Je couvre ma bouche de ma main pour cacher un bâillement et repose mon regard sur mon livre tout juste ouvert. Ouf! Les études vont être longues si ça m’ennuie déjà. Il faut dire aussi que l’histoire, c’est vraiment pas ce qui me motive. Ce serait tellement plus intéressant si on y étudiais les mythe et légendes plutôt que les fait historiques. C’est aussi une sorte d’histoire non? Bref. Il faut dire que je me sui levée tôt ce matin pour aller m’entrainer au studio. Une nouvelle chorégraphie pour une nouvelle chanson qu’on va enregistrer bientôt. J’ai bien hâte. J’ai fini un peu avant le midi et je suis revenue au campus pour me mettre un petit truc léger sous la dent et étudier. Ça m’énerve un peu, parce que c’est contradictoire. Je dois donner plus de temps au studio et tout, mais je ne peux pas relâcher ne serait-ce qu’un peu sur les études sous peine que ma carrière d’idole en pâtisse… Et ma vie là dedans? Je m’ennuie de Lou.. Il me semble que ça fait un moment aussi que je n’ai pas fait autre chose entre carrière et école… Heureusement, ma carrière en vaut la peine, maintenant qu’elle devient plus curieuse.

Je soupire en fixant mon livre. Ça fait quatre fois que je relis la même ligne… Vraiment, j’arrive pas à me concentrer là…

Je lève les yeux en voyant un Ena débarquer soudainement devant moi et je cache un grincement de dents en entendant le qualificatif qui suit mon nom. Pourquoi fleur de miel? Bref, je le dévisage avec surprise et je n’ai même pas le temps d’ouvrir la bouche pour poser une question que mes lèvre sont scellées par un doigt. Ce n’est qu’après que je me rend compte qu’on a retiré le livre de mes mains. Je fixe donc Ena, camarade de classe et du club des aventuriers, les joues à peine rose par la surprise de tout cela.

Plus je l’écoute, plus j’ai envie de l’écouter de toute façon. Des fées hein? Je… Je devrais être raisonnable et dire que je suis occupée à étudier et que je n’ai pas le temps de de chasser les fées…

Mais depuis quand je suis raisonnable? Dès qu’il me demande si je veux y aller avec lui, un immense sourire prend place dans mon visage.

-Certainement que je veux venir!!!

J’ai déjà fourré mon livre dans mon sac à dos toujours prêt pour l’aventure et je me lève debout… Sur le banc, main au dessus des yeux pour scruter inutilement l’horizon.

-Alors c’est par où? Ils ressemblent à quoi les papillons? Ils sont combien? Tu connais leur force et leur faiblesse? Tu es certain qu’ils apparaissent en plein jour? Les légendes nous invite plutôt à croiser ce genre de créature magique la nuit! Est-ce que qu’ils brillent? Tu as quoi comme équipement? Moi j’ai du sel, de la corde, de l’eau bénite, de l’ail, du vinaigre, de l’encen, des allumettes, feuilles, crayon, bocal, gants… et même un morceau de filet de pêche! Il est récent celui-là. Oh! Et j’ai aussi l’essentiel comme lampe de poche et parapluie! Raconte-moi tout, je te suit!

Et je saute en bas du banc pour mettre mes deux mains dans le dos d’Ena et le pousser doucement vers la sortie du campus pour qu’il me montre le chemin. Comme il a dit, il n’y a pas de temps à perdre… Et ça s’annonce clairement plus intéressant qu’étudier l’histoire.

-Au fait.. On pourrait ramasser des fleurs en chemin pour les appâter!

C’est bien un trucs que je n’ai pas en permanence dans mon sac

Je note mentalement toutes ces réponses. Honnêtement, c’est la première fois que j’entends parler de cette histoire de papillon qui donne de l’argent, mais toute nouvelle histoire est bonne pour investiguer et surtout, vivre une belle aventure, peu importe le résultat! Je le suit avec entrain, bien que je ne comprenne pas son histoire de vinaigrette… Les fleurs, c’est pour attirer le papillon, pas l’assaisonner… Peu importe, on se débrouillera avec ce qu’on aura!

Soudainement, il fait volte face et je manque lui rentrer dedans. Je m'arrête juste à temps… Ou grâce à ses bras qui saisissent mes épaules. Je ne comprends rien. J’ai un truc mauvais? Il a eut une illumination? Je le dérange finalement? Il s’est souvenu que son perroquet est mort???

