[Appart de Milan] Eh t'as vu j'vis plus à l'école ! Ft. Becky <3

Je laisse apparaitre un petit sourire triste. Chandini a été assez claire sur ce qu'elle voulait. Et puis, objectivement, n'importe qui aurait réagit de cette façon. Elle a déjà été bien assez patiente.

- "Je ne peux pas dire ne pas y avoir déjà pensé, mais, même si j'aimerais que ce soit vrai, je ne pense pas qu'elle revienne sur sa décision. Il vaut mieux que je l'accepte et que je fasse avec."

C'est ce que je me répète en boucle. Et pourtant, ma gorge se noue immanquablement à peine le sujet est abordé. Ma respiration est plus compliquée et je dois me faire violence pour empêcher ces larmes de se frayer un chemin trop loin. C'est fini. Et je l'ai bien cherché.
Alors, comme je n'ai pas envie de foutre en l'air cette soirée qui s'est si bien déroulée, je m'enfonce un peu plus dans le canapé et repose mon attention sur la télé. Je n'ai sûrement pas envie de pleurer maintenant. S'il y a bien une chose que mon père à réussi à obtenir de moi, c'est que je suis capable de garder ces émotions pour moi. Oh, je ne me fais pas d'illusions, Beck a bien dû remarquer, mais je ne veux pas les laisser m'envahir.

- "Parfait !! S'il est dans ma liste, c'est que j'avais bien l'intention de le voir à un moment ou un autre, alors, ce sera ce soir !"

Et hop, je lance donc le film choisi : Bohemian Rhapsody. Il a été largement encensé par la critique. Et puis, je ne connais pas si bien la vie de Freddie Mercury. Pas du tout même. C'est donc l'occasion de rattraper mes connaissances.

Le générique de début se lance et... c'est vrai que ça aurait été bien d'avoir de quoi grignoter. Mais mes placards sont définitivement vides. Je ne m'étais bougé que pour acheter de quoi manger un peu plus tôt. Je n'ai clairement pas anticipé. Tant pis.
Les premières minutes passent, et mon rythme cardiaque redescend. Je respire à nouveau correctement. Je m'enfonce un peu plus dans le canapé et mon esprit se laisse distraire par les images qui défilent, agrémentées de plusieurs musiques emblématiques.

Le film commence, les images défilent, les premières musiques en fond, la vie de Freddie Mercury, qui n'a pas franchement commencé comme un compte de fée. Le calme ambiant apaise très vite mon rythme cardiaque et sans que je ne m'en rende compte, je suis désormais happé par ce qui se passe à l'écran, ne pensant plus à mes multiples problèmes.

- "J'ai l'impression que la plupart des grands artistes n'ont pas eu une vie facile à leurs débuts."

On admire et envie généralement leur succès, mais pour en arriver là, on oublie souvent toutes les étapes qui ont précédé.

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi émouvant, et j'avoue qu'à certains passages du film, j'y verse ma petite larme. Ok, je suis beaucoup trop émotif et ce genre de scènes hyper touchantes, mettant en lumière la détresse humaine, ça me touche toujours. Bien sûr, j'essuie rapidement toute trace de larme.

Je fais quelques petits commentaires à certains moments, mais globalement, je me laisse porter par le rythme proposé. Petit à petit je m'enfonce davantage dans le canapé et naturellement, j'en viens caler ma tête contre l'épaule de Beck, pendant que le reste de mon corps est avachi. C'est vrai que dans d'autres circonstances, j'en aurais probablement profité pour tester un tout autre genre de rapprochement. Mais pour une raison que j'ignore (mais que j'apprécie) aucune envie de ce genre ne me vient. Je suis juste bien, content de profiter de la présence d'une personne que j'apprécie dans cette ambiance apaisante.

