A la vie, à la mort, tant qu'on respire encore.

C’est bientôt les examens. J’avoue être plutôt serein, le français ce sera facile vu le niveau, le management, j’ai aussi une bonne moyenne. Musique... Hmm va falloir que je bosse le solfège, c’est pas aussi simple que ça en a l’air, mais ça va le faire ! Positiiif ! Il faut surtout pas que je me rate à l’épreuve d’athlétisme ! C’est seulement le 26 mais la préparation intensive a commencé depuis plusieurs semaines déjà.

Bon, je dis que ça va mais, le stress est toujours présent en sous-marin. L’ambiance n’est plus la même qu’au lycée, c’est plus sérieux. Mes parents m’ont déjà fait sentir que le vent a changé. J’ai intérêt à être assidu et ne plus me comporter comme un gamin. Et puisque j’ai choisi une voie sportive, il s’attendent au moins à me voir participer aux prochains JO. Rien que ça ! Mais le prestige, encore et toujours, est important pour eux. Heureusement que je vis pour cette discipline, la pression a un effet plutôt positif.

Ça ne veut pas dire que je ne profite pas du beau temps pour me détendre sur la plage. Il m’arrive aussi d’avoir besoin de calme, aussi choquant que ça puisse être. L’air iodée me rappelle les fois où j’allais en vacances avec ma famille. J’ai retiré mes chaussures, sentir le sable sous mes pieds est plutôt agréable !

On dirait que je ne suis pas le seul à avoir eu l’idée de profiter de la plage. Je vois quelqu’un qui cours au loin. Sa démarche me dit vaguement quelque chose... Je continue d’avancer et lui finit par s’arrêter. Eh mais c’est Seito ! J’suis content de le voir, même s’il a l’air mal en point là tout de suite. J’me rapproche de lui tout sourire.  

« Hey Rinbo ! Ça va ? Depuis quand tu fais du footing ?! T’sais que c’est plus dur sur le sable ? »

Avec les pieds qui entrent dedans, on se fatigue beaucoup plus vite. Surtout... Qu’il ne me semble pas que mon Rinbo soit le genre sportif ? J’sais qu’il est au kyudo, mais bon ça va encore. Et qu’il a rejoint le club de foot, pour aider Pablo à rouvrir le club mais, je le vois plus faire acte de présence quoi.

Tenue:

Hmm mouais ! Pour le coup j’ai du mal à le croire. Rinbo se tape un horrible point de côté et c’est signe qu’il ne gère pas son souffle correctement. Classique quand on n’a pas l’habitude de courir, encore moins sur du sable.

« Ah Rinbo, tu te fais du mal là... »

Je tapote son dos par compassion. C’est un peu un geste réflexe, j’espère qu’il ne m’en voudra pas, j’enlève vite ma main. Malgré sa douleur et son essoufflement, Seito parvient à parler de manière hachée. Mes sourcils se froncent quand il me demande ne pas me moquer de lui.

« Ben pourquoi j’ferais ça ? On s’est moqué de toi ? Qui ? »

Que j’lui montre qu’un «poing» de côté fait tout aussi mal !

« Les points de côté arrivent souvent quand on respire mal. Inspire profondément, expire bien fort et reste penché. Quand tu cours, essaie d’inspirer deux fois puis d’expirer au moins trois fois ! Faut que tu trouves ton rythme. »

« J’sais pas moi, c’est quoi cette demande aussi... »

Quel genre de pote se moquerait d’un autre qui a un point de côté ? Enfin bref, à mon avis il lui manque de l’oxygène à quelques étages, ça cause déjà deux trois lésions mineures là... Vaut mieux qu’il inspire et expire bien, Seito n’a même pas réagit à ma main, ça confirme ce que je pense !

« Essaie. J’cours depuis que j’sais tenir debout, fait moi confiance ! »

Au bout de quelques inspirations, Rinbo a l’air d’un peu moins souffrir. La douleur ne va pas disparaître tout de suite mais assez pour qu’il se redresse. Et me demande ce que je fais là mais l’air de dire qu’il aurait préféré que ce ne soit pas le cas ou je comprends de travers ? Qu’est-ce qu’il a aujourd’hui ??

« Ben j’me promenais... Faut le dire si j'te dérange, j’me casse hein... »

J’ai tellement l’habitude qu’on s’entende super bien et qu’on soit toujours sur la même longueur d’onde que j’sais pas... Imaginer que ça le saoule que j’sois là, ça pique un peu. Après il est p’têt juste de mauvaise humeur, j’vois pas ce qui pose problème.

D'accoooord, il y a définitivement quelque chose qui cloche. Je hausse les sourcils à la manière dont il me répond. Il vaut mieux pas que je réplique ou ça ne fera que mettre de l'huile sur le feu. C'est pas un abruti, j'suis sûr qu'il va se reprendre. Et je suis content de voir que je ne me trompe pas ! Mais c'est trop gentil ce qu'il dit, je pourrais rougir là ! C'est vrai qu'à chaque fois qu'on est ensemble ça finit toujours en barre de rires et surtout en n'importe quoi !

