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- Ena OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 31■ Messages : 211■ Inscrit le : 23/08/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 16 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Family is the other name for chaos
6 Août 2018 - 16h05
Intéressé, critique et sans chaleur, le regard de leur mère les traverse. Cinq ridicules secondes suffisent à ce qu’Ena s’en retrouve dépouillé d’humanité. Il n’est plus lui, les lettres de son prénom s’efface. Il ne reste plus qu’une chose, un trophée que leur mère revendique des yeux. Le dos droit et visage impassible, tout comme Hiro, Ena s’incline. « Bonjour Mère »
Adieu sa joie de vivre, oublié la malice qui illumine habituellement ses pupilles. Son visage est lasse. Leur mère commence déjà son cinéma.
« Bon retour à la maison mes garçons »
ça y est, la vipère commence à répandre son venin, Ena retient une grimace. Il ne sait pas où elle voit un retour à la maison, ce n’est qu’un séjour en prison. Elle est bien placé pour le savoir, c’est elle qui en a érigé les murs. Dans son empire de malheur, elle ne leur a prévu aucun répit.
« Tu deviens de plus en plus beau, Hiro. Le portrait craché de ton Père »
Ena fixe la porte d’entrée, ses yeux se perdent dans l’ouverture qui dévoile un bout d’intérieur boisé. Pitié, qu’elle en finisse avec ses salutations et qu’elle leur fiche la paix. Ses yeux qui crachent des étoiles et la main qu’elle pose avec une délicatesse hypocrite sur la joue d’Hiro lui donne de l’urticaire. Il a envie de la claquer, qu’elle s’éloigne au plus vite de son frère. Surtout si c’est pour balancer des vérités pareil.
L’amour qu’il porte à son jumeau le rend aveugle de cette ressemblance indésirable mais face à lui-même, seul devant un miroir, cette réalité lui donne souvent envie de disparaître. Leur mère a de la chance qu’Hiro lui ai fait promettre de ne pas faire de vagues sur leur trajet. Il aurait déjà plongé dans cette espèce de manoir hybride, entre tradition et modernité, qui leur sert d’hébergement temporaire. Bien sûr, elle n’a pas conscience de l’effort astronomique qu’il tient et elle ne lui attribue aucun compliment. L’évidence ne l’intéresse pas. Le fait qu’ils soient jumeaux et se ressemblent tellement que sans leur teinture elle serait incapable de les différencier ne compte pas pour elle. Tout ce qui importe à cette mégère, c'est les projections fantasmatiques qu’elle colle sur son frère – futur grand héritier – qui sera capable de lui offrir l’immortalité dans son triste monde de mondanité. Lui n’est que son ticket de secours, le caleçon un peu troué mais qu’on garde « au cas où ». Il n’a le droit qu’à un rapide coup d’œil, relevé d’un commentaire désagréable alors qu’elle tourne les talons. «Entrez, vous êtes attendus. J’ai fait venir les meilleurs professionnels de la région pour s’occuper de vous. Ta peau est grasse, Ena, tu ne peux pas te présenter ainsi devant ton Père »
Ena jette un œil indigné à son jumeau. Dire qu’il lui faut tenir trois semaines. Blasé, il peste, les dents serrées : «Fantastique. J’rêvais d’me faire manucurer les doigts pieds ». D’un pas désabusé, il s’engouffre dans leur enfer.
A l’intérieur rien n’a bougé, tout est exactement à la même foutue place. Rien ne dépasse. Le parquet brille à rendre aveugle, le papier peint sent la rose et les tapis les envahissent dès l’entrée. Ena retire ses chaussures et pose ses affaires, un employé vient les réceptionner. Il prend aussi ceux d’Hiro avant de fuir à l’étage. Leur mère, fière de son programme, leur étale le déroulement du cauchemar pendant qu'il glisse ses pieds dans des chaussons hors de prix. Elle est si belle dans sa longue robe d'été, dommage que son cœur soit si laid.
« Votre Père rentre spécialement pour vous accueillir ce soir. Soyez donc prêts de bonne heure. Je vous veux tous les deux dans la salle à manger à 19h. Pas une minute avant, pas une minute après. Montez d'abord vous doucher et vous changer, il n’est pas raisonnable de rester habillés de la sorte. Vos soins vous attendent à l'étage »
L’air contrariée, elle les dévisage un instant. « Dites bien au coiffeur de vous retirer ces affreuses couleurs. Votre Père ne veut pas en entendre parler. Vos petites expériences sont tolérées sur le terrain mais il ne faudrait pas vous y habituer. J'ai fais venir de nouvelles cravates pour vous, ce sera suffisant ».
"Suffisant" pour les distinguer, elle entend. Alors que leur mère s'engage dans un loooong, trop long monologue, Ena se met à maudire l'univers d'avoir créer le rouge et le vert. Bordel, qu’on le laisse aller se faire frotter les peaux mortes. Il ne peut déjà plus la supporter ! Le pire, c’est qu’elle fait comme si de rien n’était alors qu’ils savent très bien qu’elle attend d’eux qu’ils retiennent absolument chaque détail de ce planning grotesque qu’elle leur a prévu. Après le repas de ce soir, ils auront un cours de droit jusqu’à 22h. 22H30 extinction des feux. Cinq heures du matin, debout et prêt pour le petit déjeuner. Jogging d’une heure en foret avec leur monstre de Père puis ils auront le droit à un bain avant de se lancer dans une journée d’examens improvisés – leur mère veut « vérifier » que leur niveau n’a pas « trop » chuté dans ce lycée moins prestigieux que ceux qu’elle avait proposé avant qu’ils n’atterrissent à Kobe. Ils auraient le droit à une « pause » à 15h avec un cours avancé d’une heure et demie sur la cérémonie du thé, youpi. Viendra ensuite un énième affront de leur Père le soir au dîner puis leur mère les torturera toute la soirée à prendre leurs mesures et choisir le tissu le plus adéquat à leur teint pour faire confectionner les costumes qu’ils porteront pour la cérémonie qu’elle est en train de finaliser de préparer, pour leur anniversaire. Merveilleux. Qui dit cérémonie d’anniversaire dit nouvelle mascarade sociale alors ils sont partis pour une semaine de diverses cours et activités pour briller en haute société. Des fois que leur ptit séjour chez les modestes étudiants de Kobe ne leur ai fait perdre leurs bonnes manières... « Je compte sur vous pour honorer notre famille le 15. J’ai fait en sorte d’inviter toutes les jeunes femmes de familles respectables du Japon qui ne sont pas encore mariées. Alors, ne me décevez pas. ».
Lorsqu'ils peuvent enfin prendre les escaliers pour rejoindre leur chambre, Ena esquisse un sourire. Sarcastique, il lance à Hiro : « Je savais qu'elle avait hâte de fêter notre anniversaire. On lui a sacrément manqué »
Just like the stars I can't be without the sky
- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 142■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Family is the other name for chaos
06 août 2018
Le visage reposé, tu salues ta mère. Profondément incliné, sûrement plus qu'Ena au vu du compliment que tu reçois et pas lui. Mais tu restes silencieux, Hiro. Parce qu'ici tu es le prince d'un château de porcelaine. Chacun de tes gestes est millimétré. Jusqu'à ta respiration que tu contrôles pour que jamais elle ne trahisse tes émotions.
« Merci Mère. »
La main de votre mère est une douce caresse. Ton regard s'agrippe à elle comme aimanté. L'espace d'un instant, tu effaces cette sombre préférence qu'elle manifeste ouvertement à ton égard. Tu le mérites après avoir passé autant de temps dans l'ombre. Puisque tu ne peux t'accaparer toute l'attention, tu as laissé le campus à Ena. Mais cette maison est ton terrain de jeu. Derrière ses murs, tu apprends les ficelles pour devenir roi à ton tour. Et bien que cela t'effraie, tu ne reculerais devant rien pour y parvenir. Bien que tu ne serais pas contre éviter tous ces soit-disant professionnels. D'une, parce que tu ne juges pas à avoir besoin d'être pomponné. Et de deux, parce que le trajet était long depuis Kobe et que le siège de la voiture, bien que luxueuse, n'a pas le même confort que ton lit. Mais votre mère a raison. Vous devez être présentables pour votre père. En tout temps, il doit savoir qu'il a misé sur le bon cheval : toi. Alors oui, peut-être que la remarque de votre mère est désagréable mais tu reçois les gros yeux d'Ena avec un haussement d'épaules. Pragmatique, tu lui chuchotes en retour :
« Il y a peu de chance que ce soit le cas. »
N'est-ce pas ? Tu n'as pas le temps de t'en préoccuper car votre mère s'empare à nouveau de l'attention. Sans un regard sur l'immense salon, tu te délestes de tes chaussures et de ta veste. Il faisait frais dans la voiture. Vos sacs se font la malle. Et toi, tu retrouves tes marques dans cet univers de privilèges. A mesure que le programme défile, tu te fonds dans le décor. Tu disparais sous cette montagne d'activités. Après cette semaine de vacances, le contraste est rude. Tu réalises avoir perdu ton temps à sourire, dormir, flemmarder. Pendant ces quelques jours, tu n'avais pas touché à un seul manuel. Le livre qui te tenait compagnie était un roman dont tu avais lu peu de pages tant tu avais été sollicité par Ena. Cette paresse te rattrape et le devoir t'avale tout cru. Tu enregistres sans rien questionner. Après tout, tu n'as pas ton mot à dire. Elle sait mieux que vous ce qui est bon pour vous. A plusieurs moments, tu observes ton frère en douce. Il parvient à se contenir et tu l'en remercies silencieusement. Une dispute dès le premier soir te fatiguerait.
Mais alors que tu te crois enfin tiré d'affaire, votre mère – la pauvre femme ne s'en doute pas – t'assassine. La surprise fige ton visage. Quelques dixièmes de seconde. Ton cerveau tente d'éluder ce guet-apens mais impossible de calmer l'angoisse qui te monte au nez. Tu adorerais la troquer pour du wasabi mais elle te coupe l'appétit sur le champ. L'idée même de pouvoir la décevoir te rend malade. Pourtant, sa main sur ta joue à votre arrivée veut bien dire quelque chose ? Parce qu'elle se soucie. C'est ce que font toutes les mères. Se soucier de leurs enfants. Parfois à l'extrême. Mais qu'en sais-tu ? Tu feras sans doute pareil avec tes enfants. Ça cogne fort dans ta poitrine. Un début de migraine. Très vite, tu renfermes tes sentiments. Tu les calfeutres dans un coin reculé et te focalises sur la première mission de cette soirée. Alors tu t'inclines à nouveau et grimpes les marches à la suite d'Ena. Son ton moqueur ne prend pas avec toi. Tu le contemples d'un regard morne.
« Vivement 22h30. »
Et vivement le lendemain pour te noyer dans ce programme survolté. Quand vous arrivez à l'étage, tu constates que votre mère n'a pas exagéré. Tu es séparé de ton frère et la porte de la salle de bain se referme derrière toi. L'eau chaude ne suffit pas délier tes muscles. Et aucun savon, aussi coûteux soit-il, ne parvient à nettoyer cet étrange sentiment d'inconfort qui tend ta nuque. En sortant de la douche, tu observes ton reflet dans le miroir. Un bref instant où tu te surprends à regretter cette couleur de cheveux qui bientôt ne sera plus. La serviette absorbe tes sottises puis tu revêts un peignoir. Alors le coiffeur entre en jeu. Il décolore, revernit, coupe, dégrade et rase de près. Tu restes tranquille, ne bouges pas, ne parles pas. Une véritable poupée de porcelaine. Vient la manucure. Mais tu n'es plus là. Physiquement, tu es toujours assis dans ce fauteuil molletonné. Mentalement, tu es à des kilomètres de toutes ces préoccupations. Après avoir été pouponné, la poupée est habillée. Un costume gris anthracite et une cravate rouge bordeaux.
Lorsque tu reposes ton regard dans le miroir, c'est tout ce que tu vois. This bloody fucking tie. Tu redeviens une simple couleur. Et la douleur que tu ressens alors blanchit tes phalanges, poings fermés. Tu expires bruyamment. Fais craquer ta nuque puis tes doigts. En regardant l'heure sur ta montre hors de prix, tu sais ce que tu as à faire. Alors tout le petit personnel déguerpit. Tu sors de ta chambre et soudain... tu tombes nez à nez avec ton double. Quatre mois s'étaient écoulés. Quatre mois pendant lesquels tu avais oublié votre ressemblance. Ce qui est absurde puisque seuls vos cheveux vous différenciaient. Le même rôle que cette cravate pendue autour de votre cou. Mais dans cette maison, la signification pèse plus lourd. Et cette ressemblance te frappe. Tes lèvres se ressoudent et tu finis par t'avancer vers ton reflet. En vérité, tu ne sais pas quoi lui dire. Tes mots ont été avalés par la surprise. Alors tes bras prennent le relais et tu l'enserres. Le même parfum que le tien dans le cou, tu raffermis ta prise. Le serres plus fort contre toi. Pour finalement te décoller, comme sonné par un gong invisible.
« C'est l'heure. »
Tes yeux quittent à regret les siens. Pour retrouver la montre à ton poignet. La grande aiguille bascule sur le 12. Cette fois-ci, tu es le premier à emprunter les escaliers. Le salon précède la salle à manger, tout aussi richement décorée. Comme au théâtre, tu trouves ton marqueur sur le sol. Tu y plantes tes chaussons. Le dos droit et le port de tête haut. Et tu attends les trois coups de brigadier sur le plancher de la scène.
« Merci Mère. »
La main de votre mère est une douce caresse. Ton regard s'agrippe à elle comme aimanté. L'espace d'un instant, tu effaces cette sombre préférence qu'elle manifeste ouvertement à ton égard. Tu le mérites après avoir passé autant de temps dans l'ombre. Puisque tu ne peux t'accaparer toute l'attention, tu as laissé le campus à Ena. Mais cette maison est ton terrain de jeu. Derrière ses murs, tu apprends les ficelles pour devenir roi à ton tour. Et bien que cela t'effraie, tu ne reculerais devant rien pour y parvenir. Bien que tu ne serais pas contre éviter tous ces soit-disant professionnels. D'une, parce que tu ne juges pas à avoir besoin d'être pomponné. Et de deux, parce que le trajet était long depuis Kobe et que le siège de la voiture, bien que luxueuse, n'a pas le même confort que ton lit. Mais votre mère a raison. Vous devez être présentables pour votre père. En tout temps, il doit savoir qu'il a misé sur le bon cheval : toi. Alors oui, peut-être que la remarque de votre mère est désagréable mais tu reçois les gros yeux d'Ena avec un haussement d'épaules. Pragmatique, tu lui chuchotes en retour :
« Il y a peu de chance que ce soit le cas. »
N'est-ce pas ? Tu n'as pas le temps de t'en préoccuper car votre mère s'empare à nouveau de l'attention. Sans un regard sur l'immense salon, tu te délestes de tes chaussures et de ta veste. Il faisait frais dans la voiture. Vos sacs se font la malle. Et toi, tu retrouves tes marques dans cet univers de privilèges. A mesure que le programme défile, tu te fonds dans le décor. Tu disparais sous cette montagne d'activités. Après cette semaine de vacances, le contraste est rude. Tu réalises avoir perdu ton temps à sourire, dormir, flemmarder. Pendant ces quelques jours, tu n'avais pas touché à un seul manuel. Le livre qui te tenait compagnie était un roman dont tu avais lu peu de pages tant tu avais été sollicité par Ena. Cette paresse te rattrape et le devoir t'avale tout cru. Tu enregistres sans rien questionner. Après tout, tu n'as pas ton mot à dire. Elle sait mieux que vous ce qui est bon pour vous. A plusieurs moments, tu observes ton frère en douce. Il parvient à se contenir et tu l'en remercies silencieusement. Une dispute dès le premier soir te fatiguerait.
Mais alors que tu te crois enfin tiré d'affaire, votre mère – la pauvre femme ne s'en doute pas – t'assassine. La surprise fige ton visage. Quelques dixièmes de seconde. Ton cerveau tente d'éluder ce guet-apens mais impossible de calmer l'angoisse qui te monte au nez. Tu adorerais la troquer pour du wasabi mais elle te coupe l'appétit sur le champ. L'idée même de pouvoir la décevoir te rend malade. Pourtant, sa main sur ta joue à votre arrivée veut bien dire quelque chose ? Parce qu'elle se soucie. C'est ce que font toutes les mères. Se soucier de leurs enfants. Parfois à l'extrême. Mais qu'en sais-tu ? Tu feras sans doute pareil avec tes enfants. Ça cogne fort dans ta poitrine. Un début de migraine. Très vite, tu renfermes tes sentiments. Tu les calfeutres dans un coin reculé et te focalises sur la première mission de cette soirée. Alors tu t'inclines à nouveau et grimpes les marches à la suite d'Ena. Son ton moqueur ne prend pas avec toi. Tu le contemples d'un regard morne.
« Vivement 22h30. »
Et vivement le lendemain pour te noyer dans ce programme survolté. Quand vous arrivez à l'étage, tu constates que votre mère n'a pas exagéré. Tu es séparé de ton frère et la porte de la salle de bain se referme derrière toi. L'eau chaude ne suffit pas délier tes muscles. Et aucun savon, aussi coûteux soit-il, ne parvient à nettoyer cet étrange sentiment d'inconfort qui tend ta nuque. En sortant de la douche, tu observes ton reflet dans le miroir. Un bref instant où tu te surprends à regretter cette couleur de cheveux qui bientôt ne sera plus. La serviette absorbe tes sottises puis tu revêts un peignoir. Alors le coiffeur entre en jeu. Il décolore, revernit, coupe, dégrade et rase de près. Tu restes tranquille, ne bouges pas, ne parles pas. Une véritable poupée de porcelaine. Vient la manucure. Mais tu n'es plus là. Physiquement, tu es toujours assis dans ce fauteuil molletonné. Mentalement, tu es à des kilomètres de toutes ces préoccupations. Après avoir été pouponné, la poupée est habillée. Un costume gris anthracite et une cravate rouge bordeaux.
Lorsque tu reposes ton regard dans le miroir, c'est tout ce que tu vois. This bloody fucking tie. Tu redeviens une simple couleur. Et la douleur que tu ressens alors blanchit tes phalanges, poings fermés. Tu expires bruyamment. Fais craquer ta nuque puis tes doigts. En regardant l'heure sur ta montre hors de prix, tu sais ce que tu as à faire. Alors tout le petit personnel déguerpit. Tu sors de ta chambre et soudain... tu tombes nez à nez avec ton double. Quatre mois s'étaient écoulés. Quatre mois pendant lesquels tu avais oublié votre ressemblance. Ce qui est absurde puisque seuls vos cheveux vous différenciaient. Le même rôle que cette cravate pendue autour de votre cou. Mais dans cette maison, la signification pèse plus lourd. Et cette ressemblance te frappe. Tes lèvres se ressoudent et tu finis par t'avancer vers ton reflet. En vérité, tu ne sais pas quoi lui dire. Tes mots ont été avalés par la surprise. Alors tes bras prennent le relais et tu l'enserres. Le même parfum que le tien dans le cou, tu raffermis ta prise. Le serres plus fort contre toi. Pour finalement te décoller, comme sonné par un gong invisible.
« C'est l'heure. »
Tes yeux quittent à regret les siens. Pour retrouver la montre à ton poignet. La grande aiguille bascule sur le 12. Cette fois-ci, tu es le premier à emprunter les escaliers. Le salon précède la salle à manger, tout aussi richement décorée. Comme au théâtre, tu trouves ton marqueur sur le sol. Tu y plantes tes chaussons. Le dos droit et le port de tête haut. Et tu attends les trois coups de brigadier sur le plancher de la scène.
- Ena OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 31■ Messages : 211■ Inscrit le : 23/08/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 16 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Family is the other name for chaos
6 Août 2018 - 16h05
Sous l’eau, Ena ouvre les yeux. Il contemple les faisceaux de lumière qui traversent la masse chaude qui le protège encore de l’horreur. Il aura les yeux rouges, tant pis. Il bloque sa respiration, écoute le silence réconfortant qui lui chatouille les oreilles. Il resterait là pour toujours si Hiro ne lui manquait pas déjà. Quelques bulles remontent à la surface, il émerge de l’eau en expirant le peu d’air qui lui reste coincé entre les dents. La salle de bain est vide, pour l’instant. On lui laisse 15 minutes pour se laver, ça en fait déjà 10 qu’il y est. Après sa douche, il s’était jeté dans l’eau. Un bain bien chaud pour libérer ses pores, qu’on lui a dit. Il soupire. Pourquoi tout le monde le fait se sentir plus sale qu’il ne l’est ? Ses mains appuies sur les rebords de la baignoire et il s’hisse hors de l’eau. Ça ne sert à rien d’attendre, aucun espoir ne le sauvera. Il doit juste prendre son mal en patience. Ça va aller. Tant qu’Hiro est avec lui, ça ira.
Il s’essuie le visage avec son peignoir puis l’enfile. Lasse, il avance jusqu’au lavabo pour se brosser les dents. Dans le miroir, il capture ce qu’il reste de lui. Bientôt, il devra se rattacher au souvenir pour ne pas oublier qui il est. Ça l’angoisse plus qu’il ne l’imaginait. Il crache et se rince la bouche. Il n’a pas envie de lui ressembler à leur père. Il haït ce regard froid et vide que son reflet lui renvoie. Le vrai Ena, il n’en veut pas. Il lui ressemble trop.
15 minutes, on toque et la porte s’ouvre aussitôt. Pour l’intimité, on repassera mais il est habitué. Ici, le privé n’existe pas. Leur mère s’en est chargé. Ena s’asseoit sur le fauteuil qu’on lui a préparé, l’employé qui s’occupe de lui lui descend le dossier pour l’allonger. Il ferme les yeux. Sa peau se fait frotter, brosser, masser. On lui colle des couches épaisses d’il ne sait quoi, sûrement de la bave de limace, un truc dégueu et qui pue. Le dossier est redressé, on lui retire le porte tête. Ena frissonne. Ça y est. Ça commence. Tchac Tchac… Tchac. Le ciseau détruit son âme. Il préserve son esprit en le déconnectant, loin, très loin de cette salle de bain sur mesure qui a du coûter le patrimoine de l’arrière grand-père à faire. L’humidité rend l’atmosphère lourde. Ce n’est pas son coeur qui se noie dans la tristesse, il n’en a pas le droit. Le coiffeur coupe, coiffe, soigne, impose sa teinture sur sa tête et le rase de près le temps qu’elle pose. C’est pas comme s’il avait véritablement de quoi se faire raser sur le visage mais il ne dit rien et laisse l’expert suivre les recommandations de sa mère. Tout doit être parfait, rien ne doit dépasser. On lui épile même les quelques poils rebelles qui dépassent de la ligne tout aussi parfaite de ses sourcils. L’eau chaude ruisselle de nouveau sur son crâne, Ena sent son coeur faiblir. Il repense à Summer, qu’est-ce qu’elle fait ? Il l’imagine s’éclater sur la piste du DDR de la salle d’arcade. Lui aussi il y est, il resplendit. Rien à voir avec ce visage terne qu’il redécouvre dans le miroir. Voilà. Le coiffeur à finit de l’enlaidir. Il se sent comme un vieux film décoloré. Celui que personne ne veut regarder.
