On kiffe les vacances sisi [ft. Junko]

Fin des vacances, la rentrée scolaire arrive à grands pas et j'ai décidé de quitter Kyoto il y a juste quelques heures. Je suis toujours content de revoir ma mère et mes frères, mais il faut admettre que j'ai de plus en plus de mal à supporter la promiscuité due à la taille de l'appartement. Alors je ne suis pas non plus mécontent quand viens l'heure de repartir. Sans compter les éternelles engueulades.

Je suis vite fait passé par l'école déposer mes affaires avant de repartir direction la plage. Pas vraiment pour profiter des derniers moments de liberté avant la reprise des cours à glander au hasard. Non. Il se trouve que c'est ici que je dois retrouver Junko. Après avoir pris quelques nouvelles sur la façon dont se passaient ses vacances (ouais, c'est toujours bizarre de se dire qu'on se retrouve à étudier dans le même bahut), il m'a dit être dispo cet aprem. Bah ouais, quitte à ce qu'on ne soit plus très loin l'un de l'autre maintenant, autant essayer de parler irl. Sisi je me suis fait à l'idée, c'est bon !

Bien sûr, je suis en avance. J'ai pris un peu large avec la route. On ne sait jamais. Pas de quoi me déranger. J'en profite pour envoyer un sms à ma mère (sinon je sais qu'elle s'inquiète pour rien), puis termine de répondre à quelques messages sur mes réseaux. Quand je vois que l'heure approche, je partage ma position avec Junko pour qu'on se retrouve plus facilement (ouais bon je suis facilement repérable mais quand même, il y a du monde).
Je prends bien soin de trouver un endroit où il y ait une aire fumeur non loin pour en griller une avant qu'il n'arrive. Une façon d'occuper le temps comme une autre.

Adossé contre le mur d'un bâtiment, j'observe les allers et venues des passants, essayant de repérer la silhouette de celui que j'attends. Il fait assez chaud aujourd'hui, malgré un léger vent qui rend le tout très agréable. Lunettes de soleil de rigueur, je ne fais pas attention aux quelques coups d’œil curieux que me valent toujours ma dégaine (question d'habitude). Ce n'est que quand je repère finalement Junko que je quitte mon poste d'observation pour aller à sa rencontre.
Les mains dans les poches (je ne sais pas trop quoi en faire), j'arrive même à sourire pour le saluer.

- "Salut !"

Eeeeet c'est déjà pas mal hein. Ok, je ne sais jamais comment on fait pour commencer une discussion. C'est compliqué en vrai !

- "Comment tu vas ?"

Bah voilà, du coup je me retrouve à poser une question complètement bateau. Bon, en même temps, avec ce qu'il m'a dit de son programme de vacances pas franchement incroyable, c'est normal de se préoccuper de comment il  le vit non ?

tenue de Shin:

La fin des vacances d'été, bientôt la rentrée pour lui, mais aussi pour ses petites soeurs. Le mois d'août n'a pas été de tout repos pour lui, et il n'y a qu'une personne responsable de tout le grabuge qui se passe dans sa tête : Arizona Williams. Il a l'impression qu'elle se fiche de lui, elle lui souffle le chaud froid comme il s'est amusé à le faire avec elle à Tokyo et ça en devient insupportable. Dès qu'il fait un pas en avant avec elle, il en fait trois en arrière juste après. Cette situation est frustrante. D'autant plus après les derniers évènements déroulés avec elle...

Enfin, aujourd'hui c'est un jour fait pour décompresser et ne pas penser à tout ça !
Junko est de bonne humeur, il va voir son ami Shintaro, et rien que de savoir ça, ça lui donne la pêche. En plus il fait beau aujourd'hui, alors ils ont décidé d'aller à la plage profiter d'un de leurs derniers jours de liberté avant la reprise des cours. Et surtout, un temps de pause bienvenu avant de devoir endosser à fond son rôle de grand frère. Le week-end qui va suivre, il doit emmener une des jumelles à l'internat de sa nouvelle école qu'il a pu lui payer avec ses deux mois de taff acharné. Il faut dire que les tips des clients, ça fait une sacrée différence et il s'est aussi battu bec et ongles avec l'administration de cette école privée pour qu'ils acceptent de la prendre alors que les inscriptions sont passées depuis... Longtemps.
Enfin, c'est chose faite et il l'emmène samedi ! Juny est super excitée, elle qui d'habitude est si réservée et toujours dans son monde.

