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- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Yukio Ogawa
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, sans le latin, sans le latin...
Mer 22 Mai 2024 - 23:57
Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, sans le latin, sans le latin...
lundi 10 septembre 2018
Musique d'ambiance
lundi 10 septembre 2018
Musique d'ambiance
L’été ploie doucement sous les vents de septembre. Comme déjà érodé par la rentrée, il se décolle du sol, et tente de s’en séparer, tel un oiseau alourdi qui essaierait de s’envoler. Les plumes chargées de la moiteur héritée des humides canicules parsemées d’averses régulières, il retombe lourdement, et ne sait que trop bien qu’il faut encore attendre. Le Soleil, las, séchera ses ramées, et sans mot dire, il s’en ira, en laissant derrière lui les mornes graines de l’automne. Septembre est là, qui voit les beaux jours tenter de s’enfuir, pour abandonner les hommes et les laisser, une fois de plus, dans l’apathie des feuilles dépérissantes qui bientôt, auront chu, laissant les cœurs à nu, prêts à s’offrir au gel. L’hiver est partout, qui se profile, qui se promet, qui se dévoile sous le masque trompeur d’un automne à naître. L’été se meurt, l’hiver tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les tempêtes.
La salle est vide et placide, elle attend d’être occupée sans effort particulier. Une heure de plus, ou de moins, à héberger des activités plus ou moins licites, sous des couverts divers. Il s’est frotté sur le parquet bien des pieds de chaises et de tables, arrangées, réarrangées, au gré des besoins. Il s’est posé sur ces tables bien des cahiers, ou d’autres choses, et sur le tableau, bien des attentions. Peuplée, dépeuplée, comme un point de l’espace-temps fixe par rapport à tout le reste. Les tapis, dans un coin, s’ennuient de n’être pas assez usités, et au fond, sous le radiateur, un tout petit papier de bonbon à la cerise s’est égaré, laissé là par les aléas de la destinée. Personne ne remarque ce témoin sacrifié de fébriles émois, et quand bien même, il ne saurait en parler. Muet, il se cache, prêt à emporter dans la tombe tout ce qu’il a pu voir.
Hiro la connaît, la salle, et les traditions, aussi. Il saura en trouver le chemin. Guidé par son bon goût, ou par celui de quelque judicieux paternel, il fréquente assidûment le club. Un club ? Non. Une association de curieux, un confraternité de chercheurs, une société des plus secrètes, un cercle des poètes disparus, un aréopage de grands prêtres, un cénacle des apôtres ! A Kobé, les aigles du club de Traditions ne volent pas avec les pigeons. Voilà qui, indubitablement, aura fait bouillir dans ses veines le sang saphir et cristallin du jeune Hiro Okazaki, dauphin couronné par la loi salique, héritier par projection paternelle et défaut fraternel, premier légataire des exécutions testamentaires. Ici, on ne méprise pas les masses, on les ignore. Hors du temps aussi bien qu’hors de portée du vulgum pecus, le club de traditions demeure, inébranlable et hiératique, dispensant aux gens de qualité, et seulement à eux, son savoir inutile, et donc indispensable.
Par un pas de côté moins facétieux qu’attendu, la salle se voit, une fois n’est pas coutume, détournée de sa solennelle fonction. D’aucuns diraient qu’en d’autres occasions, le lieu fut déjà, en son temps, dépouillé de sa sacralité par quelques iconoclastes en proie à la découverte de leurs sentiments. Ceux-là n’ont aucune preuve, et, en l’attente d’improbables aveux, tout ici reste oint d’une sainte solennité.
