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Yukio Ogawa
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Jeu 10 Mar 2022 - 0:03



Ab urbe condita - Visite guidée

Samedi 8 juillet 2017

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L'ikuta jinja était ensoleillé, comme baigné d'une lumière chaude et enveloppante, resplendissant dans un écrin de verdure aux allures galopantes. L'été, par ses températures et son atmosphère, faisait planer sur le vénérable temple une aura de paresse et de fatigue. L'astre solaire écrasait aussi bien les motivations que les ombres du bâtiment principal du temple, laissant rôder le fauve affamé de l'insolation autour des quelques touristes venus chercher dans le petit parc un répit, au milieu de l'agitation urbaine. Les traditionnels toits gris semblaient soutenus à bouts de bras par les piliers et les poutres rouges en bois peint. La charpente donnait l'impression de ployer sans céder, à l'image d'un coussin amortisseur sur lequel on aurait fait reposer tout le poids du monde.

Il y avait dans l'air du lieu quelque chose de profondément respectable. L'endroit était hors du temps, hors de la ville, hors de la marche effrénée d'un siècle pressé, constituant une bulle de persistance au milieu d'une agglomération en mouvement perpétuel. Pourtant, ça et là, on pouvait percevoir l'artificialité de l'entretien qui maintenait intact l'architecture du sanctuaire. Comme toute création humaine, le temple ne devait sa persistance qu'aux attentions de générations éphémères. Il n'était immuable que parce que ses servants ne l'étaient pas, ne tenait du sacré que par un certain oubli de ses premiers bâtisseurs. Une ode à la permanence fondée sur la mortalité des hommes. Qu'ils eurent été immortels, et son éternité n'aurait eu aucun sens.

Yukio se tenait là, au milieu du parc, rongeant son frein pour ne pas s'allumer une cigarette, coincé dans une posture d'attente. A posteriori, proposer des visites guidées aux nouveaux arrivants sur le campus paraissait beaucoup moins judicieux. Il comptait les minutes depuis plus d'un quart d'heure maintenant, et aucun des étudiants conviés n'était venu le sortir de sa torpeur ou le distraire face au manque de nicotine. Il trépignait. Etait-ce vraiment la peine de faire un effort ? Génération d'ingrats, le monde partait à vau-l'eau. On leur aurait jeté un lingot d'or aux pieds qu'ils n'auraient pas daigné faire l'effort de se baisser pour le ramasser. Heureusement qu'ils étaient relativement sympathiques et bien intentionnés, sans quoi le désastre aurait été complet.

Fallait-il attendre encore ? Prendre en otage le couple de touristes en pleine déambulation sur sa droite ? Au moins, il disposerait d'une assistance sur laquelle déverser des flots d'anecdotes historiques aussi inutiles qu'intéressantes. Il valait mieux éviter. La dernière fois, les visiteurs s'étaient plaints à l'office du tourisme: ses explications leur avaient fait rater le bus pour rentrer à leur hôtel. Qu'y pouvait-il ? Il n'avait pas autorité sur les chauffeurs de bus.

Il y avait tant à conter sur ce temple, mais ça n'intéressait plus la jeunesse. Il soupira. Au moins, il faisait beau, le ciel était bleu, et sur le retour, il pourrait s'arrêter faire des courses. Encore une minute à contempler le temple, juste histoire d'en profiter.








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Ab urbe condita - Visite guidée  Empty Re: Ab urbe condita - Visite guidée

Dim 13 Mar 2022 - 17:08

On ne va pas se mentir, ça n’est pas parce que tu es Japonaise que tu connais bien « ton » pays. Au contraire, c’est plus grand que ce qu’il n’y parait, et surtout tu as oublié la plupart des choses. Ça n’est pas comme si tu es restée dix ans aux USA, pas vrai ? C’est pour ceci que tu as décidé de découvrir les environs de l’école, et sa ville de manière générale. Bien sûr, il y a les endroits pour les jeunes, les karaokés, les salles d’arcades... mais il n’y a pas que ça qui t’intéresses, et tu aimes bien l’histoire. Tu es nulle en cours d’histoire, mais l’un n’empêche pas l’autre. Et non, tu ne fais pas ça seule. Oui, tu pourrais trouver un guide - papier - de la ville, mais c’est bien moins intéressant. Surtout qu’un professeur propose des visites du coin.

« Excusez-moi professeur, mais j’ai une question à propos du temple. »

Normalement il est ici, car il aime bien parler des monuments, mais tu ne peux jamais être trop prudente avec les mâles.

« Savez-vous quand celui-ci a été construit, et surtout, dans quel but ? »

Tous ont une signification différente. Si ta mémoire est bonne, c’est parfois en l’honneur d’une personne ou d’un évènement local important.
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Mer 23 Mar 2022 - 22:49



Ab urbe condita - Visite guidée

Samedi 8 juillet 2017

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Soudain, une question tombe du ciel, comme portée par le vent de la Fortune, émergeant de l'énergie du vide, la constante cosmologique se trouve soudainement expliquée. Se retournant vers la provenance du surprenant et sismique son, issu du silence en solitaire, Yukio s'aperçut qu'il émanait d'une fille pas bien grande juchée sur des semelles trop épaisses pour êtes honnêtes. L'une des nouvelles arrivantes sur le campus avait enfin daigné se montrer, ça n'était pas trop tôt, cette génération n'était finalement peut-être pas complètement digne d'être jetée aux poubelles de l'histoire sans tri sélectif ni recyclage. Le professeur avait du mal à estimer l'âge de la gamine, la couleur de ses cheveux devait le gêner, il avait toujours eu du mal avec les blondes, la CPE du lycée pouvait en témoigner, quelle idée de ne pas avoir les cheveux noirs comme tout le monde aussi ? Insupportable ce besoin de se démarquer en mettant en avant ses gênes différents du commun des mortels. Est-ce qu'il se faisait remarquer en étant blond lui ? Ceci étant, le mini bloc de cheveux dorés qui lui faisait maintenant face avait quand même l'air plus abordable que la mère inquisitrice Johansen, toujours prête à coller son poing sur un meuble à la moindre contrariété, faisant régner dans le cœur des valeureux la peur et l'épouvante. Dieux du ciel, la journée était agréable, pourquoi penser à cela ? Hanna n'était pas si terrible, elle n'était juste pas ce que le Danemark avait exporté de meilleur, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, d'autant qu'il n'y avait pas mis du sien.

Il se reconcentra: le devoir l'appelait. On avait posé une question, il fallait y répondre. Se campant sur ses deux pieds et s'éclaircissant la voix, il n'hésita pas avant de se lancer dans l'une des péroraisons dont il avait le secret:


- Chère amie, vous savez débarquer en posant de bien belles questions. Le sanctuaire qui vous fait face n'est pas n'importe quel sanctuaire. Du haut de ces colonnes, 1800 ans vous contemplent. Il s'agit, pour sûr, de l'un des plus anciens temples de notre rayonnant archipel. La sérénité actuelle du lieu, faut-il le savoir, est inversement proportionnel aux circonstances qu'il a connu par le passé. Il y a de cela 800 ans, alors que le pays se trouvait ravagé par les affres de la guerre civile, il a été témoin d'affrontements des plus sauvages. Aujourd'hui encore, des pièces de théâtre jouées non loin narrent les terribles douleurs que la guerre seule peut infliger au cœur des hommes et des pères.  La ville toute entière de Kobé s'est construite autour de ce lieu, qui est resté, au cours des siècles, une goutte d'éternité et de constance dans un océan de progrès. Cet endroit mérite le respect, il était là avant même que votre nom de famille ou le mien ne se soient mis à exister, et alors que vous serez retournée depuis longtemps à la poussière, dispersée par le cycle poétique de la matière, il sera toujours là, intact, inchangé, immuable, évident.

Faisant une pause pour passer ses yeux sur le lieu qui les entourait, il sortit de son monologue, comme ramené à la réalité après avoir laissé parler une certaine passion. Ce faisant, il prit un ton beaucoup plus léger:

-En revanche, le soleil tape un peu là tout de suite. Si ça ne vous dérange pas, je préférerais qu'on se mette à l'ombre, sinon vous n'allez pas pouvoir m'écouter longtemps, et vous aurez une insolation de professeur à gérer, ce qui, je peux vous l'assurer, ne serait pas une opportunité de distinguer votre dossier scolaire. Permettez-vous ?







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Sam 26 Mar 2022 - 17:41


Ce professeur y met les formes, c’est sur, mais le fond est également présent. Il sait de quoi il parle, même s’il est un peu trop grandiloquent à ton gout. Ce sont les faits qui t’intéressent, tu extrais les informations et tu les internalises, pas la peine des mètres dans un joli paquet que tu vas immédiatement jeter de ta mémoire. Mais bon, arrête de râler et écoute l’Histoire avec un grand "H".

"Je ne pensais pas qu’il était aussi ancien."

Une merveille technologique, car il a fallu le construire, et surtout qu’il résiste aux affres du temps. Les architectes de l’époque devaient être des génies. Aujourd’hui les normes sont différentes, mais les technologies et autres progrès scientifiques doivent énormément aider aujourd’hui.

"J’aimerai bien voir une de ses pièces de théâtre."

La curiosité, et puis tu aimes bien l’art. Ca ne veux pas ire que tu comprends tout, mais tu fais comme tu peux.

"Et sans vouloir être méchante, vous faites toujours des grands discours de ce genre ? Ça n’est pas que c’est gênant, mais ça n’est pas toujours au gout de tout le monde."

Ça ne te dérange pas (trop), mais tu en connais certains qui auraient déjà décroché depuis longtemps.