On l’habille – des fois qu’il ai oublié comment enfiler un pantalon – et il se regarde une dernière fois, à la demande des employés, fiers de leur travail. C’est lui, l’objet décoratif qu’il vienne de mettre sur pieds. Misère, comme il a envie de les détester. Poli, il les remercie et salut. Si ça ne tenait qu’à lui, il s’en irait sans un mot. Ciao les nazes ! Merci d'avoir rendue ma vie un peu plus misérable, à bientôt in Hell ! Mais il n’a pas envie que la Mère Mygale lui tombe dessus parce que l’un d’eux se serait plaint du « jeune maître ». Pff. Maître de quoi, il se le demande bien ! L'appellation le débecte, elle ne fait que lui rappeler à quel point il est impuissant. Dans le couloir, il tire légèrement sur sa cravate vert foncée. Elle ne lui va même pas au teint, il a l’air d’un croque-mort. C’est sûrement à ça qu’il ressemblerait s’il tenait le bar des enfers. Chaque pas sur le plancher l’y mène, au pays d'Hadès. Eh, peut-être qu'il rencontrera le beau Dorian Grey. Il est sûrement sympas.
Il active son mode automatique, tout ce qu’il doit trouver, c’est Hiro.
Une porte s’ouvre, il relève les yeux. Son frère est là. Dépossédé, lui aussi. Il est de nouveau devant le miroir. Pas besoin de reflets cette fois, le corps de son jumeau suffit. Il l’aime plus que tout en ce monde et lui ressembler comme deux gouttes d’eau est sa plus grande fierté mais redevenu pantin de leur mère, sa vue lui coupe la respiration. Sans sa coloration grise, plus rien ne les protège de leur Père. Plus rien ne.
Le choc électrique le ramène. Sa respiration reprend, son coeur s’allège. Dans les bras d’Hiro, les ténèbres ne peuvent plus l’atteindre. Il le serre de toutes ses forces et respire son odeur. Ici, il est en sécurité. Quoiqu’il arrive, s’il peut être avec son frère, il peut tout supporter. Le corps d’Hiro le soutien, le sien retrouve consistance. Tant qu’Hiro est là, ça ira. « Hn »
Son jumeau défait la soudure qui le maintenait debout mais ce n’est pas grave, il est suffisamment rechargé pour tenir sur ses pieds sans lui quelques heures. Ena l’observe s’éloigner, les marches de l’escalier emportent son frère définitivement. Il n’y a pas de retour arrière possible, il faut y aller. Un pied devant l’autre, une marche après l’autre, planches après planches, Ena avance. C’est tout ce qu’il peut faire. C’est le seul soutient qu’il peut offrir à Hiro, être planté derrière lui. Devenir son ombre. Même s’il déteste ça, l’ombre. Même si ça le tue. Il s’en fou. Quitte à mourir un jour, autant que ce soit pour Hiro.
La porte de la salle à manger s’ouvre. 19h pile. Les épaules de leur mère se détendent en les découvrant. La confiance règne, ça fait toujours plaisir. Pfft. Ena fixe ses chaussons, tire un peu sur son pantalon à pinces.
« Bonsoir, les garçons. Entrez, votre père vous attends »
Les yeux de leur mère brillent en relevant le travail accompli sur ses fils. Elle est encore plus belle, baignée d’illusions. Dommage qu’Ena la déteste autant, sa colère ternie le tableau qu’elle leur offre. Hiro est invité à entrer mais lui se fait barrer la route. Dans son joli kimono bleu nuit, sa mère lui fait obstacle. Les lumières qui scintillaient dans son regard s’effacent, la sévérité les remplace. Ses doigts attrapent sa cravate, nerveux, pour la resserrer. Elle ne dit rien mais Ena entend tout. Il n’est pas foutu de mettre une cravate correctement, ce n’est pourtant pas compliqué. Ouais… c’est vrai. Mais c’est parce qu’il étouffe, enfermé dans ses conneries. Leurs yeux croisent le fer, il la toise de toute la froideur qu’il peut concentrer en si peu de temps. Elle n’en est pas impressionnée, faut dire qu’elle à affaire à pire avec leur Père. Elle pivote sur le côté pour le laisser passer et Ena traverse le pas de la porte le cœur serré. Au fond, il aimerait seulement briller dans ses yeux, lui aussi. Il voit, il sait. Le vide et la tristesse qu’elle porte cachés derrière ses iris et ses grands airs. Il les connaît. Il a les mêmes. Lui aussi aimerait être le centre des attentions, lui aussi crève de ne jamais en être digne. Est-ce que c’est parce qu’elle sait et voit, elle aussi, en regardant dans ses yeux, qu’elle est si dure avec lui ? Il y a des reflets qu'on a pas envie de croiser.
« Bonsoir, Père »
Il arrive après la guerre mais suffisamment tôt pour apercevoir la main de leur père posée sur l’épaule d’Hiro. Même s’il la ravale avec rage, la jalousie lui pique la gorge. Lui n’a le droit qu’à un signe de tête, poli et sans affect. Un simple « Ena » qui relève que son existence est prise en compte, sans être forcément appréciée. Leur père essaye d’y mettre la forme mais ses yeux ne quittent pas Hiro.
« Bien. Vous semblez en pleine forme. »
Oui, la marchandise n’a pas périmée, personne ne l’a dégradée non plus. Voilà ce que ça veut dire. Hiro a le droit à une invitation de la main, leur père qui s’asseoit en bout de table lui désigne le siège à sa gauche. A sa droite, il y a déjà Lin Yin. Elle les regarde, muette et bien assise. Elle a du passer entre les mains des «amis » de leur mère, elle aussi. Elle pue la propreté, trop parfaite et belle. Le teint pâle, les yeux aussi noirs que ses longs cheveux, elle fait presque peur dans son kimono rose pastel. A tous les coups, leur mère l’a choisit personnellement. La couleur ne lui va tellement pas, impossible que ce soit une erreur. Sa sœur a du goût, comme lui elle aime le style. Leurs regards se croisent, une seule seconde. Un bonjour comme un autre dans cette joyeuse famille. Ena prend place à côté d’Hiro, exclut du champ des priviliégiés. En face de lui, il retrouve sa mère qui s’asseoit à côté de Lin Yin. Deux exclus, condamnés à devoir faire l’un en face de l’autre. Ça lui donne la nausée.
« Comment s’est passé le trimestre ? »
La question paraît anodine mais Ena reconnaît le ton faux et hautain de son père. Qu'a-t-il encore à leur reprocher ? Leur mère baisse la tête comme si elle avait honte. Elle espérait sûrement un peu de répit elle aussi. Les compliments pour son excellent travail ne seront pas pour aujourd’hui. Bien fait pour elle. Ouais, c'est ce qu'il aimerait se dire, mais allez savoir pourquoi ça l’irrite autant. Avant qu’Hiro n’ai pu dire quoique ce soit, Ena s’empare de la scène.
« Très bien ! Le campus est enrichissant, nous y avons fait plein de rencontres intéressantes. Jusqu’à récemment encore. J’ai partagé une chambre avec le fils des O’Connor durant le voyage scolaire. Vous connaissez forcément les O’Connor, n’est-ce pas, Père ? C’était très instructif. Nous nous sommes faits bonne impression. Le voyage, lui, était splendide, nous nous sommes initié à la spéléologie avec Hiro. »
Le silence qui mord la pièce parle pour ses parents. Ena sait qu’il devrait se taire et ne pas aggraver leur cas mais la main de son père sur l’épaule d’Hiro ne lui sort pas de l’esprit. Lui aussi, il est là. Ce n’est pas grave s’il n’obtient aucune affection, il peut se la donner tout seul. En relevant les yeux de la serviette qu’il triture nerveusement, il croise les gros yeux de sa sœur qui l’interroge. A-t-il perdu la tête ? Oui, sûrement. Parce qu’il continue : « Vous ne pouviez pas faire meilleur choix en nous envoyant à Kobe High School, Père. On y rencontre du beau monde et le reste est distrayant. Formateur, bien sûr, aussi. On apprend comment fonctionnent les petits gens, ce qu’ils veulent et ce qui les captive. Du reste, ils sont assez faciles à manipuler, vous aviez raison. Les enseignants, eux, sont excellents. Nous sommes éduqués sérieusement. Vous saviez que... ».
Leur père le coupe, la patience à bout. Sa voix gronde d’agacement, elle serre son agressivité.
« S’ils sont de qualité comment expliques-tu vos résultats aux derniers examens ? »
Ah. C’était donc ça. Ena retient un soupire. Putain. Il n'y croit pas ! Sous la table, ses doigts serrent sa chaise. Reste impassible Ena, ne perds pas ton sang froid. Il rappelle, piquant : « Nous sommes dans les meilleurs de la classe, Hiro est le premier de notre promo ».
« Le premier d’une poignée d’incapables » tranche leur Père avant de s’adresser à Hiro. « Je vous ai laissé dans cette école car tu m’as assuré qu’elle ne nuirait pas à votre éducation. Crois-tu que ton score vaut celui du fils des Yamaha qui étudie à l’académie Kasei ? Ce n’est pas parce que tes adversaires sont médiocres que tu dois te reposer sur tes acquis, Hiro. Tu m’entends ?»
Incroyable. Ena n’en croit pas ses oreilles. Il sent le coup de pied de sa mère sous la table et il voit le regard protecteur de sa sœur lui déconseiller vivement ce qu’il s’apprête à faire mais s’en est trop. Il peut encaisser pour lui mais hors de question de laisser son Père remettre en cause le dur travail de son frère ! Il coupe Hiro : « S’il avait 100/100 cela serait-il seulement suffisant pour vous, Père ? ».
Le patriarche se fâche. Son poing cogne bruyamment contre la table. L’employée qui leur sert leurs entrées en sursaute. Comme toujours, sa colère est froide. Elle n'en fait que plus peur. Chaque mot lacère le coeur d'Ena. « Tu penses être en droit de jouer les insolents ? Alors que tu n’as pas réussi à atteindre le niveau de ton frère ? Que fera-t-il d’un incapable, tu peux me le dire ? Barboter dans l’eau, c'est tout ce que tu peux faire pour lui, Ena ? Il y a des gens bien plus talentueux que toi dans ce pays, si tu comptes déshonorer notre famille, dis le moi maintenant. »
Ena encaisse sans faire mouche. Des milliers de mots grouillent dans sa bouche, elle en déborderait presque. Mais son père ne fait pas dans les questions rhétoriques, c’est une réelle menace. Et la pire des humiliations. Le remplacer auprès d’Hiro ? C’est ça, son plan ? Ses phalanges blanchissent contre sa chaise.
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- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 142■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Family is the other name for chaos
06 août 2018
ACTE I – Scène 1
Le rideau se lève.
Le spectateur découvre le père, imposant et autoritaire. Hiro, l'aîné présumé, entre le premier. Le père l'accueille. Pas de sourire. Une certaine tension est palpable. La mère rayonne. Son sourire est un simulacre de bonheur. Ena, le second présumé, entre sur scène. Le père est moins cordial. Chaque personnage s'installe à table. On y découvre Lin Yin. Joli tableau fleuri assise à droite du père. Hiro à gauche du président. Puis Ena et la mère face à face. Les serviteurs, en parfaits automates, reprennent vie. L'un d'eux sert de l'eau, serpentant discrètement entre chaque membre de la famille.
ACTE I – Scène 2
Père – Comment s'est passé le trimestre ?
La mère baisse la tête. La fille maintient son silence de polichinelle. Et des deux fils, Ena est le plus courageux. Ou le plus idiot, le spectateur est libre d'interpréter. (Plusieurs projecteurs sur lui.) Il parle beaucoup. Créant l'incrédulité chez la mère et la fille. Hiro est une statue de verre.
Père – S’ils sont de qualité comment expliques-tu vos résultats aux derniers examens ?
Encore une fois, le spectateur est libre d'interpréter la pseudo témérité d'Ena. Et de constater l'horrible effacement d'Hiro. Le père tourne la tête. (Le projecteur se braque sur Hiro, aveuglant.) La statue de verre se brise en mille morceaux. (Faux éclats de verre éparpillés sur le sol ?)
Ena – S’il avait 100/100 cela serait-il seulement suffisant pour vous, Père ?
Le visage du père se déforme. Son poing frappe sur la table, sonore et colérique. (La lumière inonde seulement Ena et le père. Et soudain le 3ème projecteur s'allume sur Hiro, croyant créer la surprise.) Hiro est blanc comme un linge. (Silence pesant pour faire monter la pression.)
***
« Père ? »
Les morceaux de verre luisent au sol. Tu aimerais y planter la pulpe de chacun de tes doigts plutôt qu'affronter son regard glacial. Mais tu ne peux rester silencieux plus longtemps. En tant qu'héritier, tu as pour devoir de t'exprimer. Même si la peur écorche tes cordes vocales. Ta main gauche se pose sur la cuisse de ton frère. Tu ne peux que t'accrocher à sa présence. C'est tout ce qu'il te reste maintenant que ton échec tapisse les murs de la pièce. Ta voix ne trahit pas ta détresse. Pourtant, un souffle suffirait à éparpiller le courage que tu as réuni. Tes doigts pressent sur sa cuisse. Pour bloquer leur tremblement.
« Je m'excuse pour l'insolence d'Ena. Il s'est montré bien plus social que moi sur le campus et cela a dû jouer sur ses notes. » A contre-cœur. « Ce qui est inacceptable. »
Des couleurs, des points. 92/100, voici ton matricule, prisonnier. Tu le savais que ce ne serait pas assez. Tu le savais et c'est pour ça que tu n'étais pas si enthousiaste face à cette semaine de vacances. Parce que tu ne la méritais pas. Tu ne l'aurais pas plus mérité si tu avais eu 100. Votre père a raison, ton niveau n'égale plus les autres héritiers de ce monde. Tes yeux s'abaissent. La contrition crispe tes épaules. Broie ton cœur sans bruit. Te faire sermonner de la sorte, et devant elle... Tu le sens son regard sur ta personne. Votre demi-sœur doit se délecter de cet écart. Mais tu te gardes bien de relever les yeux.
« Je suis désolé pour mes notes. Vous avez raison Père, c'est loin d'être suffisant. Je ne me reposerai pas tant qu'elles n'auront pas remonté. »
Tes mots ne sont pas à prendre à la légère. Tu pourrais bien finir par en mourir de fatigue. Demain, tu leur prouveras que tu n'es pas moins bien que Yamaha-kun. Après le test qu'a prévu ta mère, tu en demanderas un plus dur. Plus dur encore que celui de l'académie Kasei.
« Ena et moi ne vous décevrons pas, Père. »
Tu avais commencé à t'incliner dès ta première excuse. A présent, tu as presque la tête dans ton assiette tant tu t'es penché pour obtenir le pardon de votre père. Ta main se retire lentement de la cuisse d'Ena.
ACTE I – Scène 3
Le silence revient sur la scène. Moins lourd que précédemment. (Les lumières sont plus douces que précédemment.)
Père – Ton frère n'est pas irréprochable mais au moins, il sait reconnaître ses erreurs. Je ne tolérerai pas un nouvel éclat de ta part, Ena. Bien, mangeons.
Le personnel frémit. Et voilà que les plats défilent sur la table. Le poisson cru est d'une fraîcheur indécente. Le riz blanc est cuit à la perfection. Les légumes marinés convertiraient n'importe quel amateur de viande au véganisme. Le wagyu grillé fond dans la bouche. Le service est impeccable et souriant. Comme si la vie s'était mis sur pause le temps de cet affront. Pendant un certain temps, on entend seulement le bruit des baguettes.
Père – A part nos entrevues Hiro, je serai peu présent jusqu'à votre anniversaire.
Hiro – Nos entrevues m'ont manqué, Père.
Père – Nous avons en effet beaucoup à discuter. Notamment sur les invités qui seront présents. Tu ne pourras pas échapper aux projecteurs ce jour-là.
Hiro – Ce n'est pas mon intention, Père. Je serai ravi de rencontrer tout ceux à qui vous me présenterez.
Le père semble satisfait. Lin Yin, si elle est écœurée par l'échange, cache bien son jeu. Hiro croise son regard, brièvement avant de revenir à son assiette.
Père – Il en va de même pour toi, Ena. La liste des invités te sera confiée à toi aussi pour que tu saches à qui tu t'adresses et surtout comment.
Le dernier mot est appuyé. Démontrant que son insolence ne sera pas chassée avec la même désinvolture s'il venait à causer une esclandre le jour de leur anniversaire.
Père – Par ailleurs, vos grand-parents ainsi que d'autres membres de la famille seront présents. Tu sais comme ta grand-mère aime t'entendre jouer du piano, Hiro.
***
Tu finis de t'essuyer la bouche. Bien que tu aies goûté à tout, tu as peu mangé. La faute à cette angoisse qui te tenaille depuis que tu as monté les marches. Et qui emprisonne ta nuque de son joug déshumanisant. Un coup de cravache et voilà que tu relèves les yeux vers ton modèle. Tu inclines la tête respectueusement.
« Je choisirai un morceau que Sôbo-san apprécie. »
Un classique, sans aucun doute. Un morceau difficile, assurément. Parce que c'est ce qu'on attend de toi, Hiro. Que tu brilles dans cette société aveuglante. Que de tessons de verre, tu te transformes en diamant rouge.
Le rideau se lève.
Le spectateur découvre le père, imposant et autoritaire. Hiro, l'aîné présumé, entre le premier. Le père l'accueille. Pas de sourire. Une certaine tension est palpable. La mère rayonne. Son sourire est un simulacre de bonheur. Ena, le second présumé, entre sur scène. Le père est moins cordial. Chaque personnage s'installe à table. On y découvre Lin Yin. Joli tableau fleuri assise à droite du père. Hiro à gauche du président. Puis Ena et la mère face à face. Les serviteurs, en parfaits automates, reprennent vie. L'un d'eux sert de l'eau, serpentant discrètement entre chaque membre de la famille.
ACTE I – Scène 2
Père – Comment s'est passé le trimestre ?
La mère baisse la tête. La fille maintient son silence de polichinelle. Et des deux fils, Ena est le plus courageux. Ou le plus idiot, le spectateur est libre d'interpréter. (Plusieurs projecteurs sur lui.) Il parle beaucoup. Créant l'incrédulité chez la mère et la fille. Hiro est une statue de verre.
Père – S’ils sont de qualité comment expliques-tu vos résultats aux derniers examens ?
Encore une fois, le spectateur est libre d'interpréter la pseudo témérité d'Ena. Et de constater l'horrible effacement d'Hiro. Le père tourne la tête. (Le projecteur se braque sur Hiro, aveuglant.) La statue de verre se brise en mille morceaux. (Faux éclats de verre éparpillés sur le sol ?)
Ena – S’il avait 100/100 cela serait-il seulement suffisant pour vous, Père ?
Le visage du père se déforme. Son poing frappe sur la table, sonore et colérique. (La lumière inonde seulement Ena et le père. Et soudain le 3ème projecteur s'allume sur Hiro, croyant créer la surprise.) Hiro est blanc comme un linge. (Silence pesant pour faire monter la pression.)
« Père ? »
Les morceaux de verre luisent au sol. Tu aimerais y planter la pulpe de chacun de tes doigts plutôt qu'affronter son regard glacial. Mais tu ne peux rester silencieux plus longtemps. En tant qu'héritier, tu as pour devoir de t'exprimer. Même si la peur écorche tes cordes vocales. Ta main gauche se pose sur la cuisse de ton frère. Tu ne peux que t'accrocher à sa présence. C'est tout ce qu'il te reste maintenant que ton échec tapisse les murs de la pièce. Ta voix ne trahit pas ta détresse. Pourtant, un souffle suffirait à éparpiller le courage que tu as réuni. Tes doigts pressent sur sa cuisse. Pour bloquer leur tremblement.
« Je m'excuse pour l'insolence d'Ena. Il s'est montré bien plus social que moi sur le campus et cela a dû jouer sur ses notes. » A contre-cœur. « Ce qui est inacceptable. »
Des couleurs, des points. 92/100, voici ton matricule, prisonnier. Tu le savais que ce ne serait pas assez. Tu le savais et c'est pour ça que tu n'étais pas si enthousiaste face à cette semaine de vacances. Parce que tu ne la méritais pas. Tu ne l'aurais pas plus mérité si tu avais eu 100. Votre père a raison, ton niveau n'égale plus les autres héritiers de ce monde. Tes yeux s'abaissent. La contrition crispe tes épaules. Broie ton cœur sans bruit. Te faire sermonner de la sorte, et devant elle... Tu le sens son regard sur ta personne. Votre demi-sœur doit se délecter de cet écart. Mais tu te gardes bien de relever les yeux.
« Je suis désolé pour mes notes. Vous avez raison Père, c'est loin d'être suffisant. Je ne me reposerai pas tant qu'elles n'auront pas remonté. »
Tes mots ne sont pas à prendre à la légère. Tu pourrais bien finir par en mourir de fatigue. Demain, tu leur prouveras que tu n'es pas moins bien que Yamaha-kun. Après le test qu'a prévu ta mère, tu en demanderas un plus dur. Plus dur encore que celui de l'académie Kasei.
« Ena et moi ne vous décevrons pas, Père. »
Tu avais commencé à t'incliner dès ta première excuse. A présent, tu as presque la tête dans ton assiette tant tu t'es penché pour obtenir le pardon de votre père. Ta main se retire lentement de la cuisse d'Ena.
ACTE I – Scène 3
Le silence revient sur la scène. Moins lourd que précédemment. (Les lumières sont plus douces que précédemment.)
Père – Ton frère n'est pas irréprochable mais au moins, il sait reconnaître ses erreurs. Je ne tolérerai pas un nouvel éclat de ta part, Ena. Bien, mangeons.
Le personnel frémit. Et voilà que les plats défilent sur la table. Le poisson cru est d'une fraîcheur indécente. Le riz blanc est cuit à la perfection. Les légumes marinés convertiraient n'importe quel amateur de viande au véganisme. Le wagyu grillé fond dans la bouche. Le service est impeccable et souriant. Comme si la vie s'était mis sur pause le temps de cet affront. Pendant un certain temps, on entend seulement le bruit des baguettes.
Père – A part nos entrevues Hiro, je serai peu présent jusqu'à votre anniversaire.
Hiro – Nos entrevues m'ont manqué, Père.
Père – Nous avons en effet beaucoup à discuter. Notamment sur les invités qui seront présents. Tu ne pourras pas échapper aux projecteurs ce jour-là.
Hiro – Ce n'est pas mon intention, Père. Je serai ravi de rencontrer tout ceux à qui vous me présenterez.
Le père semble satisfait. Lin Yin, si elle est écœurée par l'échange, cache bien son jeu. Hiro croise son regard, brièvement avant de revenir à son assiette.
