Peut-on faire la paix quand il n'y a jamais eu de guerre ? [Ft. Chandini]

Il y avait eu un changement.
D'ordinaire, tu n'adressais plus qu'un simple bonjour à Milan. Tu avais fini par comprendre qu'il n'arriverait pas à plus et même ça, il finissait  par partir en 4ème vitesse. C'était comme ça qu'il était, Milan, depuis le temps, tu avais fini par accepter cette partie de lui. Alors tu faisais ta vie, lui faisait la sienne. Tu ne lui demandais même plus comment il allait, tu t'étais contentée jusqu'à présent de simplement lui envoyer par mail les cours que vous aviez en commun quand il avait l'audace de ne pas venir et foutre en l'air la fin du premier et le début de son second semestre. Ce serait bête de rater son année, sa dernière année. Pas après avoir quitté sa famille, ses amis, avoir enchaîné les petits boulots… Beaucoup trop bête.

Pourtant, à ta grande surprise, cela fait plusieurs fois que Milan semble vouloir reprendre contact. Il ne s'enfuit plus après que vous vous soyez salués. Il ne fuit plus tes regards. Et la cerise sur le gâteau, le pompon sur le Gange : il te propose de le retrouver, ce dimanche après-midi, à la plage. Pour parler. Tu avais été plus que surprise par cette proposition quelque peu étrange. Vous pouviez le faire sur le campus, il y avait un grand espace vert, ou même sur le toit désormais ouvert et sécurisé. Tu ne savais pas vraiment quoi en penser mais tu savais une chose : que tu devrais faire attention à ta tenue. Pas de manière à ce qu'il voit que tu avais beaucoup de temps à t'apprêter, non. Plutôt de manière… normale, comme pour aller en cours, mais en un peu mieux. Un tee-shirt tout simple agrémenté de quelques fleurs brodées, des baskets noires et un short en daim marron. Même s'il faisait encore très doux, le bord de mer était toujours plus frais, alors tu prenais avec toi un gilet blanc pour te tenir au chaud si le temps se rafraichissait. Tu pris ta petite bouteille d'eau, des mouchoirs, ta batterie externe et tes écouteurs. Ton sac sur l'épaule, tu étais prête à rejoindre le blondinet et marchas tranquillement. Tu étais partie sans trop chercher à te maquiller non plus. En passant devant une vitrine, tu arrangeas tout de même un peu ton reflet avec un coup d'encre sur tes lèvres pour les rehausser d'un faible rouge qui partirait sur le bordeaux en séchant. Tu défis tes cheveux pour les recoiffer avec un effet décoiffé et repris ta route, musique dans les écouteurs.

Finalement, tu le voyais. Tu lui fis un petit signe de la main en continuant de t'approcher, marchant prudemment dans le sable pour le rejoindre.

« Salut. Merci d'avoir accepté de venir. Tu... tu vas bien ?
- Hmm oui, ça va merci. »

Tu ne savais pas trop ce qu'il voulait faire alors tu restais debout, face à lui. Voulait-il marcher ou s'installer ? Tu lui demandas comment ça allait de son côté. C'était important quand même.

tenue

Le blondinet te proposait de marcher. Tu acquiesças d'un simple signe de la tête. Vous gardiez chacun le silence, attendant que l'autre parle, ou peut-être pour trouver le courage de reprendre la parole afin de dire quelque chose d'autre. Tu avais envie de lui demander comment il allait vraiment, ce qu'il avait fait pour se retrouver avec une tête de fatigué les fois où tu le voyais en cours… Mais non, ça ne se faisait pas. Alors tu patienterais. Tu semblais être douée pour ça. Et puis les mots sortirent de sa bouche : des excuses. Elles semblaient sincères. Tu avais une étrange impression qu'il exprimait pour une rare fois ce qu'il avait sur le cœur sans faire trop de détours inutiles.

« Ça n'excuse en rien mon silence radio je le sais bien, et je me doute que ça a aussi dû être difficile de ton côté alors, je ne me voyais pas juste revenir te parler, comme ça, sans te fournir un minimum d'explications et prétendre que tout allait toujours pour le mieux entre nous. Et même si je sais que je peux toujours compter sur toi, que tu continues toujours à m'envoyer tous les cours que je manque, je voudrais, eh bien, m'assurer que tu es toujours d'accord pour qu'on continue à passer du temps ensemble, discuter, ce genre de choses qu'on faisait avant en fait. »

Tu ne répondis rien. Tu voulais être sûre d'avoir bien tout compris et répétais ses mots avec un petit sourire aux lèvres alors que tu regardais le sable à vos pieds.