"Il parait que j’aime tourmenter les profs, mais c’est sur que j’aimerai éviter d’avoir à appeler les urgences pour ça."

C’est l’été, il faut chaud, et la chaleur peut tuer. Il faut faire attention, et boire pour éviter les accidents.
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Jeu 7 Avr 2022 - 21:57



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Samedi 8 juillet 2017

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Yukio écarquilla légèrement les sourcils, la gamine était un peu trop impertinente à son goût. Lui, faire des grands discours ? Il y avait là une certaine interprétation de la réalité, il était toujours concis dans son expression orale, c'était du moins ce dont il était persuadé. Il était vrai qu'il pouvait parfois se laisser emporter dans des excès de lyrisme, et perdre le chemin de sa pensée en s'attardant sur des détails, mais ça restait rare. Il arrivait même à répondre, parfois, sans user de propositions incises. Selon feu son grand-père, la famille avait compté dans ses ancêtres quelque dynastie de capitaines de navires, et comme dirait l'autre, c'est curieux chez les marins, ce besoin de faire des phrases.

Quoi qu'il en fut, l'étudiante était restée écouter, et elle se montrait même intéressée par les pièces de théâtres liées au passé du lieu. Alors qu'ils s'étaient déplacés pour échapper au soleil, il se mirent à marcher à l'ombre, croisant bourgeoises bécheuses maquillées comme un carré d'as et rockys barjots venus jouer les Marlon Brando. Reprenant son propos, le professeur d'histoire se mit à parler avec simplicité et sensibilité artistique:


-Le théâtre Nô ne plait malheureusement pas à tout le monde. C'est assez codifié et conceptuel par certains côtés, le rythme peut déstabiliser les jeunes générations, plus habituées à être tenues en haleine. Cela reste néanmoins un spectacle à voir, un héritage traditionnel à conserver et honorer. Par le passé, j'ai eu la chance de rencontrer un artisan dont le travail était de fabriquer les masques utilisés par les acteurs lors de ces pièces de théâtre, c'était un échange assez exceptionnel, et je ne me doutais pas que la simple fabrication d'un masque demandait un si grand investissement.  

Faisant halte, il se retourna vers le temple, et continua:

-La pièce la plus connue liée à ce lieu est Ikuta Atsumori. Il s'agit d'une fable dramatique fondée sur l'histoire d'un samouraï mort pendant la guerre de Genpei. L'histoire est celle du fils orphelin du guerrier décédé, qui rencontre le fantôme du père qu'il n'a jamais pu connaitre. Les thèmes évoqués par ce conte assez poétique sont la relation entre père et fils, et les pertes irremplaçables que la guerre peut causer. Si suffisamment d'étudiants sont intéressés, peut-être pourrais-je organiser une sortie culturelle pour assister à une représentation. Je ne sais pas vraiment si les jeunes peuvent être réellement intéressés par ce genre de choses.  

Il avait prononcé ces derniers mots avec une légère pointe de tristesse. Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers Maya et proposa:

-Vous avez des questions ou vous voulez voir autre chose ? Kobé est une ville qui regorge de trésors, et quelque soit ce qui vous intéresse, je suis à peu près sûr de trouver un lieu adapté à vous montrer !  







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Dim 10 Avr 2022 - 21:17

Le prof confirme ce que tu pensais : il est extrêmement passionné par ce qu’il raconte. Ça se voit, ça s’entend, et ça en est presque amusant. Dans tous les cas, tu écoutes, tu assimile, et peut êtr même que tu va retenir. Ça n’est pas forcément gagné pour cette dernière partie, mais c’est un détail.

"Je n’ai pas encore eu l’occasion d’en voir, mais c’est quelque chose auquel j’aimerai bien assister un jour."

Surtout si c’est "différent". Tu aimes bien les choses différentes, parce que tu es un peu rebelle. Non, il n’y a aucun rapport entre les deux, mais c’est ce que tu as décidé, c’est assez stupide, il ne faut pas chercher d’explication.

"Si c’est bien les masques auxquels je pense oui ça doit être terriblement complexe d’arriver à en fabriquer un avec une expression aussi bien visible et compréhensible de loin."

Ça n’est pas toi qui pourrais faire ça, c’est sur. Mais tu n’as pas vraiment une fibre artistique. Du moins, c’est ce que tu dis.

"Toujours entre père et fils..."

Tu soupires. Quelle société patriarcale pourrie, pas vraie ? La femme reste dans la cuisine, tout ça... tu détestes ça. Mais bon, c’était "l’époque", c’est comme ça. Ça t’énerve. Heureusement, ça change, au moins un peu, lentement, mais surement.

"Vu que je m’entends mal avec mes parents ça n’est pas certains que cette pièce me touche, mais je note son nom."

Est-ce que tu seras triste le jour ou tes parents disparaissent ? Très possible. Autant ne pas y penser.

"Hum, je n’ai pas vraiment d’idée en tête, mais j’aimerai bien découvrir le plus possible sur la ville et son histoire. Il ne devrait pas y avoir grand-chose que je déteste."

Normalement. Mais tu n’as pas d’idée précise non plus de chose à faire. Ca n’est pas très simple, pour sur.
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Mer 13 Avr 2022 - 21:59



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Samedi 8 juillet 2017

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Goethe n'avait-il pas dit que l'on devenait adulte le jour où l'on pardonnait à ses parents ? Si tel était le cas, le monde était rempli de mômes, et nombreux étaient ceux qui descendaient dans la tombe sans jamais avoir quitté le monde de l'enfance. Les parents, ces gens qu'on ne choisit pas d'aimer. Dans la vie, certaines choses nous sont, il est vrai, données sans consultation préalable. Aucun consentement à naitre et grandir sous la férule de quelqu'un dont la seule préoccupation est de vous coller ses propres névroses et ses peurs les plus intimes dans la tête... En un sens, la vie était viciée, au sens juridique du terme. Vice de procédure, irrégularité, nullité, auprès de qui fallait-il former un recours ? Si Dieu ne se manifestait pas, c'est peut-être qu'il avait peur qu'on l'assigne en justice.

A y penser, Yukio n'avait jamais partagé une relation apaisée avec son père. C'était triste, mais classique, il y avait chez chaque génération l'envie purement morbide de punir les suivantes de ne pas l'avoir libéré de sa mortalité, l'orgueil futile de croire que l'on pouvait imposer ses conceptions par delà le retour à la poussière. En un sens, les cimetières garantissaient le progrès du monde. Les nécropoles étaient remplies de vieux cons rétrogrades qui, l'espace d'une seconde dans la course du temps, avaient été le fer de lance du progrès. Avoir des difficultés avec ses parents était sain, cela voulait dire, en creux, qu'on avait pas encore basculé du mauvais côté de la marche des idées. Quoiqu'on en dise, on ne renversait pas le patriarcat sans se fâcher avec les patriarches, on n'allumait pas les lumières sans réveiller le spectre endormi du conservatisme réactionnaire.

Prenant une voix sympathique et sincère, le professeur d'histoire parla avec un peu moins de circonvolutions:


-Quand j'avais votre âge, je m'entendais mal avec mon père. Pendant un temps, après sa mort, je m'en suis voulu. Pourtant, s'il était toujours en vie, je ne m'entendrais pas plus avec lui. C'est juste comme ça j'imagine, on ne peut pas s'empêcher de ressentir un peu de culpabilité, même quand votre père était une personne objectivement détestable. Avec les années cependant, j'ai appris une chose, c'est que toute l'attention, tout l'amour, toutes les secondes et toute l'affection qu'on ne donne pas à sa famille, on le donne à d'autres, et ces autres n'en ont pas moins besoin. Je ne me suis jamais entendu avec mon père, mais j'ai des milliers d'amis, et par endroits quelques compagnes que j'aurais aimé savoir rendre heureuses. Rien n'a été perdu, ça n'est pas si mal.

Reprenant un ton plus formel, il proposa avec un sourire:

-A dix minutes en poussant vers le port, on tombera sur le Nankinmachi, le quartier chinois de la ville. Il date en partie du XIXème siècle, niveau plongée dans le passé, vous serez servie. En plus, on y trouve littéralement à manger partout, et il y a une paire de lieux historiques à y voir. Est-ce que ça vous convient ?







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Dim 17 Avr 2022 - 20:20

Il tente la sympathie, ou quelque chose dans le genre, mais ça ne te touche pas vraiment. Tes rapports avec tes parents - et surtout ton père - sont par choix plus qu’autre chose. Aussi, tu ne comptes pas faire bouger lesdits choix. C’est très bien comme ça. Personne ne se marche dessus, personne ne s’insulte et tout ira bien.

"On choisit ses amis, pas sa famille."

Un mantra que tu répètes souvent. Peut-être trop souvent.

"Et je pense que mes amis sont heureux avec moi. Du moins, j’espère."

Tu as ton caractère, c’est sur, ce qui rend la sélection... difficile, en quelque sorte. Mais une fois accepté, avec toi c’est à la vie à la mort. C’est surement là où est partie cette "affection". Et ça n’est pas comme si tu ressens un manque, loin de la. Du moins, tu ne penses pas.

"Ça me convient, c’est vous le spécialiste, donc je vous fais confiance."

