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- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
SAMEDI 23 JUIN 2018
Un écran noir entre ses mains.
Sa tête dans le reflet.
Aucun message.
Aucun appel.
Seito est anxieux. Tout son entourage va bien. Hormis le bras cassé de Pablo et les bleus de Mathéo, personne n'a rien. En réalité, cette affirmation est fausse. Son entourage ne se résume pas qu'à ses amis. Qu'à ce campus. Qu'à Kobe. Trois autres personnes comptent dans sa vie. Plus qu'il ne veut bien le croire.
Son téléphone entre les mains.
Sa solitude dans le reflet.
Aucun message.
Aucun appel.
Seito est tendu. A croire qu'ils l'ont oublié. A moins qu'ils soient blessés, portés disparus ou morts ? Tant qu'il n'a pas entendu leur voix, son imagination est libre de psychoter. Dans le multivers, il existe soudain un monde où ils ne sont plus. Une brèche discordante qui torpille son cœur d'une vive douleur.
Ses doigts tremblent sur les touches.
Son reflet disparaît sous Haha.
La sonnerie retentit.
Appel en cours.
« Moshi moshi.
— Haha ! Tu vas bien !
— Bien sûr que je vais bien Seito !
— Et Chichi ? Et-
— Tout le monde va bien Seito.
— Ouf... La maison a rien non plus ?
— Juste des objets renversés, un vase cassé, des livres un peu partout par terre. Rien de grave. Je viens de rentrer avec Megumi de l'école. Ils ont renvoyé tous les enfants chez eux dès que les secousses sont passées. J'ai fait au plus vite mais il y avait tellement de monde sur la route. Surtout que les secours avaient blo-
— Passe-moi Megumi. »
Le silence le percute. Débile et étouffant. Il ne saurait en saisir la raison. Est-ce pour avoir employé le prénom de sa sœur ou pour lui demander de lui parler ? Toujours est-il que sa mère en reste sans voix. Étonnamment, une colère sourde fait pulser ses tempes. Son dos se tend contre la barrière où il s'est appuyé près de la piste d'athlétisme.
« S'il te plait.
— Elle se repose dans sa chambre.
— Passe-la moi putain !
— Seito ! »
Les trémolos lui explosent les tympans. Le japonais serre la mâchoire. Il faut qu'il parle à sa sœur. Est-ce si compliqué que ça à comprendre ? Le bruissement du micro indique un mouvement. Si sa mère était dans la cuisine, elle n'a qu'à traverser le couloir et ouvrir la seconde porte sur sa gauche. Une petite voix douce bondit dans ses oreilles.
« Onii-chan ! »
Sa solitude vole en éclats. Il entend le sang pulser dans sa carotide, alimentée par ce cœur ressuscité. Cette petite Chose est en vie. Aussitôt ses épaules se relâchent. Ses ongles délaissent sa paume de main. Il réfléchira plus tard à la raison pour laquelle cela le rend aussi heureux. Directement, il attaque.
« Megumi... tu vas bien ? T'as pas eu trop peur ? Tu t'es pas fait mal ?
— Non, ça va ! C'est Kieko qui s'est fait un bobo au genou en tombant. Elle s'est pas mis sous la table comme la maîtresse a dit. Mais moi je l'ai fait tout d'suite ! Et la maîtresse elle a dit que c'était très bien.
— Tant mieux. Tu t'es recroquevillée sous ton bureau comme un escargot tout chaud ? »
Sa sœur rigole. Son rire fait bondir son cœur contre sa poitrine.
— Un scargot tout chaud oui ! Mais ça faisait peur Seito. Mes crayons y sont tombés par terre. Et j'ai pas pu finir de dessiner mon arqu- aqura- aquarium.
— On s'en fiche de ça Megumi. T'en dessineras plein d'autres des aquariums. Même des océans entiers avec plein de poissons dedans de toutes les couleurs.
— Avec un dauphin ?
— Oui, une famille de dauphins même.
— Oh oui, trop bien ! Mais Seito... pourquoi y'a des cremblements de terre ? »
L'idée lui vient d'expliquer le mouvement de la croûte terrestre, les plaques tectoniques et le cœur de magma que la Terre couve en son centre. Mais il n'y a rien d'amusant à l'abreuver de faits scientifiques. L'instant d'après, il songe à lui dire que c'est sa faute pour avoir posé un pied dans les douches des filles. Mais il se ravise.
« Parce qu'à force de marcher sur la Terre, ça lui fait des guilis. »
Son petit rire est tout chaud dans son oreille. Son regard attrape les nuages tandis qu'un sourire se dessine sur ses lèvres.
