(+18) (U-11) Mise à jour (Ft. Shintaro Lawson)

L'écran s'éclaire, la sonnerie retentit. D'un geste précipité, tu saisis ton téléphone tout en continuant de parcourir la pièce d'un pas rapide. Un sourire satisfait se dessine sur tes lèvres lorsque tu découvres la réponse de ton ami: Visiblement, il est déjà revenu sur le campus lui aussi et n'a pas encore quitté le nid de la journée. Pas d'après ce que tu comprends. Tu ouvres la fenêtre de ta chambre, histoire d'aérer un peu les lieux, avant de te diriger vers ton bureau afin d'éteindre ton ordinateur portable sur lequel tu travailles depuis deux bonnes heures. Chose faite, tu quittes ta chambre sans attendre une minute de plus, des idées plein la tête. Ou plutôt une idée : faire une petite surprise à Shintato. Ou plutôt l'embêter. Ouais, c'est sans doute le mot le plus approprié qui te vient en tête lorsque tu arrives devant la porte de sa chambre et toques comme si tu allais lui demander de faire un bonhomme de neige avec toi.

T'es de bonne humeur aujourd'hui. De très bonne humeur. Pleine d'énergie. Ça, tu le dois sans doute à Neil et à tes parents qui sont venus te voir à ton retour d'Hawaï. Tu étais contente de les voir. Lui. Eux. Sans oublier le temps passé avec Arizona qui t'a fait le plus grand bien. D'ailleurs, tu gardes précieusement une photo d'elle et toi, prise durant ces vacances, qui te sert de fond d'écran. Tu te sens bien, sereine. Ça faisait un moment que tu ne t'étais plus sentie aussi bien dans ta peau. Plus que d'ordinaire.

Tout ça, tu n'hésites pas le faire comprendre à Shintaro en lui offrant ton sourire le plus éclatant lorsqu'il ouvre la porte.

▬ Hé, comment va le plus bel homme du campus ?!

Pas la moindre hésitation. Pas la moindre rougeur sur le visage.

▬ Je peux ?

Tu n'attends même pas sa réponse pour rentrer et tourner sur toi-même  comme une enfant.

▬ Je t'ai manqué j'espère ? Parce que toi, tu m'as manqué. dis-tu tout naturellement.

Tenue

Ton sourire se fait plus discret, prend moins de place, mais n'en demeure pas moins expressif. Un sourire joueur, taquin, comme on te connaît si bien. Ce genre de sourire qu'on aime, ou qui effraie. Avec le temps, tu imagines que Shintaro s'y est habitué. Plus encore, il semble presque y avoir pris goût, te tend les perches pour se faire battre. Ô que tu aurais pu lui dire d'ôter sa chemise, que tu vérifies ce qui se trouve en-dessous. Si tu n'étais pas aussi agitée, sans doute aurais-tu sauté sur l'occasion pour le chercher un peu d'entrée de jeu. Mais pas grave : tu comptes bien te rattraper dans les minutes à venir.

▬ Tu aimais ça, avoue !

Tu ne sais pas vraiment l'expliquer mais quelque chose dans ses paroles te fait plaisir. Plus que de raison. À vrai dire, tu ne t'attendais pas vraiment à ce qu'il te dise ce genre de chose. Non, tu imaginais plutôt quelque chose du style : "Dire que j'avais enfin droit à des vacances !" en parlant de ton absence.

▬ Peut-être. Ou c'est le fait d'être ici. Ou d'avoir passé du temps avec ma meilleure amie. Ou d'avoir revu un vieil ami. Ou mes parents. Va savoir. Prends l'option qui te plait le plus ?

Tout te fait plaisir dernièrement. C'est comme un nouveau départ dans ta vie. Du moins, c'est ainsi que tu ressens les choses.

Tout en balayant la pièce du regard, tu t'installes sur le lit de ton ami, jettes un coup d'œil aux vêtements qui traînent. Vêtements que tu n'hésites pas à prendre en main pour les regarder de plus près.

▬ Je n'arrive pas à savoir si c'est pour un shooting ou un rendez-vous. Qu'est-ce que tu faisais ?

Il n'y a plus grand chose qui puisse te surprendre  avec Shintaro... quand il s'agit de son style vestimentaire. Tu imagines des vêtements amples, avec une coupe plus ou moins originale, et c'est bon. Soit il est à la hauteur de ton imagination, soit il fait au plus simple. Parfois, tu remercies tes parents d'avoir emménagé à Los Angeles avant ta naissance. Depuis ton plus jeune âge, tu vois de tout là-bas. C'est peut-être pour cette raison, au fond, que l'originalité de ton ami ne te choque pas plus que ça. Lee gens préfèrent se mêler à la foule, passer inaperçus, rentrer dans des cases. C'est d'autant plus vrai ici, au Japon (même s'il y a pire, sans doute). Mais lui... c'est un peu différent. Un autre point que tu admires chez le jeune homme.

