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Pablo K. Mora
Elève ; en 3ème année
Pablo K. Mora
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Pablo K. Mora

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Dim 27 Fév 2022 - 0:28
C'est pas la mort, c'est juste la fin d'un cycle.
Ça sera moi et mes démons.

A lire avant tout le reste :

Dimanche 25 Juin, aux alentours de 8h.

Pablo, levé un dimanche matin aussi tôt ? Eh bien, oui, vous ne rêvez pas. Si le garçon fait ses footings en journée d’habitude, il arrive parfois qu’il se réveille si tôt le weekend pour se dépenser. Non sans retourner se coucher une fois douché pour finir sa grasse matinée, évidemment, mais tout de même.

Ce dimanche-là, le dernier avant le mois des examens qui semblait agiter la plupart des membres de sa classe, est justement l’un de ceux où Pablo ressent le besoin de se dépenser. Réveillé à 7h, sorti du lit et habillé à 7h30, il se rend dans le couloir en direction du parc, croisant un autre oiseau tombé de son lit. Les baskets et le survêtement de Seito ne sont pas en grande forme, contrairement à ceux de Mora, mais il ne s'en formalise pas. En bon capitaine qu’il était, il ne peut pas se résoudre à le laisser s'époumoner seul, dieu sait où, au risque d'apprendre son terminus à l'infirmerie plus tard. Cela faisait un petit moment que Pablo n'avait pas partagé son footing en plus de ça, alors en voyant Mori se motiver, il ne peut s'empêcher de le prendre sous son aile pour l'encourager. Après tout, il ne pouvait pas y avoir d’autre raison pour laquelle ce rat de bibliothèque serait dehors à cette heure-ci dans cette tenue.


8h20.

Sans trop savoir par quel miracle c’était arrivé, Seito courait à présent aux côtés de l'espagnol depuis déjà une bonne vingtaine de minutes. Le souffle haché, il lutte silencieusement contre un poing de côté récalcitrant et se concentre pour garder le rythme de son capitaine. Son cœur bat la chamade, “la course en est évidemment la seule raison” dirait-il. Pablo, lui, profite du changement de musique dans sa playlist de running pour regarder l'heure, s'assurant qu'ils n'en fassent pas trop d'un coup. Ce serait contre-productif et le sportif est précautionneux la dessus.

- Allez, encore 10 p'tites minutes et on rentre ! Ca va devenir de plus en plus chill là pour la fin.

Il le dit sans jeter de regard à Seito, pour ne pas montrer qu'il a remarqué sa douleur, à la couleur de ses joues et à sa respiration. Tuer ses efforts en lui disant que c'est loin d'être gagné n'aiderait en rien. Seito lui répond entre deux souffles :

- O-OK, j'te suis.

La musique s'adoucit et ils ralentissent progressivement le rythme, ce qui n'est pas sans déplaire à Seito. Pablo ralentit tranquillement au rythme de la musique, sa respiration se calant sans grand problème dessus. En espérant être discret, Mori se masse le flanc de sa main droite pour estomper la contraction et détourne l'attention par une question.

- Tu cours toujours avec de la musique ?
- Ouais, ça aide bien pour caler son rythme, sinon t'as tendance à vouloir aller tout de suite trop vite et tu t'essouffle en un rien de temps, sans parler du claquage que tu risque de te taper et des courbatures quoi.

Il tourne la tête vers Seito et continue, confiant dans ses paroles. Le sport est vraiment un domaine qu'il gère très bien. On sent qu'il a l'expérience et que le fait d'avoir jouer en club a laissé des traces, puisque les conseils viennent facilement :

- C'est toujours bien de commencer et finir tranquille, comme ça ton corps s'y met tout doucement et il retrouve son calme par étape aussi tu vois ?
- M'en parle, j'ai cru que j'allais crever après la première fois que j'ai cou...

Eh oui, car ce n'est pas la première fois. Depuis combien de temps s'est-il mis à courir ce jeune japonais ? Deux semaines ? Et pas qu'une seule fois par semaine apparemment. Quel petit cachotier.

- Bref j'pensais pas que la musique pouvait aider. J'écoute pas tant que ça de musique en vrai.

Seito regarde à son tour l'espagnol, rayonnant en continuant ses foulées, et il en vient à se demander où est son propre calme à justement. Heureusement qu'il n'y a pas de racines là où il court, où il serait déjà étalé au sol. Très vite, son regard dévie de nouveau sur le chemin qu'ils empruntent.

- Je- Je savais pas. J'y allais crescendo moi.
- T'en fais pas, j'étais pareil au début, mais c'est à ça que ça sert, de parler avec d'autres sportifs ! J'suis ton capitaine, alors j'aurai toujours quelques conseils de sportif à te filer.

Seito est déjà rouge, ce qui n'est pas plus mal étant donné la réaction de ses joues face à une telle gentillesse de la part de Mora. Il balbutie un vague :

Oh bah... euh... merci mec - MEC, VRAIMENT ? - C'est... sympa !

Et puis fort heureusement, le mec assis dans les nuages se manifeste, le libèrant de sa gêne et de sa torture en faisant sonner le portable de l'espagnol. Ce dernier s'arrête en quelques secondes quand la sonnerie d'appel interrompt la musique actuelle. Dommage c'était une bonne chanson. Pablo décroche, tout sourire, et reprend son souffle tranquillement, en faisant signe de la main à Seito de s'étirer ou de continuer un peu s'il veut.

- Hey salut ma belle, t'es levée tôt ce matin !
- Salut… T’aurais un petit moment pour discuter ?

Son expression semble vite changer quand il entend son interlocutrice, ses sourcils se fronçant, soucieux. Seiko semble si douce et imperturbable en général, que l’entendre aussi hésitante est presque contre-nature.

- Euh, ouais pas de souci. Ca a pas l'air d'aller, qu'est-ce qui se passe Sei' ?

De son côté, Seito fait un signe de la main pour signifier qu'il ne voit AUCUN inconvénient à faire une pause. Les mains sur les cuisses, il aspire tout l'air possible et le recrache le plus posément possible. Ne prêtant pas attention à ce que dit Mora dans un premier temps, sa tête se tourne à la mention de Sei'. Tout simplement parce qu'il est c*n. Evidemment, ce n'est pas lui Sei', c'est sa meuf. Le japonais baisse le regard et tente de reprendre son exercice de respiration, sans remarquer l'expression sur le visage de Mora. Bon bon bon, et ce souffle, il est où ?