« Dis pas ça va ! Par contre j'suis d'accord je te fais pas assez chier ce serait bien qu'on y remédie ! »

Seito a l'air de réfléchir intensément à quelque chose et il se tourne finalement vers moi. Il a peur que je lui en veuille mais je ne peux pas lui faire la gueule juste pour une phrase de travers ! Quand je n'aime pas quelque chose je le fais sentir et tant que l'autre personne comprend, je passe à autre chose !

« Ok ! Et puis pendant qu'on marche tu peux en profiter pour me dire ce que t'as ? J'vois bien que t'es pas comme d'habitude. J'sais bien qu'on fait que rigoler ensemble mais les rinbo c'est aussi pour quand on n'a pas le moral. »

C'est vrai que je ne sais pas grand chose sur lui mais assez pour le voir comme un bon pote et m'en soucier.

Pourquoi ça le surprend à ce point que je ne lui en veuille pas ? Ce n’est pas comme s’il m’avait insulté. Ce n’est peut-être pas si mal ce petit malentendu, je me rends compte qu’on ne se connaît pas vraiment en dehors des choses plus classique comme nos goûts, ce qui nous fait rire. C’est l’occasion de creuser un peu.

Je hoche la tête quand Seito décide d’aller se changer dans une cabine et l’attend. J’en profite pour admirer le soleil couchant et shooter dans le sable de mon pied droit. La petite brise fait voler les grains sur le côté et c’est plutôt joli à voir. Après deux ou trois coups, je me rapproche du bitume pour remettre mes chaussures et ne pas nous faire poireauter puis reviens devant les cabines. Mon Rinbo revient changé et... Mais pourquoi je me serais tiré ? D’abord il a peur que je me moque de lui, maintenant que je lui fasse faux bond en partant sans lui dire. J’ai l’impression qu’il a dû avoir des ami(e)s pas très sympas dans sa vie, qui lui ont peut-être fait des crasses.

« T’es pas près de te débarrasser d’moi ! »

Il vaut mieux ne pas souligner que sa pensée me chagrine. On aura tout le temps de discuter en se goinfrant, c’est un bon plan !

« Oh ouais bonne idée, y’a des endroits sympas pas loin du campus ! On n’aura pas de mal à trouver. »

Direction le métro donc. On marche côte à côte. J’ai envie de le relancer sur ce qui le tracasse mais me retiens, ce qui installe un silence entre nous. Que je n’aime pas trop, je préfère quand on rit aux éclats. Je rend son coup d’œil à Seito avec un léger sourire et il se lance enfin. Ok donc première phrase et ça commence déjà mal. Mes sourcils se froncent, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Je sais qu’entre les deux c’est un peu comme chien et chat. Pablo a un caractère qui ressemble au mien, sauf qu’il cède plus vite aux coups de poings que moi (#c’estmondorayaki). Ces points font que je ne comprends pas ce qui cloche entre les deux, pourquoi ils ne s’entendent qu’à moitié ? Ecoutons la suite. Ouch, rupture. Mais quand même, il abuse ! Je n’aime pas voir Seito comme ça, il a l’air mal alors qu’il n’a rien fait à part essayer de réconforter un pote. Ça ne m’étonne pas que Montoro soit le seul à avoir réussi à le calmer, c’est le plus calme et sage. Par contre ceux-là, comment ils ont fait pour devenir potes ?!

« Pablo c’est le genre de mec explosif qui laisse parler ses émotions, un peu trop, mucho caliente ! Il avait mal à cause de la rupture et il s’est défoulé sur vous. C’est naze de faire ça même si bon, ça se contrôle pas, j’dis pas que ça m’est jamais arrivé ! »

Toujours prendre quelques secondes pour mettre ses idées en place avant de parler. J’ai envie de le rassurer, qu’il comprenne que ce n’est pas de sa faute.

« T’as rien fait de mal Rinbo, t’as essayé d’être là pour lui mais il a fait l’c*n, sûrement par fierté aussi. Se faire larguer devant un pote ça doit pas être ouf... Et même moi, j’sais pas ce que j’aurai pu lui dire si j’avais été là. Du coup j’comprends pourquoi tu voulais être seul. Tu comptes lui dire qu'il t'as blessé à cet abruti ? »

Parce qu’une fois ses nerfs passés, ce serait bien de se rendre compte d’avoir merdé aussi ! C'est dit sans méchanceté, je l'aime bien Pablo, il sait être là pour les potes, mais parfois il pète des câbles.

Je ne veux pas que Seito s’imagine que je prends la défense de Pablo, c’est pour ça que je lui pose cette question. J’essaie juste de comprendre les deux. S’ils en ont parlé c’est déjà bien. Mais j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi ça l’atteint autant de ne pas avoir su le calmer. Le problème ne vient pas de lui, juste de la situation. Quand quelque chose nous fait mal il faut un bout de temps avant de pouvoir écouter les autres. Ça se traduit par faire des choses qu’on regrette ensuite.

