Oui, les règles existent. Oui, tu sais qu’il y a un couvre-feu. Mais ça n’est pas parce que tu sais qu’une règle est présente que tu dois l’appliquer. Tu as "oublié", tu n’as "pas vu l’heure". Ça n’est pas la première fois, ni la dernière. Et puis bon, tu es une adulte, tu sais ce qui est bon pour toi. Tu prends des décisions "réfléchi et responsables", au moins d’après toi. Et au pire, tu assumes si tu es prise la main dans le sac. Ça va, il est minuit, le temps que tu finisses de retourner au campus et que tu sois dans ta chambre, minuit trente au maximum. Un vendredi soir. Tu ne fais de mal à personne, même à ta partenaire de chambre. Tu peux être très discrète quand tu veux. Bon, tu ne l’étais pas pendant le karaoké, mais ça, c’est normal.

Ce qui n’était pas prévu, c’est que tu te fasses emmerder par un groupe de "petits cons" un peu éméché sur le chemin du retour. Est-ce qu’on t’a déjà dit que rentrer entièrement seule n’est pas une bonne idée ? Oui, tu ne veux pas qu’on voie tes amies à côté du campus, et ça se retourne maintenant contre toi. Oui, tu es jeune et jolie, mais leurs compliments ne t’intéressent pas, déjà parce que tu sais déjà tout ceci, et ensuite parce que tu joues pour l’autre équipe. Là, tu attends simplement le bon moment pour jouer à casse-noisette et te barrer d’ici. Ils sont lourds et insistants, mais tu gardes la tête haute... pour l’instant. Le moment ou quelqu’un s’énerve, ça risque de partir très vite.

Les personnes intelligentes savent quand ça sent le roussi, et agissent en conséquence. Par exemple, s’ils sont trois et que tu es seule, tu peux deviner que tu n'es pas dans une bonne situation, pas vraie ? Mais non, ton orgueil et ta fierté t'empêchent de fuir alors que la raison et la logique te disent que c'est le truc à faire.

Alors oui, tu as donné un superbe coup de pied, de plus très bien placé, et c'est satisfaisant de voir un gars s'effondrer en ce tenant l'entre jambe. Tu te sens supérieure, tu montres que tu n'es pas une cible facile... et tu t'exposes à un bon coup de poing dans le ventre qui te couple le souffle. C'est là ou la notion d'être en infériorité numérique joue énormément en ta défaveur. Tu peux facilement être battue, maitrisée, et il faut bien le dire tabassé un peu au passage. Pense positif : ils sont trop occupés à ça pour balader leurs vilaines mains. Par contre, bon courage pour trouver une porte de sortie à cette situation...

Rappelle-toi de remercier ta bonne étoile ou n’importe quelle entité bien plus grande et supérieure à toi pour ta chance. Ou le destin, ou encore autre chose. Ça n’est pas tous les jours alors qu’il peut t’arriver d’horribles choses qu’une personne externe peut intervenir. Et surtout, une personne compétente. Dans le genre dissuasion, elle est efficace.

"Sauf que moi je n’ai pas envie de discuter, c’est vous qui êtes en tord les gars."

Ne fais pas trop la maligne même si tu as raison. C’est dangereux pour toi. Au moins tu te t’en reprend pas une. Pas tout de suite du moins. Et le couteau... ça les calmes bien. Forcément. Même toi tu ne ferais pas la fière dans ce genre de situation. Pas du tout, même. Par contre, tu en profites pour rejoindre le "bon" côté des choses.

"Elle veut dire que si vous partez maintenant vous êtes tranquille."

Les excuses, tu ne comptes pas dessus. Pouvoir rentrer "tranquillement", ça te suffira pour ce soir.

Qui fait le malin tombe dans le ravin, et si tu continues tu risques de ne pas pouvoir te relever une fois au fond du trou. Et après tu te plaindre en mode "mais enfin la vie est injuste" alors que tu l’auras bien cherché. Au moins, les menaces de la fille fonctionnent, et les vilains partent sans demander leur reste.

"Merci. Eh oui, ça va, j’ai connu pire."

Tu fais encore un peu la maligne, mais c’est bon, tu peux commencer à te détendre, maintenant que tout est plus calme.

"Peut être, mais ça n’est pas non plus comme si je vais attendre que quelque chose ce passe. Comme tu le dis, sauver la princesse ça se fait plus vraiment."

Pour le meilleur comme pour le pire. Les chevaliers qui agissent à outrance, tu es contre. Oui, tu es chiante.

"Au moins ça les a remis à leur place."

Mais si ça ne tenait qu’a toi, il deviendrait énuques. La véritable punition pour des gars qui ne pense qu’avec le bas.

"Je veux bien, je ne suis pas très loin et je pense qu’ils vont tenter autre chose. Vive les mecs."