Hiro la connaît, la salle, et Yukio le sait. Il l’attend, un dictionnaire à la main. Lorsqu’il a proposé des cours de latin, il ne s’attendait pas vraiment à ce que quelqu’un réponde. Mais le jeune Okazaki n’est pas n’importe qui. A vrai dire, c’est même tout l’inverse. Il est tout, sauf n’importe qui, et son apparente apathie n’est jamais qu’une marque distinguée de détachement face à la contingence. D’ailleurs, Hiro n’a aucun défaut, puisque personne n’a jamais pu en apercevoir aucun, pas même le professeur Ogawa. Lisse, poli, diplomate, concentré, efficace, emballé dans des vêtements sans aspérités, vêtu d’élégance sans outrages, Hiro est parfait, tout le monde le sait, et personne n’en doute. C’est peut-être le problème. Il en est ainsi, personne ne pense à passer votre maison au compteur Geiger lorsque vous habitez au numéro deux sur l’avenue Chernobyl. Pour l’origine des radiations, tout le monde sait déjà où chercher. Le réacteur clandestin dans votre cave, tout le monde s’en fout, c’est votre frère qui exploite la centrale qui vient d’exploser.
Mais, voilà qui déjà est louche : personne ne prend des cours de latin, surtout s’ils sont optionnels et ne rapportent rien. Vous en connaissez beaucoup, vous, des types qui se pointent le dimanche matin dans une conserverie pour trier les petits pois bénévolement ? Ou des mecs qui apprennent l’art du sexage de poussins pour leur plaisir personnel ? Mais Hiro n’est pas n’importe qui. Hiro, c’est l’élite personnifiée, l’avant-garde éclairée de la bourgeoisie, et s’il faut comprendre la messe en latin pour devenir grand pontife, Hiro récitera la Bible, verset par verset, et psaume par psaume.
Yukio est là, qui attend, et qui s’en pose des questions. La porte est laissée ouverte. Qui d’autre qu’un fou oserait passer le seuil ? Les intrusions ne sont pas vraiment à craindre.
Entre ici, Hiro, avec ton cortège d’exaltation. Guidé par le tapis rouge que précède la prestance, et par l’aura auguste de ton pas patricien. Entre ici, et vient montrer au monde qu’une fois de plus, ta hauteur de vue n’a de mesure qu’à la considération de tes ambitions. Forge en ces lieux ton auréole d’archange de l’aristocratie, sous la magistrale ordonnance de celui qui, dans le caniveau de la Cité Eternelle, a ramassé le savoir qui te portera vers les cimes des plus hautes spires d’ivoire.
La salle est vide et placide, elle attend d’être occupée sans effort particulier. Une heure de plus, ou de moins, à héberger des activités plus ou moins licites, sous des couverts divers. Il s’est frotté sur le parquet bien des pieds de chaises et de tables, arrangées, réarrangées, au gré des besoins. Il s’est posé sur ces tables bien des cahiers, ou d’autres choses, et sur le tableau, bien des attentions. Peuplée, dépeuplée, comme un point de l’espace-temps fixe par rapport à tout le reste. Les tapis, dans un coin, s’ennuient de n’être pas assez usités, et au fond, sous le radiateur, un tout petit papier de bonbon à la cerise s’est égaré, laissé là par les aléas de la destinée. Personne ne remarque ce témoin sacrifié de fébriles émois, et quand bien même, il ne saurait en parler. Muet, il se cache, prêt à emporter dans la tombe tout ce qu’il a pu voir.
Hiro la connaît, la salle, et les traditions, aussi. Il saura en trouver le chemin. Guidé par son bon goût, ou par celui de quelque judicieux paternel, il fréquente assidûment le club. Un club ? Non. Une association de curieux, un confraternité de chercheurs, une société des plus secrètes, un cercle des poètes disparus, un aréopage de grands prêtres, un cénacle des apôtres ! A Kobé, les aigles du club de Traditions ne volent pas avec les pigeons. Voilà qui, indubitablement, aura fait bouillir dans ses veines le sang saphir et cristallin du jeune Hiro Okazaki, dauphin couronné par la loi salique, héritier par projection paternelle et défaut fraternel, premier légataire des exécutions testamentaires. Ici, on ne méprise pas les masses, on les ignore. Hors du temps aussi bien qu’hors de portée du vulgum pecus, le club de traditions demeure, inébranlable et hiératique, dispensant aux gens de qualité, et seulement à eux, son savoir inutile, et donc indispensable.