En l’écoutant j’ai l’impression qu’il estime presque avoir été un mauvais pote à cause de cet «échec». J’ai déjà envie de lui répondre mais préfère le laisser continuer en lui lançant parfois un regard pour montrer que je l’écoute. A l’écouter leur relation a l’air profonde alors que ce n’est pas vraiment l’air qu’elle donne d’un point de vue extérieur. Il aurait aimé le prendre dans ses bras ? J’croyais qu’il n’aimait pas les contacts physiques ? Nos regards se croisent de nouveau quand mon Rinbo me demande de ne rien lui dire.

« Je dirai rien t’inquiète, manquerait plus qu’il te tombe dessus. »

Ce qui empirerait les choses... On s’engouffre dans la bouche de métro puis sur le quai après avoir marché un peu.

« J’comprends que ça te fasse de la peine de ne pas avoir réussi à trouver les mots justes, mais j’te jure que c’est pas si grave. J’trouve déjà que le fait que t’ai essayé ça montre que tu voulais être là. J’suis sûr que la prochaine fois qu’il aura besoin de toi, tu sauras quoi dire ! Là c’était juste super compliqué, et puis... »

J’inspire un bon coup. J’ai besoin de mieux comprendre ce qu’il y a entre eux. Que Seito soit un mec sensible et tout j’veux bien mais... C’est dur à expliquer, on dirait une bromance à sens unique voilà !

« En fait Rinbo... C’est quoi votre lien exactement ? Vous êtes amis... ? ‘Fin quand j’vous vois ensemble il a pas l’air d’être... Démonstratif ? »

M*rde j’veux pas le blesser en soulignant qu’il n’est pas vraiment comme avec ses autres amis mais c’est un peu vrai.

« J’ai l’impression qu’il y a une tension entre vous, vous êtes un peu comme chien et chat quoi... Tu penses quoi de lui ? »

Parce qu’à sa place, j’suis pas sûr que je serais ami avec Pablo s’il me traitait comme lui. Un coup tout va bien, un coup j’te gueule dessus. Ma vraie question est plutôt, pourquoi vous êtes potes ?

Je n’ai pas le sentiment que Seito soit très réceptif à ce que je lui dis. Moi je pense toujours qu’il se torture pour rien. On a juste un mec qui a pété une durite parce que sa copine l’a largué et qui en avait rien à faire des mots des autres, points. Pas de quoi se passer la corde au cou de ne pas avoir su l’apaiser. Il s’épuise tout seul à ressasser comme ça... Pour essayer de mieux comprendre, je suis obligé de lui demander ce qu’ils sont exactement. Même quand je me dispute avec Malory, je ne fais pas autant chauffer mes neurones.

Rinbo me regarde avec des yeux de merlan frit. Ben quoi ? J’lui ai pas demandé s’il était amoureux, en quoi ça le choque ? Qu’il pense qu’il n’y a pas besoin d’être démonstratif parce qu’ils sont des mecs me fait grimacer. En plus il exagère ! J’voulais juste dire que quand deux personnes sont proches ça se voit, deux mecs ou pas et c’est pas leur cas, que je sache. Surtout que Pablo est du genre tactile avec ses potes. Bon lui il n’aime pas ça mais... J’sais pas, y’a pas de complicité quoi, pour le peu de fois où je les ai vu ensemble. Merci pour la balle en plein cœur, Rinbo, tu me le paiera.

« Eh oh... Avec votre balai là où j’pense hein... »

Donc il se prend autant la tête pour un mec qui n’est même pas un «ami». Je ne dis pas que si un pote voire quelqu’un que je ne connais pas trop, va mal, je ne tenterai pas de le consoler mais si j’échoue, je n’irais pas me marquer au fer rouge non plus.

« Ben bien sûr tu lui fera pas de nattes, il a les ch’veux trop courts pour ça. Mais bon vu comme ça te tracasse j’pensais que vous étiez proches c’est tout, c’était pour savoir. »

Si Yû me demandais de lui faire n’importe quoi dans les cheveux, je m’en ficherais complet que c’est un mec. Et c’est même pas dû à mon côté français. Ouais c’est normal de ne pas toujours être d’accord, ça l’est moins de devoir compter les fois où vous l’êtes en fait les gars... Mais bon je vais me taire là-dessus où je sens qu’il va se braquer. Pablo est un mec... Mais encore Rinbo ? Je le fixe avec un air curieux. Cool. Hmm...

« Presque autant que moi ?! Il m’arrive pas à la cheville tu veux dire! »

Je lui fais un sourire un peu vantard. On entre dans le métro quand il arrive, il n’y a que quelques stations avant d’arriver à la plus proche du campus.

