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Mathéo Takahashi
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Mathéo Takahashi
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Mathéo Takahashi

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Dim 31 Déc 2023 - 11:16
Il y a des poisons auxquels on ne s'attend pas de goûter


26 mai 2018 - après les premières épreuves de la compétition de natation

Rp écrit à 4 mains

Si Seito est à l'hôtel, c'est parce que Nolan voulait voir Tsumugi avant de partir. Pour lui remonter le moral après sa défaite. Le japonais est dégoûté pour elle mais il lui fait promettre de ne pas baisser les bras. Il reste la course par équipe le lendemain, tout n'est pas encore joué. Alors qu'il se tient dans la chambre de la jeune fille, il réalise que Mathéo est actuellement présent dans cet hôtel. L'occasion de faire d'une pierre deux coups. Ne pas tenir la chandelle et aller féliciter son petit-ami en personne. Parce que oui, Mathéo a gagné sa course. Il se souvient avoir applaudi très fort, peut-être même s'être levé. C'est flou. Rapidement, il sort son téléphone et envoie un SMS : “C'est quoi ton numéro de chambre à l'hôtel ?”

Mathéo ne pensait pas gagner. Il se demandait encore comment il avait fait. La nage sur le dos était loin d’être sa favorite, elle amenait des difficultés de respiration similaires au crawl. Pourtant, il avait gagné sa course. Il avait pu honorer le club et peut-être avait-il rendu fier Seito. Au loin, dans les gradins, ce dernier avait l'air ravi. Y repenser lui réchauffait le cœur. Le lycéen ne s'en doutait pas mais il avait été son arme secrète pour la compétition. Savoir que Seito le regardait depuis les gradins l’avait poussé hors de sa zone de confort. Il devait gagner. Pour lui. Même si ça lui semblait difficile.

Après s’être changé dans les vestiaires, il avait suivi son colocataire jusqu'à leur chambre d'hôtel pour y poser leurs affaires. Chacun y alterna une douche de cinq minutes - top chrono - pour se débarrasser du chlore. Lorsqu'il sortit de la salle de bain, son colocataire de fortune lui proposa d'aller rejoindre les autres mais, fatigué, Mathéo refusa poliment. Une fois seul dans la chambre, il s’allongea en jogging sur le lit qui lui était destiné, une serviette enroulée autour de la tête. Il pensa à Tsugumi-chan et hésita à lui envoyer un message... il avait bien vu qu'elle avait été touchée d'avoir perdue son épreuve, mais il se rétracta néanmoins, s'estimant trop mal doué pour réconforter. Il ne ferait qu'enfoncer le clou, malgré sa bonne volonté. A la place, il ouvrit plutôt sa conversation avec Seito, pianotant sur le clavier un "Merci d'être venu" qu'il n a pas le temps d'envoyer, son petit-ami l'ayant devancé. Il observa un instant sa question avant de répondre, intrigué: "Chambre 24. Pourquoi ?". Son "Merci d'être venu aujourd'hui" suivit.

Heureusement que Mathéo répond. Seito était prêt à l'appeler. Sans prendre la peine de répondre à son tour, il relève la tête de son portable et informe le couple qu'il leur laisse un peu de temps tous les deux. Il demande à Nolan de lui envoyer un SMS pour lui annoncer leur départ et, bien mystérieux, quitte la chambre en quête de la 24. Errant dans le couloir, la porte apparaît finalement. Les yeux pétillants de malice, il toque à la porte et scande :

“Room service !“

Il avait su piquer la curiosité de Mathéo qui, suspendu à son portable, attendait davantage d'explications. Elles ne vinrent jamais, du moins pas sur son téléphone. Ça toqua à la porte et il pensa tout d’abord à son coloc qui avait peut-être oublié quelque chose. Néanmoins, la voix qui tonna derrière lui sembla dangereusement familière. Son cœur loupa un battement. Est-ce que…?

D'un bond, il se jeta sur ses pieds, laissant tomber sa serviette sur ses épaules, et alla ouvrir la porte. En découvrant Seito derrière celle-ci, un immense sourire s'installa sur son visage, découvrant ses canines. Sous le coup de l'émotion, il le tira à l'intérieur et, refermant la porte, le prit dans ses bras. "Je croyais que tu étais déjà reparti !"

Oh. Ce sourire. Le visage de Seito s'aligne au sien alors qu'il laisse échapper un rire en se faisant étreindre.

“J'pouvais pas partir alors que t'as commandé des félicitations !”

Seito glisse tendrement ses bras dans le dos de Mathéo.

Quand nos sujets sauront que leur roi est un champion…”

La fatigue de Mathéo lui semblait disparaître sous l'étreinte de Seito. Ses muscles endoloris se relâchaient enfin, soulagés. Il le serra un peu plus contre lui, le cœur cognant fort. "... C'était seulement une épreuve... je ne suis pas certain que ça fasse de moi un champion... haha" répondit-il, embarrassé des pieds à la tête. Il n'avait pas l'habitude de se faire féliciter. Peu importe ce qu'il pouvait réussir, cela tombait sous le coup de l'évidence pour tout le monde et personne n'était jamais là pour relever ses efforts. Alors, pour une fois, ça le touchait profondément. "Mais merci... ça me fait plaisir... Est-ce que ça t’a plu ?"

Doucement, Seito dénoue la pression sur son corps, ses mains restant légères sur Mathéo, pour capter son regard. “Ouais, c'était prenant ! Même si c'est vachement court en vrai comme course. Genre tout se joue à des micro-secondes, comme l'athlétisme.”

Un rire nerveux échappa à Mathéo. “Vraiment ? Je ne me rends pas compte. J'ai l'impression d'avoir nagé pendant une heure.” Les yeux nichés amoureusement dans les siens, il sentit le rouge lui monter aux joues. “... C'est grâce à toi si j'ai pu tenir jusqu'au bout. Savoir que tu étais là, ça m'a motivé. Encore merci d'être venu, Seito.” La mention de l'athlétisme lui rappela Nolan et donc Tsugumi. Son sourire se transforma en une petite moue. "... Est-ce que tu sais si Nolan a pu aller voir Tsugumi-chan ?"

Seito sent ses joues chauffer à son tour. Et ça ne s'arrange pas lorsqu'il réalise - mieux vaut tard que jamais - que ce qu'il croyait être un t-shirt sous ses doigts est en fait la serviette qui a glissé à l'arrière du dos de Mathéo lorsqu'il a été plaqué contre son torse. OK. Surtout ne pas paniquer. Pourquoi il ne panique pas ? Où sont les alarmes ? Les pompiers ? Le défibrillateur ? Son cœur part dans les tours. Plus troublé que jamais, son cerveau surchauffe. Hein ? Ses yeux clignent plus vite qu'une guirlande lumineuse. Tsumugi. “A-ah oui, Tsulan est avec Nomugi en c'moment.”

"... Quoi ?" demanda légitiment Mathéo, sourcils relevés sous l’étonnement. Est-ce que c’était la fatigue qui lui jouait des tours ? Il ne put s’empêcher de ricaner en répétant, taquin "Tsulan et Nomugi ? Ce sont de nouveaux amis à toi ?"

Le japonais met quelques secondes de trop à percuter qu'il a buggué bien comme il faut.
“Je voulais dire Nolan et Tsumugi…” marmonne-t-il. De sa main gauche, il repousse le torse de Mathéo et plaque son dos contre la porte. Grave erreur. Sa paume le foudroie de picotements. Quant à ses yeux, ils se font vision d'aigle et plongent sur le buste de Mathéo. Il a bien du mal à les relever et sa bouche n'en fait qu'à sa tête.

“On voyait pas aussi bien tes abdos depuis les gradins.”

Qu'est-ce que... "... Mes abdos ?" demanda crédulement Mathéo en se pétrifiant de surprise lorsqu’il sentit la main de Seito contre sa peau.  Ses yeux s'abaissèrent sur son ventre, nu, et son visage en inventa une nouvelle nuance de rouge pour l'occasion. Il n'avait pas du tout réalisé qu'il... "Oh… Désolé" dit-il instinctivement. Toute son attention se tourna sur cette main que Seito tenait contre lui. Autour de celle-ci se soulevait un véritable tsunami épidermique et il crut bien que la mort était prête à le saisir tant son cœur le piqua de douleur à s'emballer brusquement. "Je sors de la douche... et j'étais tellement content en t'entendant que j'ai oublié de mettre un T-shirt." joua-t-il de l'évidence pour faire gagner quelques secondes à ses neurones dont les connexions peinaient à se faire. Les premiers branchements ne le menèrent pas très loin néanmoins. Il se surprit lui même en demandant "Est-ce que... ça te plaît ?"

L'explication est logique. Si logique que Seito est à deux doigts de rétorquer que c'est logique. Vu que c'est logique. Par contre, ce qui est moins logique, c'est la question qui suit. Ce qui est surprenant de la part de Mathéo qui a toujours fait preuve de logique. Logiquement, Seito devrait se taire. Mais tout le monde sait que Seito et logique dans la même phrase ne font pas bon ménage. Donc, en toute logique, son regard revient détailler la musculature de son petit-ami. En l'absence de tissu, la logique voudrait qu'il maintienne une distance de sécurité. Mais la logique meurt quand, les yeux de nouveau baissés et les joues brûlantes, il avoue :

Je mentirai si j'disais que non…”

Mathéo ne savait pas s'il attendait réellement une réponse. Existait-elle seulement ? Existait-il un monde dans lequel Seito lui répondrait ? Oh. Ses pupilles se dilatèrent, sa respiration se coupa et la petite voix de sa conscience lui répondit : apparemment, oui. Et c'était une réponse qui en exigeait une autre, impérieuse. Il plaqua l'une de ses mains contre la porte pour prendre appui dessus et se pencha sur les lèvres de Seito pour l'embrasser.

"... Ton honnêteté me tuera sans doute un jour... mais je l'aime beaucoup" dit-il. Et elle le tuera sans doute en premier, ne peut s'empêcher de penser, Seito. Mathéo réduisit la distance entre eux pour poser son front contre la porte. Difficile de rester de marbre. Il aurait été moins dangereux pour Seito de mentir. A cette allure, il sentait que s'en serait bientôt fini de son sang froid. Alors, avant de s'enfoncer davantage, il recula. "J-je vais mettre un T-shirt" annonça-t-il en lui tournant le dos. Devant son sac de sport, posé au pied de son lit, il remercia le ciel de l'avoir aidé cette fois. C'était moins une.  Il attrapa un débardeur et l'enfila. "O-on nous a donné du soda, tu en veux ?" Balbutia-t-il en lui montrant une canette.

