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- Pablo K. MoraElève ; en 3ème année■ Age : 30■ Messages : 492■ Inscrit le : 25/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 18 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
I’m one more minor inconvenience away from LOSING MY SHIT.
vers 18 heures
Voir Seito les yeux rougis, ça m'fait monter les nerfs en deux secondes. Un instant, j'pense à son mec en espérant qu'il s'est rien passé de grave, mais la suite m'apprend que c'est tout autre chose. La taquinerie à propos de sa lettre fait remonter le sujet de son anniversaire, et en le voyant préparer son linge sale, je m'empresse de demander :
Tu pars demain matin d'ailleurs, c'est ça ?
Nan, j’rentre pas, ils font déjà un truc.
Ah... Boarf, ça arrive toujours ce genre de programme foiré. C'est rien, ça fera plus de Mori pour nous ce weekend.
J'fais mine de rien en le regardant partir, tas de linge sous le bras, mais dès qu'il est sorti, je m'empresse d'appeler Nolan sur son portable. Impossible qu'on ne fasse rien ce weekend pour son anniversaire. S'en suit une longue discussion sur le programme à établir, et on finit par se dire qu'au moins, on pourra lui donner nos cadeaux le jour J. Un problème, ceci dit. Une ombre au tableau. Si Seito reste ici le jour de son anniversaire, y'a une autre personne qui va vouloir se l'accaparer. Mon engouement retombe un peu en soufflé, j'soupire et finit par dire :
J'vais m'occuper de Mathéo, t'as qu'à m'envoyer son numéro, moi j'fais rien ce soir. Passe une bonne soirée avec Tsu !
Accord conclu, j'raccroche et appelle le numéro que j'reçois sans même prendre le temps de l'enregistrer.
Nagarjuna, Dôgen, Kitarô Nishida... trois noms rattachés au concept du "Mu", trois penseurs à l’avoir réinterprété depuis la tradition Zen. Mathéo se gratte la tête avec son crayon, assit un pied sur son fauteuil, accoudé sur son genou, l'autre jambe moitié en tailleur, autrement dit : n’importe comment. Hah... Ces cours de philosophie vont le rendre dingue. Le concept du "Mu" renvoie au vide et à l'absence, cela devrait lui parler mais rien n'y fait, il n'arrive pas à se concentrer. Il pense à Seito, demain c’est son anniversaire et il ne sait toujours pas s'il sera présent ou pas. Absence, présence... Une étrange sensation lui picore le ventre. En désespoir, il attrape son téléphone pour vérifier. Toujours aucune nouvelle. Pourtant, que cela soit demain ou plus tard, il sait qu'il pourra tout de même le fêter avec lui. Alors pourquoi se sent-il anxieux face à cette absence de nouvelles ? Ah... Son téléphone sonne. Numéro inconnu. Déçu, il raccroche. Son tel retrouve sa place plus loin et il se recentre sur son livre.
Se faire raccrocher au nez aussitôt ? Pas étonnant, un numéro inconnu, j'aurai fait la même. Mais une erreur de numéro, ça t'rappelle pas aussitôt. J'appuie de nouveau sur l'écran tactile pour appeler Mathéo, assis sur le lit.
Mathéo tapote le bout gommé de son crayon contre sa lèvre. Les lignes et les mots s'entremêlent sur son cahier. Arf, il ne va jamais réussir à se concentrer. A nouveau son téléphone vibre, il se penche dessus pour vérifier mais ce n’est toujours pas Seito. Plus attentif, il vérifie le numéro. C'est certain, il ne le connait pas. Hop, il le passe en silencieux et laisse sonner dans le vide. Sûrement une erreur.
Raccroché, encore. J'fronce les sourcils, rappelle une troisième fois. Cette fois, ça sonne dans le vide, puis le répondeur… Et quel répondeur, mes aïeux.
"Bonjour. Vous êtes bien sur le répondeur de Mathéo Takahashi. Je m'excuse de ne pouvoir vous répondre. Je vous invite à me laisser un message, je vous rappellerai dès que possible. Merci. Bonne journée"
J'roule des yeux en l'entendant, le répondeur est aussi coincé que son propriétaire. Il se prend trop au sérieux celui-là. J'soupire, et commence à m'demander si Mori aurait pas donné mon numéro à Mathéo pour X raisons au cas où, et que ce c*nnard m'raccroche au nez volontairement. Mais j'me dit aussi que Seito donnerait pas mon numéro comme ça, vu qu'il me connait bien. Je soupire et finit par envoyer un message :
Puis rappelle.
La troisième fois est de trop, Mathéo délaisse son téléphone et ses cahiers pour aller manger. Il est tout seul ce soir mais Naoki a dû lui laisser quelque chose à manger. En ouvrant le frigo, il se sent comme un chat, à la recherche de ce qu'on lui a préparé. Haha... Ce n'est pas correct de compter autant sur son ami pour se nourrir mais quel plaisir de découvrir un Tupperware avec son prénom dessus. En mettant la boite au micro-ondes, il se dit qu'il appellera Seito vers 20h, s'il ne l’a toujours pas tenu au courant.
Toujours pas de réponse. Cette fois ci je soupire, écrivant un dernier message.
Occupé ou non, j'aime pas qu'on m'laisse en plan, et c'est pas parce que c'est le mec de Mori que j'lui ferai une fleur. J'vérifie ma batterie, range mon téléphone dans ma poche et file en ville faire un tour. Il m'faut du papier et du scotch pour finir d'emballer les cadeaux, et j'peux pas faire ça ici vu que Seito peut revenir à tout moment.
[…]
vers 22 heures.
Seito est parti. Mathéo respire l'air frais du soir en faisant chemin arrière pour rentrer chez lui. Il aura au moins pu le raccompagner. Il ne devrait pas, c'est du plus haut niveau d'égoïsme, mais il est tout de même heureux de savoir qu'il pourra fêter son anniversaire avec lui demain. L'adrénaline nécessaire pour lui donner le courage d'appeler ses parents redescend doucement mais sûrement. Il n'en revient toujours pas... d'avoir eu les parents de Seito au téléphone. D'avoir réussi à obtenir leur autorisation.... S'il ne savait pas Seito si triste, il en serait des plus heureux. Entre peine et bonheur, son coeur dérive. Il déteste savoir Seito dans cet état. Ça lui brise le coeur. Il soupire, lourdement. Il lui faut réfléchir à quoi préparer demain, une longue journée de préparation l'attend s'il veut essayer de lui remonter un peu le moral ! Vers 22h, après avoir pris sa douche et s'être mis en pyjama, il retourne à son bureau travailler. Ah, c'est donc ici qu était son téléphone. Il l'attrape rapidement pour enclencher son chrono. Ses yeux accrochent sur un message "C'est Mora (...)". Il cligne des yeux. Mora ? Comme... Pablo Mora ? Non... Comment il pourrait avoir son numéro ? Il s'empresse d'ouvrir le message. C était lui le numéro inconnu tout à l'heure ?? Il plaque son portable sur le bois du bureau. Non. Il ne rappellera pas.