T-shirt à main, tu lèves les yeux en sa direction, sourcil haussé. Ouais, ce n'est clairement pas pour un rencard et pourtant... Lorsque cette idée traverse ton esprit, quelque chose te dérange. Quelque chose se serre, se tord. Combien de secondes s'écoulent au juste ? Tu n'en sais rien. Tu chasses cette idée de ton esprit aussi vite que tu le peux, pour finalement afficher un sourire entendu.

▬ Shooting donc.

Une pause. Tu étais sur le point de lui proposer quelque chose (si on peut dire ça comme ça) mais tu t'arrêtes net lorsque tu sens ton portable vibrer dans ta poche. Ton père. Il t'annonce qu'il y aura prochainement un repas de famille, chez ta tante. Décidément, les bonnes nouvelles s'enchaînent, et tu retrouves déjà le sourire.  

Tu lui réponds rapidement, avant de reporter toute ton attention sur Shintaro lorsqu'il te demande si tu t'ennuies déjà. Tu grimaces légèrement, hoches la tête.

▬ On peut dire ça. C'est que je suis passée de plage, musique, cocktails et délires à... chambre, études, eau et adolescents insupportables. Donc ouais, je m'ennuies. Même si ce n'est pas uniquement pour ça que je suis là.

Tu t'allonges sur le lit, pousses un petit soupire tout en fermant les yeux.

▬ Comment ça s'est passé avec Yû ?  Et... chez toi ? Tu ne m'as pas donné beaucoup de détails par message.

Après tu peux comprendre, et tu ne le forces pas à te répondre, il doit bien le savoir.

Les ténèbres et la voix de Shintaro pour seule compagnie. Ancrage avec la réalité. Ça te rappelle des souvenirs. Souvenirs d'une courte mais intense période de ta vie. La perte d'un être cher. Cette fissure sur ton propre reflet. Lorsque tu peinais à tenir debout, il t'a aidé à retrouver ton cocon. Des mots maladroits. Un geste simple, mais désintéressé.
Alors tu écoutes, enregistres chaque nouvelle information dans un coin de ton esprit. Pas parce que tu lui dois bien ça, non, mais parce que tu t'intéresses sincèrement à ce qui peut lui arriver, en bien comme en mal. Que Shintaro se plaigne de quelque chose n'a rien d'inhabituel  mais  qu'il parle ouvertement de lui et de sa famille, c'est... plus rare. En tout cas, c'est ce que tu as pu constaté, au début. Te dire les choses semble plus facile pour lui maintenant.

▬ Tu n'es pas prêt d'être tranquille toi, hein ? Tu souris doucement tout en rouvrant les yeux, ton regard fixé sur le plafond. ▬ J'espère que ça ira pour Kyojiro. Tu es confiant ?

Tu ne le connais pas, ce fameux petit-frère, mais ça ne t'empêche pas de t'inquiéter pour lui. Parce que c'est le frère de Shintaro, sans doute. Puis de ce que tu as pu comprendre, il est malin l'air de rien et a beaucoup de potentiel, ce serait dommage de le gâcher.

La suite te fit froncer les sourcils et tu te redressas légèrement, appuyée sur tes deux coudes pour mieux voir ton ami.

▬ Pour quoi ? Sérieusement ?!

Un soupire.
Tu finis par te redresser complètement pour te rapprocher du jeune homme, les mains posées contre le dossier de sa chaise sans pour autant trop t'appuyer.  

▬ T'es sûr que tu m'as écoutée,  il y a quelques minutes ? Tu te penches doucement pour approcher ton visage du sien, soutenant son regard. ▬ Tu m'as manqué et j'avais envie de te voir. C'est aussi simple que ça.

Tu restes là, sans rien rajouter. Tes yeux descendent vers ses lèvres, mais remontent rapidement pour croiser à nouveau son regard. Tu pourrais l'embrasser, là tout de suite, mais tu n'en fais rien. Un petit sourire vient alors étirer tes lèvres... et tu t'éloignes.

▬ Est-ce que tu te sentirais prêt à faire une petite sortie avec moi prochainement ? Bon, ce sera juste très différent de la dernière en date par contre... Faut avoir le coeur accroché !