- Je ne sais pas comment te le dire autrement. Je ne vais pas passer par quatre chemins Pablo et tu ne vas pas aimer. Essaie juste de rester calme s'il te plait, autant que possible...
- Qu'est-ce que tu veux dire, j'comprends pas là.
- Eh bien… Mes parents nous ont vu hier après-midi en ville, quand on se tenait la main et que tu m’as embrassée. Je voulais garder notre relation pour nous avant de leur en parler moi-même, tu sais, vu qu’ils sont assez fermés et tout ça, mais ça a pris des proportions pires que ce que j’imaginais. Ils… Ils vont me changer d’école à la fin des examens, Pablo.
- Attends, quoi ? C'est une blague ou quoi ?

Evidemment les oreilles de Mori sont baladeuses et tandis qu'il s'escrime à le retrouver, il écoute ce qui se passe sans pour autant tourner la tête, ce qui grillerait son espionnage de bas étage. Sauf que le ton monte d'un cran et sa curiosité mêlée à une soudaine inquiétude lui font relever le corps entier. Les yeux braqués sur Mora, il remarque son changement d'attitude, notamment la colère qui s'empare de son visage. Il ne s'approche pas, il le regarde juste interrogatif. La conversation suit son cours, sans que Seito n’entende ce qui se passe à l’autre bout du fil. Le ton de Pablo semble visiblement moins posé que pendant la course, bien moins détendu en tout cas.

- Tu sais très bien que les blagues, ce n’est pas mon fort… J’aurai vraiment préféré Pablo, tu sais. Mais le fait est là. Ils nous ont vu et ça ne leur a pas plu. Pas du tout. Mon père est entré dans une colère noire et m’a dit que je ne devais plus être vue avec toi. Tu sais que ce n’est pas mon cas, que je ne pense pas ça de toi mais à ses yeux, tu es un voyou et ma mère en est convaincue elle aussi… ils m’ont demandé de rompre avec toi et de ne plus jamais te revoir. Je suis désolée, mais nous deux ça doit s’arrêter là. Même si je t’aime beaucoup, je ne peux pas continuer de sortir avec toi.
- Putain j'y crois pas. Tu viens sérieusement de m'dire que tu me quittes à cause de tes parents ? Ils me connaissent même pas, d'où ils jugent sérieux ?! Pourquoi tu m'fais ça ?

Mora entrouvre la bouche, incrédule et incompris. Il est déboussolé. Depuis quand les parents sont une excuses pour rompre ? Pablo s’attendait à ce qu’ils doivent se voir en cachette s'ils se faisaient prendre. A ce que leurs ami(e)s les couvrent ou même à rencontrer ses parents, pour leur donner une image plus fidèle de la personne qu’il est. Il s’attendait à tout, sauf à ça. Visiblement blessé par ces propos, il monte en pression au quart de tour. Seito, lui, assiste à l'escalade sans vraiment comprendre la dangerosité du problème. Il a le pied sur une mine antipersonnel et personne n'agite de petits drapeaux pour le prévenir. Pourtant, il entend bien que la colère monte d'un cran après chaque réponse. Il se rend bien compte que l'espagnol s'agite à mesure que le répondant lui déplait. Il s'aperçoit bien que ses traits se déforment sous l'émotion qui le traverse. Mais ce n'est pas suffisant pour son cerveau.

- Je… Je sais que tu n’es pas d’accord, mais je respecte trop mes parents pour leur faire ce genre d’affront. Mon père est avocat et sa réputation joue énormément sur son travail. En plus il a découvert quelque chose sur ta famille et ça l’a encore plus incité à nous faire stopper tout ça. Il… il a découvert pour ton père. Je ne savais pas qu’il était en… en prison mais c’est un criminel et... vu que tu es son fils, ça pourrait... Je n'ai pas envie de finir cette phrase, mais savoir ça c'est... c’est trop. Trop pour qu’ils fassent l’impasse dessus. J’aurai préféré le savoir avant, sinon…
- Tu sais quoi, qu'ils aillent se faire voir. J'sais pas comment ils ont su ça, mais ils ont pas à m'juger à cause de ça et encore moins à foutre le bordel ! T’aurais fait quoi si t’avais su avant au juste, hein ? Si tu penses comme eux, tu m'dégoutes.

Les yeux écarquillés, Seito dévisage l'espagnol. Immobile, il se sent soudain de trop dans cette conversation. Presque voyeur. Mais il ne conçoit pas une seule seconde lâcher du regard le garçon, ayant la nette impression que s'il le faisait, l'apocalypse s'abattrait sur lui. Demander ce qui se passe est tentant mais une fois n'est pas coutume, il se retient. Il y a des moments pour tout et celui-là n'est clairement pas le moment de faire l'idiot. Pablo crispe les mâchoires en soupirant du nez et secouant la tête, jetant un bref regard colérique vers Seito. Il n'a clairement pas le temps de lui expliquer, mais la suite suffira amplement, puisque sa colère continue de s'agrandir, tout comme la blessure de ce couteau qu'elle plante dans son coeur.

- Arrêtes Pablo, s’il te plait… Je comprends que ça t’énerves, mais ne dis pas ça ! C’est peut-être un mal pour un bien, tu sais. Ces derniers temps, ça n’allait plus trop entre nous, de mon côté en tout cas surtout... Tu avais la tête ailleurs et tu-
- J'ai la tête ailleurs, WOW, l'excuse. Ca t'arrive jamais toi pt'être ? J'te trompe pas à ce que j'sache, alors pourquoi tu m'sors ça ? D'où tu rajoutes des problèmes pour rien là ?
- Et tu ne crois pas que ta petite amie devrait savoir ce qui te passe par la tête, dans ces cas-là ? T’es sûr que ça n’a rien à voir avec une autre fille ?