Qu'est-ce qu'il lui veut ?? Qu'il aille au diable, danser en enfer. Il reprend son crayon et rouvre ses cahiers de philo. Mais... il lui a écrit que ça urge... Si c'est à propos de Seito ? Sa tête tombe contre son bureau. Pourquoi est-ce qu'il faut que ce type soit dans sa vie ? Il reprend son portable et crache tout l’air de ses poumons avant de rappeler.
Assis sur le bord du toit que je squatte de temps en temps, la vue sur la mer et les cadeaux emballé posé à côté de moi, je fume une dernière cigarette avant de rentrer. Sentir la bouffée de fumée chaude parcourir ma trachée alors que le froid commence à mordre en ce début de novembre, ça a quelque chose de grisant. J'inspire une nouvelle fois, quand mon téléphone se met à sonner. Faudra que je pense à changer cette sonnerie d'ailleurs, maintenant que j'peux mettre ce que j'veux.
Un sourire en coin, j'raccroche au nez de Mathéo, et le rappelle en visio, soufflant la fumée par le nez avec une p’tite satisfaction mal placée.
Mathéo éloigne son portable pour vérifier. Oui, ça vient bien de couper. Est-ce qu'il a raccroché ? Il souffle. Ça commence bien... Il reporte son tel à son oreille en entendant sa voix.
"Vous êtes sur le répondeur de Pablo Mora ! Et si vous êtes là, c'est que moi j'le suis pas ! Laissez un message, adios ! "
Evidemment, même son répondeur est agaçant. Ça doit être son super-pouvoir, de savoir irriter les autres à la vitesse de la lumière. Tant pis, s'il ne répond pas, c’est que ça n'"urgeait" pas tant que ça. Il s'apprête à reposer son portable quand il resonne. L'écran lui arrache une expression de stupeur. Il... l'appelle en visio maintenant ? Pour quoi faire ??? Mathéo hésite un instant, il baisse les yeux sur sa tenue... il est en pyjama... on ne répond pas en pyjama. C'est impoli et franchement pas à son avantage. Arf. Après s'être replacé rapidement quelques mèches de cheveux encore humides, il trouve le courage - ou la folie, il finit par se demander s 'il va si bien que ça ce soir ! - de décrocher. La première chose qu'il voit, c’est un nuage de fumée, ce qui l’agace particulièrement. Ça lui rappelle que cet abruti a fait fumer Seito. Adieu la politesse, il va à l’essentiel.
"Qu'est-ce que tu veux ?"
Lorsque la fumée se dissipe, Mathéo apparait à l'écran.
Agaçant, hein ?
Je tire une latte et souffle la fumée de côté cette fois, pour éviter de masquer l'écran. J'suis sur que lui aussi n'a pas aimé se faire raccrocher au nez, vu l'accueil. Je m'empresse de poursuivre, histoire qu'il ne raccroche pas pour de bon cette fois.
Mais y'a plus urgent que se râler dessus. C'est à propos de Seito.
Observant vite fait son allure, j'ajoute, amusé en voyant son pyjama :
Enfin, si ça t'dérange pas de reculer ton sommeil de quelques minutes.
Ne comprenant pas où il veut en venir, Mathéo reste stoïque. Agaçant, oui, il l'est. Ça, c'est certain. Plus encore à se pavaner devant l écran avec sa cigarette pour jouer le bad boy. Il tient bon néanmoins, en entendant que cela concerne Seito. Son visage perd de son impassabilité, ses sourcils se froncent avec sérieux Il avait vu juste. Sa remarque, en revanche, il s'en serait bien passé.
"J'étudie. Tu devrais essayer, ça ne te ferait pas de mal." peste-t-il, piqué.
Il aurait été plus présentable s'il ne l'avait pas pris au dépourvu !
"Au lieu de trainer et de tuer ta santé, en plus d'essayer de ruiner celle des autres sur ton temps libre" ne peut-il s'empêcher de rétorquer.
Comme il n'a absolument pas envie que cet appel ne dure plus longtemps que nécessaire, il recentre la conversation.
"Qu'est-ce que tu voulais me dire à propos de Seito ?"
Je souris de plus belle quand il m'attaque sur mes notes. Evidemment que je m'attends à ce genre de remarque, venant d'un intello de son genre. La remarque qui suit me fait rouler des yeux.
Si j'avais besoin de m'faire recadrer, j'aurai appelé quelqu'un d'autre. Être plus vieux, ça t'oblige pas à jouer les darons tu sais. Pas d'ma faute si tu sais pas t'amuser.
Encore un truc qu'il a lu dans le journal j'imagine.
D'ailleurs, j'espère que t'es pas allé étalé ce que t'as lu depuis. Mais c'est pas pour ça que j't'appelle.
Je soupire, tire une bouffée puis la souffle, avant d'écraser ma cigarette sur le rebord du toit, posant le téléphone face aux étoiles le temps de l'opération. J'coince le mégot contre le rebord pour le jeter plus tard, reprend le téléphone et revient au sujet du soir, bien plus sérieux d'un coup :
C'est l'anniversaire de Seito demain, mais tu le sais déjà. Tu l'as vu ce soir ? Eu au téléphone ?
Le "conseil" de Pablo lui glisse dessus. Il a tellement l'habitude que ses sœurs l'accusent de jouer au père avec elles qu'il n’y prête même plus attention. Ce n'est pas lui qui joue les "darons", c'est seulement que leur écart de maturité est aussi grand que celui entre les Amériques et la Russie. Il sait s'amuser et prendre des risques pour sa santé n'a rien d'amusant. A sa remarque concernant son journal, il s'apprête à répondre mais se ravise. Si ce n’est pas pour ça qu'il appelle, autant ne pas en reparler. De toute façon, il lui a dit tout ce qu’il avait à dire en le lui rendant. Un soupire vide ses poumons alors que les cieux s'affichent sur l’écran. Bon sang... il ne peut pas se concentrer 5min ? A croire qu'il le fait exprès. Quand il réapparait, Mathéo acquiesce, faisant mine de lire quelque chose à côté. Il sent que la suite va lui tirer sur les nerfs.
"Oui, je l'ai vu ce soir. Pourquoi ?" demande-t-il, l'air de rien.
Il se peut que Seito ne lui ai rien dit et il ne compte pas vendre son secret.
J'imagine qu'il te l'a dit, mais au cas où, il reste ce week-end au final. T'étais au courant ?
