On conquiert à Force de persévérance Ft. Tanwen

Il est cinq heures du matin. Il est tôt, beaucoup trop tôt, même pour Sayo qui n’a pas l’habitude des grasses matinées. Trop tôt pour un dimanche surtout. Pourtant, elle n’hésite pas à sauter sur son réveil pour l’éteindre avant qu’il ne dérange sa colocataire. Silencieuse, elle s’extirpe de son lit, jette un petit coup d'œil vers Meyuki à travers la pénombre et un soupir de soulagement lui échappe en constant qu’elle a à peine été perturbée. La nuit aura été bien courte pour elle, mais elle s’en moque, les souvenirs de ses songes sont déjà loin alors qu’elle baille à s’en décrocher la mâchoire et récupère des vêtements de sport. Si elle a l’habitude de faire régulièrement son jogging le matin, aujourd’hui, elle commence sa journée avec tout autre chose.

Le soleil commence tout juste à pointer ses rayons lorsqu’elle arrive au parc. Profitant d’être presque seule, Sayo sort de sa poche une petite boîte en bois, noire aux motifs stellaires. L’ouvrant délicatement, elle en sort son jeu de tarot et dispose ses cartes sur un banc, attentive à ce qu’elles baignent dans les rayons du soleil. Ainsi, elles pourront recharger leur énergie et seront purifiées de leur négativité. Une fois toutes placées, Sayo, satisfaite, se redresse et commence à s’échauffer tranquillement. Après tout, elle s’est aussi déplacée pour pouvoir courir.

Mais alors qu’elle pense que ses cartes ont assez profité de leur bain de soleil et commence à les rassembler, le vent se lève et les soulève. Le diable frémit, se laisse tenter, rigole et s’envole, emportant avec lui l’empereur. Sans cette figure d’autorité, d’autres s'enfuient et la Justice les poursuit. Entre ses mains, un Pendu perdant patience face à son air ahuri pousse son Jugement et la force au réveil. Sayo ramasse la Lune avant qu’elle rejoigne d’autres cieux et, ironie du sort, court après l’Amoureux, elle qui a tendance à éviter les histoires de cœur. Elle court après le Fou téméraire, veillant à ne pas abîmer les plantes dont les jardiniers prennent soin. Elle en rattrape une autre et encore une autre…

Les comptants, elle constate qu’il lui en manque encore une. Les recomptant, elle constate qu’elle a perdu sa Force. Inquiète, elle retourne au banc, vérifie en dessous et des buissons à proximité. Elle y trouve un billet de 1000 yens, mais rien qui s’apparente à sa carte. Elle observe un instant l’argent, se demandant si c’est un signe du destin et qu’il lui souffle de s’acheter un autre jeu, où peut-être juste une autre carte pour la remplacer, mais ça ne l’empêche pas de se sentir désemparée. C’est qu’elle y tient à ses cartes, elle y a passé des heures, à les observer, à les apprendre, à y faire circuler son énergie, à tenter de les interpréter, communiquer avec elles ! Fourrageant le billet dans sa poche, elle continue ses recherches un long moment. Un trop long moment peut-être parce qu’il commence à y avoir un peu plus d’étudiants et que son ventre crie famine. Lasse et apercevant une tête connue du club des aventuriers, elle se dit qu’elle n’a plus rien à perdre.

Si elle n’a pas beaucoup d’espoir, en quelques foulées, elle rejoint son camarade de club.

« Briec-Ishioka-san ! Bonjour ! » L’interpelle-t-elle, sourire aux lèvres, mais visiblement embarrassée. « Excuse-moi de te déranger… D-Dis-moi ! A tout hasard, aurais-tu vu une carte se balader ? »