Par un pas de côté moins facétieux qu’attendu, la salle se voit, une fois n’est pas coutume, détournée de sa solennelle fonction. D’aucuns diraient qu’en d’autres occasions, le lieu fut déjà, en son temps, dépouillé de sa sacralité par quelques iconoclastes en proie à la découverte de leurs sentiments. Ceux-là n’ont aucune preuve, et, en l’attente d’improbables aveux, tout ici reste oint d’une sainte solennité.
Hiro la connaît, la salle, et Yukio le sait. Il l’attend, un dictionnaire à la main. Lorsqu’il a proposé des cours de latin, il ne s’attendait pas vraiment à ce que quelqu’un réponde. Mais le jeune Okazaki n’est pas n’importe qui. A vrai dire, c’est même tout l’inverse. Il est tout, sauf n’importe qui, et son apparente apathie n’est jamais qu’une marque distinguée de détachement face à la contingence. D’ailleurs, Hiro n’a aucun défaut, puisque personne n’a jamais pu en apercevoir aucun, pas même le professeur Ogawa. Lisse, poli, diplomate, concentré, efficace, emballé dans des vêtements sans aspérités, vêtu d’élégance sans outrages, Hiro est parfait, tout le monde le sait, et personne n’en doute. C’est peut-être le problème. Il en est ainsi, personne ne pense à passer votre maison au compteur Geiger lorsque vous habitez au numéro deux sur l’avenue Chernobyl. Pour l’origine des radiations, tout le monde sait déjà où chercher. Le réacteur clandestin dans votre cave, tout le monde s’en fout, c’est votre frère qui exploite la centrale qui vient d’exploser.
Mais, voilà qui déjà est louche : personne ne prend des cours de latin, surtout s’ils sont optionnels et ne rapportent rien. Vous en connaissez beaucoup, vous, des types qui se pointent le dimanche matin dans une conserverie pour trier les petits pois bénévolement ? Ou des mecs qui apprennent l’art du sexage de poussins pour leur plaisir personnel ? Mais Hiro n’est pas n’importe qui. Hiro, c’est l’élite personnifiée, l’avant-garde éclairée de la bourgeoisie, et s’il faut comprendre la messe en latin pour devenir grand pontife, Hiro récitera la Bible, verset par verset, et psaume par psaume.
Yukio est là, qui attend, et qui s’en pose des questions. La porte est laissée ouverte. Qui d’autre qu’un fou oserait passer le seuil ? Les intrusions ne sont pas vraiment à craindre.
Entre ici, Hiro, avec ton cortège d’exaltation. Guidé par le tapis rouge que précède la prestance, et par l’aura auguste de ton pas patricien. Entre ici, et vient montrer au monde qu’une fois de plus, ta hauteur de vue n’a de mesure qu’à la considération de tes ambitions. Forge en ces lieux ton auréole d’archange de l’aristocratie, sous la magistrale ordonnance de celui qui, dans le caniveau de la Cité Eternelle, a ramassé le savoir qui te portera vers les cimes des plus hautes spires d’ivoire.
- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 147■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Hiro Okazaki
Re: Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, sans le latin, sans le latin...
Dim 30 Juin 2024 - 19:03
Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, sans le latin, sans le latin...
10 septembre 2018
Hiro, tu préfères encore courir plutôt que de te faire broyer par la grande machine de la vie. Te dépasser en permanence est le seul moyen que tu as trouvé pour vivre. Tu ne l'as pas choisi, certes. Ton père t'a imposé ce destin et tu l'as accepté. Montrer patte blanche nécessite des sacrifices. Et vu que ce n'est jamais assez, tu t'en rajoutes. La liste de tes devoirs s'allonge sans que tu ne t'en inquiètes. C'est à peine si tu écoutes les remontrances de ton frère. Pourtant, tout ça te fatigue. Personne ne t'applaudira si tu réussis. Car tu n'as pas le choix. Tu vas réussir, c'est un fait.