« N’empêche... T’as mis du temps pour juste dire, cool Rinbo... »

Pour l’embêter je lui met deux petits coups de coude. Donc il y a un peu d’admiration dans le lot... Ça explique un peu mieux.

« Mais c’est vrai qu’il est sympa, quand j’ai eu un coup d’mou à la Golden Week, il m’a traîné à la salle d’arcade, on s’est bien marrés ! Et les autres sorties aussi, pour faire des conneries j’avoue que j’ai un rival. »

Le train s’arrête brusquement et puisque j’étais juste appuyé sur la barre centrale en face de Rinbo, mon corps pars en avant et bouscule le sien. J’évite qu’on s’embrasse, heureusement pour sa survit et pose ma main sur mon épaule pour me redresser.

« Pardon Rinbo. Faut que ça tombe sur nous, j’espère qu’on va redémarrer vite... »

Plus je vois sa tête osciller entre surprise et... Tristesse ... Je ne sais pas trop mais ce n’est pas joyeux, plus je me demande si j’ai bien fait de lui parler des sorties avec Pablo... Je voulais juste détendre un peu la conversation, mais peut-être que ça n’a pas tout à fait cet effet-là. Les discussions sérieuses ce n’est pas mon fort. Mais j’essaie. Ce que dit Seito confirme ce que je pensais. Il a l’air de vraiment penser que j’ai pu être vexé de ce qu’il a dit. Ça me touche aussi ce qu’il dit rah faut pas parler comme ça !

« Eh t’inquiète moi aussi je rigolais ! T’es mon unique Rinbo toi aussi ! »

Je lui fais un grand sourire et même s’il m’en rend un timide, Seito détourne les yeux. La rame s’arrête brusquement et me fait presque tomber sur lui en avant. Heureusement on se reprend mais, pourquoi il est gêné comme ça ? J’sais qu’il aime pas les contacts mais c’était, pas grand chose ? Hmm... Bon peut-être que pour lui si, je ne sais pas pourquoi il n’aime pas ça et s’il y a une raison ça doit être assez personnel. Sa question me sort de mes pensées et je lui fais des gros yeux, la bouche entre-ouverte. Oh merde. La rame redémarre et mon cerveau aussi.

« Ah non non, c’est pas ce que je voulais dire Rinbo ! Tu le connais, s’il t’aimais pas y’a longtemps qu’il te l’aurais dit et il aurait pas proposé de courir avec toi ! Pardon, je voulais pas que tu penses ça. »

C’est bien la dernière chose que je veux, qu’il se persuade d’une fausse vérité.
On arrive à notre station et retrouver la surface fait du bien. Le snack en face de nous me donne envie, je le montre du doigt.

« Ça te tente ? »

Sinon on voit pour autre chose de toute manière.

« Qu’est-ce qui t’as fais conclure ça Rinbo ? Tu me dis si tu veux plus en parler hein, j’veux pas être chiant, j’vois juste que ça te pèse... »

Je n’ai qu’à le regarder pour comprendre à quel point ma réponse aura un lourd impact sur la suite non seulement de notre conversation, mais aussi sur sa relation avec Pablo. Je fais donc de mon mieux pour le rassurer et faire disparaître ses doutes. On dirait que j’ai réussi, je crois ? J’avoue ne pas être vraiment sûr puisque Seito se contente d’ajouter que sa question était bizarre. Vu tout ce qu’il m’a dit, pas tant que ça à mes yeux.

« T’inquiète. »

Sur le moment, j’évite d’insister et les portes du wagon s’ouvrent pour nous laisser sortir. Arrivé dehors, un petit snack nous fait face, je propose tout de suite à Seito de s’y poser. Ce n’est pas le seul à avoir un creux !

« Pareil ! »

Mais d’abord, le passage piéton. J’en profite pour revenir sur ce dont on parlait tout à l’heure. J’ai vraiment envie de comprendre pourquoi ça lui prend autant la tête cette histoire. Vu que j’ai les informations au compte gouttes, ça ne me facilite pas la tâche. Et au lieu d’avoir une réponse, Seito me fout un vent royal. Genre sérieusement ? Il pourrait au moins me dire qu’il ne veut pas en parler. Je fronce les sourcils et avance en regardant au sol pour ne pas marcher sur les chaussures de la personne devant moi.

« Ouais, juste un coup à avoir mal au bide... »

J’réponds comme un renfrogné même si j’essaie de le cacher. C’est que je le prends un peu mal. La serveuse nous installe sur la terrasse vu qu’il fait beau et je lève la carte devant moi. Les brochettes c’est un peu la base alors forcément, il y en a. Je ne sais spas trop quoi prendre, j’arrive pas à me décider parce que j’ai toujours le vent dans ma tête. Même si je remarque que Seito me regarde, je fais comme si de rien n’était. Je ne lève les yeux que quand il se met à parler. Bon... Apparemment il a juste paniqué et ne savait pas quoi me dire. Comme lui, je referme la carte sur la table et l’écoute.

