[Zoo d'Ueno] Weakness ;; Lily

On y est, la visite du zoo, une des activités que je redoutais le plus de la semaine, pas que j’ai peur ou quoi que ce soit. Je n’aime juste vraiment pas ça. D’autant que je me souvienne le principe même du zoo me dérange. La plupart de ces animaux ne sont pas fait pour vivres dans de si petites cages.

Je me suis peut-être un peu trop habituée au parc naturel et réserve que j’ai pu traverser pendant mon voyage. Mais maintenant, plus que jamais, je n’arrive pas à ressentir la fascination qu’on les autres en voyant les pandas. La seule chose qui me traverse lorsque je les vois est de la tristesse.

Je me retrouve donc à errer sur les chemins, la tête un peu ailleurs, et la volière attire mon regard. Enfin, ce sont surtout les couleurs vives des plumes des oiseaux. A l’intérieur, il n’y a pas grand monde - ils doivent attirer un peu moins les foules que les grandes bêtes – il n’y a donc qu’un jeune homme un peu plus grand que moi et un peu fin, ainsi qu’une famille et leur enfant.

Un sentiment de colère me traverse lorsque je le vois taper sur la grille, heureusement, ses parents semble lui faire comprendre en quoi c’est mal et ils s’en vont. Je reste donc un petit moment à regarder les oiseaux. Ils sont magnifiques et semblent moins malheureux que la plupart des autres animaux ici. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont heureux. Le principe même des oiseaux fait qu’ils volent dans de grands espaces, ici ils sont limité à leur cage.
Enfin bref, je m’énerve surement pour rien, ce n’est pas comme si je pouvais y faire grand-chose. En plus je me retrouve malgré moi à soutenir cet endroit au final. C’est donc un peu dépité que je m’apprête à aller me morfondre ailleurs quand je vois du coin de l’œil le jeune homme de tout à l’heure s’écrouler.

Je cours immédiatement dans sa direction et cherche ma moto autour de moi par réflexe, j’y garde toujours un kit de premiers secours. Même si ça n’aurait pas été de grande utilité ici, il ne s’est pas coupé il est juste tombé.

Je m’accroupis donc à son côté et vérifie qu’il ne se soit pas blessé en tombant, rien d’apparent en tout cas. Mais cela n’annonce rien de bon.

« EH ! EH ! Tu m’entends ? »

Ses yeux croisent les miens et j’ai l’impression qu’il reprend un peu conscience de ce qui l’entoure. Je ne sais même pas ce que je suis censée faire dans ce genre de cas, j’ai toujours hésité à suivre un cours de premiers secours, ça m’aurait été bien utile en ce moment.

« Tu ne t’es pas fait mal ? Tu m’as fait sacrément peur dis donc ! Combien tu vois de doigts ? »

Je lui montre trois doigts avec ma main droite, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. D’ailleurs j’y pense mais je lui ai parlé en anglais. Je n’y ai même pas réfléchi, j’étais un peu paniquée. Donc si ça se trouve ce type vient de s’écrouler et la première chose qu’il voit c’est une fille qui lui parle une langue inconnue et qui lui montre ses doigts. Ça promet.

« Excuse-moi tu me comprends ? Tu as besoin de quelques choses ? Il faut que j’appelle les secours ou aille chercher quelqu’un ? »

Je me retiens de m’enfuir quand il se met à crier, et je commence même à paniquer un peu quand il m’attrape le bras. Je regarde même autour de moi pour voir s’il ne s’agit pas d’une sorte d’embuscade. Heureusement pour moi sa poigne se détend et il se frotte l’arrière du crâne. Il a l’air de s’être vraiment fait mal.

Ça ne devrait pas mais ça me rassure un peu, il n’a pas l’air d’être violent au final. Il s’excuse même et je comprends qu’il ne voulait surtout pas que j’aille chercher des secours. Ce qui me laisse penser qu’il sait exactement ce qui vient de lui arriver.

Il me demande de l’aider à se lever et mon adrénaline redescend, je me sens un peu bête d’avoir eu aussi peur, il vient de tomber dans les pommes après tout et devait juste être désorienté.

« Bien sur aucun problème appuie toi sur moi. »

Je l’aide à se relever et l’accompagne jusqu’au banc le plus proche. Une fois qu’il est assis j’ouvre mon sac pour y attraper ma gourde et la lui tends.

« Tiens, tu peux boire sans crainte ce n’est que de l’eau. »

En regardant autour je m’aperçois que tous les oiseaux sont partis aussi loin que possible de nous. Ils ont dû être effrayés par sa chute suivi de mes cris.

« Ça va mieux ? Je pense que tu as fait aussi peur aux oiseaux qu’à moi ! Ça t’arrive souvent de tomber comme une feuille comme ça ? »

Heureusement il accepte ma gourde, j’aurais été obligée de le forcer sinon, il ne manquerait plus qu’il retombe juste après. S’hydrater c’est important. Enfin, il me fait un sourire un peu vide quand je lui demande quelques explications sur ce qu’il vient de se produire. Est-ce que j’ai posé la question qu’il ne fallait pas ?

Je me conforte dans cette idée quand il répond de manière vague, je ne compte pas le pousser plus que ça, chacun a ses secrets. Mais il se passe une main dans ses cheveux avant d’enchainer avec un peu plus d’explication.

Epileptique hein ? Je ne pensais pas que ça pouvait se manifester comme ça, je me serais plutôt imaginée quelqu’un en train de convulser plutôt que de tomber raide mort comme il l’a fait. Mais j’imagine qu’il y a plusieurs formes.

« Oh je vois, ça ne doit pas être facile, heureusement que j’étais dans les parages ! D’ailleurs qu’est ce que tu fais par ici ? T’aimes juste beaucoup les oiseaux ou bien tu fuis le reste du zoo comme moi ? »

Et c’est à cet instant que je me rends compte que je viens de faire quelque chose qui m’arrive bien trop souvent, j’ai oublié de me présenter !

« Pardon je ne me suis même pas présentée, Lily Richards à ton service ! Et toi tu t’appelles comment ? »

Lorsque je me présente il me regarde avec un regard ébahi, je commence à me demander si j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Si c’est le cas il ne dis rien de plus et se contente de se présenter à son tour. Stefan donc, j’aime bien son prénom, c’est pas courant, ou alors je n’en ai pas croisé beaucoup.

Il m’explique donc qu’il aime bien les oiseaux, ainsi que lui non plus n’est pas vraiment fan des zoos, je m’apprête à lui confirmer que moi non plus mais il continue en s’excusant, je ne comprends pas pourquoi. C’est plutôt s’il me disait qu’il adore voir des animaux tristes dans leurs cage que je m’inquièterai.

« Tu n’as pas à t’excuser tu sais, si on n’était pas obligé d’assister à toutes les activités je me serais bien passées de venir ici. Et puis, quand tu as déjà eu l’occasion de voir ce genre d’animaux dans leur habitat naturel tu comprends à quel point ils n’ont rien à faire ici en centre-ville et dans des petites cages. »

Je repense à l’ours qui m’avait tant effrayé durant mon road trip et à comment il aurait été triste ici entouré de béton.

« Sinon à part ça, ça fait longtemps que t’es à Kobe ? »

Comme je l’ai dit je ne compte pas vraiment visiter plus que ça alors autant apprendre à se connaitre, et puis j’ai l’impression qu’il est encore un peu pâle alors je m’en voudrais de le laisser seul comme ça ici.