Certes, ces derniers temps, les pensées de l’Espagnol dérivent. Elles voguent vers des continents interdits et penser à une jeune demoiselle aux cheveux rouges qui ne l’a jamais laissé indifférent. Il aime Seiko, il le sait car il le ressent en sa présence et qu’il n’a jamais été aussi longtemps avec une fille, même si certaines choses ne sont pas toujours facile pour lui… Mais depuis qu’il le soupçonne, Pablo ne peut se résoudre à voir Kitty sortir avec un autre. Quand bien même elle s’est appliquée à mettre une distance entre eux et à le qualifier d’ami, qu'il essaie d'éviter de trop la taquiner, la savoir en couple avec Mori l’horripile. C’est peut-être ça qui fait dériver ses pensées quand il est avec Seiko, tout comme ces nerfs qui l'ont pris à la gorge au début du paintball.

- J’aurai préféré que tout ça se passe autrement, vraiment mais-

Mais pourtant, il a fait des efforts pour se concentrer sur sa copine. Des efforts quand ils passaient des moments ensemble. Des efforts pour faire durer leur relation et aller vers quelque chose de stable. Des efforts pour lui faire ressentir ses sentiments. Et ces efforts, il ne les a jamais fait auparavant. Pour aucune autre. Pablo finit par exploser de colère contre son interlocutrice en crachant au téléphone :

- T'sais quoi, si tu veux m'quitter à cause de ce qu'ils veulent décider à ta place, et bah t'as gagné ! J’te facilite la tache, Papa et Maman seront contents et toi tu vas être soulagée on dirait. C'est fini, m'parle même plus Seiko.
- Attends s’il te plait je-

Il raccroche sèchement, soupire longuement en se pinçant l'arête du nez pour essayer de se contrôler... avant de vriller et de balancer son téléphone par terre de toutes ses forces, explosant inévitablement l'écran.

- JODER DI MIERDA, FAIS CHIER !

Ce regard vert qu'il lui jette est saisissant. La colère que Seito y voit et qui se déverse comme un flot de lave entre ses lèvres semble plus ardente que ce qu'il a déjà expérimenté. Cette colère-là est noire, viscérale, violente. C'est une colère que le japonais connaît bien, qu'il a lui-même alimentée et à laquelle il aime toujours se confier quand la pression est trop forte. Aussi, la voir s'exprimer sur un autre que lui - sur LUI - le trouble et lui tord les boyaux. Le visage du japonais se pare d'un masque de stupeur alors qu'il comprend. Les pièces du puzzle s'imbriquent, il saisit enfin la teneur de l'appel et sa conclusion est terrible. Le geste de l'espagnol le fait sursauter. Lui qui était jusqu'à présent apathique fait un pas vers Mora, dans l'idée dans un premier temps de ramasser son portable morcelé, mais il s'arrête net en constatant l'inutilité d'une telle action. A la place, il fait encore un pas, plus petit, et tente d'amorcer un dialogue, comme une bouée lancée dans l'eau.

- Tu... tu veux en parler ?

Le sursaut de Seito ne le fait même pas réagir, Pablo est bien trop noyé dans sa colère et dans ce dégoût qui l'habite depuis qu'il a entendu ces mots. Pire, la question de Mori semble lui faire l'effet d'une claque supplémentaire :

- Parler de quoi, j'me suis fait larguer ça suffit pas ?!

Pablo shoote dans son téléphone et l'envoie valdinguer près du banc, avant de fixer Seito, d'une noirceur sans nom. Ses yeux commençant à briller d'une lueur peu habituelle, pour accompagner sa voix entortillée de colère :

- J'viens à peine d'avoir le couteau dans le dos et tu veux déjà le remuer ? C'EST CA ?!
- P-pas du tout ! C'était une question comme ça, je- y'avait pas de méchanceté là-dedans. Tu veux pas en parler, on en parle pas. Bien sûr que ça suffit ! Enfin non, ça suffit pas-
- QUOI ?! COMMENT ÇA, ÇA SUFFIT PAS ?

Il fait une micro pause pour parvenir à dire quelque chose de cohérent et reprend :

- Enfin ce que j'essaye de dire c'est que c'est de la merde, putain !
- BIEN SUR QUE C'EST LA MERDE !

Panique à bord, alerte rouge, SOS d'un terrien en détresse. Il se passe quoi là ? Il doit faire quoi ? Dire quoi ? Quel geste ? Quelle expression ? Et ah tiens, et s'il respirait entre-temps ce Seito. Oh et puis merde, à quoi ça sert de respirer quand on est pris dans les feux d'une voiture lancée à pleine vitesse ?

- Tu... Pourquoi ? Rhaaa... non me réponds pas, désolé désolé. Qu'est-ce que... Tu veux faire un truc ? Sortir du campus, je sais pas...

L’espagnol rage, il crache ses paroles, il s'impatiente et s'énerve de voir Seito devenir aussi hésitant. Dans la tête de Pablo, c'est simple : pour Seito tout va bien, trop bien à son goût depuis quelque temps. Depuis des semaines. Il n'en a pas la certitude complète, mais il le sent. Il le sait au fond de lui et ça ne lui plait pas. Pourquoi Seito sort avec Mitsuki ? Qu'est-ce qu'ils foutent ensemble ? Pourquoi, alors que lui-même se fait larguer par une meuf aussi douce que Seiko ? Qu'est-ce qu'il a de plus que lui, pour qu’elle ait choisi ce japonais alors qu’elle l’a repoussé lui ? Le discours des parents de Seiko résonne dans sa tête. Il n’est qu’un voyou, comme son père. L’espagnol explose de rage et attrape Seito par le col pour le repousser violemment juste après, alors qu'une larme se fait la malle :

- Tu veux savoir ce qui m'aiderait ? CASSE-TOI D’ICI ! Laisse-moi tranquille et gardes ta tronche de gentil intello loin de moi, putain !

Le voilà le drapeau que Seito attendait. Bien trop tard mais bien là. Sous la forme d'une main qui le soulève à moitié et qui le jette comme un fruit trop mûr. La sentence l'assomme tant par son contenu que par le ton qu'il emploie. Puis la déflagration atteint sévèrement son cœur quand il suit du regard la larme qui coule sur la joue de Mora. Son sang ne fait qu'un tour.

Cette larme qui trahit l’espagnol ne fait qu'attiser la tension qui crispe ses nerfs. Pablo l'essuie violemment en reniflant, se tournant à moitié, espérant que Seito va l'écouter et partir. Mais il n'en est rien.