Son téléphone vibre. C'est Shin qui lui partage sa localisation. Junko ne met pas longtemps à le trouver : il ne passe pas inaperçu faut dire avec ses cheveux décolorés et sa dégaine toujours au top.  Naturellement, un grand sourire habite les traits du basketteur qui s'approche et lui tend une poignée de main.



Il compte lui demander des nouvelles mais c'est la superstar d'internet qui lui coupe l'herbe sous les pieds. Etonnant de sa part, mais on ne va pas cracher dessus.



Ouais il a bien envie de savoir ce que son ami a fait de son mois d'août. Lui qui n'a pas pu prendre de vacances parce qu'il a travaillé en temps plein au bar, il espère se projeter un peu dans les mots de Shintaro. Si celui-ci a fait quelque chose, en tout cas...
Junko engage une marche sur la route piétonne qui longe la plage. Ils ne sont pas loin. Il darde ses yeux bruns sur la mer, et renifle distraitement les embruns qui soufflent quelque peu dans ses cheveux lâchés. C'est vraiment une belle journée et ça lui fait plaisir d'être dehors en bonne compagnie. Ca tombe à pic pour lui, disons.

Junko's outfit:

Je trouve toujours ça bizarre cette façon de se serrer la main, mais, étrangement, ça ne me dérange pas trop. Sûrement parce que c'est Junko. Ouais, ça me fait carrément plaisir de le voir. Les dernières semaines passées au bahut à se voir de temps en temps m'ont permis de m'habituer un peu plus. Eh, c'est quand même pas si évident de ne parler à quelqu'un que par écrans interposés pendant des années, et puis d'un coup, avoir la vraie version devant les yeux. Mais on peut dire qu'il n'est pas bien différent de l'idée que je m'en étais fait à l'époque où des kilomètres nous séparaient encore.

Bon par contre, ma question hyper banale n'était sûrement pas la mieux choisie. Bah ouais, bien sûr que je me doute qu'il n'a pas été profiter du soleil sur je ne sais quelle île paradisiaque. Pourtant, cette réponse un peu trop franche me fait plaisir. Non pas parce que ses vacances ont l'air bien pourries en comparaison de celles de la plupart des élèves de KHS, mais parce qu'une fois de plus, je ne peux que constater cette proximité avec lui. Ce n'est pas pour rien qu'on en est venus à si bien s'entendre (et aussi parce que j'ai pu profiter de la facilité des échanges à distance, ok).

- "Ouais, j'étais à Kyoto, mais mon programme n'était pas beaucoup plus diversifié. Je suis retourné bosser les soirées dans une salle de spectacle où je bossais à l'époque, pour filer un coup de main le temps du rush des vacances. Et la journée j'ai profité des salles insonorisées pour enregistrer un max de sons. C'est quand même pas la même qualité de rendu que dans ma piaule au bahut ! Puis entre temps je me prenais toujours autant la tête avec mon frère. Même si, j'crois que ça s'améliore un peu. 'Fin, ça dépend encore des jours. J'arrive pas trop à savoir."

On ne peut pas dire que mes vacances aient quoi que ce soit d’idyllique. Mais il ne fallait pas s'attendre à grand chose d'autres.

- "On va se poser prendre un truc à boire ? Je reviens juste de Kyoto, la route m'a filé hyper soif !"

Et ce n'est sûrement pas lié au trop grand nombre de cigarettes que j'ai pu fumer depuis que je suis parti.

Junko écoute avec attention son ami répondre à son tour à sa question. Shintaro a toujours l'air occupé, et il fait plein de choses. Pas que lui-même n'en fasse pas plein non plus mais... Disons qu'il y a quelque chose de plus intéressant à écouter quelqu'un parler d'un métier liant ses passions, plutôt que lui qui passe juste son temps à essayer de ne pas se faire distancer par la vie en bossant et en étudiant des trucs qu'il n'aime pas forcément. Mais bon, c'est pour la bonne cause.
Tous les sacrifices valent la peine pour décrocher le bonheur à ses petites sœurs après tout.



Il est curieux d'entendre les sons que Shintaro a produit et enregistré, mais il ne sait pas trop si son ami est assez pudique sur ça ou non, et décide de ne pas lui demander. Après tout, ils ont d'autres choses sur lesquelles parler. Ce n'est pas les sujets de conversation qui manquent, surtout quand on s'appelle Junko Fushita.
Pour toute réponse à sa proposition d'aller chercher quelque chose à boire, Jun hoche la tête et engage sa marche dans la direction d'un petit stand de glaces et boissons qu'il sait être non loin à une centaine de mètres. Quelque part. Par là-bas. Ouais, ça doit être ça.
Et dans un même temps, il relance la conversation avec facilité.



