Les chiens font réellement des chats [Pv Kazane]

Aujourd'hui, la pluie tombait avec une intensité implacable, chaque goutte s'écrasant contre le sol avec une force qui faisait éclater de minuscules éclaboussures sur les trottoirs.

Les rues labyrinthiques de Kobe, habituellement animées, étaient maintenant désertées par les passants, cherchant refuge sous les auvents et les abris de bus. Sous son parapluie transparent, Kazane avançait d'un pas assuré, ses baskets blanches éclaboussant légèrement à chaque pas dans les flaques d'eau qui parsemaient son chemin.

Elle portait une robe bleue qui ondulait autour de ses jambes à chaque mouvement, protégée par une veste imperméable jaune vif qui tranchait nettement avec la grisaille ambiante. Ses collants noirs la gardaient au chaud, ajoutant une touche de sophistication à sa tenue, et ses cheveux noirs, dont les pointes étaient trempées par l'averse, volaient au vent pour éviter qu'ils ne soient détrempés par la pluie.

En arrivant au centre commercial, l'adolescente referma soigneusement son parapluie et secoua les gouttes d'eau de ses baskets blanches avant de franchir les portes automatiques.
L'atmosphère poussant à l'achat de l'immense batisse contrastait fortement avec la morosité extérieure. Des lumières vives illuminaient les allées remplies de magasins aux vitrines colorées, et une douce musique d'ambiance flottait dans l'air... Les citadins adoraient cela, Kazane trouvait cela bien trop exubérant.

Comme à son habitude, la demoiselle était arrivée en avance. Elle jeta un coup d'œil à l'horloge numérique de son téléphone portable, constatant qu'elle avait dix minutes d'avance sur l'heure convenue.
Trouvant un banc à proximité, elle s'y installa, observant les quelques passants qui se pressaient d'un magasin à l'autre, abrités du déluge extérieur. Les minutes s'écoulèrent tranquillement alors qu'elle attendait, son esprit vagabondant dans les dédales de ses pensées torturées ou ennuyeuse.

Soudain, son regard fut attiré par une silhouette familière à l'entrée du centre commercial. Junichi, l'homme qu'elle attendait, se tenait là, cherchant manifestement quelqu'un des yeux.
Athlétique, avec des cheveux bruns en bataille et un style vestimentaire plutôt décontracté, il semblait un peu perdu au milieu de la foule. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Kazane alors qu'elle se levait pour aller à sa rencontre.

Elle fendit la foule d'un pas rapide et assuré, esquivant habilement les groupes de personnes et les stands de promotion. En quelques instants, elle se retrouva devant Junichi, qui poussa un soupir de soulagement en la voyant.

-« Ah ! Encore 30 secondes et j’allais commencer à t’attendre ! »

s'exclama-t-il avec un sourire amusé.

La grande japonaise ricana doucement, croisant les bras.

-« Je suis arrivée dix minutes en avance, Yasuhisa-san. Tu as bien choisi ton jour pour faire du shopping sous cette pluie battante. »

Kazane jeta un coup d'œil autour d'elle, évaluant les options pour aller directement à l'essentiel et ne pas resté plantée avec Junichi comme deux palmiers au milieu d'une avalanche.

- « Bon, je suppose qu'on devrait commencer par les boutiques de vêtements. Tu m'as dit que tu avais besoin de nouvelles tenues, n'est-ce pas ? Je connais deux-trois bons magasins. Allons voir ce qu'on peut trouver. »

Ils se mirent en marche, Kazane menant la danse d'un pas décidé, sans voir si son camarade la suivait.

La pluie battait contre le parapluie transparent de Kazane, résonnant comme un tambour de guerre rythmant la marche infléxible de l'averse qui les bombardait sans discontinuer. Junichi, visiblement pressé et agité, la poussait doucement mais fermement, essayant de la convaincre de se mettre en marche.

Cependant, sa kohai ne l'entendait pas de cette oreille. L'agacement montait en elle comme une marée furieuse, alimentée par la frustration de l'incertitude et la brusquerie inattendue de son senpai qui tentait maladroitement de resté sympathique et détendu.

La demoiselle s'arrêta net, plantant ses pieds dans le sol détrempé. Ses yeux devinrent deux billes marrons ardentes, lançant des éclairs de colère en direction de Junichi.
Ses lunettes embuées masquaient partiellement son regard, mais l'adolescente savait que le sportif pouvait sentir la force de son mécontentement à travers ses prunelles.

-«  C'est quoi ton problème ? »

Lança-t-elle, sa voix perçant le bruit de la pluie. Elle resserra son emprise sur la poignée de son parapluie, s'accrochant à la dernière parcelle de contrôle qu'elle possédait en cet instant chaotique.

Junichi aurait pu ouvrir la bouche pour répondre, mais Kazane ne lui en laissa pas le temps.
Ses mots fusèrent, enflammés par la colère et la frustration.

-« Ce n'est pas en fuyant quelqu'un que tu vas régler tes soucis ! »

Ajouta-t-elle, son ton empreint de reproche. Elle jeta un coup d'œil derrière Junichi, essayant de discerner ce qu'il cherchait à éviter, mais la pluie brouillait sa vision.

Le silence qui suivit fut lourd de tension.  Malgré son énervement, la lycéenne sentait les braises de la colère se mêler à une profonde tristesse. Elle avait espéré que cette sortie au centre commercial serait une échappatoire, une parenthèse agréable loin des tracas quotidiens. Mais maintenant, avec un Junichi qui semblait vouloir fuir quelque chose, ses espoirs s'effondraient... Encore un mauvais moment à passer.

La jeune-femme prit une grande inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques qui tambourinaient contre ses cotes . Ses pensées tourbillonnaient, cherchant une explication à l'attitude étrange du jeune-homme.

Pourquoi semblait-il si pressé, si nerveux ? Qu'est-ce qui avait changé ?

La pluie continuait de tomber, implacable, comme si le ciel partageait sa colère. Kazane se força à desserrer son emprise sur le parapluie, sentant la tension dans ses muscles se relâcher légèrement. Elle fixait toujours Junichi, cherchant dans son regard une lueur de sincérité.

-«  Yasuhisa-san, si tu veux que je te suive, tu dois être honnête avec moi. Je ne peux pas te faire confiance si tu ne me dis pas ce qui se passe. »

La pluie continuait de marteler le parapluie, mais à cet instant, elle n'était plus qu'un bruit de fond. Les mots étaient dits, et il appartenait maintenant à Junichi de décider de la suite. Kazane se tenait là, immobile