La meilleure?

…. Q-uoi?? Que? Est-ce que??? IL VIENT DE M’EMBRASSER LA JOUE LÀ??? Pourquoi? J’ai fait quoi? C’est une mauvaise blague? Alors c’est doux et chaud un bisou de garçon sur la joue? Comme ceux de Lou et de Joy… Pourquoi j’analyse un bisou? Où allons-nous soudainement? Pourquoi il me tire par la main? Pourquoi il m’a embrassé sur la joue? Pourquoi je suis une fée?

Déjà que je tente d’ignorer tous les surnoms mielleux qu’il me donne à tout va comme une machine distributrice défectueuse qui distribue la marchandise gratuitement… -Il me fait d’ailleurs penser à Pablo… Mais Pablo, lui, complimente. C’est plus gênant. Est-ce que les surnoms sont aussi des compliments?- Le bisou… Je ne pensais pas qu’il existait d’autres personnes aussi tactiles et affectueusement démonstratives que Joy… Je préfère ne pas y penser et faire comme si rien n'était et prier pour que peu de personnes aient porté attention et que ça se rende aux oreilles de Lou… Les rumeurs, ça déforme trop la vérité pour que ça reste sain.

Me ressaisissant enfin, j’écoute la liste d’Ena pour qu’on soit équipés au max.

-Parfait! Je reviens avec le nécessaire!

Et c’est parti! En vrai, j’ai déjà pas mal tout dans mon sac alors j’en profite plutôt pour retirer les livres d’étude et ainsi voyager plus léger. J’ajoute une gomme à effacer, me demandant soudainement pourquoi c’est nécessaire… Peu importe, plus on a de choses, plus on est préparé à tout! Je reviens là où on s’est laissés juste avant Ena et le salut à son retour, prête et confiante! Quoi que..

-Choupinette? Non, mon nom de code c’est Pitbull.. Donc agent Pitbull.. Tu garderas choupinette pour les vrai fille à la place! On y va!

Je suis prête à le suivre après avoir rectifié le tir concernant mon nom de code. Les faux compliments, ça va un moment, mais faut pas exagérer. Je ne suis pas chou et encore moins choupinette!

Comment dire… Je le trouve pas mal tactile Ena. Enfin, ça ne me dérange pas plus que ça, j’ai appris à être plus tactile avec Joy… Mais justement, c’est ça qui.. je sais pas… Joy j’ai l’habitude, c’est ma meilleure amie. Ena… C’est un camarade de classe et de club… Et C’est un garçon. Peu importe, je ne laisse rien paraitre de mon inconfort lorsqu’il ‘entraine par les épaules. J’imagine que je m’habituerai… Bref, il mentionne que les Pitbull son gentil et tout.

-Je sais qu’il sont gentils… C’est mon nom de code parce qu’ils sont imposants et forts et loyaux. Je ne suis pas méchante, que je sache. Pas comme un chihuahua.

Je donne mon point de vue, tout naturellement. Après, c’est un fait et je suis d’accord avec Ena alors il n’y a pas de quoi s’offusquer. Mais c’Est vrai que les pitbulls sont souvent méconnus. Ils sont gentils, mais ils ont une puissante mâchoire prête à tout protéger du danger, mais seulement si on l’élève ainsi. Nous prenons le chemin jusqu’au métro où mon comparse me rappel alors le plan. Je l’écoute attentivement en hochant la tête à l’occasion. Je sais que c’Est débile toute cette histoire, mais ça fait un moment que je ne me suis pas donné à fond dans un délire et souvent, c’est en y sautant les deux pieds joint qu’on a le plus de plaisir. Peu importe ou nous mènera le chemin. Du coup, quand il a fini, je fait un salut de la main militaire comme les soldats. Le signe qui signifie « À vos ordres ». et j’imite son pas de façon coordonnée. On est en mission!