Seito se surprend à être déçu que le baiser ne se prolonge pas. C'est donc pantelant qu'il observe Mathéo se vêtir. Les muscles de son dos aussi sont saillants. Le japonais se mord la lèvre et prend une grande inspiration. Se décollant de la porte, il saute sur l'occasion pour changer de sujet. “Euh ouais, j'veux bien. Je sais pas pour combien d'temps j'suis là. Nolan doit m'envoyer un SMS pour me dire quand on part chez lui.” Par acquis de conscience, il consulte son téléphone. Rien.

C'est... hum... c'est qui ton coloc en fait ?”

Le pssst de la canette annonça la surprise de Mathéo. Chez Nolan ? C'est-à-dire ? Comment ça ? Il tendit son soda ouvert à Seito, pensif. Ce dernier récupère la canette et en boit une longue gorgée. Le sucre lui fait du bien après cette montée d'adrénaline.

"Yamada-san, je ne le connais pas très bien mais il est sympa" répondit Mathéo en attrapant une canette.

Oh okay. J'vois pas qui c'est.” répond Seito mais cela n'a aucune importance à ses yeux.

Sans ouvrir sa canette, Mathéo s'asseya sur le lit, attrapant Seito par la taille. "Chez Nolan ?" redemanda-t-il à haute voix, très attentif. Ainsi capturé, les yeux de Seito s'agrandissent mais il parvient à répondre tranquillement : “Ouais, j'dors chez lui ce soir.”

Mathéo tenta de garder une neutralité bienveillante sur la face mais le poids des mots firent froncer ses sourcils. L'un plus que l'autre. La nouvelle lui fit l'effet d'une douche froide. L'effervescence laissait désormais place à un sentiment bien moins noble. La terrible, l'indésirable : Jalousie. "Pourquoi ?... Vous pouvez pas rentrer directement au campus ?"

Pourquoi quoi ?” Seito pose un regard naïf sur Mathéo. “Baaah si... on aurait pu mais c'est plus loin. Et c'est moins cool que de dormir chez son meilleur pote.”

"Hn... je suppose" répondit Mathéo tout sauf convaincu. Oui, Nolan était son meilleur ami et oui, rien n'interdisait de dormir chez un ami mais... les deux combinés ne le rassuraient pas. De ce qu'il avait pu en voir et percevoir, il ne pouvait s'empêcher de les trouver trop proches et d'en être jaloux. Le gérer sur le campus était une chose… mais ça…

"Dormir seul dans une chambre d'ami te changera du dortoir au moins..." tenta-il tout de même de consentir.

Seito est peut-être très nul en relations humaines mais il voit bien que la motivation n'est plus au rendez-vous du côté de Mathéo. Sauf qu'il ne comprend pas pourquoi alors bêtement, il répond :

Sa maison est géante mais je sais pas trop si j'ai envie de dormir dans une chambre d'ami tout seul. Et puis si ça s'trouve, on va même pas dormir. Je suis pas du tout fatigué perso.

Cela fit soupirer Mathéo plus bruyamment qu'il ne l'aurait voulu. Ça l'agaçait mais plus encore, il s'agaçait lui-même. Il avait bien conscience que ce que venait de dire Seito n' était pas véritablement problématique. Il savait aussi qu'il pouvait de toute façon lui faire confiance... mais l'image de Nolan lui vint en tête. Il se rappela la photo dans leur "cabane", leur proximité physique, et la jalousie lui piqua davantage le ventre. Il se redressa, venant planter ses iris ombragées dans les siennes. "... Je... je préfèrerais que tu dormes tout seul..."

Ce soudain sérieux le met mal à l'aise. Seito sait que la prochaine phrase qui sortira de sa bouche est déterminante. Et il déteste devoir peser ses mots. Tellement qu'il désamorce en plaquant sa canette froide sur le front de Mathéo.

T'as fini de t'inquiéter pour rien ?” Il souffle par le nez et esquisse un léger sourire.

Le métal froid de la canette surprit l’étudiant, gommant les rides d'inquiétude qui se dessinaient sur son front. Il ne s'inquiétait pas pour rien... il avait toutes les raisons du monde de s'inquiéter. La question de Seito le faisait se sentir stupide et il détestait ça. Gentiment, il éloigna la canette de son front et le prit dans ses bras. "... Je ne sais pas si je peux..." souffla-t-il.

T'as gagné une course de natation. Bien sûr que tu peux arrêter de t'inquiéter !” répond Seito du tac au tac. Son portable vibre dans sa poche. Il se recule de Mathéo, boit une gorgée de soda et lit le SMS de Nolan. Puis il reprend avec une légèreté insolente : “T'as pas l'choix de toute façon parce que j'y vais !

Déconvenu, Mathéo regarda Seito s’éloigner. Quel rapport avec sa course ? Ses yeux suivirent ceux de Seito sur son téléphone et la phrase qui sortit de la bouche de son petit ami à la suite le laissa sans voix. Quoi... ? Son visage se ferma. Il n'aurait su dire s'il était offensé ou blessé. Sans doute était-ce un peu des deux. Il n' avait aucune envie que Seito s'en aille, encore moins sachant qu'il s' en allait retrouver Nolan pour dormir chez lui. "Laisse tomber, t'es juste trop con. Et tu vois bien que tu l'emmerdes" se targue-t-il intérieurement. Pourtant, c'est plus fort que lui. Son orgueil, principal de ses ennemis mortels, le saisit et avant même qu' il ne puisse y réfléchir, il destitua Seito de sa canette, la déposant sur le rebord en bois du lit et passa un bras dans son dos pour le ramener contre lui. Leurs yeux se croisèrent. Lui aussi, pouvait faire preuve d'insolence. Sans prévenir, il plongea dans son cou, suffisamment haut pour que son T.shirt ne puisse le gêner et recouvrir ses méfaits. Ses lèvres s écrasèrent contre sa peau et avec toute sa frustration, il l'aspira jusqu' au violet. S' il n'avait pas le choix, d'accord ! Il ferait avec.

Seito a dit ça sur le ton de la rigolade. Mais en voyant l’air sombre de Mathéo, le constat est sans appel. Il a merdé. La fougue soudaine de son petit ami le prend de court. Un maigre “Hey ! Je rigolais ! Qu’est-ce que tu-” se perd dans son souffle coupé net par le malfaiteur. Son cœur manque un battement. Puis un deuxième. Les poings serrés, sa mâchoire se cristallise d’angoisse. Enfin, sa bouche le libère. Un orage de panique secoue son visage entier. Ses doigts viennent immédiatement se plaquer sur la morsure. Il aurait dû demander de plus amples informations sur les vampires à Nakajima-chan car maintenant qu’il y est confronté, il constate son ignorance. Éberlué, il augmente la distance entre eux.

C-c’est comme ça que tu m’annonces que t’es un vampire ?”

La question de Seito fit remonter le rouge aux joues de Mathéo. Dans l’impulsivité, son geste lui semblait moins honteux et stupide qu’après coup. "Non..." souffla-t-il en baissant les yeux. Il l'aurait fait rire s'il ne se sentait pas si misérable. "Désolé, si je t'ai fait mal... Je..." Il ne finit pas sa phrase. Au lieu de cela, il soupira. Ça ne sert à rien, mieux vaut laisser tomber. "Amuse-toi bien chez Nolan... Et encore merci d être venu, ça m’a fait plaisir."

Il est difficile pour Seito de réaliser ce qui vient de se passer. Si difficile que son cerveau choisit délibérément d’ignorer les drapeaux rouges qui flottent au-dessus de la tête de Mathéo. Ses doigts frottent nerveusement son cou pour gommer toute trace de salive. Le japonais secoue la tête. Il n’a pas mal. Mais il a l’impression d’avoir réellement été empoisonné tant son sang pulse dans sa jugulaire.

Juste… refais plus ça sans prévenir.” Ne refais plus ça tout court serait plus vrai.

Mathéo acquiesça sans demander son reste et le raccompagna jusqu'à la porte. Il eut envie de s'excuser à nouveau mais sa fierté l'en empêcha. Anges et démons se battaient sur ses épaules. Oui, il aurait un million d'excuses à donner pour cette impulsivité mal placée qui l'effrayait lui-même, il s'en voulait même déjà. Mais, d'un autre côté... il estimait que ses sentiments venaient d'être bafoués et ça ne lui plaisait pas non plus. Mélangé à la défaite que lui infligeait sa jalousie, il se fit silencieux.

La main sur la poignée de porte, Seito pose un regard intimidé sur l’étudiant.

C’était cool. Repose-toi bien cette nuit.”

"Oui, merci" lui répondit sobrement Mathéo

La main du lycéen quitte son cou alors qu’il ouvre la porte. Pris comme il est dans des embouteillages neuronaux, embrasser son petit ami pour lui dire au revoir ne lui vient pas à l’esprit. Et, le voyant quitter la pièce sans un au revoir, le cœur de Mathéo se serra. Il passa une main sur son visage et soupira, restant un instant devant la porte, comme un idiot. Au fond, il espérait sans doute que Seito revienne rectifier le tir mais puisqu' il était évident que ce ne serait pas le cas, il retourna s' allonger dans son lit. Il lui enverrait un message plus tard dans la soirée pour s' excuser convenablement, à tête reposée. Il ne s’en sentait pas capable pour le moment. Bien que se reposer… ce ne serait pas si simple dans ces circonstances.
 
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Il y a des poisons auxquels on ne s'attend pas de goûter  Empty Re: Il y a des poisons auxquels on ne s'attend pas de goûter

Lun 22 Jan 2024 - 9:58
SAMEDI 26 MAI 2018



La compétition de natation commence ce week-end, Nolan comptait bien encourager Tsumugi de toute sa voix ! Après tout elle était toujours là pour lui, il était donc normal d'en faire autant. Comme Seito comptait aussi assister à la compétition pour encourager Tsumugi bien sûr, mais aussi Mathéo, Nolan n'avait pas trouvé meilleure idée que de lui proposer de passer le week-end chez lui. Ils pourraient être tranquilles et ça les changerait des chambres du campus ! Grand sourire aux lèvres comme s'il organisait sa première pyjama party, Nolan sortait plein d'apéritifs sucrés et salés pour qu'ils se pètent le bide !

Depuis qu’ils ont quitté l’hôtel, Seito fait tout pour garder son calme. Ce qui s’est passé avec Mathéo l’a profondément ébranlé et c’est nerveusement qu’il a rabattu la capuche de son pull pour le trajet jusqu’à chez Nolan. Sauf qu’une fois chez lui, il n’a plus l’excuse du froid. Et bêtement il se dit qu’avec un peu de chance, les morsures de vampire ça ne se voit pas. Donc il la retire de sa tête et tente de s’aligner à la joie communicative de son meilleur ami. Le regardant sortir tout un tas de grignotage, il demande avec amusement : « T’as invité tout le campus chez toi ? »

Trop enjoué par la présence de son meilleur ami, Nolan n'avait pas encore remarqué l'inévitable. Ses yeux balayaient plus ce qu'il allait enfourner dans sa bouche que la nuque de Seito. Aussi à sa question, il leva vivement la tête vers son Rinbo, une moue enfantine sur les lèvres. « A nous deux j'suis sûr qu'on le vaut laaarge ! » Ce fut seulement à cet instant, alors que son regard s'attardait sur Seito, qu'il vit une trace violacée sur sa peau. Nolan fronça les sourcils, à des années lumières de la vérité dans sa tête. « Eh Rinbo t'as quoi au cou ? Une bête t'a mordu ? » Tout en parlant, Nolan se rapprochait pour mieux voir, le paquet de chips au paprika toujours dans la main.