Peut-être que ça ne se fait pas. Me reposer ainsi sur celle qui, à l'école, a le statut de psychologue. Mais qui là, tout de suite, est simplement Beck pour moi. Alors, puisqu'elle m'accepte ainsi, je reste confortablement calé contre elle le temps du film. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens apaisé. Presque à ma place. Alors les paroles que prononcent mon invitée ont de quoi me toucher directement.

- "Moi aussi j'aurais aimé qu'on se connaisse avant. C'est la première fois qu'on me dit une telle chose."

Et malheureusement, c'en est difficile pour moi de croire ces mots. Parce que c'est plutôt l'inverse que j'ai régulièrement entendu me concernant. Un moins que rien. Un incapable. Jamais à la hauteur des attentes. Impossible de faire de moi quoi que ce soit. Et si je pensais qu'en quittant ma famille tout irait mieux, je n'ai fait que leur donner raison depuis mon arrivée à Kobe. J'ai encore réussi à blesser la personne à qui je tenais le plus. Et j'en suis revenu à l'état de loque. Même pas fichu de prendre soin de moi tout seul.
Mais ça, il n'est pas question d'en parler.
D'ailleurs, je ne sens pas le besoin d'ajouter quoi que ce soit. Je n'ai pas envie de casser cette bulle de calme qui s'est créée autour de nous. Je veux seulement profiter de cet instant, encore un peu, de la façon la plus honnête qui soit.

Les images continuent de défiler, et moi, je suis juste bien. Je voudrais que le film ne s'arrête jamais. Profiter de cette proximité avec Beck. La chaleur humaine que je ne partage que trop peu ces dernières semaines. Mais inévitablement, le générique de fin arrive. Un écran noir sur lequel défilent des écritures. La fin de ce moment de bonheur.

Je me redresse, m'étire légèrement alors que je ne peux retenir un bâillement. Je ne dors clairement pas assez en ce moment. Et cet apaisement que je ressens à cet instant me fait ressentir réellement cette fatigue, pour la première fois depuis longtemps.

- "Eh bah. On dirait que plus on a une vie grandiose, plus les problèmes qui vont avec sont du même niveau. J'étais loin d'imaginer tout ça. J'espère que ça t'a plu !"

Oui, parce que si j'ai passé un super moment, je ne veux pas être le seul à en profiter.

Je ne peux qu'être d'accord avec Beck. Tout est passé beaucoup trop vite. Mais ça faisait longtemps que le temps ne s'était pas écoulé aussi rapidement tout en étant sobre. Ça doit être une bonne avancée.

- "Ta présence ici était déjà un super remerciement. Et, bien sûr qu'on se refera ça ! Je n'oublie pas tes rêves de danseuse étoile !"

Je plaisante, évidemment. Ce n'est pas franchement sur ce genre de danse que je me débrouille le mieux. Ni ce qui m'intéresse le plus. Mais le résultat est bien le même. On va pouvoir se revoir régulièrement avec Beck, et ça, c'est une très bonne nouvelle. Surtout en ce moment.
Je raccompagne donc la psychologue qui se relève déjà. Non, je ne vais pas pouvoir trouver toujours de nouvelles idées pour la faire rester davantage. Et passer la nuit ensemble serait sûrement la pire idée qui soit. Je connais un peu trop mes tendances à tout foutre en l'air beaucoup trop facilement.

- "Bien sûr qu'on pourra se revoir à l'école. Je ne voudrais quand même pas que tu aies des ennuis à cause de moi alors, il faudra sûrement garder une certaine distance correcte pour tous, mais je n'ai pas franchement envie de faire comme si on ne se connaissait pas à chaque fois qu'on se croisera."

Évidemment, je pourrais prendre de nouveaux faux rendez-vous pour passer la voir en toute tranquillité et passer une heure à discuter avec elle sans avoir à mettre en place ces barrières des bienséance. Ça me ferait sûrement le plus grand bien. Il faut dire que les journées sont interminables ces derniers temps. Mais elle doit déjà avoir bien assez de boulot comme ça.