Déjà que tu ne les aimes pas beaucoup, ça empire. Et non, tu ne vas pas dire que tu vis à l’université. Tu es dans le coin, mais pas dans l’uni. Tu n’es pas folle.

"Bah écoute, pour la prochaine fois. Et je note de plus m’entrainer au cas où."

Enfin, pour ça il faut que tu dégages tu temps. Et tu ne veux pas abandonner un seul club, encore moins tes études, du coup pas de sport d’autodéfense pour l’instant. Plus tard, peut-être. Peut-être. Ou alors la méthode de ton pays d’adoption et te balader avec un flingue en permanence, quelle "merveilleuse" idée...

"Pour l’instant, je n’en ai pas trouvé un seul qui vaut la peine."

Et de loin. Oui, il y a un semblant d’exception, mais c’est la seule... pour l’instant aussi. Si ça se trouve, tu finiras avec un mec dans ta vie et pas une fille. Une chose que tu ne peux pas imaginer pour l’instant, c’est sur.

"Ah oui je ne suis pas très loin d’ici. Si jamais tu connais le campus du lycée, c’est le point de repère."

Point de repère pour rester vague et pour dire que tu ne vis pas à l’intérieur. Une grande adulte comme toi à son propre appartement !

Ça n’est pas forcément une mauvaise idée, mais ça ne veut pas dire qu’il faut le faire, et surtout que c’est la solution miracle. C’est même le contraire d’une solution miracle. Si tu commences à frapper encore plus qu’avant, ça va être pire pour toi. Donc bon, c’est une idée à double tranchant.

"Qualité pourrie oui."

Si jamais elle n’avait pas deviné, elle peut bien l’entendre que tu n’aimes pas les garçons.

"Parfois j’ai l’impression qu’ils ont qu’un seul cerveau commun. Et pas très efficace le cerveau."

Amie misandre bonsoir. Et encore, ça pourrait être pire... mais ça pourrait être bien mieux. Mais ça n’est pas vraiment comme si tu fais des efforts pour changer cette situation.

"L’avantage c’est que les jeunes ne font pas la fête, donc c’est relativement calme. Et puis je suis encore dans cette tranche d’âge ou presque, donc ça n’est pas gênant."

Tu es la jeune qui sort pour faire la fête, mais tu es plus une exception qu’autre chose.

"Et bon ils sont trop occupé à discuter entre eux pour faire attention a ce qu’il y a autour d’eux."

Un cliché par toujours faux. Mais bon, comme tu mens depuis le début.

"La liste est trop longue."

Tu bougonnes un peu dans ta barbe inexistante. C’est le cliché un peu classique des garçons qui embêtent un peu les filles quand ils sont petits. Rien de grave, les petites bagarres qui arrive parfois. C’est quand tu as appris à nager - en cours de groupe - et qu’un gamin à eu la "bonne idée" de vouloir te couleur qui a scellé le tout. Tu t’en es sortie avec une sacrée frayeur, la détermination de ne plus jamais te laisser faire par un mec, et heureusement aucun problème de santé.

"Moi ? C’est vrai que j’ai l’âge pour. Mais ça ne changerait pas grand chais de toute façon."

Tu joues à la blonde. La vraie. Celle qui ne savait pas, monsieur l’agent, il faut lui pardonner.

"Il parait que j’ai un style reconnaissable."

C’est à double tranchant. On te reconnait. Et on te reconnait. Parfois, c’est bien. Ca attire les regards aussi (ce qui est un problème que c’est un regarde masculin, bien évidemment). Et parfois... bon, c’est la situation présente. Quelque chose te dit que ça n’est pas bon pour toi.

"Pourquoi, tu es à l’uni ?"

Tu as failli dire "toi aussi". Ouf, ça n’est pas passé lui, mais ça n’est pas parce que tu es cruche qu’elle est dupe.

"Il n’y a pas d’âge pour faire des études, ça, c’est sur."

C’est un semi-aveu, non ? Tu n’es pas certaine. Tu ne te souviens pas vraiment de l’avoir vu... tu crois ? Parfois tu ne fais pas attention aux gens...

Si elle est à l’uni, tu l’as "forcément" vu. Tu n’es pas la fille la plus populaire ou la plus active du campus - loin de la -, mais tu bouge et parle assez avec les autres de l’uni pour avoir des idées de qui est qui. Forcément ton cerveau est en train de passer en rêve toutes les personnes que tu connais, et pourtant tu as l’impression qu’il te manque une pièce du puzzle, ce qui t’énerve un peu.

"C’est possible que tu y sois. Ça n’est pas comme si j’y suis et que je surveille l’université."

Ce beau mensonge. Tu devrais changer de ligne de métier, c’est sur.

"Hum, si c’est un internat, tu risques de te faire taper sur les doigts vu l’heure, non ? J’imagine qu’ils ont des règles assez strictes sur les sorties nocturnes."

