C'est un dé 100 !

Alya est une férue de sport, mais il existe d'autres choses qui l'animent, la privant de devenir un stéréotype healthylife.
Tout d'abord, elle apprécie la littérature, et pas n'importe quel type de littérature ; tout comme le sport, ses goûts en la matière sont relativement restreints. En effet, la rapidité avec laquelle elle entreprend des jugements au sein de ses préférences a tendance à rendre son arc de compétences plus sommaire, mais poussé à terme.
Donc, si dans le sport elle est douée uniquement par la course et ses variantes, dans la lecture, elle ne voit seulement que par l'horreur, bien qu'également, par un grand nombres de polars.  

Son ouvrage favori demeure le mythe de Cthulhu et de tout l'univers qui en est issu. L'atmosphère spéciale, la finesse de l'écriture et les idées dans une philosophie matérialiste, sont toutes des raisons qui l'ont convaincue lorsqu'elle tient une histoire de Lovecraft entre ses mains.
Pour ainsi dire, elle aime tellement l'univers que, lors de son arrivée au Japon, elle a décidé de se raccrocher à quelque chose de connu en rejoignant un forum communautaire autour de cette thématique. Il s'avère qu'en plus d'en discuter, les membres du serveur pratiquent régulièrement des séances de JDR.

Malgré son aigreur et sa froideur apparente dans les premiers échanges qu'on peut avoir avec elle, Alya est avant tout une fille sociable et plutôt extravertie qui a une propension à rechercher le contact.
Il n'y a qu'au sport qu'elle désire une solitude totale, car au-delà des bienfaits physiques que lui apporte l'activité quotidienne, le sport, à ses yeux, et bien plus que ça : c'est son objectif de carrière, son essence même de ce pour quoi elle s'accomplit de jour en jour. À cet égard, les autres ne constituent qu'un obstacle, non-nécessaire à son épanouissement.  
Même si elle aime passer du temps seule, plongée dans ses bouquins, elle s'empresse pourtant immédiatement de trouver des groupes de discussion pour débattre de ses récentes lectures. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles la sportive s'est jointe au club de littérature de son lycée.
Critique littéraire, l'important pour la brune n'est pas spécialement d'avoir raison dans les débats qu'elle oriente, mais d'affiner sa réflexion en contact avec des versions différentes de la sienne -l'affirmer- qu'elle soit proche de la vérité ou non.

Mais voilà, actuellement, les vacances scolaires interdissent aux étudiants l'accès à l'établissement et Alya n'est pas rentrée à Londres cette fois-ci. À la place, elle loge dans une chambre qu'elle paie grâce à son job d'été. Idéalement, elle aurait dû s'en tenir à jongler entre la vie active et le sport, mais son manque de contact social l'a conduite à être plus présente sur le serveur.

Si Alya a pris l'option langue vivante à Kobe afin de maintenir son niveau de Japonais et entretenir des discussions plus profondes avec les autres, ce forum l'aide à maintenir son niveau, voire, alimenter ses connaissances ; même pendant les vacances, elle ne laissera jamais son cerveau en paix.
En revanche, elle lit principalement en Anglais puisque la lecture doit, selon son opinion, être une détente.

Aujourd'hui, après plusieurs semaines de préparatifs, s'entretient une journée IRL organisée dans le parc de Sumaura Yuen. Les joueurs sont principalement des garçons.
Un détail au sujet d'Alya, c'est sa prétendue aversion pour tout ce qui est masculin, alors qu'elle s'entend principalement mieux avec des hommes que des femmes. La preuve en est qu'elle a très peu de copines féminines et que ce forum Cthulhu pour lequel elle s'apprête à faire une rencontre IRL, contient seulement deux filles. Elle et Tsuhi-Ma.
Elle n'a aucun a priori négatif sur son homologue féminine, au contraire, parce que celle-ci n'a pas l'air de partager les comportements typiques qu'elle retrouve en grosse majorité chez les autres filles, à savoir le fait de vouloir s'approprier l'attention des garçons et de devenir injustement jalouse à son égard.

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Pour l'athlète, être à l'heure, c'est déjà être en retard, il est donc naturel qu'elle soit la première sur les lieux. Le Maître du Jeu, arrive ensuite, s'ensuivit des deux autres. Tout ce qui manque est Tsuhi-Ma et pendant un moment, Alya remet en question l'implication de cette dernière.
Impatiente, elle a canalisé sa frustration en tapotant nerveusement son index sur son avant-bras pour éviter de suggérer à tout le monde qu'on commence une ébauche. Sa proposition aurait été déclinée de toute manière, et elle n'a pas eu à y penser bien longtemps puisque l'absente apparaît déjà au loin.
Avec de grands signes d'une main qui s'agite brièvement en l'air, Alya lui indique vivement leur position.