La détresse étreint le japonais au point que son cerveau l'embarque dans une mission suicide. Il comble à nouveau la distance entre eux et approche, très maladroitement, ses mains de l'espagnol. Ce qu'il s'apprête à faire est insensé, impensable, inconcevable. Son regard est d'abord fuyant tant l'angoisse le compresse. Son cerveau se met en off, le temps de cette folie. Et, avec une infime précaution, ses doigts se posent tremblants sur les avant-bras de Mora. Il affronte son regard de braise.

- Je peux pas te laisser comme ça.

Les narines du taureau espagnol se dilatent et se contractent en voyant Mori revenir, tournant son regard menaçant vers lui, bien que de plus en plus rougi. Quand les doigts de Seito se posent sur lui, il réagit au quart de tour en les envoyant balader, balayant ses doigts d’un coup d’avant-bras sans aucun ménagement. Le regard noir plongé dans le sien avec animosité, il rage :

- Putain mais qu'est-ce que tu comprends pas là bordel ! Me cherche pas et CASSE-TOI JE T'AI DIT !

Ses efforts sont immédiatement anéantis, maison de paille soufflée par le Grand Méchant Loup. Ses bras retombent mollement le long de son corps. Son visage se défait. Mora n'a pas voulu de son soutien, n'a pas reconnu sa volonté de l'aider, ne souhaite pas sa présence à ses côtés. Au plus ces pensées tourbillonnent, au plus il se referme. Il ne sert à rien. A quel moment s'est-il imaginé le contraire ? Peu importe, le mal est fait. Le regard de Seito navigue sur le garçon, ses pupilles cherchent une logique, un point d'ancrage mais ne parvient pas à déceler la faille qui adoucirait son échec. Comme avec la Chose, il est une fois de plus de trop. A la poubelle l'inutile.

- Si c'est c'que tu veux. répond-il les mâchoires serrées.

Seito hésite une demi-seconde, le regard toujours posé sur l'espagnol qu'il dévisage. Puis il abandonne. Après tout, il ne veut pas de lui. A quoi bon insister ? Le cœur au bord des lèvres, il tourne le dos à Mora et prend le chemin des dortoirs. Qu'il aille au diable, lui, ses parents, la Chose ! Il est très bien tout seul. Il l'a toujours dit, pourquoi s'obstine-t-il à vouloir inverser la tendance ? La colère monte en lui et lorsque ses pas se dirigent vers sa chambre, il se dit que l'espagnol n'a qu'à se débrouiller tout seul vu qu'il l'a voulu. Il rumine en prenant des affaires de rechange, il rumine en prenant une serviette, il rumine en refermant la porte. Et puis arrivé aux douches, il tombe nez à nez avec Mitsuki. Avant même qu'il comprenne, il lui déballe tout ce qui vient de se passer et surtout dans quel état il a laissé Mora. Le ressentiment trempe à nouveau dans l'affolement. Mitsuki a réponse à tout, elle saura forcément quoi faire comparé à lui.

Tenue:

Made by Meuh

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Pablo te rentre dedans en #cc0000

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Time will only make it worse but was it all well deserved ?
So small in a massive universe, I'll find my place when I stop living with this curse
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Jeu 7 Avr 2022 - 22:49
C'est pas la mort, c'est juste la fin d'un cycle.
Ça sera moi et mes démons.

A lire avant tout le reste :

L’espagnol regarde le japonais partir en serrant les mâchoires et en respirant comme un buffle. Il a eu ce qu’il voulait, mais cela n’arrange rien à sa douleur. Pablo fait les cents pas au ralenti, les mains croisés derrière la tête, la tête penchée vers l'arrière et soupire aussi longuement que possible pour essayer de se calmer, alors que les larmes coulent discrètement sur ses joues.

C’est peut-être un mal pour un bien, tu sais. […] Tu avais la tête ailleurs et…

Ces paroles raisonnent dans sa tête sans cesse. Un mal pour un bien ? Le mal, il le ressent. De façon bien trop vive à son goût même. Mais le bien ne lui apparaît pas. Quel bien y a-t-il à ce qu’ils se séparent ? Tout ça est à cause de lui, de ces pensées et de cette image intrusive qui lui revenait sans crier gare. Il renifle de temps à autre, sans arrêter ses pas, ni se retourner.



Au même moment, dans les dortoirs du lycée

Lorsque Seito lui tombe dessus, Mitsuki l’écoute avec attention et ne peut s’empêcher de trouver la réaction de Pablo forte. Il l'aimait tant que ça ? Elle s’étonne, mais ne pense bien vite qu'à une chose : l'empêcher de faire une bêtise. La rouquine intime à Seito de trouver Montoro et court sans attendre pour se rendre dehors. Elle cours vite, plus que d'habitude. Et quand elle arrive à l'endroit indiqué par Seito, dans le parc, elle soupire. Ouf, il est encore là.

Pablo ?
C'est pas le moment Mitsuki.

Lorsqu’il entend la voix de la demoiselle derrière lui, il lui répond plus froidement qu'il aurait fait en temps normal. Mitsuki se dit alors qu’il a l'air vraiment mal et que ses doutes se confirment. C'était sérieux entre Seiko et Pablo.

Tu veux en parler ?

L’espagnol écoute la question posée, ayant un petit rire jaune étouffé. Parler de sa rupture avec la fille qui lui fait avoir la tête ailleurs quand il est avec sa copine… enfin son ex, désormais. Ce n’est clairement pas une bonne idée. Restant de dos, il lui répond :

Non. J'ai juste besoin qu'on me laisse, là. T'as sûrement mieux à faire pour occuper ta matinée.
Tu as surtout l'air d'avoir besoin d'aide pour te calmer... Tu veux continuer à courir ? Je peux t'accompagner.

Pablo finit par se retourner, s'agaçant que personne ne soit décidé à l'écouter. Ni sa copine, ni Seito, ni elle. Il fait enfin face à Mitsuki, qui peut entrevoir ses joues humides et ses yeux rougis. Sa voix s'étrangle alors qu’il se plaint :

P*tain mais j'peux me calmer tout seul, pourquoi vous vous acharnez là ? Vous voyez pas que ça m'aide pas ?

