apprend déjà beaucoup. Il est poli. Il est coopératif. Il obéit même si il a surement mieux à faire. Elle lui adresse un petit sourire encourageant, mais ajoute :

- Oh, j’ai bien peur que je n’exagère rien. Je ne sais pas comment gère mes collègues, mais ça va devoir changer.

Elle hausse les épaules. Le rangement, l’entretien… Tout cela la gonfle sérieusement. Mais elle sait reconnaitre qu’anticiper et donner une chose à chaque place, permet de ne pas abimer le matériel ou en perdre. Ca permet aussi de faire les installations plus rapidement.

- Allez, suivez-moi.

Alors qu’elle entre de nouveau dans le gymnase, en direction du local, elle ajoute :

- Tout se passe bien pour vous en ce moment ? Vous vous sentez comment pour les exams ?

Elle a lu son dossier. Elle sait qu'il double. Elle s’intéresse donc sincèrement à son cas.

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MARDI 18 JUILLET 2017

Seito a bien remarqué que la logique de rangement des différents équipements de sport était singulière mais il ne s'est jamais questionné sur l'importance d'en changer. Et encore moins d'aider à ce changement drastique. Résigné, il la suit quand elle l'y invite. On ne peut pas vraiment dire qu'il soit le gars le plus organisé de la planète. Sa partie de chambre oscille entre un joyeux bordel et une propreté douteuse. Il ne devient maniaque que lorsqu'il a besoin de réfléchir et que la quantité d'objets autour de lui l'en empêche. Sauf que pour en arriver à ce stade, il faut un sacré nombre de piles en tout genre pour qu'il se transforme en berserker du ménage. Il s'en est occupé au début des examens mais son bureau est déjà rempli de papiers froissés qu'il a eu la flemme de jeter dans la poubelle attenante. Terrible.

Le lycéen passe la porte du gymnase et grimace. Dans un sens, il préfère ça à être contraint de faire du sport avant l'examen. Bien qu'il se soit motivé à courir de temps en temps et à faire parti du club de foot – ce qui n'est pas rien, croyez-le – il n'est toujours pas particulièrement friand du sport en général. Pourtant il a remarqué comme il est vital de ne pas être essoufflé au moindre effort et comme il est agréable de retirer son t-shirt sans subir les moqueries de ses camarades sur son corps maigrichon. Mais il est encore loin de la carrure d'athlète de certains, à commencer par Mora. Ses pensées sur le torse de l'espagnol sont vite troublées par la question de la professeure. Il relève rapidement les yeux sur elle et répond :

« Euh oui. J'irais pas jusqu'à dire que c'est génial et que je voudrais être en période d'exams toutes les jours mais bon, c'est bientôt fini et puis après, y'a les vacances. »

Ce qu'il n'attend pas particulièrement avec impatience mais il se garde bien de lui dire. Le local à quelques pas, il demande sans grande conviction :

« Vous avez déjà une idée de comment vous voulez ranger les choses ou va falloir y réfléchir ? »

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Le mardi 18 juillet 2017

Shizuka hoche la tête. Les vacances pour ceux qui réussissent. Elle leur souhaite de tous réussir, pas seulement par bon sentiment mais aussi pour avoir moins de travail pendant le mois d’août à venir. Elle veut l’encourager pour la fin des examens, mais il lui pose une question à laquelle elle n’a, hélas, pas encore de réponses.

- J’sais pas trop.

Elle soupire.

- Déjà on va devoir tout trier. Bien mettre les différents types de ballons dans des paniers différents. Trier les brassards pour les équipes aussi. D’ailleurs, est-ce qu’ils sont nettoyés parfois ? Faut qu’on s’assure de ça aussi. Mais je ne vous demanderai pas de faire la lessive, ajoute-elle pour le rassurer.

Elle passe sa main derrière sa nuque et ajoute :

- On doit aussi voir pour les plots, les différentes structures pour les filets, etc. etc. Mais une fois que ce sera fait, je peux te jurer que s’il y en a un qui ne range pas un truc à sa place, je le colle directement.