Alors oui, quand Ogawa-sensei avait proposé des cours de latin avant les vacances, tu n'as pas hésité longtemps. Cette langue morte ne t'est pas inconnue puisque tu l'as étudiée en Angleterre. Il serait dommage, alors que l'opportunité se présente, que tu ne cultives pas ce savoir. Tu ne l'as pas pratiqué depuis que tu es revenu au Japon. Non pas que cela te soit réellement utile. Mais c'est un énième moyen de briller en société. Le respect s'impose par la connaissance. C'est presque avec désespoir que tu manges à tous les râteliers. Tu ne saurais rater une opportunité de t'aider à gravir les échelons. Atteindre l'objectif que l'on t'a fixé, qu'importe le prix. En l'échange de ton temps, devenant peu à peu infiniment précieux.
Tes semelles ne font pas de bruit. Ta destination pourrait attirer l'attention des curieux. Mais en vérité, personne ne s'intéresse à toi. Et cela t'arrange. Des explications inutiles te ralentiraient. Déjà que tu as dû argumenter avec Ena. Il n'a pas voulu t'accompagner. Ce qui est bien dommage. Alors tu lui as promis tout le reste de ton temps libre. Quelques miettes dont il devra se contenter. Un emploi du temps de ministre à 17 ans, c'en serait presque risible si tu n'y accordais pas tant d'importance. La porte du club de traditions apparaît. Tu n'es pas dépaysé. Que ce soit le choix de salle, le professeur ou la matière, tu es en territoire connu. Ce n'est qu'un approfondissement.
Propre sur toi, tu pénètres dans la pièce. Puis tu refermes la porte derrière toi. Tu te doutes être le seul à avoir répondu présent. Tant mieux, penses-tu égoïstement. Faisant face au professeur, tu t'inclines profondément.
« Bonjour Sensei. »
La table centrale accueille tes affaires. Un cahier neuf, un stylo aligné et un petit dictionnaire. Et ton regard se pose sur le professeur. L'impatience n'est pas dans ta nature. Néanmoins, tu es curieux de découvrir le sujet d'études.
Alors oui, quand Ogawa-sensei avait proposé des cours de latin avant les vacances, tu n'as pas hésité longtemps. Cette langue morte ne t'est pas inconnue puisque tu l'as étudiée en Angleterre. Il serait dommage, alors que l'opportunité se présente, que tu ne cultives pas ce savoir. Tu ne l'as pas pratiqué depuis que tu es revenu au Japon. Non pas que cela te soit réellement utile. Mais c'est un énième moyen de briller en société. Le respect s'impose par la connaissance. C'est presque avec désespoir que tu manges à tous les râteliers. Tu ne saurais rater une opportunité de t'aider à gravir les échelons. Atteindre l'objectif que l'on t'a fixé, qu'importe le prix. En l'échange de ton temps, devenant peu à peu infiniment précieux.
Tes semelles ne font pas de bruit. Ta destination pourrait attirer l'attention des curieux. Mais en vérité, personne ne s'intéresse à toi. Et cela t'arrange. Des explications inutiles te ralentiraient. Déjà que tu as dû argumenter avec Ena. Il n'a pas voulu t'accompagner. Ce qui est bien dommage. Alors tu lui as promis tout le reste de ton temps libre. Quelques miettes dont il devra se contenter. Un emploi du temps de ministre à 17 ans, c'en serait presque risible si tu n'y accordais pas tant d'importance. La porte du club de traditions apparaît. Tu n'es pas dépaysé. Que ce soit le choix de salle, le professeur ou la matière, tu es en territoire connu. Ce n'est qu'un approfondissement.