« Non, c'est pas ça !
— Si si. C'est tes p'tits pieds de souris qui la chatouillent !
— Et toi tes gros pieds d'éléphant !
— OH ! Comment t'oses me traiter d'éléphant !
— T'es un éléphaaaaant !
— Pff, t'as d'la chance que les éléphants ça a peur des souris sinon j't'aurais écrabouillé.
— Non, tu me crabouilles pas toi ! Hiiiiii, hiiiiiii, j'te fais peur avec mes cris de souriiiiis ! »
Seito explose de rire. C'est l'imitation la plus claquée au sol qui lui a été donné d'entendre. Chassant ses larmes aux yeux, il est surpris par la voix de sa mère ayant profité de ce moment d'hilarité pour reprendre le combiné.
« Megumi, calme-toi !
— Hiiiii ! Hiiiiii !
— Dis au revoir à ton frère.
— Au revoir Onii-chaaan !
— Salut la souris.
— Hiiiiiiii ! Hiiiiii ! »
Les cris stridents s'éloignent. Le japonais croit entendre un soupir au bout du fil.
« Je ne t'ai pas demandé si toi ça allait.
— J'ai rien. J'ai un pote qui s'est pété l'bras par contre.
— Oh, heureusement. Tu vas pouvoir réviser comme il faut pour tes prochains examens.
— Ah, euh... ouais, j'vais réviser ouais...
— J'espère que tu as pu rattraper tes mauvaises notes depuis.
— Lesquelles ?
Mauvaise réponse. Très mauvaise réponse.
— Il y en a eu d'autres ?
— Trois autres.
— Trois autres ?! Ne me dis pas que tu recommences.
— Que je recommence quoi ?
— A ne plus vouloir travailler.
— Mais pas du tout ! J'te jure, j'ai révisé Haha ! C'est juste dur.
— Tu dois réviser encore plus Seito ! Tu ne peux pas échouer, c'est trop important. »
Son sang ne fait qu'un tour et il voit fondre son sang-froid comme neige au soleil. Brutalement, ses fesses quittent le sol pour se relever. Il fait les cent pas. Le magma n'est plus au centre de la Terre mais à l'intérieur de lui. Il lui crame les entrailles. Le dévore tant et si bien qu'il ne parvient pas à endiguer l'éruption.
« Mais tu crois que je sais pas tout ça ?! Tu crois quoi ? Que j'fais exprès de m'taper des mauvaises notes ? Vas-y, dis-le si c'est c'que tu penses. Chichi le pense aussi, c'est ça ? Moi j'm'inquiète pour vous et vous, vous- Tu sais quoi ? Les exams j'vais les-
— Seito ! Je refuse que tu me parles aussi mal et que tu sous-entendes qu'on ne se soucie pas de toi.
— Pourquoi t'as pas appelé la première après le tremblement d'terre alors ?
— Je t'ai expliqué pourquoi. J'ai dû aller chercher Megumi en catastrophe. Les messages passaient à peine. Je sais que ton père va bien aussi mais il n'a pas encore pu rentrer à la maison. Alors s'il te plaît, arrête de croire que-
— Que j'suis votre fils ? »
Le souffle court, le silence s'abat sur eux. Une fois de plus. Mortifiant. Ses molaires compriment violemment une envie de hurler à l'intérieur de sa joue. Il pourrait se déchiqueter la peau plutôt que d'avoir à entendre la réponse de sa mère. Car elle détient forcément une réponse. Même si elle tarde à venir. Même si elle vient hoquetante.
« T-tu me fais beaucoup de p-peine Seito. F-Fais attention à toi. Au revoir... »
Son cœur s'arrête de battre. Sept mois s'étaient écoulés. Sept mois de tâtonnement, d'hésitation et d'efforts. Partis en fumée pour des putains de notes. Pourquoi cela leur tient-il tant à cœur qu'il réussisse à l'école ? Que ce soit Mathéo ou ses parents, le discours avait été le même. Mais ce qu'ils refusent de comprendre est que Seito veut être plus que de simples notes. Est-ce trop demander qu'on le complimente pour son honnêteté, pour son humour ou que sais-je encore ? Non, il faut inlassablement qu'il soit ramené à ses notes. Et bien qu'il en soit ainsi. Ses notes peuvent bien aller se faire foutre ! D'une main colérique, il fourre son portable dans sa poche et quitte les terrains d'un pas rapide.
#terminé
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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