Et merde. Merde merde merde. « U-une bête ? » s’entend-il bégayer en masquant partiellement son cou de sa main. Son regard se fait fuyant à mesure que l’embarras englue ses mouvements. « Ça se voit tant que ça ? » finit-il par demander, inquiet.

Hm hm. Hm hm hmmm ! Nolan avait passé beaucoup de temps avec Seito ici présent. Rinbo et Rinbo se connaissaient bien à présent. Les vieux diraient comme la peau et la chemise. S'il y avait une chose que Nolan savait, c'est que Seito ne s’inquiéterait pas de la morsure d'une bestiole ! Il ne cachait déjà pas ses mains abîmées d'avoir frappé avec avant de se faire des amis... Nolan cligna des yeux plusieurs fois, un sourire à mi-chemin entre le choc et... Le choc. Il attrapa la main qui tentait vainement de cacher la chose pour la retirer. « Rinbooo ! Naaan ! Me dis pas c'est un... Oh putain ! Mais il est chaud le mec ! » Et là il partit dans un fou rire incontrôlable, le paquet de chips froissé entre ses doigts presque à en faire tomber par terre. « Oh j'en peux plus, mais Rinbo, wesh...! » Wesh, un mot que Seito connaissait bien comme manifestation de surprise intense.

Seito se décompose. Passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel (et ce n’est pas parce qu’il est gay). Ne rejoint pas le rire de son Rinbo. La situation est grave. Très grave. « Putain mais réponds, WESH ! Ça se voit tant qu’ça ?! » La réponse n’arrivant pas assez vite à son goût, Seito rabat rageusement la capuche sur sa tête.

Cette réaction. Avec un wesh en plus ! Elle est si inattendue que Nolan repart de plus belle dans un fou rire, n'étant d'aucune espèce d'aide possible ! Sa réponse, qu'il tentait de formuler, était ponctuée par son rire. « Mais... Mec... Je l'ai vu.. de profil ! En face.. On voit qu'ça ! » Il respira un bon coup comme il le pouvait. Son visage était devenu rouge et Nolan dut essuyer ses yeux. « J'ai plein d'écharpes si tu veux krkrkr... Oh purée... Nan mais où ? Quand ? Comment ? J'veux tout savoir ! »

Mais bordel, c’est pas drôle. Pas drôle du tout ! Seito pousse un énorme soupir et lève les yeux au ciel de désespoir. Un tabouret se trouvant derrière lui, il y affale son derrière comme s’il portait toute la misère du monde sur ses épaules. « Il m’a même pas demandé. Il l’a juste fait. Tout ça parce que… » Parce que quoi au juste ? Soudain il se relève. « Attends, j’vais voir. » Et il s’éclipse dans la salle de bain. Où il laisse échapper un juron. La mort dans l’âme, il revient dans la cuisine, ouvre un paquet de chips et l’entame en se rasseyant sur son tabouret. Il n’a plus sa capuche, c’est inutile. « Quand j’vous ai laissé toi et Tsu à l’hôtel, j’suis allé voir Mathéo. Pour le féliciter en personne pour sa course. C’était cool au début jusqu’à c’que ça devienne chelou et qu’il fasse… ça. »

Si les soupirs de désespoir de Seito font encore rire Nolan, ses prochaines paroles le calment. Bon on ne demandait pas, il suppose, pour faire un suçon... Ça se faisait quoi... Il avait vu quelques filles au lycée en France se pavaner avec comme des trophées #jsuistropbonnetavu. Nolan se dit donc que Seito n'y connaissant pas plus que lui, avait du être surpris. Il l'observa se diriger vers la salle de bain. Au début, Nolan pensa le suivre mais Seito revint bien assez vite. La suite... Ne lui plut absolument pas et son visage se ferma. « Comment ça chelou ? Il a fait un truc que t'aimes pas ? T'as pas osé le repousser ? »

Seito se repasse le film dans sa tête tandis qu’il engloutit un bon tiers du paquet à lui tout seul. « J’ai pas aimé qu’il fasse ça. J’lui ai dit… » Il redresse la tête vers Nolan. « J’allais pas l’repousser alors que c’est mon copain. » La raison de leur désaccord (dispute ?) est floue aux yeux de Seito. « Il était super sérieux et moi j’faisais des blagues. Et quand j’lui ai dit que je devais partir, il… je comprends pas. »

Plusieurs scénarios passèrent dans la tête de Nolan et celui où Mathéo imposait à son meilleur ami de faire des choses qu'il ne veut pas le fait vriller. Bien sûr qu'il fallait le repousser ! Ça le mettait en colère d'imaginer que Mathéo, qui semblait être un type avenant et protecteur, ne voit pas les signaux montrant que son suçon il aurait mieux fait de le garder! En revanche, le contexte de lui sérieux et Seito faisant des blagues lui échappait complètement. Ce n'était pas le plus urgent dans l'immédiat. « Ok ok attends... On va reprendre depuis le début. Premièrement Rinbo, copain ou pas, personne n'a le droit de t'imposer quoi que ce soit. T'as le droit de repousser ton mec si tu veux pas qu'il te touche. Tu te souviens, je t'ai dit que s'il t'aime il comprendra. » Nolan passa ses mains sur son visage. Ce week-end prenait une tournure vraiment grave d'un coup. Il n'avait pas toutes les informations mais rien ne lui paraissait positif dans ce qu'il entendait. « J'comprends pas quand tu dis qu'il était sérieux et que toi tu blaguais ? Et il a dit quoi quand t'as dis que t'aimais pas le suçon ? »

« Je sais, c’est juste que… » Qu’il ne s’y attendait pas. Que Mathéo a toujours respecté ses difficultés jusqu’à présent. Que tout va pour le mieux alors peut-être que l’étudiant a cru que le cou était une zone sûre. En soit, elle l’est. Quand les baisers sont tendres. Pas quand ils ressemblent à une attaque personnelle. S’il ne l’a pas repoussé, c’est parce qu’il a eu peur. C’est nul mais il s’est mangé de plein fouet l’ahurissement. Malgré tout, Seito ne veut pas que Nolan pense du mal de Mathéo. « Non, t’as mal compris. C’était avant que c’était bizarre. Après c’était bizarre aussi mais il s’est excusé. En fait, il est resté qué-blo sur moi qui dors chez toi ce week-end. Alors que j’vois pas où est l’problème. »

Mal compris, mal compris, mais son meilleur ami ne l'aidait pas à comprendre avec ses bribes d'informations ! Nolan souffla par le nez pour rester calme. Il ne voulait pas braquer Seito, seulement comprendre ce qu'il s'était passé dans cette chambre. « Donc... Y'a que le suçon qui t'a gêné c'est ça ?? T'as flippé ? » Avant d'être à l'aise avec les contacts, Seito pouvait avoir des réactions violentes au moindre contact, ou bien se figer, Nolan s'en rappelait. Il avait besoin d'être sûr qu'il n'y avait rien eu d'autre. Que Mathéo soit jaloux qu'il dorme chez lui c'était le cadet de ses soucis. D'ailleurs, ça ne l'étonnait pas plus que ça vu le caractère guindé et stressé de Mathéo. « J'pense qu'il est juste jaloux parce qu'on est proches, c'est débile mais bon... »

Seito n’aime pas la tournure que prend cette discussion. Tout paraît trop sérieux. Presque grave. Alors que ce n’est qu’un gros malentendu. Et puis là, il n’a plus envie d’y penser. Les lèvres de Mathéo sont imprimées au fer rouge sur sa peau. Il se relève du tabouret. « Ouais, y’a rien d’autre. » Le dire ainsi minimise la situation. Ce n’est qu’un suçon. Dont il ne voulait pas. Qui lui a fait peur. Mais qu’un suçon pour autant. Ses doigts viennent frotter la zone supposée. Le japonais fait la moue. « Jaloux de quoi ? On est meilleurs potes. D’où il serait jaloux ? Il peut être meilleur pote avec toi aussi, s’il veut. »

Nolan fait la moue tout en observant son meilleur ami. Il n'a pas envie de l'embêter avec plus de questions mais en même temps il ne peut pas s'empêcher de s'inquiéter pour Seito. Les Rinbos veillent l'un sur l'autre en toutes circonstances. « Ok... Mais la prochaine fois le laisse pas continuer un truc que tu veux pas. » Ou Mathéo aura affaire à lui pour son manque d'attention. Si ses hormones lui font perdre la boule, il se fera un plaisir de la lui remettre en place. Mais passons pour le moment à sa jalousie. A l'idée d'être meilleur ami avec Mathéo, Nolan grimace. Il est sympa mais il n'y a pas d'atomes crochus spéciaux entre eux. « Ben... C'est jamais très logique la jalousie. J'suis un mec, j'suis ton meilleur pote, ça suffit à faire griller sa cervelle ! Mais c'est pas pour lui que j'vais changer comment j'suis avec toi ! »

Plus facile à dire qu’à faire. Ce qui le trouble, c’est que Mathéo connaît ses difficultés. En est-il lassé au point de les ignorer ? « J’veux pas que tu changes quoi qu’ce soit de toute façon. Parce que y’a rien à changer. » Et ça l’emmerde profondément d’apprendre que ce n’est pas logique. Car alors il n’est pas certain de comprendre un jour le problème. « J’suis sûr qu’il finira par comprendre. Il devait être fatigué à cause de la natation. Il a mal réagi, c’est tout. C’est pas grave. » Seito inspire, les doigts toujours sur son cou. « Par contre ça fait chier, tout le monde va le voir lundi… »

La réponse de Seito le fait sourire et Nolan s'autorise à prendre une chips dans le paquet. « Viens on va sur le canapé. » Quand même plus confortable. Nolan emmène le plateau d'apéritif et demande à Seito de prendre celui des boissons, qu'ils posent sur la table basse. Nolan n'était pas tout à fait d'accord avec Seito même s'il voulait bien admettre que Mathéo ait fait une erreur qu'il ne refera pas. C'était bien ce qu'il souhaitait croire. « Ben y'a intérêt j'te le dis. » Pas besoin d'en dire plus, son sous-entendu était clair. Nolan pouffa en posant les yeux sur la marque maudite. « Pas si tu mets du fond de teint dessus. Ma mère en a plein je peux te passer un tube le temps que ça parte. »

Seito suit Nolan jusqu'au canapé dans lequel il s'assoit de manière un poil trop rigide. Toute cette histoire le travaille. La seule pensée d'avoir à affronter Mathéo plus tard tue sa raideur. Son dos épouse pleinement le coussin derrière lui ainsi que sa nuque. Les yeux au plafond, il soupire bruyamment. « C'est vrai qu'y'a ça... J'en ai déjà mis en plus. »

Nolan imite Seito et s'affale sur le canapé. Ce n'est pas vraiment l'ambiance qu'il avait prévu pour un week-end avec son meilleur ami mais bon, ce dernier était vachement troublé par ce qu'il lui arrivait, alors Nolan compatissait. Il tourna légèrement sa tête, haussant les sourcils à l'aveu de son Rinbo. « Toi ? A quelle occasion t'as mis du fond de teint ?? » Il était bien curieux de savoir !