Père – Il en va de même pour toi, Ena. La liste des invités te sera confiée à toi aussi pour que tu saches à qui tu t'adresses et surtout comment.
Le dernier mot est appuyé. Démontrant que son insolence ne sera pas chassée avec la même désinvolture s'il venait à causer une esclandre le jour de leur anniversaire.
Père – Par ailleurs, vos grand-parents ainsi que d'autres membres de la famille seront présents. Tu sais comme ta grand-mère aime t'entendre jouer du piano, Hiro.
Tu finis de t'essuyer la bouche. Bien que tu aies goûté à tout, tu as peu mangé. La faute à cette angoisse qui te tenaille depuis que tu as monté les marches. Et qui emprisonne ta nuque de son joug déshumanisant. Un coup de cravache et voilà que tu relèves les yeux vers ton modèle. Tu inclines la tête respectueusement.
« Je choisirai un morceau que Sôbo-san apprécie. »
Un classique, sans aucun doute. Un morceau difficile, assurément. Parce que c'est ce qu'on attend de toi, Hiro. Que tu brilles dans cette société aveuglante. Que de tessons de verre, tu te transformes en diamant rouge.
- Ena OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 31■ Messages : 211■ Inscrit le : 23/08/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 16 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Family is the other name for chaos
6 Août 2018 - 16h05
Le silence. Ena n’entend plus rien. Il ne respire plus, reste pétrifié devant son bol. Leur père peut les humilier tant qu’il veut, il ne lui laissera jamais Hiro. Jamais. Absolument Jamais. Fucking never !
La rage fourmille dans son ventre, les tambours frappent dans ses veines. Ils ne sont pas satisfaisants ? Quelle bonne blague ! Qu’il les abandonne alors ! Pourquoi ne pas en finir tout de suite et les déshériter ? Il préfère vivre sous un pont avec son frère que de rester des enfants apeurés sous son emprise plus longtemps. Il déteste ça. Il le déteste. Putain, il le hait. Pour qui il se prend ? Et pour qui ils le prennent ??? Pourquoi ils n’arrêtent tout simplement pas de lui donner la réplique ? On ferme le rideau, il n’y a plus rien à voir ici ! Ce n’est pas le monde, ce n’est qu’ un insecte, un indésirable qui se prend pour le monde. Ça le rend malade. Un fucking moustique qui fait chier toutes les nuits et ne crève jamais. Rien de plus qu’un emmerdeur, un nuisible, un cafard. Pourquoi ils lui donnent tant d’importance ?
Leur Père n'a pas tord, il n’est pas encore au niveau et ça le bute. Il sait pertinemment qu’il les manipule à sa guise, c’est le pro de la manipulation. Il a attaché leurs membres avec de la ficelle et joue avec leurs bois. Ils ne sont que ses pantins. Rien de plus. Mais il n’est pas encore en mesure de couper les cordages. Il a trop peur de réaliser qu’il n’était que l’objet inutile et inanimé qu’il fait de lui. Rien d’autre, incapable de bouger par lui même. Imaginer le regard d’Hiro, entassé sur le sol à côté de lui, sans pouvoir vivre, ça le flingue plus que tout. Ses ongles se plantent dans le bois de sa chaise. Le problème c'est que les humiliations s’agrandissent, elles pèsent toujours un peu plus lourd sur son corps. 16 ans qu’il endure tout ça, y’en a marre. Il arrive à saturation. Il va pas se contenter d'être un animal acculé de tous les côtés toute sa vie. C’est un renard, lui ! Pas un charognard. Il doit trouver un échappatoire. Être malin. Urgh. Sa cravate l’étrangle, il suffoque.
La main d’Hiro se plante sur sa cuisse et sa rage s’éloigne de son seuil de non retour. Ena respire à nouveau. Cette pression sur son muscle soutien son existence. Le silence tombe, L’angoisse se dissoue. Une respiration… après l’autre… Tout va bien, tiens bon, Ena. Ne laisse aucune fissure apparente, Père frapperait dedans à la massue. Respire...
C’est eux contre le reste du monde, ça l’a toujours été. Leur père n’est qu’une miette dans ce reste et un jour, il la balayera. Un monde sans Hiro, ça n’existe pas. Lui-même n’existe pas sans son jumeau. Mieux vaudrait l’enterrer vivant sous le sol d’une décharge publique. Ce serait moins cruel, une mort moins douloureuse. Rien que l’idée le tétanise et il a peur du jour où les menaces prendront de l’ampleur et frôleront les actes. Ce jour là, il ne sait pas de quoi il sera capable. Jusqu’où il ira. Jusqu’où peut aller quelqu’un sur le point de mourir ? Un monde sans Hiro est impossible mais un monde sans leur Père ressemble au Paradis.
Il inspire. Toute son attention se porte sur les doigts d’Hiro plantés dans son muscle. Ça le rassure autant que ça le plonge dans le désespoir. Hiro souffre, à cause de lui. Cette fois encore, il l’oblige à prendre sa défense. C’est injuste. Pourquoi son existence devrait abîmer celle de son frère ? Ena se déteste autant qu’il hait leur père. Lui aussi est une nuisance pour Hiro. Il le sait. Peu importe combien il le nie. Il le sait. Sa main cesse de broyer le bois de sa chaise et se pose sur celle de son jumeau. Elle la serre, ferme. Une façon de s’excuser et « d’être là », lui aussi. Même s’il l’abîme, il l’aime de tout son coeur. Si fort qu’il accepte de s’écorcher aussi. Les yeux plantés sur son entrée, Ena reste muet. Il encaisse tous les mots de son frère. Tant pis si ça lui rappe la peau de l’entendre se dénigrer comme ça. Il serre la mâchoire, essaye de garder la face.
Ce qui est inacceptable, c’est d’être ici. C’est d’être nés dans cette famille toute en fer et rouillée qui filerait le tétanos à la moindre plaie visible. C’est d’être obligés de prouver que leur existence vaut la peine. C’est d’être condamnés à devoir être de bons retours sur investissement.
Il laisse Hiro mentir. Décevant, il sait qu’il le sera toute sa vie mais ça suffit à calmer leur Père. Hiro commence à avoir le guide d’emploi. L’élève dépassera bientôt le maître, Ena n’attend que ça. Son Père lui tire une dernière balle, lui s’incline pour s’excuser. Il se joue d’eux en utilisant l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre contre eux mais il sous-estime la puissance de leur lien. C’est la seule chose qui lui échappera toujours. Pour Hiro, Ena est prêt à tout. Même à feindre des excuses alors qu’il aimerait bondir à la gorge de leur Père pour l’étrangler avec sa foutue cravate verte. Celle qui montre le peu d’intérêt qu’il lui porte, lui qui est incapable de le reconnaître. Il sous-estime aussi à quel point Hiro lui sauve la mise. Et ça, c’est parce qu’il se trompe en croyant être son maître. Le seul à qui il obéit depuis toujours, c’est son frère.
Même s’il a envie de gerber, Ena imite Hiro et commence à manger. Tout ce qu’il porte à sa bouche lui semble fade. Il en vient à regretter les plats mal cuits de la cafétariat. C’est dégueulasse mais Hiro peut sourire là bas.
« A part nos entrevues Hiro, je serai peu présent jusqu’à votre anniversaire »
Ouais, et alors ? On s’en branle. Reste loin, même à notre anniversaire. Ce serait le premier cadeau que tu nous fais.
« Nos entrevues m’ont manqué, Père. »
Ena se fige, les baguettes encore posées sur les lèvres. Il avale difficilement sa bouchée de poisson et attrape son verre d’eau. La salive envahit sa bouche, il croit bien qu’il va vomir. Impossible de se tromper, il perçoit la sincérité entre les mots d’Hiro. La réponse de son Père le rend encore plus malade, il devient blanc comme un linge. Bien sûr… ce n’est qu’une question de boulot. Ce con se contre fou des sentiments de son frère. Ena essaye de ne pas s’attarder sur le reste de la conversation et se concentre sur sa nausée. Il entend vaguement son prénom alors il acquiesce d’un signe de tête solennelle, sans savoir à quoi. Il n'écoute déjà plus. Des gouttes de sueur lui coulent sur la nuque. Bordel…
Dégage, casse toi. C’est pas le moment. Il aura gagné si j’me lève pour aller gerber. Fous le camps putain de nausée.
« Tu devrais goûter ce gingembre, Ena. Il est succulent. »
La voix fluette de Lin Yin vient en écho jusqu’à lui. Ena redresse les yeux sur la coupelle qu’elle lui tend. Elle y a empilé des tranches de gingembre saumurées pour former un coeur.
« Il n’aime pas cela » balaye sa mère, d’un revers de la main, intransigeante et hautaine.
C’est vrai, il déteste le gingembre. Ça pique. Mais il se jette au dessus de la table pour récupérer la coupelle. Sa chaise grince sur le parquet sous le recul précipité. Il ne prend pas la peine de la rapprocher quand ses fesses retombent dessus. Ni une ni deux, il dépiaute le cœur et engloutie une à une les tranches de gingembre. Les arômes lui montent au nez, sa langue souffre mais il ne montre rien. Il sent les yeux incrédules de sa mère sur lui, la surprise d’Hiro qui sait combien il déteste en manger et le regard sévère de son père qui se fait désamorcer par la petite voix que prend sa sœur en faignant un rire niais. « Je savais que tu aimerais »
Leur Père meurt d’envie de lui demander des comptes sur leurs manières : Lin Yin lui a coupé la parole, il est impoli de tendre le bras au dessus des plats et plus encore de manger comme un malpropre. Mais, il ne dit rien. Il se contente d’un raclement de gorge lorsqu’il constate l’air ravie de sa fille après qu’Ena lui ai levé son pouce en l’air. Lin Yin vient de lui sauver la vie.
Le gingembre est un remède efficace contre la nausée. Il s'accroche à chaque bouchée. Pourvu que ça fonctionne et ne soit pas seulement des conneries que se racontent leurs grand-mères pour se faire des feintes. Il ne sait pas comment elle a fait pour savoir qu’il en aurait besoin mais il lui en est reconnaissant.
Puisque le Père ne dit rien, sa mère n’ose dire mot non plus. Le repas continue comme si de rien n’était, à ceci près que Lin Yin jette son regard sur Hiro. Dans ses yeux, un air supérieur le toise. Elle le nargue. Leur Père reprend le fil de sa conversation : « Je te fais confiance sur le choix du morceau. Ne déçois pas ta grand-mère, tu sais comme elle peut être pointilleuse dès qu’il s’agit de musique.»
***
« Haaaaaaaaaaaaaaaah ! »
Ena se laisse tomber de tout son poids sur le lit d’Hiro.
« Il était si ennuyant ce prof de droit ! C’est déjà chiant à mourir le droit, il pourrait essayer de rendre ça un minimum distrayant. Wakandai pourquoi avoir l’air d’une tombe donnerait plus de crédit ! »
Ils ont survécus à la fin du repas de famille et comme le répit c’est pour les faibles : à peine sortis de table, leur mère les a conduite dans leur salle d’étude. Un lieu charmant, aussi appelé « les enfers » par Ena. Une salle sombre – leur mère dirait : « à la lumière parfaitement tamisée », soit disant que c’est pour protéger leurs yeux de la lumière bleue – pleines d’étagères et de livres sooo boring. A par ces livres, il n’y a que leurs deux tables inconfortables – paraît que ça aide à rester concentré d’avoir mal au cul – le bureau que leurs diverses enseignants se partagent, un tableau gigantesque et un rétroprojecteur dernier cri avec enceintes intégrées. Y’a bien une armoire mais elle ne sert à rien, on ne peut même pas s’y cacher, elle est blindée de fournitures.
« Pourtant elle était drôle ma blague du gars qui refusait d’avoir un avocat parce qu’il comptait dire la vérité ! »
Son frère et lui n’ont pas encore eu l’occasion de parler de ce qu’il s’est passé durant le repas et Ena préférait tout oublier. Alors, il cherche à noyer le poisson. Déjà paré de son pyjama d’été : son caleçon. Plus précisément, pour ce soir : son caleçon Daraemon, ramené de Kobe. Il se glisse dans le lit de son jumeau. Il a une chambre, juste à côté, mais il n’y dort jamais. Un caprice de leur mère il y a quelques années, quand elle a cru qu’elle arriverait à les séparer la nuit. Depuis, elle a abandonné. C’est sûrement le seul truc qu’elle ai jamais abandonné avec eux d’ailleurs. Ena n’en ai pas peu fier, ils l’avaient travaillé à la dure avec Hiro. Ça avait été un combat d’entêtement et ils avaient du faire preuve d’ingéniosité pour contrer ses tentatives machiavéliques. Le jour où elle avait découvert qu’Ena avait réussit à faire un trou dans le mur pour passer dans la chambre d’Hiro, elle avait laissé tomber. Il y est toujours, planqué derrière leurs commodes respectives.
« Dire qu’il faut se lever à 5h pour aller courir avec le vieux demain. Aaaaaah, rien que d’y penser, j’ai envie de me casser une jambe. »
Il se tourne sur le ventre pour lancer un regard dégoûté sur son frère. « Elle t’a donné ton jogging à toi aussi, au fait ? J’vais plus jamais porter du Gurin, je jure ! Qui porte un jogging vert ? Pour courir en forêt en plus ! C’est un plan pour me paumer ça. »
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- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 142■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
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❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
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06 août 2018
Tu ne parviens pas à oublier le regard de Lin Yin. Leurs échanges à table. Le sous-texte de ce gingembre. Odieusement incompréhensible. Le cours de droit t'a accaparé. Une distraction bienvenue après toute cette tension. A quand remonte votre dernier repas heureux ? En famille, tu entends. Tu ne sais plus. Tu as même l'impression que cela n'a jamais été le cas. Comme s'il y avait toujours eu cette électricité dans l'air. Ces regards ambigus auquel tu finis par prendre part, faute de courage. Par mimétisme aussi. Tu n'as pas peur de devenir comme eux. Ena t'en empêche. Tant qu'il est à tes côtés, tu ne te transformeras pas en ce monstre qu'il voit en votre père. Il est intransigeant, c'est un fait. Mais tu doutes qu'il soit foncièrement cruel. Vous restez ses fils. Et, même s'il est dur, cela ne fait pas de lui un mauvais père. Ce sont les œillères que tu portes au quotidien. Pour supporter les efforts que tu fournis et te dépasser. Car ce que tu donnes de ta personne ne sera jamais assez. Tu te dois de faire plus et tu le devras toute ta vie. Il n'y a que par le travail que tu feras ta place dans ce monde. Et c'est par ce travail que le monde pourra s'en retrouver changé. Mais si tu te relâches, comme tu as pu le faire ces derniers mois, alors tout s'écroule. Et alors, n'attends pas que le monde se mette en pause. Il n'en fera rien. Il te laissera sur le bas côté. Simple darwinisme. C'est pourquoi tu te montres si fort. Au devant, en parallèle, mais jamais en arrière. Le monde à tes pieds ou rien.
Ton regard mortifère glisse sur Ena. Est-ce une question rhétorique ? Dans la vie, il faut savoir quand rire et quand rester sérieux. Ce cours imposait clairement le sérieux. N'en déplaise à ton frère. Mais tu te contentes de secouer la tête tout en finissant de ranger tes notes. Et puis tu n'as pas trouvé ça chiant. Mais peut-être que si tu aimes bien, c'est que tu es toi-même chiant. Oh, tu ne sais pas. Et à vrai dire tu t'en fiches. Parce que cette journée t'a épuisé. A peine quelques heures chez toi et tu es rincé émotionnellement. Sauf que tu es peu bavard sur tes émotions. C'est même tout l'inverse. Tu n'en exprimes souvent que le strict minimum. Pour ne pas que les autres aient l'ascendant sur ce que tu ressens. En imposant cette distance, tu te protèges. Et tu empêches l'inconfort que tes émotions pourraient susciter au grand jour. Tout le monde y gagne. Parfois, même Ena ne parvient pas à percer cette carapace que tu endosses. Alors qu'il sait tout de toi. Mais il t'arrive de te renfermer au point que même lui n'est pas autorisé à voir ce qui se trame. Les angoisses qu'il pourrait apercevoir concorderaient sûrement avec celles qui le traversent. Sauf que tu ne veux pas de cette ressemblance. Pas sur cet aspect-là de votre vie. Tu n'en as pas le droit. Pour le bien de ton frère, pour votre bien au sein de cette famille, tu ne peux pas faillir. D'ailleurs, ce ne sont pas réellement des angoisses qui pèsent sur tes épaules. Juste de simples responsabilités qui incombent à n'importe quel héritier.
Lentement tu te retournes. Le programme ne te dérange pas. Tu aimes occuper ton esprit. Surtout après avoir été réprimandé, tu as cette envie de prouver. Tu es donc prêt à affronter tout ce que votre mère a prévu. Et, mieux que ça, le faire si bien que votre père pourrait en être impressionné. Tes yeux se posent sur ton frère, affalé dans ton lit. Tu arques un sourcil. Et très sérieusement, tu lui demandes :
« Tu veux que je te la casse ? »
Évidemment tu n'es pas réellement sérieux. Malgré ton air de croque-mort. Qui se déride à mesure que tu t'approches du lit. Comme si tu allais mettre ta menace à exécution. Tu maintiens son regard jusqu'au bout. Jusqu'à ce que tes deux mains pressent vivement sur ses mollets. Et que tu souffles par le nez. Puis tu te ravises.
« En fait non... je préfère que tu cours avec moi. »
Les tibias sur le drap, tu t'assois sur les talons. A force, il se pourrait bien que toi non plus ne puisse plus encadrer la couleur rouge. S'il existe un plan derrière vos tenues de sport alors la tienne a une signification plus inquiétante.
« J'ai bien eu un jogging, mais il est noir. C'est mon T-shirt qui est rouge. » Tu le dévisages, soudain songeur. « Tu crois que ça fait de moi la cible à abattre ? »
Drôle de symbolique. Ta main lasse vient masser ta nuque. Et l'espace de quelques secondes, tu ne contrôles pas ton visage. Qui se déforme sous la rigidité de tes muscles. Tu fermes les yeux. Fais rouler tes épaules dans un sens. Puis dans l'autre. Pour finalement glisser hors du lit.
« Je vais me brosser les dents. »
Le choc devant le miroir. Tu avais oublié que tu n'es plus gris. Tout doucement, tes doigts effleurent les mèches. Mais très vite, tu choisis de te détacher de ce détail. Même si une partie de toi en ressent le manque. Tu l'évacues en frottant tes dents pendant 3 minutes. Après t'être rincé la bouche, tu plonges ton visage tout entier dans l'eau. Si froide sur ta peau qu'elle te soutire un frisson. Tu te détournes du miroir sans reposer un regard dessus. La serviette est moelleuse. Tu restes un instant le visage enfoui dedans. Il y flotte une odeur de cerisier. Apaisante. Tu y dégages ton nez à regret puis finis de t'essuyer. Un bref passage aux toilettes et te voilà de retour dans ta chambre. Où tu te glisses sous la couette. Vêtu d'un T-shirt en coton léger sur le dos et d'un short. Tu attrapes la télécommande sur ta table de chevet et augmentes d'un degré la température de la climatisation. Il serait dommage de tomber malade dès le premier soir. Voire carrément inconscient. Tu bascules sur ton flanc et observes Ena. Longuement. Sans dire un mot. Jusqu'à ce que tes doigts le fassent à ta place. Ils tracent un chemin du haut de sa joue à son menton. Se soulèvent et dévalent son nez. Se soulèvent à nouveau et dégagent calmement les mèches sur son front. Ta main se fait lourde et retrouve la couette. Alors ton regard s'affaisse. Derrière tes lèvres se pressent questions et remarques. Mais une seule les franchit.
« Tu crois que si on avait inversé nos cravates, ils l'auraient remarqué ? »
Aussitôt dite, aussitôt regrettée. Ça te râpe le palais. Te rappellent tes bêtises quand tu avais usurpé son identité. Ena ne sait pas, tu ne lui as jamais dit. Et ne lui diras jamais. Il y a des secrets qu'il vaut mieux garder pour soi. Celui-là en fait partie. Tout comme tu décides dans l'instant qu'il vaut mieux ne pas avoir de réponse. Faire comme si ta question n'avait jamais existé. Parce que la réponse est forcément oui. Mieux vaut que tu t'accroches à cette idée. D'ailleurs, ce n'est pas une idée. C'est un fait avéré. Si tu le dis, ça ne peut qu'être vrai.
« Menry, réponds pas. Bien sûr qu'ils l'auraient remarqué. »
Tes doigts se pressent sur tes yeux fatigués. Tu prends une profonde inspiration et glisses une main sous le coussin. L'autre vient à nouveau trouver ta nuque. Brièvement. Tu repenses au regard de Lin Yin et cela te tend davantage. Sors de ma tête, lui enjoins-tu silencieusement. Mais elle n'en fait rien. Alors tu te rapproches d'Ena. Ta tête quitte le coussin pour le confort de son épaule contre laquelle ton front s'échoue. Ce seul point de contact suffit à éteindre tes craintes. Momentanément. Tu fermes les yeux. Du noir émane la chaleur de son corps. La voix étouffée, tu te plains.
« Damata... J'ai pas éteint la lumière. »
Ton regard mortifère glisse sur Ena. Est-ce une question rhétorique ? Dans la vie, il faut savoir quand rire et quand rester sérieux. Ce cours imposait clairement le sérieux. N'en déplaise à ton frère. Mais tu te contentes de secouer la tête tout en finissant de ranger tes notes. Et puis tu n'as pas trouvé ça chiant. Mais peut-être que si tu aimes bien, c'est que tu es toi-même chiant. Oh, tu ne sais pas. Et à vrai dire tu t'en fiches. Parce que cette journée t'a épuisé. A peine quelques heures chez toi et tu es rincé émotionnellement. Sauf que tu es peu bavard sur tes émotions. C'est même tout l'inverse. Tu n'en exprimes souvent que le strict minimum. Pour ne pas que les autres aient l'ascendant sur ce que tu ressens. En imposant cette distance, tu te protèges. Et tu empêches l'inconfort que tes émotions pourraient susciter au grand jour. Tout le monde y gagne. Parfois, même Ena ne parvient pas à percer cette carapace que tu endosses. Alors qu'il sait tout de toi. Mais il t'arrive de te renfermer au point que même lui n'est pas autorisé à voir ce qui se trame. Les angoisses qu'il pourrait apercevoir concorderaient sûrement avec celles qui le traversent. Sauf que tu ne veux pas de cette ressemblance. Pas sur cet aspect-là de votre vie. Tu n'en as pas le droit. Pour le bien de ton frère, pour votre bien au sein de cette famille, tu ne peux pas faillir. D'ailleurs, ce ne sont pas réellement des angoisses qui pèsent sur tes épaules. Juste de simples responsabilités qui incombent à n'importe quel héritier.