Shizuka soupire à nouveau. Elle n’est pas maniaque, son appart est un joyeux bordel. Mais même elle, sait reconnaitre qu’il faut de la rigueur dans un local de matériel pour le bon déroulé de l’année. Faudra que je lui paye un truc, pour le remercier.

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MARDI 18 JUILLET 2017

Comment ça ? Attendez, elle est prof', elle doit forcément savoir sinon elle ne lui demanderait pas de l'aider. Ou alors elle compte sur lui aussi pour trouver une méthode de rangement efficace, style Marie Kondō. Son visage affiche un mélange subtil entre l'effarement et l'indignation. Ce qui est déjà assez incriminant en soi pour qu'il décide de son plein gré d'en rajouter une couche. Aussi il se contente d'écouter son maigre plan d'attaque et note qu'elle essaie tout de même de se montrer rassurante. Sur un ton neutre, il commente :

« Ce serait dommage de les ranger pas propres pourtant. La dernière fois que j'en ai porté un, il sentait super fort la sueur. »

Non pas que ça le dérange personnellement mais il a déjà entendu plusieurs personnes s'en plaindre ou juste délirer là-dessus. Le japonais se tait pour écouter la suite. Le double et cetera est loin d'être engageant mais il s'est résigné à accomplir ce dur labeur. Une nouvelle victime du mauvais endroit au mauvais moment. Il est néanmoins surpris par la fermeté de son avertissement. D'autant qu'il pourrait être le premier à s'en prendre une par faute d'inattention, quand bien même il aurait participé au rangement ultime.

L'enseignante ouvre la porte fatidique et les voici dans le temple de l'équipement. Elle n'a pas menti – et ce n'est que maintenant qu'il le remarque – le foutoir a pris copieusement ses aises. Il n'est pas loin de décrocher la mâchoire vu l'ampleur des dégâts. Finir dans un délai raisonnable est instantanément effacé de son esprit au profit d'une réalité bien plus morose. Cette fois-ci, il ne se contente pas d'une simple grimace pour s'exprimer.

« C'est pas à moi qu'il aurait fallu demander mais à un archéologue. J'suis sûr qu'on va retrouver des trucs improbables là-dedans. »

Les maillots sont éparpillés à au moins trois endroits différents suite au premier coup d’œil qu'il jette sur l'ensemble du local, si ce n'est plus. Il n'ose imaginer ce qu'il en est des plots... Bon, quand faut y aller.

« Si vous voulez, je récupère tous les brassards et je les amène à la laverie pour un programme rapide et j'reviens juste après pour vous aider pour tout le reste. Ou euh... »

Ou il ferait bien de fermer sa bouche et de montrer un peu plus de respect. Il garde son calme, bien que feint, en témoigne le rose soutenu de ses joues. Moins volontaire, il se reprend :

« Ou vous décidez par quoi on commence, pardon. »

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Le mardi 18 juillet 2017

Shizuka soupire lors de la remarque sur les dossards. C’est exagéré. Elle est certaine que ses collègues sont de bons professionnels, c’est peut-être à cause de la fin d’année ? Mais tout ça ne lui convient pas.

Elle ne peut s’empêcher de sourire quand son élève mentionne le fait qu’il faudrait un archéologue. Il a de l’humour, le petit.

regarde les dossards puants. Ouais, ça craint. Elle n’a pas envie de faire la lessive, elle adore éteindre son linge chez elle. C’est même la seule tâche ménagère qu’elle aime. Elle le met sur le balcon pour que ça sente bon, le frais. Mais à l’école… Avec des brassards puants à mettre dans la machine… Non. Elle n’a pas envie.

Seito se montre force de proposition, et elle veut encourager ça. Surtout que le rose lui monte aux joues, sans qu’elle ne puisse comprendre pourquoi.