Propre sur toi, tu pénètres dans la pièce. Puis tu refermes la porte derrière toi. Tu te doutes être le seul à avoir répondu présent. Tant mieux, penses-tu égoïstement. Faisant face au professeur, tu t'inclines profondément.
« Bonjour Sensei. »
La table centrale accueille tes affaires. Un cahier neuf, un stylo aligné et un petit dictionnaire. Et ton regard se pose sur le professeur. L'impatience n'est pas dans ta nature. Néanmoins, tu es curieux de découvrir le sujet d'études.
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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Yukio Ogawa
Re: Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, sans le latin, sans le latin...
Jeu 8 Aoû 2024 - 0:31
Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, sans le latin, sans le latin...
lundi 10 septembre 2018
Musique d'ambiance
lundi 10 septembre 2018
Musique d'ambiance
Hiro était là qui, en esthète consciencieux du fondamentalisme scolaire propre aux bons élèves, avait déjà posé sur la table le contenu de son sac. A vrai dire, il avait déballé sa marchandise comme un vendeur à la sauvette un soir de match, étalant son cahier, son stylographe et son petit dictionnaire comme s'il s'était agi de biens à vendre à des touristes. Aussi blasé qu'attentif, il semblait prêt, à la moindre alerte, à plier bagage, et cette attitude lui conférait une aura paradoxale. L'étudiant donnait l'impression d'être à la fois présent et absent. En un sens, extérieur à lui-même, il paraissait agir par automatismes, dans une forme de semi-conscience. Son esprit était ailleurs, un peu comme s'il avait laissé le train de sa vie démarrer tout en restant sur le quai, dans une forme d'abandon de lui-même. La réussite lui était acquise, les résultats venaient d'eux mêmes, mais le plaisir de subir les conséquences de ses propres décisions était inexistant. La geste était mécanique, et confinée entre les bornes de son esprit, la liberté du jeune homme ne trouvait à s'épanouir qu'en songes évanescents. Car si tout était négociable, et si l'on pouvait prendre à un homme jusqu'à sa vie privée et son bonheur, il était une chose que l'on aurait jamais, que l'on aurait pas, et c'était sa liberté de penser.
S'il était possible de vivre sa propre vie par procuration, Hiro en était l'incarnation. Le gamin ne mettait pas du vieux pain sur son balcon, mais finalement, de moins pire en banal, il avait fini par trouver ça normal.
Sans mot dire, le professeur d'histoire observa son disciple du jour s'installer, détaillant du regard ses moindres petits gestes, tremblements, tics, cherchant à y déceler quelque aspérité qui lui permettrait de dérouler la pelote. Il n'était rien d'évident, tout était un peu trop lisse, ce qui laissait Yukio face à des alternatives limitées. Pourtant, il souriait. Il avait une technique toute trouvée face aux gens qui étaient dans leurs baskets sans être dans leur bonnet, une botte secrète tissée d'un goût immodéré pour la provocation, et d'une indifférence profonde face à toute forme de malaise. Rendre à César ce qui lui appartenait n'était pas si compliqué, et raccrocher quelqu'un au monde était, au fond, assez simple. Les méditations se nourrissaient d'une toile de fond mouvante, indifférente à l'absence des penseurs absorbés. En pareil cas, il suffisait de briser le discret équilibre qui supportait le pont de la distraction pour le voir s'effondrer, et rien n'était plus aisé à dynamiter que les attentes légitimes énoncées par les situations sociales stéréotypées.
Hiro, sous des atours curieux dont on ne savait dire s'ils étaient sincères, attendait visiblement que son professeur prenne l'initiative. Appuyé sur les starting blocks du premier de la classe, il se donnait une image d'intellectuel passionné en proie à une soif de connaissance. Pharisien captieux, ce genre d'attitude trompait peut-être les professeurs malheureux aveuglés par leur désir de transmission, mais Yukio n'était pas de ceux-là.