Le métro arrive et on entre. À cette heure, ce n’est pas super bondé, mais il y a quand même pas mal de monde. Pas de place assises, dommage. En fais je m’en fiche un peu, ça ne me dérange pas d’être debout. On se corde donc avec les poignées pour se tenir stables. Ces fichus poignées que j’ai pas parce que je suis à bout de bras. Enfin, plus à bout de bras que la majorité. Toujours un non plaisir d’être petite. On moins, on n’est pas collés contre des inconnus. On respire. On a une certaine bulle. Ena reprends la conversation à voix basse et je ne peux m’empêcher de le regarder, perplexe. D’où il sort cette question? Oh… Mon commentaire, tout à l’heure, j’imagine? Quoi que.. Comme d’habitude, j’ai à moitié l’air d’un garçon. N’empêche que sa question m’a un peu prit de court.

-Hein??

Je baisse un peu le ton pour ne pas qu’on nous entendent autour, les joue un peu roses.

-M-Mais non! J’ai pas de.. Enfin… Je suis une fille… Une vrai… Mais.. J’ai rien d’une fille.. J’ai.. comment dire.. rien à mettre en valeur.. Tu vois? Et puis la moitié des gens me prennent naturellement pour un garçon alors.. Bon… T’inquiète, je ne suis pas un agent infiltré à ce niveau là. C’est juste que… Je ne suis pas de celles qui portent des jupe, des robes, qui ont des hanche ou un peu plus de… Bref..

Je sais bien que j’ai menti en omettant qu’en fait, j’en porte des robes et j’agit comme.. les autres filles quand je suis une idole. Mais ce n’est pas nécessaire qu’il sache et si on se fit au moi à l’école, je n’ai pas menti.

-Bref! C’est.. juste une expression vu que je suis plutôt garçon manqué.

Et qu’il n’aille pas dire le contraire sinon je ne partagerai pas le butin du papillon!

J’avoue que j’ai un peu de misère à suivre Ena sur l’histoire de garçon manqué. Il déforme le sens des propos et je me demande un instant s’il est vraiment sérieux, s’il est complètement imbécile. J’ai même un léger ricanement lorsqu’il dit qu’un garçon se manque pas. Dans le fond, il a un peu raison; on ne dit pas d’un garçon que c’est une fille manquée… Du moins, beaucoup moins. Mais bon, j’hausse les épaules. J’avoue que je n’ai pas réfléchit plus loin. J’ai juste utiliser une expression pour décrire ma situation. Je ne vais pas commencer à philosopher là dessus. Je déteste la philosophie.

Il passe son bras autour de mes épaules et je jette un oeil à la main posée sur mon épaule en espérant soudainement très fort que personne ne nous observe parce qu’on est en publique quand même… Et j’essaie de ne pas trop rougir à cette pensée et faire comme si rien était. Je veux dire, même avec Lou je n’ose pas trop ce genre de proximité en publique… Que vont penser les gens? Pas le temps d’y penser, Ena reprends la conversation en me demandant si une vrai fille doit mettre quelque chose en valeur et j’hoche la tête. C’est pas mal le résumé de ce que je pense oui. Une fille, pour être une jolie fille féminine met forcément de quoi en valeur… Sinon elle se met en valeur sans efforts parce qu’elle est simplement belle. S’en suit un reproche auquel je répond avec ma franchise spontanée.

-Mais ça reste la réalité, non?

Je ne rougis plus, ayant repris mon sérieux de la conversation. J’aurais bien aimé élaborer ma réflexion mais mon camarade enchaine comme s’il avait une soudaine révélation et alors qu’il me demande s’il a des trucs à mettre en valeur, ma légendaire franchise spontanée frappe de nouveau.

-Non.

Je le fixe. C’était dit de façon anodine, comme une constatation, sans once de méchanceté.

-Euh…

Je commence à réaliser ce que je viens d’insinuer. Je dois corriger le tir =parlant toujours à voix basse- alors que mes joues s’empourprent de nouveau.

-Enfin oui… Non.. Je.. Attends, attends… Ce que je veux dire c’est que les gars n’on pas à se mettre en valeur parce que bah… Soit ils sont beau, soit il sont laids, soit ils sont juste.. bof…peu importe… comment ils sont.. c’est… Un ressentis… C’est comme s’il étaient naturellement en valeur de base… Enfin.. T’inquiète pas, t’es… euh… dans la catégorie des beaux garçons. enfin… Je veux dire que beaucoup de filles doivent te trouver mignon…

Je détourne le regard avant de devenir une tomate.. Pourquoi je suis si nulle en communication… On s’en allait chasser un papillon, comment on en est venus à parler de gars, de fille et de valeur, je… Continue de garder le regard détourné.