« Et bin quand Pa- » Oula. Alerte rouge. Qu'est-ce qu'il branle ?! Non ! NON ! Mais bordel ! Foutue bouche ! Seito se mord la lèvre et pose un regard affolé sur Nolan. Un sourire crispé tend ses joues. « Tu vas me frapper si j'te le dis. »

Quand qui ? Pa-.. Pablo ? Pablo à des délires travesti ? Voire... DRAG QUEEN ?! Bon d'accord il exagérait un tantinet, enfin quoi qu'on ne connaissait jamais vraiment les gens. Nolan se redressa et le sourire qui commençait à se dessiner sur son visage disparut lorsque Seito prévint qu'il le frapperait s'il savait. C'est quoi encore cette histoire ?! « Tu sais que c'est trop tard Rinbo. Puis je te frapperai jamais ! Crache le morceau. » Il fit bouger ses sourcils pour l'encourager à en dire plus.

De ses deux mains, Seito chiffonne son visage. Quel abruti. « Quand j'suis arrivé sur le campus, on a pas été potes tout d'suite avec Pablo. Il a pas trop apprécié une de mes blagues et, hum... j'ai eu un bleu au visage. D'où le fond de teint. »

Ah ouais... Rien que ça... Pendant quelques secondes, Nolan digère l'information. Si Seito lui en avait parlé avant qu'il connaisse Pablo, il aurait probablement été le trouver et fait en sorte que le fond de teint lui serve aussi. Ça ne lui faisait pas plaisir à entendre bien sûr, mais vu le sang chaud de l'espagnol et la propension de Seito à parfaire l'originalité de ses blagues, le résultat n'était pas très étonnant. Nolan tordit sa bouche dans sa réflexion. « J'crois que t'as bien fait de pas me l'avoir dit plus tôt parce que j'pense pas qu'on aurait pas été pote non plus avec Pablo ! Sérieux... Bon c'était y'a un an alors j'vais pas faire chier... T'avais fais quoi ?? »

Ouf ! Nolan ne s'énerve pas. Il n'est pas ravi mais au moins, il ne part pas dans les tours. Seito se détend considérablement. Au point qu'il prend le premier snack à proximité et entame le paquet. « J'lui ai laissé un mot dans son casier le jour de la Saint-Valentin en lui donnant un rencard sur le toit. J'ai pas signé. Et j'l'ai attendu sur le toit avec une boîte en forme de cœur. En vrai, c'était marrant. A la base, c'était pour m'excuser pour la guerre du dorayaki. Sauf que quand il s'est pointé, ça l'a pas du tout fait marrer... »

Oh putain ! Fallait l'avouer, ce plan était génial ! Un peu tendu au premier abord, Nolan s'autorise enfin à se d'entendre et pioche dans le paquet de Maltesers. « Quel gros naze ! Il t'a frappé juste pour ça ?! C'était une trop bonne idée ! Dès qu'il s'agit de faire le lover il a plus d'humour ! Et genre il s'était mis beau gosse de ouf et tout ? Krkrkr... »

« Baaaah... ouais. Mais en vrai c'était pas cool. C'était un peu un piège. Mais ouais, il avait mis l'paquet ! P'tite chemise, p'tit parfum et tout. J'pense que c'est pour ça qu'il était ultra vénère que ce soit moi. Même si moi j'l'ai trouvé putain d'beau. Enfin... » Le rouge lui monte aux joues. Même si Nolan sait, il n'est pas encore ultra à l'aise à parler ainsi de ses préférences. « Il a même pas voulu d'mes dorayakis. »

« Ouaiiis mais bon, on parle quand même d'un mec qu'est capable de mettre du colorant dans des douches, se faire sucrer le voyage scolaire, pour faire une blague ! Alors prendre la mouche juste pour une chemise et du parfum... Il abuse ! » Nolan sourit ensuite en coin à l'aveu de Seito. « J'avais presque oublié ton crush eheheh... Tout s'éclaire maintenant... Allez j'te charrie ! Mais je comprends mieux pourquoi c'était chelou entre vous. »

« M'en parle pas... J'ai cru qu'on serait jamais potes. » souffle Seito, embarrassé. « Genre c'était tellement plus dur de lui parler qu'avec toi. Heureusement, c'est plus chelou maint'nant. Mais faut vraiment jamais qu'il sache tout ça... Même s'il est OK avec Mathéo, j'suis pas sûr que ça lui plairait de savoir ça. »

« Ouais c'est clair, je crois qu'on a bien compris qu'il veut pas rire avec ça.. Perso j'me suis toujours dit qu'un mec que ça dérange c'est qu'il est pas sûr de son placard ! Mais j'vais m'en prendre une si j'vais sur ce terrain ! » Et contrairement à Seito, il était certain qu'il rendrait le coup. Conclusion, un sujet qui restera sous le tapis même sous couvert d'humour.

Seito ne dit rien. Et le vibreur de son portable interrompt toute réflexion à ce sujet. Jetant un oeil à son portable, il y voit le prénom de Mathéo.
Excuse-moi pour tout à l'heure. C'était mal placé de ma part, je regrette.
Deuxième sms dans la foulée :
J'espère que vous êtes bien arrivés... Tout va bien ?
C'est puéril mais il réalise ne pas avoir envie de lui répondre. Tout du moins pas tout de suite. Les heures défilent. Ils sont toujours dans le canapé à papoter. Puis soudain, le japonais considère que son silence n'est pas très poli. Alors, à contrecœur il répond brièvement.
Oui oui, ça va.
Mathéo enchaîne.
D'accord. Tant mieux.
Sans un regard supplémentaire sur son portable, il propose à Nolan : « On va dans ta chambre ? »

Nolan a tout juste le temps de voir le prénom sur le téléphone de Mathéo. Même si sa curiosité lui avait crié de pencher un peu la tête, la politesse la retint en place et détourna ses yeux. Ce qui ne lui échappa guère fut l'absence de réponse de Seito. Peut-être rien d'important depuis leur accrochage. Nolan continua de discuter de tout et de rien avec son meilleur ami jusqu'à ce que ce dernier propose d'aller dans sa chambre. Tout en se levant du canapé, Nolan ne put se retenir. « Wow ! T'as pas peur de ce qu'il pourrait se passer Rinbo ? » Il prit une voix faussement charmeuse avant de pouffer et se diriger vers les escaliers en bois massif. La chambre de Nolan avait un grand lit collé à un mur bleu marine où était accroché plusieurs de ses athlètes préférés. Usain Bolt, Carl Lewis, Marie-José Pérec, Greg Foster. Et pas que de course, Serena Williams ou Teddy Riner, bref tout ceux qui l'inspiraient ! Sur la commode sous la fenêtre, des photos de lui et sa famille, lui et Malory, Rainbow et Brownie, de lui et Tsumugi ou Seito et Pablo, les plus récentes. « Tu veux faire quoi ? Console, sinon on se mate un truc ? »

Seito cligne plusieurs fois des yeux, interloqué. Puis il comprend la blague et souffle par le nez en levant les yeux au ciel. « Pfff, t'es con ! » Un sourire étire ses lèvres tandis qu'il se lève et prend la suite de Nolan dans les escaliers. Son regard se fait chapardeur quand il pénètre dans la chambre de son meilleur ami. Se voir encadré fait palpiter son cœur d'une joie incommensurable. Le japonais finit par tourner la tête vers le français. « Console ! »

Le sourire de Nolan s'agrandit à la réplique fétiche de Seito et il lui ouvre la porte de sa chambre. Le français ne peut jamais s'empêcher de trouver son meilleur ami mignon dans sa joie de se voir sur des photos avec des amis, son œil capte tout aussi bien que celui de son Rinbo. « Ok ! Vas-y mets-toi à l'aise sur le lit pendant que j'allume. » La seconde commode, en face du lit, est pourvue d'une télé assez grande. Nolan ouvre l'une des portes et sort plusieurs jeux. Combat, aventure, horreur, zombie, il y a un peu de tout, qui fini en vrac sur la couverture. « Faites votre choix cher Rinbo ! »

Seito regarde le lit deux secondes de trop. Pendant ces deux secondes, il se questionne. Mathéo serait-il agacé de le savoir sur ce lit ? Bordel. Très vite, il chasse tout dilemme pour venir se poser sur le lit. Néanmoins, il ne prend pas complètement ses aises. Sa jambe gauche calée sous les fesses, il inspecte les jeux. « Street fighter ? »

Les manettes enfin connectées à la console, Nolan se retourne vers Seito qui a choisi un jeu de combat. Des bonnes bastons, ça c'est une ambiance de week-end entre potes ! Allez ! Il prend la pochette et glisse le CD dans la console puis se laisse tomber sur le lit avant de s'y asseoir en tailleur. De quoi les faire rebondir légèrement. « Si quelqu'un veut vraiment connaître ma sœur Hana, faut qu'il la voit jouer à Street Fighter, c'est une vraie bourrine ! Elle devient un ogre ! » L'écran d'accueil s'affiche et Nolan choisit le mode VS en 3 manches. Temps de choisir son combattant. Nolan lance l'aléatoire et tombe sur Adon et son muay thai.

Seito laisse échapper un rire. « Fais gaffe, p't'être que moi aussi j'en deviens un ! » menace-t-il pour de faux. Prenant soin de ne pas alimenter la discussion sur les sœurs, il s'empresse de choisir à son tour son combattant. Chun Li apparait à l'écran. Les deux mains sur la manette, il est prêt à mettre la misère à Nolan.

« Ah toi c'est pas quand tu bouffes des bombec déjà ?! Ouah t'as plusieurs modes d'ogre ! » Les choix de personnages sont faits. Seito choisit Chun Li et ses coups de pieds légendaires, Nolan l'aime bien aussi, évidemment ! « C'est l'heure de ta raclée ! » La partie commence et Nolan ne compte pas être gentil avec Seito. Il appuit frénétiquement sur les touches de sa manette et tente de placer des combos dévastateurs. Le bout de sa langue dépasse de ses lèvres, comme chaque fois qu'il est concentré et il lui arrive de bouger en même temps que son perso sur le lit, une vraie pile électrique !