« Ca me ferait vraiment plaisir, Milan ~ »

Pouvoir vous parler et retrouver une relation purement amicale, c'était ce que tu souhaitais depuis plusieurs mois. Le seul obstacle à ça, c'était que Milan, lui, n'était pas prêt pour ça. Tu te demandais pourquoi il l'était maintenant. L'acceptation de votre séparation ? L'envie que vous soyez de nouveau ensemble ? Peut-être avait-il tiré un trait définitif sur une relation plus qu'amicale entre vous, ce qui rendait cette démarche bien plus facile pour lui. Tu n'en savais rien et c'était peut-être encore un peu trop tôt pour lui poser ces questions ? À la place, tu l'invitas à s'asseoir : il y avait des marches et des rochers qui n'attendaient que vos petits fessiers.

« Tu as toujours eu besoin de temps… beaucoup de temps, à chaque fois que tu devais remettre de l'ordre dans tes idées, ça pouvait y ressembler mais tu ne lui reprochais rien, Est-ce qu'il y a eu… quelque chose ? »

En fait, non. Tu étais curieuse, bien trop curieuse. Tu voulais savoir pourquoi maintenant. Pourquoi pas avant, ni après. Tu jouais avec tes doigts, impatience ou stress ? C'était tout de même un peu compliqué d'être si proche de lui et de ne pas pouvoir le toucher, l'attraper par le bras, lui tenir la main ou simplement l'enlacer. Mais tout ça, c'était de ta faute Chandi. Uniquement la tienne.

tenue

Il n'y avait aucune tension entre vous alors que vous sembliez chacun parler avec prudence, faure attention aux mots, au ton, aux expressions utilisés.
Te séparer de Milan, ce n'était pas une décision prise parce que tu ne ressentais plus rien pour lui. Bien au contraire. Malgré la vérité, tu continuais de l'aimer mais des interrogations, des peurs, des doutes t'avaient sans cesse assaillis. Était-ce de la folie ou de la raison tu n'en savais rien mais Milan ne te faisait aucunement peur. Tu ne le craignais pas et tu te disais que c'était normal puisqu'il se montrait toujours si gentil, rigolo et avenant. Elle était, toute la difficulté de rester avec lui. Cette impression que le jeune homme que tu avais connu n'existais pas, que tout était faux depuis des années.

« Sans toi, mon arrivée à Kobe aurait été bien plus compliquée. Et je n'aurais sûrement pas poursuivi mes études. J'ai beau connaitre beaucoup de monde, eh bien, sans toi, ce n'est pas pareil.
— Sans moi, tu n'aurais pas vraiment eu de raison de choisir Kobe… Tu aurais pu rejoindre une meilleure université après ce qu'il s'est passé, et je suis sûre que tu aurais réussi… Tu aurais pu aller à Tokyo…, tu retiras tes chaussures à l'aide de tes pieds et t'accoudas sur les marches arrières, Mais c'est vrai que ça aurait été très différent sans toi, ici. », finis-tu.

Tu le regardais avec un faible sourire. Faire le point sur vos ressentis semblait être le bon moment alors pourquoi ne pas se lancer ? L'une des choses que tu regrettais le plus avait été la première rencontre entre tes parents et lui, parce que tu avais eu bien trop peur de leur avouer dès ton premier jour de cours à Sendai que cette ville d'Italie était masculine. Même si ta mère lui en avait voulu sur le moment, c'était plus à toi, sa menteuse de fille à qui elle avait reproché ce mensonge qui durait depuis des années. Tu ne leur avais d'ailleurs pas dit que c'était terminé, et il arrivait que tes parents te demandent parfois comment il allait. La seconde, c'est que tu ne pourras JAMAIS rencontrer ses parents. Et ça, pour une personne comme toi, c'était impossible.

« C'est juste… même si je comprends mieux pourquoi, et que je comprends que tu veuilles me protéger, ça reste extrêmement blessant. Ça donne l'impression de ne pas valoir grand chose, de n'être présente dans ta vie que pour un court instant qui n'en vaudra pas tellement la peine. »

Tu avais pu rencontrer les parents de personnes, d'amis, rencontrés bien plus récemment que lui. Ça devait probablement jouer, plus ce que les personnes autour de toi pouvaient dire en apprenant qu'après toutes ces années, même en tant qu'amie, tu n'étais qu'une inconnue parmi d'autres aux yeux des parents de ton petit-ami. Ex petit-ami. Tu soupiras faiblement, en lâchant que tout ceci n'avait probablement plus d'importance.