Chacun lui souhaite la bienvenue et se resserre afin de lui faire une place sur la couverture de pique-nique polaire au revêtement de plastique.
Alya détaille silencieusement la fille avec laquelle elle a communiqué qu'au travers d'un pseudo. La sportive s'étonne de savoir qu'elle doit avoir -à estimation globale puisqu'elle est assise- cinq à six centimètres de plus.
D'ailleurs, elle ressent un pique de jalousie quand elle remarque la stature athlétique de son homologue qui disparaît aussi tôt quand elle se rend compte qu'elle vient d'avoir le même genre de cheminement de pensées que les filles qu'elle déteste ; d'autant plus qu'elle n'a rien à lui envier, chacune est comme elle est et Alya n'a jamais eu de complexe sur ses capacités.

- Trêve de bavardages, on s'y met !

Elle coupe les discussions. Puisque personne ne semble prendre l'initiative, ça ne la dérange pas d'enfiler la casquette du tyran pour diriger le troupeau. Arisu est bon en Maître du Jeu, mais quand il s'agit de diriger une équipe sur un chemin de productivité constant, il est carrément à côté de la plaque.

- Je rappelle le contexte. Japon, 1912. Nos personnages sont collègues à la gendarmerie et enquêtent sur une série de meurtres liés à une ancienne malédiction qui a pris vie dans un petit temple sur l'archipel d'Okinawa. On avait dit qu'on devait avoir un investigateur latiniste et je me suis dévouée. Je propose qu'on fasse un tour de table pour présenter nos personnages.

De son point de vue, les choses se déroulent mieux quand elle prend les choses en main. Elle déteste perdre son temps tout comme ça l'agace que les autres s'éparpillent et ne suivent pas qu'une seule ligne directrice pour rendre les échanges plus fluide.
Elle n'a pas l'imagination, ni la diction d'Arisu pour faire voyager les joueurs dans l'univers si spécial de Lovecraft comme lui seul sait le faire.
Elle n'a pas la facilité de créer des liens avec tout le monde comme Ritsuo ou encore l'humour de Ryota, mais elle a au moins la faculté de prendre les choses en main pour faire avancer le dialogue au lieu de passer 300 ans à parler des quêtes que ses messieurs ont faites sur leur jeu de merde.

- Honneurs aux dames, alors, Tsuhi-Ma, je te laisse commencer.

Alya semble la dévisager alors que la nouvelle venue favorise l'assise sur son gilet plutôt que de prendre place sur la couverture avec les autres. Plutôt, elle ne comprend pas la raison d'un tel choix alors qu'elle risque de tâcher son habit - cependant, la brune décide de se retenir de contester son choix pour éviter de passer pour la rabat-joie de service et gâcher le début de ce qui était vraisemblablement une nouvelle amitié naissante.
Après tout, elles ne se connaissent que depuis peu, et surtout, elles se voient pour la première fois, il serait donc de rigueur de faire bonne impression au lieu d'être trop directement soi-même.

Face à Kazane qui se présenta dans les formes sans une once de prétention, Alya ressentie une pointe de culpabilité pour l'avoir jugée aussi sévèrement qui disparut aussitôt lorsque celle-ci lança les hostilités dans leur dynamique amicale.
Une lueur de défi ponctua son regard verdoyant alors qu'elle rétorqua du tac au tac.

- Alors ça, c'est ce qu'on va voir !

Regain d'énergie par une adversaire qu'elle estime enfin de son acabit, Alya redressa les épaules, prête à lui montrer ce qu'elle a dans le ventre en plus de lui prouver que ses paroles n'en étaient pas que.

Oh, c'est qu'elle veut jouer la petite ? Alya se retient de lui mettre un coup derrière la tête pour plaisanter. Elle sait que ses propensions belliqueuses à la moindre frustration, et ce, même si c'est dans une démarche pince-sans-rire, ne seraient pas au goût d'Arisu qui aspire au calme, et qui surtout, ne tolère pas les bruits trop soudain.

- Normal, je ne parle pas la langue des tongs, moi !

Rassurée de constater que Kazane est la même derrière l'écran qu'IRL, la sportive méfiante se détendit et lui rendit son sourire pour le moins tout aussi compétiteur, décidée à triompher autant dans leur jeu que dans les tacles.

- Cela était tellement douteux que ce ne fut point fort réussi. Je t'apprends, pour un jeu de mots réussi, il faut que la signification saute aux yeux de celui qui le lit.

Condensée de mauvaise foi, Alya n'admettra jamais ses erreurs puisqu'elle estime ne jamais en commettre. Là où elle a fauté, elle préfère mettre l'accent sur les erreurs des autres plutôt qu'accepter que les siennes soient mises en lumière et se rectifier par la suite - histoire de ne pas perdre sa crédibilité.

- À mon tour. Mon personnage est Rin Irasagi, j'utilise le visuel d'Ada Wong dans Résident Evil. Comme je l'ai dit, elle a étudié le latin et est particulièrement habile à enquêter à travers sa perception. Elle a des compétences en force, mais pas en agilité.

Progressivement, tout le monde évoque son personnage. On aura le droit à une équipe presque exclusivement féminine à l'exception de l'un des garçons qui joue le chérif. Les arcs de compétences de chacun se complètent par leurs différences pour former un ensemble plutôt équilibré, visiblement au goût du MJ.