« Hahaha ! Imagine si j'me gave de sucre et que je joue juste après ! » surenchérit Seito, chassant toute pensée négative de son esprit. Le japonais s'arme de sa manette et pose ses coudes sur ses cuisses en tailleur. Son personnage se mange plusieurs coups, il réplique avec fougue. Les touches s'impriment sur ses pouces. Il bataille dur mais se fait déséquilibrer par les mouvements du matelas à côté. A un quart de vie restant, il proteste : « Mais t'as fini d'bouger, tu m'empêches de gagner ! »

« Fais pas ça, il va te pousser un 3e bras et p'tain, tu pourras appuyer sur plus de touches !! La triche ! » Durant la partie, le match est serré. Les barres de vie descendent drastiquement des deux côtés et les sauts de cabri de Nolan sur le lit n'aide pas son meilleur ami à prendre l'avantage. Il ricane aux protestations qui ne tardent pas à se faire entendre. « Mais c'est la force des combos Rinbo ! Sans ça j'ressens pas le Ki ! »

Seito pouffe de rire et ce moment d'inattention suffit à lui faire perdre la partie. « Tu vas pas t'en tirer comme ça ! On relance ! J'vais te voler ton ki, tu vas voir ! »

Nolan lève les bras devant sa victoire et se dandine d'autant plus sur le matelas. Devant le désir de revanche de son Rinbo, Nolan imite la voix d'un vieux maître d'arts martiaux. « Il te manque 100 ans d'expérience pour voler mon Ki, petit scarabée ! » Il compte bien le lui prouver et relance une partie ! Cette fois, l'aléatoire le fait tomber sur Charlie Nash, un lieutenant de l'US Air Force, plutôt sympa à jouer ! Nolan le connaît tout de même un moins qu'Adon, même s'il a tellement joué qu'il ne compte pas se laisser battre si facilement ! Pris d'une envie à la hauteur de son génie, il se recule sur son lit et met la manette au niveau de ses pieds. « On parie j'te bats avec mes orteils, ça c'est la puissance du Ki ! »

« Ouais bah le p'tit scarabée, il va venir te voler dans les plumes ! » Cette joute l'apaise. Seito fait rouler ses épaules et expire fort, comme si ça allait réellement l'aider à remporter la seconde manche. Le génie de Nolan manque de casser son sérieux. La bouche tremblante d'un sourire dissimulé, il réplique : « Pfff ! OK. Moi aussi je laisse le hasard choisir pour moi. » L'aléatoire défile jusqu'à sélectionner Edmond Honda. « AH-AAAH ! J'vais te rouler d'ssus ! »

Ce moment passé avec Seito lui rappelle tous ceux qu'il a en mémoire avec Malory. Penser qu'il ait pu se faire un ami avec qui une telle complicité est possible, c'était fou ! Nolan avait vraiment hâte qu'ils se rencontrent pour de vrai ! Moins qu'un sumo lui roule dessus au sens propre ! « OH PAS LUI ! P'tain avec ses dosukoi laaa ! Il est aussi chiant que Jinpachi dans Tekken ! » Bien évidemment, le plan victoire des pieds n'est pas très concluant. Si donner des coups est relativement facile, Nolan n'a qu'à taper des orteils sur les touches, se protéger ou esquiver, c'est une autre histoire. Sa barre de vie descend à vue d’œil.

« Et ouais, j'vais faire qu'une bouchée de ton ki ! » Déterminé à gagner, Seito se concentre pour placer tous ses combos au bon moment. A aucun moment, il ne demande à Nolan de reprendre sa manette dans les mains pour que le duel soit équitable. Et après de longues minutes de lutte acharnée, il place le coup ultime. « SUMO SMAAAASH ! » Adieu Charlie.

« NANIII ?! AAARRG!! » Tel un personnage d'anime défait, Nolan s'avoue vaincu et se laisse tomber sur le dos contre la couverture. « Je reviendrai Honda... Mon Ki m'appartiendra toujours. » Fier de sa performance dramatique, Nolan pouffe avant de se redresser. « Nan mais j'avais pas les orteils bien coordonnés, y'a du relâchement, ils s'entraînent pas assez tu voiiis... J'suis pas sûr qu'ils passent les prochaines sélections. » Il attrape un bonbon dans un paquet sur le lit et le fourre dans sa bouche. Un piquant ! Sa grimace le trahit.

Seito joue le jeu à fond et d'un rire machiavélique, il défie le perdant. « Mouahaha, reviens si tu l'oses ! Le scarabée t'écrasera à nouveau ! » Un sourire s'écrase sur son visage et son regard malicieux accueille les excuses de Nolan. « Tu feras gaffe de pas les avoir emmêler. » Prenant en flagrant délit la faiblesse de son meilleur ami, ses yeux s'illuminent. « OH ! C'est des bonbons qui piquent ?! » Ni une ni deux, il en fourre deux dans sa bouche et la main devant il s'exclame. « Jadorelébonbonkipik ! »

Nolan a un peu de mal à garder son sérieux tant Seito met du cœur à jouer le jeu, mais son âme de guerrier tient bon ! Son excuse largement moins, il avait encore du travail à fournir de ce côté. « Ça existe les peignes de pieds tu crois ? » Allez assez de conneries en moins de 2 minutes, pause sucrée ! Ou plutôt épicée. Nolan a la langue assez sensible pour qu'un peu d'acidité lui donne des frissons. Il hoche la tête en réponse à son Rinbo, qui est à l'opposé de lui de ce côté. Nolan souffle du nez à son air presque émerveillé la bouche remplie de bonbons. C'est vraiment son point faible ! « Ça arrache j'sais pas comment tu fais ! »

Une lueur de défi dans le regard, Seito en glisse un troisième. Celui de trop. Il fronce le nez et mâche plus vite jusqu'à déglutir bruyamment. « Tu veux savoir mon secret ? » Il se penche vers Nolan, ultra sérieux. « J'ai plus d'papilles. » Il maintient son visage impassible pendant deux secondes supplémentaires et éclate de rire en se reculant. D'autres bonbons périssent entre ses dents, toute une ribambelle de personnages meurt.




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Il y a des poisons auxquels on ne s'attend pas de goûter  75366_s
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
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Seito Mori

Il y a des poisons auxquels on ne s'attend pas de goûter  Empty Re: Il y a des poisons auxquels on ne s'attend pas de goûter

Lun 22 Jan 2024 - 10:00
SAMEDI 26 MAI 2018



Leur duel s'éternise pendant une bonne heure avant qu'il ne soit interrompu par la vibration de son portable dans la poche de son pull. A contre-cœur, il le sort.
Est-ce que ça va toujours ?
Mathéo envoit un article sur le magasin Mirai Seisakujo de Kobe.
Je viens de tomber sur ça, est-ce que tu connaissais ? Ça rappelle quelque chose de Charlie et la Chocolaterie.
Il dépose alors la manette à côté de lui. Son index râpe contre l'écran fêlé. Soudainement, il déclare : « J'ai bien envie d'regarder un film. »

« Ouais dis-moi sensei. » Nolan se penche légèrement de son côté comme si une oreille indiscrète pourrait entendre la révélation du secret jusqu'ici bien gardé. Il pouffe de rire et souffle du nez lorsque Seito lui fait don de sa faculté spéciale puis éclate de rire de concert avec lui. « J'croyais que c'était moi qui avais subi des expériences ! » Entre chips, bonbons et personnages agonisants, une heure passe jusqu'à la vibration du téléphone de Seito, encore. A la tête impassible de son meilleur ami, Nolan se demande s'il s'agit encore de Mathéo. Quand le sportif a quelque chose en tête, il finit toujours par le dire. « Tu veux r'garder quoi ? Un film où l'antagoniste Mathéo se fait dézinguer ? C'était lui encore ?? »

Seito pose un regard étonné sur Nolan, les paupières papillonnantes. « Non, pas besoin d'aller jusque là. » Une moue barre son visage. « Ouais... je sais pas s'il va lâcher l'affaire. » Le japonais soupire puis hausse les épaules en déclarant : « J'sais pas pour le film. T'as quoi ? »

Nolan dévisage Seito pendant deux secondes, c'est vrai qu'il vient de se montrer un peu... Virulent, ce qui ne lui arrive pas souvent. Sauf quand ça concerne justement ses proches, là les crocs d'habitude bien rangés ressortent. Même s'il prend sur lui pour respecter le fait que Seito lui ait pardonné et souhaite passer sur ce qui était arrivé, Nolan a encore du ressentiment. A force de l'ignorer il va bien finir par comprendre. Encore une fois, il vaudrait mieux pour lui. Enfin bref, le film ! « Hmm plein de trucs ! J'ai Netflix et Disney+, on se cherche un truc s'tu veux ! » Nolan éteint la console et bascule la télévision sur Netflix pour commencer. Ils se mettent d'accord pour un film d'action ou fantastique/super-héros, et commencent leurs recherches.

Seito acquiesce sans parvenir à se défaire de cette impression de trahison qui rampe dans son cœur. Certes, il est en colère. Certes, il est parti en froid. Certes, il aurait aimé que Mathéo ne se montre pas aussi égoïste. Mais de là à l'ignorer complètement ? Son attention partiellement dirigée sur la télé, il finit par répondre à Mathéo.
Toujours pas fatigué. Par contre, toi te couche pas trop tard. Ça me dit rien, je regarderai ça plus tard.
Son message est si impersonnel qu'il lui serre le cœur. Pour ne pas s'y attarder, il se concentre sur le choix du film. Il a besoin que ça bam, que ça boing, que ça swing. Il lui faut de l'action, des muscles, des dialogues inexistants. Les affiches défilent sans que rien ne l'attire. Son portable s'en charge.
Je vais essayer, oui. Vous faites quoi avec Nolan ?
Aussitôt, il pianote.
Pas grand chose. On sait pas quel film regarder.
Mathéo est réactif.
Ça ne sera pas trop tard si vous commencez à regarder un film maintenant ?
Les doigts de Seito se crispent sur son téléphone. « Putain mais c'est quoi cette question... » marmonne-t-il, sourcils froncés.