Eh ben, j’ai du mal à croire qu’il n’avait pas vraiment d’amis avant, il est pourtant super sociable, enfin je trouve ! Mais on dirait que le problème n’est pas là. Je pense avoir une petite idée de pourquoi ça coince. Peut-être que quoiiii ?! Mais la serveuse ! Je gonfle les joues quand elle nous coupe. Des yakitoris pour moi et pour Rinbo aussi du coup.

« Je t’avoue que je me casse rarement la tête pour savoir ce que pense l’autre ou va penser l’autre. J’agis et je réfléchis après, selon le contexte ça passe ou ça casse. Mais regarde comment on s’est super bien entendu au speed dating de l’amitié ! Bon y’a p’têt tellement d’vent entre mes oreilles que tu t’es dis, lui j’ai pas besoin de chercher ce qui s’y passe ! »

J’éclate de rire tout en essayant de rester discret.

« Plus sérieusement, j’ai remarqué que quand on essaie de faire quelque chose en réfléchissant des heures au lieu d’être spontané, souvent ça foire. P’têt que tu réfléchis trop avec Pablo, lui aussi il a un sacré courant d’air qui passe, un ouragan même. C’est p’têt parce que vous êtes opposés que ça te trotte, lui il part au quart de tour, toi tu réfléchis beaucoup jusqu’à te faire des nœuds au cerveau. T’allais dire quoi tout à l’heure, peut-être que ? »

Je lui laisse prendre son temps pour rassembler ses mots. C’est dur pour lui de se confier de cette manière, son regard détourné ne trompe pas. Ce qui veut dire que Seito me fait assez confiance pour. Ma curiosité est au bord de l’explosion ! Rinbo commence enfin à m’expliquer et purée ça me fait tellement de peine. Maintenant il va penser que c’est peine perdue de chercher à être ami avec Pablo à cause de ce que j’ai dis... Je n’avais même pas soulevé le double sens de sa phrase avant qu’il ne le fasse remarquer.

« Oh mais non je voulais pas dire ça dans le sens où vous avez rien à faire ensemble en tant qu’amis. Juste que, vous êtes vachement différents, mais y’a plein de gens différents qui sont potes ! »

Entre ce qu’il me dit et... J’sais pas, le fait qu’il se corrige. Est-ce qu’il ne pense pas à autre chose en fait ? Je me fais peut-être des idées mais, plus j’y pense et plus j’ai l’impression que Seito parle comme d’un mec qui... Nan, j’interprète trop, il a juste du mal à s’exprimer. Et puis, quoi ?! Je fais des gros yeux à Seito et me fige. J’entends bien la suite mais on en reparle juste après.

« Il t’as encore frappé ? »

Ma voix est blanche. Nan parce que l’épisode dorayaki ok admettons, ils étaient pas potes. Mais ils le sont maintenant, nan ? On frappe pas ses potes p*tain ! J’vais pas m’en mêler parce que j’étais pas là, mais j’espère bien que ça ne deviendra pas une habitude parce que je finirais par lui sonner les cloches.

« J’avoue que j’sais pas trop quoi te conseiller... A part d’en parler clairement avec lui, j’sais même pas si c’est possible sans qu’il y ait des vagues. Mais vu comme ça t’affecte, j’vois que ça... Il doit pas s’en rendre compte, que ça te rend triste que vous fassiez pas des trucs ensemble et tout... »

La serveuse revient avec nos brochettes fumantes. L’odeur donne faim, j’en attrape une et souffle dessus.

« Au moins ça débloquerait p’têt les choses. Tu peux lui parler en message si t’as peur de gaffer à l’oral. C’est ce que je fais quand j’sais que j’arriverai pas à bien dire ce que je veux. »

Il me faut beaucoup d’effort pour ne pas m’agacer plus qu’il n’en faut. Le tapotement de mes doigts sur la table et mes lèvres pincées me trahissent déjà. J’ai bien conscience que Seito ne souhaite sûrement pas me donner une mauvaise image de Pablo mais ce qu’il n’aide ne l’aide pas en ce sens. Je ne suis pas stupide, je vois bien qu’il cache quelque chose, ou du moins, qu’il joue sur les mots. Pas depuis un moment, ça ne veut pas dire qu’il ne l’a pas fait depuis le dorayaki..

« Tu veux dire, pas depuis la cantine ? »

Je n’aime pas insister mais je préfère être sûr. L’attachement que Seito a envers Pablo me paraît déjà, légèrement ambiguë même si je me dis que c’est une histoire de choix de mots. Ce ne serait pas déconnant qu’il couvre les dérapages de Pablo pire, qu’il pense qu’il l’a bien cherché.

Malgré mes doutes, j’essaie de lui donner des solutions, pas très sûr de moi. Toutes rejetées en bloque par Seito. Je lâche un soupire. Je vois pas en quoi ce serait si bizarre. De mon point de vue il n’a pas besoin d’être sa meuf pour avoir le droit de se confier, mais nos mentalités divergent. Ou c’est une question de pudicité. Les japonais en général ne sont pas très expansif en sentiments. Je hausse les épaules.