Mitsuki pousse un soupire et s'approche, passant ses pouces sur ses joues humides.

Oui, je suis une horrible amie désolée. Une horrible amie qui peut pas abandonner son ami qui ne va pas bien.

A ces gestes, l’espagnol renifle et a un mouvement de recul. L'entendre parler d'amitié entre eux le blesse, même s'il l'apprécie comme amie à la base. Simplement, se rendre compte que les pensées intrusives qui le rendent distrait la ciblent ELLE n’augure rien de bon. Elle est en couple et lui vient de se faire fraîchement larguer comme un moins que rien par sa copine ET ses parents. Devant son mec, qui plus est. Clairement, il a eu sa dose. Il attrape les mains de Mitsuki et les écarte de son visage, avant de reculer d'un pas.

Arrête Mitsuki. Ca m'aide clairement pas là. Va t'occuper de ton mec parfait que j'viens d'envoyer bouler plutôt !
il a pas besoin de moi, qu'est ce que ça peut faire qu'un ami l'envoie bouler ? Tu es celui qui a l'air le plus mal donc c'est logique que je sois ici. Ça sert a rien de se disputer, je ne compte pas partir.
Donc tu restes parce que j'te fais pitié ? Merci mais j'm'en passerai.

La demoiselle fronce les sourcils, frustrée qu'il n’accepte pas son aide. Elle veut le prendre dans ses bras mais la peur qu'il ne la repousse encore une fois la fait se raviser. Lui va s'asseoir sur le banc et écarte son téléphone du pied, en morceaux par terre, avant de plonger sa tête dans ses mains.

Sérieux, retournes t'occuper d'autre chose Mitsuki, rester là va rien arranger. J'ai déjà été clair avec ton mec, me force pas à te le faire comprendre plus méchamment.
Parce que tu serais méchant avec moi ? Mais bien sûr.

Pleine de patience, elle s'assoit à côté de lui et glisse son bras autour de sa taille malgré tout, dans son dos. Pablo soupire en l'entendant ne pas le croire, et pire encore. Lorsque sa main passe sur sa veste, Pablo frissonne, mais pas de plaisir, alors qu'il a toujours été tactile pourtant.

Je veux bien me taire, mais je reste avec toi.

Ce contact de Mitsuki est de trop. Ca l'irrite et l'agace, parce qu'il sait qu'il n'y a rien entre eux. Qu'il n'y aura rien plus tard non plus. Rien d'autre qu'une amitié qui ne le satisfera jamais. Un couteau qui s’insinue dans la plaie béante qu’à ouvert Seiko, mettant à nue une partie de ses entrailles. Aimer Pablo ? Quelle idiote s'y risquerait ? Pablo est un délinquant, Pablo est violent. Pablo ne mérite pas qu'on l'aime d'amour, voilà tout. Une larme finit par se pointer au coin de son œil alors qu'il s'énerve, en se tournant vers elle et se levant d'un coup :

P*tain Mitsuki, arrête je t'ai dit ! Me touche pas et fous-moi la paix !

Mitsuki serre les poings, se demandant si la violence verbale est justifiée même s’il ne va pas bien. Est-il sûr de lui en agissant comme ça ?

Non mais, je ne suis pas ton ennemi, moi. C'est pas moi qui t’ait largué à ce que je sache !
T'es pas mon ennemi mais t'es pas ma meuf non plus, alors qu'est-ce que ça peut te foutre ? T'as été claire là-dessus non ?!

Ses paroles surprennent Mitsuki, qui ne voit pas le rapport avec le reste. Ne venait-il pas de se faire larguer par sa copine ? Il est triste pour ça à la base, non ? Pablo ne décolère pas, çà mi-chemin de la supplier ou d'exploser.

Oui, et ? Je suis ton amie, c'est pas assez pour être à tes côtés ?
C'est pas ton amitié dont j'ai besoin la… Sérieux Mitsu laisse-moi, m'cherche pas ou ça va mal finir.
Tu vas faire quoi ? Me taper ? Me pousser ? Me crier dessus ? Vas-y, si ça te fait du bien . Je préfère t’entendre crier que te voir faire des conneries.

Pablo crispe les mâchoires, se mord la langue et inspire longuement pour ne pas craquer. Il pleure, certes, mais il ne veut pas blesser Mitsuki par ses mots et encore moins par ses gestes. Il souffre déjà bien assez à lui tout seul. Autant ne pas en faire souffrir d’autres. Il n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que Mitsuki enchaîne déjà, lui faisant froncer les sourcils.

Mais c'est bizarre. La dernière fois que tu t'es fait larguer, t’es venu me demander un câlin en souriant, prêt pour un nouveau rendez-vous. Cette fois-là j'étais suffisante ?
Ça avait rien à voir, et ce qui s'est passé depuis a suffi à m'faire comprendre ce que j'avais besoin de piger.

Il tourne le dos, toujours debout à côté du banc et essuie ses joues avec violence, avant de renifler. Mitsuki avait fait comprendre à Pablo qu’ils étaient amis et que rien de plus n’arriverait. Elle l’avait repoussé plus d’une fois, même ses approches avaient été discrète. Cela lui avait suffit à tirer un trait sur cette possibilité, mais même en sortant avec Seiko, il ne pouvait l’empêcher de se faufiler dans ses pensées. Il avait développé des sentiments pour Seiko, mais l’image de Mitsuki ne le quittait jamais vraiment. L'image de ce calin dont elle parlait également. Mais par dessus tout, l'image d'elle et son copain, si gentil, si intelligent, si drôle et innocent.

Tu préfères te faire hurler dessus ou bousculer, plutôt que d'me laisser m'calmer tout seul tranquille ? Mais qu'est ce qui va pas chez toi p*tain. Mori et toi vous vous êtes bien trouvé finalement !

Il crache ses derniers mots sans ménager son irritabilité. Pas un pour rattraper l'autre, aussi têtus et bornés. Même s’il se refuse à les voir, Pablo se dit que ces deux-là ont finalement peut-être des points communs, et ça l'énerve encore plus. De son côté, Mitsuki se dit qu’il a simplement compris la sincérité de ses sentiments envers Seiko, qu’il était resté avec elle par amour et que cette rupture doit le dévaster. C’est bien le cas, mais le bilan de ce qui le fait souffrir s'avère beaucoup plus compliqué.