Nolan hausse les sourcils en voyant Seito prendre tout de même le temps de répondre à Mathéo. Il se contente de hausser les épaules, sachant que de ce côté, leurs tempéraments sont différents. En revanche, ça commence à doucement l'agacer que ça les empêche de choisir un film parce que Seito est plus occupé à contenter môsieur-je-laisse-pas-mon-mec-tranquille. Mais encore une fois, Nolan soupire et prend sur lui. Jusqu'à la remarque de trop. Le rinbo rouge se précipite près de son rinbo bleu et s'affaisse sur le bord du lit pour lire par-dessus son épaule. « Mais pour qui il se prend ?! Il est sérieux là ? T'as 5 ans ou quoi ?! Moi je lui dirais qu'on dormira pas de touuute la nuit même ! » Mathéo dévoile un côté toxique et contrôlant qui ne plaît pas du tout à Nolan. Et qu'il ne sorte pas l'excuse "mais c'est pour ton bien que je dis ça".

Seito se décale pour faire face à Nolan. « C'est exactement c'que j'lui ai dit ! Que j'allais pas dormir parce que j'suis pas fatigué. Je sais pas quoi lui répondre, il est chiant. » La langue déliée, il laisse échapper : « T'sais qu'il veut pas que j'dorme dans la même chambre que toi. C'est complètement con. J'vois pas d'quoi il a peur. »

« T'avais même pas à justifier ça déjà ! Bien relou ! » Le film attendra finalement, les deux sont bien trop remontés et ahahah... Oh mais quoi encore ? Il a pété un câble ce mec, c'est la première chose que pense Nolan. « Quoi ? Mais tu blagues là ! Encore dans le même lit j'veux bien même si y'a aucune chance de quoi que ce soit mais la même chambre ?! Bien sûr que tu vas dormir dans ma chambre, il a fumé lui ! Genre il est jaloux ? »

Seito écarquille les yeux. Jamais il n'a songé à dormir dans le même lit que Nolan. C'est complètement farfelu comme supposition. Il secoue frénétiquement la tête. « Mais jaloux de quoi ?! » demande-t-il, exaspéré.

Malgré son énervement, Nolan pouffe doucement à la réaction de Seito. Bien sûr que ça lui paraît irréel de juste dormir à côté de lui dans le même lit. Ce n'est pas le cas de Nolan qui a souvent dormi à côté de Malory depuis tout petit. « J'sais pas... Il doit se dire que comme on est proches et que j'suis un mec, forcément y'a moyen. Mais déjà faudrait que les mecs m'intéressent, et puis il devrait t'faire confiance, c'est pas la baguette la plus dorée du four lui ! » Une expression de sa grand-mère paternelle. C'est la première fois que Nolan la sort devant Seito et depuis son arrivée au Japon.

Seito écoute mais n'entend pas. Avoir à se justifier sur ses relations alors qu'il n'y absolument rien à justifier l'agace au plus haut point. Si bien qu'il s'entête dans son incompréhension. « Moyen de quoi ? On est meilleurs amis, on est les Rinbos. Y'a rien d'plus à savoir. » Parce que non, il ne percute pas. Même après que Nolan lui ait soufflé un indice. L'expression qui suit coupe son agitation en deux. Le visage mitigé entre rire ou s'énerver, il marque un temps d'arrêt. Déjà qu'il n'y comprend pas grand-chose, le mystère s'intensifie. « Une baguette, c'est aussi une insulte en français ? » demande-t-il, perdu.

« Beeeen ! » Nolan fait les gros yeux à Seito, l'air de dire, c'est logique nan ?! « Pour nous p'têt, mais lui il s'fait des films parce que j'ai un pass câlins ! » C'est plus clair là ? Nolan en doute mais il tente quand même. Seito est hyper supra terre à terre. Si ce n'est pas limpide alors le courant n'arrive pas jusqu'à son cerveau malgré toute l'imagination dont il est capable. Il ne comprend même pas son expression avec la baguette et ça suffit à oblitérer les dernières traces d'énervement dans ses veines. Le sportif ricane et reprend la télécommande pour continuer de faire défiler les films sur Netflix. « C'est une expression que ma grand-mère paternelle utilise souvent, pour dire que t'es pas très futé en gros ! » D'ailleurs il y a une phrase en français que Nolan doit ab-so-lu-ment apprendre à son Rinbo, mais il doit trouver le bon contexte et la bonne traduction mensongère. Après... Vu comme Mathéo a le feu au calbute, ce serait pas une bonne idée qu'elle sorte de la bouche de Seito, il pourrait nourrir trop d'espoir. « Pour être plus clair, Mathéo a peur que tu m'pécho, Rinbo. Pas que tes mollets soient pas assez saillants pour ça mais tu remplis pas la partie stratégique du bikini... » Le bras droit couvrant ses yeux, Nolan explose de rire en se laissant tomber sur le lit.

Il n'en faut pas plus à Seito pour que le thermomètre de son visage monte en flèche. Complètement halluciné, il balbutie : « T-te pécho ?! » A l'entendre, on pourrait croire que même ce mot, il ne le comprend pas. C'est lui la baguette de l'histoire. « Mais je- on va pas- t'es en c- » Il ferait mieux de se calmer avant d'improviser une phrase. Des images bien précises de l'anatomie masculine et féminine gravitent dans sa tête alors que les connexions se font progressivement. Il déglutit. « Il peut pas croire ça. » répond-il fébrilement.

L'effet est radicale. Seito est un des meilleurs rivaux de Nolan en matière de rougissement et il vient sûrement de battre son record ! « Respire Rinbo, respire. » Son sourire étire ses lèvres à lui en faire mal aux joues tant la scène est hilarante. Nolan lâche un bruyant soupire devant la naïveté de son meilleur ami. « Bien sûr que si. Pourquoi il voudrait pas qu'on dorme ensemble sinon ? Pourquoi il te lâche pas la grappe alors qu'il sait qu'on est tous les deux ? »

Seito ne fait que ça de respirer. Il inspire l'air goulûment mais c'est l'air qui refuse d'entrer dans ses poumons. Sa bouche se déforme alors que Nolan lui explique la vie. Celle que, décidément, il ne comprendra jamais. « Mais... on est pratiquement tout l'temps tous les deux. Tu vas pas me dire qu'il croit tout le temps qu'on va se pécho ?! »

Ahlala... Dire que Nolan est le plus prude des deux (si clairement, maintenant que l'un a eu son premier suçon et que l'autre rougit rien qu'en pensant à en faire un)... Disons que Seito n'avait jamais éveillé sa curiosité sur le sujet bien que ce soit propre à son âge. C'est bien parce qu'il adore son Rinbo que Nolan ne se met pas à se moquer de son statut de baguette nationale. « En dehors non j'pense pas... Mais dans une chaaaambre. Son esprit pervers – il montre son suçon d'un doigt accusateur - lui souffle que moi aussi je pourrais t'en ajouter un vu que le matelas est confortable ! Cherche pas, la jalousie n'a pas de logique. »

Instinctivement, Seito met sa main sur le suçon alors que son corps opère un mouvement de recul. « Fais pas ça. » lui interdit-il fermement. Il baisse la tête, soudain mal à l'aise. Cette accusation ne lui plaît pas. Il prend la défense de son petit-ami. « Mathéo est pas pervers... » Lentement sa main quitte son cou pour attraper son portable à l'abandon. « J'vais lui répondre un truc à la con. » Il envoie :
On s'en fout, c'est samedi.

« T'es ouf, jamais je ferai ça ! » Qu'est-ce qui lui passe par la tête ? Il est passé dans le grille-pain ou quoi... Nolan aussi opère un mouvement de recul et ses sourcils se déforment en signe total de rejet de la chose. Quant au fait que Mathéo ne soit pas pervers... « Mouais, ton cou est d'accord... » Curieux, Nolan se permet de lire la réponse taper par son meilleur ami. Ouais, il se démerde avec ça. Bon ! Le film ! « Y'a Hancock, t'as déjà vu ? Il est trop marrant ! »

A nouveau ses doigts se baladent sur sa peau à la mention de son cou. Cela ne lui semble pas gonflé. Et pourtant il a vu à quel point la peau est violacée. Son cœur bat la chamade en se remémorant l'incident déclencheur. Il se mord la lèvre puis se recule sur le matelas pour caler son dos contre le mur. Même s'il a du mal à se remettre dedans, il ne lui est pas difficile de répondre que : « Nan, j'l'ai pas vu. »

Nolan voit tout de suite le malaise de Seito. Il sait décrypter la plupart des signaux qu'il peut envoyer. Ce n'est pas difficile en soit, son Rinbo est un livre ouvert. « Eh Rinbo... J'crois qu'au fond tu sais que c'est plus grave que ce que tu veux bien avouer... J'vais te chercher une pommade sinon ça va rester longtemps ! » Sans attendre de protestation de Seito, Nolan quitte son lit d'un bond direction la salle de bain. Il y prend un tube contre les bleus et contusions puis revient dans la chambre. Assis dos au mur près de Seito, il lui tend sans possibilité de refus.

Le japonais se redresse pour contester le départ soudain de Nolan mais il sait, tout au fond de lui, qu'il a besoin d'être réconforté. Ce que ne fait pas du tout Mathéo avec son nouveau SMS.
D'accord... Bon film alors.
Seito n'a rien à répondre à ça. Que le film soit bon ou mauvais lui importe peu du moment qu'il lui permet, l'espace de quelques heures, de penser à autre chose qu'à ce suçon. C'est au moment où Nolan revient qu'il reçoit la suite du SMS.
Bonne nuit, je t'aime.
Ce Je t'aime, Seito n'en veut pas. Pas comme ça. Pas après ça. Son portable échoue dans sa poche tandis que son regard échoue dans le vairon de son meilleur ami. « Tu peux me la mettre ? »

Nolan cligne plusieurs fois des yeux en fixant Seito. Il ne s'attendait pas à cette demande et quelque part il se sent touché d'avoir autant sa confiance. Il n'en a jamais douté mais la voir se manifester est tout autre chose. « Euh ouais, mets-toi en face de moi. » Assis sur ses genoux, Nolan dévisse le tube, presse dessus pour en sortir de la pommade et rapproche ses doigts du cou de Seito. C'est gênant, de mettre de la pommade sur le suçon de son meilleur ami. Maintenant que ses yeux sont directement posés dessus, Nolan peut voir tout l'arc en ciel qui s'étale sur sa peau et cela ravive sa colère envers Mathéo. Ne serait-ce que penser à l'état d'esprit de Seito au moment où il prenait son pied pendant que lui flippait à mort ! Ses doigts posent la pommade avec une douceur qu'on lui soupçonne rarement et dont il ne faisait profiter que ses cochons d'Inde avant d'avoir une copine. « Ça te fait mal ? »

Seito mobilise tout son sang-froid pour ne pas s'écraser au sol comme un chat à l'approche des doigts de Nolan. Ayant suivi ses consignes, il lui fait face, les talons contre ses fesses. La pommade est froide. Il ferme les yeux et plisse les paupières. « N-non... » souffle-t-il. Ce n'est pas la douleur qui le broie mais cette angoisse montante d'être touché. Sa respiration, finement hachée, trahit sa maîtrise mais il ne se recule pas. Tout bas, presque honteusement, il prophétise : « Si c'est pas parti demain... je crois qu'il me faudra vraiment du fond de teint. »

Nolan a l'impression que tous les efforts de Seito pour combattre son problème de contact ont été réduits à néant par cet incident. Il retrouve l'angoisse que son meilleur ami avait vaincu depuis quelques mois, le souffle court, les traits crispés. Et s'il recommençait à revoir les contacts comme des agressions à cause de lui ? Pour mettre fin à son stress le plus vite possible, il trace des cercles un peu plus rapidement sur son cou. Il ne reste que de légères traces de pommade. D'un sourire contrit, il répond : « Je pense que faudra attendre après demain pour plus rien voir. Fais-moi penser à te le donner. J'ai fini ! Ça vous fera deux Kawarinbo monsieur ! » Nolan change de position et dépose le tube sur sa table de chevet. « Tu... Tu comptes faire quoi quand tu le reverras ? » Il se doute que Seito veut passer à autre chose mais son langage corporel dit tout le contraire, et cela l'inquiète. Nolan craint que pour ne pas faire de peine à Mathéo, Seito se force à le voir presque comme si de rien n'était, qu'il se sacrifie comme il veut toujours le faire, par réflexe.