Est ce que j'aurai informé Mathéo si Seito n'avait pas été là bas et que j'étais pas presque sûr qu'il aurait parlé ? Je ne sais pas. Mais l'amitié passe avant la fierté, et dans la situation inverse, si les plans d'Emma tombaient à l'eau et qu'elle se retrouvait coincé au campus, j'aurai apprécié qu'on m'le dise.
Il était mal tout a l'heure.
C'est pas pour le faire culpabiliser, au contraire. Seito cache ptête pas ses yeux rouges, mais il a vite filé pour mettre ça sous le tapis, alors ptête qu'il en a fait autant avec lui.
Mathéo prend une grande inspiration en délaissant la feuille qui avait faussement son attention. Ses yeux se pointent sur l'écran, de nouveau très sérieux.
"Je sais, oui." répond-t-il.
Il s'abstient de préciser qu'il n'allait toujours pas bien ce soir et prend les devants en annonçant :
"J'ai eu ses parents au téléphone, il va passer le week end chez moi. Si ça peut te rassurer, il ne sera pas seul."
Fatigué, il passe une main sur son visage pour se frotter les yeux.
"Je suppose que tu m'appelles parce que tu voulais organiser quelque chose ?"
Ouais, c'est même déjà tout vu. Avec Nolan, on a prévu d'inviter les potes et le fêter avec lui demain dans la journée.
Parce que clairement, j'compte pas annuler pour un sou. On s'est trop hypé pour ça et Nolan doit déjà en avoir parlé aux autres.
Mais vu que t'existes, j'me suis dit que j'pourrais au moins être sympa vis a vis de Mori et te prévenir, ce que t'as pas envisagé toi visiblement.
Quand j'dis qu'il est chelou ce mec. Cringe, jaloux et possessif, égoïste même a le garder pour lui sans penser que ses potes voudraient avoir droit de le fêter avec, eux aussi. Mon regard garde son sérieux, le juge presque.
Histoire que tu l'attendes pas dans le vide et que t'ai quand même le reste du weekend avec lui. D'être réglo, quoi.
L'idée était bonne, le ton l'est beaucoup moins. L'air sérieux de Mathéo prend des airs ombragés, l'orage menace dans ses iris. Comment ça, "c'est déjà tout vu ?". S'il comprend bien, il ne l'appelle pas pour organiser quelque chose mais pour le prévenir que Seito sera déjà pris. Un rictus nerveux lui traverse les lèvres alors qu'il l’écoute déblatérer son poison. Mots après mots, il sent la colère lui grimper depuis les pieds. Quand Pablo en a fini avec les explications, il répond, dans un calme qui l’est beaucoup trop pour être naturel.
"Mora-san... C'est moi qui vais être sympa avec toi en te prévenant : tu devrais éviter de jouer à ce jeu-là avec moi. Tu as plus à y perdre que moi".
Maintenant il est énervé.
"Je n'ai appris que ce soir que Seito resterait ce week-end, lorsqu'il est passé me voir. Je lui ai proposé de passer le week end ensemble, il m'a dit oui. En quoi est-ce qu'on devrait avoir ton autorisation pour se voir ?" ajoute-t-il, la voix tranchante.
Il serre ses freins, s’énerver contre lui maintenant n amènerait rien de bon et Seito va déjà mal, il n'a pas besoin que les gens auxquels il tient s'entretuent. Bien que ça le tue de considérer Pablo parmi ses proches. Il essaye donc d’être conciliant, même si c’est l’hopital qui se fout de la charité étant donné qu'ils ont prévu quelque chose sans lui et toute la journée de demain. S'il ne pouvait voir Seito le soir, il ne l'aurait donc pas vu de la journée.
"Je travaille demain alors je lui ai donné rendez-vous à 17h. Avant ça, il est libre. Si vous voulez lui souhaiter son anniversaire, vous le pouvez. C'est avec lui qu'il faut voir ça, pas avec moi."
Mais juste pour être bien au clair, parce qu'il n'apprécie vraiment pas le ton avec lequel Pablo lui a annoncé la couleur, il termine, yeux rivés sur l’écran.
"Nous ne sommes pas en garde partagée. Et j’apprécierais que tu t'occupes de ta copine et de ses amis, plutôt que de venir mettre un Véto sur l’emploi du temps de mon copain."
Attends, il me menaces là ? J'fronce les sourcils aussitôt, le regard noir. J'le laisse finir de parler, mais j'vais devoir lui apprendre un truc, parce que visiblement il me connait mal. On me menace pas à la légère, j'crois qu'il faut que je l'en informe.
Tu m'menaces là ? T'as ptête lu des trucs sur moi qui t'font sentir tout-puissant mais t'es loin d'être innocent. Tu vois, j'suis pas sûr que Seito soit très heureux d'apprendre que tu m'voles mon journal et que tu fouines dedans.
Le regard vissé sur le sien à travers l'écran, j'le rapproche et continue sur un ton qui laisse peu de place au doute sur l'état de mes nerfs et de ma patience :
Comme tu dis, c'est pas une garde partagé non, Seito est pas un môme. Tu l'vois si tu veux, j'en ai rien à carrer, mais ça va dans les deux sens. Ce qu'il faut que tu piges, c'est qu'il n'y a pas que toi dans sa vie, y'a ses potes aussi. Et que tu m'aimes ou non, j'en fais parti, faut qu'tu fasses avec. Crois-moi, j'aurai très bien pu me passer de ce coup de fil, mais j'l'ai fait par respect pour votre couple, alors met de l'eau dans ton vin au lieu de m'agresser.
J'pousse un soupir pour essayer d'me calmer, puis finit :
M'occuper de mes potes, ça inclut Seito et faut qu'tu l'enregistres. Il a pas à choisir entre toi et nous, compris ?
"C'est une menace, oui." lance-t-il, sous l'élan de l'impulsivité.
Elle l’énerve tellement, cette possessivité qu'il relève au travers de ses mots. D'autant plus que ses reproches lui semblent complètement infondés. A quel moment les a-t-il empêchés de voir Seito ? De nombreuses fois, c'est lui qui n'a pas pu le voir parce qu'il avait déjà quelque chose de prévu avec eux. Est-ce que pour autant il en a fait tout un fromage ? Non. Et pourtant, il aurait aimé parfois. Alors, il n'apprécie franchement pas que Pablo lui casse du sucre sur le dos gratuitement.
"Mais ça n'a rien à voir avec ton journal." souligne-t-il.