Te calmer tout seul ? Il suffit que quelqu'un passe et te regarde mal et qui sait comment tu exploserai ? Les visages se remplacent pas aussi bien que des téléphones.

Elle préfère ignorer sa remarque sur leur couple, ne voyant ni ce qu’il voulait dire par là, ni la raison de son ton si mauvais, ni en quoi ça le regardait. A la mention de son explosivité, Pablo repense à la conversation au téléphone et râle aussitôt :

La digne pote de Seiko hein ! Si c'est que ça qui t'fait rester, rassure-toi j'compte pas exploser la tronche du premier venu. J'fais pas mes promesses en l'air alors barre-toi maintenant.
La digne pote de Seiko ? Elle t’a dit quoi ?

La rouquine fait de son mieux pour garder son calme, pour ne pas répondre aux remarques méchantes. Elle espère cependant que Montoro va venir ici en courant.

T'as qu'à aller demander à ta pote, vous avez l'air du même avis. Ses parents doivent bien te kiffer, tiens !

De quoi ils se mêlent, ces deux-là d’ailleurs ? Pourquoi sont-ils venus s’immiscer dans l’histoire d’amour de sa fille ? Pablo agrippe ses cheveux, perds patience et jette ces mots à la figure de Mitsuki :

Retournes avec l'autre idiot là p*tain, casse-toi Mitsuki ! La brute épaisse et écervelée a rien à te dire ! Tu m'gonfles, tu comprends ça ? J'ai pas envie de te voir, pas envie de t'écouter et encore moins envie de ta pitié !
Tu n'es pas une brute écervelée !

Même si elle lui avait dit qu’il pouvait lui crier dessus plus tôt, l'entendre le faire lui fait mal. Elle se contient comme elle peut en lui répondant malgré tout, alors que l’Espagnol vrille complètement. La simple vue de cette fille lui fait mal, aussi idiot que ça puisse être. Il la provoque alors sur ce qui semble la toucher le plus : son agressivité envers son copain. Appuyer du doigt là ou ça fait mal, pour la faire partir au plus vite.

Le coup de poing à la cantine a pas suffi on dirait, alors j'avais te rafraîchir la mémoire : le cocard de ton mec y'a quelques mois, c'est moi qui lui ai fait. J'me souviens encore de son cri de douleur ! Ptête même que j'ai kiffé, qu'est ce que t'en sais hein ? J'suis qu'une brute à tes yeux et j'ai aucune considération pour les sentiments des autres. Arrête de me mentir, tu le pense et depuis longtemps. Alors j'te conseille de te barrer fissa Mitsuki, parce que j'ai beau essayer de garder un minimum de respect pour votre couple, ça va pas durer.

Mitsuki pousse un soupire d'exaspération. Elle sait déjà tout ça, mais l'entendre en parler de cette façon alors que Seito a tant souffert la rend furieuse et triste à la fois. Je crois qu’il est dans le même état que moi. Enfin lui ça doit être pire bien sûr. Du respect pour leur couple, une bonne blague. Elle en vient finalement elle aussi à s'énerver.

J’AI JAMAIS DIS CA ! NI PENSÉ CA !
C'est pourtant ce que tu viens d’faire en imaginant que j'allais tabasser le premier qui passerait en m'regardant de travers ! Arrête de te mentir à toi même et bordel, casse-toi !

Les larmes menacent de couler de nouveau sur les joues du brun et cet échange ne fait rien pour l'arranger. Il n'arrive pas à se calmer, même en voyant Mitsuki prendre mal ses paroles, bien trop aveuglé par sa propre douleur et par leur couple qui le dégoûte et le fait jalouser.

Je pense que tu es impulsif oui, mais pas méchant.

Elle ne sait plus vraiment quoi dire. Evidemment, elle le pense impulsif et violent, qui ne le penserait pas d’ailleurs. Mais ce dont elle est certaine, c’est qu’il ne le fait pas de gaieté de cœur non plus. Pablo n'a pris aucun plaisir à frapper Seito la première fois, ni la deuxième. Impulsif, ça il l’est. Très. A agir sans réfléchir, à réagir au quart de tour, mais là, tout ce qu'il souhaite, c'est faire partir Mitsuki. Son regard dérive et quand il aperçoit Seito arriver de loin pour rejoindre sa belle, ça le met hors de lui. Furieux, il ne capte même pas Monty derrière lui, bien trop pris dans sa colère :

Ptête que j'devrais te montrer ce que ça a donné alors ? Pour que tu vois en direct le poing qu'il s'est pris dans la figure. Tu te feras ta propre idée de ma violence comme ça ! D'ailleurs ça tombe bien, v'là justement ton cher et tendre qui s'amène, à croire que ses oreilles ont fini par siffler !

Il fait craquer ses poings pour accompagner sa menace, accompagner son ton irascible et provocateur, à cracher son venin.

Une préférence peut-être, profil gauche ou droit ? Ou les deux, j'me priverai pas !
Quoi ?!

Interdite, Mitsuki se lève du banc et serre les poings en se mettant devant lui. Même si elle n’a pas l’expérience de Pablo en bagarre, elle a appris des choses au club de karaté et n’hésiterai pas à protéger Seito, encore sensible de toute ces fois où elle a dû camoufler son œil au beurre noir.

Essaye un peu pour voir, je te jure que je te le ferais payer.

Puisqu’elle se lève et s’interpose, l'Espagnol part encore plus dans la provocation. Elle va bien finir par partir non ? Pablo s'approche d'elle dangereusement et continue en criant :

T'attends quoi ? Que j'le frappe une fois de plus ? Casse-toi ou frappe moi !  
Mais vas-y frappe moi tant que tu y es !

Rapidement, et heureusement, les deux garçons arrivent. Seito tire Mitsuki par le bras, l’emmenant loin de ce Pablo déformé par la rage. Montoro, lui, pose la main sur l’épaule de Pablo pour le ramener sur Terre, se mettant dans son champ de vision pour rompre le contact visuel avec les deux autres. Pablo gueule et part s’asseoir sur le banc, la tête entre les mains alors que tout est à deux doigts de déborder.

Joder, fais chier !