Lentement tu te retournes. Le programme ne te dérange pas. Tu aimes occuper ton esprit. Surtout après avoir été réprimandé, tu as cette envie de prouver. Tu es donc prêt à affronter tout ce que votre mère a prévu. Et, mieux que ça, le faire si bien que votre père pourrait en être impressionné. Tes yeux se posent sur ton frère, affalé dans ton lit. Tu arques un sourcil. Et très sérieusement, tu lui demandes :
« Tu veux que je te la casse ? »
Évidemment tu n'es pas réellement sérieux. Malgré ton air de croque-mort. Qui se déride à mesure que tu t'approches du lit. Comme si tu allais mettre ta menace à exécution. Tu maintiens son regard jusqu'au bout. Jusqu'à ce que tes deux mains pressent vivement sur ses mollets. Et que tu souffles par le nez. Puis tu te ravises.
« En fait non... je préfère que tu cours avec moi. »
Les tibias sur le drap, tu t'assois sur les talons. A force, il se pourrait bien que toi non plus ne puisse plus encadrer la couleur rouge. S'il existe un plan derrière vos tenues de sport alors la tienne a une signification plus inquiétante.
« J'ai bien eu un jogging, mais il est noir. C'est mon T-shirt qui est rouge. » Tu le dévisages, soudain songeur. « Tu crois que ça fait de moi la cible à abattre ? »
Drôle de symbolique. Ta main lasse vient masser ta nuque. Et l'espace de quelques secondes, tu ne contrôles pas ton visage. Qui se déforme sous la rigidité de tes muscles. Tu fermes les yeux. Fais rouler tes épaules dans un sens. Puis dans l'autre. Pour finalement glisser hors du lit.
« Je vais me brosser les dents. »
Le choc devant le miroir. Tu avais oublié que tu n'es plus gris. Tout doucement, tes doigts effleurent les mèches. Mais très vite, tu choisis de te détacher de ce détail. Même si une partie de toi en ressent le manque. Tu l'évacues en frottant tes dents pendant 3 minutes. Après t'être rincé la bouche, tu plonges ton visage tout entier dans l'eau. Si froide sur ta peau qu'elle te soutire un frisson. Tu te détournes du miroir sans reposer un regard dessus. La serviette est moelleuse. Tu restes un instant le visage enfoui dedans. Il y flotte une odeur de cerisier. Apaisante. Tu y dégages ton nez à regret puis finis de t'essuyer. Un bref passage aux toilettes et te voilà de retour dans ta chambre. Où tu te glisses sous la couette. Vêtu d'un T-shirt en coton léger sur le dos et d'un short. Tu attrapes la télécommande sur ta table de chevet et augmentes d'un degré la température de la climatisation. Il serait dommage de tomber malade dès le premier soir. Voire carrément inconscient. Tu bascules sur ton flanc et observes Ena. Longuement. Sans dire un mot. Jusqu'à ce que tes doigts le fassent à ta place. Ils tracent un chemin du haut de sa joue à son menton. Se soulèvent et dévalent son nez. Se soulèvent à nouveau et dégagent calmement les mèches sur son front. Ta main se fait lourde et retrouve la couette. Alors ton regard s'affaisse. Derrière tes lèvres se pressent questions et remarques. Mais une seule les franchit.
« Tu crois que si on avait inversé nos cravates, ils l'auraient remarqué ? »
Aussitôt dite, aussitôt regrettée. Ça te râpe le palais. Te rappellent tes bêtises quand tu avais usurpé son identité. Ena ne sait pas, tu ne lui as jamais dit. Et ne lui diras jamais. Il y a des secrets qu'il vaut mieux garder pour soi. Celui-là en fait partie. Tout comme tu décides dans l'instant qu'il vaut mieux ne pas avoir de réponse. Faire comme si ta question n'avait jamais existé. Parce que la réponse est forcément oui. Mieux vaut que tu t'accroches à cette idée. D'ailleurs, ce n'est pas une idée. C'est un fait avéré. Si tu le dis, ça ne peut qu'être vrai.
« Menry, réponds pas. Bien sûr qu'ils l'auraient remarqué. »
Tes doigts se pressent sur tes yeux fatigués. Tu prends une profonde inspiration et glisses une main sous le coussin. L'autre vient à nouveau trouver ta nuque. Brièvement. Tu repenses au regard de Lin Yin et cela te tend davantage. Sors de ma tête, lui enjoins-tu silencieusement. Mais elle n'en fait rien. Alors tu te rapproches d'Ena. Ta tête quitte le coussin pour le confort de son épaule contre laquelle ton front s'échoue. Ce seul point de contact suffit à éteindre tes craintes. Momentanément. Tu fermes les yeux. Du noir émane la chaleur de son corps. La voix étouffée, tu te plains.
« Damata... J'ai pas éteint la lumière. »
- Ena OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 31■ Messages : 211■ Inscrit le : 23/08/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 16 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Family is the other name for chaos
6 Août 2018 - 16h05
Yeux rieurs, Ena ne prend pas une seule seconde son frère au sérieux. Comme s’il pouvait lui faire du mal. C’est une variable qui n’existe pas dans leur code génétique, tout leur être est fait pour s’aimer. Il soutient quand même son regard, « fais le, si tu l’oses » disent ses yeux. Après tout, s’il lui prenait l’envie de lui casser une jambe qui serait-il pour l’en empêcher ? C’est Hiro, il peut faire ce qu’il veut de lui, même lui briser les os. Tant qu’il en est satisfait, Ena s’en fiche. La question de son frère, en revanche, lui laisse un goût amer en bouche.
« Nan, ça fait de toi quelqu’un de visible. Personne risque de t’confondre avec un buisson »
Une cible, il l’est. Ils le savent tous les deux. La cible des attentions, la cible de leur surveillance, la cible de leurs exigences, la cible de leur fantasme mégalo, de leurs attentes… mais ce n’est pas une cible à abattre. On attend d’Hiro qu’il encaisse. Encore et encore, flèches après flèches et qu’il ne sourcille pas lorsqu’on les lui retire pour mieux les lui replanter après. C’est bien pour ça que ça l’enrage, Ena. Si au moins il y avait une fin prévue au calvaire de son frère.
La cible à abattre ici, c’est plutôt lui. Parce que lui gêne. Il le sent bien. Il l’a toujours senti. On lui a laissé une chance de se fortifier et d’être celui qui encaisse et il n’a pas su la saisir. Aux yeux de leurs parents, c’est le maillot faible. Les convenances font qu’ils n’osent pas lui dire « au revoir », c’est tout. Sa ressemblance avec Hiro le sauve, ils veulent sans doute l’utiliser. Et leur lien, auquel ils ne pigent rien mais dont ils sentent bien qu’il maintient un équilibre fragile qui leur est profitable. Il est bien trop utile à ses parents alors au lieu de l’abattre, on l’efface. On le fout habillé tout en vert dans une forêt, là où il se confondra avec la végétation.
« Ok ! J’ai déjà lavé les miennes. J’t’attends »
Il n’affichera pas ses états d’âme ce soir. Lui et Hiro ont suffisamment morflés à table, ils sont fatigués. Réellement fatigués. Si fatigués déjà que ça l’inquiète. Ce n’était qu’une soirée en Enfers… dans quel état ils seront d’ici la rentrée ? De toute façon, Hiro sait. Il n’a pas besoin d’en rajouter une couche. Et puis, s’il commençait à se plaindre, Ena sait qu’il finirait par pleurer et s’il pleure, il n’est pas sûr d’arriver à s’arrêter. Il se faufile sous les draps et attrape son téléphone pour se changer les idées. Quelques vidéos de danse feront l’affaire le temps que son frère revienne. C’est la seule chose qui arrive à lui faire tout oublier, danser. Quand il danse, il est libre. Personne ne peut l’atteindre, pas même lui-même.
Il troque sa liberté contre sa vie lorsqu’il Hiro revient se coucher. Son téléphone posé, Ena se tourne vers son double, silencieux. Les doigts qui glissent sur sa peau apaisent son âme en peine, il ferme les yeux pour en profiter. C’est le genre de moment qu’il aimerait avoir toute la journée. La tendresse de son frère est la seule que son corps peut accepter. La seule qui soit vraie. Celle des autres ne lui est jamais réellement agréable, son corps reste toujours sur la défensif en arrière plan. Il rejette la différence d’une autre peau et le soit disant amour qu’on lui bave dessus. Parce qu’au fond, il sait que c’est un amour vain qui n’existe pas. Les gens ne se rendent pas compte qu’ils s’aiment eux-même et qu’ils veulent seulement qu’il les aime pour se revaloriser l’égo. Ce qui est quand même ballot parce que lui aimerait bien être aimé et il ne sait aimer personne d’autre qu’Hiro.
A la nouvelle question de son frère, Ena rouvre les yeux. Le trouble qui traverse le visage d’Hiro lui serre le cœur. Il obéit sagement et ne répond rien. Répondre reviendrait à plonger la tête de son frère sous l’eau alors qu’ils se noient déjà en plein océan. S’ils avaient échangé leurs cravates, personne n’aurait rien vu. Parce que personne n’en a rien à faire. Pour les différencier, il faudrait qu’ils observent leurs comportements et leurs manières d’être, qu’ils donnent du crédit à ce qui les singularise. Ce n’est pas dans leurs habitudes : Hiro et lui ne sont que des corps similaires qu’ils cherchent à modeler. A quoi bon s’intéresser à ce qui les rend unique, ils comptent tout effacer de tout façon. Une part de lui en est blessée, l'autre s'en rassure. Il n'a pas envie d'être différent de son frère.
« J’vais l’éteindre, laisse moi juste 5 minutes »
Ses yeux se referment, son bras plonge sur son jumeau et sa joue se colle sur son crâne. La chaleur que dégage Hiro l’enveloppe, il se sent en sécurité tout contre lui. Juste un instant. Il a cruellement besoin d’arrêter le temps. Il ne s’extirpe de sa chrysalide que lorsque le sommeil commence à flirter dangereusement avec lui. Quelques pas traînards sur le sol plus tard et l’obscurité les englobe. Dans le lit, il le reprend dans ses bras et souffle un « Bawel », à moitié endormi. Tant qu'ils sont ensemble, ils survivront.
***
« Redresse les épaules et relève le menton, Ena. Tu dois rester digne en toutes circonstances, ne te l’ai-je pas déjà dit ? »
« Oui, Mère »
Sous les mains expertes de leur Mère, Ena se laisse mesurer sous toutes les coutures. Après Hiro, c’est à son tour de passer sous le mètre. Un calvaire. Ne pas bouger d’un pouce, rester droit, fixer l’horizon, bref : devenir mannequin qui prend la poussière, c’est difficile pour lui. Ses muscles s’impatientent, ses nerfs se tendent, il a besoin de bouger. Rester inanimé, c’est rester mort. Or, n’en déplaise à leur Mère, lui veut vivre.
Sa réponse est désincarnée, pour survivre il a besoin de fuir la réalité. Ce n’est que le deuxième jour mais il a déjà abandonné. Cette deuxième journée l’a convaincu qu’il vaut mieux donner à ses parents ce qu’ils attendent de lui pour le moment. Ce sera moins pénible pour lui et pour son frère. Intérieurement, Ena se répète en mantra : « ce n’est que pour trois semaines, tu peux le faire. Il le faut, soi fort pour Hiro ». Sinon Hiro mettra les bouchées doubles pour compenser et c’est hors de question de le laisser s’épuiser davantage. Il donne donc à sa mère ce qu’elle veut de lui : il disparaît et devient la poupée qu'elle rêve d'habiller. Ce matin, il était encore suffisamment en forme pour sa guérilla mais les blessures reçues de par leur Mère dans l'après-midi avaient eu raison de sa hargne.
Ça avait pourtant bien commencé, il s’en était sorti avec leur Père. Ni lui ni Hiro ne lui avaient donné une raison de se plaindre durant le footing, leur condition physique se porte au mieux. Entre le Karaté et la danse, ils avaient eu de quoi s’entretenir à Kobe. D’ailleurs, Ena sait qu’ils auraient largement pu faire mieux s’ils avaient été sûrs que le vieux puisse tenir la cadence. Mais le vexer de bon matin n’aurait pas été malin…
Malheureusement, ça avait pêché aux examens.
C’est qu’il déteste refaire les mêmes choses et des examens, ils en avaient déjà eu le mois dernier ! Alors, il avait résisté, râlé, soufflé. Le problème, c’est qu’il s’était raté. Ses résultats sont excellents mais toujours en dessous de ceux d’Hiro et le fossé voulu entre eux par leurs parents s’est avéré plus visible qu’avec leurs résultats de Kobe.
« On a déjà vu ça ??... » il avait chuchoté à son frère pendant qu’un des chiens de leur Mère les corrigeaient.
C’est vrai qu’il avait un peu moins bossé qu’Hiro cette année mais quand même ! On pouvait apprécier son talent, il n’en restait pas loin derrière son frère ! Et puis, c’est quand même complètement injuste de lui compter les points de perdus sur les parties qu’il n’a jamais étudié ! Si Hiro le savait c’est uniquement parce qu’il l’a vu avec leur Père en cours particuliers ! Le soucis, c’est que sa Mère n’en a rien eu à faire. Maintenant il sait qu’il est censé connaître la même chose qu’Hiro sans avoir les mêmes cours qu’Hiro. Franchement, qu’il est con de ne pas avoir prié le Saint Esprit, il aurait eu la connaissance ! Elle en avait des bonnes leur Mère ! Moralité de l’histoire ? Il aura des cours particuliers à partir de la rentrée, tous les fucking soirs ! Mais vous savez quoi ? Toujours pas les cours qu’Hiro aura avec leur Père. LOGIQUE. C’est qu’il ne faudrait pas qu’il sorte de son ombre. Tss
Rester derrière Hiro, ça ne l’a jamais dérangé, ça a toujours été dans l'ordre des choses pour Ena. Par contre, se faire engueuler et traiter comme du poisson pourri gratuitement, ça lui tape sur les nerfs, et il déteste qu'on puisse penser qu'il en a après la place de son frère ! Il n'a aucune envie de lui voler la vedette, l'idée ne lui viendrait pas même en tête si on le lui insinuait pas toutes les cinq minutes. Rester à sa place, il sait faire. D'ailleurs, même s'il le voulait, jamais il pourrait faire mieux que son jumeau. Alors, il ne comprend pas pourquoi on les oppose malgré eux, pourquoi on joue le jeu d'une jalousie qui n'existe pas entre eux ? Ce qui lui ronge les nerfs, c'est qu'on cherche à l'estropier ou qu'on lui demande de s'effacer implicitement, pas qu'Hiro fasse mieux que lui. C'est si difficile à comprendre ? Comme s'il ne pouvait pas exister sans nuire à son frère...
Leur Mère le pique avec son aiguille sans faire exprès, Ena ne réagit pas mais sa peau se contracte par réflexe. Il échange un regard avec leur Mère, elle ne s’excuse pas et continue ses bidouilles l’air sévère. Non, il ne dira pas « Aie » pour lui donner le plaisir d’une énième remarque. Seul Hiro a le droit de lui faire mal avec des aiguilles.
***
« Hm »
L’oeil attentif, main sur le menton, Ena observe ce qui se dessine devant ses yeux.
« Un jardin ? »
« Non », lui répond Lin Yin sans détourner les siens de sa toile. Mince. Il retente :
« Hmmmmmmmmmmmmm. HMMMMMMMM. Ah ! Je sais ! Le corps d’une femme ! »
Lin Yin reste impassible. Elle demande entre deux coups de pinceaux : « Comment tu arrives à passer d’un jardin au corps d’une femme ? »
Ena se penche sur sa toile pour la regarder de plus près. De l’index, il trace les courbes qu’il voit.
« La forme me fait penser au corps d’une femme mais la texture et les détails font penser à de la végétation. Et là, tout ce bleu, c’est de l’eau ou un ciel ? »
Lin Yin se frotte le nez avec l’une de ses manches, ses yeux louches sur la palette qu’elle tient dans ses mains. Elle va bientôt manquer de blanc de titane, c’est embêtant. « Je vois. Tu as de l’imagination. »
Lasse de ses échecs, Ena se laisse tomber les fesses sur le sol. Elle est agaçante sa sœur avec ses mystères. « Allez quoi, dis moi c’que tu peins ! »
Le silence lui répond, accompagné du frottement des poils du pinceau qui rappent contre la toile.
« Je te l’ai déjà dit : c’est de l’Art Abstrait. Je ne peins rien. Tu comptes m’embêter encore longtemps ? Tu n’as rien de mieux à faire ? ».
Ena soupire. Lin Yin peut s’avérer aussi ennuyeuse qu’Hiro quand elle est sérieuse, les deux sont indétrônables lorsqu’ils sont concentrés sur quelque chose. Il se demande comment ils se débrouillent pour réussir à faire ça. Il lui suffit d’une mouche qui vole pour qu’il ne se déconcentre, lui. « Je m’ennuie. Hiro est encore en cours... T’es ma grande-sœur, alors occupes-toi de moi pendant c’temps. »
Cette fois, c’est elle qui soupire. « Tu veux jouer à un jeu, Ena ?
Tout heureux, il se redresse sur ses deux jambes. Ses yeux s’illuminent quand il demande : « Lequel ?? »
La réponse de Lin Yin ne se fait pas attendre cette fois. Elle pose son pinceau sur son chevalet et plante ses yeux noirs dans ceux d’Ena. Impitoyable, elle tranche son choix :
« Le Roi du Silence ».
Le sourire d’Ena disparaît. Son visage se renfrogne. Franchement, elle abuse ! « Eh… T’es pas obligé d’être méchante. Tu pourr- »
Il se tait en court de phrase, l’oreille tendue vers le bruit du plancher qui grince dans le couloir. Merde, quelqu’un arrive et ce n’est pas Hiro, il reconnaîtrait son pas entre des millions. Lin Yin aussi l’a entendu mais tandis que lui s’agite à se chercher une cachette, elle reste calme. Sous le lit ? Ena se met à genoux pour jauger l’espace disponible. Arf, c’est quoi toutes ces boites planquées sous son lit ?! Ses yeux se relèvent. Derrière le rideau ? Nan, il n’est pas assez long pour couvrir ses pieds. Merde, merde, merde. « Viens là idiot » le sonne sa sœur en l’attrapant par le bras. Ni une ni deux, elle le conduit dans son armoire. Il lui suffit de soulever quelques peluches qui remplisse la penderie pour lui frayer un passage et elle referme la porte du placard. Elle a à peine le temps de rejoindre son tableau que la porte de sa chambre s’ouvre. Sa belle mère et elle croise le fer, dans une bataille de regards des plus sanguinaires.
« Tu n’aurais pas vu Ena, par hasard ? » demande son horrible belle-mère. Inquisitrice, elle s’introduit en terrain hostile, détaillant des yeux toute la pièce. « Non » répond simplement Lin Yin en reprenant sa peinture. Du placard, Ena peut apercevoir la scène entre les peluches et le rotin tissé de la porte. Leur Mère passe derrière le tableau de sa sœur, le menton levé. « C’est d’un ridicule de dépenser le moindre centimes pour que tu puisses imiter Liu. Tu n’as pas un quart de son talent »
Sa sœur continue sa peinture, imperméable aux attaques de sa belle-mère. Elle en a bien trop l’habitude, ça ruisselle sur elle comme de l’eau sur des plumes de canard. Et comme rien ne lui est rendu, la sorcière finit par s’en aller. Ena bloque sa respiration lorsqu’elle se rapproche de l’armoire et en ouvre la porte subitement. Elle soupire en la refermant aussitôt. « A quoi bon garder tout cela ? » demande-t-elle au vent. Lin Yin fait signe à Ena de ne pas bouger lorsque celle-ci s’en va enfin. Dans sa tête, elle compte jusqu’à dix et la porte s’ouvre de nouveau soudainement. Ena lève les yeux au ciel, il a honte pour leur Mère. Quand est-ce qu’elle arrêtera ce genre de comportements ? Le silence tombe. Leur mère s’en va quand il devient gênant. Lin Yin attend encore une petite minute avant aider son frère à sortir du placard.
« Bien. Va t’en maintenant, je n’ai pas envie qu’elle revienne » elle lui lance, le visage tout aussi neutre qu’à son habitude. Ena plonge dans son regard charboneux. « L’écoute pas. Ils sont très bien tes tableaux. Aussi beaux que ceux de ta mère. C’est normal qu’ils soient différents, vous êtes deux personnes différentes et l’Art, c’est propre à chaque artiste, pas vrai ? »
Sa sœur tourne les talons et s’en retourne à sa toile sans un mot. Ena accepte la sentence. Haah... Bon. Il s’en retourne à son enfer.
« La prochaine fois que tu as du temps, Ena. Je t’apprendrai, l'Art Abstrait. »
La main sur la porte coulissante de la chambre, Ena se fige. Son coeur bondit dans sa poitrine, un léger sourire s’installe sur ses lèvres. « Ouais, apprends moi ! » il lance en lui jetant un dernier regard. Héhé, il a gagné cette partie !
***
// Partie écrite à 4 mains avec Hiro //
Plantée contre l’un des murs du couloir, Lin Yin attend. Mains derrière le dos, ses doigts tapotent gentiment le mur. Jambes croisées, elle se fait discrète et sage. Douce et calme, presque comme une image. Elle a entendu l’escalier grincer, alors elle attend. Ses yeux d’aigle se posent sur Hiro lorsqu’il arrive en haut et tourne vers elle pour s’aventurer dans le couloir. Il veut sûrement trouver Ena, comme Ena cherchait après lui juste avant. « Ena est déjà partie. Il t’a attendu, tu sais ? Mais… je crois que votre mère a prévu que vous ne soyez pas ensemble pour vos cours cette semaine. Toi… tu finis alors que lui vient d’être rappelé. Etonnant. N’est-ce pas ? ». Sa voix fluette et chantante ne laisse percevoir aucune source d’agressivité, elle ne connaît pas elle même ses propres intentions. Est-elle agacé ? Ou bien s’ennuit-elle dans cette grande maison où on la condamne à être seule ? Elle se détache du mur avec un peu d’élan et marche jusqu’à Hiro. Petit à petit, à pas de velours. Elle bouge comme une danseuse, il y a quelque chose d’enfantin dans sa manière de se mouvoir. Elle s’amuse. « Moi, ça ne me dérange pas de passer du temps avec Ena. Il est amusant. Il fait tâche ici, ça me change un peu. Mais, toi, Hiro. Est-ce que ça te convient vraiment ? »
Tu aurais aimé ne pas la calculer, Hiro. Passer ton chemin sans lui répondre. Mais tu en es incapable et puis les infos qu’elle détient tuent dans l’oeuf toute fuite. Mais tu n’aimes pas ce que Lin Yin dégage. Elle te fait penser à… un serpent. Oui, c’est ça, un serpent et tu serais sa souris. Tu ne rentres pas dans son jeu. « On peut suivre des cours différents sans que ça pose problème ». Tu crois. Tu repousses le doute qui s’insinue en toi. La regarde s’avancer, le visage neutre. Elle souhaite te déstabiliser mais tu ne comprends pas un traitre mot à son charabia. Alors, tu fronces les sourcils. « Est-ce que quoi me convient ? ».