-Ahem.. Tu as dit qu’il est quelle couleur déjà, le papillon?

Blanc. Parfait! Blanc, je retiens. Le changement de sujet m'aide à reprendre une couleur normale, mais je n'ai pas le loisir d'enchainer sur d'autres questions que nous sommes apparemment arrivés à destination. On descend du bus et je m'apprête à simplement le suivre mais... Il fait quoi? Pourquoi il me fixe comme ça? j'ai encore dit une bêtise?? Je...

Je rougit à nouveau d'un coup.

Jusqu'à présent, j'arrive à ne pas trop réagir à ses compliments, à en faire fit. Je me dit qu'il est comme Pablo. Il aime charmer et complimenter pour le plaisir... Mais cette fois il m'a prise par surprise. C'était sorti de nul part et avec une franchise déconcertante. Mais qu'est-ce qu'il me trouve? Pourquoi se sent-il obligé de me mentir? Pourquoi m'attrape-t-il le poignet en publique? LE papillon. JE dois me concentrer sur le papillon. Il est vraiment gentil, Ena, mais un peu déroutant, je dois l'admettre. Un jour, je lui rendrai la pareille tiens! Juste pour voir sa réaction. Il reviens d'ailleurs sur mes propos... Ah zut! Il a tout compris de travers! Néanmoins, je retrouve quand même un sourire quand il parle d'amitié. Ouais. Il est sympa! Déroutant, mais sympa! Du coup, ça me fait vraiment plaisir qu'il veuille qu'on soit amis... Mais c'Est quoi cette histoire de plat? J'ai jamais dit ce que j'aimais manger alors comment il sait qu'on a pas les même goûts? Ou on a les mêmes??? Si j'analyse un peu, il s'est lui-même considéré comme un plat... Mais pourquoi il a compris que je le trouvait laid? Je dois rectifier ça! Enfin.. j'imagine qu'on n'a pas envie de goûter tous les garçons.. Je crois que c'Est ça qu'il veut dire. Mais si on aime les même plats.. C'est logique qu'il ne veut pas s'auto-manger... Est-ce que je veux manger Ena? Ce serait ça le cannibalisme? Est-ce que je veux le... Goûter... WOH! Stop! Ou tu t'en vas comme ça cerveau?? Ça suffit! Un peu de décence!

Je secoue la tête et ce n'Est plus la peine de réagir puisque nous arrivons enfin sur place. Ena propose qu'on se sépare pour chercher le fameux papillon. C'est un peu nul comme plan. À quoi bon vivre une aventure si on ne peut pas la vivre ensembles? Je m'y résigne cependant puisqu'il me pousse dans une direction avant de partir dans l'autre s'accroupir près d'un buisson... Je continue donc plus loin pour me dissimuler dans mon propre buisson. Assise en tailleur au sol, j'observe. Je doute vraiment que je vais trouver ce papillon parce que... On sait bien que ça n'existe pas. L'idée est quand même marrante. Tout en observant, mes pensées divaguent à nouveau... D'abord sur cette histoire de plat, puis un débat interne à savoir à quel point je trouve Ena beau vis à vis d'autres garçons, puis sur Lou. Oh ma belle Lou! Tiens.. C'est vrai qu'il faudrait que je suive plus sérieusement le régime de la coach... Avant qu'on me reproche de devoir faire ajuster mes costumes parce que je prends du poids.. Comme c'est arrivée à une fille la semaine dernière... Comme ça pourrait arriver à ce... Papillon... Blanc...

PAPILLON BLANC!!

J'y crois pas! Y'a vraiment un papillons blanc! Je me lève et commence à le suivre. Il se dirige vers là où est planqué Ena... Et ça me donne une idée... Après tout, il faut toujours vivre une histoire à fond! Traitez moi de gamine, c'est comme ça qu'on passe les meilleurs moments. Je sors un billet de 100 yen de ma poche et approche doucement derrière Ena, sans bruit jusqu'à chuchoter près de son oreille.

-Regarde ce que j'ai obtenu...

Je glisse le billet devant ses yeux et pointe ensuite le papillon blanc qui vient de se poser un peu plus loin.

-De lui! On l'attrape?