Tu ne relèves pas, mais tes yeux parlent pour toi. Tu aimerais lui dire quelque chose, le rassurer, avoir un conseil à lui donner. Malheureusement, tu es plus douée avec les gestes qu'avec les mots, surtout dans ce genre de situation. Une situation que tu ne peux réellement comprendre, étant fille unique. Tu ne t'es jamais réellement rebellée contre tes parents, et tu ne connais personne qui aurait traversé les mêmes difficultés que Shintaro ou Kyojiro. Tu ne peux rien affirmer, parler comme si tu connaissais le sujet, comme si tu pouvais comprendre ce que ressent ton ami. Tu ne peux que l'imaginer, comme tu ne peux qu'imaginer ce qui se passe dans la tête du cadet. Comment aider quelqu'un qui n'en a pas envie ? Mieux vaut-il laisser la personne faire ce qu'elle souhaite et chuter ? Ou essayer de la protéger au point de se faire du mal au quotidien ? Toi-même, tu sais pas comment tu réagirais. Alors, tu ne peux rien dire à Shintaro. C'est du moins ce que tu penses. Tu ne peux qu'être présente pour lui, l'écouter, lui donner un petit coup de pouce s'il te le demande. Être une épaule solide sur laquelle il pourra s'appuyer. C'est que derrière son air renfrogné, c'est un gars sensible à sa façon, qui tient profondément à sa famille. Lui sortir des phrases toutes faites, parler comme si tu savais tout, ce serait comme prendre ce qu'il te confie à la légère.
Pour l'heure, tu ne peux que lui changer les idées. Vous ne pouvez rien prédire, alors autant ne pas s'inquiéter plus nécessaire aujourd'hui.  

(...) Son cœur, mieux accroché que le tien ? Tu souris à cette idée, malicieuse. Oui oui, tu viens de voir ça. Tout à fait.

▬ Très bien monsieur, je ne compte pas me priver dans ce cas.

Cela dit, tu ne t'attendais pas à la suite. À croire que c'est la journée dans déclarations. Il te faut quelques secondes pour traiter l'information, quelques secondes durant lesquelles ton cœur bat intensément. Des voix résonnent dans ton esprit, te poussent à finir ce que tu as en partie commencé. Mais la peur te paralyse, une peur que tu ne connais que trop bien et que tu pensais avoir surmonté. Une peur qui pourrait te faire faire deux pas en arrière. Mais tu n'en as pas envie. Cette éventualité te fait grincer des dents. Tu te perds.

▬ Tu vois quand tu veux... finis-tu par dire avec un léger sourire. ▬ Considère ça comme une invitation à un rendez-vous. Tu n'auras même pas besoin de te prendre la tête.

Tu fais un signe de la tête en direction de ses vêtements, sur le lit. Les mêmes que tu regardais tout à l'heure.
Tu ne manques pas d'idées pour lui faire découvrir ton monde à toi. La vraie question est ; par quoi commencer ? Est-ce que tu seras gentille en lui faisant découvrir la sérénité et l'étendue de l'océan ou... vas-tu l'emmener à son baptême de l'air ? Sans oublier ce qui se trouve entre.

▬ Mon grand-père me disait souvent que j'étais comme ma mère, en pire : Complètement folle. Il n'avait sans doute pas tort. Je compte sur toi pour ne pas te défiler. Tu lui lances un regard plein de défi, avant de retrouver ton enthousiasme habituel. ▬ Mais en attendant... Et si tu me montrais à quoi ressemble une journée de pseudo repos normale pour toi ?! Tu montres l'entièreté de la chambre du doigt, t'attardant sur ses vêtements mais aussi sur son ordinateur. L'occasion d'apprendre de nouvelles choses. Une vraie touche-à-tout. ▬ Sauf si tu préfères que je te laisse pour aujourd'hui ?

C'est plus fort que toi : tu ris aux paroles du jeune homme. Avant même de le mettre en garde, tu savais déjà qu'il allait garder la tête haute et plaisanter pour paraître plus confiant qu'il ne l'est réellement, et mieux masquer cette petite gêne que tu as provoqué. C'est que tu commences à le connaître, Shintaro. Et puis au fond, tu procèdes de la même manière, en partie. L'humour te sert certes à provoquer tes interlocuteurs mais également à camoufler tes doutes, à mieux surpasser ces petits obstacles du quotidien qui pourraient te faire tomber.