Il n'a pas plus le temps de réfléchir en enchainant :
"Si je voulais parler, je n'aurais pas besoin de ton journal. Ce que tu m'as dit le jour de la st valentin suffit. Je me demande ce qu'il en penserait, Seito. A ton avis, qu est-ce qui s'excuse le plus facilement ça ou le fait d'avoir lu le journal que tu as laissé trainer ?" demande-t-il, l'arrogance sur la langue. "Après, si tu tiens à ce que je parle de ton journal, les réflexions et les insultes homophobes qui sont dedans sont suffisantes. Je n'ai pas besoin de raconter ta vie."
Cette conversation est d'un bien bas niveau, Mathéo en a conscience, mais la rancoeur qu'il éprouve pour cet épisode, combiné à la jalousie dont Pablo est à l'origine depuis qu'il sait qu'il a eu des sentiments pour Seito, et la colère qu'il éprouve de savoir qu'au fond cet abruti lui crache dessus parce qu'il n'est pas capable d'assumer ses attirances... c'est trop. Il aimerait lui clouer le bec une bonne fois pour toute.
Quoi ?
Comment ça rien a voir avec mon journal ? J'lui lance des piques, ok, mais même devant Mori et les autres en fait, alors j'vois pas- AH. ça... J'aurai préféré pas y repenser. Mes sourcils se froncent un peu plus sur mon regard, qui devie sur le côté deux secondes. J'suis pas hyper fier de ce moment, et j'ai pris du recul depuis :
Ouais, a propos de ça d'ailleurs je-
Mais Mathéo me coupe et se lance dans un procès sur place, ce qui m'agace rapidement. J'lui reconnaissait au moins d'être intelligent, mais s'il s'abaisse à ce genre de truc, que j'peux pas en placer une et qu'il ajoute de l'huile sur le feu, faut pas qu'il s'étonne si j'finis par exploser. Manquerait plus qu'il raconte ça à Mori alors que j'cherche un moyen de lui expliquer depuis un bail sans risquer de le faire se sentir mal ou autre vu qu'il prend toutes les remarques très à coeur et qu'il a l'imagination fertile. Raconter ma vie, en tout cas, j'le ferai en temps voulu. Pas besoin qu'il fasse ma bio.
Machoire serrée, il lui faut beaucoup de volonté pour se retenir de lui balancer l évidence à la figure. Ça n'est facile pour personne, il est bien placé pour le savoir. Cela fait des années qu'il se bat avec lui-même. Pour autant, il n a jamais agressé personne. Le fond d'empathie qu'il éprouve, sachant comme c est difficile, est la seule chose qui sauve Pablo d'une vérité balancée sur le feu. Au lieu de ça, il clarifie :
"Ton respect, tu peux te le mettre où je pense, Mora-san."
La politesse laissée là par habitude, uniquement en habillage. Qu'il ne vienne pas lui parler de respect après tout ça, est-ce qu'il sait seulement ce que c'est ??
"Tu es en train de me dire que vous aviez déjà prévu de le monopoliser demain. Est-ce que quelqu'un a pensé à moi ? De toute évidence, non. Ce n'est pas pour m'inviter que tu m'appelles, c'est pour t'assurer que je ne gênerais pas vos plans. Alors, tu peux te mettre ton hypocrisie là où je pense en supplément".
Ses mains tremblent sous l'énervement. Il n'a pas besoin de lui rappeler son lien avec Seito, il ne le sait que trop bien. Il ne risque pas de l'oublier de sitôt.
"Et je n'ai jamais demandé à ce qu'il choisisse entre vous et moi. Grandis un peu." le sonne-t-il en se levant pour aller ouvrir la fenêtre.
Il passe sur le balcon, il a besoin d'air ou il va finir par l'insulter pour de vrai.
"A partir de 17h, il sera avec moi pour le reste du week-end. Avant ça, vous faites bien ce que vous voulez. Tu as autre chose à dire ou je peux retourner étudier maintenant ?"
J'aurai ptête pas prononcé le mot "désolé" mais toute l'explication y aurait ressemblé. Là si j'peux me mettre mon respect ou j'pense, lui il peut se mettre mes potentielles excuses bien profond. Monsieur fait son plaidoyer tandis que j'serre les dents, ma mâchoire se contracte sous la colère face a l'écran. S'il était en face, il se serait pris une patate dans la tronche depuis quelques secondes déjà.
On t'as jamais appris à la fermer ? Tu joues les victimes, mais si j't'ai appelé c'est bien que j'en avais quelque chose à carrer, non ?! JODER...
Je peste avec sarcasme, passant la main dans mes cheveux sous le coup des nerfs.
J'te remercie d'y porter de l'intérêt mais mon cul s'porte bien sans y foutre quoi que ce soit. Le level de possessif, putain. J'sais pas comment il fait pour pas étouffer.
J'prends une inspiration pour essayer d'me contrôler, mais c'est compliqué de garder mon calme face à cet idiot.
T'as de la chance que tu sois pas devant moi, sinon ça se serait fini autrement, crois-moi. Faut ptête que j'grandisse mais toi t'as besoin de redescendre d'un étage, mec.
Je me relève du bord du toit pendant qu'il bouge, attendant qu'il s'arrête, un rictus de colère aux lèvres. Quand il fait face au téléphone et parle, j'réponds du tac au tac.
17h ouais, on verra. Tu mérites pas un mot d'plus de ma part, adios.
Irascible, j'lui fait un fuck d'ma main libre à défaut d'autre chose et raccroche, j'ai eu ma dose.
Devant l'écran éteint, Mathéo plisse les yeux. Un doigt d'honneur ? Vraiment ??? Et comment ça, "on verra" ?? On ne verra rien du tout, vieille tortilla en poudre !! Comment on peut être aussi énervant ?! Mathéo s'avachie contre le rebord du balcon.
"Quel connard ! Ça se serait passé autrement de quoi ??! Va te faire foutre !" jure-t-il en français.
Le type l'appelle pour l'emmerder et en plus il le traite de victime ?? Qui se fait passer pour la victime là ?? Bordel de...! Il prend une grande inspiration en relevant les yeux sur le ciel. Chhht. Zen. Calme toi, Mathéo. Ça ne sert à rien. Pense à Seito, ce n'est pas le moment qu'il subisse une scène. Oui. Mais quand même, il envoit : "17h. Il n'y a pas de "on verra". Et à moins d'un problème gravissime : ne m'appelle plus". Franchement, qu'est-ce qu'ils ont ces deux là ?? Et d'ailleurs, pourquoi Nolan a laissé Pablo l'appeler ? A quel moment il s'est dit que ce serait une bonne idée ? Même sans savoir les tréfonds de l'histoire, il se doute bien qu'ils ne s'apprécient pas. Il rentre pour s'échouer dans son lit. S'ils font exprès de retenir Seito demain il va les... urhrkdn...urhshdhd...uhhhguhdjd !!! Nouveau soupire, qu'on doit entendre depuis les enfers cette fois. Ça ne vaut pas le coup de se rendre malade pour ça. Il a des révisions à faire et un anniversaire à préparer. Hors de question qu'on lui gâche tout.
