" Et peu importe à quel prix
Il faudra payer mes cris
Je ne saurais jamais de ces avis
Qu'ils brisent notre vie "

Assez fort pour que tu en profites où que tu te trouves dans la pièce.
Assez bas pour éviter de déranger tes voisins de chambre.
Le son atteint tes oreilles, invite tes hanches à bouger légèrement alors que tu continues de ranger ton bureau, distraite.
Ton esprit divague, revient sur tout et sur rien, s'en va vers un futur quelconque, mais évite soigneusement ta mère.
Tu dois garder une humeur convenable, simplement profiter de cette nouvelle année, le reste peut attendre. Tu as déjà bien assez de tourments cachés pour en supporter un supplémentaire.

Toc.
Toc.

▬ Oui ?

Tu ne prends pas tout de suite la peine de te retourner à la seconde près, finissant de ranger tes feuilles dans une farde. Si c'était un surveillant, il t'aurait interpeller davantage pour s'expliquer avant de rentrer. Puis tu n'as rien fait de mal. Alors ça ne peut être qu'un ou une camarade. Peut-être ta nouvelle colocataire ?
Alors tu te tournes enfin, aperçoit cette jeune femme au visage de poupée. Un sourire vient étirer tes lèvres.

▬ Salut ! Tu dois être ma nouvelle colocataire... Dis-tu le plus naturellement du monde alors que tu es toujours en sous-vêtements.

Intenable. Incorrigible. Ouvrir la porte en sous-vêtements et accueillir ta nouvelle colocataire le plus naturellement du monde. Tu n'es pas un cas isolé mais tu es loin d'appartenir à la majorité. Pour autant, la gêne est restée dehors, balancée par la fenêtre, détruite. Tu te contentes de sourire. Sourire que tu perds pour laisser place à la surprise lorsque l'inconnue te pousse et referme la porte derrière vous.
Yeux écarquillés. Silencieuse. Tu ne comprends rien, du moins jusqu'à ce que la demoiselle explique que tu devrais faire attention. Aussitôt, ton rire commence à résonner dans la pièce, amusé, doux.

▬ Crois-moi, il y en a qui ont vu plus que ça.

Tu marches jusqu'à ton bureau afin de couper la musique, histoire qu'elle ne vienne pas perturber les présentations. C'est bien beau de mettre de l'ambiance mais chaque chose en son temps.

▬ Du coup, j'en conclu que ça ne te dérange pas ? Tant mieux.

Tu ne peux t'empêcher de sourire avec malice. C'est léger mais il ne faut pas être un fin observateur pour le remarquer.

▬ En faite, moi c'est Jones Elizabeth mais tu peux m'appeler comme tu veux. C'est comme tu as le plus facile.

Entre colocataires, vous n'allez pas commencer à vous compliquer la vie. Enfin, tu espères juste que cette fille n'est pas de celles qui sont un peu trop à cheval sur les politesses et qui ont un balai là où tu penses ! Hm... Mouais vu son geste de tout à l'heure, tu as un doute.

▬ Ça va, tu n'as pas eu trop de mal à trouver la chambre ?

Tu lèves les yeux au ciel, songeuse. Tout dépend de ce qu'elle entend par "n'importe qui". L'être unique... Le petit-ami... Si tu t'étais arrêtée à cette légende... Mais non, tu as déjà eu des aventures, basées sur le respect et la confiance certes, mais des aventures quand-même. Silence. Sourire. Tu ne vas pas t'étendre sur le sujet ; ce n'est pas vraiment le genre de choses dont on parle lors d'une première rencontre.

▬ Je la remettrai plus tard dans ce cas.

Par ton prénom donc... Fessier contre ton bureau, mains appuyées sur celui-ci, tu observes ta nouvelle colocataire tout en politesse... Comme pour analyser son visage. C'est qu'elle est très différente de la précédente physiquement parlant et... atypique, il faut bien l'avouer.

▬ On s'y fait vite, ça devrait le faire. Tu es venue étudier quoi ? Oh, tu veux peut-être un peu d'aide avec tes affaires ?

▬ Du moment que tu ne forces pas à écouter du Jazz ou du métal !