Le paiement le fait sourire, libérant une bonne part de nervosité. Il entrouvre les paupières et souffle par le nez. « Je vous achèterai ça monsieur. » Plus timidement, il ajoute : « Merci Rinbo. » Maintenant que la pommade est appliquée, c'est comme s'il n'osait plus bouger. Tout ce gras sur sa peau alors qu'il n'a même pas mal. La question de Nolan le déstabilise. Il baisse les yeux, réfléchit. « Je sais pas. C'était chelou quand j'ai quitté la chambre. Je l'ai même pas- » Il réalise qu'il ne l'a pas embrassé pour lui dire au revoir et que Mathéo ne s'est pas donné cette peine non plus. Et il ne lui faut pas bien longtemps pour réaliser un truc plus grave encore. « Putain... c'est la première fois qu'on s'prend la tête... »

Il aurait même pu ajouter que ce n'était pas remboursé par la Sécu mais Seito n'aurait pas compris la blague. Sa curiosité pour la France n'allait pas jusqu'à son système de santé. Ce petit instant plaisanterie dure juste assez longtemps pour redonner de l'oxygène à Seito avant que Nolan ne le pousse de nouveau à l'apnée. Le rinbo bleu ne termine pas sa phrase mais son acolyte devine qu'il ne l'a pas quitté comme d'habitude. Pire encore, c'était la première fois. « C'est vrai ça. Et pas pour un truc de merde en plus... Tu sais, j'te demande ça parce que j'veux pas que tu te forces à prendre sur toi pour supporter des trucs que t'aimes pas. Rien qu'imaginer comment t'as dû être mal ça me... Faut pas que j'le croise pour l'instant en fait. Juste, pense à toi ok ? » Et c'était la une énorme mission que Nolan lui donnait ! Penser à lui. A son bien être et pas celui des autres même son petit-ami.

Seito se contente de relever la tête. Il cligne des yeux. Dans sa tête, un raz-de-marée engloutit toute pensée rationnelle. Comme celle de se montrer égoïste pour son propre bien. Alors qu'il devrait en réalité préserver son entourage de sa personne. Ennuyé, il marmonne : « J'vais essayer... » C'est le mieux qu'il puisse promettre actuellement. Inquiet, il ajoute : « Et s'il te plait Nolan, fais rien. J'vais me débrouiller. Je sais pas comment mais... j'ai plus envie d'penser à ça, d'accord ? » Le japonais change de position pour se remettre dos au mur. « On le regarde ce film ? »

Essayer, Nolan sait que c'est le maximum que Seito peut faire. Avant il n'aurait même pas envisagé que ce soit possible, le progrès restait donc majeur par rapport à sa mentalité des mois plus tôt. Nolan hoche la tête en se pinçant les lèvres. Il les mordille lorsque son meilleur ami lui redemande de ne rien faire. Comment veut-il que lui puisse ne rien faire ?! Le Rinbo rouge soupire bruyamment et fixe le bleu dans les yeux. « Je ferai rien... Ce coup-ci. Mais s'il recommence un truc chelou du genre, me demande pas de rester les bras croisés, ok ? » Allez on passe à autre chose. Cette fois, les deux meilleurs amis se mettent réellement à l'aise sur le lit pour commencer le film. Les premières scènes montrent le personnage complètement bourré qui n'a rien d'un super-héros.

Les mots de Nolan tourbillonnent dans sa tête. Il espère que jamais Mathéo ne donnera à nouveau du grain à moudre à son meilleur ami. Les imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, s'engueuler pour lui lui parait affreusement grotesque. Il prend une grande inspiration et tente de s'immerger dans le film. Le soit-disant héros apparaît. « Oula... il est pas très frais ton super-héros. »

Nolan souffle du nez. C'est vrai qu'au début il n'a pas le profil de l'emploi. Surtout quand on le voit voler au-dessus de la ville en oscillant à cause de l'alcool. Où quand il envoie valser un gosse dans les airs pour l'avoir insulter, ou ses atterrissages qui détruisent les routes parce qu'il ne fait aucun effort pour mesurer sa force. « Ouais justement j'trouve ça marrant qu'on ait un super-héros qui est tout l'inverse de ce qu'on attend parce qu'il s'en fiche à la base ! » Ses conneries finissent par le faire arrêter et on se rapproche d'une des scènes préférées de Nolan tellement elle est inattendue.

« Comment tu peux t'en foutre d'être un super-héros ? » s'insurge Seito. Mais il laisse le bénéfice du doute à ce film bringuebalant et finalement se laisse emporter dans l'histoire jusqu'à la scène de la prison. Entre temps, son corps s'est détendu. Assis en tailleur, les yeux rivés sur l'écran, il réalise avec horreur : « Oh non... il va se faire défoncer... Ils sont beaucoup trop nombreux ! » Hancock joue la carte de la politesse. « Mais ils sont trop cons, ils vont jamais le laisser passer. Même si j'avoue que c'est super classe de... Oh oh... il aurait pas dû le menacer... » Et là, tout s'enchaîne. « OH PUTAIN ! IL L'A FAIT ! » Seito explose de rire.

« Y'en a que ça intéresse pas faut croire ! » Le film continue et l'ambiance est redevenue aussi légère que lorsqu'ils jouaient aux jeux vidéos. Nolan s'est glissé sous sa couverture, les jambes allongés croisées dessous et continue de piocher des apéritifs sur le plateau au milieu d'eux. Les réactions de Seito le font ricaner. « C'est trop facile à 30 d'ouvrir sa gueule ! » La politesse ne fonctionne pas sur les loubards. « Krkr attends... » Et là Nolan explose tout autant de rire. La première fois qu'il a vu cette scène, il avait dit quasiment la même chose. « J'ai trop mal pour lui ! » Il ne veut pas savoir comment les deux s'en sortent après. Trop dégueu. Vu les dégâts qu'Hancock causent dans la prison, on finit par lui proposer un marché. C'est là qu'il commence à porter le costume, même si niveau comportement, c'est pas encore tout à fait ça. Le pire est quand il découvre qu'une autre femme a les mêmes pouvoirs que lui et qu'il peine à y croire. « Oh ! J'avais oublié cette scène là ! »

« Hahahahahaha, c'est trop dégueu ! » rit-il de plus bel en voyant la tête hallucinée de tous les détenus. Le film se poursuit, agrémenté de quelques autres commentaires de Seito jusqu'à ce que Nolan se remanifeste. « Mais... il s'est passé quoi là ?! » demande-t-il, interloqué en découvrant le mur arraché. « Attends-tends-tends... Il a éternué là ?!! » Et là il comprend que c'est un gros mensonge. « Oh les cons ! C'est quoi ce délire ? » Complètement alerte, il arrête de gober des bonbons. Ses yeux s'arrondissent. « HAAAAN, elle aussi elle a des pouvoirs ! »

Nolan ne regrette pas d'avoir choisi ce film, il savait que les scènes complètement loufoques plairaient à Seito. Ses exclamations suivent les siennes jusqu'à la révélation qu'une autre mutante comme lui existe. Hancock a du mal à y croire et passe par toutes sorte de tests pour s'en assurer. Comme lui frapper la tête avec une casserole. « Hahaha j'adore cette scène ! Il est trop con ! »

Le reste du film se déroule, parsemé des commentaires, indignations et émerveillements de Seito. Et lorsque le générique défile, toute nervosité a disparu. Il sent toujours la pommade sur son cou mais son esprit n'est plus aussi troublé qu'en début de soirée. Avachi contre le mur, il redresse le dos et étire ses bras vers le plafond. « T'avais raison, il est bien cool comme film ! »

Et c'est la fin ! Elle est arrivée plus vite que Nolan ne le pensait, signe que le film était vraiment prenant, même en l'ayant déjà vu. « J'savais que t'aimerais bien ! Au fait, tu veux manger quoi ce soir ? »

Seito pose un regard doux sur Nolan. Il ne sait pas ce qu'il veut manger mais il sait que la bienveillance avec laquelle Nolan s'occupe de lui vaut tout l'or du monde. « Tout c'que tu veux. » Glissant à genoux vers Nolan, il comble rapidement les quelques centimètres et enroule maladroitement ses deux bras autour de son torse. « M-merci d'être là Rinbo. »

Nolan a déjà remarqué quelques regards parfois, qui les sondent et tentent de savoir s'ils sont amis ou plus que cela. Non pas qu'ils soient tactiles devant les autres, Seito en serait trop gêné, mais personne ne peut rater l'affection qui les lie et transparaît dans leur regard. « Hmm... » Nolan n'a pas trop le temps de réfléchir. Toujours adossé au mur, son Rinbo se love contre lui et comme par automatisme, ses bras se referment autour de lui. Il sourit et frotte doucement son dos. « C'est normal, et j'serais toujours là. » Une chose sur laquelle Nolan s'est assuré d'effacer le moindre doute. Son rinbo pourra toujours compter sur lui, peu importe ce qu'il lui demanderait. Quelques instants passent ainsi jusqu'à l'illumination. « Oh je sais ! Un truc français, simple de ouf mais troooop bon ! Des croque-monsieur ! Y'a plein de fromage différent dans le frigo on va faire des tests ! » Nolan est bien déterminé à convertir son meilleur ami aux fromages !

Le contact lui soutire un frisson mais il se sent pousser des ailes lorsque Nolan lui souffle ce qu'il a besoin d'entendre. Bien qu'il ne croit pas au toujours, son cœur bat plus vite. Tout doucement, Seito s'écarte. Un brin gêné par cette effusion qu'il a initié. Heureusement, elle est balayée par une idée des plus intrigantes. Ce nom de plat français résonne délicieusement à ses oreilles. Ses pupilles se dilatent. « Des cl- corok- quoi ? Je sais pas c'que c'est mais j'ai envie de goûter ! » Ses pieds se posent au sol et il se relève du lit, le visage souriant.