Voir Seito les yeux rougis, ça m'fait monter les nerfs en deux secondes. Un instant, j'pense à son mec en espérant qu'il s'est rien passé de grave, mais la suite m'apprend que c'est tout autre chose. La taquinerie à propos de sa lettre fait remonter le sujet de son anniversaire, et en le voyant préparer son linge sale, je m'empresse de demander :
Tu pars demain matin d'ailleurs, c'est ça ?
Nan, j’rentre pas, ils font déjà un truc.
Ah... Boarf, ça arrive toujours ce genre de programme foiré. C'est rien, ça fera plus de Mori pour nous ce weekend.
J'fais mine de rien en le regardant partir, tas de linge sous le bras, mais dès qu'il est sorti, je m'empresse d'appeler Nolan sur son portable. Impossible qu'on ne fasse rien ce weekend pour son anniversaire. S'en suit une longue discussion sur le programme à établir, et on finit par se dire qu'au moins, on pourra lui donner nos cadeaux le jour J. Un problème, ceci dit. Une ombre au tableau. Si Seito reste ici le jour de son anniversaire, y'a une autre personne qui va vouloir se l'accaparer. Mon engouement retombe un peu en soufflé, j'soupire et finit par dire :
J'vais m'occuper de Mathéo, t'as qu'à m'envoyer son numéro, moi j'fais rien ce soir. Passe une bonne soirée avec Tsu !
Accord conclu, j'raccroche et appelle le numéro que j'reçois sans même prendre le temps de l'enregistrer.
Nagarjuna, Dôgen, Kitarô Nishida... trois noms rattachés au concept du "Mu", trois penseurs à l’avoir réinterprété depuis la tradition Zen. Mathéo se gratte la tête avec son crayon, assit un pied sur son fauteuil, accoudé sur son genou, l'autre jambe moitié en tailleur, autrement dit : n’importe comment. Hah... Ces cours de philosophie vont le rendre dingue. Le concept du "Mu" renvoie au vide et à l'absence, cela devrait lui parler mais rien n'y fait, il n'arrive pas à se concentrer. Il pense à Seito, demain c’est son anniversaire et il ne sait toujours pas s'il sera présent ou pas. Absence, présence... Une étrange sensation lui picore le ventre. En désespoir, il attrape son téléphone pour vérifier. Toujours aucune nouvelle. Pourtant, que cela soit demain ou plus tard, il sait qu'il pourra tout de même le fêter avec lui. Alors pourquoi se sent-il anxieux face à cette absence de nouvelles ? Ah... Son téléphone sonne. Numéro inconnu. Déçu, il raccroche. Son tel retrouve sa place plus loin et il se recentre sur son livre.
Se faire raccrocher au nez aussitôt ? Pas étonnant, un numéro inconnu, j'aurai fait la même. Mais une erreur de numéro, ça t'rappelle pas aussitôt. J'appuie de nouveau sur l'écran tactile pour appeler Mathéo, assis sur le lit.
Mathéo tapote le bout gommé de son crayon contre sa lèvre. Les lignes et les mots s'entremêlent sur son cahier. Arf, il ne va jamais réussir à se concentrer. A nouveau son téléphone vibre, il se penche dessus pour vérifier mais ce n’est toujours pas Seito. Plus attentif, il vérifie le numéro. C'est certain, il ne le connait pas. Hop, il le passe en silencieux et laisse sonner dans le vide. Sûrement une erreur.
Raccroché, encore. J'fronce les sourcils, rappelle une troisième fois. Cette fois, ça sonne dans le vide, puis le répondeur… Et quel répondeur, mes aïeux.
"Bonjour. Vous êtes bien sur le répondeur de Mathéo Takahashi. Je m'excuse de ne pouvoir vous répondre. Je vous invite à me laisser un message, je vous rappellerai dès que possible. Merci. Bonne journée"
J'roule des yeux en l'entendant, le répondeur est aussi coincé que son propriétaire. Il se prend trop au sérieux celui-là. J'soupire, et commence à m'demander si Mori aurait pas donné mon numéro à Mathéo pour X raisons au cas où, et que ce c*nnard m'raccroche au nez volontairement. Mais j'me dit aussi que Seito donnerait pas mon numéro comme ça, vu qu'il me connait bien. Je soupire et finit par envoyer un message :
C'est Mora, décroche.
Puis rappelle.
La troisième fois est de trop, Mathéo délaisse son téléphone et ses cahiers pour aller manger. Il est tout seul ce soir mais Naoki a dû lui laisser quelque chose à manger. En ouvrant le frigo, il se sent comme un chat, à la recherche de ce qu'on lui a préparé. Haha... Ce n'est pas correct de compter autant sur son ami pour se nourrir mais quel plaisir de découvrir un Tupperware avec son prénom dessus. En mettant la boite au micro-ondes, il se dit qu'il appellera Seito vers 20h, s'il ne l’a toujours pas tenu au courant.
Toujours pas de réponse. Cette fois ci je soupire, écrivant un dernier message.
Rappelle avant le couvre-feu, ça urge. Et m'raccroche plus au nez.
[…]
vers 22 heures.
Seito est parti. Mathéo respire l'air frais du soir en faisant chemin arrière pour rentrer chez lui. Il aura au moins pu le raccompagner. Il ne devrait pas, c'est du plus haut niveau d'égoïsme, mais il est tout de même heureux de savoir qu'il pourra fêter son anniversaire avec lui demain. L'adrénaline nécessaire pour lui donner le courage d'appeler ses parents redescend doucement mais sûrement. Il n'en revient toujours pas... d'avoir eu les parents de Seito au téléphone. D'avoir réussi à obtenir leur autorisation.... S'il ne savait pas Seito si triste, il en serait des plus heureux. Entre peine et bonheur, son coeur dérive. Il déteste savoir Seito dans cet état. Ça lui brise le coeur. Il soupire, lourdement. Il lui faut réfléchir à quoi préparer demain, une longue journée de préparation l'attend s'il veut essayer de lui remonter un peu le moral ! Vers 22h, après avoir pris sa douche et s'être mis en pyjama, il retourne à son bureau travailler. Ah, c'est donc ici qu était son téléphone. Il l'attrape rapidement pour enclencher son chrono. Ses yeux accrochent sur un message "C'est Mora (...)". Il cligne des yeux. Mora ? Comme... Pablo Mora ? Non... Comment il pourrait avoir son numéro ? Il s'empresse d'ouvrir le message. C était lui le numéro inconnu tout à l'heure ?? Il plaque son portable sur le bois du bureau. Non. Il ne rappellera pas.