- Très bien, bonne idée. Fais donc ça.

Après tout, il n’est pas son esclave, c’est déjà bien qu’il ne rechigne pas en bougonnant. Elle lui adresse une petite tape sur l’épaule, puis coince des mèches de cheveux avec des barrettes noires qui étaient dans ses poches.

Pour sa part, elle ne savait pas par quoi commencer. Remettre tous les ballons dans les bacs prévus à leur effet était surement une bonne chose.

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MARDI 18 JUILLET 2017

Que la professeure acquiesce sans se formaliser de ce soudain élan despotique le surprend. Surtout qu'il pourrait – s'il avait les cou*lles de le faire – quitter les vestiaires avec les dossards, les foutre à la poubelle et la laisser en plan. Dans son ancien lycée, il l'aurait fait. Sans l'once d'une hésitation. Il s'en serait même vanté pour s'assurer le luxe de trôner fièrement devant le directeur et écoper d'une peine plus lourde que la précédente. Une bêtise supplémentaire qu'il aurait étiquetée aux côtés des autres, comme un carnet de bons points. Mais il a dû s'assagir dans ce nouvel établissement. Un mal pour un bien quand cela lui assure l'éloignement bénéfique avec la Chose. Il n'y a pourtant là rien de facile. Et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a eu des ratés. Le sevrage est drastique et bien souvent l'ennui peut le mener à des décisions arbitraires. En choisissant cette voie néanmoins, il risquerait le saccage dans les règles. Ses parents, sa mère notamment, bien que n'ayant pas stipulée les conséquences, ont été on ne peut plus clair à ce sujet. Plus d'incartades, plus de mauvaises notes. Une demande bien idéaliste s'il avait son mot à dire, désopilante ajouterait-il narquois.

Sortant subitement de sa léthargie, il secoue brièvement la tête pour chasser toute mauvaise farce de son esprit et se concentre plutôt sur la tâche à accomplir. Il ne manquerait plus qu'il dérape... bon sang, il est vraiment le dernier des abrutis.

« Euh, ouais. J'm'en occupe. » dit-il finalement.

Seito récupère les maillots odorants et informe Matsuda-san qu'il fait au plus vite, puis s'éclipse. Par chance, il ne croise personne de sa connaissance et se retrouve en très peu de temps dans la laverie. Ayant étudié le manuel à ses heures perdues, le programme adéquat est vite sélectionné et, avant de prendre le chemin inverse, il consulte l'heure sur l'horloge accrochée au mur. Alors qu'il passe le pas de la porte, ses idées machiavéliques refont surface. Il s'arrête net. Le japonais s'autorise un bref coup d’œil dans la direction opposée mais se ravise aussitôt. Non, il a changé. Il n'est plus celui d'avant, il n'a plus besoin de l'être, il croît ? Sa lèvre inférieure accuse son indécision. Sa tête pivote brusquement dans le sens inverse et il retourne sagement jusque dans les vestiaires, le cœur battant à tout rompre. Un an plus tôt, il n'aurait jamais été capable de se brider. Quelle conclusion peut-il en tirer ? Ses pensées oscillent entre chiffe molle et maturité bourgeonnante.

En entrant dans le local, l'enseignante est toujours là. Et la montagne d'équipement à ranger aussi. Il lui signale sa présence en mentionnant le statut de son initiative.

« Voilà, c'est fait. Vous voulez que je m'occupe de quoi maintenant ? »

Shizuka avance, pas assez vite à son goût. Elle s’active, et son élève revient déjà. Elle lui donne des indications de rangement, puis ensemble, ils terminent plutôt rapidement. Pendant qu’il s’occupe d’une dernière petite chose, elle court au distributeur du coin lui prendre une boisson. Elle est de retour et il vient de terminer.

- Merci pour ton aide d’aujourd’hui. Tiens, hydrate toi, il fait chaud.

En tout cas, elle en avait appris un peu plus sur son élève aujourd’hui.

#terminé

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