Le visage de Lin Yin s’adoucit en un sourire innocent mais ses yeux brillent de malice. Elle se penche légèrement vers l’avant : « Qu’Ena soit contraint de jouer avec moi parce qu’on t empêche d’être avec lui, ça ne te dérange pas ? » Un soupire et elle se redresse. Mains toujours derrière le dos, elle prend une moue adorable. « Qu’est-ce qu’on devrait faire… ? Hmmm… ? » et puis soudain, ses yeux s’illuminent d’une brillante idée. « Est-ce que tu aimerais que je demande à Père de te laisser plus de temps avec Ena ? Je peux bien faire ça, je suis votre grande sœur. » Le sous entendu est laissé intentionnellement. Oui, leur Père l’écouterait. Elle.
« Peut-être que tu as le temps de jouer mais ni Ena ni moi ne jouons ».
Ce n’est pas ta faute si elle erre comme une âme en peine dans la maison. Toi tu as mieux à faire que de la divertir. Tu rétorques simplement : « Pour quoi faire ? On se verra après son cours dans tous les cas ».
Voilà pourquoi Hiro agace Lin Yin. Si froid, si suffisant, il ressemble à leur mère. Alors qu’elle sait qu’il peut être mignon, elle l’a vu plusieurs fois dans ses observations secrètes. Quoi qu’en dise leur mère, deux frères, ça se surveille. Surtout lorsqu’ils lui volent l’attention de son Père. Au fond d’elle, elle aimerait les apprécier, elle essaye parfois, mais Hiro ne lui facilite jamais la tache. Il est moins malléable qu’Ena. « Il joue avec moi… ça le rend heureux, je suppose ? Sinon, il ne risquerait pas de se faire sermonner par votre mère en restant avec moi. Peut-être que c’est seulement toi qui ne joue pas, Hiro. ». Elle hausse les épaules, perdre son temps n’est pas dans ses habitudes. Elle a dit ce qu’elle avait à dire, cette conversation n’a plus lieu d’être. « Et comme tu le souhaites... ». Elle lui sourit une dernière fois et tourne les talons. Ses pieds s’aventurent en somnambule sur une ligne imaginaire, elle tente de garder l’équilibre. « Mais tu sais... » Elle se fige, les deux bras tendus. « Notre Père. Tu ne lui ressembles pas du tout. C’est un peu triste de te voir essayer. ». Elle pivote pour le regarder derrière elle. « Tu devrais rester toi-même, ça t’irais mieux » et reprend la route de sa chambre en chantonnant silencieusement. C’était amusant finalement.
Just like the stars I can't be without the sky
- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 142■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Family is the other name for chaos
07 au 13 août 2018
ACTE 2 - Scène 1
Le rideau se lève sur une nouvelle journée.
Il fait beau, le soleil est éblouissant. La forêt tire sa couleur du jogging d'Ena. Le père de famille court en tête. Derrière, Hiro et Ena suivent sa trace. Seuls leurs souffles parlent. Fluides pour les jumeaux, maîtrisé chez le père. Si c'était un test, ils le passent haut la main. Leurs corps sont athlétiques. L'un dessiné par le karaté, l'autre par la danse. Deux disciplines pratiquées religieusement dès que le besoin de décompresser se fait sentir. La foulée est rapide sans être olympique. Hiro y trouve une certaine satisfaction. Si bien qu'il aborde la discussion, après qu'ils aient fini, serein.
Père – Tu as des karatékas à ta taille au club ?
Hiro – Oui Père, la présidente du club a la ceinture noire.
Père – Et ce n'est pas ton cas ?
Hiro (moins tranquille) – Pas encore. Mais c'est dans mes objectifs.
Père – Et la présidence d'un club ?
Hiro – Je n'y avais pas pensé... Cela pourrait se faire.
Père – Tu dois penser à tous les aspects de ton CV, Hiro.
Hiro (retrouve son sérieux) – Oui, bien sûr Père. Le changement d'école n'a pas aidé à-
Père – Ne te cherche pas d'excuses. Seuls des actes feront de toi un bon leader. Tu crois que tu ne seras pas amené à changer à nouveau ? Que tes excuses t'empêcheront d'être jugé ? Non, elles te feront paraître faible. Tu m'as bien compris ?
Hiro – Oui Père.
ACTE 2 - Scène 2
Dans la salle de bain, la température est parfaite. De même pour l'eau. Le bain est presque trop reposant après le footing. Hiro a pourtant bien mangé au petit-déjeuner mais son ventre grogne. Il n'a pas le temps de se prélasser. Déjà il se sèche. Déjà il s'habille.
ACTE 2 - Scène 3
La lumière tamisée de la salle d'études accueille les jumeaux. Les mains d'Hiro glissent sur le bois de son bureau. Après une semaine de vacances, on le sent comme soulager de retrouver livres et exercices. Devant chacun d'eux trône une pile de feuilles, agrafées par matière. Tout le programme est revu. Mais cela va bien au-delà. Il y a tout un chapitre spécial pour Hiro, ou tout du moins c'est ce qu'il croit.
Hiro est une machine. Il remplit les QCM rapidement, rédige chaque réponse presque par automatisme. Aucune question n'est laissée de côté. Il est tellement plongé dans ses feuilles qu'il ne relève pas une seule fois les yeux vers Ena. La discussion de la veille tourne en boucle dans sa tête. Il doit prouver qu'il vaut toujours la peine de placer ses espoirs en lui. L'heure tourne et la pile diminue. Il a de plus en plus faim mais il ignore les besoins de son corps. Tout comme il ignore un début de migraine. Plus que deux questionnaires sur la comptabilité et il aura fini. Ce dont il s'acquitte sans se plaindre.
Le minuteur retentit.
Instructeur – C'est terminé, posez vos stylos !
Le dernier kanji apposé et Hiro pose son stylo comme demandé. Ena s'impose à lui sous forme d'une drôle de question. Il soulève un sourcil, sans réellement comprendre le problème.
Hiro – Oui, pourquoi ?
Les corrections tombent et il comprend. Il n'était pas le seul à avoir cette section spéciale. Ce qui n'a aucun sens puisque... il comprend doublement. Il se penche vers son frère.
Hiro (chuchote) – Je te donnerai mes cours et je t'expliquerai.
Une tâche de plus qu'il accepte sans sourciller. Pas le choix si Ena veut rester en lice pour le seconder. Les résultats creusent leur différence. Il ne dit rien mais n'en pense pas moins. De son côté, il n'est pas à plaindre. Il n'a pas eu 100% mais son score est quasiment parfait. Quasiment n'est pas assez, ça l'ennuie. Mais la journée doit continuer, il se frotte les yeux.
***
Tu accueilles le déjeuner avec soulagement. Cette fois-ci, tu manges avec appétit. Vous n'êtes que tous les deux avec Ena, ça aide.
« Tu verras, ce que t'as à rattraper, c'est pas si gros. Y'a des choses qui peuvent paraître compliqué mais dès que tu comprends la logique, ça passe tout seul. Je sais que t'as pas envie de te rajouter du travail mais c'est intéressant. »
Sur ton visage, on dirait presque que tu y crois vraiment. Le repas se déroule tranquillement. Même si Ena n'est pas enchanté par la cérémonie du thé qui vous attend. Tu tentes de le rassurer en lui disant qu'après ça, la journée est finie.
***
ACTE 2 - Scène 4
Il est 15h00 quand la porte du petit salon s'ouvre. Le dos droit, les jumeaux s'inclinent devant leur professeur du jour. Pendant une heure trente, l'amertume du thé est décortiquée. Chaque mouvement est contenu. Le calme et le silence font parti intégrante du processus. Hiro ne fait pas un pli dans ce monde suspendu hors du temps.
ACTE 2 - Scène 5
Le dîner est plus calme que la veille. Il semblerait qu'Ena a compris la leçon, pour le moment. Pourtant il avait eu l'occasion de faire le malin. Mais Hiro veille à ses côtés. Comme il garde Lin Yin à l’œil. On ne sait jamais ce qui se passe derrière ses yeux charbonneux. Hiro se demande ce qu'Ena lui trouve, elle n'a d'un ange que le visage.
***
Mais tu avais oublié les essayages. Et là, tu aurais bien adopté la même attitude blasée que ton frère. Sauf qu'il te surprend. Obéissant, il se laisse épingler le corps malgré les énièmes remarques de votre mère. Tu avais reçu des compliments alors que vous portiez un costume similaire. C'est incompréhensible. D'ailleurs, tu aurais bien aimé donner ton avis mais ce n'est pas ce qu'on attend de toi ici. L'idée est claire : vous serez visibles à votre anniversaire. Si Ena croyait passer inaperçu, il se met le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate.
En vérité, tu n'es pas friand d'attention. Qu'elle se pose sur toi parce que tu as fait quelque chose de bien ou de notable, pourquoi pas. Mais attirer l'attention dans le seul but d'attirer l'attention... Cela te déplait. Votre mère est la reine de ce domaine tant redouté alors tu t'exécutes. Mais tu préférerais de loin démontrer ta supériorité par ton intelligence que par ta garde-robe. Tes yeux se posent sur les boutons de manchette qu'elle a sélectionnés. Un H pour toi, un E pour Ena. Au cas où on ne vous reconnaisse pas ? Tu inspires profondément et la remercies de cette attention.
***
« Mais tu sais... » Elle se fige, les deux bras tendus. « Notre Père. Tu ne lui ressembles pas du tout. C’est un peu triste de te voir essayer. » Elle pivote pour te regarder derrière elle. « Tu devrais rester toi-même, ça t'irait mieux. »
Votre mère a peut-être raison finalement. Lin Yin est une nure-onna. Que cherche-t-elle à faire en répandant son venin ? Croit-elle pouvoir t'empoisonner avec ses paroles assassines ? Ton regard est dur, ta mâchoire se contracte. Tu refuses de t'emporter parce qu'elle n'en vaut pas la peine. Elle ne mérite pas que tu dépenses ton énergie pour contenter son appétit. Qu'elle reste seule avec son aigreur. Elle n'aura jamais cette relation privilégiée qu'il entretient avec Ena. Elle ne saura jamais le bonheur de savoir que son frère est aussi sa moitié. Qu'elle essaye d'embobiner Ena avec ses stratagèmes, elle s'en mordra les doigts. Et votre père pourra bien la consoler que ça ne changera rien à vos rôles respectifs.
Dans cette pièce de théâtre, elle est peut-être la préférée. Mais tu es l'héritier. Et ce rôle, bien qu'il soit lourd, tu n'as pas de mal à le porter en sa présence. N'est pas encore venu le jour où elle donnera des conseils à Ena à ta place. Tu déglutis ton animosité et choisis de l'effacer par une bonne séance d'entraînement. Le kimono est si blanc dans ta penderie qu'il t'éblouit. Doucement tes doigts nouent la ceinture marron à ta taille. Si tu veux maintenir ton niveau, tu ne peux te permettre trois semaines sans pratique. Et puis tu en as besoin pour te vider la tête. Ainsi vêtu, tu abandonnes l'idée de chercher Ena et tu descends les escaliers.
Le dojo sent le vernis et le bois. Tu te déchausses et salues. Puis tu foules le tamami pieds nus. Une sensation de quiétude t'envahit. Et les mouvements viennent naturellement. Dans un ordre précis, tu enchaînes les katas. Tes bras se tendent, tes jambes s'arquent. Ton corps enchaîne les quarts de tour sans jamais avoir le tournis. Comme à la cérémonie du thé, tu es précis. Ta main ne tremble pas quand elle repousse l'air. Ton regard ne cille pas face aux ennemis de ta psyché. Le silence du lieu absorbe chacune de tes annonces religieusement. Tu les scandes comme une thérapie. Tes pieds chantent et c'est tout ton être qui revit.
***
Deux jours avant votre anniversaire. La tension monte du côté de votre mère qui ne souhaite rien d'autre que la perfection. Cette énergie est pire que celle d'Ena. Mais tu t'en accomodes. Vous aviez revu le savoir-vivre à table, la communication et le langage corporel, l'art de la conversation. Vos tenues étaient prêtes. Ne restait plus qu'un cours d'étiquette au programme, qui vous occuperait cet après-midi et celui de demain.
« Messieurs, approchez ! » sourit l'ancienne danseuse professionnelle. « Votre mère m'a informé que vous aviez déjà des bases solides alors je vous propose dans un premier temps de les évaluer. Puis nous verrons ensuite comment les perfectionner. »
Tu te contentes d'acquiescer le visage neutre. Votre mère avait souhaité que vous soyez bien éclairés alors elle avait fait dégager exprès l'immense véranda. Les hectares attenants pourront constater votre aisance à se mouvoir. La danseuse tend la main vers Ena.
« Commençons par vous, Okazaki-san. »
Dans son autre main, une télécommande trône pour activer la musique à distance. Les enceintes sont disproportionnées pour un tel exercice. Tu es tiré de ta contemplation pour une précision.
« Oh et je ne vous l'ai pas précisé mais nous nous focaliserons principalement sur la valse. »
Le rideau se lève sur une nouvelle journée.
Il fait beau, le soleil est éblouissant. La forêt tire sa couleur du jogging d'Ena. Le père de famille court en tête. Derrière, Hiro et Ena suivent sa trace. Seuls leurs souffles parlent. Fluides pour les jumeaux, maîtrisé chez le père. Si c'était un test, ils le passent haut la main. Leurs corps sont athlétiques. L'un dessiné par le karaté, l'autre par la danse. Deux disciplines pratiquées religieusement dès que le besoin de décompresser se fait sentir. La foulée est rapide sans être olympique. Hiro y trouve une certaine satisfaction. Si bien qu'il aborde la discussion, après qu'ils aient fini, serein.
Père – Tu as des karatékas à ta taille au club ?
Hiro – Oui Père, la présidente du club a la ceinture noire.
Père – Et ce n'est pas ton cas ?
Hiro (moins tranquille) – Pas encore. Mais c'est dans mes objectifs.
Père – Et la présidence d'un club ?
Hiro – Je n'y avais pas pensé... Cela pourrait se faire.
Père – Tu dois penser à tous les aspects de ton CV, Hiro.
Hiro (retrouve son sérieux) – Oui, bien sûr Père. Le changement d'école n'a pas aidé à-
Père – Ne te cherche pas d'excuses. Seuls des actes feront de toi un bon leader. Tu crois que tu ne seras pas amené à changer à nouveau ? Que tes excuses t'empêcheront d'être jugé ? Non, elles te feront paraître faible. Tu m'as bien compris ?
Hiro – Oui Père.
ACTE 2 - Scène 2
Dans la salle de bain, la température est parfaite. De même pour l'eau. Le bain est presque trop reposant après le footing. Hiro a pourtant bien mangé au petit-déjeuner mais son ventre grogne. Il n'a pas le temps de se prélasser. Déjà il se sèche. Déjà il s'habille.
ACTE 2 - Scène 3
La lumière tamisée de la salle d'études accueille les jumeaux. Les mains d'Hiro glissent sur le bois de son bureau. Après une semaine de vacances, on le sent comme soulager de retrouver livres et exercices. Devant chacun d'eux trône une pile de feuilles, agrafées par matière. Tout le programme est revu. Mais cela va bien au-delà. Il y a tout un chapitre spécial pour Hiro, ou tout du moins c'est ce qu'il croit.
Hiro est une machine. Il remplit les QCM rapidement, rédige chaque réponse presque par automatisme. Aucune question n'est laissée de côté. Il est tellement plongé dans ses feuilles qu'il ne relève pas une seule fois les yeux vers Ena. La discussion de la veille tourne en boucle dans sa tête. Il doit prouver qu'il vaut toujours la peine de placer ses espoirs en lui. L'heure tourne et la pile diminue. Il a de plus en plus faim mais il ignore les besoins de son corps. Tout comme il ignore un début de migraine. Plus que deux questionnaires sur la comptabilité et il aura fini. Ce dont il s'acquitte sans se plaindre.
Le minuteur retentit.
Instructeur – C'est terminé, posez vos stylos !
Le dernier kanji apposé et Hiro pose son stylo comme demandé. Ena s'impose à lui sous forme d'une drôle de question. Il soulève un sourcil, sans réellement comprendre le problème.
Hiro – Oui, pourquoi ?
Les corrections tombent et il comprend. Il n'était pas le seul à avoir cette section spéciale. Ce qui n'a aucun sens puisque... il comprend doublement. Il se penche vers son frère.
Hiro (chuchote) – Je te donnerai mes cours et je t'expliquerai.
Une tâche de plus qu'il accepte sans sourciller. Pas le choix si Ena veut rester en lice pour le seconder. Les résultats creusent leur différence. Il ne dit rien mais n'en pense pas moins. De son côté, il n'est pas à plaindre. Il n'a pas eu 100% mais son score est quasiment parfait. Quasiment n'est pas assez, ça l'ennuie. Mais la journée doit continuer, il se frotte les yeux.
Tu accueilles le déjeuner avec soulagement. Cette fois-ci, tu manges avec appétit. Vous n'êtes que tous les deux avec Ena, ça aide.
« Tu verras, ce que t'as à rattraper, c'est pas si gros. Y'a des choses qui peuvent paraître compliqué mais dès que tu comprends la logique, ça passe tout seul. Je sais que t'as pas envie de te rajouter du travail mais c'est intéressant. »
Sur ton visage, on dirait presque que tu y crois vraiment. Le repas se déroule tranquillement. Même si Ena n'est pas enchanté par la cérémonie du thé qui vous attend. Tu tentes de le rassurer en lui disant qu'après ça, la journée est finie.
ACTE 2 - Scène 4
Il est 15h00 quand la porte du petit salon s'ouvre. Le dos droit, les jumeaux s'inclinent devant leur professeur du jour. Pendant une heure trente, l'amertume du thé est décortiquée. Chaque mouvement est contenu. Le calme et le silence font parti intégrante du processus. Hiro ne fait pas un pli dans ce monde suspendu hors du temps.
ACTE 2 - Scène 5
Le dîner est plus calme que la veille. Il semblerait qu'Ena a compris la leçon, pour le moment. Pourtant il avait eu l'occasion de faire le malin. Mais Hiro veille à ses côtés. Comme il garde Lin Yin à l’œil. On ne sait jamais ce qui se passe derrière ses yeux charbonneux. Hiro se demande ce qu'Ena lui trouve, elle n'a d'un ange que le visage.
Mais tu avais oublié les essayages. Et là, tu aurais bien adopté la même attitude blasée que ton frère. Sauf qu'il te surprend. Obéissant, il se laisse épingler le corps malgré les énièmes remarques de votre mère. Tu avais reçu des compliments alors que vous portiez un costume similaire. C'est incompréhensible. D'ailleurs, tu aurais bien aimé donner ton avis mais ce n'est pas ce qu'on attend de toi ici. L'idée est claire : vous serez visibles à votre anniversaire. Si Ena croyait passer inaperçu, il se met le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate.
En vérité, tu n'es pas friand d'attention. Qu'elle se pose sur toi parce que tu as fait quelque chose de bien ou de notable, pourquoi pas. Mais attirer l'attention dans le seul but d'attirer l'attention... Cela te déplait. Votre mère est la reine de ce domaine tant redouté alors tu t'exécutes. Mais tu préférerais de loin démontrer ta supériorité par ton intelligence que par ta garde-robe. Tes yeux se posent sur les boutons de manchette qu'elle a sélectionnés. Un H pour toi, un E pour Ena. Au cas où on ne vous reconnaisse pas ? Tu inspires profondément et la remercies de cette attention.
« Mais tu sais... » Elle se fige, les deux bras tendus. « Notre Père. Tu ne lui ressembles pas du tout. C’est un peu triste de te voir essayer. » Elle pivote pour te regarder derrière elle. « Tu devrais rester toi-même, ça t'irait mieux. »
Votre mère a peut-être raison finalement. Lin Yin est une nure-onna. Que cherche-t-elle à faire en répandant son venin ? Croit-elle pouvoir t'empoisonner avec ses paroles assassines ? Ton regard est dur, ta mâchoire se contracte. Tu refuses de t'emporter parce qu'elle n'en vaut pas la peine. Elle ne mérite pas que tu dépenses ton énergie pour contenter son appétit. Qu'elle reste seule avec son aigreur. Elle n'aura jamais cette relation privilégiée qu'il entretient avec Ena. Elle ne saura jamais le bonheur de savoir que son frère est aussi sa moitié. Qu'elle essaye d'embobiner Ena avec ses stratagèmes, elle s'en mordra les doigts. Et votre père pourra bien la consoler que ça ne changera rien à vos rôles respectifs.
Dans cette pièce de théâtre, elle est peut-être la préférée. Mais tu es l'héritier. Et ce rôle, bien qu'il soit lourd, tu n'as pas de mal à le porter en sa présence. N'est pas encore venu le jour où elle donnera des conseils à Ena à ta place. Tu déglutis ton animosité et choisis de l'effacer par une bonne séance d'entraînement. Le kimono est si blanc dans ta penderie qu'il t'éblouit. Doucement tes doigts nouent la ceinture marron à ta taille. Si tu veux maintenir ton niveau, tu ne peux te permettre trois semaines sans pratique. Et puis tu en as besoin pour te vider la tête. Ainsi vêtu, tu abandonnes l'idée de chercher Ena et tu descends les escaliers.
Le dojo sent le vernis et le bois. Tu te déchausses et salues. Puis tu foules le tamami pieds nus. Une sensation de quiétude t'envahit. Et les mouvements viennent naturellement. Dans un ordre précis, tu enchaînes les katas. Tes bras se tendent, tes jambes s'arquent. Ton corps enchaîne les quarts de tour sans jamais avoir le tournis. Comme à la cérémonie du thé, tu es précis. Ta main ne tremble pas quand elle repousse l'air. Ton regard ne cille pas face aux ennemis de ta psyché. Le silence du lieu absorbe chacune de tes annonces religieusement. Tu les scandes comme une thérapie. Tes pieds chantent et c'est tout ton être qui revit.
Deux jours avant votre anniversaire. La tension monte du côté de votre mère qui ne souhaite rien d'autre que la perfection. Cette énergie est pire que celle d'Ena. Mais tu t'en accomodes. Vous aviez revu le savoir-vivre à table, la communication et le langage corporel, l'art de la conversation. Vos tenues étaient prêtes. Ne restait plus qu'un cours d'étiquette au programme, qui vous occuperait cet après-midi et celui de demain.
« Messieurs, approchez ! » sourit l'ancienne danseuse professionnelle. « Votre mère m'a informé que vous aviez déjà des bases solides alors je vous propose dans un premier temps de les évaluer. Puis nous verrons ensuite comment les perfectionner. »
Tu te contentes d'acquiescer le visage neutre. Votre mère avait souhaité que vous soyez bien éclairés alors elle avait fait dégager exprès l'immense véranda. Les hectares attenants pourront constater votre aisance à se mouvoir. La danseuse tend la main vers Ena.
« Commençons par vous, Okazaki-san. »
Dans son autre main, une télécommande trône pour activer la musique à distance. Les enceintes sont disproportionnées pour un tel exercice. Tu es tiré de ta contemplation pour une précision.