Shintaro, il est un peu comme lui. Tous les deux, ils ont pas une vie de famille simple. Si lui ne s'entend pas avec sa mère et chaperonne du mieux qu'il peut ses petites sœurs jumelles, il sait que le blond lui c'est encore un peu plus compliqué. Les relations fraternelles explosives, c'est pas facile à gérer. D'autant plus avec le caractère de Shintaro Lawson. Il se souvient que c'était tous les soirs qu'il témoignait d'une dispute de famille des Lawson. Mais bon, c'était chose habituelle, alors ça ne l'étonnait pas plus que ça ne le dérangeait à vrai dire. Shintaro aussi, il l'a entendu plusieurs fois se prendre la tête avec sa mère. Et puis, il a aussi entendu ses soeurs quand elles venaient l'embêter alors qu'il voulait juste jouer avec son ami. Mais bon, Junko est trop doux avec elles, et entre deux bagarres, ou envahissements de cheveux blonds ou bruns, il arrivait tout de même à voir son écran et s'amuser.

Junko's outfit:

Il y a bien longtemps que je ne sais plus ce que c'est que de s'ennuyer (sauf si on prend en compte certains cours particulièrement barbants). Mais oui, on ne peut pas dire que je mette à profit mes vacances pour me reposer. Et en même temps, je suis sûr que je le vivrai mal. Je ne suis pas fait pour rester longtemps à ne rien faire. Même quand je suis devant un écran à jouer, il y a toujours une partie de mon cerveau qui est concentrée à décortiquer la structure de l'audio.
Et si, par chance, mon manque de sociabilité me permet de ne pas souffrir de toutes ces heures passées en tête à tête avec mes instruments et logiciels de montage, je ne suis pas mécontent de retrouver Junko sur ce coup. Oui bah, faut croire que prendre l'air de temps en temps, ce n'est pas si mal non plus.

- "Oh cool, tu l'accompagnes ?"

Je sais que Junko a toujours été très proche de ses sœurs. Je crois que quelque part, j'ai toujours un peu envié cette relation qu'il arrive à avoir avec elles. Des fois je me demande si ça aurait été différent si j'avais eu des sœurs et non pas des frères. Ou si c'est génétique, on a juste tous des caractères merdiques. Bien trop pour être capable de communiquer autrement qu'en s'engueulant non stop.

- "Les filles ne sont pas dans la même école ?"

Je sais qu'elles sont jumelles, alors, ouais, je ne sais pas pourquoi, je pensais qu'elles étaient dans la même classe, même bahut. Mais si l'une fait sa rentrée au mois de septembre, c'est qu'elle ne doit effectivement pas suivre le cursus classique. En tout cas, on peut dire que ça a l'air de faire plaisir à Junko.
Arrivés près du stand ambulant, j'en profite pour commander une limonade et attend que le grand frère modèle fasse son choix.

- "Chez moi, c'est toujours plus ou moins la même chose. J'ai l'impression que Kyojiro s'est un peu calmé sur ses conneries mais bon, tant qu'il continuera à trainer avec les mêmes gars à Kyoto il ne risque pas de s'en sortir réellement. Enfin, c'est pas comme s'il en avait quoi que ce soit à foutre de ce que j'peux lui dire de toute façon. Et Hironobu... Bah il vient d'avoir treize ans et ça commence à se sentir... Pourquoi faut qu'on soit si cons quand est ados ?"

Oui c'est bon, je sais, je n'étais pas un modèle non plus à cet âge là. Sauf que moi, je n'avais personne pour me dire que je faisais de la merde. Mais faut croire qu'il ne suffit pas qu'on nous le dise pour améliorer les choses.

Et la conversation suit son cours sous son impulsion. Shintaro se prend même au jeu de lui poser des questions, et le brun darde ses yeux sur lui d'un léger sourire sur son visage. Son regard pétille à l'idée de faire la rentrée de sa petite soeur. Elle est si contente de son changement d'école, mais à la fois assez triste d'être séparée de sa soeur. Un doux mélange d'excitation, mais Junko a confiance : tout ira bien pour elle. Il espère la voir s'épanouir.



C'est important l'intégration, surtout à l'âge où elles sont. Douze ans, c'est pas un âge facile pour se faire des amis, et comme il sait June assez timide et réservée déjà, il lui faut au moins ça pour arriver à se faire des amis. Du moins, ça lui donnera un coup de pouce.