Qu'est-ce qu'il lui veut ?? Qu'il aille au diable, danser en enfer. Il reprend son crayon et rouvre ses cahiers de philo. Mais... il lui a écrit que ça urge... Si c'est à propos de Seito ? Sa tête tombe contre son bureau. Pourquoi est-ce qu'il faut que ce type soit dans sa vie ? Il reprend son portable et crache tout l’air de ses poumons avant de rappeler.
Assis sur le bord du toit que je squatte de temps en temps, la vue sur la mer et les cadeaux emballé posé à côté de moi, je fume une dernière cigarette avant de rentrer. Sentir la bouffée de fumée chaude parcourir ma trachée alors que le froid commence à mordre en ce début de novembre, ça a quelque chose de grisant. J'inspire une nouvelle fois, quand mon téléphone se met à sonner. Faudra que je pense à changer cette sonnerie d'ailleurs, maintenant que j'peux mettre ce que j'veux.
Un sourire en coin, j'raccroche au nez de Mathéo, et le rappelle en visio, soufflant la fumée par le nez avec une p’tite satisfaction mal placée.
Mathéo éloigne son portable pour vérifier. Oui, ça vient bien de couper. Est-ce qu'il a raccroché ? Il souffle. Ça commence bien... Il reporte son tel à son oreille en entendant sa voix.
"Vous êtes sur le répondeur de Pablo Mora ! Et si vous êtes là, c'est que moi j'le suis pas ! Laissez un message, adios ! "
Evidemment, même son répondeur est agaçant. Ça doit être son super-pouvoir, de savoir irriter les autres à la vitesse de la lumière. Tant pis, s'il ne répond pas, c’est que ça n'"urgeait" pas tant que ça. Il s'apprête à reposer son portable quand il resonne. L'écran lui arrache une expression de stupeur. Il... l'appelle en visio maintenant ? Pour quoi faire ??? Mathéo hésite un instant, il baisse les yeux sur sa tenue... il est en pyjama... on ne répond pas en pyjama. C'est impoli et franchement pas à son avantage. Arf. Après s'être replacé rapidement quelques mèches de cheveux encore humides, il trouve le courage - ou la folie, il finit par se demander s 'il va si bien que ça ce soir ! - de décrocher. La première chose qu'il voit, c’est un nuage de fumée, ce qui l’agace particulièrement. Ça lui rappelle que cet abruti a fait fumer Seito. Adieu la politesse, il va à l’essentiel.
"Qu'est-ce que tu veux ?"
Lorsque la fumée se dissipe, Mathéo apparait à l'écran.
Agaçant, hein ?
Je tire une latte et souffle la fumée de côté cette fois, pour éviter de masquer l'écran. J'suis sur que lui aussi n'a pas aimé se faire raccrocher au nez, vu l'accueil. Je m'empresse de poursuivre, histoire qu'il ne raccroche pas pour de bon cette fois.
Mais y'a plus urgent que se râler dessus. C'est à propos de Seito.
Observant vite fait son allure, j'ajoute, amusé en voyant son pyjama :
Enfin, si ça t'dérange pas de reculer ton sommeil de quelques minutes.
Ne comprenant pas où il veut en venir, Mathéo reste stoïque. Agaçant, oui, il l'est. Ça, c'est certain. Plus encore à se pavaner devant l écran avec sa cigarette pour jouer le bad boy. Il tient bon néanmoins, en entendant que cela concerne Seito. Son visage perd de son impassabilité, ses sourcils se froncent avec sérieux Il avait vu juste. Sa remarque, en revanche, il s'en serait bien passé.
"J'étudie. Tu devrais essayer, ça ne te ferait pas de mal." peste-t-il, piqué.
Il aurait été plus présentable s'il ne l'avait pas pris au dépourvu !
"Au lieu de trainer et de tuer ta santé, en plus d'essayer de ruiner celle des autres sur ton temps libre" ne peut-il s'empêcher de rétorquer.
Comme il n'a absolument pas envie que cet appel ne dure plus longtemps que nécessaire, il recentre la conversation.
"Qu'est-ce que tu voulais me dire à propos de Seito ?"
Je souris de plus belle quand il m'attaque sur mes notes. Evidemment que je m'attends à ce genre de remarque, venant d'un intello de son genre. La remarque qui suit me fait rouler des yeux.
Si j'avais besoin de m'faire recadrer, j'aurai appelé quelqu'un d'autre. Être plus vieux, ça t'oblige pas à jouer les darons tu sais. Pas d'ma faute si tu sais pas t'amuser.
Encore un truc qu'il a lu dans le journal j'imagine.
D'ailleurs, j'espère que t'es pas allé étalé ce que t'as lu depuis. Mais c'est pas pour ça que j't'appelle.
Je soupire, tire une bouffée puis la souffle, avant d'écraser ma cigarette sur le rebord du toit, posant le téléphone face aux étoiles le temps de l'opération. J'coince le mégot contre le rebord pour le jeter plus tard, reprend le téléphone et revient au sujet du soir, bien plus sérieux d'un coup :
C'est l'anniversaire de Seito demain, mais tu le sais déjà. Tu l'as vu ce soir ? Eu au téléphone ?
Le "conseil" de Pablo lui glisse dessus. Il a tellement l'habitude que ses sœurs l'accusent de jouer au père avec elles qu'il n’y prête même plus attention. Ce n'est pas lui qui joue les "darons", c'est seulement que leur écart de maturité est aussi grand que celui entre les Amériques et la Russie. Il sait s'amuser et prendre des risques pour sa santé n'a rien d'amusant. A sa remarque concernant son journal, il s'apprête à répondre mais se ravise. Si ce n’est pas pour ça qu'il appelle, autant ne pas en reparler. De toute façon, il lui a dit tout ce qu’il avait à dire en le lui rendant. Un soupire vide ses poumons alors que les cieux s'affichent sur l’écran. Bon sang... il ne peut pas se concentrer 5min ? A croire qu'il le fait exprès. Quand il réapparait, Mathéo acquiesce, faisant mine de lire quelque chose à côté. Il sent que la suite va lui tirer sur les nerfs.
"Oui, je l'ai vu ce soir. Pourquoi ?" demande-t-il, l'air de rien.
Il se peut que Seito ne lui ai rien dit et il ne compte pas vendre son secret.
J'imagine qu'il te l'a dit, mais au cas où, il reste ce week-end au final. T'étais au courant ?
Est ce que j'aurai informé Mathéo si Seito n'avait pas été là bas et que j'étais pas presque sûr qu'il aurait parlé ? Je ne sais pas. Mais l'amitié passe avant la fierté, et dans la situation inverse, si les plans d'Emma tombaient à l'eau et qu'elle se retrouvait coincé au campus, j'aurai apprécié qu'on m'le dise.