« Oh et je ne vous l'ai pas précisé mais nous nous focaliserons principalement sur la valse. »
- Ena OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 31■ Messages : 211■ Inscrit le : 23/08/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 16 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Family is the other name for chaos
6 Août 2018 - 16h05
La musique entonne sa première note, le son résonne dans la salle. Ena en reconnaît aussitôt la mélodie. C’est un morceau qu’il apprécie, Seconde valse de Dmitri Shostakovich. Un excellent choix pour une valse mais un choix qui l’étonne. Bien trop rythmé et enjoué pour être une demande de leur mère. An der schönen blauen donau de Strauss lui ressemblerait plus. Du Tchaikovsky aurait pu avoir sa préférence aussi. Deux choix classiques et plats, tout ce qui lui va bien au teint. Est-ce que leur professeure prend des libertés pour le cours ou est-ce que ça aussi, c’est un piège ?
Main droite dans la sienne, main gauche sur son omoplate, Ena s’élance avec sa cavalière à la première mesure. Conscient que c’est à lui de mener la danse, il prend naturellement les commandes. Pied gauche devant. Un, deux, trois et quatre ♪ C’est au tour du pied droit. Leur professeur se laisse guider avec une fluidité exemplaire. Ena n’a pas besoin d’une démonstration pour évaluer sa performance technique, la légèreté et la grâce avec laquelle son corps le suit lui suffit à mesurer l’étendu de son talent. C’est la principale difficulté de la valse de se laisser entièrement guider par l’autre.
En cercle, il lui fait visiter toute l’étendu de la pièce dans un rythme maîtrisé. Sous l’impulsion de ses mouvements, elle tournoie, s’expand en étendant le bras pour embrasser l’espace et dompter le vide. Puis, il la ramène vers lui, de telle sorte qu’elle se retrouve dos à lui. Un, deux… il la libère, la colombe s’envole de nouveau. Trois, quatre… elle retrouve sa posture originelle en face de lui et ils repartent, dans le sens inverse. La danseuse ne dit rien, elle se contente de l’observer et de le suivre. Ena est satisfait, elle peut attendre longtemps avant d’avoir quelque chose à redire sur sa manière de danser. Il épouse le rythme avec aisance, ses mouvements son gracieux, sa posture impeccable et il se déplace comme s’il naviguait sur un nuage à raz le sol. Son corps est fait pour danser. Il la refait tournoyer, sur une demie mesure, plus vivement. Si elle portait une robe, des vagues de soie combleraient le spectacle. Leurs corps s’enlacent et pivotent. Sans prévenir, Ena soulève sa partenaire pour tourner sur lui-même avec elle. Ses pieds retrouvent le sol au bon moment, sur la bonne note, le bon tempo. Aussitôt, il reprend sa valse avec légèreté. La musique ralenti, il baisse la cadence. Leurs mouvements deviennent de plus en plus lents jusqu’à l’arrêt final. En digne Prince, Ena s’incline et fait mine de lui baiser la main. La prof coupe la musique d’un coup de télécommande.
« Votre maîtrise de la valse est évidente mais pour autant nous avons du travail. Tout s’est déroulé comme vous le souhaitiez car j'ai été conciliante afin de pouvoir me faire une idée de votre niveau. Néanmoins, si j’avais décidé de jouer les débutantes, notre danse aurait tournée au cauchemar. Il vous faut trouver le juste niveau entre vous et votre partenaire, celle-ci ne pourra pas nécessairement vous suivre et vous lui feriez vivre la plus grande des humiliations si tel était le cas »
Évidement, un simple « bravo » aurait été trop demandé. Un regard vers Hiro suffit à lui faire abandonner toute idée de réplique, il la remercie poliment pour son retour et échange de place avec son frère, agacé. Son reproche ne vaut rien, s’il s’est permis tant de liberté c’est parce qu’il avait très bien évalué le niveau de sa partenaire, justement ! Si elle avait joué les débutantes, il se serait adapté. Pfff.
Boudeur, il s’assoit en tailleur contre le mur, poing contre la joue. La professeure tend la main vers son frère.
« Bien, à votre tour. Montrez moi ce que vous savez faire »
Elle relance la musique. Du Strauss, cette fois.
Ena essuie un rictus.
Évidement…
Impossible que leur mère n’ai pas contrôlé la playlist de leur entraînement.
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Le lendemain. Dernier jour avant leur véritable examen : la cérémonie organisée pour leur anniversaire. Ena et Hiro ont partagé quelques heures de cours de bien séance, des révisions qui montrent le peu de confiance que leur mère leur accorde. Respecter l’espace personnel des autres, être avare de contact physique, parler calmement, ne pas monopoliser la conversation, faire preuve de modestie… de quoi les endormir tant c’était acquis, vu et revu. Le perfectionnisme de leur mère vire à la paranoïa. Heureusement, elle est trop occupée à se faire les nerfs sur les employés. C’est qu’ils sont incapables de faire correspondre à l’exactitude près tout ce que cette dingo psychorigide imagine. Des fantaisies inutiles qu’elle pense pourtant être le plus important. Une sculpture de glace, en plein mois d’août par exemple, voilà ce qu’il appelle des fantaisies inutiles. Il l’avait vu en photo pendant qu’elle engueulait le sculpteur à table ce midi. C’est joli, c’est sûr. Elle aura de l’effet. La symbolique des deux oiseaux qui se croisent en plein vol aurait pu lui plaire pour le représenter lui et son frère… si seulement ça n’avait pas été pensé uniquement pour les vendre, créer leur légende. Les « fameux », les « sublimes » jumeaux de la famille Okazaki. Ceux là même que la dite famille n’est pas foutue de distinguer. Elle est jolie, oui, cette sculpture sur glace. Mais il aurait aimé pouvoir la briser en milles morceaux sous son regard.
« Qu’est-ce que tu fabriques ? »
La voix fluette de Lin Yin le sort de ses pensées, Ena s’arrête un instant. Il défait son attention de ce qu'il a entre les mains pour se retourner et la regarder. Jambes croisées l’une devant l’autre, bras liés dans le dos, légèrement penchée en avant, elle l’observe de ses yeux perçants. Il reconnaît cette posture, elle veut jouer. Jouer de lui. Mais il n’a pas le cœur à se réjouir qu’elle veuille s’amuser. La perspective de ce qui l’attend demain lui retire toute volonté d'égayement. Même si ça lui fait tout de même plaisir qu’elle soit sorti de son antre pour le rejoindre à l’orée de la forêt.
« De l’ikebana, ça s’voit pas ? » il demande en serrant son nœud d’herbe pour consolider l’accroche de ses fleurs à son bout de bois. Lin Yin vient s’accroupir à côté de lui pour mieux jauger de son art. Elle ne dit rien mais n’en pense pas moins : ça ne ressemble à rien.
« ça fait deux heures que t’es assit là, à faire de l’Ikebana ? Tu as encore perdu ton frère ? »
« Je l’ai pas perdu, je sais très bien où il est. » rétorque Ena.
« Tu t’es encore fait « voler » ton frère ? » rectifie Lin Yin.
Misère de misère, ça ne veut pas ressembler à ce qu’il a en tête ! Il jette l’éponge et envoi valser son tas de fleurs mal fagoté plus loin. Lasse, il soupire. Même la nature est contre lui ici.
« Comment tu sais que ça fait deux heures que j’suis là ? »
« Je te vois depuis ma fenêtre »
« Et pourquoi tu viens me voir maintenant ? »
« Parce que tu me fais pitié, Ena »
Outch. Ses sourcils encaissent l'affront. Ça n’est pas la réponse qu’il attendait. Amer, il lui jette à la figure: « T’peux repartir alors, j’en veux pas de ta pitié »
Yeux dans les yeux, frère et sœur se défient. Ena continue de le penser, ils ont le même regard. Froid, vide et pourtant orageux. Une surface de glace sous laquelle vit un volcan. Lin abat sa main contre le haut de son crâne. Suffisamment fort pour le surprendre mais pas assez pour lui faire mal. Elle plante ses doigts dans sa boite crânienne et le rapproche de son visage.
« Ne les laisse pas t’éteindre. Ils essayeront tous, toujours. Un soleil qui brille trop fort ça dérange. »
Devant son air abruti, elle relâche sa pression pour lui papater le crâne.
« Si Hiro décide d’être une lune cachée derrière d’épais nuages, c’est son choix. »
Sa main claque contre celle de sa sœur pour s’en dégager. Cette fois-ci, ses yeux s’avèrent féroces. « Tu connais rien d’Hiro et c’est pas un choix quand c’est le seul qu’on te laisse » crâche-t-il.
Lin Yin regarde sa main rougir sous la morsure des picotements. Ça lance, c’est douloureux. Elle se relève et recule d’un pas par précaution. Elle aurait tendance à lui sauter dessus pour lui rendre l’appareil. C’est qu’il lui fait encore plus pitié, le pauvre, à ne rien comprendre de ce qui l’attend.
« Si tu le dis. En attendant, toi tu as le choix. Briller ou te ternir. Vivre ou t’isoler pour pleurer chaque fois que notre Père monopolise Hiro ».
« Tais toi »
« Chaque fois que tu- »
Lin Yin n’a pas l’occasion de finir sa phrase. D’un bond, Ena se lève et se jette sur elle, la main plantée contre sa bouche. Brusque, il la plaque contre l’arbre derrière elle. Ses doigts s’impriment sur le visage de sa sœur alors qu’il répète, la rage entre les dents : « Tais-toi ». Leurs yeux croisent le fer, brutaux et sanglants. Sa sœur le met au défi, au défi d’aller plus loin et de l’obliger à se taire. Au défi d’aller trop loin et de dire quelque chose qui signerait la déclaration qu’elle avait déjà écrite depuis longtemps, celle qui stipule qu’Hiro et lui n’auraient jamais du exister. Malheureusement pour son envie de fratricide, Ena abandonne le champ de bataille. Il la relâche et tourne les talons pour s’enfoncer dans la forêt.
Lin Yin le regarde détaller en serrant les dents. L’électricité qui lui brûle le corps lui donnerait presque envie d’appuyer là où ça fait mal jusqu’au bout et de se venger pour cette violence mais elle choisit le repos. Fatiguée par l’adrénaline, elle s’échoue le dos contre l’écorce. Son bras efface toute trace de la main d’Ena sur sa bouche. Merde. Dire qu’elle était venue avec l’intention de le consoler.
---------
Jour J. 5h avant l’ouverture de la cérémonie. Ena attend qu’Hiro sorte du bureau de leur père qui l’y séquestre depuis le petit dej. Écouteur dans les oreilles, les albums du grand Hide explose ses tympans. Il lit et relis les notes que lui a fait passer leur père il y a 3 jours : une liste complète des invités. A côté de chaque nom, photo et annotations. Leur niveau d’importance en rouge, l’investissement qu’ils méritent ou non en vert, la façon de s’adresser à eux en bleu ou encore des informations qu’il n’ai pas censé savoir, à utiliser au détour d’une conversation pour faire croire qu’il aurait des points communs avec certains d’entre eux. Il a laissé de côté la liste des femmes que sa mère a invitées. Avec les femmes, il sait y faire, pas besoin d'elle. Au bout d’une heure, c’est l’entièreté de ses fiches qui tombent sur ses genoux, il ferme les yeux pour se plonger dans la musique.
Kimi wa uso no ito harimegurashi
(Tu es entouré par des fils de mensonges,)
Chiisana sekai subete dato omotteta
(Tu pense que ce petit monde est tout,)
Chikazuku mono wa nan demo kizutsukete
(Et qu'il te blesse quand il vient près de toi.)
Kimi wa sora ga shikaku ito omotteta
(Tu pensais que le ciel était un enchaînement de rectangles.)
"Kore ga subete... Douse konna mon darou"
(C'est tout... Après tout c'est juste sa,)
Kimi wa itta... Sore mo uso sa...
(Tu as dit... Que s'était un beau mensonge…)
Kebakebashii kimi no moyou ga sabishisou de
(Te voyant triste un oiseau du paradis,)
Gokuraku chou ga mezurashiku hanashi kaketa
(Qui parle rarement, est venu te parler.)
"Chou no hane itadaite kocchi koi yo"
(Obtient les ailes d'un papillon et vient ici,)
"Mukou dewa omoitoori sa"
(Ici tout est comme tu l'imagine.)
Pink Spider "ikitai naa"
(L'Araignée Rose voudrait partir,)
Pink Spider "tsubasa ga hoshii... "
(L'Araignée Rose voudrait des ailes.)
D’un coup franc, Ena libère ses oreilles et rouvre les yeux. Même écouter de la musique l’agace. Heureusement, Hiro en a fini avec leur père et pour le déjeuner, ils sont tout seul. On leur laisse deux heures de répit, qu’Ena passe collé à son jumeau. Les mots de Lin Yin lui tournent en boucle dans la tête depuis hier et ça le tue de ne rien pouvoir raconter à son frère. Hiro sait forcément que ça ne va pas mais il ne peut pas lui dire la vérité alors il s’obstine à lui faire croire que le stress monte à cause de la cérémonie. Comme hier soir, quand il n’arrivait pas à dormir.
Jour J. Une heure avant l’ouverture de la cérémonie. Leur mère les a fait pouponner, habiller, coiffer. Elle vérifie les derniers détails, qu’aucun pli ne résiste sur leurs costumes. Elle insiste bien : « Il faut que vous marquiez les esprits. Je veux qu’aucune jeune invitée ne reparte d’ici sans avoir eu une excellente opinion de vous, c’est compris ? ». Ena acquiesce en silence. Qu’est-ce qu’il peut faire d’autre de toute façon ? Il a l’impression d’aller à sa proche enchère. Dès que sa mère a le dos tourné, il attrape la main d’Hiro pour la serrer. Ce n’est qu’une cérémonie. Demain, ça ira mieux.
En bas, les invités sont reçus les uns après les autres. Les employés de maison se chargent de les accueillir et de réceptionner leurs affaires. Une façon de marquer la distance qui sépare la famille du reste du monde. Quoiqu'ils en pensent, ils devront attendre que leurs royaletés ne daignent se joindre à eux. Dans la salle de réception, on empile des cadeaux à foison. La sculpture de glace, sur son pied réfrigéré, a l’effet escompté et la vue du buffet gigantesque qui les attend semble ravir les yeux et les estomacs. Leur mère a vu les choses en grand, de la décoration à la présentation des plats, rien n’a été laissé au hasard. L’ensemble des couleurs, d’or et d’argent, s’acclimatent parfaitement à la décoration de fleurs et autres compositions naturelles d’un style typiquement japonais.
Tout le monde n’est pas encore arrivé mais déjà on s’impatiente. Leur père vient les chercher dans leur chambre. S’il faut savoir se faire attendre, frustrer ses invités serait contre productif.
« Hiro, Ena. C’est l’heure »
Alors qu’il s’apprête à quitter la chambre le premier, Ena se fait arrêter en marche. Son père l’arrête d’un main sur l’épaule. « Va prévenir ta mère que nous descendons » ordonne-t-il à Hiro. Il leur faut pourtant faire leur entrée tous ensemble, c’est ce qui était prévu. Ena répond à l’interrogation visuelle d’Hiro par symétrie. Il n’a aucune idée de ce que pourrait lui vouloir leur père. Dès que la porte se ferme derrière son frère, le monstre parle.
« Ena »
« Oui, père ? »
Hah. Ça commence mal. Le ton de son père est bien trop sérieux pour qu’il veuille simplement lui souhaiter un joyeux anniversaire.
« Aujourd’hui est un jour important »
Évidemment. On leur a rabâché chaque jour, inlassablement, depuis qu’ils sont arrivés au domaine familiale. Ça l’irrite toujours autant d’ailleurs, que ce soit important pour les affaires et non parce que c’est le jour de leur naissance.
« Ne vous en faites pas. J’ai appris par cœur les fiches que vous m’avez donné et je ferais bonne impression devant les demoiselles et leurs parents.»
Le regard de son père se durcit. Quoi ? C’était pas ça qu’il voulait entendre ?
« Si tu as conscience des enjeux, c’est très bien. Ne fais pas honte à ton frère et ne lui fait pas d’ombre »
Ena essuie le coup. « ne lui fait pas honte. Ne lui fait pas d’ombre », qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce qu’il insinue ? Comme s’il pouvait nuire à Hiro. Comme s’il voulait nuire à Hiro. Sa voix se fait tranchante.
« Personne n’aime Hiro plus que moi. Cette conversation est inutile, Père »
« Grandis un peu, Ena. L’affectivité ne te mènera nulle part. Ces prochaines années vont être capitales pour Hiro et pour l’avenir de la société. Ne le perturbe pas. Ne le gêne pas. Cela vaut pour les relations que vous aurez à vous faire aujourd’hui. »
Les relations. Ena comprend très bien ce que son père sous-entend pour le coup. Il lui demande de ne pas voler la vedette à son frère auprès des filles. En digne héritier, C’est Hiro qui doit avoir le meilleur parti. Lui, il n’a le droit qu’aux restes. Même pour ça. Haha… pas du tout blessant. Pas du tout humiliant. Pas du tout rageant. Pour qui il le prend au juste ? Qu’est-ce qu’il vaut pour lui ? Le jour de son propre anniversaire… même ce jour là il faut qu’il lui rappelle son in importance. Et qu’est-ce que ça veut dire d’Hiro ? Son père pense qu’il est incapable de remporter le meilleur parti tout seul ? Sa mâchoire se crispe. Ses poings se serrent. Les paroles de Lin Yin font irruption à nouveau. Avec violence, il les éjecte de ses pensées.
« Mon amour pour Hiro… n’a rien de futile, père » reprend-t-il froidement.
Pink Spider "ikitai naa"
(L'Araignée Rose voudrait partir,)
Pink Spider "tsubasa ga hoshii... "
(L'Araignée Rose voudrait des ailes.)
Il sait qu’il devrait acquiescer et se taire mais il n’y arrive pas. Il n’y arrive plus. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
« … C’est la seule chose qui m’empêchera de faire n’importe quoi ces prochaines années alors vous ne devriez pas y toucher. »
Son regard se plante dans celui du patriarche, menaçant et brouillé d’arrogance, de colère.
« Vous pouvez me négliger, me sous-estimer, me voir comme une nuisance ou une pièce de rechange si vous voulez mais rappelez vous – et gravez le vous bien dans la tête - que c’est ma relation avec Hiro qui m’empêche de vous en vouloir. »
Un énième mensonge à son palmarès. Il hait son père. Hiro l’empêche de le lui dire.
« Ena ! » hausse le ton son ennemi numéro 1, sévère, il ose le réprimander. « Ne commence pas » faut-il entendre entre ces trois lettres dénuées de sens lorsque c’est lui qui les prononce.
« Ne touchez pas à ma relation avec Hiro et tout ira bien »
Sur ce, il dépasse la ligne qu’érige le corps de son père et sort de la pièce. Un jour, il jure, il lui fera payer.
Dans le couloir, il retrouve Hiro, Lin Yin et sa mère qui les attendent. Un sourire de façade étire ses lèvres tandis qu’il sent le regard oppressant de son père sur la nuque.
« Let the show begin ! »
*que le spectacle commence !
Il évite le regard interrogatif de sa mère et celui de Lin Yin à qui il n'a pas reparlé depuis leur dispute la veille. Il s’empresse de rejoindre son frère. Bras autour du cou, il l’éloigne du reste de la famille pour descendre les escaliers les premiers. Il lui a déjà dit ce matin mais il le redit : « Happy Birthday, Hiro. Iteru <3 ».
Just like the stars I can't be without the sky
- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 142■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Family is the other name for chaos
07 au 13 août 2018
En danse, ton niveau est correct. Tu te débrouilles très bien. Mais de vous deux, Ena est bien plus à l'aise. Il occupe l'espace avec panache. Semble revivre en tournoyant dans un sens puis dans l'autre. Par moment, ton regard navigue sur le visage de la professeure. Tu la sens concentrée bien qu'elle arbore un sourire convenu. De ceux dont tu as horreur. Fort heureusement, elle ne reste jamais statique très longtemps. Toujours en mouvement, la paire s'unit et se délie au rythme enjoué de la musique. Choix étonnant de musique, remarques-tu en y prêtant attention. Tous ces tours et détours t'emmêlent le cerveau. L'espace de quelques secondes, tu t'absentes mentalement. Que tu sois un bon danseur n'est pas la finalité de ces cours. Tu te dois d'être doué, certes. Mais ton objectif est avant tout de charmer. Qui sait au détour de quelle danse se dévoilera ta future épouse ? Devrez-vous danser plusieurs fois ? Devras-tu lui baiser la main comme Ena s'en amuse ? La musique se dissipe et tes inquiétudes avec elle. Repoussées à plus tard. Dans ton lit le soir. Mais aussi sur la piste de danse, après-demain, quand tu auras une fille entre tes bras.
Tu relèves la tête et acquiesces. Tu remercies Ena du regard pour ne pas avoir fait de vague. Même si la remarque de la danseuse était trop sévère. Elle aurait pu jouer la débutante sans que cela ne pose aucun souci à Ena. Mais non, elle avait voulu suivre le mouvement. C'est idiot. Voilà ce que tu te dis en plaçant ta main dans la sienne et l'autre dans son dos. Ses omoplates se détachent dans ta main, attestant de sa minceur. Tu te demandes à combien de riches elle enseigne la danse de salon. Mais l'heure n'est pas aux bavardages. Dès la première mesure, tu tentes d'occulter la montagne de pensées qui te trottent dans la tête. Dans le seul but de libérer ton corps. Un pas après l'autre. Un, deux, trois en arrière. Un, deux, trois en avant. Dans un carré parfait qui se répète sans discontinuer. Talon, plante. Le haut de ton corps est rigide mais ta main reste mobile pour entraîner ta cavalière dans tes rotations. Et elle fait de même alternativement. Pivot sur la plante des pieds. Tes pieds enserrent les siens. Tu es tellement concentré que tu oublies de la regarder. Pourtant tu regardes devant toi comme ce qui est attendu. Mais tu pourrais tout aussi bien valser avec la reine d'Angleterre que cela ne te ferait ni froid ni chaud.
La musique s'étiole progressivement. Puis la danseuse implique l'arrêt total. En te reculant, tu inclines légèrement la tête en signe de remerciement. Et tu attends le jugement.
« Je n'ai rien à dire non plus sur votre niveau. Vous savez ce que vous faites mais qu'en est-il du ressenti ? Dans vos bras, votre partenaire doit se sentir confiante et inspirée pour vous transmette à son tour la joie de valser à vos côtés. Tourner pour tourner n'a pas de sens. J'ai essayé plusieurs fois de croiser votre regard mais je l'ai trouvé trop fuyant. N'oubliez pas que vous dansez en duo. La valse est une danse accessible mais pour être pleinement maîtrisée, il faut allier souplesse et émotions. »
Il se serait agi de karaté, tu aurais compris. Mais difficile de comparer la valse au karaté. Alors tu te contentes de hocher la tête. Et lui cèdes la victoire.