La petite Juny qui dessine tout le temps, elle veut faire une école de mode. Celle-ci particulièrement propose déjà un accompagnement au plus tôt avec des activités de couture, design et autres... De quoi la ravir. Et Junko, il ne veut que le meilleur pour ses soeurs.
Il écoute Shintaro lui raconter ses déboires avec ses frères, rigole un peu quand il se met à parler d'adolescence. Léger haussement d'épaules, il réfléchit un peu, laisse le silence accueillir d'abord les paroles du blond avant de tourner la tête vers lui.



Son regard traîne ailleurs. Junko sait de quoi il parle. Il se doute de ce à quoi doivent ressembler les fréquentations du jeune frère de son ami, et pour l'avoir vécu... Il sait que c'est courir droit dans le mur vers une vie sans avenir. C'est dangereux, c'est complètement stupide, et à son âge, Junko lui aussi il ne s'en rendait pas compte. Il n'en parle pas trop, de son vécu. Du moins, il ne parle pas des choses trop sensibles. Mais Shintaro sait, pour l'avoir côtoyé un peu même à travers un écran, qu'il faisait des trucs louches quand il avait l'âge de Kyojiro.



Là voilà, c'est Junko tout craché. L'art et la manière de changer de sujet avec une esquive simple et parfaitement exécutée.

Junko's outfit:

Pour sûr qu'avec Junko, j'ai suffisamment d'expériences en commun pour comprendre ce qu'il me raconte. Et pas seulement à imaginer les choses, à donner un sens plus ou moins abstrait à ses mots. Non, pour avoir vécu la même chose, je sais ce que c'est. Que de devoir assumer cette place qui ne devrait pourtant pas nous revenir. Évidemment, c'est toujours sympa quand c'est pour assister à des évènements joyeux. La rentrée dans un établissement désiré, ça a de quoi donner le sourire ouais. Et, je crois que ça me fait même plaisir de le voir aussi content à l'idée d'accompagner sa sœur. Avec tous les sacrifices qu'il a dû faire, c'est amplement mérité.

- "T'as bien raison."

Parce que de ce que j'ai pu en entendre, ses sœurs n'ont pas l'air bêtes. Elles doivent bien avoir conscience des sacrifices nécessaires pour se payer ce genre d'écoles. Pas comme tous ces gosses de riche qui se permettent de tout foutre en l'air sur un simple coup de tête. Mais, je ne me sens pas le besoin de préciser quoi que ce soit.
En revanche, je lance un regard un peu perplexe à Junko quand le sujet reviens sur mes frangins.

- "Je n'ai pas l'intention de le laisser tomber. Même si des fois, j'me dis que ça ne changerait pas grand chose à toutes les conneries qu'il peut faire, ça fait pas quatre ans que je passe mon temps à m'engueuler avec lui pour lâcher maintenant."

Ouais ok, je suis peut-être un peu borné. Mais je ne sais pas si Kyojiro ne l'est pas plus que moi... Quoi qu'il en soit, il est évident que je serai toujours là pour lui. Même si c'est pénible et que je préférais qu'on arrête de se prendre la tête constamment. Je suis incapable de le laisser foncer droit dans le mur et faire comme si je ne remarquais rien.

- "P't'être bien qu'il va se décider à reprendre l'école aussi d'ailleurs. Pas sûr que ce soit une solution miracle, mais si ça peut l'aider à avoir un objectif et à se donner les moyens de l'atteindre, ça arrangera peut-être un peu les choses."

J'ai toujours du mal à croire que cette hypothèse amenée par Arizona puisse vraiment aboutir à quelque chose, mais je dois bien reconnaitre que c'est la première fois que je l'ai vu réfléchir sérieusement à ce qu'il pourrait vouloir faire.
Et Junko ne manque pas de me rappeler qu'il n'y a pas que les plus jeunes qui sont sur le chemin de l'école.

- "Bien sûr. T'as vraiment cru que j'étais du genre à pouvoir rater mes exams ? Je ne suis pas venu à Kobe pour profiter du paysage."

Je n'aurais sûrement pas repris les cours si je n'avais pas une bonne idée du résultat que j'en attends. Et il est hors de question que je perde une année. D'ailleurs, mon accord avec Yû pour qu'il me paie les frais d'inscription tomberait à l'eau et ça, c'est impensable. Alors oui, bien sûr que j'ai validé mes examens, et avec bon nombre de points d'avance. Parait que je n'en ai pas le profile, mais je m'arrange bien pour rester parmi les premiers de la promo.