- 46, pas mal, je suis sûre que je peux faire mieux. Elle secoue le dé dans sa paume, effectuant de grands gestes pour camoufler ses tremblements dû à l'adrénaline. C'est avec une certaine rage froide passionnelle qu'elle le lance et que l'objet roule sur le plateau, exhibant fièrement son résultat. BOUM, 7, dans les dents !

On ne l'avait pas connue aussi jouasse, surtout en l'absence de réel challenge dans un groupe majoritairement placide. Certes, le machiavélisme d'Arisu a toujours pimenté les parties, d'autant que ses larges connaissances dans un tas de domaines différents, notamment de la passion avec laquelle il est fier de les livrer, rajoute du cachet à leur expérience de jeu , seulement, la venue de Kazane change une donnée importante dans l'équation finale.
Présentement, la sportive a vraiment l'impression de s'amuser, d'y avoir trouvé un réel intérêt dans le sens où le challenge déjà existant à cause de la complicité des enquêtes est désormais devenu une véritable affaire personnelle dans sa fausse guerre d'ego contre la Japonaise.
Le frisson d'excitation qu'elle a ressentie plus tôt quand elle a lancé le dé dans l'appréhension du résultat, conséquence de sa volonté de vaincre son interlocutrice, elle donnerait n'importe quoi pour continuer de le connaître avec la même intensité.

Jamais Alya n'aurait cru se lier aussi facilement d'affection pour Kazane. Si elles n'étaient encore qu'au stade de simples connaissances, il y avait quelque chose de similaire à elle dans sa personnalité en même temps qu'il y avait des différences notables qui lui permettaient de trouver satisfaction à ce qui lui manquait.
Par exemple, au cours de la partie de jeu de rôles, Kazane s'avérait être beaucoup plus technique et hésitante là où Alya fonçait dans le tas et prenait un maximum de risques pour avancer dans l'histoire, ces jets de dés chanceux l'aidant à ne pas finir broyer sous la mâchoire de la première entité. L'audace avait toujours été son plaisir personnel, même si, tout comme la Japonaise, elle appréciait également prendre le temps de réflexion nécessaire pour comprendre les enjeux de l'histoire.

À la fin de leur partie, Alya suggéra à Kazane de visiter un temple qui se trouvait à proximité. Selon ses informations, la jeune fille de Tsushima était récemment arrivée dans la région et connaissait donc peu de monde et de lieux - tout était à redécouvrir. Cela leur donnait une autre similitude à la différence qu'Alya, c'était de pays qu'elle avait changé.
Sa mentalité de gagnante ne lui permettait pas d'être triste à ce sujet ou de ressentir une quelconque nostalgie, tout comme le fameux "mal du pays." Pour ainsi dire, elle s'était parfaitement adaptée à sa situation, ou plutôt peut-être est ce son déni constant qui l'aidait à surmonter ses difficultés à ce sujet.

Quoi qu'il en soit, une partie d'elle avait voulu poursuivre la rencontre car si elle appréciait aussi les garçons, elle manquait cruellement de présence féminine, d'une homologue, voire même d'amies tout court - puisque si le sport était pour l'instant sa seule compagnie d'avant le retour aux classes, Alya était plutôt du genre à aimer être entourée, bien qu'elle avait une forte propension a être sélective dans ses amitiés.

Quittant le parc, elle arrivèrent à destination rapidement, empruntant des petites routes de sentier où elles pouvaient slalomer facilement entre les personnes rivées sur leur téléphone.
À l'intérieur, des fresques colorées ornent les murs du temple, mettant en scène des histoires issues de la mythologie et de la religion. Les statues des dieux et des déesses sont alignées le long des parois de pierre, leurs visages aux expressions apaisantes apparaissaient faiblement éclairés par la luminosité déclinante symbolisant la fin de l'après-midi.

L'odeur de l'humidité qui se dégage témoigne le passage récent de pluie, mais ne ternit en rien la beauté du lieu qu'Alya appréciait. Pendant que les deux filles progressaient dans le dédale de pierres tout en contemplant les omamoris, le son de leur pas résonnait dans l'immensité calme de recueillement.   

- Shintoïste ? Tu crois en tout ça ?

L'étonnement dans sa voix rendit son intention avec plus de jugement qu'elle ne l'aurait voulue. Avant de venir au Japon, en plus d'apprendre la langue au point de la maîtriser parfaitement bien qu'avec un accent commun au Britannique très présent, la sportive avait aussi étudié leur mode de vie et leur habitude... Tout pour s'intégrer parfaitement.
Au final, il ne lui était pas foncièrement surprenant que son interlocutrice soit religieuse puisque la majeure partie de la population nipponne l'était.

- En ce qui me concerne, je suis complètement athée, mais ne t'en fais pas, je respecterais quand même les lieux.

En effet, si Alya ne manifestait aucun attrait pour la religion, elle se sentait toujours transportée dans un monde de magie et de spiritualité dès qu'elle franchissait le torii. C'était juste pour sa beauté, sa rareté qu'on ne trouve nulle part ailleurs et une certaine fascination qui captivait ses sens quand elle y entrait - rien d'autre.