Et même si tu n’as pas faim pour l’instant, qui sait, peut être que dans vingt minutes, ce sera le cas. D’une pierre deux coups en quelque sorte !
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Mer 20 Avr 2022 - 23:17



Ab urbe condita - Visite guidée

Samedi 8 juillet 2017

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Les mots de Yukio ne semblaient pas créer de fortes résonances dans l'esprit de Maya, ce qu'il trouvait, par un certain côté, un peu triste. Il n'y avait là rien de bien grave, chacun voyait les choses d'une certaine façon, et ça n'était pas un problème, dans la majorité des situations. Il ne partageait ses pensées et réflexions que pour essayer d'apporter un peu de réconfort à ceux qui pouvaient en avoir besoin, il n'aurait pas osé s'avancer sur leur intrinsèque intérêt. Alors qu'ils prenaient la direction de la porte Chang'an, il songeait aux paroles de l'étudiante. Il n'était pas bien sûr qu'on choisisse ses amis. Personne ne choisissait ses amis sur un catalogue, en adoptant un raisonnement conscient et réfléchi. Les amis, un jour, on tombait dessus, et c'était à peu près tout. Pour le reste, en spinozien semi-pratiquant, il pensait que l'ignorance des causes déterminantes déterminait une forme d'illusion dans le sentiment de liberté.

Réagissant à ce que disait la touriste en balade à qui il servait tant que faire se peut de guide, il lui lança avec un léger sourire en coin:


-Je ne doute pas du fait que vos amis vous apprécient. Autrement, il n'est pas certain qu'ils vous laisseraient les fréquenter. Au pire, si vous voulez en être certaine, demandez-leur si vous leur apportez un peu de joie, vous serez fixée.

Il ajouta avec un calme des plus faussement flegmatiques:

-J'ai l'impression, et vous m'arrêterez si je me trompe, que vous ne vous prenez pas d'amitié pour le premier quidam venu, et qu'acquérir votre confiance nécessite un certain investissement. Dans ces conditions, je serais prêt à parier sur le fait que vous nouez des relations amicales qui apportent à chaque partie une allégresse non-feinte.

La ville défilait autour d'eux. Les voitures passaient, les passants circulaient, la circulation suivaient son cours, et les coursiers se faufilaient. Le monde tournait, relativement indifférent aux réflexions des deux piétons en plein échange. En marchant, ils allaient définitivement plus loin qu'en pensant. Déjà, les toits, à quelques centaines de mètres, reflétaient le rouge propre au Nankinmachi. Déjà, l'affluence se densifiait, et des effluves de mets des plus divers se portaient, avec la brise du jour, au contact de leurs nez. Le Chinatown de Kobé était un endroit atypique. Au croisement de ses deux artères principales et perpendiculaires, un pavillon gravé des douze signes du zodiaque servait de point de rencontre et de repère des plus identifiables. Yukio était souvent resté à observer le petit pavillon et ses petites statues des douze créatures. Un endroit des plus adaptés pour l'achat d'une corbeille de fruits. Le professeur d'histoire avait d'ailleurs un faible pour la statue du serpent, extravertie, élégante, théâtrale.

Il ne savait pas exactement ce sur quoi ils allaient tomber en passant la porte du quartier, qui était en perpétuel mouvement, mais il ne s'en inquiétait pas: il y avait toujours quelque chose à faire, toujours quelque chose à voir au Nankinmachi.








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Ven 22 Avr 2022 - 21:36

"Je ne sais pas... je ne dirai pas que j’en doute souvent, mais je pense qu’il est parfois important de ce poser la question. Pour améliorer les choses en quelques sortes."

Tu veux des relations saines, tout simplement. Tu es assez exigeante envers toi même à ce sujet, même si ça n’est pas forcément visible au premier abord. Au contraire, tu es relativement désagréable, il faut "simplement" passer une étape. Alors dans ce sens, oui, tu choisis tes amis.

"C’est exactement ça. Je préfère peu, mais bien, en quelque sorte."

C’est une façon de faire comme les autres. Tu pourrais être populaire avec un peu d’effort. Mais non, tu préfères être une fille trop froide sans raison.

"C’est une belle manière de le dire."

Non non, il marquait un point. Et c’était un compliment, non ? Surement. Certainement. Tu penses.

"Oh je ne savais pas que Kobe a un quartier chinois."

Ce qui est très intéressant et super cool. Tu es internationale après tout, et pour la diversité des cultures. Ce qui est certain c’est que c’est très (très très très) animé, ce qui n’est pas pour te déplaire.

"Depuis combien de temps ce quartier est présent ? Car je présume qu’il est historique lui aussi."

Tu ne peux t’empêcher de comparer au Chinatown de New York que tu as visité également. L’histoire de l’implémentation de telles communautés dans un autre pays est terriblement intéressante.
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Mar 26 Avr 2022 - 23:38



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Samedi 8 juillet 2017

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Le tiéquar était historique, pour sûr. Etait-ce vraiment important ? Forget about the past, don't worry 'bout a thing, Madcon dans les écouteurs, c'était l'été quand même. D'abord, la vibe, les questions sur les dynamiques communautaires et les mouvements migratoires du XIXème siècle, ensuite.

A gauche, la veuve du vendeur de brochettes venait de les croiser, elle portait, chaque jour, la veste de son mari depuis qu'il était mort, le remplaçant devant les braseros fumerolants de l'artère encombrée. A droite, une des lettres de l'enseigne de la plus vieille boucherie du quartier s'était fait la malle, partie rejoindre le pays lointain des néons disparus. Le commerce n'en était que plus authentique, presque plus beau. Derrière eux, le rire nerveux du mari de la fleuriste se faisait entendre, voletant dans le vent comme les pétales d'un cerisier le lendemain d'un coup de gel, elle avait encore découvert un adultère, elle ne partirait pas, les cornes équilibraient les jours qui précédaient sa retraite. En face d'eux, un gamin venait de laisser partir vers le ciel son ballon rempli d'hélium. Il avait l’œil triste de celui qui se savait responsable de ses errements. La vie ferait s'envoler dans sa vie d'autres illusions. Les adultes aussi laissaient leurs ballons prendre leur envol, plus ou moins volontairement. Older, same old fashion way. A 45 degrés Nord, l'odeur du riz en cuisson se répandait par volutes vaporeux. C'était la mère Ukoya, dès 9 heures du matin, elle était en générale plus cuite que son riz, brave dame. Melon découpé en boutique à 45 degrés Sud, légère luisance de sucre, il faisait envie le fruit. Voilà qui aurait hydraté la rizicuiseuse. Thés en toutes sortes trois numéros plus loin, si tant est que des numéros fussent donnés à l'assemblage imbriqué des bâtiments de la rue. Étal ambulant au carrefour à 45 degrés Est, 200 yens les six takoyakis, une affaire, moins cher que les autres yatai un peu plus loin, le sourire édenté du vénérable artisan en plus. Dans le konbini juste à côté, du classique, la caissière à temps partiel est une étudiante de l'université, plutôt mignonne, très affable. Des fenêtres aux étages, sans savoir de laquelle cela peut provenir, le son d'une radio écoutée trop forte par une personne tentant de faire taire ses acouphènes. Des gens, partout, les voix des passants, les pleurs des enfants, les rires des vieux croulants. Partout, la vie, bruissante, circulante, entropique, chaleureuse, imparfaite. Une atmosphère inspirante, sur-stimulante, pittoresque et digne d'amour. Et si vous vous demandiez, la caissière du konbini a déjà la bague au doigt, dommage pour vous, elle est vraiment sympa.

Yukio laissa Maya respirer l'ambiance du lieu, tardant volontairement à répondre à ses questions. Il attendit que le regard de l'étudiante se fut perdu dans la foule, les odeurs et les couleurs. Lorsque, seulement, elle semblait avoir pris la mesure de ce qui se jouait dans la rue des vivants, il repartit sur quelques explications:


-Avant 1853, les étrangers n'étaient pas autorisés à fouler le sol de l'archipel, c'est ce qu'on appelle le sakoku. Ce quartier a commencé à se développer juste après l'ouverture du pays aux commerçants venus de l'extérieur, il est logiquement situé à deux pas du port historique de la ville. Le nom Nankinmachi fait référence à la ville de Nankin, en Chine, les habitants de ce quartier devaient sûrement en être originaires. Toutes les allées du quartier ne sont pas aussi animées, certaines sont malheureusement plus calmes. J'aime beaucoup cet endroit. Il a un peu perdu de son côté purement chinois, mais il concentre toujours autant d'activité.

Se tournant vers la jeune femme, moins formel:

-Vous n'avez jamais eu envie de trouver un lieu où les paroles et les pensées ont moins besoin d'être lissées ? En quelques sortes, un endroit plus "vrai", donc plus libre ?







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Jeu 28 Avr 2022 - 19:09

Tes cinq sens sont presque tous sollicités dans ce quartier. Il y a beaucoup de choses à voir, à entendre, à sentir... C’est un peu magique pour toi. Il y a cette magie dans l’agitation. Ta vie doit bouger, et si certains préfèrent le calme, avec toi il doit toujours y avoir un peu d’activité. La jeune femme curieuse que tu es est heureuse, ton intérêt et ton désir de découvrir de nouvelle chose sont respectés.

"Je vois, en quelque sorte nous somme des envahisseurs."

Tu exagères pour faire exprès, mais à l’époque ça aurait été le cas. L’histoire est toujours intéressante. Les changements et améliorations également. Sauf qu’il arrive que l’humain ne change pas pour le meilleur... Regarde toi, la misandre, on parle de toi !

"C’est sur qu’il y en a de l’activité, ce qui n’est pas pour me déplaire."

Tu sais aller la prochaine fois que tu fais le mur. Heu... que tu sors de manière parfaitement légale et autorisée, pardon.

"Vous voulez dire, un endroit ou l’on peut décidé d’ignorer les règles stupides de la société ?"

Tu entends bien qu’il est moins formel. Là, ça n’est pas un prof, mais bien une personne que tu as en face de toi. La différence est subtile, mais importante. Ça veut dire que tu peux un peu abandonner le respect et te lâcher un peu.