- "Et toi ? T'as fini par rattraper tout ton retard ? En arrivant en cours d'année ça a dû être galère."

Mais loin de se braquer aux paroles de Junko, le blond le rassure plutôt. Il s'épanche même au sujet de son frère, un peu plus. Le regard du brun s'accroche à lui, croise celui un peu perplexe de Shintaro mais dans le sien, il n'y a que de l'intérêt. Il attend quelque chose, et il l'entend. C'est bien servi même, excellement et c'est un sans-faute. Quelque part, même, l'adolescent qu'il était, se sent lui aussi moins seul lorsque Shintaro lui indique qu'il ne lâchera pas son petit frère.

Il l'entend lui dire qu'il y a même un peu de lumière au bout du tunnel et qu'il espère que ce ne soit pas qu'un mirage cette fois. Reprendre le chemin de l'école, c'est ce qui l'a sauvé lui aussi. Mais sans Arizona, il aurait plongé. C'est elle qui l'avait poussé, à l'époque, à remonter un dossier d'inscription à la fac de Tokyo. De nombreuses heures à gratter du papier pour se remettre à niveau, en sa compagnie et celles de ses sœurs, entre trois jeux, quatre lego, du faux thé à boire et un gâteau à l'ananas. Des heures à se perdre entre des calculs fondamentaux et des basiques de biologie et physique, rythmées par les demandes des jumelles qu'Arizona, même avec son grand cœur et sa générosité, n'arrivait pas forcément à canaliser pour le laisser travailler en paix.

Shintaro continue d'exprimer ses pensées, et Junko laisse naître sur son visage un sourire doux. Il est un peu ému, Jun. Il détourne les yeux alors que son ami se vexe presque des mots qu'il a choisi pour lui demander comment s'était passé ses examens, en lui rappelant qu'il n'est pas ici pour compter les marguerites sur le bord des chemins mais bien pour les mêmes raisons que lui. Amusé, par son attitude, Junko glisse ses yeux de nouveau sur lui. Il ne peut pas s'empêcher de lâcher un léger rire et pose sa main sur l'épaule de Shintaro, en la pressant quelque peu.
Oh, il ne comprendra surement pas, mais c'est un peu sa façon silencieuse de lui dire merci.

Junko le lâche bien vite et laisse ses mots s'accompagner d'un mouvement de son bras alors qu'il répond à son tour au blond, comme si rien ne s'est passé.



Junko hausse les épaules, l'information est peut-être de trop mais en soi, il peut bien partager ce qu'il veut avec son ami, non ? C'est Shintaro après tout. Ce n'est pas comme s'il ne lui avait jamais rien raconté de sa vie. En fait, c'est peut-être son ami qui en sait le plus sur lui, finalement.



Il est trop imbu de lui-même. Pas trop. Mais il faut rendre à César ce qui est à César, et Junko, il a vraiment passé beaucoup d'heures à la bibliothèque pour tout rattraper et rendre la meilleure copie possible à ses examens. Il était certain de ne pas les louper, mais il voulait surtout avoir la meilleure note possible. Lui, rater ses examens ? Et puis quoi encore. Ses petites sœurs rentrent au collège bientôt, et il n'a pas une seule année à perdre. Il a déjà tout planifié, et s'il se rate, ça fout tout son plan sur les 10 ans à venir en l'air. Nan, vraiment. Et puis, il est pas stupide, Junko. Il est trop intelligent pour louper ses examens.

Enfin, ils arrivent près du stand. Y'a pas mal de choses proposées ici, et le basketteur laisse son regard rouler sur les articles. Un petit soda, pourquoi pas. Ou du thé glacé bien frais. Il sait pas trop, il hésite un peu. Il fait ploum ploum dans son crâne, et finit par prendre une grande bouteille de cola. Aujourd'hui, on boit pas healthy, c'est le hasard qui en a décidé ainsi.
Armé de sa bouteille qu'il tient nonchalamment par le haut du bout des doigts, Junko attend Shintaro puis va se poser sur la rambarde qui délimite la plage de la route piétonne qu'ils ont emprunté, longeant la mer. Il laisse pendre ses jambes côté plage, son regard brun se perdant quelque peu sur les vagues devant lui. Il reste silencieux un instant, mais il ne ressent aucun malaise, présentement.