« Vous avez raison. Nous avons encore beaucoup à apprendre. »
***
ACTE 3 - Scène 1
Dans le bureau du père, le fils écoute. Hiro est assis sur un fauteuil en cuir, face à son géniteur. Ce dernier est debout, les deux mains appuyées contre l'ébène.
Père – J'imagine que ta mère t'a fait part il y a plusieurs jours de la liste de toutes les jeunes femmes présentes à la réception.
Hiro – C'est bien le cas, Père.
Père – Ces jeunes femmes méritent encore plus ton attention que les autres invités, Hiro. Je sais que tu es encore jeune. Mais tu as aujourd'hui 17 ans et, en tant que futur héritier, tu vas devoir commencer à réfléchir à celle qui t'accompagnera lors de la succession. Une femme sur laquelle tu pourras compter dans chaque moment de ta vie, qu'elle soit sereine ou tortueuse.
Hiro s'humecte les lèvres, les entrouvre. Le spectateur croit un instant qu'il va s'exprimer. Mais le père anéantit toute tentative.
Père – Je ne te demande pas de choisir dès aujourd'hui, rassure-toi. Tu as encore le temps de t'épanouir. Peut-être en compagnie d'une des jeunes femmes que tu rencontreras cet après-midi. Ta mère et moi ne les avons pas invitées au hasard. Certaines sont plus prestigieuses que d'autres. Mais j'imagine que tu le sais.
Les mots peinent à sortir de la bouche d'Hiro.
Hiro – J'ai en effet remarqué l'ordre de priorité sur la liste. Mais je les traiterai toutes de la même façon évidemment.
Père – Elles méritent toutes ton attention mais une seule l'obtiendra pleinement. Mais je suis sûr que tu sauras faire le bon choix, le moment venu.
Hiro ne pipe mot. On le sent tendu par la discussion, pressé d'en finir. Le silence s'étire, presque gênant.
Père – Bien. Passons au reste des invités. J'ai quelques dernières précisions à t'apporter.
***
Tu ressors du bureau, livide. Passes par la salle de bain pour te rafraîchir avant de rejoindre Ena. A qui tu ne peux rien dire. Ce qui se passe dans ce bureau ne le concerne pas. Mais plus que ça, il ne comprendrait pas ce qui te met mal à l'aise. Ce ne sont que des filles. Des dizaines de filles qui vont t'aborder, te sourire, te toucher. Le rêve de n'importe quel garçon. Alors pourquoi angoisses-tu au point d'avoir du mal à manger ? Tu t'enfermes dans ton mutisme. Qui pourrait passer pour de la concentration auprès d'Ena. Ce n'est pas un anniversaire, c'est un entretien d'embauche mêlé à une agence matrimoniale. La saveur du joyeux anniversaire que vous vous étiez échangés à 00h01 s'est dissipée. Ne reste que le superficiel de cette naissance exceptionnelle. Même la main de ton jumeau ne suffit à dégonfler la boule de stress qui te bloque les cordes vocales.
Le H brille au bout de tes manches de costume sur-mesure. Ton visage aussi, enfariné dans de la poudre et autres effets de cinéma visant à unifier ton teint. Plus aucune imperfection sur ton front. Tu pourrais rougir que cela ne se verrait pas. Tu as chaud. Tes doigts nerveux attrapent le nœud de ta cravate. Mais au dernier moment tu te retiens. L'arracher te soulagerait. A la place, tu l'ajustes pour la millième fois. Et tous ces assistants qui volettent autour de vous avec leurs pistolets à vapeur. Tu as l'impression d'étouffer. Un coup d’œil à la fenêtre. Rien qu'un filet d'air te ferait le plus grand bien. Respirer avant que ton père arrive et... il est trop tard. Le moment est venu. Le visage complètement refermé, tu quittes la chambre en premier. Mais t'arrêtes soudainement, interpellé par les agissements de votre père. Tu le fixes bien ce soit impoli. Et te fais reprendre aussitôt. Ton regard coule sur Ena, inquiet, mais tu n'oses pas remettre en question cet ordre. Alors tu disparais à la recherche de votre mère.
Quand tu le retrouves, tu es encerclé de ta mère et ta demi-sœur. Tu ne sais ce qu'il s'est passé. Mais tu sais, tout au fond de toi, que ce n'était pas agréable. Parce que ce sourire sur le visage de ton jumeau est le pire des mensonges. Il te soulève le cœur alors que tu ne peux rien dire. Fort heureusement, Ena trouve toujours un moyen de t'atteindre. La chaleur de son bras se répand sur tes épaules. Et le temps de quelques marches, la pression accumulée te paraît moins horrible. Tu parviens à respirer plus posément. Les cordes vocales encore étriquées, tu souffles :
« Iteru a lot, Ena. »
***
Ton frère n'avait pas tort. Cette réception est digne d'un show à Las Vegas. Ce n'est peut-être pas une fanfare qui accueille votre arrivée mais des musiciens sont bien présents. Tous les invités accueillent votre famille sous les applaudissements. Même après des années de préparation, tu es incapable de sourire convenablement. Le coin de tes lèvres s'étire. Mais c'est bien tout ce que tu es capable de donner face à ce tourbillon d'attention qui te tombe dessus. Cependant, avant d'être jeté dans le grand bain, passage obligé devant les grand-parents.
***
ACTE 3 - Scène 2
Hiro s'incline profondément devant ses grand-parents.
Hiro – Sofu-sama, Sobo-sama, je vous remercie sincèrement de nous consacrer de votre temps aujourd'hui.
Grand-mère paternelle – Nous n'allions quand même pas rater vos 17 ans.
Grand-père maternel – De belles années que l'adolescence.
Grand-mère maternelle – L'âge où je t'ai été promise.
L'inconfort est soudain palpable du côté de Hiro. Le bagout d'Ena ne serait pas de trop ici.
Tu relèves la tête et acquiesces. Tu remercies Ena du regard pour ne pas avoir fait de vague. Même si la remarque de la danseuse était trop sévère. Elle aurait pu jouer la débutante sans que cela ne pose aucun souci à Ena. Mais non, elle avait voulu suivre le mouvement. C'est idiot. Voilà ce que tu te dis en plaçant ta main dans la sienne et l'autre dans son dos. Ses omoplates se détachent dans ta main, attestant de sa minceur. Tu te demandes à combien de riches elle enseigne la danse de salon. Mais l'heure n'est pas aux bavardages. Dès la première mesure, tu tentes d'occulter la montagne de pensées qui te trottent dans la tête. Dans le seul but de libérer ton corps. Un pas après l'autre. Un, deux, trois en arrière. Un, deux, trois en avant. Dans un carré parfait qui se répète sans discontinuer. Talon, plante. Le haut de ton corps est rigide mais ta main reste mobile pour entraîner ta cavalière dans tes rotations. Et elle fait de même alternativement. Pivot sur la plante des pieds. Tes pieds enserrent les siens. Tu es tellement concentré que tu oublies de la regarder. Pourtant tu regardes devant toi comme ce qui est attendu. Mais tu pourrais tout aussi bien valser avec la reine d'Angleterre que cela ne te ferait ni froid ni chaud.
La musique s'étiole progressivement. Puis la danseuse implique l'arrêt total. En te reculant, tu inclines légèrement la tête en signe de remerciement. Et tu attends le jugement.
« Je n'ai rien à dire non plus sur votre niveau. Vous savez ce que vous faites mais qu'en est-il du ressenti ? Dans vos bras, votre partenaire doit se sentir confiante et inspirée pour vous transmette à son tour la joie de valser à vos côtés. Tourner pour tourner n'a pas de sens. J'ai essayé plusieurs fois de croiser votre regard mais je l'ai trouvé trop fuyant. N'oubliez pas que vous dansez en duo. La valse est une danse accessible mais pour être pleinement maîtrisée, il faut allier souplesse et émotions. »
Il se serait agi de karaté, tu aurais compris. Mais difficile de comparer la valse au karaté. Alors tu te contentes de hocher la tête. Et lui cèdes la victoire.
« Vous avez raison. Nous avons encore beaucoup à apprendre. »
ACTE 3 - Scène 1
Dans le bureau du père, le fils écoute. Hiro est assis sur un fauteuil en cuir, face à son géniteur. Ce dernier est debout, les deux mains appuyées contre l'ébène.
Père – J'imagine que ta mère t'a fait part il y a plusieurs jours de la liste de toutes les jeunes femmes présentes à la réception.
Hiro – C'est bien le cas, Père.
Père – Ces jeunes femmes méritent encore plus ton attention que les autres invités, Hiro. Je sais que tu es encore jeune. Mais tu as aujourd'hui 17 ans et, en tant que futur héritier, tu vas devoir commencer à réfléchir à celle qui t'accompagnera lors de la succession. Une femme sur laquelle tu pourras compter dans chaque moment de ta vie, qu'elle soit sereine ou tortueuse.
Hiro s'humecte les lèvres, les entrouvre. Le spectateur croit un instant qu'il va s'exprimer. Mais le père anéantit toute tentative.
Père – Je ne te demande pas de choisir dès aujourd'hui, rassure-toi. Tu as encore le temps de t'épanouir. Peut-être en compagnie d'une des jeunes femmes que tu rencontreras cet après-midi. Ta mère et moi ne les avons pas invitées au hasard. Certaines sont plus prestigieuses que d'autres. Mais j'imagine que tu le sais.
Les mots peinent à sortir de la bouche d'Hiro.
Hiro – J'ai en effet remarqué l'ordre de priorité sur la liste. Mais je les traiterai toutes de la même façon évidemment.
Père – Elles méritent toutes ton attention mais une seule l'obtiendra pleinement. Mais je suis sûr que tu sauras faire le bon choix, le moment venu.
Hiro ne pipe mot. On le sent tendu par la discussion, pressé d'en finir. Le silence s'étire, presque gênant.
Père – Bien. Passons au reste des invités. J'ai quelques dernières précisions à t'apporter.
Tu ressors du bureau, livide. Passes par la salle de bain pour te rafraîchir avant de rejoindre Ena. A qui tu ne peux rien dire. Ce qui se passe dans ce bureau ne le concerne pas. Mais plus que ça, il ne comprendrait pas ce qui te met mal à l'aise. Ce ne sont que des filles. Des dizaines de filles qui vont t'aborder, te sourire, te toucher. Le rêve de n'importe quel garçon. Alors pourquoi angoisses-tu au point d'avoir du mal à manger ? Tu t'enfermes dans ton mutisme. Qui pourrait passer pour de la concentration auprès d'Ena. Ce n'est pas un anniversaire, c'est un entretien d'embauche mêlé à une agence matrimoniale. La saveur du joyeux anniversaire que vous vous étiez échangés à 00h01 s'est dissipée. Ne reste que le superficiel de cette naissance exceptionnelle. Même la main de ton jumeau ne suffit à dégonfler la boule de stress qui te bloque les cordes vocales.
Le H brille au bout de tes manches de costume sur-mesure. Ton visage aussi, enfariné dans de la poudre et autres effets de cinéma visant à unifier ton teint. Plus aucune imperfection sur ton front. Tu pourrais rougir que cela ne se verrait pas. Tu as chaud. Tes doigts nerveux attrapent le nœud de ta cravate. Mais au dernier moment tu te retiens. L'arracher te soulagerait. A la place, tu l'ajustes pour la millième fois. Et tous ces assistants qui volettent autour de vous avec leurs pistolets à vapeur. Tu as l'impression d'étouffer. Un coup d’œil à la fenêtre. Rien qu'un filet d'air te ferait le plus grand bien. Respirer avant que ton père arrive et... il est trop tard. Le moment est venu. Le visage complètement refermé, tu quittes la chambre en premier. Mais t'arrêtes soudainement, interpellé par les agissements de votre père. Tu le fixes bien ce soit impoli. Et te fais reprendre aussitôt. Ton regard coule sur Ena, inquiet, mais tu n'oses pas remettre en question cet ordre. Alors tu disparais à la recherche de votre mère.
Quand tu le retrouves, tu es encerclé de ta mère et ta demi-sœur. Tu ne sais ce qu'il s'est passé. Mais tu sais, tout au fond de toi, que ce n'était pas agréable. Parce que ce sourire sur le visage de ton jumeau est le pire des mensonges. Il te soulève le cœur alors que tu ne peux rien dire. Fort heureusement, Ena trouve toujours un moyen de t'atteindre. La chaleur de son bras se répand sur tes épaules. Et le temps de quelques marches, la pression accumulée te paraît moins horrible. Tu parviens à respirer plus posément. Les cordes vocales encore étriquées, tu souffles :
« Iteru a lot, Ena. »
Ton frère n'avait pas tort. Cette réception est digne d'un show à Las Vegas. Ce n'est peut-être pas une fanfare qui accueille votre arrivée mais des musiciens sont bien présents. Tous les invités accueillent votre famille sous les applaudissements. Même après des années de préparation, tu es incapable de sourire convenablement. Le coin de tes lèvres s'étire. Mais c'est bien tout ce que tu es capable de donner face à ce tourbillon d'attention qui te tombe dessus. Cependant, avant d'être jeté dans le grand bain, passage obligé devant les grand-parents.
ACTE 3 - Scène 2
Hiro s'incline profondément devant ses grand-parents.
Hiro – Sofu-sama, Sobo-sama, je vous remercie sincèrement de nous consacrer de votre temps aujourd'hui.
Grand-mère paternelle – Nous n'allions quand même pas rater vos 17 ans.
Grand-père maternel – De belles années que l'adolescence.
Grand-mère maternelle – L'âge où je t'ai été promise.
L'inconfort est soudain palpable du côté de Hiro. Le bagout d'Ena ne serait pas de trop ici.
- Ena OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 31■ Messages : 211■ Inscrit le : 23/08/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 16 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Family is the other name for chaos
6 Août 2018 - 16h05
C’est tout ce qui compte, ce « je t’aime » bien à eux que personne ne pourra jamais leur voler. Sous les regards et applaudissements, lui et Hiro font leur entrée. Les bêtes de foires sont arrivées, les festivités peuvent enfin commencer. Colère, angoisse et tristesse sont derrière eux. Maintenant qu’ils sont lancés dans la fosse aux lions, tous leurs efforts se rejoignent dans un seul et même objectif : survivre. Les lèvres d’Ena gomment avec magie toute la frustration sur son visage. Subtil, il esquisse son plus beau sourire, le plus faux d’entre tous. Le résultat de tout un entraînement, une vie passée à faire semblant et qui s’y résume.
Ena balaye la pièce des yeux. Qu’ils pensent tous les honorer de leurs présences, qu’ils admirent leur prestance…. La rage qui déforme ses pupilles se recouvre d’un voile pailleté, doucereux, pétillant. Comme il est doué en comédie…. Trop doué pour son propre bien. Aux yeux de tous, il brille mais dans la réalité de ce monde, il s’éteint. Sous les regards qui le décortiquent à la loupe, Ena s’estompe dans le néant d’une vie qui ne veut pas de lui et qui le force à le constater. C’est pourtant ici qu’il peut exister en « Ena », c’est pour être ici qu’on l’a créé, c’est pour ce jour qu’il est né. Tous ces efforts parentaux pour lui travailler le cuir et lui en polir la surface, encore et encore, de plus en plus fort, dans l’espoir qu’il devienne une pièce unique en ce monde…Une pièce qui scierait à merveille à son frère. Est-ce qu’Hiro réalise qu’il a disparu, lui aussi ? Ou bien s’attache-t-il trop à son rôle pour voir derrière le mirage ? Hah… à quoi bon y penser ? Ce soir, chaque personne qu’il croisera repartira avec l’illusion que sa présence était des plus capitales, que sa misérable existence vaut tout l’or que cette foutue planète puisse offrir. C’est sa mission : produire du miel pour attirer les oursons. Ne restera plus qu’à Hiro de les mettre en cage et d’en dresser quelques-uns pour plus tard. Le choix doit être judicieux, chaque pion du spectacle doit faire rêver dans un numéro de cirque.
Avant de se lancer à leur guise, il leur faut néanmoins passer l’approbation des maîtres de pistes. Ena lâche des yeux son public pour donner toute son attention à leurs grands-parents. Comme son jumeau, il s’incline avec le plus grand des respects. Il ne leur en porte aucun mais la foule doit y croire, leurs aînés aussi. Aucun mot ne sort de sa bouche, personne n’en a besoin. Hiro fait le nécessaire et lui doit seulement rester à sa place. Les mots de son frère valent pour deux. Lui s’occupe des détails. Discret, il analyse la tenue de leurs grands-mères. Leurs grands-pères ont choisi le luxe d’un costume sobre et sur mesure mais leurs grands-mères ont vu les choses en grand, toutes les deux habillées d’un de leurs plus beaux kimonos. Une façon de rappeler à leur mère et à la société leur place et prestige, elles qui respectent encore les traditions. Elles sont belles, en vieilles reliques d’un temps qui n’est plus. Dommage qu’elles soient ennuyeuses à mourir.
« Sobo-sama… Pardonnez mon interruption mais je ne peux rester silencieux devant la qualité de vos kimonos. Vous êtes toutes deux éblouissantes. »
Première étape. Première attention. Première bouée de sauvetage pour Hiro qu’il sent mal à l’aise au possible. Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, Ena ajoute, faussement passionné :
« Est-ce de la soie pongée… ? Et quelles broderies incroyables… Votre maître artisan est indéniablement des plus talentueux du pays »
Les joues de leur grand-mère paternelle se teintent de rose. Leur harpie de grand-mère maternelle, elle, le toise d’un air sévère, mains jointes sur le ventre.
« Qu’est-ce qui te fait dire que c’est de l’artisanal ? »
Ena s’incline avec l’humilité et le respect qu’il n’a pas. C’est fou… cette facilité avec laquelle sa famille à tendance à le sous-estimer. C’est fou et c’est précisément ce qui les perdra un jour. Echec et mat vieille peau, mange-toi donc ça :
« Pourrait-il en être autrement pour des femmes de votre envergure, Sobo-sama ? Vous méritez la perfection, l’unicité vous va si bien. »
Il se redresse, capture le regard de leurs grands-pères.
« Et il ne me viendrait jamais à l’idée de penser que nos grands-pères puissent ne pas vous en honorer .»
Au petit « Hmph » nasale de la mégère alpha, Ena sait qu’il a remporté la partie. Leur grand-père maternel en ricane.
« Je vois que tu n’as pas perdu ton art du compliment, Ena ! »
Il donne un petit coup de coude à leur grand-père paternel qui, lui, semble bien moins impressionné.
« Un beau parleur, n’est-ce pas ? Cela me rappelle votre jeunesse, cher ami ! »
« Oui, oui… encore faut-il ne pas en faire un défaut. Nos invités vont s’impatienter, ne les retenons pas plus longtemps »
Ena s’incline de nouveau, signe d’une considération pour son pseudo-conseil. La voie est dégagée, il fait signe à Hiro de le suivre. Il ne dira rien car son jumeau n’a pas besoin de mots pour savoir ce qu’il en pense : les chats ne font pas des chiens. Ce vieux schnock l’insupporte. Heureusement, la foule l’accapare beaucoup trop pour qu’il n’ait l’occasion de s’en énerver. A peine extirper de leur première toile d’araignée, ils s’échouent dans une autre. Des mains à serrer, des courbettes à gérer, des sourires à échanger, des cartes de visites à recevoir… le seule avantage au fait que tout le monde veuille les saluer, c’est qu’ils n’ont le temps que pour quelques mots d’échangés. Mais c’est suffisant. Suffisant pour mettre les choses au clair : à tout juste 17 ans, ils pèsent dans le game. Hiro est celui qui parle toujours le premier et tout le monde en comprendre l’implicite : c’est lui le meilleur des alliés à obtenir ou le plus gros danger. Ena reste en soutient, renvoit toujours la conversation vers son frère avec aisance et légèreté. Grand marionnettiste, il tire les ficelles de chaque conversation d’une main de maître. Lui n’intervient réellement que lorsqu’il sent qu’Hiro en a besoin : pour le sortir d’une impasse, lui faire gagner du temps ou le compléter. Tous leurs interlocuteurs peuvent en témoigner : chez les jumeaux Okazaki, aucune faille n’est perceptible. Ils donnent à voir une hydre à deux têtes qui fonctionnent en concert. Dans les yeux aiguisés de certains invités, Ena repère aussi de quoi l’amuser : les esprits les plus futés l’ont bien compris, il est loin d’être une pièce détachée. C’est lui le véritable danger en réalité. Derrière ses sourires et son aisance, une froideur lourde l’entoure et menace : quiconque en aurait après son frère aurait à lui faire face en premier. Et c’est amusant d’en observer les réactions car naturellement, les prédateurs cherchent à les séparer. Ena est joueur. Un accord visuel avec Hiro et de lui-même il s’éloigne. Comme si son frère ne pouvait pas gérer tout seul. Qu’ils apprennent leur leçon : ensemble ou non, ils bénéficient du soutien de l’autre.
« … ça ne doit pas être facile tous les jours. » vient lui susurrer le premier mange-merde. Ena se détourne du buffet, amuse-bouche encore coincé entre les doigts, feignant ignorance et naïveté.
« Muranaka Hyosuke, directeur de MIREV » il marque une pause pour lui tendre une carte de visite, légèrement incliné, avant de reprendre : « MIREV pour « Mirai Renewable Electric Vehicle ». Enchanté, Okazaki-san. Et joyeux anniversaire, si vous me le permettez. »
Ena regarde la carte sur ses deux faces avant de la ranger dans la poche de son costume.
Il lance un simple « Merci, de même, Muranaka-san » avant de dévorer son amuse-bouche, l’oeil perçant. Il se souvient du nom de l’entreprise, son père leur a dit d’en retenir qu’elle pourrait être une collaboration intéressante. Jeune de quelques années seulement, elle commençait déjà à s’implanter dans le marché japonais de la voiture électrique. Le hic, c’est que si son nom de famille lui est connu, ce n’était pas le même prénom sur ses fiches. Il n’a donc à faire qu’à de la bleusaille. Il fait tout de même mine de s’y intéresser, il ne faudrait pas froisser un frère ou un cousin du véritable pion doré.
« Dans quelle préfecture intervenez-vous ? » demande-t-il.
« Préfecture de Hyōgo »
« Excellent choix d’implantation » souligne Ena, plus pour faire durer la conversation que par réel intérêt. Il attend de découvrir la véritable motivation derrière l’approche du directeur. Heureusement, elle ne se fait pas trop attendre. A peine les formalités échangées que Muranaka-san revient à la charge.
« Mon frère aîné, Muranaka Ryuji, en a eu l’idée. En tant que PDG, les bonnes idées lui reviennent, n’est-ce pas ? Vous devez connaître ça, avec votre frère. »
A nouveau, Ena feint de ne pas comprendre où il veut en venir, ce qui oblige le président à insister.
« Il est parfois frustrant d’être dans l’ombre d’un frère bien que l’on s’y fasse »
Ouin, ouin. C’est le moment où on pleure ensemble en se prenant dans les bras entre grandes victimes de l’injustice familiale ? Ridicule. Il a vraiment cru que ça fonctionnerait ?