« Et l'installation dans ton appartement, comment ça se passe ? Tes voisins ne font pas trop de bruits ? »

Il te semblait que son père devait l'aider, ou lui prendre un appartement pour la rentrée de Septembre. Mais tu n'avais plus de nouvelles sur ça. Pourtant, ça n'avait pas été très compliqué de savoir qu'il avait bien quitter le dortoir puisque son nom n'apparaissait plus sur la plaquette qui indique les occupants de la chambre. Et dans le doute, tu les avais toutes vérifiées, aucune ne portait l'un de ses noms de famille. Il avait donc désormais son propre chez lui. Ça te manquait ça aussi…

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Chacun minimisait l'impact qu'il avait pu avoir sur l'autre. Une partie de tennis durant laquelle vous vous renvoyiez sans cesse la balle sans l'accepter. Ce n'était certainement pas pour ça que tu étais là. Et ce n'était certainement pas pour te rentendre parler de sa famille que Milan t'avait demandé de venir. Mais à l'entendre parler de sa galère pour obtenir et garder un emploi… tu ris faiblement.

« Tu aurais probablement eu plus de succès à Tokyo en tant que Light ~ »

En y repensant, c'était la seule fois où le blondinet s'était énervé contre toi, ton insistance, ton entêtement à t'inquiéter pour lui. Il avait haussé le ton pour ensuite s'excuser.

Milan restait silencieux après que tu lui aies dit ce que tu ressentais vis-à-vis de la non présentation à sa famille. C'était assez… attristant, de voir qu'au final, ça ne changerait jamais. Eux pouvaient te connaître mais pas toi. Le visage d'Akira te revenait alors que ton regard scrutait la ligne d'horizon. Tu la revoyais t'aborder de façon si… suspecte pour la trouillarde que tu étais. Sa façon de te parler ce jour-là, de te regarder… S'ils étaient liés, et c'était bien le cas, alors tu n'étais pas qu'une pauvre folle et paranoïaque apeurée par tout et rien, qui se méfierait même de son ombre.

Le blondinet coupa court à ton plongeon dans tes souvenirs en te disant qu'au final, il n'était pas aussi souvent que tu le pensais dans son nouveau cocon, et qu'en plus, le voisinage était plutôt calme. C'était comme ça que tu interprétais son “je crois que le bruit ne me dérange pas tant que ça.”. Tu avais du mal à croire que le bruit ne pourrait pas déranger un étudiant quand il devait réviser. Mais soit.

« Tu sais, si j'ai mis autant de temps avant de réussir à te demander de sortir avec moi, c'est parce que je savais bien que ma famille allait poser problème à un moment, d'une façon ou d'une autre. Alors, je comprends ton choix et je l'accepte bien sûr, seulement, il y a quelque chose que je ne suis pas sûr de bien comprendre.
— ? Dis-moi tout. »

Tu ne savais pas ce qu'il voulait te demander. Pourquoi tu étais tombée amoureuse de lui ? Tu ne pourrais pas lui répondre avec précision. C'était un ensemble de plusieurs choses. Ou peut-être qu'il se demandait si tu lui en voulais encore ? Et pourquoi à lui sous qu'il n'avait rien fait ? Non. Rien de tout ça. Il avait tant de questions et pourtant, son regard ne se posait plus sur toi.

« Tu m'as dis ne plus être capable de me faire confiance, ne plus savoir ce que tu peux croire ou non venant de moi. Tu es sûre que... tu tiens à ce qu'on reste amis malgré ça ? »

Comment lui répondre ? Que lui répondre ? Tu semblais touchée par cette interrogation, comme s'il avait su avec précision où viser pour faire mal. Lui répondre semblait compliqué, ta gorge se nouait alors que tu baissais la tête, te recroquevillant doucement sur toi-même sur cette marche.

« J'ai… J'ai dit ces choses, oui… Mais c'est beaucoup trop dur, Milan. Comment est-ce que je suis censée balayer toutes ces années, tous les bons moments passés ensemble comme si tu étais responsable de toute la misère du monde ?, tu tournas ton visage vers lui, C'est… toujours…compliqué. Je ne sais pas, je suis constamment perdue. Il y a plein de petites moi qui se battent tout le temps à l'intérieur, parce qu'il y en a qui veulent te revoir, te reparler, pouvoir te tenir la main et passer leurs doigts dans tes cheveux. Il y a celles qui refusent parce qu'elles n'arrêtent pas de répéter que si tu as pu cacher ça pendant autant de temps, alors qu'est-ce que tu peux cacher d'autres ? Et puis il y en a qui parfois se réveillent pour dire que tu n'avais pas le choix, et que ta naissance ne définit pas qui tu es. »

Tu finis par remettre ton visage entre tes bras, appuyés sur tes cuisses, pour continuer ton monologue. Comment renoncer complétement à votre amitié, à toute l'affection que tu pouvais encore ressentir pour lui ? Quelques fois, tu avais l'impression que toutes ces émotions, tous ces questionnement, tout ce mélange constant allait te rendre folle et malheureusement pour toi, l'un de tes meilleurs réconforts était l'alcool. Ou d'aller danser. Ou bien Junko mais tu ne lui parlerais certainement pas de lui.