OK, tu préfères encore du Jazz au métal. Certes, c'est loin d'être ce que tu préfères mais quelques rares musiques peuvent être plus ou moins entraînantes. Mais le métal ? Tu n'as jamais compris en quoi entendre des gens se briser la gorge est agréable pour les oreilles. C'est bien trop agressif comme musique ; il y a d'autres façons de saigner des oreilles... Comme t'entendre chanter par exemple !

▬ Heureusement qu'on ne change pas tant que ça. dis-tu avec un petit sourire amusé. ▬ Philosophie et Histoire-géo.

Un choix d'études bien particulier, qui révèle plus de l'intérêt qu'autre chose. Tu ne sais pas quoi faire plus tard mais, tu ne voulais pas t'éloigner des bancs de l'école et ensuite risqué d'être complètement perdue. Peut-être vas-tu simplement travailler, ou trouver ta voie... Plus tard. Tu adores la natation, c'est une grande partie de ta vie mais tu n'es pas certaines de vouloir en faire ton métier pour autant, même si c'est une solution facile.

▬  Oui, on dort bien ici, en général. Puis les autres élèves ne sont pas trop turbulents, voir pas du tout, ça aide.

Même si un débordement n'est pas à exclure mais les surveillants sont là pour veiller au grain, même si certains sont plus sympathiques que d'autres. Toi, tu as la chances d'être en bon terme avec l'un d'entre eux... Ou c'est juste toi qui n'est pas très objective pour le coup.

▬ En parlant d'éléments turbulents... Je dois m'attendre à quelles genre de folies avec toi ?

Ton ancienne colocataire était du genre très calme. C'est limite si tu ne l'oubliais pas parfois... quand elle ne faisait pas une crise de nerfs sortie de nul part. C'est dans ce genre de moment que tu aurais voulu te barrer dans une autre chambre, voit carrément chez ton ex petit-ami, hors du campus.

▬ Bonne chance

Bon, personne n'a jamais tenté de te faire changer d'avis, donc tu essaies de ne pas être trop ironique - bien que tu ne sois pas pas tout convaincue.

Comme toujours, l'argumentation revient au premier plan lorsque tu parles de philosophie, ce qui te fait lever au ciel mais ça ne t'agace pas pour autant. Parfois, tu as l'impression que cette discipline ne se résume qu'à ça quand les autres en parlent ;  parler et défendre son point de vue. Mais à tes yeux, c'est bien plus - pour parler, il faut déjà avoir une réflexion, un avis, ne pas se limiter à ce que l'on voit... Et c'est souvent ça qui est le plus difficile. Même toi qui adore la philosophie, il y a des sujets que tu as beaucoup plus de mal à aborder que d'autres.

Enfin... Ce ne sont pas les cours qui comptent ici mais bel et bien la façon dont votre petite collocation va se dérouler. Tu espères ne pas être tombée sur une grosse coincée qui ne pense qu'à travailler et qui compte te faire la morale. Merci mais non merci. Mais elle te rassure un peu tout de même en parlant de sortir. Au moins, ce n'est pas une casanière qui chouine dès qu'elle doit quitter sa chambre. Et puis...

▬ Eh ben, on sera deux dans ce cas !

Tu lui souris, un petit sourire qui se veut rassurant et amical.

▬ J'aime coudre aussi, même si ce n'est pas demain que je vais faire des tenues pour la noblesse. Et puis, je suis aussi du genre à sortir, alors tu n'as pas à t'en faire à ce niveau-là. Tant que tu ne ramènes pas quelqu'un sans me prévenir en pleine nuit. Ou même en pleine journée, selon ce que vous prévoyez de faire... dis-tu en plaisantant légèrement.

Non mais tu en as déjà entendu des coloc se plaindre de leur pote qui revient à 4h du matin avec quelqu'un qui lui saute dessus. Et autant tu es très ouverte sur le sujet, autant tu préfères éviter ce genre de malaise. Mettre au courant son colocataire de ce genre de chose te semble normal ; tu peux toujours t'arranger d'une façon ou d'une autre pour libérer la chambre si c'est vraiment nécessaire. Non non, on ne te fera pas croire qu'il n'y a que les adolescents mal éduqués qui... enfin voilà !