Alors, quand on arrive devant la porte d'entrée, il faut bien que je me rende à l'évidence. Cette fois, c'est bel et bien fini pour ce soir. C'est qu'il est déjà particulièrement tard. Un élément auquel je n'avais absolument pas réfléchi en lui proposant de regarder ce film avec moi et qui me frappe désormais comme une évidence.

- "Ça va aller pour rentrer ? Non, en fait il vaut mieux que je te raccompagne."

Oui, ne pas lui laisser le choix est en fait la meilleure chose à faire. Sinon je suis sûr qu'elle va me dire que non elle peut rentrer toute seule ou je ne sais quoi. Mais pas question de la laisser prendre le moindre risque à cause de moi. J'enfile donc mes chaussures en même temps, attrapant une veste au passage.
Et puis, je crois que me retrouver d'un seul coup tout seul dans cet apparemment vide serait trop dur à supporter.

- "Même si les rues sont plutôt sûres par ici, on ne sait jamais sur qui on peut tomber à cette heure-ci. Je préfère te savoir bien arrivée à destination !"

C'est le moment de se quitter après une bonne soirée passés ensemble. Enfin presque, puisque je décide (de façon totalement arbitraire) de l'accompagner pour que Beck puisse rentrer sereinement chez elle. Mais bref, la soirée touche à sa fin, tout s'est très bien passé et... cette question qui débarque à ce moment là me prend totalement de court. Surpris, je me tourne davantage vers la psychologue, essayant de réfléchir à ce qu'elle veut dire. Non mais les quelques fois où ce genre de question est revenue dans une conversation, c'est parce que j'étais devenu beaucoup trop proche de la personne. Genre... physiquement très proche. Pas comme ce soir, où à mon niveau, je suis resté extrêmement clean. Alors forcément, il me faut quelques secondes pour essayer de voir à quel moment mon attitude aurait pu laisser penser que j'avais d'autres objectifs en l'invitant chez moi.

- "Heu, eh bien... je n'y ai pas trop réfléchit je t'avoue."

Et surtout, je ne peux pas m'empêcher de me demander quelle réponse elle attend de ma part. Quelle est la bonne réponse ? Je n'en sais rien et bizarrement, ça me stresse.

- "J'aime bien passer du temps avec toi, je me sens toujours à l'aise quand on est ensemble, que ce soit pour parler, ou juste, rester chill, c'est toujours cool. Et, bien sûr que tu es une très belle femme, impossible de pas le remarquer, mais... tu m'as dit que t'avais un mec ?"

Ooook je suis largué ! Aled je ne sais plus ce que je dois comprendre. SI ! Je sais que Beck a toujours réussi à me perdre avec ses remarques innocentes et peut-être (sûrement) que je suis encore à côté de la plaque MAIS c'est difficile de faire garder le cap à mon cerveau là tout de suite ! Ok, vite, sortir, prendre l'air, ça me fera le plus grand bien avant de dévier trop loin et de commencer à imaginer des choses auxquelles je ne dois surtout pas penser !

Alors forcément, quand un peu plus tard elle mentionne ce que certains pourraient penser en nous voyant marcher côte à côte à cette heure avancée de la nuit, c'est difficile de ne pas y penser moi-même. Oui bah un gars raccompagne rarement une meuf chez elle aussi tard sans espérer quoi que ce soit derrière. NON ce n'est pas du tout ce que j'avais en tête à la base !! Mais là ça devient tout de suite beaucoup plus le bordel dans ma tête.
Allez, je peux y arriver ! Inspiration discrète (ce serait bizarre) et c'est mon visage joyeux habituel que je tourne vers Beck.

- "C'est moi qui te l'ai proposé, évidemment que ça ne me dérange pas. Et puis, je préfère encore que certains en viennent aux mauvaises conclusions plutôt que de stresser à me demander si tu es bien rentrée."