« Ne le prenez pas mal, Muranaka-san... mais vous vous méprenez. »
« Vraiment ? Je vous en fais mes plus plates excuses dans ce cas »
« Hiro n’est pas seulement mon frère et je n’envie pas sa position, je la soutiens. Chaque honneur, chaque gloire, chaque projecteur… je les vis avec lui. Vous savez tout ce que l’on raconte sur les jumeaux ?... Eh bien, c’est avéré. Et plus encore qu’on ne le croie. »
Petit clin d’œil et il s’éloigne pour aller piocher plus loin sur le buffet. Hahahaha, la tronche qu’il a tirée. Voilà de quoi nourrir leurs fantasmes et s’en faire des angoisses. Dommage que son amusement ne soit que de courte durée, gâché par leur mère qui annonce déjà l’ouverture du bal. Elle ne perd visiblement pas de vue son objectif principal, la piste de danse doit permettre aux jeunes filles de briller. Bon… A quelle jolie fille il pourrait bien demander de…
Ah.
Évidemment.
Il n’avait jamais été question d’un choix.
Rassemblés par leurs deux grands-mères, armées d’une jeune fille à leurs bras., Ena et Hiro prennent la température de leur cuisson.
« Vos cavalières pour l’ouverture du bal, les garçons. »
Ena accueille la nouvelle sans sourciller. Ne jamais sous-estimer son adversaire. Leur mère n’a jamais eu l’intention de les faire choisir, elle leur a déjà sélectionné des proies de choix. Les autres invitées ne sont qu’un « au cas où » qui pourrait tout de même nourrir quelques alliances futures. Mais il sait qu’Hiro a besoin de plus de temps pour se remettre du choc alors il lui donne quelques secondes de rhab en faisant la conversation.
« Mesdemoiselles, vous nous honorez. Ena Okazaki, laquelle d’entre vous me fera le plaisir de cette danse ? »
La question est rhétorique, il sait très bien que la fille devant lui est sa prétendante. Il doit faire avec la robe champagne et les cheveux lisses impeccablement coiffés, et traités – parce qu’il ne croit pas une seule seconde qu’une humaine puisse n’avoir aucun frisotti capillaire. Hiro, lui, a le droit à la robe rouge, inspirée du kimono sans en être un, chignon parfait et épingles japonaises en or en prime. Il la reconnaît d’ailleurs, elle était dans leurs fiches. Takishima Sui, fille de Takishima Shuichi, PDG de la « Kibō Robotics », une entreprise qui a fait ses marques sur le marché japonais et international. Récemment, elle a fait grimper la famille à la bourse de Tokyo. Les Takishima ont massivement investie dans l’IA. Ils ont une vision futuriste qui séduit, leurs parents y compris, visiblement. Il suppose qu’un mariage entre les deux familles permettrait un solide appuie, la Kibō Robotics produit de la robotique, des systèmes d’automatisation et de reconnaissance vocale. Ils seraient des partenaires non négligeables pour Kosentech.
« Kuroba Ihono » se présente sa dulcinée en s’inclinant. « Je serais votre cavalière si vous le permettez Okazaki-san». Ena sourit, lui tend le bras et donne son accord, la voix radoucie pour l’occasion.
« Évidement »
Dernier regard pour Hiro et il rejoint la piste. Ça ira, ils n’ont personne à impressionner sur la piste de danse, il leur suffit d’en maîtriser la technique et de garder leur élégance, ce qu’ils savent faire.
Le gros lot se présente à son frère avec douceur et grâce.
« Takishima Sui, je suis enchantée, Okazaki-san. Puis-je espérer être votre cavalière pour cette danse ? Mes talents sont loin d’être exceptionnels mais je m’engage à ne pas vous faire honte »
-------
Ena aurait bien passé leur petite cérémonie de l’horreur sur la piste de danse. Quittes à se faire chier, autant le faire en rythme. Kuroba-san ne lui avait pas menti en lui assurant de son aisance sur la valse. Mais, l’un comme l’autre avaient été contraints de cacher leur talent au reste du monde. Petite fille d’un ancien ministre de renom, Kuroba Ihono avait visiblement hérité de ses talents d’oratrice. Réussir à parler autant tout en valsant, il faut le faire. Sans s’essouffler en plus ! Le truc, c’est qu’elle n’a pas eu de chance, elle est tombée sur lui. En que professionnel du parler-pour-ne-rien-dire, il lui avait tenu la jambe tout du long, lui renvoyant sans cesse son intérêt.
« Où étudiez-vous actuellement, Okazaki-kun ? Avez-vous une idée de l’École que vous intégrerez par la suite ? » - « Laquelle avez-vous choisi ? Peut-être bien que vous aurez un jour la surprise de m’y trouver. »
« Souhaiteriez-vous grignoter quelque chose par la suite ? Le buffet donne à rêver » - « Qu’est-ce qui vous fait envie ? Je suis curieux de connaître l’impertinent qui me vole votre attention »
Pouah, comme c’était long ! Dire qu’il avait dû laisser Hiro pour ça. Heureusement, on l’avait sauvé en lui présentant Yayoi Kusama, vieille branche de l’art contemporain japonais que sa mère faisait semblant d’admirer dans les dîners mondains. Pour une fois que les mensonges de leur mère pouvaient lui servir, ils ne s’étaient pas fait prier : ravi, il lui avait sorti sa plus grande critique artistique et avait vanté son style unique qui mélange à merveille art traditionnel japonais et pop culture (elle fait des POULPES à POIS, il ne comprend vraiment rien à l’art !). Et puis, comme elle est exposée dans de nombreux musées prestigieux, il avait fini par lasser sa dame de compagnie en parlant musée d’art avec l’artiste décalée. On l’avait finalement recueilli dans un petit groupe qui commençait à abuser du champagne et discutait vivement des politiques actuelles en matière d’économies. Dans le bain de poissons, Ena reste silencieux, il sirote son cocktail sans alcool.
« Ce que j’en pense ? » il demande, en réaction à la question d’un parlementaire un peu pris sous la gorge par les autres. « J’en pense que je suis encore trop jeune pour désespérer mais que je suis encore trop inexpérimenté pour bien réaliser l’ampleur du travail à accomplir. J’ai la chance de pouvoir profiter de vos expériences et de votre sagesse ce soir. Je vous remercie. »
La réponse gonfle les égos et le petit groupe reprend son débat. Lui surveille Hiro des yeux.
Just like the stars I can't be without the sky
- Hiro OkazakiElève ; en 2ème année■ Age : 33■ Messages : 142■ Inscrit le : 22/09/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 17 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-6
❖ Arrivé(e) en : Début Avril 2018
Family is the other name for chaos
06 août 2018
Entre les mâchoires de cette société hiérarchisée, tu n'es qu'un pion. Un tout petit engrenage bien huilé. Tournes et tournes. A en perdre la tête. Des messieurs, des madames. En veux-tu, en voilà. Comme ces sourires qui étirent leurs visages disgracieux. Le coin de leurs bouches sans fin qui t'agressent et t'oppressent. Ta cravate se fait étau sur ta gorge dont la voix doit sortir assurée. Ni trop ferme, ni trop douce. Le juste milieu pour affirmer ta masculinité. Valoriser tes idées. Imprimer ton timbre dans les oreilles attentives et disposées.
Ils sont tous à tes pieds. Ils te mangent dans la main. Tu es un soleil. Tu brûles si fort que tu les éblouis. Et par ta retenue naturelle, tu es époustouflant de sincérité. On te dit droit, intelligent, modéré. Chaque adjectif colle sur ta peau irritée. Chaque qualificatif te hérisse le poil. Mais tu souris toi aussi. Moins qu'Ena. Tu es tout bonnement incapable d'afficher une telle joie de vivre. Si vous n'étiez pas liés, jamais tu ne pourrais déceler la fausseté derrière ses compliments affables.
Étourdi, tu salues les convives. Un à un, tu te courbes sans jamais toucher sol. C'est à eux de ployer devant ta superbe. Quel adolescent de dix-sept ans ne rêverait pas d'avoir le monde à ses pieds ? Les mots sortent après une réflexion intensive. Millimétré pour faire mouche qu'importe le sujet abordé. Avec Ena à tes côtés, tu évolues en symbiose. Son intervention auprès de vos grands-parents t'avait soulagé. Il te sauvera du mauvais pas. Préviendras ta chute si ton pied venait à glisser sur une roche escarpée.
Mais aucune hauteur ne te résiste. La complétion est idéale. Le mécanisme roule. Pas un souffle, pas un grain de sable. Même quand vos courroies se distendent. Tu deviens une proie. Mais en aucun cas, tu ne leur fais de cadeaux. Plus ils te couvrent de mièvrerie, plus tu instaures une barrière entre eux et toi. Tu chasses du regard humblement. Tant de gentillesse ne peut être honnête. Au fond de toi, tu les dédaignes. Tous autant qu'ils sont. Sur la liste ou pas. Certains se lancent dans des discours dithyrambiques. Tu fais mine d'écouter. Tu fais tout de même un effort quand, devant le buffet, tu rencontres Le Lidec-san et sa cousine. Mieux vaut être en bon terme si vous vous recroisez sur le campus. Mais souvent, tu as une écoute sélective.
Jusqu'à ce que tous les regards se tournent sur vous. De concert. L'ambiance musicale a changé. Tu reconnais la valse que vous avez pratiqué à outrance. Et les conseils – remontrances dissimulées – te reviennent. Grâce et connexion. Que tu recherches dans les yeux de ta partenaire identifiée. Sans succès. C'est même pire. Puisque tu ne ressens que de l'inconfort. Mais tu n'as pas le loisir de te défiler. Vos parents, vos grands-parents, tous les invités vous regardent ouvrir le bal. Et cette foule de paires d'yeux te donne soudain l'impression d'être la proie d'une araignée géante.
« Plaisir partagée Takishima-san. »
Subtile inclinaison de la tête. Déjà ta main rejoint la sienne. L'autre glisse dans son dos.
« Pas exceptionnel mais plus que convenable, j'en suis sûr. Tâchons d'être exceptionnel à deux. »
Tu fais l'effort de lui accorder un regard bienveillant. Mais tes lèvres échouent dans la production d'un sourire rassurant. Trop concentré sur ta tâche. Trop mécanique. Tu joues le jeu. Mais tu sais que tu n'atteins pas la perfection. Et dans ta tête, ça cliquette. Tous ces défauts à décortiquer gangrènent ton lâcher prise. On vous applaudit comme de rien n'était. Ta compagne affiche un sourire doux qui ne te fait ni chaud ni froid. Tu ne vois aucune différence avec les autres prétendantes.
Bien sûr, elle manie l'art de la discussion avec aisance. Rougit et glousse timidement aux peu d'interactions dont tu la gratifies. Sauf que tu ne parviens pas à te débarrasser de ce sentiment invasif. Celui de n'être qu'un pion dans ce monde troué. Alors avance petit pion. Et dévore celle que l'on a placé volontairement dans ta diagonale. Regarde comme elle te mange dans la main. Ou comme elle prétend. A ce jeu, vous êtes tous les deux entraînés. Cependant, tu as plus de pratique. Comme quoi Lin Yin peut se montrer utile. Car il te suffit d'une œillade de trop pour comprendre toute la supercherie de cette échange. La jeune fille n'a pas plus envie que toi d'être là.
Et c'est tant mieux. De toute manière, tu es déjà demandé ailleurs. L'heure de courtoisie est terminée. Un piano à queue trône au milieu d'une des tentes dressées pour l'occasion. Blanc laqué, il intimide. Tes doigts effleurent les touches, le dos droit. Le silence se fait. Tu fermes longuement les paupières. Cherches la muse là où elle n'est pas. Et la trouves en rouvrant les yeux, connexion de regard avec Takishima. Un frisson imperceptible dans l'assemblée. Se peut-il que le courant passe entre vous ? Votre mère doit s'en délecter.
La première note résonne. Coupant court à ce tourbillon de pensées étouffantes. Puis une flopée d'autres éclosent. Sous tes doigts entraînés, la partition s'illumine. Etude Op. 10 No. 4 en do mineur de Chopin. Pour les non-initiés, cela sera assurément bluffant. Pour les amateurs de musique classique, le choix semblera audacieux. Ton jeu de mains est rapide. Tes deux mains virevoltent entre les doubles croches continues. Et ton cœur se cale sur ce tempo rapide. L'enchaînement de notes t'emporte. Tu n'en restes pas à l'étude.
Fait édifiant, tu improvises.
Les touches nacrées s'enfoncent. Blanche, noire. Tu adoptes un raisonnement manichéen.
Noir : grimaces souriantes, luxure démesurée, frivolité insipide.
Blanc : moment de flottement, seul à seul inattendu, harmonie étincelante.
Noir : le sourire carnassier de votre père.
Blanc : le regard de ton frère que tu épouses alors que résonne la dernière note.
Sous un tonnerre d'applaudissements, tu quittes ton siège. Mais pas les yeux d'Ena. Parce qu'il mérite tout autant ces applaudissements. Sans lui, tu n'aurais pas la force nécessaire. De lui bouillonne la vie. De lui jaillit les flammes. Féroce, sauvage. Le yin et le yang se complètent. Et sous cette harmonie les rugissements s'effacent. Tu n'as d'yeux que pour lui. Personne ne pourra jamais comprendre le lien qui vous unit. Parfois ténu, il ne peut se rompre complètement. Le fil rouge du destin vous a lié dès la naissance.
« A mon frère. Ena, je te souhaite un joyeux anniversaire ! »
Tu t'approches. Le vrai, qui tu es vraiment au fond de toi, surgit. Dans tes pupilles s'anime toute la reconnaissance à son égard. Et tes bras l'accueillent. Débordent d'un amour non quantifiable quand tu le serres tout contre toi. La foule s'agite, attendrie et fascinée. Coup de génie. La légende perdurera.
Ensuite le gâteau. Ensuite les cadeaux. Viennent alors les remerciements interminables, les ronds de jambe excessifs et les promesses d'un avenir radieux en bonne compagnie. Toutes ces cartes dans ta poche qui finiront à la poubelle. Ils ne savent pas que la partie a déjà été jouée. A l'abri des regards, vos parents œuvrent. Rien ne saurait être laissé au hasard. Alors, jusqu'à la fin de la soirée, tu tiens tes positions. En automate rigoureux, tu exécutes le programme que l'on t'a assigné.
Enfin les convives prennent congé. Ils repartent comblés. Illusion parfaite d'une famille fonctionnelle. Sûrement jaloux d'ailleurs de ne pas avoir été bénis par les dieux. Ne reste dans leur sillage que les chuchotements subjugués de cet anniversaire magnifiquement exécuté. Une fontaine de glace en plein été, pardi !
***
Il est plus de deux heures du matin quand enfin tu te retrouves seul. A peine as-tu pénétré dans ta chambre que tu arraches ta cravate. Puis tu ouvres grand la fenêtre. Une odeur de terre sèche et de lichen t'envahit. Tu inspires profondément. Longuement. Les mains sur le rebord, bras tendus, tu attends qu'Ena te rejoigne. Mais déjà tu te sens revivre. Échos de cette journée endiablée, tu refoules. Et préfères te remplir uniquement d'humus et de sève.
Ils sont tous à tes pieds. Ils te mangent dans la main. Tu es un soleil. Tu brûles si fort que tu les éblouis. Et par ta retenue naturelle, tu es époustouflant de sincérité. On te dit droit, intelligent, modéré. Chaque adjectif colle sur ta peau irritée. Chaque qualificatif te hérisse le poil. Mais tu souris toi aussi. Moins qu'Ena. Tu es tout bonnement incapable d'afficher une telle joie de vivre. Si vous n'étiez pas liés, jamais tu ne pourrais déceler la fausseté derrière ses compliments affables.
Étourdi, tu salues les convives. Un à un, tu te courbes sans jamais toucher sol. C'est à eux de ployer devant ta superbe. Quel adolescent de dix-sept ans ne rêverait pas d'avoir le monde à ses pieds ? Les mots sortent après une réflexion intensive. Millimétré pour faire mouche qu'importe le sujet abordé. Avec Ena à tes côtés, tu évolues en symbiose. Son intervention auprès de vos grands-parents t'avait soulagé. Il te sauvera du mauvais pas. Préviendras ta chute si ton pied venait à glisser sur une roche escarpée.
Mais aucune hauteur ne te résiste. La complétion est idéale. Le mécanisme roule. Pas un souffle, pas un grain de sable. Même quand vos courroies se distendent. Tu deviens une proie. Mais en aucun cas, tu ne leur fais de cadeaux. Plus ils te couvrent de mièvrerie, plus tu instaures une barrière entre eux et toi. Tu chasses du regard humblement. Tant de gentillesse ne peut être honnête. Au fond de toi, tu les dédaignes. Tous autant qu'ils sont. Sur la liste ou pas. Certains se lancent dans des discours dithyrambiques. Tu fais mine d'écouter. Tu fais tout de même un effort quand, devant le buffet, tu rencontres Le Lidec-san et sa cousine. Mieux vaut être en bon terme si vous vous recroisez sur le campus. Mais souvent, tu as une écoute sélective.
Jusqu'à ce que tous les regards se tournent sur vous. De concert. L'ambiance musicale a changé. Tu reconnais la valse que vous avez pratiqué à outrance. Et les conseils – remontrances dissimulées – te reviennent. Grâce et connexion. Que tu recherches dans les yeux de ta partenaire identifiée. Sans succès. C'est même pire. Puisque tu ne ressens que de l'inconfort. Mais tu n'as pas le loisir de te défiler. Vos parents, vos grands-parents, tous les invités vous regardent ouvrir le bal. Et cette foule de paires d'yeux te donne soudain l'impression d'être la proie d'une araignée géante.
« Plaisir partagée Takishima-san. »
Subtile inclinaison de la tête. Déjà ta main rejoint la sienne. L'autre glisse dans son dos.
« Pas exceptionnel mais plus que convenable, j'en suis sûr. Tâchons d'être exceptionnel à deux. »
Tu fais l'effort de lui accorder un regard bienveillant. Mais tes lèvres échouent dans la production d'un sourire rassurant. Trop concentré sur ta tâche. Trop mécanique. Tu joues le jeu. Mais tu sais que tu n'atteins pas la perfection. Et dans ta tête, ça cliquette. Tous ces défauts à décortiquer gangrènent ton lâcher prise. On vous applaudit comme de rien n'était. Ta compagne affiche un sourire doux qui ne te fait ni chaud ni froid. Tu ne vois aucune différence avec les autres prétendantes.
Bien sûr, elle manie l'art de la discussion avec aisance. Rougit et glousse timidement aux peu d'interactions dont tu la gratifies. Sauf que tu ne parviens pas à te débarrasser de ce sentiment invasif. Celui de n'être qu'un pion dans ce monde troué. Alors avance petit pion. Et dévore celle que l'on a placé volontairement dans ta diagonale. Regarde comme elle te mange dans la main. Ou comme elle prétend. A ce jeu, vous êtes tous les deux entraînés. Cependant, tu as plus de pratique. Comme quoi Lin Yin peut se montrer utile. Car il te suffit d'une œillade de trop pour comprendre toute la supercherie de cette échange. La jeune fille n'a pas plus envie que toi d'être là.
Et c'est tant mieux. De toute manière, tu es déjà demandé ailleurs. L'heure de courtoisie est terminée. Un piano à queue trône au milieu d'une des tentes dressées pour l'occasion. Blanc laqué, il intimide. Tes doigts effleurent les touches, le dos droit. Le silence se fait. Tu fermes longuement les paupières. Cherches la muse là où elle n'est pas. Et la trouves en rouvrant les yeux, connexion de regard avec Takishima. Un frisson imperceptible dans l'assemblée. Se peut-il que le courant passe entre vous ? Votre mère doit s'en délecter.
La première note résonne. Coupant court à ce tourbillon de pensées étouffantes. Puis une flopée d'autres éclosent. Sous tes doigts entraînés, la partition s'illumine. Etude Op. 10 No. 4 en do mineur de Chopin. Pour les non-initiés, cela sera assurément bluffant. Pour les amateurs de musique classique, le choix semblera audacieux. Ton jeu de mains est rapide. Tes deux mains virevoltent entre les doubles croches continues. Et ton cœur se cale sur ce tempo rapide. L'enchaînement de notes t'emporte. Tu n'en restes pas à l'étude.
Fait édifiant, tu improvises.
Les touches nacrées s'enfoncent. Blanche, noire. Tu adoptes un raisonnement manichéen.
Noir : grimaces souriantes, luxure démesurée, frivolité insipide.
Blanc : moment de flottement, seul à seul inattendu, harmonie étincelante.
Noir : le sourire carnassier de votre père.
Blanc : le regard de ton frère que tu épouses alors que résonne la dernière note.
Sous un tonnerre d'applaudissements, tu quittes ton siège. Mais pas les yeux d'Ena. Parce qu'il mérite tout autant ces applaudissements. Sans lui, tu n'aurais pas la force nécessaire. De lui bouillonne la vie. De lui jaillit les flammes. Féroce, sauvage. Le yin et le yang se complètent. Et sous cette harmonie les rugissements s'effacent. Tu n'as d'yeux que pour lui. Personne ne pourra jamais comprendre le lien qui vous unit. Parfois ténu, il ne peut se rompre complètement. Le fil rouge du destin vous a lié dès la naissance.
« A mon frère. Ena, je te souhaite un joyeux anniversaire ! »
Tu t'approches. Le vrai, qui tu es vraiment au fond de toi, surgit. Dans tes pupilles s'anime toute la reconnaissance à son égard. Et tes bras l'accueillent. Débordent d'un amour non quantifiable quand tu le serres tout contre toi. La foule s'agite, attendrie et fascinée. Coup de génie. La légende perdurera.
Ensuite le gâteau. Ensuite les cadeaux. Viennent alors les remerciements interminables, les ronds de jambe excessifs et les promesses d'un avenir radieux en bonne compagnie. Toutes ces cartes dans ta poche qui finiront à la poubelle. Ils ne savent pas que la partie a déjà été jouée. A l'abri des regards, vos parents œuvrent. Rien ne saurait être laissé au hasard. Alors, jusqu'à la fin de la soirée, tu tiens tes positions. En automate rigoureux, tu exécutes le programme que l'on t'a assigné.
Enfin les convives prennent congé. Ils repartent comblés. Illusion parfaite d'une famille fonctionnelle. Sûrement jaloux d'ailleurs de ne pas avoir été bénis par les dieux. Ne reste dans leur sillage que les chuchotements subjugués de cet anniversaire magnifiquement exécuté. Une fontaine de glace en plein été, pardi !
Il est plus de deux heures du matin quand enfin tu te retrouves seul. A peine as-tu pénétré dans ta chambre que tu arraches ta cravate. Puis tu ouvres grand la fenêtre. Une odeur de terre sèche et de lichen t'envahit. Tu inspires profondément. Longuement. Les mains sur le rebord, bras tendus, tu attends qu'Ena te rejoigne. Mais déjà tu te sens revivre. Échos de cette journée endiablée, tu refoules. Et préfères te remplir uniquement d'humus et de sève.
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