Il était mal tout a l'heure.
C'est pas pour le faire culpabiliser, au contraire. Seito cache ptête pas ses yeux rouges, mais il a vite filé pour mettre ça sous le tapis, alors ptête qu'il en a fait autant avec lui.
Mathéo prend une grande inspiration en délaissant la feuille qui avait faussement son attention. Ses yeux se pointent sur l'écran, de nouveau très sérieux.
"Je sais, oui." répond-t-il.
Il s'abstient de préciser qu'il n'allait toujours pas bien ce soir et prend les devants en annonçant :
"J'ai eu ses parents au téléphone, il va passer le week end chez moi. Si ça peut te rassurer, il ne sera pas seul."
Fatigué, il passe une main sur son visage pour se frotter les yeux.
"Je suppose que tu m'appelles parce que tu voulais organiser quelque chose ?"
Ouais, c'est même déjà tout vu. Avec Nolan, on a prévu d'inviter les potes et le fêter avec lui demain dans la journée.
Parce que clairement, j'compte pas annuler pour un sou. On s'est trop hypé pour ça et Nolan doit déjà en avoir parlé aux autres.
Mais vu que t'existes, j'me suis dit que j'pourrais au moins être sympa vis a vis de Mori et te prévenir, ce que t'as pas envisagé toi visiblement.
Quand j'dis qu'il est chelou ce mec. Cringe, jaloux et possessif, égoïste même a le garder pour lui sans penser que ses potes voudraient avoir droit de le fêter avec, eux aussi. Mon regard garde son sérieux, le juge presque.
Histoire que tu l'attendes pas dans le vide et que t'ai quand même le reste du weekend avec lui. D'être réglo, quoi.
L'idée était bonne, le ton l'est beaucoup moins. L'air sérieux de Mathéo prend des airs ombragés, l'orage menace dans ses iris. Comment ça, "c'est déjà tout vu ?". S'il comprend bien, il ne l'appelle pas pour organiser quelque chose mais pour le prévenir que Seito sera déjà pris. Un rictus nerveux lui traverse les lèvres alors qu'il l’écoute déblatérer son poison. Mots après mots, il sent la colère lui grimper depuis les pieds. Quand Pablo en a fini avec les explications, il répond, dans un calme qui l’est beaucoup trop pour être naturel.
"Mora-san... C'est moi qui vais être sympa avec toi en te prévenant : tu devrais éviter de jouer à ce jeu-là avec moi. Tu as plus à y perdre que moi".
Maintenant il est énervé.
"Je n'ai appris que ce soir que Seito resterait ce week-end, lorsqu'il est passé me voir. Je lui ai proposé de passer le week end ensemble, il m'a dit oui. En quoi est-ce qu'on devrait avoir ton autorisation pour se voir ?" ajoute-t-il, la voix tranchante.
Il serre ses freins, s’énerver contre lui maintenant n amènerait rien de bon et Seito va déjà mal, il n'a pas besoin que les gens auxquels il tient s'entretuent. Bien que ça le tue de considérer Pablo parmi ses proches. Il essaye donc d’être conciliant, même si c’est l’hopital qui se fout de la charité étant donné qu'ils ont prévu quelque chose sans lui et toute la journée de demain. S'il ne pouvait voir Seito le soir, il ne l'aurait donc pas vu de la journée.
"Je travaille demain alors je lui ai donné rendez-vous à 17h. Avant ça, il est libre. Si vous voulez lui souhaiter son anniversaire, vous le pouvez. C'est avec lui qu'il faut voir ça, pas avec moi."
Mais juste pour être bien au clair, parce qu'il n'apprécie vraiment pas le ton avec lequel Pablo lui a annoncé la couleur, il termine, yeux rivés sur l’écran.
"Nous ne sommes pas en garde partagée. Et j’apprécierais que tu t'occupes de ta copine et de ses amis, plutôt que de venir mettre un Véto sur l’emploi du temps de mon copain."
Attends, il me menaces là ? J'fronce les sourcils aussitôt, le regard noir. J'le laisse finir de parler, mais j'vais devoir lui apprendre un truc, parce que visiblement il me connait mal. On me menace pas à la légère, j'crois qu'il faut que je l'en informe.
Tu m'menaces là ? T'as ptête lu des trucs sur moi qui t'font sentir tout-puissant mais t'es loin d'être innocent. Tu vois, j'suis pas sûr que Seito soit très heureux d'apprendre que tu m'voles mon journal et que tu fouines dedans.
Le regard vissé sur le sien à travers l'écran, j'le rapproche et continue sur un ton qui laisse peu de place au doute sur l'état de mes nerfs et de ma patience :
Comme tu dis, c'est pas une garde partagé non, Seito est pas un môme. Tu l'vois si tu veux, j'en ai rien à carrer, mais ça va dans les deux sens. Ce qu'il faut que tu piges, c'est qu'il n'y a pas que toi dans sa vie, y'a ses potes aussi. Et que tu m'aimes ou non, j'en fais parti, faut qu'tu fasses avec. Crois-moi, j'aurai très bien pu me passer de ce coup de fil, mais j'l'ai fait par respect pour votre couple, alors met de l'eau dans ton vin au lieu de m'agresser.
J'pousse un soupir pour essayer d'me calmer, puis finit :
M'occuper de mes potes, ça inclut Seito et faut qu'tu l'enregistres. Il a pas à choisir entre toi et nous, compris ?
"C'est une menace, oui." lance-t-il, sous l'élan de l'impulsivité.
Elle l’énerve tellement, cette possessivité qu'il relève au travers de ses mots. D'autant plus que ses reproches lui semblent complètement infondés. A quel moment les a-t-il empêchés de voir Seito ? De nombreuses fois, c'est lui qui n'a pas pu le voir parce qu'il avait déjà quelque chose de prévu avec eux. Est-ce que pour autant il en a fait tout un fromage ? Non. Et pourtant, il aurait aimé parfois. Alors, il n'apprécie franchement pas que Pablo lui casse du sucre sur le dos gratuitement.
"Mais ça n'a rien à voir avec ton journal." souligne-t-il.
Il n'a pas plus le temps de réfléchir en enchainant :
"Si je voulais parler, je n'aurais pas besoin de ton journal. Ce que tu m'as dit le jour de la st valentin suffit. Je me demande ce qu'il en penserait, Seito. A ton avis, qu est-ce qui s'excuse le plus facilement ça ou le fait d'avoir lu le journal que tu as laissé trainer ?" demande-t-il, l'arrogance sur la langue. "Après, si tu tiens à ce que je parle de ton journal, les réflexions et les insultes homophobes qui sont dedans sont suffisantes. Je n'ai pas besoin de raconter ta vie."