Tu tires brièvement la langue lorsqu'il mentionne ton grand-père. Si tu en sais plus sur sa famille que lui en sait sur la tienne, il ne fait aucun doute qu'il a parfaitement compris à quel point ton défunt grand-père comptait pour toi. C'est drôle : de vous deux, c'est lui qui s'ouvre le plus, lui qui te parle le plus de sa vie et de ses activités. Il faut dire que tu ne sais jamais vraiment quoi dire quand ça te concerne ou plutôt, tu estimes qu'il n'y a rien de passionnant à savoir à ton sujet. Sans compter que tu es toujours la première à lui poser des questions, à t'intéresser à ce qu'il cache derrière son style extravagant. D'ailleurs, tu ne perds pas de temps pour lui renvoyer la balle. Si c'est plus facile pour toi de parler de ton grand-père désormais, tu sais que le sujet reste sensible si tu t'y attardes trop longtemps. Pourtant, ça ne date pas d'hier.

Tu te rapproches de ton ami pour mieux observer l'écran de son ordinateur et comprendre ce qu'il t'explique. Tu remarques qu'il essaie de faire au plus simple et le remercie intérieurement pour ça. Soyons honnêtes : le montage, ce n'est pas ton truc. À vrai dire, tu ne passes pas énormément de temps sur les réseaux, préférant le grand air aux écrans. Mais Shintaro vit en partie grâce à ça alors tu veux savoir. Si c'est important pour lui alors.... Ça l'est pour toi ? Ne serait-ce qu'un peu.

▬ "Beaucoup plus rapide" ? J'ai l'impression que même poster une photo te prend du temps avec ce que tu fais derrière. dis-tu, sourcil haussé. ▬ J'aime bien le son par contre, ça reste en tête. Des gestes discrets du doigt pour le tempo, et un petit murmure pour la melodie.  

Tu penches la tête sur le côté, curieuse de ce qu'il prépare et lorsque tu comprends où il veut en venir, tu ne caches pas ta surprise. Vraiment ?! Tu prends la tablette en main, observes, compares, comme si tu le jugeais.

▬ Hm, dommage que tu n'aimes pas le sport. dis-tu d'un air taquin à ton tour.

Tu déposes la tablette sur le bureau, avant de te pencher et poser ta main sur la peau visible de son ventre.

▬ Ça t'irait bien. ajoutes-tu à voix basse, au creux de son oreille, tout en remontant ta main vers son torse, le bout tes doigts - ou plutot de tes ongles - caressant sa peau.

En vérité, même si c'est vrai, tu t'en fiches.
Pourtant, quand on regarde bien, une bonne partie de ton entourage peut être considérée comme "sportive", notamment tes ex. Est-ce vraiment l'un de tes critères ? Pourquoi est-ce que tu y penses ? Ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose entre toi et Shintaro. Enfin, tu crois ?
Pourtant, c'est la deuxième fois aujourd'hui ;  La deuxième fois que tu veux sentir ses lèvres sur les tiennes. Tu ne sais même pas ce qui te retient à vrai dire, tout comme tu as encore du mal à mettre le doigt sur ce qui te pousse à agir de la sorte. Une simple envie ? Un besoin à satisfaire ? Ou plus ?

Tu te détestes.
Tu te détestes vraiment.
À agir ainsi, tu en deviens malade.

Un simple geste de recule, pour le regarder dans les yeux, telle une artiste qui contemple son œuvre. Comme si tu avais besoin de savoir quel effet cela lui faisait. Comme si la réponse à cette pseudo-provocation allait t'aider à comprendre ce que toi-même tu ressens, ce que tu souhaites à cet instant précis.

Et de tous les gestes qui t'ont traversé l'esprit, celui-ci était resté dans les abysses.

Surprise logée dans les yeux.
Tu ne bouges pas pour autant - pas un seul millimètre - accueillant ses lèvres avec douceur et surtout, avec envie. Pourtant, tu ne forces rien, ne cherches pas à approfondir ce baiser qui réveille quelque chose en toi. Non, tu te contentes d'y répondre, comme si imposer ton rythme était risqué. Comme si imposer ton rythme allait le faire fuir. Car il y a quelque chose de pur dans ce baiser, un brin d'innocence. C'est plus lourd qu'une plume ; il laisse sa trace. Mais Shintaro n'impose pas son envie pour autant.

Contact rompu.

Encore ce sourire arrogant.
Cette fois, tu ne réponds pas.
Tout va vite. Dans ton esprit, les pensées s'enchaînent à une vitesse folle.
Tant pis pour aujourd'hui. Tu balaies ta peur et ton dégoût (envers ta propre personne) d'un revers de la main. Ça fait longtemps que tu as perdu de ta pureté, que la blanche colombe ne l'est plus.

▬ Parce que t'en as douté ? Voix basse. Jeu subtile. Tu prends place sur ses genoux, les bras autour de son cou. ▬ Ce n'est pas encore un baiser digne d'une princesse ça. Réessaie, pour voir ?