"Je viens d’une famille ou il était presque interdit de penser certaine chose, donc j’ai connu ça, et je suis totalement pour ce genre de lieu, pourquoi donc professeur ?"

Ça sent un peu le piège, tu ne sais pas trop pourquoi. Tu verras bien. Au pire, tant pis. En parlant de tes parents, tu imagines leur dire que tu préfères les filles ? Ils l’ont peut-être deviné, mais ils refusent certainement de voir la vérité en face.
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Dim 8 Mai 2022 - 0:22



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Samedi 8 juillet 2017

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Autour d'eux, l'agitation continuait à emplir l'atmosphère de son entropie, diffusant des ondes de liberté. Dans ce chaleureux chaos, chacun vaquait à ses occupations sans se trouver entravé par le poids des jugements et des conventions. Ni sourire forcé, ni courtoisie pleine d'hypocrisie, ni déférence fausse et contrainte, juste de la sueur, des rires, du travail et des interjections sincères. C'était paradoxal, mais en salissant leurs vêtements, il semblait que les gens présents nettoyaient leur âme. Le labeur lessivait les faux-semblants. Il faisait chaud, et pourtant, c'était rafraichissant.

La société et ses règles stupides ? Les règles stupides existaient-elles vraiment ? Pour le professeur, les règles avaient toujours une fonction, surtout lorsqu'elles n'en avaient pas, ce qui tendait à leur ôter leur stupidité. Une règle arbitraire, surtout lorsqu'elle était injustifiée, était surtout là pour vous rappeler votre place dans la structure sociale. De la violence symbolique à faible dose, énervante, frustrante, quotidienne, juste pour conditionner les réactions et les pensées. Une règle pouvait être inique, injuste, illégitime, mais elle n'était jamais stupide pour tout le monde.

Yukio se secoua les méninges, il avait la désagréable impression de réfléchir en foucaldien, et ça lui était profondément incommode. Il y avait bien mieux à faire, à commencer par répondre avec empathie et droiture:


-Ce n'est rien, c'est juste que les endroits tels que celui-ci ne courent pas vraiment les rues. Il faut en profiter lorsqu'on en trouve un.

Légère pause, juste histoire de s'éclaircir la gorge.

-A vrai dire, ma question n'était pas tout à fait innocente. J'avais juste besoin de vérifier une intuition avant de vous emmener autre part. Allez, on décarre, l'heure tourne, et on a bien quinze minutes de marche pour arriver là où je pense que vous serez contente d'arriver. Faudrait pas qu'on rate le début. On part plein Nord.

L'homme aux cheveux bruns est déjà parti, s'attendant visiblement à ce que l'étudiante qui l'accompagnait se fut élancé derrière lui sans attendre.






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Dim 8 Mai 2022 - 5:33

Il marque un point, ce genre d’endroit, c’est rare. La preuve, tu n’en as jamais véritablement rencontré un. Le campus, peut-être. Après tout, c’est assez ouvert d’esprit et il est possible de faire (et dire) plus ou moins n’importe quoi, tant que c’est dans le respect de certaines règles bien sûr (qui ne sont, pour le coup, pas "stupides"). Le truc, c’est qu’un prof, c’est une figure d’autorité et en poussant un peu plus loin, d’ordre. Alors... qu’est ce qu’il ficherait là-bas ?

"Et vous ne pouvez pas m’en dire plus avant que je vous suive ?"

Visiblement non. Sauf que tu es curieuse. Mais le moment ou ça peut sembler être un piège, ça va enchainer très vite coup de pied bien placé, hurlement pour attirer l’attention et poudre d’escampette. Tu n’es pas parano - surtout avec les mecs, pas vrai ? -, MAIS.

"Aussi, si c’est une demande de rendez-vous, c’est la plus bizarre que j’n’aie jamais entendu."

Mais au moins, c’est original. Un bon point pour lui, en quelque sorte. Mais la surprise au bout de la marche à intérêt à être bonne, sinon ça va vraiment t’énerver.
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Sam 14 Mai 2022 - 14:40



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Samedi 8 juillet 2017

Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17

Une demande de rendez-vous ? La petite était audacieuse, elle était quand même un peu jeune pour lui. Il avait bien d'autres choses en tête. Il y avait en Maya une rage débordante, une colère aux vecteurs aléatoires, une rancœur dirigée vers tous les azimuts. Par certains côtés, elle se conduisait comme un animal craintif, devenu agressif après avoir subi les coups et le mépris des années durant. Il était manifeste que le temps n'avait pas offert à l'étudiante une once de sérénité, d'équanimité, de rapport apaisé au monde. Elle avait la haine, et Yukio ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour ça. Celui que la vie noie dans des torrents de boue a bien le droit d'avoir le seum. Quand l'eau glacée emplit vos poumons, qui ne désirerait pas brûler le monde en flammes ?

Le professeur d'histoire entretenait l'ambition, peut-être illusoire, qu'il pouvait apporter dans l'esprit sanglant de sa suiveuse les germes d'un certain calme, qu'il pouvait planter sur la terre salée par la houle les graines de la quiétude. Maya était une boule de nerfs, un nœud gordien. Défaire, une à une, les boucles inextricables. Voilà qui demanderait du doigté. Qu'importe, il n'avait jamais été rebuté par l'effort. Il n'était pas sûr de réussir, mais il ne pouvait pas faire moins que tenter quelque chose, et il connaissait l'endroit parfait pour essayer. Autant mettre toutes les chances de leur côté.

Il avait beau rester énigmatique sur la nature de leur destination, la gamine suivait, c'était plutôt bon signe. D'un pas décidé, il enchainait les virages, les faisant s'éloigner du trait de côte.

Tandis qu'ils terminaient leur périple, il se décida à préparer l’atterrissage:


- Dans cette ville, il y a deux établissements dont le nom est "Midnight". L'un est un endroit où les hommes qui manquent singulièrement de singularité tentent de danser avec des femmes beaucoup trop élégantes pour eux, l'autre est un espace de liberté pour les gens qui sont plus inventifs dans leur rapport à la vie. Si je ne me trompe pas, vous faites partie de la deuxième catégorie, ergo ça vous plaira. Et comme le hasard fait bien les choses, il y a une représentation des plus amusantes qui a dû commencé il y a exactement 7 minutes. On y va ?

Ils étaient arrivés. Devant eux, une enseigne indiquait avec une pointe d'impertinence "Le Gri Gri, Midnight Café". La porte était ouverte, le rideau occultant bruissait du rythme battu à l'intérieur. Sans attendre de réponse, il s'engouffra dans l'ouverture, et trouva exactement ce qu'il s'attendait à trouver.
Sur une scène montée pour l'occasion, quelques hommes et femmes de tous âges faisaient outrage à la binarité, renvoyant par le strass des paillettes et du maquillage doré la lumière des projecteurs, en même temps que les codes du genre. Le spectacle était une alternance de danses et de scénettes drôles et volontairement surjouées. Le temps et l'assistance suspendus, les lumières bleutées pour souligner l'éclairage sur scène. En passant le seuil, une nuit étoilée s'était dressée autour de ceux qui avaient osé faire le pas. La salle était bondée, pleine de celles et ceux que la conformité n'avait pas complètement écrasé. Un lieu, une après-midi hors du monde et de certaines de ses injonctions. Il y avait une certaine magie entre les murs, une atmosphère de cohérence. Les silhouettes sur scène crachaient la permission d'être soi-même, le temps d'une représentation éphémère.

Il ne se retourna même pas pour voir si Maya avait suivi. Elle était trop curieuse pour avoir pris la fuite.








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Sam 14 Mai 2022 - 17:04

Tu lèves un sourcil quand il mentionne le nom "Midnight". Peu importe le pays, ce genre d’établissement est souvent... disons... pas pour les enfants. Et pas le genre d’endroit où tu aimerais aller (on dit qu’il y a des jolies filles, mais franchement... non).

"Je ne pense pas vraiment que le premier soit le genre d’endroit ou l’on invite une élève monsieur. Mais je ne vais pas juger ce que vous faites sur votre temps libre."

On t’a déjà dit que tu es insolente et culottée ? C’est ici un superbe exemple.

"Je dirai que je préfère le second établissement."

Tu le connais, de nom, de réputation. La véritable question, c’est de savoir comment LUI connait tes préférences. C’est... inquiétant.

"Allons-y."

Et comme prévu, c’est un bar LGBT. Le genre d’endroit que tu aimes et que tu apprécies donc, même si c’est parfois un peu too moche pour toi.

"Je ne pensais pas que vous faites partie de la communauté, monsieur."

On parlait de jolies filles ? C’est ici que tu peux en trouver des extrêmement jolies à ton gout.

"Vous êtes de quel bord ?"

Il ne t’a pas emmené ici par hasard, pas vrai ?
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Jeu 19 Mai 2022 - 22:32



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Samedi 8 juillet 2017

Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17

Faire partie de la communauté ? Heureusement qu'elle n'était pas grande, autrement, elle serait tombée de haut. Yukio ne faisait partie d'aucune communauté, sinon celle de la recherche scientifique. Il n'était excentrique que pour être transgressif, expansif que pour être subversif, extravagant que pour être révolutionnaire. Il ne considérait aucun bord, sinon celui du gouffre dans lequel il jetait quotidiennement ses forces. Babord ou Tribord ? Quelle importance quand on est à voile et à vapeur ?