Il fallait déjouer les attentes du jeune Okazaki, faire s'effondrer sous ses pieds le plancher qui soutenait ses certitudes. Il fallait frapper fort, et faire dérailler le train de ses espérances naturalisées. Ogawa n'était pas n'importe qui, le gosse allait se trouver comme un lapin pris dans les phares d'une voiture.
L'enseignant regarda Hiro avec circonspection, puis lui lança, d'une voix impérieuse:
- Okazaki, pourquoi diable vous radinez-vous dans un cours de latin en plein été indien, alors qu'il fait beau dehors ? Vous avez remarqué que vous êtes le seul quidam de tout le campus à vous être ramené ici au moins ? Bon dieu regardez par la fenêtre, on est le 10 septembre. Dehors il y a des bus entiers d'étudiantes célibataires qui n'attendent que vous pour se laisser bercer par l'illusion que vous serez leur éternel et unique amour ! Et vous, vous êtes seul dans une salle, à aligner vos petits crayons comme un bureaucrate scribouillard consciencieux à deux ans de sa retraite. Et vous souriez en plus ! C'est ça la jeunesse maintenant ? Mais qu'est-ce qu'on vous a fait pour vous bouffer le cerveau à ce point ?
Il fit une toute petite pause, et compléta avec un air aussi indigné qu'irrité:
- Bon, je vous donne exactement 30 secondes pour m'expliquer ce que vous faites là, et si vous n'êtes pas sincère, je vous traine chez la CPE, en m'exclamant dans tous les couloirs que je vous ai attrapé en train d'écrire des insanités sur le tableau de la salle de traditions, dont vous aviez subtilisé la clé en abusant de mon extrême générosité.
Il posa calmement son regard sur Hiro, dans l'expectative, s'affectionnant d'un visage démesurément grave.
S'il était possible de vivre sa propre vie par procuration, Hiro en était l'incarnation. Le gamin ne mettait pas du vieux pain sur son balcon, mais finalement, de moins pire en banal, il avait fini par trouver ça normal.
Sans mot dire, le professeur d'histoire observa son disciple du jour s'installer, détaillant du regard ses moindres petits gestes, tremblements, tics, cherchant à y déceler quelque aspérité qui lui permettrait de dérouler la pelote. Il n'était rien d'évident, tout était un peu trop lisse, ce qui laissait Yukio face à des alternatives limitées. Pourtant, il souriait. Il avait une technique toute trouvée face aux gens qui étaient dans leurs baskets sans être dans leur bonnet, une botte secrète tissée d'un goût immodéré pour la provocation, et d'une indifférence profonde face à toute forme de malaise. Rendre à César ce qui lui appartenait n'était pas si compliqué, et raccrocher quelqu'un au monde était, au fond, assez simple. Les méditations se nourrissaient d'une toile de fond mouvante, indifférente à l'absence des penseurs absorbés. En pareil cas, il suffisait de briser le discret équilibre qui supportait le pont de la distraction pour le voir s'effondrer, et rien n'était plus aisé à dynamiter que les attentes légitimes énoncées par les situations sociales stéréotypées.
Hiro, sous des atours curieux dont on ne savait dire s'ils étaient sincères, attendait visiblement que son professeur prenne l'initiative. Appuyé sur les starting blocks du premier de la classe, il se donnait une image d'intellectuel passionné en proie à une soif de connaissance. Pharisien captieux, ce genre d'attitude trompait peut-être les professeurs malheureux aveuglés par leur désir de transmission, mais Yukio n'était pas de ceux-là.
Il fallait déjouer les attentes du jeune Okazaki, faire s'effondrer sous ses pieds le plancher qui soutenait ses certitudes. Il fallait frapper fort, et faire dérailler le train de ses espérances naturalisées. Ogawa n'était pas n'importe qui, le gosse allait se trouver comme un lapin pris dans les phares d'une voiture.