Junko's outfit:

Je hoche légèrement la tête quand Junko m'explique avoir trouvé quelqu'un pour lui filer les cours qui lui manquaient, ce qui lui a permis de rattraper plus facilement son retard. Avant de répondre par la négative à sa question. Je suis sûr qu'il connait déjà beaucoup plus de monde que moi sur le campus alors que j'y ai passé un an de plus.

- "J'connais pas vraiment les gens en médecine, déso."

A part les quelques rares qui se rendent au club de musique. Mais on ne va pas se mentir, les gens qui suivent des études scientifiques sont rarement les plus grands artistes qui soient (dalleurs ce n'est pas pour rien qu'ils ne sont pas dans la filière artistique...). Mais je retiens quand même son nom. Parce que c'est Junko qui l'a mentionné probablement.
Et, je suis plutôt content d'entendre que ses examens se sont bien passés pour lui aussi. Faut dire que dans ses conditions, c'était risqué. Mais, étrangement, je ne m'inquiète pas trop pour lui. Je sais à quel point il peut être déterminé. S'il s'en sort, il ne le doit qu'à sa persévérance et à sa force de caractère. Pas à des astres bien alignés. Je crois même que c'est un sourire un peu fier que j'affiche à cet instant. Fier de connaitre un gars capable de s'en sortir par ses propres moyens.

- "A ce rythme là, tu vas finir en tête du classement pour les examens finaux !"

Et je ne le dis pas uniquement pour lui faire plaisir. S'il a réussi à rattraper tout son retard en quelques semaines, il n'y a pas de raisons qu'il n'arrive pas à tout exploser suite à plusieurs mois de travail.

Quand on arrive à destination (du moins, la première), j'hésite un instant sur quoi prendre. Une bonne limonade bien sucrée me fait pas mal envie je dois avouer. Mais je sais aussi que ça fait partie de ce qu'il y a de pire pour la ligne. Un simple thé glacé serait plus raisonnable. Cela dit, pendant les vacances j'ai été en léger déficit calorique. Je le sais, je me pèse tous les jours.
Finalement, je n'ai pas besoin de négocier très longtemps avec moi-même avant de choisir l'option de la sagesse. Après tout, le thé, c'est aussi très bon. Et je me prendrais moins la tête par la suite. Alors hop, je commande à mon tour et emboite le pas à Junko une fois ma boisson (faible en calories) récupérée. Je laisse trainer mon regard dans la même direction que celle de mon ami. C'est vrai que l'endroit est plutôt apaisant. C'est agréable. Le bruit des vagues. L'air marin. Les discussions des passants dont on ne capte que trois mots avant qu'ils ne soient hors de portée.

- "Et, finalement ? Tu t'es bien fait à Kobe ? Ou Tokyo te manque quand même ?"

Si Kobe est une grande ville avec de nombreux avantages, on peut difficilement rivaliser avec Tokyo. Et autant pour un gars comme moi qui déteste voir du monde ce n'est pas dérangeant, mais Junko est clairement bien plus sociable.

Finir en tête du classement... Pour son égo, ça serait pas du luxe et ça serait mérité, mais est-ce que ça lui serait utile ? Junko ne croit pas trop. Il n'a pas besoin de grandes études non plus pour faire ce qu'il veut. Le cursus classique sera suffisant, amplement. Et puis, personne ne viendra lui demander son classement. On lui demandera surtout quelles sont ses performances, et s'il est légitime à coacher les personnes qui se présenteront à lui. Médecine, c'est vraiment juste pour engranger un maximum de connaissances en nutrition et physiologie. L'internat tout ça, ça le saoule déjà... Bon après, au moins il pourra flex en disant qu'il sait faire des prises de sang et piquer. Et puis, la blouse blanche, ça fait toujours son effet.

Shintaro brise le léger silence qui s'est installé entre eux, attirant l'attention du brun sur lui. Le grand hafu laisse son regard se poser sur le visage de son ami. On lui a déjà posé cette question. Mais c'est intéressant d'y répondre, toujours. Surtout avec un ami comme Shintaro. Junko peut se permettre de moins faire semblant. Il laisse son regard dériver sur le ballet des vagues devant eux.



Après tout, il a toute sa vie là-bas, Junko. Il a toujours vécu dans la capitale nipponne, il y connait plein de monde, il y a ses marques, ses habitudes. A Tokyo, il y a sa petite famille aussi. Sa mère toujours absente, mais surtout ses deux petites sœurs. Tokyo c'est aussi plein de souvenirs, Tokyo fourmille, elle vit, elle illumine. Tokyo parfois l'a engloutie dans ses entrailles mais c'est Tokyo. Si avec d'autres personnes il se serait contenté de cette réponse, il se sent assez à l'aise avec Shintaro pour développer.