Bien évidemment, il considérait certaines choses plutôt que d'autres, par envie, par conformisme, par facilité et par opportunité, mais il n'avait jamais vraiment décidé de se confronter à la question de sa catégorisation. La chose était trop compliquée, était tenue par trop d'implications, et ça n'était pas plaisant. Il vivait selon les règles qui lui paraissaient les meilleures à suivre, et ça n'était pas toujours celles qui recoupaient l'ensemble de ses passions. Qu'importe, il n'était pas objectiviste, et ne soutenait pas que l'intention morale de l'existence était la poursuite du bonheur. Il y avait bien d'autres importances dans la vie que l'obéissance aux désirs développés par son propre esprit, et il aimait se convaincre qu'il n'était pas esclave de ses flammes cérébrales. En théorie, il savait guider sa barque sans laisser le courant de la concupiscence orienter sa course sur les flots. En théorie du moins. Il aimait juste ce lieu, il permettait de saines respirations, et c'était tout. Fréquenter cet endroit ne l'engageait à rien, et ce qui ne l'engageait à rien ne lui causait nul préjudice.

Avec un air contenté, cabalistique et inspiré, il répondit à Maya:


-Dans la mesure où je sais nager, je n'ai pas besoin du bord chère amie. N'est-il pas bien plus beau de se trouver sur la proue d'un bateau, les cheveux au vent, au milieu des flots les plus infinis, plutôt que de rester sur la plage ? Je ne suis pas un adepte des stations balnéaires. Je vogue au loin voyez-vous ? Je suis un explorateur des mers chaudes et des océans arctiques, un marin au cœur porté par les tempêtes et les vents du large. Sur les cartes de l'inconnu, je cherche, des mes yeux intrépides, les dessins mythologiques et la mention "Hic sunt dracones", puis, sans hésitation, j'y mets le cap, guidé par les seules lumières de ma boussole, de mon astrolabe et de mon esprit fait de curiosité académique.

C'était bien résumé, plutôt simple, pas trop grandiloquent, il faisait un effort pour s'exprimer de manière moins emphatique. Il ajouta d'une voix tout à fait anodine:

-Bon, vous buvez quoi ? Et n'essayez pas de me faire vous acheter quelque chose de trop fort, je ne voudrais pas qu'on puisse se faire de fausses idées sur mes intentions.







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Jeu 19 Mai 2022 - 22:59

Okay, il n’a pas du tout compris de quoi tu parlais. En fait est ce qu’il sait là où il est ? Pas du tout. Et même si l’ignorance est une bénédiction, tu te promets de le mettre au courant une fois qu’il finit sa (magnifique, tu dois l’admettre) tirade... qui parle d’eau. Heureusement que ça n’est que de l’eau imaginaire, sinon tu ne serais vraiment pas à l’aise.

"Je ne suis pas du genre à voyager sur l’eau, même si j’adore l’exploration. Contrairement à vous, je ne sais pas nager."

Être subtile n’a pas marché la première fois. Espérons qu’il capte le message, cette fois-ci. Par contre oui, tu es une jeune femme curieuse.

"Jamais je ne bois d’alcool quand un mec est présent."

Ça, c’est dit, c’est fait, c’est cash, c’est gratuit.

"Mais un cola fera l’affaire."

Ou un équivalent japonais, tu n’es pas à ça prêt. Tant que c’est du soft. Ensuite, vous n’avez plus qu’à vous assoir.

"J’ai une question, monsieur. Plusieurs en fait. Comment avez-vous trouvez cet endroit ?"

Une question pas si anodine que ça.

"Et vous venez pour l’ambiance, c’est ça ?"

Okay, tu inspires un grand coup. C’est un sujet complexe et assez central dans ta vie. Et dans la vie de la plupart des personnes de ce bar.

"Vous avez raison, jamais je ne dirai le contraire ! Mais vous devez aussi être courant de l’importance d’un tel endroit pour les personnes comme moi."

Ce n’est pas facile. Tu cherches tes mots, tu es plus timide que d’habitude.

"Je ne pense pas que vous avez fait exprès et que vous saviez pour moi, mais dans tout les cas, merci. Vraiment."

Tu rougis un peu - heureusement ça ne se voit pas trop grâce aux lumières. Tu n’as pas l’habitude de remercier des mâles. Et avec tout ça, il doit avoir compris, non ?
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Lun 23 Mai 2022 - 22:56



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Samedi 8 juillet 2017

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Etait-elle en train de filer la métaphore ? Ou était-elle en train de dire qu'elle ne savait pas nager pour de vrai ? Yukio la détailla un instant de la tête aux pieds. Il opta pour la deuxième hypothèse: ce devait être compliqué de se propulser dans l'eau avec d'aussi petits bras et des jambes fines comme des cannes. C'était un petit modèle teigneux, dans l'eau, il devait couler sous le poids de sa propre rage, et considérant la masse volumique de l'ensemble, il ne fallait pas compter sur la poussée d'Archimède pour la faire flotter.

Il coupa court à sa réflexion, elle venait d'énoncer l'idée qu'elle refusait toute absorption d'éthanol en cas de présence masculine. Il acquiesça avec un regard plein d'assentiment, elle était peut-être plus sage que ce qu'il avait pu percevoir.


- Va pour un cola. Vous faites bien d'éviter l'alcool, on n'est jamais assez méfiante vis-à-vis de ce qui peut roder dans les bars la nuit. Ceci étant, notez qu'on peut tout aussi bien verser du GHB dans un verre de coca. N'acceptez jamais un verre que vous avez sorti de votre champ de vision, même quelques secondes, ou réclamez une boisson dans un contenant encore scellé, et procédez à l'ouverture vous-même. Ne relâchez jamais votre vigilance en soirée, et ne sortez pas seule non plus. En cas de défaillance, il est toujours plus sécurisant d'être accompagnée. Et vérifiez que votre téléphone portable est bien chargé avant de partir aussi, et convenez d'un mot de sécurité avec votre meilleure amie dès que possible, c'est bien de pouvoir appeler à l'aide sans éveiller l'attention d'un potentiel agresseur. Ah, et méfiez-vous des garçons de l'université, ce sont tous des beaux parleurs prêts à tout pour séduire une fille et lui briser le cœur.

Fin du quart d'heure prévention. Il s'éclipsa vers le bar durant de longues secondes, jouant très légèrement des coudes pour adresser un sourire affable au barman et acheter de quoi assouplir leurs cordes vocales, fatiguées de la longue visite de la ville. Il finit par revenir, tendant à Maya une cannette de Coca fermée et un verre vide. Il tira sur la paille de son mojito pour avaler une longue gorgée désaltérante, puis il reprit:

- Je viens pour l'ambiance et pour le fait que je n'ai pas à faire semblant de quoi que ce soit en ce lieu. En général, je trouve les lieux bondés nerveusement épuisants, mais celui-ci est reposant, à sa manière.

Yukio souriait, Maya se contorsionnait verbalement pour lui expliquer qu'elle était heureuse qu'il l'ait amené voir un tel spectacle. On eut dit un chat remuant en tous sens pour se débarrasser d'un bout de scotch collé aux moustaches. En conclusion, elle réussit à le remercier, ce qui arracha presque une petite larme au professeur d'histoire: ils grandissent si vite.

Il éleva de nouveau la voix, sur un ton rassurant:


- Vous n'avez pas à dire ce que vous voulez garder pour vous. A titre personnel, je ne connais que quelques catégories de jeunes en rupture familiale, et je ne vois aucune de ces catégories qui serait malheureuse de découvrir un endroit comme celui-ci. Le reste est entre vous et votre identité, vous n'avez pas à vous forcer pour expliquer quoi que ce soit.

Il avala une gorgée supplémentaire, puis continua sur sa lancée:

- Je voulais que vous puissiez voir cet endroit, pour que vous compreniez que tout n'est pas vain ici bas. Il y a des lieux, des moments, des gens qui valent le coup. Je ne dis pas qu'il faut oublier le reste, mais se concentrer sur les choses importantes, sur ceux qui valent le coup, c'est le seul moyen de se créer plus de bons souvenirs que de mauvais. Faites-moi cette faveur d'y penser la prochaine fois que vous serez submergée par la haine ou la colère.

Il resta un moment interdit et pensif. Il faudrait peut-être qu'il mette en application ses propres leçons, ce serait quand même moins dissonant cognitivement.







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Lun 23 Mai 2022 - 23:17

OK. Wow. Tu es tombée sur le prof qui s’amuse à faire la minute de prévention. En soi, tu ne peux pas lui donner tort. Mais c’est chiannnnntttttttt... Et c’est looooongggggggg... Tu connais déjà tout ça.

"Ca n’est pas ma première fois dans un bar vous savez."

Tu boudes un peu. Il te prend pour une gamine. Ça t’énerve, bien évidemment.


"Je fais déjà tout ça."

Ah, il mentionne les garçons.

"Oh, pas besoin de me prévenir, je sais très bien que ce sont des co*nards."

Ah, c’est sorti tout seul. "Oups". Ou pas. Tu assumes ce que tu dis, toi. Donc bon, pas peur en soit. Le coca frais devrait calmer ton esprit qui s’échauffe. Et tu es assez polie pour le remercier, quand même.

"Je suis curieuse, en quoi vous avez besoin de faire semblant ?"

En soi, vous vous ressemblez. Pour le reste... les lieux bonder, ce n’est pas les gens le problème, mais les mecs...

"Ho ça n’est pas qu’une question de rupture familiale. Et puis on s’entend déjà très mal, ça n’est pas comme s’ils savent que je suis lesbienne."

Hop, un sujet en moins à traiter. Comme quoi il peut être simple de délier ta langue.

"Et puis, de toute manière, il n’y a pas grand-chose à expliquer ou à justifier. Est-ce que vous pourrez expliquer pourquoi vous préférez les femmes et pas les hommes ? J’en doute. Pareil pour moi."