« Il y a beaucoup de colère aussi, contre moi
Parce que je m'en veux de t'avoir abandonné comme ça alors que…tu sais à quel point j'en ai peur. Et pourtant je te l'ai fait. »

Ce vide qu'il devait ressentir était une sensation horrible. Tu la détestais pour tout ce qu'elle représentait, toutes les (remises en) question qu'elle soulevait…

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« Puis tu serais retourné à Sendai après avoir économisé pour ouvrir ton propre club d'host à thème. Vu comment beaucoup certaines personnes adorent la blouse blanche, m vous auriez dû succès. »

C'était assez étrange d'avoir pensé à tout ceci de façon si rapide, Chandini. Mais tu le pensais. Et puis, même s'il ne s'agissait que d'un établissement d'host, ses parents pourraient toujours d'en servir pour leur activités donc ils ne lui en auraient pas voulu, non ? Comment en vouloir à son enfant quand il a de si bonnes idées ?

Par la suite, bizarrement, tu avais l'impression que Milan tentait de te rassurer sur ta décision. Tu ne l'avais pas abandonné…? Est-ce-qu'il y croyait vraiment à ce mensonge ? Cet idiot t'arracha un faible rire alors qu'il comparait tes mails de cours à des spams. Tu ne savais pas trop si c'était vrai, de l'humour ou une façon de te demander d'arrêter mais tu t'en excusas, comme toujours.

Tu l'écoutais encore de donner des explications. Les vérités dérangeantes ? Ce te tordait un peu l'estomac de penser qu'il y avait potentiellement des choses te concernant dans cette catégorie. Tu tournais ton visage vers lui et son triste sourire alors qu'il fixait toujours ailleurs. C'était probablement plus simple que de te regarder. Peut-être n'avait-il pas la force, le courage, de te faire part de tout ça si vos yeux ne faisaient que se rencontrer ? Tu laissas ta main aller vers lui, son visage, pour y ranger quelques cheveux derrière son oreille.

« Bien sûr, je compte bien t'en dire le plus possible à partir de maintenant mais, je ne peux pas garantir que... eh bien, il y a toujours des choses qu'il ne vaut mieux pas savoir »

Pour seule réponse, alors qu'il te regardait enfin, tu hochas ta petite tête de manière positive.

« J'aimerai apprendre à te connaître. Le Milan toujours joyeux était une personne géniale mais je ne t'en voudrais pas de faire part de tes inquiétudes, d'être triste, ou mécontent… »

Parce qu'au final, tu ne le connaissais pas vraiment à toujours vouloir être un gentil garçon, souriant et drôle, toujours là pour aider ses amis. Est-ce qu'il pensait que personne ne l'apprécierait d'un dévoilait véritablement tout son caractère ? À moins que c'était vu comme montrer ses faiblesses ? Ça ne t'étonnerait même pas mais ça te faisait de la peine.

« Est-ce que…, tu t'arrêtas pour vérifier qu'il n'y avait personne trop près de vous avant de poursuivre, Est-ce que tu vas reprendre ton nom de famille ? »

Mais d'où sortait cette question ? Hé bien, s'il devait maintenant être un peu plus honnête, il fallait bien qu'il reprenne son nom de famille, non ? Par contre, pour expliquer le changement… il n'aurait qu'à leur mentir. Ou ne rien dire. Peu importe.

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Tu en rigolais doucement. Tu étais probablement la seule à voir où tu voulais en venir, et ça lui ferait probablement de savoir que tu pouvais penser à une activité pour que sa famille et lui puissent continuer leurs activités, et même les étendre. Enfin, ça n'avait aucune importance pour le moment, ce genre de pensées ne servaient à rien.
Lorsqu'il t'avoua ne pas savoir s'il se connaissait lui-même, tu ne pus t'empêcher de ressentir un peu de peine. À quel point avait-il été bridé, forcé de faire et dire des choses qu'il ne voulait pas ? Tu retirais ta main de ses cheveux pour le rassurer, lui dire que ce ne serait pas toujours évident mais que c'était important. Tu te demandais ce qu'il avait réussi à faire ou dire, pour s'affirmer.