C'est la première fois qu'il l'exprime. Il n'osera pas parler d'Arizona Williams. C'est un peu la honte, de son point de vue, c'est clairement misérable et un move de pigeon d'avoir lâché toute sa vie pour revenir aux pieds de son ex qui l'a juste envoyé paître. Il y a eu le festival, leur rapprochement durant l'été, mais tout ça c'est fini. Arizona s'est juste joué de lui. Et Junko, il se sent coincé ici à Kobe, plus que jamais à présent. Ouais, il regrette, vraiment.



Il se fend d'un sourire. Il faut aller de l'avant, prendre son mal en patience. Un nouveau transfert si tôt lui serait refusé. Il doit finir ses études ici avant de penser à revenir sur Tokyo. Et tout reprendre là-bas. Presque tout.

Junko's outfit:

Je ne peux pas dire que la réponse de Junko m'étonne. Difficile de se défaire du rythme tokyoïte. D'autant plus quand on en profite autant que lui. J'ai toujours un peu de mal à bien cerner ce qu'il fait ici d'ailleurs. Je n'ai pas eu beaucoup plus de détails depuis la première fois. Mais s'il ne veut pas en parler, je ne suis clairement pas le genre de personne qui va aller fouiller, insister, essayer d'arracher le moindre petit indice. Je me contente sans mal de ce qu'il accepte de me livrer. Alors, après l'avoir écouté, ma réponse est on ne peut plus simple.

- "Tu n'as juste pas encore trouvé. Ça fait quoi ? Trois mois, quatre peut-être, que tu es arrivé ? Laisse toi plus de temps pour attendre des résultats."

Ma voix est posée, un peu lente même. Peut-être l'air marin, cette ambiance particulièrement calme à cet instant. Les yeux toujours posés devant moi, à observer les petits rouleaux formés par les vagues, je ne suis pas là pour lui apporter des solutions. Je n'imagine pas en avoir les moyens. Si j'arrive à lui apporter un peu de soutien par ma présence, je crois que ce sera déjà pas mal.

- "Tu n'es pas du genre à baisser les bras si facilement de ce que je sais."

Je reprends une gorgée de ma boisson, un poil frustré par cette absence de sucre que j'espérais pourtant.

- "Et puis, tu ne vas pas repartir si vite non ?"

Je crois que ça me ferai un peu chier. S'il m'a fallu quelques jours pour accepter le fait que Junko avait réellement un visage et que je n'avais plus besoin de micro pour parler avec lui, maintenant, j'aurais sûrement un peu de mal à revenir à ce stade. Au final, c'est plutôt agréable d'avoir de vraies interactions avec lui.

Junko ne sait pas trop quoi penser des paroles de son ami. Shintaro semble prendre le bon côté des choses, moins pessimiste que lui. Mais le grand brun n'est pas vraiment d'accord avec ce qu'il avance. Difficile de lui en tenir rigueur : Shintaro ne sait rien de ce qui le tracasse, et de ce qu'il est venu chercher en venant à Kobe. Un fin sourire se dessine sur son visage, quelque part apaisé de constater qu'il cherche quand même à le réconforter, d'une manière ou d'une autre. Si celle-ci semble maladroite, il le connait assez pour noter l'effort de son ami. Il jette ses yeux bruns sur lui. Devant eux, il y a la mer qui fait rouler ses vagues inlassablement sur le sable. Comme le temps qui passe. Il faut avancer, après tout. Ainsi va la vie.

Junko soupire pourtant, reporte son attention droit devant eux. Est-ce qu'il n'est pas du genre à baisser les bras facilement ? Non, bien sûr mais... cette histoire, ça fait longtemps que ça dure quand même et après avoir tout sacrifié, subir un échec aussi cuisant... Il n'est pas certain d'avoir encore envie de se battre pour ça. Il reste silencieux, après les dernières paroles de Shintaro. Non, il ne peut pas repartir.
Il est coincé ici, à Kobe avec tout ce que ça implique. Ce n'est pas l'envie qui lui manque de vouloir retourner à Tokyo, auprès de ses sœurs. Repartir à zéro. Tourner la page. Il ne peut pas. Les paroles du blond sonnent creuses, et elles creusent tout autant sa poitrine. Il hésite, Junko. Mais finalement, en relevant la tête pour observer quelques nuages blancs dans l'immensité du ciel bleu qui lui fait plisser les yeux, il se dit que c'est peut-être le bon moment d'en parler. Du moins, étrangement, il en ressent le besoin.