D'autant plus que vu l'heure, tout le monde est déjà rentré à l'école. Non, les risques de croiser qui que ce soit de ce milieu là tout de suite sont très faibles. C'est donc sans penser à cette partie là (de toute façon mon cerveau est encore trop occupé à garder le cap) que j'avance dans les rues avec la psychologue. Et c'est vrai que ce n'est pas juste à côté. Ce qui me conforte dans ce choix fait de la raccompagner.

Pourquoi cette question ? Mdr ok, il n'y a que pour moi que c'est évident ? Parce que quand on en vient à demander à l'autre comment il envisage une relation particulière c'est peut-être qu'une simple amitié n'est pas ce qui est envisagé par la partie demandante ? Ouaaaah je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu !! Non mais ok, si elle ne sait pas pourquoi je pose la question, c'est que je me suis encore monté la tête tout seul et qu'elle doit penser à quelque chose de totalement différent. Et j'ai pas du tout envie de passer pour un pervers aux intentions douteuses alors...

- "Eh bien, parce que... poser ce genre de question peut être dangereux tu sais. Qu'est-ce que tu ferais si je t'avouais être follement épris de toi ?"

Un grand sourire et la voix joueuse pour aller sur ce terrain possiblement glissant, je m'arrange tout de même pour montrer que cela n'a rien de réellement sérieux. L'humour, toujours ma carte fuite favorite. Non, bien sûr que je ne suis pas amoureux de Beck, mais il faut bien admettre qu'une telle question encourage à une réponse allant dans ce sens. Dans le cas où ces sentiments existent bien, évidemment. Est-ce qu'elle peut réellement l'ignorer ?

Oui bon, bah du coup, même si j'essaie de prodiguer mes bons conseils en matière de question risquée, ça n'empêche que l'espace d'une ou deux secondes, tout un tas d'idées pas très bienvenues ont profité de la légère brèche pour s'infiltrer dans ma tête. Bien sûr que Beck est totalement le genre de femme qui pourrait m'attirer. Pour une nuit ou quelques unes. D'autant plus maintenant que je suis de nouveau officiellement célibataire. Mais j'ai déjà franchi ce cap avec tellement de personnes que je considérai au départ comme de très bons amis, je sais qu'il y a des limites qu'il vaut mieux éviter de briser pour préserver de bonnes relations sur le long terme.
Encore faut-il que ma volonté accepte de se plier au bon sens.

Alors, pour chasser toutes ces images qui voudraient s’immiscer un peu plus loin dans mes idées (et qui finiraient par me faire faiblir pour de bon) je me concentre sur ce qui nous entoure. Pas grand chose à vrai dire. Mais le moindre chat qui passe, la plus petite lumière qui vacille, tout est bon pour accaparer mon attention. Jusqu'à ce que Beck ne prononce ces mots qui me font tourner un regard interrogateur vers elle. Elle est sérieuse ?

- "J'aimerais autant ne pas imaginer ce genre de chose. Je sais bien que le Japon est réputé comme l'un des pays les plus sûrs au monde, mais une fois la nuit tombée, les mauvaises rencontres existent tout de même. Se balader à deux est toujours plus conseillé que seule."

Ok, je suis peut-être un peu trop sérieux pour le coup. Mais il faut dire que si je pense à tout ça, ce n'est pas en raison de séries policières mais bien d'expériences vécues. Pour connaitre un peu trop l'envers du décor, je sais parfaitement ce qui se passe quand quelqu'un de lambda se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. Alors certes, on ne se balade pas dans les coins les moins recommandables de la ville. Il n'empêche que je serai bien plus serein de la savoir bien arrivée et de l'accompagner tout le temps du trajet.

- "Ça n'a pas l'air de te faire grand chose d'émettre ce genre d'hypothèse, mais c'est justement parce que moi, ça ne me plait pas des masses, que, je t'accompagne maintenant."

Je ne sais que trop bien ce que c'est que de s'imaginer que disparaitre ne toucherait personne. Quelques personnes un peu triste les premiers jours à la rigueur, et ensuite, chacun poursuivra sa vie comme si de rien n'était.