Cette conversation est d'un bien bas niveau, Mathéo en a conscience, mais la rancoeur qu'il éprouve pour cet épisode, combiné à la jalousie dont Pablo est à l'origine depuis qu'il sait qu'il a eu des sentiments pour Seito, et la colère qu'il éprouve de savoir qu'au fond cet abruti lui crache dessus parce qu'il n'est pas capable d'assumer ses attirances... c'est trop. Il aimerait lui clouer le bec une bonne fois pour toute.
Quoi ?
Comment ça rien a voir avec mon journal ? J'lui lance des piques, ok, mais même devant Mori et les autres en fait, alors j'vois pas- AH. ça... J'aurai préféré pas y repenser. Mes sourcils se froncent un peu plus sur mon regard, qui devie sur le côté deux secondes. J'suis pas hyper fier de ce moment, et j'ai pris du recul depuis :
Ouais, a propos de ça d'ailleurs je-
Mais Mathéo me coupe et se lance dans un procès sur place, ce qui m'agace rapidement. J'lui reconnaissait au moins d'être intelligent, mais s'il s'abaisse à ce genre de truc, que j'peux pas en placer une et qu'il ajoute de l'huile sur le feu, faut pas qu'il s'étonne si j'finis par exploser. Manquerait plus qu'il raconte ça à Mori alors que j'cherche un moyen de lui expliquer depuis un bail sans risquer de le faire se sentir mal ou autre vu qu'il prend toutes les remarques très à coeur et qu'il a l'imagination fertile. Raconter ma vie, en tout cas, j'le ferai en temps voulu. Pas besoin qu'il fasse ma bio.
Machoire serrée, il lui faut beaucoup de volonté pour se retenir de lui balancer l évidence à la figure. Ça n'est facile pour personne, il est bien placé pour le savoir. Cela fait des années qu'il se bat avec lui-même. Pour autant, il n a jamais agressé personne. Le fond d'empathie qu'il éprouve, sachant comme c est difficile, est la seule chose qui sauve Pablo d'une vérité balancée sur le feu. Au lieu de ça, il clarifie :
"Ton respect, tu peux te le mettre où je pense, Mora-san."
La politesse laissée là par habitude, uniquement en habillage. Qu'il ne vienne pas lui parler de respect après tout ça, est-ce qu'il sait seulement ce que c'est ??
"Tu es en train de me dire que vous aviez déjà prévu de le monopoliser demain. Est-ce que quelqu'un a pensé à moi ? De toute évidence, non. Ce n'est pas pour m'inviter que tu m'appelles, c'est pour t'assurer que je ne gênerais pas vos plans. Alors, tu peux te mettre ton hypocrisie là où je pense en supplément".
Ses mains tremblent sous l'énervement. Il n'a pas besoin de lui rappeler son lien avec Seito, il ne le sait que trop bien. Il ne risque pas de l'oublier de sitôt.
"Et je n'ai jamais demandé à ce qu'il choisisse entre vous et moi. Grandis un peu." le sonne-t-il en se levant pour aller ouvrir la fenêtre.
Il passe sur le balcon, il a besoin d'air ou il va finir par l'insulter pour de vrai.
"A partir de 17h, il sera avec moi pour le reste du week-end. Avant ça, vous faites bien ce que vous voulez. Tu as autre chose à dire ou je peux retourner étudier maintenant ?"
J'aurai ptête pas prononcé le mot "désolé" mais toute l'explication y aurait ressemblé. Là si j'peux me mettre mon respect ou j'pense, lui il peut se mettre mes potentielles excuses bien profond. Monsieur fait son plaidoyer tandis que j'serre les dents, ma mâchoire se contracte sous la colère face a l'écran. S'il était en face, il se serait pris une patate dans la tronche depuis quelques secondes déjà.
On t'as jamais appris à la fermer ? Tu joues les victimes, mais si j't'ai appelé c'est bien que j'en avais quelque chose à carrer, non ?! JODER...
Je peste avec sarcasme, passant la main dans mes cheveux sous le coup des nerfs.
J'te remercie d'y porter de l'intérêt mais mon cul s'porte bien sans y foutre quoi que ce soit. Le level de possessif, putain. J'sais pas comment il fait pour pas étouffer.
J'prends une inspiration pour essayer d'me contrôler, mais c'est compliqué de garder mon calme face à cet idiot.
T'as de la chance que tu sois pas devant moi, sinon ça se serait fini autrement, crois-moi. Faut ptête que j'grandisse mais toi t'as besoin de redescendre d'un étage, mec.
Je me relève du bord du toit pendant qu'il bouge, attendant qu'il s'arrête, un rictus de colère aux lèvres. Quand il fait face au téléphone et parle, j'réponds du tac au tac.
17h ouais, on verra. Tu mérites pas un mot d'plus de ma part, adios.
Irascible, j'lui fait un fuck d'ma main libre à défaut d'autre chose et raccroche, j'ai eu ma dose.
Devant l'écran éteint, Mathéo plisse les yeux. Un doigt d'honneur ? Vraiment ??? Et comment ça, "on verra" ?? On ne verra rien du tout, vieille tortilla en poudre !! Comment on peut être aussi énervant ?! Mathéo s'avachie contre le rebord du balcon.
"Quel connard ! Ça se serait passé autrement de quoi ??! Va te faire foutre !" jure-t-il en français.
Le type l'appelle pour l'emmerder et en plus il le traite de victime ?? Qui se fait passer pour la victime là ?? Bordel de...! Il prend une grande inspiration en relevant les yeux sur le ciel. Chhht. Zen. Calme toi, Mathéo. Ça ne sert à rien. Pense à Seito, ce n'est pas le moment qu'il subisse une scène. Oui. Mais quand même, il envoit : "17h. Il n'y a pas de "on verra". Et à moins d'un problème gravissime : ne m'appelle plus". Franchement, qu'est-ce qu'ils ont ces deux là ?? Et d'ailleurs, pourquoi Nolan a laissé Pablo l'appeler ? A quel moment il s'est dit que ce serait une bonne idée ? Même sans savoir les tréfonds de l'histoire, il se doute bien qu'ils ne s'apprécient pas. Il rentre pour s'échouer dans son lit. S'ils font exprès de retenir Seito demain il va les... urhrkdn...urhshdhd...uhhhguhdjd !!! Nouveau soupire, qu'on doit entendre depuis les enfers cette fois. Ça ne vaut pas le coup de se rendre malade pour ça. Il a des révisions à faire et un anniversaire à préparer. Hors de question qu'on lui gâche tout.
Made by Meuh
Pablo te rentre dedans en #cc0000
Time will only make it worse but was it all well deserved ?
So small in a massive universe, I'll find my place when I stop living with this curse
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