« Y’a pas b’soin d’être en couple pour s’parler. M’enfin c’toi qui vois. »

Pas la peine d’insister. Les textos alors ? Non plus...

« Ok... Beeen, quand il sera calmé, cherche une activité et propose-lui, il voudra p’têt. »

Deuxième brochette. D’habitude je serais déjà à la troisième au moins.

« Moi euh, ben ouais ça va. Juste hâte de finir les exams quoi... Et, j’ai pris une décision... J’en ai parlé qu’à mes parents pour l’instant mais, j’ai envie de me préparer pour les prochains JO. J’vise gros hein ? »

Je ris doucement mais c’est un peu nerveux. Au fond, j’ignore si j’en suis capable mais j’avais besoin de me fixer un objectif.

D’ordinaire j’aurais ris de la tronche de hamster donnée par la trop grosse bouchée de Seito mais je suis bien trop concentré sur l’attente de sa réponse. Qui est plutôt décevante vu qu’elle ne répond pas à ma question. M’enfin, s’il ne se prend pas plus la tête que ça là-dessus, j’espère bien que ça date ! Même si je ne suis pas dupe et que je vois bien qu’il change de sujet sans même le dissimuler, je joue le jeu. La dernière chose que je veux c’est le braquer en insistant.

« Ouais pas chères en plus ! »

Allez, parlons d’autre chose. Parlons de moi. C’est le premier à qui je parle de mes projets de Jeux Olympiques. Si j’avais su que ça lui coûterait un t-shirt, j’aurais attendu qu’on ait fini de manger ! Je l’aide en essuyant ce qui a pu atterrir de mon côté.

« T’en as sur le bras Rinbo. »

A coups de serviettes en papier, la sauce disparaît et Seito explose littéralement, là je le retrouve ! Il ne sait pas à quel point ça me fait du bien qu’il me dise que j’ai mes chances. J’sais bien que ça va dépendre de moi et rien que de moi mais être encouragé ça booste aussi ! Et puis, ouah... Il veut carrément m’aider, qu’est-ce que je dis, me coacher ! Il est trop !

« C’est vrai, tu veux m’aider ? Ce serait trop cool ! Même si j’ai les gens d’ma classe et du club, chacun bosse aussi de son côté. Franchement tu m’aiderais grave ! Lire des trucs j’ai la flemme en pluuus ! Mon prof m’a donné des sites d’hygiène de vie, nutrition à lire, trop barbants mais à deux ce sera moins chiant ! »

Je bois un peu d’eau pour faire passer la brochette et continue.

« Je vais faire des épreuves de course, 100m, 200m et 4x100m relais. J’ai hésité avec les épreuves de saut mais bon, c’est pas celles où j’suis le plus à l’aise même si j’y arrive. Pour les temps, au 100m je suis à 11,98, faut que je passe sous les 11 secondes d’ici la fin de l’année. Et si je veux avoir une chance de remporter une médaille, AU MOINS sous la barre des 10s40 d’ici 2020. J’aimerais sous les 10 tout cours mais c’est chaud quand même ! »

Et ça suffit déjà à ce que je me mette la pression. Au fait, pendant que je mange, il y a un truc qu’il sait pas mon Rinbo !

« Ça m’fait penser, pose ta brochette Rinbo... Mais j’t’ai pas dis qu’en 2014 j’avais déjà fait les JO de la jeunesse d’été en Chine. J’ai pas eu des scores de ouf hein ! Aucune médaille d’ailleurs, mais au moins j’ai tenté ! C’était cool ! »

Franchement, si je m’étais attendu à ce que ça l’emballe à ce point ! Seito a carrément des étoiles dans les yeux comme si j’avais déjà la médaille autour du cou ! J’ai encore plus de mal à comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas avec Pablo, il est juste super comme mec ! J’ai aucun doute sur le fait de pouvoir compter sur lui si j’en ai besoin, il est drôle et a la tête pleine d’infos que je ne pourrais jamais retenir, qu’est-ce qu’il faut de plus ?!

« T’es un vrai pote ! Bien sûr que ça m’aiderait ! Déjà c’est plus motivant, en plus j’vais gagner du temps ! Et puis c’est une mission pour les Rinbo ça ! »

Il sort même son carnet pour prendre des notes ! Mais je l’aime trop mon Rinbo ! Victoire de Rinbo rouge aux JO je lis sur la page blanche, tant d’espoir en moi ça me touche ! Si avec ce plan de bataille je n’arrive pas à chopper une médaille il y a un problème !

« Haan tu notes et tout ! Ouais je t’enverrai ça ! Mais ça fait trop plaisir que tu m’encourages et t’impliques comme ça t’sais. J’ai encore plus envie d’être à fond ! »

J’attrape une brochette qui ne fait pas long feu, ça nous a excité comme des puces d’un seul coup. L’athlétisme c’est un des sujets qui me passionnent, je pourrais en parler des heures alors expliquer un peu comment ça fonctionner à Seito me fait plaisir, surtout quand je vois à quel point ça l’intéresse.