L'enseignant regarda Hiro avec circonspection, puis lui lança, d'une voix impérieuse:
- Okazaki, pourquoi diable vous radinez-vous dans un cours de latin en plein été indien, alors qu'il fait beau dehors ? Vous avez remarqué que vous êtes le seul quidam de tout le campus à vous être ramené ici au moins ? Bon dieu regardez par la fenêtre, on est le 10 septembre. Dehors il y a des bus entiers d'étudiantes célibataires qui n'attendent que vous pour se laisser bercer par l'illusion que vous serez leur éternel et unique amour ! Et vous, vous êtes seul dans une salle, à aligner vos petits crayons comme un bureaucrate scribouillard consciencieux à deux ans de sa retraite. Et vous souriez en plus ! C'est ça la jeunesse maintenant ? Mais qu'est-ce qu'on vous a fait pour vous bouffer le cerveau à ce point ?
Il fit une toute petite pause, et compléta avec un air aussi indigné qu'irrité:
- Bon, je vous donne exactement 30 secondes pour m'expliquer ce que vous faites là, et si vous n'êtes pas sincère, je vous traine chez la CPE, en m'exclamant dans tous les couloirs que je vous ai attrapé en train d'écrire des insanités sur le tableau de la salle de traditions, dont vous aviez subtilisé la clé en abusant de mon extrême générosité.
Il posa calmement son regard sur Hiro, dans l'expectative, s'affectionnant d'un visage démesurément grave.
- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 147■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
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❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Hiro Okazaki
Re: Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, sans le latin, sans le latin...
Ven 30 Aoû 2024 - 22:25
Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, sans le latin, sans le latin...
10 septembre 2018
Tu te figes. Les sens en alerte, tu observes le professeur. Qu'il s'égosille de la sorte, ce n'est pas nouveau. En cours d'histoire-géographie, il lui arrive de partir dans les tours. Mais qu'il te reproche de participer à ce cours optionnel, ça tu ne t'y attendais pas. C'est bien ce qui est fâcheux avec ce professeur. Son comportement erratique. Les critiques ricochent sur toi sans que tu ne mouftes. Il y a plusieurs façons d'aborder la situation. Être honnête. Ou jouer la carte de l'humour. Malheureusement pour toi, l'humour n'est pas ton fort. D'après ce qu'en dit Ena. Parait-il que ton humour lui est réservé.
Finalement, ce qui apparaît comme un dilemme ne l'est pas. Tu ne te permettrais pas d'être familier avec le professeur. Lui ou un autre, c'est du pareil au même. Imposer une distance est nécessaire. Tu sais Ogawa-san compétent. Et c'est tout ce qui t'importe. Qu'il piétine tes intentions n'a pas d'importance puisqu'elles sont rationnelles. Tu préfères cent fois les cours de latin à l'image d'un bus d'étudiantes. Dans une salle de classe, tu es à l'abri de ces entremises. Se rappelle à toi ton anniversaire. Le sourire aiguisé de toutes ces prétendantes. Pas une ne t'a attiré. La fadeur de leur conversation ne peut égaler le rayonnement du latin.
Ta vie se résume à faire tes preuves. Une boucle sans fin de tests. Tout chez toi est à prouver. A commencer par ton intelligence. Mais voilà que ta sociabilité est remise en question. Ton goût pour la vie aussi. Ce qui ne regarde pas le professeur. Tes loisirs ne sont pas à blâmer. Le manque de sérieux des autres l'est. Quant à ta jeunesse, elle te permet d'assumer toutes tes activités. Toutes celles nécessaires à ton avenir. Et c'est amplement suffisant. Le latin est un bonus que tu t'accordes. Ton père ne t'a rien demandé et pourtant tu as répondu présent. Ce faisant, tu as l'impression d'être acteur de ta vie. Mieux encore : de faire quelque chose qui te plaît. C'est pourquoi tu choisis de feindre l'ignorance. Tu finis par regarder tout autour de toi. Ces tables et chaises, vides.