C’est... viscéral. Tu le sens, tu le sais. C’est aussi "facile" que ça. Tu as la chance d’être en acceptante avec ceci, ce n’est pas le cas de tout le monde, et beaucoup sont en dénis. Où doit l’être à cause de pression sociale.

"Oulah, ne me parlez pas comme si je suis dépressive, je ne le suis pas."

Au contraire, tu vois généralement la vie du bon côté. Normalement. Enfin un point positif !

"Je n’ai pas de problème à me créer de bon souvenir, mais je note le conseil."

Non, tu ne le notes pas. Toi, réfléchir quand tu es en colère ? Jamais. Et tu es SOUVENT en colère. Quant à la haine des garçons... bon, rien à dire.
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Mer 25 Mai 2022 - 23:09



Ab urbe condita - Visite guidée

Samedi 8 juillet 2017

Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17

Maya, la finesse, la distinction, la gracilité des révélations allusives, la volatilité raffinée de subtiles nuances cachées dans des phrases anodines, l'appréciable et malicieuse sagacité dans cette façon de révéler les choses sans les dire. Dans un monde parallèle, le professeur Ogawa, admirable devant tant de facéties langagières, se pâmait très certainement devant l'afféterie de son étudiante. Yukio n'était pas prêt de slider dans ce monde, le pont Einstein Rosen Podolsky était loin, très loin. Plus claymore écossaise que fleuret d'estoc, la gamine coupait dans la masse à grands coups répétés, tapant comme une brute ostrogothe devant une sculpture au drapé diaphane. Le professeur soupira, on était pas sortis du sable, on était même dedans jusqu'au cou et la petite creusait pour enterrer le sens de la mesure, sens qu'elle devait avoir poignardé en souriant comme une yandere complètement fada.

Il fallait de manière évidente changer de méthode, son erreur avait été d'avoir probablement été trop intelligent, trop technique, trop subtil. Il fallait abandonner les tirades pudiques. Ce soir, le gouvernement intersidéral avait plus besoin du capitaine Cook version bâtonnet de colin que du capitaine Flam filant dans son Cosmolem. Le super submarine 99 était resté sous la ligne de vue trop longtemps, il était temps de faire surface et de remettre le Galaxy Express 999 sur les rails avec les canons de l'Atlantis.

Il énonça d'une voix emplie d'une patience toute sacrificielle:


- J'ai comme l'impression que vous entretenez l'envie de parler franchement, sans la conservation d'une quelconque bienséance. Soit. Dans ma vie de tous les jours, je suis enchainé à l'image d'une conformité de façade. Je porte un costume, je noue une cravate, je mets un masque, je me glisse dans l'uniforme du gendre idéal, du voisin prévenant et du professeur consciencieux. Cette posture m'évite des problèmes, des explications et des regards en biais. Pour autant, je ne suis pas cette image de carnaval, je suis bien plus et bien moins à la fois, je suis cet homme qui soupire lorsqu'il doit trier ses déchets, ce gamin qui a passé son enfance à en tourmenter d'autres, ce locataire que la vieille du 3ème étage avec ses perruches en cage insupporte, ce professeur qui vit comme un échec personnel de voir l'un de ses élèves sombrer, ce fils qui n'a jamais su contenter sa mère par le choix d'une vie calme aux côtés d'une femme simplement bienveillante, ce rêveur d'été qui préfère le port des chemises à manches courtes, cet idiot d'angoissé incapable de livrer ses sentiments à celui qui a toujours été le seul à leur accorder une quelconque attention. Voilà pourquoi je vous dis que je fais semblant. Ici, je n'ai pas besoin d'un quelconque uniforme, le simple appareil d'une attitude respectueuse est suffisant, et je trouve cela profondément libérateur.

Il ajouta avec un peu plus de relâchement, comme soulagé de s'être confié:

- Vous me rabrouez sans cesse depuis le début de la visite. C'est usant. Je ne suis pas votre ennemi. Ce que j'essaie de vous dire depuis tout à l'heure, c'est simplement que vous pouvez me faire confiance, que je n'ai aucun intérêt à vous nuire, et que si vous avez besoin de parler, au sujet de vos parents, de votre orientation romantique, de vos doutes ou de vos difficultés, je suis là, sans pour autant vous obliger à quoi que ce soit. Je ne suis pas le seul à être là, l'université de Kobé est un lieu accueillant, vous vous en rendez peut-être déjà compte. J'entretiens sûrement le tort d'être un homme, mais je suis passé par bien des endroits où vous êtes actuellement, et j'aurais aimé, ayant votre âge, que quelqu'un de compréhensif me dise que je pouvais, lorsque le besoin s'en faisait sentir, venir lui parler, venir vomir avec des mots ce qui m'interrogeait, me faisait trembler de peur ou d'émotion. Voilà, c'est aussi simple que ça, je voulais vous dire que je suis là. Maintenant, si vous le voulez bien, je vais vous ramener, je suis tenu de déposer les étudiants participants à proximité du campus ou de leur lieu d'habitation avant la tombée complète de la nuit pour ces visites, et j'ai encore quelques petites choses à vous montrer sur le chemin.







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Jeu 26 Mai 2022 - 17:08

C’était une bien longue tirade que le prof utilisa pour décrire sa vie. Ça n’est pas vraiment le bon endroit pour ceci. Ni le bon moment, à vrai dire. Oui, tu l’écoutes, mais tu trouves que c’est bien long pour simplement dire qu’il n’est pas entièrement à l’aise dans sa vie. Tu es vraiment horrible quand tu veux...

"Si ça vous déplait tant, pourquoi gardez-vous cet uniforme de faux semblant ?"

Une question simple, mais avec énormément d’implications.

"Je ne dis pas qu’être soit même, c’est simple. Ni qu’il faut l’être au détriment de votre... position, mais j’ai appris à jouer avec ce genre de chose."

Ça ne veut pas dire que tu gagnes tout le temps, mais là n’es pas la question. Tu es ce que tu as décidé d’être, c’est le plus important. Et tant pis pour les autres, en quelque sorte.

"Je peux vous assurez que ce n’est pas mon intention de vous rabrouer."

Si tu veux vraiment le faire, tu serais bien bien BIENNNNNN plus toxique que ça. Quand au fait que ça n’est pas ton ennemi... tu attends la suite pour être certaine. Ne disait-il pas lui-même que les mâles dissimulent leurs véritables intentions ?

"Et vous en savez déjà suffisamment sur les différents sujets pour comprendre ce qui se passe, non ?"

Traduction : tu n’as pas envie d’en parler plus que ça pour l’instant.

"D’autres choses ? Vous avez une vie bien active, monsieur."

Il est de bon droit de se moquer un peu, non ? Trop tard, de toute manière.
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Dim 29 Mai 2022 - 19:21
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Il y a une jolie fille au bar et elle n'a pas quitté Maya des yeux depuis son entrée avec le professeur. Dans un premier temps discrète, elle alpague le barman et passe commande. Ni une ni deux, un cocktail sans alcool se prépare. Le barman le dépose devant Maya et lui indique qu'il est de la part de la jeune femme au bout du comptoir. Cette dernière lui sourit.

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Lun 30 Mai 2022 - 13:34



Ab urbe condita - Visite guidée

Samedi 8 juillet 2017

Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17

Quelle est cette impudente débarquée tout droit du néant ? On ne peut donc pas terminer une visite guidée sans être interrompu par des propositions indécentes ? Yukio était soudainement plongé dans un profond stress. Si l'offreuse de cocktails était une psychopathe et qu'elle enlevait la gamine, il allait se retrouver seul responsable. Avoir sur les épaules le démembrement sanglant d'une étudiante était légèrement au-dessus des ses forces actuelles, déjà sablées par quelques bouleversements, pertes et profits. Et puis, de quel droit attenterait-on à la vie de ses étudiants, c'était les siens, pas touche.

La petite devait être protégée. L'espace d'un instant, il songea à mener un interrogatoire poussé de la cavalière séductrice, façon police américaine un peu trop biberonnée à la méthode Reid. Il pouvait aussi réclamer un CV, vérifier les références et appeler les anciens employeurs. L'enquête de moralité serait suivie d'une analyse coût/bénéfice des perspectives, cette rencontre allait-elle créer plus de bonheur par son éclosion que de mélancolie par sa perte ou sa chute ? Si tout était clair, l'effrontée jeune fille serait autorisée à approcher, sous surveillance active et avec une équipe d'évacuation d'urgence prête à extraire la cible en quelques secondes. Avec un sniper en plus au cas où, on était jamais trop prudent.

Le professeur était par ailleurs épris d'un très léger seum. A lui, on ne lui avait rien offert, quelle effronterie ! Il fronça les sourcils. Il n'aurait jamais dû amener Maya ici, il l'avait mise en danger de manière totalement injustifiée, il s'en flagellait mentalement.

Suspicieux et décidé à réordonner la situation, il détailla la cliente si hardie, cherchant à identifier les signes de son occulte malveillance. Elle était belle, à peine plus âgée que son urbaine visiteuse, et souriait avec malice sous les stroboscopes. A part lui diagnostiquer une absence de toute épilepsie, il était difficile de deviner quoi que ce fût dans la pénombre. Yukio observa néanmoins les traits de son visage avec la plus grande application, il fallait être capable de sortir un portrait-robot sans hésiter sur la forme des yeux ou le grain de la peau. Don't worry Maya, Big Brother is watch... Enfin, le professeur Ogawa œuvre dans l'ombre à la sûreté de ta personne.