Pas vraiment des vêtements ? Ce n'est pas que tu es une grande artiste mais tu te débrouilles. Même... très bien, en quelque sorte. Disons que tu sais faire pas mal de choses avec du matériel de couture en main mais ce n'est pas toi qui va créer de a à z des tenues de hautes coutures pour la reine. Tu n'as pas vraiment la fibre artistique ni même la patience de faire des choses très compliquées. Cela dit, tu n'aurais aucun mal à modifier des vêtements, à les réparer, etc et ce de façon parfaitement propre. Du coup, tu es curieuse de voir de quoi ta nouvelle colocataire est capable.

Et c'est là qu'elle te sort... un lapin en peluche ? Comme ça, sans gêne, toute contente. Yeux écarquillés sous l'effet de la surprise, tu finis par lâcher un petit rire.

▬ Désolée. Ce n'est pas pour me moquer, c'est juste que je ne m'y attendais vraiment pas !

Ta main - auparavant placée devant ta bouche comme si ça allait t'aider à te contenir - revient se poser sur ton bureau afin de t'en éloigner. Tu dis la vérité : tu ne te permettrais pas de juger le goût des autres, du moins pas sincèrement. Mais...

▬ Les gens cacheraient ce genre de choses. Ou alors ils seraient gênés de le montrer. Tu me plais ! Tu regardes la peluche. ▬ Enchantée Monsieur Lapin.

Tu t'avances pour venir te placer sur ton lit, jambes croisées, comme une enfant.

▬ Oui, c'est sûr.

C'est bien beau tout ça mais il faut vous mettre d'accord pour certains points, savoir à quoi vous attendre. Du coup, tu tapes fort une fois de plus sans même le vouloir.

▬ Hm, une fois, peut-être deux tout au plus. Autant être honnête. ▬ Mais on s'était arrangé avec ma coloc. Et inversement. Elle n'était pas contre et je ne l'ai jamais empêchée de faire de même. Tu hausses les épaules. ▬ Je ne le ferai pas si ça peut te déranger. Le but n'est pas qu'on se manque de respect l'une envers l'autre.

Et de toute façon, tu t'es calmée sur le sujet. Puis, tu préfères autant faire ça ailleurs. Plus discret.

Tu viens tenir la petite patte du lapin entre tes doigts, jours le jeu. Ce n'est pas comme si elle te demandait de faire la conversation au milieu de la rue. C'est comme... apprendre à faire connaissance avec la peluche d'un enfant ; quel adulte, lorsqu'il a le temps, pourrait refuser ? Il paraît que c'est important de garder une part de jeunesse.

▬ D'oú l'intérêt de se tenir au courant. Mais c'est noté.

Et de nouveau, elle peut parfaitement être celle qui te demandera de l'intimité. Si ça se trouve, ce sera même peut-être elle, la première de vous deux, qui reviendra avec un garçon ou une fille.

▬ Hm non, tu fais comme bon te semble. Tant que tu ne fumes pas ici. Ah et j'aime bien ouvrir la fenêtre dans la journée s'il ne fait pas trop froid, pour aérer.

Pour le reste, si elle doit emprunter quelque chose sur ton bureau, elle a le champ libre. Elle peut même aller dans tes affaires, situés dans l'armoire, du moment qu'elle te le demande. Tu n'es vraiment pas chiante pour ça. Tu m'interroges également sur ce qui la concerne, si elle pense avoir quelque chose d'important à te dire, une habitude à te partager ou quelque chose du genre... Histoire d'éviter les mauvaises surprises.

▬ Ça te dit que je te fasse visiter l'école ou qu'on aille boire un verre dehors ? On pourra mieux faire connaissance comme ça, si ça te tente...

Tu es contente. Si tu n'es pas du genre à te priver quand il s'agit d'alcool, tu n'es pas une grande fan de cigarette et préfères en rester loin. Du coup, ça t'arrange que ta nouvelle colocataire ne fume pas. Alors si en plus tu peux rafraichir la pièce sans trop de problèmes, c'est encore mieux !

▬ Super ! Promis, j'éviterai aussi en cas de tempête.

Et du coup... un petit verre. Tu ne penses pas forcément à de l'alcool ; tu ne bois pas h24 non plus, il ne faut pas abuser.

▬ Bien. Je me prépare et on est parties !

Direction le café du coin ! Mais pas à moitié nue.