Tenue:

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Ven 8 Avr 2022 - 0:17
C'est pas la mort, c'est juste la fin d'un cycle.
Ça sera moi et mes démons.

A lire avant tout le reste :

Pendant que Pablo a les mains contre ses yeux, assis sur un banc avec son téléphone éclaté par terre, Monty fait demi-tour pour aller dire à Mitsuki de le laisser. Il sent bien que Pablo ne veut pas s'énerver contre elle, surtout en entendant sa voix vriller.

Montoro s'approche ensuite, doucement. Il s'arrête à quelques pas de son ami qu'il ne semble pas reconnaître, qu'il n'a jamais vu dans un état si déplorable. Il ramasse délicatement le portable écrasé au sol puis s'approche de son ami. Il se tient d'abord debout, tout proche puis il s'assoit et passe un bras autour des épaules de son ami. Il n'y a pas de mots, seulement ce début d'accolade qu'il impose, comme un pilier qui maintient un homme sur le point de s'écrouler. Et alors, il déclare simplement, en tournant le portable endommagé dans sa main.

Il était pourtant joli ce téléphone.

Pablo sent les nerfs ne pas le quitter d'une semelle. Ça continue de grimper même, à cause de la présence de Mitsuki qui n'arrange rien dans sa tête. Quand il sent une main sur lui, il a un mouvement de recul en pensant qu’elle est revenue, le regard réprobateur, mais il finit par remettre sa tête où elle était en voyant que c'est Monty. Il avale sa salive de travers, troublé de la portée de son geste. Il en a marre de lutter contre ses amis qui tiennent autant à rester, alors il renifle pour retenir une larme de colère.

Bah t'as qu'à le garder.

Montoro retire son bras car il ne veut pas envahir Pablo, qu'il sent fébrile et après avoir découvert son visage, pousse un petit soupir assez troublé mais surtout désolé.

T'as pas envie d'en parler, j'imagine.

Pablo soupire longuement pour essayer de se contenir, jetant un œil à Mitsuki qui s’éloigne, puisqu'il lui fait sentir qu'elle est de trop malheureusement. Il se frotte les yeux nerveusement, se lève en crispant les mâchoires et donne un coup de pied dans un caillou en s'énervant, tournant le dos à la demoiselle qui s'en va au bras de son foutu prince charmant.

Et à quoi ca servirait hein ? C'est déjà foutu toute façon, elle m'a largué par téléphone. Enfin, elle et ses parents, attention. Tsch…

Pablo ris jaune en plongeant les mains dans ses poches, se mordant la lèvre pour se contenir. Il ne veut pas s’effondrer devant son hermano. Même s’ils ne sont pas meilleurs amis, Montoro reste un bro au fond, un hermano par le simple fait qu’ils viennent du même pays, ce qui les rapproche beaucoup à ses yeux. Sa fierté le force à tenir le coup et à ne pas craquer comme une mauviette. Il donne déjà un piètre spectacle en l’état, alors il essaie de ne pas empirer les choses et de se calmer sur le nombre de pots cassé pour la journée.

Montoro l'écoute attentivement et l'observe. Il remarque que Mitsuki et Seito s'éloignent et hoche la tête pour leur faire comprendre que c'est la meilleure décision en effet. Pablo lui parle d'une rupture et il fait rapidement le lien, malgré les explications sans contexte. Il roule des yeux à l'insu de son ami. Monty déplore la sensibilité affective de Pablo mais ne dit rien. Il l'écoute juste être désagréable et nonchalant.

Finalement, Montoro ne tourne pas autour du pot. Pablo est un homme bon malgré ses défauts mais le voir brisé puis acerbe pour une rupture insignifiante le déroute et lui fait s'agacer. Ce n'est pas l'ami qu'il connait et il est bien bête. Il est temps de le lui faire savoir sans détour.

Et tu te soucies d'une fille qui rompt par téléphone ? Elle a oublié le numéro de ta chambre ?
Faut croire que ses parents lui laisseront pas l'occaz de le retrouver.

Pablo rit jaune, toujours, et ramasse un bout de son écran avant de le balancer plus loin en soupirant. Le résultat de ses sautes d’humeur finit toujours par avoir un résultat de ce genre. A croire qu’il n’est bon qu’à ça. Lui revient alors les paroles des parents de Seiko, mais surtout la façon qu'elle a eu de ne pas les corriger. Il finit par se tourner et fixer Montoro avec provocation, en écartant les bras pour l'inciter à le regarder tout entier :

Fais gaffe, t'as un pur voyou en face de toi. Tu savais pas ? Un fils de tolard yakuza, en chair et en os !

Pablo revient s'asseoir sur le banc, prends une grande inspiration et se laisse retomber contre le dossier du banc, glissant petit à petit alors qu'il se morfond. Il ne pensait pas avouer ça tout haut un jour, mais maintenant c’est fait.

Sans trop avoir besoin de demander, puisque son ami lui en dit déjà trop, Monty comprend ce qui lui a été reproché. Il arque un sourcil parce qu'il ne comprend pas, en revanche, ce que Pablo essaye de lui dire. Il le trouve de plus en plus pathétique. Au fond, ça lui fait mal de le voir réagir impunément de la sorte.

Mon grand-père était banquier et il est allé en prison aussi.

Montoro ne dit pas ça par humour, il plaque simplement une forme de relativité. Il ne semble pas se formaliser de l’information que Pablo a dévoilé, surenchérit avec son grand-père même, alors le brun se tourne vers lui et lève les yeux, les sourcils froncés, sans comprendre. Si c'est bien le cas, si c’est vrai, alors c'est un point commun qu'il n'aurait jamais pensé trouver avec lui. Ses yeux s'irritent, mais il tient encore. Pas pour longtemps cela dit.

Tu devrais ptête changer de pote, askip j'suis pas le gars à fréquenter...

La suite de ses paroles l'interloque, Montoro ne sait quoi dire. Alors il répond simplement ce qui lui dit son cœur.

Et toi, t'as envie de changer de pote ?

Sans appel, sa question fait réagir Pablo, un peu trop vivement pour le coup. Ses yeux s'embrument à la simple idée de perdre Montoro dans pareille situation, alors qu'il et déjà à vif et qu'il a éloigné tous les autres. Il craque, les larmes coulant sur ses joues pour accompagner son indignation :

Non ! Joder di mierda, bien sûr que non !