« Le plus souvent ils font au moins deux épreuves oui, pour maximiser les chances de médailles. A toi de voir où t’es le plus à l’aise. Et ouais, je fais aussi le saut en hauteur et longueur au club mais j’excelle pas, c’est dur d’être constant, j’ai pas une assez bonne détente ! »

C’est rageant parce que j’aime beaucoup ça aussi mais bon, on ne peut pas être bon partout, il faut choisir selon nos capacités. Je suis assez admiratif de tout ce Seito fait déjà en quelques minutes, tableau, cercles, franchement c’est un mec en or.

« Ouais j’te montrerai ! Mais là comme ça, si on regarde dehors... Ah jusqu’au feu là, quelques mètres après la poubelle, ça fait à peu près 100m ! »

A force de le courir c’est devenu facile pour moi de repérer la distance. Quand je dois attraper un bus avant qu’il démarre, autant dire que c’est plutôt pratique de courir vite. Même si je dois éviter d’être trop explosif sans être échauffé, un claquage est vite arrivé. Et.qu’est.ce.que.ça.fait.mal oh la la laaaa... ! J’oublie ce douloureux souvenir et me concentre plutôt sur les calculs de Seito. Comme il s’en rend compte, ça ne va pas être une partie de plaisir. Mais ses encouragements me font chaud au cœur, vraiment. Ça fait juste du bien, quand on croit en nous. Je n’ai pas envie de le décevoir, juste qu’il soit fier de moi.

« C’est ça, 1 seconde 58, quasi 2 quoi... Dis comme ça, ça n’a pas l’air d’être grand chose mais je vais tellement en ch*er pour y arriver ! Merci Rinbo, avec ton aide j’suis sûr que oui ! »

Et en parlant de tout ça, il y a une information capitale que je dois partager avec lui ou il m’en voudrait et il aurait raison ! Cette fois j’anticipe et le fait poser sa brochette avant de lui révéler que j’ai déjà fait des JO pour jeunes. Rien qu’en le regardant je peux presque imaginer ce qui le traverse, il doit me prendre pour un extraterrestre ! Oh purée je commence à trop bien le connaître ! J’essaie de ne pas rire trop fort mais c’est compliqué ! Ça y est, il est dans la confidence intergalactique !

« Ahah je suis démasqué ! Arrêteee tu me gênes là ! La vérité c’est que je suis un Men in Black, je ne t’effacerai pas la mémoire parce que j’ai confiance en toi Rinbo. Tu dois garder le secret, il en va de la survie de toute l’humanité ! Tu pourras en devenir un toi aussi après avoir fait tes preuves et on deviendra le duo agents R et B. »

Je prends un ton sérieux parce que c’est important là vous voyez, des vies sont en jeu, on ne recrute pas n’importe qui, seulement des personnes de valeurs et dont on ne doute pas de la loyauté.

Rinbo n’a pas besoin de le dire. Je n’ai eu qu’à verbaliser ce qu’il est pour moi pour qu’il ait non seulement le sourire jusqu’aux oreilles mais qu’en plus ses yeux brillent comme si... Je ne sais pas, la chose qu’il voulait le plus au monde venait de lui tomber dans les mains. Ça doit être ça, que Seito aimerait entendre de la part de Pablo. Avec sa réaction, j’me rends d’autant plus compte - même si je l’ai tout de suite compris -, qu’il ne s’agit pas d’une sorte de caprice ou d’une demande d’attention qui ne vient jamais. C’est un besoin de se sentir accepté et de compter. En fait je crois que sa réaction me fait autant plaisir qu’elle me rend triste. Elle est si vive qu’on dirait un assoiffé devant une flaque d’eau, après des mois de sécheresse. Il m’inspire même des métaphores, c’est dire comme ça me touche ! Je me promets qu’aussi longtemps qu’on s’appellera Rinbo, il n’aura jamais à craindre que je m’éloigne de lui.

Je n’arrive toujours pas à comprendre qu’un mec aussi dévoué ait autant de mal à s’entourer. A croire qu’ils portent des œillères. Je ne connais personne d’autres en dehors de lui ou Malory qui se serait proposé à en faire autant pour moi sans même une hésitation, sans que je demande, sans se poser de questions sur le temps que ça prendra. Non, juste foncer comme ça pour son pote !

« Ouais c’est plutôt rare de prendre ce risque. C’est déjà difficile de se démarquer dans une discipline ! »

Vu qu’il est super intéressé et note plein de trucs, ça me booste encore plus ! Ça fait du bien de se sentir pris au sérieux. Parce que bon, il y a toujours les sceptiques qui ne t’imaginent jamais allé loin, comme s’il fallait un miracle pour aller aux JO alors qu’en fait c’est le travail qui fait tout. Je révèle à mon Rinbo que j’ai déjà fait les JOJ quand j’avais 15 ans et c’est repartit pour un délire, Men in Black cette fois ! J’adore quand il nous faut si peu pour se marrer ! J’cogne mon poing contre le sien sans oublier notre cri de ralliement ! Enfin cri, façon d’parler bien sûr.