Puis, vint le tour d'avoir des réponses sur un potentiel retour en arrière sur son identité. Ça ne semblait pas du tout possible, et pas uniquement pour le moment. Ou du moins tant qu'il était à Kobe. Et comment ça il ne pensait pas rester ici ? Ton visage ne dissimulait même pas un peu ta surprise, ton étonnement.

« Tu… Est-ce que tu vas rentrer à Sendai ? C'est ce que tu veux ? »

Ok, à l'origine, c'est TOI qui étais partie pour venir ici, sans lui. Mais maintenant, pourquoi repartir ? Sa famille lui manquait-elle ? Ou était-ce pour autre chose ? Avec la distance, même si tu décidais de rester au Japon pour y travailler, vous ne pourriez plus vraiment vous voir. Tout comme pour Ayano… Neil et Tessa n'étaient plus dit l'archipel. Tu allais, encore une fois, perdre une personne que tu aimais. Et tu ne pourrais rien y faire ni y dire quoi que ce soit. Tes petits poings étaient serrés contre toi. Pourquoi ça t'affectait autant que vous ne puissiez plus vous voir ? Milan était tout de même un point de repère rassurant. L'une des seules personnes du Japon que tu connaissais depuis le début. La seule personne que tu connaissais depuis le début. Mais tu savais très bien que tu ne pourrais pas, que tu ne devais pas l'en dissuader, tu n'en avais pas le droit.

tenue

La réalité vous rattrapait, et aussi triste que cela puisse être, ce n'était que pour vous frapper en plein visage : vous n'étiez que des enfants, encore, incapables de savoir ce qu'ils voulaient faire de leur avenir. Au tout début, tu pensais rester au Japon avec ton frère. Quand il ne fut plus et que ta relation avec Milan continuait de fleurir, tu te mis à espérer quelque chose que tu avais balayé d'un revers de la main il y a quelques mois. Et tu ne te voyais pas vivre ou rester avec quelqu'un qui n'en avait aucune envie, aussi gentil que cette personne puisse être. Peut-être que tu devrais en profiter pour essayer de t'ouvrir un peu plus aux autres membres de clubs, essayer d'apprendre à les connaître pour le peu qu'il te restait ? Mais pourquoi faire puisque tu ne les reverrais plus ?

« J'aurai aimé rester à Kobe…, tu soupiras faiblement avant de continuer, Mais il y a toute une montagne de papiers et procédures et je ne sais pas si j'ai envie de l'affronter, même si c'est le moment. »

Affronter la paperasse, tu en avais l'habitude, seule avec ou l'aide d'une assistante sociale selon de quoi il en retournait. Mais là, la fin approchait. La ligne d'arrivée commençait lentement mais sûrement à être de plus en plus visible sans que vous ne puissiez vous arrêter. Tu avais envie de lui dire que tu ne t'étais jamais vue rester s'il n'était pas à tes côtés. Mais à quoi bon ? Le faire culpabiliser ? L'empêcher de faire ce qu'il souhaitait pour ton propre bonheur ? Et encore, cela te rendrait-il réellement heureuse ? Ou resterait-il vraiment si tu le lui demandais ? Tant de questions qui n'auraient aucune réponses.

« Je pourrais toujours rester au Japon pour travailler, peut-être partir ailleurs ensuite ou bien me proposer pour l'infirmerie du campus ou des interventions de professionnels. Il y a… plein de possibilités en vrai. C'est juste que… le temps commence à nous manquer. Et c'est effrayant. »

Tu regardais les vagues s'écraser tendrement contre le sable sur la plage. Tes doigts jouaient encore ensemble. Tu n'avais pas l'habitude de laisser paraître, ou de dire ce genre de choses. Les doutes sur ton avenir étaient pourtant nombreux. Tu te concentrais tellement sur tes études et les résultats que cela semblait logique que tu saches avec précisions ce que tu ferais dès l'obtention de ton diplôme et pourtant, tu avais l'impression de n'être qu'une enfant perdue, seule face à plusieurs portes. Si l'enfant n'ouvrait pas la bonne porte, alors toute sa vie serait fichue, complètement, quoi qu'elle tente pour rattraper le coup.

Ta main droite commençait à faire quelques va-et-vient sur ta nuque avant que tu ne te redresses pour t'étirer. Une fois fait, tu descendis les marches pour te mettre debout, face à lui avec un sourire :

« Ou alors je change de carrière. Puisque tu n'en veux pas, je garde le concept des blouses blanches et j'en ferai un club d'hostess ou de maids. J'en ouvre 2 : 1 de chaque à Kobe puis je m'exporte un peu partout au Japon. Bien évidemment, j'accepterai de t'engager. »


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