Il soupire et s'essuie la joue en essayant de se calmer, mais ça ne fait qu'empirer. A vif et en larmes, Pablo s’écroule devant son ami sans réussir à s’arrêter. La voix saccadée par les pleurs, les mots s’étranglent dans sa gorge alors qu’il s’insurge :

J'en ai marre de ces foutues étiquettes !

La réaction de Pablo lui arrache un sourire triste, mais rassuré. Voyant son ami craquer sous la pression de toute l'émotion et de l'injustice, Montoro ne peut qu’ouvrir ses bras et lui proposer un piètre réconfort. Il ne le brusquera pas. À voix basse, il accompagne simplement la frustration de son ami. Il n'a pas le droit de l'empêcher d'être énervé ou dégoûté. Il l'accepte et le fait comprendre.

Je sais...

Il offre son épaule pour pleurer, ne jugeant point les larmes salées de Pablo. Il vient mettre sa main à l'arrière de sa tête, maladroitement, afin de l'inciter à simplement laisser couler toute cette amertume. Montoro a un visage durci par le ressentiment. Il hait voir son ami déchiré et il méprise encore plus la raison de toute cette agitation.

Alors ne fais rien que tu pourrais regretter. T'as rien à prouver.

Pablo finit par caler sa tête contre l'épaule de Monty, visiblement chamboulé par tout ce qui se passe dans sa tête. Sa main s'agrippe dans le dos de son hermano, à sa veste, alors qu'il essaie de ravaler ses sanglots. Sa fierté est loin au fond de ses entrailles, tout comme son amour-propre et les morceaux de son cœur. Cette matinée le détruit tout comme il a piétiné les mains tendues de Seito et de Mitsuki. Pourtant, il ne peut retenir cette rancœur envers leur couple, alors que tout a toujours été clair entre elle et Pablo. Alors que Seito n’a jamais rien fait pour provoquer Pablo. Alors qu’il se retrouve seul, que sa copine n’est plus la sienne. Tout est fini avec Seiko. Un vide prend sa place, rejoignant celui de la rouquine ne comblera sûrement jamais.

J'sais pu quoi faire en vrai... J'suis paumé Monty. J'sais pu ce que je veux.

Ce n'est pas facile pour Montoro de trouver des mots qui peuvent le rassurer complètement. Il ne peut qu'être présent pour répondre à son chagrin alors c'est ce qu'il fait.

Te laisse pas abattre.

Soucieux de ne pas trop laisser salir son épaule qui est vêtue d'une veste à laquelle il tient, mais aussi évidemment pour passer à autre chose, Monty en profite pour attraper les épaules de Pablo puis le redresser. Il le regarde alors, son visage surtout. Puis il sourit en coin.

Si tu voyais ta gueule...

Pablo se décolle quand Monty le relève. Il essuie ses joues et ses yeux irrités, reniflant pour reprendre contenance. Il frotte une énième fois ses yeux en les relevant sur son hermano, fronçant les sourcils quasi automatiquement, pour lui répondre avec son insolence habituelle :

Tsch, j'reste plus beau que toi !

Montoro lui sourit doucement puis tendrement. Il est content de revoir un certain aplomb revenir chez son ami. Il ne pourrait pas oublier sa petite-amie tout de suite mais il devait se ressaisir. Sa remarque est stupide, évidemment, Montoro le lui fait comprendre avec intelligence.

La beauté est relative.

Pablo esquisse malgré tout un sourire, avant de soupirer un bon coup. Son cœur est en miette, mais il n’est pas seul et doit bien le garder en tête. Il faut qu’il se reprenne, même si ça lui prendra du temps de s’excuser auprès des autres, de se remettre de cette rupture et de dissiper les pensées intrusives qui lui polluent le cerveau.

Quelle matinée de merde.

Montoro lui tapote une épaule en geste d'encouragement. Il revient à ce dont Pablo parlait plus tôt, se levant en s'époussetant.

Tu sais, si tu vas en taule je t'écrirais des lettres et t'apporterais des oranges.

L'ironie n'en est que plus sincère pourtant. Il le ferait vraiment. Montoro a toujours choisi d'être ami avec ce garçon impétueux, et il continuera de le choisir. Pablo penche la tête en avant et se frotte le visage, avant de le secouer pour remettre ses pensées en ordre. Evidemment, ça ne suffira pas à tout régler, mais les piques de Monty le font sourire. Pablo passe la main dans ses cheveux pour les plaquer en arrière comme d'habitude, en soupirant, puis en riant plus franchement à la mention des lettres.

Merci mec. J'en ferai autant si ça t’arrive. Avec les petits coeurs sur l'enveloppe, pour faire croire aux matons que t'es pas un cas aussi désespéré que moi !

Il le taquine évidemment sur son célibat, ça arrive de temps en temps entre eux. Pas par moquerie, mais simplement parce qu'ils sont totalement à l'opposé tous les deux sur le sujet. Une des nombreuses différences entre eux, comme s'ils étaient deux opposés ou deux faces d'une pièce par leur amitié liée.

Des oranges, nan mais qui a eu l'idée d'amener des oranges à un tolard en vrai ? C'est du chorizo qu'il faut amener, de la viande, du poisson, pas un truc aussi naze qu'une orange !

Montoro soupire à la mauvaise blague que cela est devenu et déclare en dépit :

Épargne-moi.

Il se lève puis commence à marcher.

Rentrons.
Ouais, rentrons...

Las et encore blessé par la tournure de la matinée, Pablo se gratte le cou. Se faire larguer de la sorte, se faire reprocher sa façon d'être, mais encore pire, se faire consoler par le petit couple qui lui sortait par les yeux… Ça lui parait si improbable que tout ça le fait soupirer longuement. Il finit par suivre Montoro en traînant des pieds, tête baissée pour éviter que le campus tout entier ne voit un Pablo aux yeux rougies par son coeur brisé. Montoro marche au rythme de Pablo, à ses côtés, ni devant ni en retrait, vraiment à ses côtés. Une fois, il viendra donner une dernière tape sur son omoplate pour lui donner du courage à faire face à son chagrin.

C’est pas la mort, c’est juste la fin d’un cycle.

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