Le reste semble logique, et il ne doute pas que Shintaro va relier les points tout seul. C'est déjà suffisamment ridicule comme situation. Courir après une meuf à ce point, ça ne lui ressemble pas du tout. Personne ferait ça. Tout jeter, tout foutre en l'air, pour les beaux yeux d'une gonzesse. Junko baisse les yeux sur ses jambes. Il sursaute d'un rire soupiré.



Voilà, c'est à peu près tout. On récolte ce que l'on sème.
Junko relève ses yeux sur le roulement de la marée. Il pianote d'un doigt sur sa bouteille de soda. S'il n'a pas évoqué le nom d'Arizona, c'est tout de même la première fois qu'il en parle à quelqu'un. Peut-être que tout ce qui s'est passé ici à Kobe, ça a un goût de trop, même pour Junko Fushita. Il n'est pas certain que Shintaro se souvienne de comment elle s'appelle. Il l'évoquait quelquefois, mais il lui en parlait rarement. Après tout, devant leurs écrans, ils discutaient surtout de jeux vidéos, et parfois d'un peu de leur vie. La rue, les problèmes de famille. Mais une certaine pudicité à parler de leurs relations avec le sexe opposé. En tout cas Junko, il disait surtout que ça allait.

Junko's outfit:

Je ne m'attendais pas franchement à ce que Junko se lance dans davantage d'explications. Faut dire que si parler de nos soucis familiaux respectifs était assez fréquent (difficile à ignorer quand il y a toujours une engueulade en live d'un côté ou de l'autre) pour le reste, on ne s'est jamais trop étendu. Quelques infos par ci par là quand il y avait quelque chose d'intéressant à répondre au fameux "comment tu vas ?" mais autrement, on se contentait assez facilement de jeux videos.
Alors oui, je sais qu'il est sorti avec une meuf pendant un bon moment avant que ça ne se termine. Mais je n'ai jamais cherché à savoir à quel point c'était sérieux entre eux. Pourquoi est-ce que tout s'est terminé. Comment est-ce qu'il le vivait. Des questions trop intrusives que je ne me suis jamais senti légitime à poser.

Ce qui ne m'empêche pas d'écouter, sérieusement, maintenant que Junko juge important de me partager ces informations. Venir à Kobe pour suivre son ex était bien la dernière raison pour laquelle je pouvais l'imaginer avoir mis les pieds ici. J'aurais plutôt pensé que c'étaient les filles qui lui couraient après plus que l'inverse. Mais je ne risque pas d'y apposer le moindre jugement de valeur. Au contraire.

- "Tu as essayé. Si t'en es venu à prendre cette décision c'est que tu en avais besoin. Ne t'en veux pas pour ça. Se prendre un mur n'est jamais agréable sur le moment, c'est sûr, mais c'est parfois nécessaire pour réajuster la direction à prendre et mieux avancer ensuite."

Je suis sûrement le dernier gars qui pourrait fournir des conseils en matière de relations amoureuses. Alors je ne risque pas de me lancer là dedans. En revanche, je sais parfaitement que suivre son instinct, ses envies, ses besoins, ce n'est jamais stupide. Vivre avec des "et si j'avais osé" plein la tête est à mon sens la pire des choses. Mais bien sûr, il faut toujours un peu de temps, pour prendre du recul, pour décider de la suite. Et pour ça, je n'ai aucune solution miracle. La seule chose que je puisse faire pour le moment, c'est de poser une main sur son épaule en signe de soutien, juste quelques secondes, avant de m'adosser un peu plus nonchalamment à la rambarde.

- "Allez, Kobe n'est sûrement pas la meilleure ville au monde mais eh, ça va, elle n'est pas complètement daubée non plus. Et puis, tu vas rencontrer du monde."

Je termine ma boisson avant de me décaler un peu de mon appui pour reposer le regard un peu plus sur Junko. Ouais, je me rends compte que ça me fait vraiment chier de le voir dans cet état. Et en même temps, ça me fait aussi un peu plaisir de constater qu'il est ok pour me partager ce genre de contrariété. Je sais que la plupart des gens préfèrent faire comme si tout allait toujours pour le mieux (façon de faire que ne comprends pas franchement mais j'accepte).

- "Viens, j'vais te montrer où est-ce que je passe du temps ici quand tout ne s'enchaine pas comme je le veux, que j'ai besoin d'une pause."

Parce qu'au final, c'est bien la seule aide que je puisse lui proposer.