Il jeta un œil à sa protégée: outre les griffes, c'était un papillon papillonnant, il était évident qu'elle allait vouloir butiner la causette avec Mademoiselle "Début de soirée je souris, fin de soirée t'es dans mon lit". Il bisqua, le sort avait choisi son moment, il était quand même sur le point de la ramener sans heurts ni malheurs, on aurait voulu le piéger qu'on ne s'en serait pas pris autrement. Maya était majeure, il ne pouvait pas vraiment jouer des cordes du paternalisme ou de l'autorité morale incontestable. Il était impuissant face aux événements, c'était l'histoire de sa vie, comme celle de tant d'autres.

Il fallait définitivement qu'il parte à la campagne planter des navets et cultiver des radis, tous ces soucis n'étaient plus de son âge. D'une voix fatiguée par des temps bien trop trépidants pour la sérénité de son esprit, il glissa à son étudiante en pleine exploration de ses jeunes années:


- Je vous laisse trente minutes pour récupérer son numéro. Ensuite on part. J'ai un paquet entier de cigarettes à fumer dehors, sur le parvis, ça devrait vous suffire pour obtenir un résultat, frontale comme vous êtes. Si ça se passe mal, vous dites que je suis votre père, que je suis agent d'assurances et que si je débarque, je vais parler des heures durant des dernières nouveautés dans le monde de l'actuariat. Elle a l'air normale, ça devrait la persuader de prendre la fuite.

Il prit seul la direction du bar, glissa un billet sur le comptoir, et s'adressa au barman qui s'approchait, à voix basse:

- Je suis juste devant, prévenez-moi si jamais la gamine haute comme trois pommes à genoux a l'air de se sentir mal ou si elle essaie d'étriper l'autre, je viendrai faire ce que je peux pour éviter un drame.







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Lun 30 Mai 2022 - 17:04

Ça n’est pas que tu n’as pas une bonne estime de toi, tu te trouves jolie et mignonne, mais pas forcément maligne, mais tu ne penses pas que tu es... une "cible" potentielle... pour les personnes du même sexe que toi. Ce qui est très ironique, car tu penses TOUJOURS que les mecs veulent te séduire. Comme quoi...

Alors, pourquoi on en parle ? Parce que tu es l’heureuse (saisi) élue (mais comment ?!) d’un cocktail (qui à l’air bien bon) de la part d’une mystérieuse inconnue, que le serveur te pointe. Même si c’est mal de regarder ainsi, tu te tournes vers elle - confuse à cause de ce cadeau - et, comment dire... disons que le combo sourire plus clin d’œil t’a fait totalement rougir, avant que tu te retournes embarrassée et intimidée (ce qui est extrêmement rare quand on te connaît), le nez vers le cocktail et vers la table. Ah oui, elle est extrêmement jolie, aussi.

C’est déjà assez gênant comme ça, mais EN PLUS le prof a repéré le manège (en même temps... tu n’étais pas discrète), ajoutant à ta gêne déjà extrêmement présente. Tu n’es plus rouge, c’est une nouvelle couleur. Tu es une lampe écarlate. Et ça empire ENCORE quand il t’explique la suite.

"Mais... je... enfin..."

Tu bafouilles, tu perds tes mots... tu bug. Le système Maya a subi une erreur critique, veuillez bien attendre le redémarrage (s’il a lieu un jour).

"Je pense que vous faite trop jeune pour être mon père..."

Là n’est pas la question, parce qu’il te laisse SEULE avec tes pensées et ton embarras. Récupérer son numéro de téléphone ? Comment tu peux faire ça ? Surtout en aussi peu de temps ! Parce que trente minutes, ça passe vite.

Surtout, quand il t’en faut cinq pour amasser assez de courage pour allez voir la jolie jeune femme. Dans les bonnes nouvelles, elle n’est pas que jolie. Comme on dit, le courant passe. Et pour une fois, ça n’est pas ta grande gueule qui dirige la conversation, chose rare. Elle est jolie, gentille, mignonne, vous avez des intérêts similaires... bref, tu es totalement séduite. Et ça n’est pas grave qu’une demi-heure, ce ne soit pas grand-chose : tu ressors avec un numéro et une date, heure et lieu de rendez... non, c’est pour se revoir, ça n’est pas déjà un rendez-vous... tu crois ? Tu ne sais pas vraiment. Toi et les sentiments...

Ha oui, tu ressors aussi de très (trop ?) bonnes humeurs, toujours aussi rouges et avec un sourire stupide sur tes lèvres.

"Je... désolé du temps mis..."

Tu es tellement embarrassée, tu ne sais pas où te mettre !
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Mar 7 Juin 2022 - 20:58



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Samedi 8 juillet 2017

Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17

La teigneuse à courtes pattes faisait soudainement bien moins la maline. Ressortie rouge comme une pivoine du bar, elle n'alignait plus deux mots sans trébucher sur les planches instables de sa gêne. La situation lui avait coupé le sifflet, taillant à la serpe dans l'image de robustesse et d'indifférence dont elle essayait de se draper. C'était à la fois très drôle et très touchant. Yukio avait envie de se moquer gentiment d'elle, si bien qu'il eut tout le mal du monde à se restreindre, mais il fallait éviter d'en rajouter une couche. La petite était déjà suffisamment confuse comme ça. Au  moins, personne n'était mort ou blessé, c'était déjà un succès.

Face aux excuses déconfites de Maya, il se contenta d'écraser sa cigarette et lança d'un ton plaisantin:


- Oh ce n'est rien, je ne suis même pas arrivé au bout de mon paquet de cigarettes, vous n'aurez qu'un demi-cancer de la gorge sur la conscience.

Pris d'un besoin d'exprimer complaisamment son affection toute paternelle, il tapota très légèrement le dessus de la tête contrite de l'étudiante tout en riant:

- Vous êtes mignonne quand vous laissez vos émotions emporter vos certitudes. Vous avez l'air d'une fraise qui a découvert un pot de sucre. Ne vous inquiétez pas trop quand même, vous finirez par vous habituer à faire des rencontres de la sorte.

Toujours souriant, le professeur d'histoire regarda sa montre, grimaçant à la constatation du retard pris sur le programme. C'était déjà la fin, il aurait déjà dû rendre sa cliente du jour à ses obligations estudiantines et à ses révisions forcément assidues. Commençant déjà à marcher vers la fin de la soirée, il prit la tête du menu cortège en élevant une voix redevenue sérieuse:

- Il faut que je vous ramène chez vous dès maintenant, sinon on pourrait me reprocher d'être sorti de mon rôle et d'avoir manqué à mes obligations. Allons-y, on est pas en avance. Vous êtes bien dans la même chambre que Mademoiselle Jones ? Vous lui passerez mes salutations les plus révérencieuses, c'est toujours une joie de l'avoir présente dans un amphithéâtre. N'hésitez pas à lui demander des conseils pour tout ce qui touche à vos études, c'est une jeune fille plus que brillante. Ah, et promettez-moi que vous resterez discrète quant au fait que je vous ai montré cet endroit, je ne souhaite pas que tout le campus soit au courant du fait que je peux venir y pointer mon nez.







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Mer 8 Juin 2022 - 1:00

Quand tu ressors toute rouge, mais qu’il se moque de doit, tu te rebiffes un peu.

"Ca c’est votre problème et votre santé, pas la mienne."

S’il fume et qu’il se pourrit la vie, tu n’y peux rien. Il y a des bien meilleures manières de patienter. Lire, par exemple.

"C’est un compliment ça ?"

Tu tentes de dissimuler ta gêne sous l’énervement. Ça doit fonctionner qu’à moitié, le rouge de tes joues et ton "renfermement" ne va pas partir comme ça.

"Parce que vous êtes un spécialiste ?"

Est EC que tu veux vraiment savoir ? Toi qui es une grande débutante ? Peut-être qu’il peut te donner des conseils, qui savent ?

"Mais vous avez des conseils, pour... heu..."

Tu ne devrais pas faire des pauses dans tes phrases, comme ça, ça fait bizarre.

"Enfin, pour parler aux femmes. Ce qui leur fait plaisir, tout ça..."

Si on t’avait dit qu’un jour, tu demanderais de tels conseils à un mec, tu te serais foutu en feu avant de te jeter par la fenêtre direction la piscine pour te noyer. Non tu n’es pas du tout dans les extrêmes, pas ton genre.

"Comment vous savez que je suis avecelle ?"

Tu ne trouves pas ça rassurant, même s’il a surement accès au listing. Pour le reste, tu sais déjà qu’elle est maligne, même si vous êtes dans des domaines relativement différents.

"Rassurez-vous, je ne dirai rien. Au contraire, je vous remercie de m’avoir montré un tel endroit."

Et une extrêmement jolie et sympathique jeune femme. Que tu vas vite revoir. Et qui va, indirectement, te causer quelques problèmes, mais ça ne sera pas de sa faute.

"J’espère même vous revoir là-bas à l’occasion."

Mon dieu, tu trouves qu’un prof (et pas une prof) est cool. La fin du monde arrive donc un mardi.
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Mer 15 Juin 2022 - 11:27





Ab urbe condita - Visite guidée


Samedi 8 juillet 2017


Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17


Chemin faisant, Maya posait des questions avec empressement, comme si la perception de la fin prochaine de leur discussion la conduisait à épuiser le réservoir de ses interrogations, à saisir métaphoriquement avant la fin des soldes le plus d’articles dans les rayons, le tri étant laissé à la postérité. Le professeur d’histoire était amusé, comme pris dans la danse explosive des raisonnements de l’étudiante. Les pensées de la gamine étaient un vrai sac de nœuds avec lequel il la voyait tenter de se dépatouiller. Il naissait dans le fait d’être témoin d’un tel spectacle la même affection que l’on pouvait ressentir face la constatation d’une maladresse confondante. La petite était empêtrée dans l’enchevêtrement de ses propres émotions, sentiments et raisonnements, sans qu’un ordre conscient ne vienne trier et hiérarchiser ce qui pouvait lui venir en tête. Il y avait dans cette démarche intellectuelle gauche un pouvoir d’attendrissement qui faisait sourire Yukio, spectateur de son propre attachement désormais sorti de l’œuf. Encore au-delà, il fallait constater que la mine contrite de Maya constituait une provocation à la taquinerie. Une petite araignée se débattant dans les fils de sa propre toile, voilà qui invitait à de bienveillantes moqueries.