« Rinbo rouge pour toujours, eheh ! »

J’attrape ma dernière brochette, j’me demande si j’en reprend. En tout cas ça donne soif et j’commande un jus de fruit quand la serveuse s’approche pour nous demander si tout va bien. Seito en profite pour me demander comment on participe et c’est loin d’être con parce que peu de monde sait vraiment comment ça marche !

« T’inquiète plein de d’gens savent pas. Et même pas en fait ! D’abord il faut t’inscrire et t’engager à respecter la charte Olympique internationale, en gros règles antidopage, avoir un comportement exemplaire parce que tu représenteras le pays pour lequel tu participes etc ensuite ben tu t’entraînes, de préférence avec un coach mais rien t’oblige, jusqu’à ce qu’il y ait les sélections olympiques ! Donc pour participer va déjà falloir être choisi ! Je flippe un peu quand j’y pense. »

Il faut que je reste positif. J’ai un bon niveau, je glande pas, ça va le faire, j’vais passer ! Et si c’est pas 2020, ce sera 2024, j’men fous j’irai ! Mais assez parlé de moi. Mon Rinbo aussi a un talent et j’trouve qu’il ne le met pas assez en avant. J’ai p’têt jamais lu ce qu’il écrit mais vu l’imagination qu’il a, j’suis sûr que ça vaut le détours !

« Mais d’ailleurs en parlant d’compet’ ! T’as jamais pensé à participer à un concours de nouvelles toi ? T’avances avec ton histoire ? Dis, j’pourrais lire un bout tu crois ? Mais j’comprends si tu veux pas hein, no prob’ ! »

Moi-même je ne montre pas mon carnet de paroles, c’est assez personnel. Une histoire ça l’est aussi, j’imagine, j’suis pas très littéraire même si j’me rattrape depuis que Tessa m’a aidé à choisir quelques bouquins.

Si devenir athlète revient à s’impliquer autant physiquement que psychologiquement, ce sera encore pire au Japon où le moindre petit dérapage sort du lot ! J’avoue que ça me fout une pression supplémentaire. En France on est certes aussi regardant mais... Disons que l’erreur de jeunesse peut être pardonnée plus facilement qu’ici. On rigole mais ce n’est pas aussi simple qu’on peut penser. J’espère que d’ici là tout se passera bien. Et que je ne me ferais pas virer de la fac ! Pourquoi c’est la première idée qui lui vient d’ailleurs ? Je ris en y réfléchissant quand même.

« J’pense que si c’est avant d’signer ça va, mais faut te tenir à carreaux ! »

Mise à part ça, maintenant qu’on a bien mangé, il est temps de décoller ! Quand Seito me charrie j’peux pas m’empêcher de lui mettre un p’tit coup de coude dans le bras. Il a raison, ce n’est pas domaine où il faut prendre la grosse tête. Et comme partout, si on pense avoir tout appris alors on régresse. Après avoir payé on se retrouve dehors. J’peux comprendre que la compétition ne convienne pas à tout le monde, par contre faut pas se rabaisser comme ça même si n’est pas Jules Verne qui veut.

« Eh ça tu ne peux le savoir qu’en te faisant lire Rinbo ! On est rarement satisfait de soi-même, ça veut pas dire que c’est mauvais. »

Et oui je suis bien passé pour parler. Je ne veux pour autant pas lui dire que je suis sûr que c’est super juste parce qu’on est amis, ce serait hypocrite. Quand Seito détourne les yeux vers un supermarché avant de me regarder de nouveaux, j’me demande s’il veut ache ter quelque chose mais en fait il a une toute autre idée. Eh eh c’est qu’on est l’un comme l’autre pas pressés de rentrer. C’est pas souvent qu’on a l’occasion de flâner ensemble alors j’vais pas dire non ! Mais peut-être qu’il en doutait vu ses yeux doux et l’argument qu’il me sort. J’lui fais un grand sourire et m’avance vers le konbini.

« Et comment que ça me dis ! J’veux voir ce que tu mijotes dans ton carnet ! Et tu pourras aussi me dire pourquoi la question sur le lycée... Tu t’es fais virer Rinbo ? Tu me caches ton côté rebelle, à moi ?! »

J’ai du mal à imaginer une raison pour que Seito se fasse virer mais eh, on ne connaît jamais tout de la vie des autres ! Et puis, j’suis assez curieux d’en savoir plus, on n’a encore jamais vraiment parlé de notre vie avant KHS. J’aime beaucoup cette journée, on a déjà p parler de plein de choses et il en reste encore un paquet à aborder !