Mais non, tu n’es pas du tout concernée. C’est un pur hasard que tu penses à ceci. Mais bon, il suffit de voir que les rues sont un peu actives pour te dire que cette règle est un peu stupide... au moins pour ceux qui sont majeurs. Tu veux qu’on te laisse tranquille !

Hey, comme quoi la diplomatie, ça marche. Bon, tu sens bien qu’il y a toujours un problème, mais d’une certaine manière si elle ne le dit pas, c’est que tout va bien. Ça n’est pas de ta faute, c’est une parfaite inconnue, pas vraie ? En plus tu la fais rire, donc tout est bon. Ou pas. Encore une fois, tu en es parfaitement consciente.

"Oulah, si tu fais choper ? Hum..."

Une question bien théorique. Ça n’est pas du tout comme si c’est ton cas, pas vrai ?

"Alors personnellement, si je suis chopée la main dans le sac, autant assumer. Le cacher, ça ne va pas changer grand-chose."

Oui, tu as tendance à briser les règles, mais tu le dénies rarement. Tu fais une bêtise, tu es responsable. Point final.

"A la rigueur si c’est à quelques minutes près, le train ou le fait que tu n’as pas vu l’heure, mais ça risque de ne pas marcher."

Or, pour toi, on parle plus en heure. Donc dans ce genre de situation, tes excuses, c’est mort.

"Alors oui, après tu vas être à leur merci. Et pour ça... bonne chance ?"

Enfin, elle, elle. Plus tu, pas vrai ?

"Bien discrète oui. Mais il parait que ça s'apprend."

La preuve, tu es devenue de plus en plus douée pour ça. Mais ça n'est pas vraiment comme si elle a besoin de le savoir. Enfin, ça, c'était la théorie.

"Ah ?"

Elle n'a pas l'air de mentir.

"Ca doit expliquer pourquoi j'avais l'impression de t'avoir déjà vu."

Prise la main dans le sac. Tu mets tes mains en avant.

"Bah encore merci pour l'aide. Mais serre pas trop fort les menottes, il parait que ça peut abimer les mains."

Mais tu n’en as jamais fait l'expérience... encore heureux ! Pour le reste... elle sait déjà tout de toute manière.

"Il parait qu’on est souvent le meilleur placé pour savoir agir dans notre situation."

Et tu te parles souvent à toi même, après tout, tu as toujours besoin de conseil d’expert.

"Vraiment ? Je suis étonnée que la police de notre petit monde n’ait pas son équipement en permanace, vous êtes réputé comme impitoyable et sanguinaire."

Les rumeurs sont les rumeurs après tout. Personne n’a dit qu’elles sont vraies.

"Hum, je suis assez confiante. Après tout, je n’ai pas eu de problèmes pour l’instant."

Autant ne pas préciser combien de fois tu as fait ça.

"Et tu sors souvent comme ça ? Ça ne te fatigue pas trop pour le lendemain ?"

Dis celle qui risque de se coucher plus tard que la surveillante...

« Oh, donc en fait je suis déjà foutu et tu va me stalk, comme ça le moment ou je retente ça je m’en prends plein la gueule ? »

Ironiquement, voilà un beau défi relativement excitant. Qui est la plus maligne entre vous deux ? Toi, tu espères.

« Il parait que je suis une vilaine rebelle qui ne respecte pas l’autorité. »

Ça n’est pas qu’un simple « il parait » : c’est vrai. Tu as du mal avec l’autorité. Surtout des gens que tu considères « stupide » et qui ne méritent pas ton respect.

« C’est vrai que c’est l’avantage. »

Mais tu ne te forces pas à trop travailler non plus.

« Bah écoute, si jamais tu veux faire une sortie entre filles un jour, je peux te donner mon numéro. »

Et indirectement, ça te donne une excuse pour dépasser le couvre-feu si tu es avec elle. D’une pierre deux coups, tu es un génie !

"C’est pour ça que je suis habillée en noir, c’est pour être plus discrète la nuit."

Ça n’est pas du tout la raison. Et à la question "comment tu ne fais pas un boucan abominable en bottines", la réponse est "je me déchausse, abruti".

"C’est une bonne méthode, c’est sur. Mais autant se soutenir pas vrai ?"

Ce qu’elle fait déjà en ne te dénonçant pas tout de suite. C’est ça la solidarité, pas vraie ?

"Oh, ça n’est pas une question d’être sauvée. C’est histoire de passer du bon temps ensemble."

Tu te dis que vous avez un âge relativement similaire.

"Je sais que ça n’a pas vraiment l’air, mais je suis majeure, tout de même !"

Mais tu bois peu, parce que tu ne tiens pas vraiment l’alcool.

"Bonne soirée à toi aussi ! Et peut-être à une prochaine fois !"

Tu espères vraiment pouvoir la recroiser dans un cadre plus... "légal", disons, histoire de ne pas s’engueuler inutilement.