« Ahahah faut qu'on travaille l'accent ! Des crrroque-monsieur. » Il lui traduit littéralement en japonais les deux mots puis se lève du lit d'un air presque dramatique. « Parce que j'ai quelque chose à t'avouer Rinbo... En fait... Ma famille est cannibale, c'est plus fort que nous, c'est une vieille tradition... » Quelques secondes passent, le temps que Seito réagisse. Nolan finit par pouffer de rire et ruiner sa couverture.

La traduction l'étonne mais alors, l'aveu qui suit l'estomaque. Perdu, il regarde Nolan. Nolan le regarde. Puis rit. « OH ! Mais putain, j'étais à deux doigts d'te croire ! T'es con ! » Il éclate de rire et le pousse légèrement vers l'arrière. « Vous êtes bizarres les français... » commente-t-il, amusé.

Nolan éclate de rire et s'en veut de ne pas avoir tenu plus longtemps. « Merde j'aurais dû tenir ! Ta tête ahah ! » Il se laisse pousser sans cesser de rire. « J'te ferai goûter des escargots et des cuisses de grenouille un jour, ça c'est de la french bizarrerie ! » Ils continuèrent de discuter, Nolan lui expliquant en quoi consistait leur repas de ce soir, mais aussi de tout et n'importe quoi, laissant aller leur imagination. Ils se rendirent dans la cuisine et Nolan sortit des tranches de pains de mie, du jambon et plusieurs sortes de fromages différents. « Alooors, dis-moi de quel bois d'aventurier t'es fais Rinbo. Tu goûtes et tu choisis ceux que tu mets dedans ou alors on en fait plusieurs au pif et advienne que pourra de tes papilles ? » Comme s'il ne connaissait pas déjà la réponse.

Une grimace tord son visage. Quelle drôle d'idée de vouloir manger des grenouilles ! Une fois dans la cuisine, Seito pose un regard sur tous les fromages sortis et ne réfléchit pas longtemps : « Advienne que pourra. Un Rinbo, ça a pas peur. »

« C'est ce que j'voulais entendre ! » C'est parti pour une expérience digne de leur statut ! Même Nolan ne s'est en réalité jamais risqué à mettre du maroilles dans son croque-monsieur, ça c'est plus un truc de son père. Non, ne pas y penser, pas ce soir. Avec ça on a le célèbre gruyère en tranche – du râpé pour le dessus aussi –, du comté 36 mois d'affinage attention, sinon un de 24 mois avec un goût noisette, le roquefort – berk – Nolan grimace, et son cousin fourme d'Ambert, de la raclette de Savoie, de la mimolette et du Salers Vieux, assez piquant et floral ! « Le dernier c'est mon préféré ! On va avoir une de ces haleines ! »

Intrigué, Seito inspecte chaque morceau de fromage en essayant de retenir les noms. Il y en a tellement qu'au bout du quatrième, il décroche un peu malgré son attention. A la mention du dernier cependant, sa curiosité prend le dessus. « Oh, je commence par celui-là alors ! » Finalement, il propose à Nolan de tout goûter tout seul plutôt que de gâcher du pain et du jambon. Il coupe un petit bout de Salers Vieux et le met dans sa bouche. Peut-être avec un poil trop d'enthousiasme. « Waow, c'est fort ! Je m'attendais pas à ça. C'est super bizarre. » Le japonais est mitigé mais ne compte pas s'arrêter là dans sa dégustation. Il enchaîne avec le maroilles dont il contemple longuement la croûte en plus de renifler l'odeur. « Ça a l'air piégé ça aussi. » Mais pareil, il prend un bout. La main devant la bouche, il s'exclame : « J'comprends mieux pourquoi tu parlais de l'haleine avant. » Il déglutit et demande un verre d'eau pour se rincer la bouche. En suivant, il goûte la mimolette qu'il apprécie énormément. Puis les deux autres fromages à pâte dure, gruyère et comté, rejoignent son top 3. Très vite concurrencés par la raclette sur une tonalité moins fruitée que le comté. Jusqu'à s'intéresser au roquefort et à la fourme d'Ambert. « C'est quoi les tâches bleues ? »

« T'as vu ! Il accroche grave, tu peux boire un jus de pomme ou de fruits rouges après, ça adoucit. » Nolan rit quand Seito conclut que le maroilles est forcément piégé, il n'a pas idée. Au moins, il reste sur ses pieds même après avoir senti son haleine, c'est un bon son Rinbo ! Après le verre d'eau servi, la découverte continue. Nolan est très content qu'il aime pas mal des fromages goûtés, il lui en fera découvrir d'autres à l'occasion. Ils pourraient même se faire une raclette et une fondue. Seulement voilà, on arrive aux durs de durs. « Ahem alors... C'est le test final là, limite t'as la nationalité française si tu fuis pas ok ? Les tâches bleues, c'est un champignon qui apparaît par la moisissure dans el fromage. Mais c'est comestible hein, j'te jure t'auras pas de colonies dans l'bide après ! »

Ses yeux se plissent. Tout ça est bien suspect. Mais l'appel de la nationalité est plus fort que la moisissure. « Après la famille Le Lidec cannibale, les colonies du fromage cannibales... » Il pouffe de rire et s'empare du couteau. Le roquefort rencontre son palais, il grimace fortement. Il mâche, mâche, mâche et déglutit. Puis boit, boit, boit et secoue vivement la tête. « Encore lui – il désigne le maroilles – c'était chelou mais ÇA ! Brrr, je- tant pis, je serais pas un vrai français ! »

« Ouais j'avoue, on est bizarre ! » Allez, ça part en test ! Une première grimace qui fait ricaner Nolan. Seito est assez courageux pour ne pas recracher malgré son dégoût clairement affiché. Quand il secoue la tête, Nolan éclate de rire et pose sa tête sur ses avant-bras qui reposent sur l'îlot de cuisine. « Parce que t'as quand même mangé ton bout, tu restes sur la liste d'attente va ! Oh, faut que j'te montre une photo du cazumarzu, c'est un fromage italien pour le coup. Rinbo... Dans celui-là, y'a des vers ! » Les italiens sont de grands rivaux en terme de bizarrerie. Nolan prend son téléphone et lui montre. Après ça, ils se préparent enfin leur dîner, le tout va au four pour plus de croustillant. Il n'y aucune raison pour que ça ne plaise pas à Seito.

Pas encore remis de l'arrière-goût du roquefort, il prend un air dégoûté. « Des vers ?! » Il se penche tout de même vers le téléphone mais exclame aussitôt son dégoût. « Putain c'est dégueu ! Genre ils bougent et tout ?! » Nolan le lui confirmant, il réitère son incompréhension. Le reste de la préparation est heureusement plus calme. Dans ses croque-monsieurs, il y met du gruyère et du comté. Le tout est dévoré avec appétit malgré les nombreux apéritifs et bonbons engloutis avant. Ils s'occupent ensuite en jouant à nouveau, à Mario Kart cette fois-ci puis ils papotent de tout et de rien. Le temps file à vive allure. Seito est à l'aise avec Nolan, en sécurité auprès de celui qu'il peut fièrement appelé son meilleur ami. Il est bien tard - ou tôt - quand ils songent finalement à aller se coucher. Contrairement à la demande de Mathéo, Seito dort dans la chambre de Nolan sur un matelas au sol à côté de son lit. Il y est actuellement allongé, les yeux encore trop ouverts. La nuit le fait chuchoter. « Rinbo ? Tu promets que y'a pas de monstres sous ton lit ? »

« Ouais et ils les mangent avec et tout ! J'ai jamais testé, c'est trop dégueu ! » Les croque-monsieur partent aussi vite qu'ils sont préparés, ce ne sont pas quelques bonbons et apéritifs qui ont rempli leur ventre. Ils se mettent ensuite dans tous leurs états devant Mario Kart avant de refaire le monde façon Rinbo. Ça lui fait vraiment plaisir à Nolan, de pouvoir passer un moment comme ça avec Seito sans avoir géré un coloc quelconque. Ça lui rappelle la France. Nolan se promet d'inviter Seito plus souvent chez lui. Quand l'heure du coucher arrive, plus par leur fatigue que pour être raisonnable, Nolan lui prépare son matelas à côté de son lit. Le noir et le silence les incitent à chuchoter. Nolan pouffe. C'est quoi cette question ? Pour reprendre l'expression. « Promis, ça fait longtemps qu'mes parents leur ont fait la peau ! Bonne nuit Rinbo... C'était super cool ce week-end ! »

Ses yeux se perdent dans le noir profond. Il n'a jamais aimé ce noir. Ni ce qui s'y cache. Mais plutôt que de faire parler ses peurs enfantines, Seito se raccroche à la voix de Nolan. Le drap bruisse quand il bascule sur le côté. « Oui, merci de m'avoir invité chez toi. Même si on avait dormi chez toi à ton anniv', c'est la première fois que j'fais tout ça. Et pardon pour Mathéo... j'voulais pas te soûler avec mes histoires. »

Nolan se tourne sur le côté même s'il n'y voit absolument rien. Il se place au bout de son lit et imagine le visage juste en dessous de lui. « Sérieux ? Ben t'inquiète on se refera ça. Tu m'as pas saoulé. Au contraire les trucs comme ça faut en parler. Tu peux tout m'dire. »

« O-oui, je sais... » Le japonais le sait et pourtant il ne le fait pas. Par pudeur, par idiotie, par crainte. Peu importe la raison, un certain pan de sa vie doit rester invisible. Pour le bien de cette relation. Par pur égoïsme finalement. D'espérer se faire inviter à nouveau et vivre une adolescence normale, loin du capharnaüm de ses problèmes familiaux. « C'est pareil pour moi. Je suis là si t'as besoin. »

Nolan sourit à la gêne de son meilleur ami. Il n'y a rien à faire, Seito aura toujours cette forme de pudeur même si son franc-parler le trahira toujours avant qu'il n'ait pu retenir les mots de sa bouche. « Je sais oui, merci. » Et dire que s'il n'avait pas découvert un neveu caché, il ne se serait pas disputé avec ses parents au point d'atterrir ici. Peut-être qu'un jour il devrait lui en parler... Peut-être mais pas sans l'accord de sa sœur. Depuis qu'il lui avait avoué l'avoir dit à Malory, il lui avait promis de tenir sa langue. C'était encore un pan douloureux de sa vie.

Avant que le silence ne reprenne ses droits et que les monstres – n'en déplaisent aux parents de Nolan – sortent de leur tanière, Seito murmure : « Bonne nuit Rinbo, dors bien. »


#terminé




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Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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