« J'ai remarqué. Je pensais que plus de gens seraient intéressés. La découverte d'une langue ancienne devrait fasciner. »
Tes yeux s'échappent sur la fenêtre. Trente secondes. C'est à la fois beaucoup et rien du tout. L'idée de te retrouver dans le bureau de la CPE est saugrenue. Tout autant que de rater les cours pour cause de beau temps. Sans préambule, tu tranches à nouveau le silence.
« J'ai commencé à apprendre le latin au collège. Pour les points que ça rapporterait. L'attractivité sur mon dossier aussi, je l'avoue. Mais après plusieurs semaines de découverte, j'ai été intrigué par autre chose. »
Lentement, tes yeux reviennent se poser sur le professeur. Un regard intense pour une révélation surprenante.
« Je voulais savoir comment une langue vient à mourir. Quelle en est la cause et si cela aurait pu être évité. »
Ne cherchant pas à t’appesantir davantage sur les raisons de cette confidence, tu lorgnes sur la porte.
« Je m'excuse si j'ai fermé la porte trop vite, sensei. D'autres personnes se sont inscrites ? »
Finalement, ce qui apparaît comme un dilemme ne l'est pas. Tu ne te permettrais pas d'être familier avec le professeur. Lui ou un autre, c'est du pareil au même. Imposer une distance est nécessaire. Tu sais Ogawa-san compétent. Et c'est tout ce qui t'importe. Qu'il piétine tes intentions n'a pas d'importance puisqu'elles sont rationnelles. Tu préfères cent fois les cours de latin à l'image d'un bus d'étudiantes. Dans une salle de classe, tu es à l'abri de ces entremises. Se rappelle à toi ton anniversaire. Le sourire aiguisé de toutes ces prétendantes. Pas une ne t'a attiré. La fadeur de leur conversation ne peut égaler le rayonnement du latin.
Ta vie se résume à faire tes preuves. Une boucle sans fin de tests. Tout chez toi est à prouver. A commencer par ton intelligence. Mais voilà que ta sociabilité est remise en question. Ton goût pour la vie aussi. Ce qui ne regarde pas le professeur. Tes loisirs ne sont pas à blâmer. Le manque de sérieux des autres l'est. Quant à ta jeunesse, elle te permet d'assumer toutes tes activités. Toutes celles nécessaires à ton avenir. Et c'est amplement suffisant. Le latin est un bonus que tu t'accordes. Ton père ne t'a rien demandé et pourtant tu as répondu présent. Ce faisant, tu as l'impression d'être acteur de ta vie. Mieux encore : de faire quelque chose qui te plaît. C'est pourquoi tu choisis de feindre l'ignorance. Tu finis par regarder tout autour de toi. Ces tables et chaises, vides.
« J'ai remarqué. Je pensais que plus de gens seraient intéressés. La découverte d'une langue ancienne devrait fasciner. »
Tes yeux s'échappent sur la fenêtre. Trente secondes. C'est à la fois beaucoup et rien du tout. L'idée de te retrouver dans le bureau de la CPE est saugrenue. Tout autant que de rater les cours pour cause de beau temps. Sans préambule, tu tranches à nouveau le silence.
« J'ai commencé à apprendre le latin au collège. Pour les points que ça rapporterait. L'attractivité sur mon dossier aussi, je l'avoue. Mais après plusieurs semaines de découverte, j'ai été intrigué par autre chose. »
Lentement, tes yeux reviennent se poser sur le professeur. Un regard intense pour une révélation surprenante.
« Je voulais savoir comment une langue vient à mourir. Quelle en est la cause et si cela aurait pu être évité. »
Ne cherchant pas à t’appesantir davantage sur les raisons de cette confidence, tu lorgnes sur la porte.
« Je m'excuse si j'ai fermé la porte trop vite, sensei. D'autres personnes se sont inscrites ? »
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Re: Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, sans le latin, sans le latin...
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