Tout en poursuivant sa marche, Yukio répondit plus ou moins aux questions qui fusaient, faisant ce qu’il pouvait pour contenter sa poursuivante :



- Je n’aurais pas l’audace de me décrire comme un spécialiste de la gent féminine, mais comme tout être de mon âge, j’ai vécu mes expériences et partagé les avenues sur lesquelles avançaient des femmes toutes plus uniques les unes que les autres. Il n’est pas vraiment, à mon sens, de conseil dont le suivi serait universellement souhaitable. Néanmoins, ces précautions étant considérées, je peux vous dispenser quelques consignes, puisque vous en éprouvez le besoin.


Il fit une légère pause réflexive dans sa marche comme dans son discours, avant de reprendre avec calme :


- Les personnes qui valent le coup d’être fréquentées ne réclament jamais autre chose que de l’honnêteté, des sourires, de la constance et de l’attention. La complicité, amicale comme sentimentale, ne peut éclore que dans l’investissement sincère à donner ces choses-là. Dans une rencontre, il en va de même. Ne mentez pas, souriez et riez, soyez cohérente et authentique dans votre démarche, reconnaissez vos erreurs, ne renoncez jamais à investir du temps pour l’autre quand c’est nécessaire, et tout ne peut que vous sourire. Surtout, gardez en tête que si vous donnez tout cela, et que l’on ne vous le rend pas, c’est probablement pour le mieux de s’éloigner. Il vaut mieux un nombre réduit de relations empreintes de loyauté que d’ajouter de la toxicité à une situation déjà douteuse.


Il termina sur une voix empreinte d’une mélancolie toute personnelle:


- Enfin, quand l’on vous rejette, et ça arrivera, n’en portez aucune rancœur. Parfois, les choses se passent tout simplement de manière décevante. Ce n’est la faute de personne. C’est frustrant, mais ça n’est jamais que la promesse d’autre chose. N’en tenez pas rigueur, car le rejet est, en définitive, de l’honnêteté. Dans une situation pareille, il convient juste de prendre du recul, et de se rappeler des vers de l’Enéide : Forsan et haec olim meminisse juvabit. Puissions-nous trouver un jour dans le souvenir de nos mésaventures une certaine forme de bonheur...


Il se coupa lui-même la parole:


-Je pérore, je pérore, et voilà que les grilles du campus se dressent déjà devant nos regards. Qu’elles puissent être les gardiennes de nuits reposantes et tranquilles pour ce qui vous concerne. Passez une bonne soirée, Mademoiselle Wayne, et pardonnez-moi pour mes mots désuets et sans grande valeur.


Il fouilla dans sa veste:


-Voici ma carte, appelez-moi et je répondrai, il vous reste bien des lieux à découvrir dans cette ville.









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Mer 15 Juin 2022 - 23:19

"Quels genres de femmes ?"

Une question timide. Ça n’est pas pour savoir ce qui l’intéresse lui, mais si ça se trouve il y en a une qui est comme Yuna (c’est le nom de la charmante jeune femme) et du coup tu peux appliquer de meilleurs conseils. C’est logique, pas vrai ?

"Jamais je ne mens à mes amis !"

Ça vient du fond du cœur, et c’est vrai. Tu es du genre à admettre des choses qui peuvent briser une amitié et prier pour que ça passe. Quant à admettre tes erreurs... c’est parfois une chose compliquée avec toi. C’est que tu es bornée après tout. Avec Nissa ça t’a déjà causé des problèmes !

"Vous parlez comme si elle veut abuser de moi."

Ça n’est pas le cas. Du moins, tu crois. Et ça ne sera pas le cas plus tard, presque l’inverse, toi qui l’utilises à des fins... de détente et d’oublie, disons. C’est une relation comme une autre.

"C’est facile à dire ça."

Surtout pour une obsessive comme toi. Mais ça aussi, tu ne le sais pas encore. Que ton attirance et ton amour peuvent être extrêmement destructeurs. Surtout pour toi.

"Oh donc vous pensez déjà qu’elle va me jeter ?"

Ça brise ton petit cœur. Et oui, tu es capable d’imaginer le pire extrêmement vite, la preuve. Ah, vous arrivez déjà au campus.

"Ah heu merci bonne soirée à vous aussi."

Tous les profs ont une carte avec leurs contacts ou quoi ?

"Est ce que ça vous gêne si jamais je vous appelle pour heu..."

Tu rougis sans finir ta phrase. Pour avoir des conseils. Pour passer du bon temps avec une fille. Nan, pas ce genre de bon temps, tu ne penses pas à ce genre de chose. Du moins, pas pour l’instant.

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Lun 27 Juin 2022 - 21:27





Ab urbe condita - Visite guidée


Samedi 8 juillet 2017


Ab urbe condita - Visite guidée  Image_17


Maya n'en finissait pas d'énoncer les questions qui lui passaient par la tête, comme désireuse de prolonger par quelques interrogations aléatoires une soirée à laquelle elle s'accrochait. Pourtant, l'heure était passée, déjà, et le déroulement normal des vies isolées devait rendre chacun à la fréquentation de sa génération. La balade avait été distrayante, surprenante et emplie d'une sympathie toute partagée. Le moment n'était pas si mal choisi pour mettre un terme à une rencontre singulière. Déroutés, Yukio et son étudiante l'avaient été, autant dans leur visite des rues animées de Kobé que dans une rencontre qui avait déconcerté le professeur autant que la gamine. Comme pour saluer le terme d'un contact aussi éphémère que profond, une bruine légère s'était mise à pailleter dans l'air, renvoyant ça et là la faible lumière des lampadaires tout juste allumés. L'eau n'était pas froide, et tombait du ciel avec la légèreté des feuilles mortes. D'une certaine manière, on se serait crus dans un automne de planète aquatique. L’humidité déposée en fine pellicule mettait en valeur la poussière accumulée sur les vêtements de nos protagonistes: la visite avait porté atteinte à ce qu'ils portaient, c'était bon signe. Yukio sentait d'ailleurs un début de fatigue endolorir ses talons. Ce n'était pas une mauvaise fatigue.

Calmement, avant de partir rejoindre la quiétude de son logement vide de toute autre présence que celle très littéraire d'une bibliothèque, l'enseignant voulut conclure, répondant aux dernières questions de son étudiante:


- Quel genre de femmes ? C'est une question intéressante. Sûrement des femmes qui valaient bien mieux que moi. La preuve, elles ne sont pas restées, et je ne crois pas que c'était parce qu'elles manquaient de jugeote...

Ses yeux s'humidifièrent un peu. Sous la pluie semée sur son visage depuis maintenant de longues secondes, c'était invisible, il n'avait pas besoin de se retenir. Tant de choses qu'il aimerait faire différemment. Par moments, la gravité qui s'appliquait sur le collier de regrets qu'il portait variait à la hausse. Personne ne changeait le passé, et il ne souhaitait pas l'oublier, quand bien même il s'en serait senti mieux. Il continua avec un sourire aigre-doux:

- Je ne pense pas que cette fille là va vous jeter, je dis juste que tôt ou tard, l'une de celles que vous allez rencontrer va vous jeter. N'y voyez aucune offense, c'est une simple loi statistique dont j'ai moi-même fait les frais.

La pluie allait en forçant, passant d'imperceptible, presque agréable, à une certaine inconvenance. L'horloge avait aligné ses aiguilles depuis de longues minutes, se mouvant du battement des instants volés. Il fallait partir. Maya allait devoir protéger la carte qu'il venait de donner avec volontarisme si elle voulait éviter que l'encre qui la couvrait ne se fasse emporter.

Alors qu'il avait déjà les chevilles engagés sur un virage à 180 degrés, la jeune fille se lança dans une dernière question, s'étranglant la voix sans pouvoir finir:


"Est ce que ça vous gêne si jamais je vous appelle pour heu..."

Yukio fit halte dans son mouvement, souriant de nouveau devant la gêne déployée par sa comparse de visite guidée. Pris d'un geste affectueux, il posa furtivement la main droite sur l'épaule de Maya, et répondit d'un clin d’œil amusé et bienveillant:

- Vous pouvez.

Il compléta assez rapidement, comme inquiet que les gouttes d'eau ne puissent faire prendre froid à sa protégée:

- Courez vous mettre à l'abri maintenant, je m'en voudrais que vous ressortiez malade de notre excursion.

Lâchant l'épaule sur laquelle reposait sa main, il fit un pas en arrière sans se retourner, puis intima le départ à l'étudiante, par le regard cette fois-ci. Enfin, il fit volte-face, et s'enfonça avec tranquillité dans l'obscurité encore juvénile, auréolé des reflets irisés de son costume noir couvert de pluie. La nuit l'avala, et bientôt, autour du portail n°3 du campus, on n'entendit plus le bruit de ses pas. La Lune se levait, ignorante des découvertes des humains sous ses pieds. L'été n'était pas terminé. La chaleur guiderait encore les humeurs. Maya n'avait plus qu'à rentrer, et de ses derniers pas ne pouvait surgir qu'une dernière question, la seule, peut-être, qui pouvait avoir de l'importance. Maya avait trouvé Kobé, avait-elle trouvé un foyer ?









#Terminé

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