C’est les vacances, et qu’est-ce qu’on s’y emmerde. Enfin, ennuie ! Lou devient grossière, à force de regarder le temps filer. Elle aimerait avoir plein d’activités, s’éclater avec ses potes, mais pas de chances : ils sont occupés. C’est quand même nul, d’être dans une grande ville, et de n’y connaître pas coeur. C’est un peu le souci des internats et des écoles réputées. Les gens n’y sont que de passage. Lou, elle, elle vit à Kobe tous les jours, toutes les nuits, de janvier à décembre.

Alors, elle a décidé d’enfin exaucer l’un de ses souhaits : faire de l’urbex. Elle y pense depuis des mois ! Alors, elle a bien essayé d’attirer des copines, mais elle ne semble pas avoir un entourage intéressé par le risque. Il y a bien Maka, avec qui elles pourraient avoir d’amusants dates, mais elles ont déjà ensemble un fantôme à débusquer. Pas possible de tout faire.

Elle a suivi un groupe Facebook. Le genre de truc qu’elle ne fait jamais. Qui s’appelle “Urbex Kobe”, avec plein de jolies photographies. Le genre de truc qui pourrait s’avérer vraiment shady. Mais Lou n’est pas du genre à se demander si derrière les profils on peut rencontrer des pédobear, non. Elle est confiante.

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[Envoyé à 13h31] Je suis en retaaaard >w< !!! J’arrive !

Lou est tête en l’air, alors elle est sortie de chez elle sans son matos. Pas de lampe, pas de casse-croûte, et des petites chaussures de plage. L’idiote ! Elle est rentrée aussi vite pour pouvoir s’équiper. Il a fallu qu’elle évite de croiser sa maman : elle ne serait pas heureuse de voir à quelles activités sa fille s’adonne.

Et elle commence son périple vers le point de rendez-vous. Elle s’engouffre dans la nature qui a repris tous ses droits.

Envoyé à 13h42] Je te vois ! °o°

Lou range son téléphone dans sa poche. Une poche qui ne se ferme pas. Une poche de laquelle un téléphone pourrait tomber si facilement. Elle s’en fiche. Et elle se fiche d’un peu tout. Surtout que là, en ce moment, elle est surtout super-méga-ultra-turbo excitée de voir une nouvelle copine. Alors, elle sautille en se rapprochant :

« Trop, trop, trop, trop cool tes cheveux ! »

Elle prend même pas la peine de dire bonjour, en vrai elle s’en fiche pas mal, elle est surtout contente de pouvoir enfin explorer les lieux. Et il n’y a pas de repos, pas de small talk, Linnea commence tout de suite à filer en exploration ! Pour le plus grand bonheur de Lou. Elle la suit, répond à quelques-unes de ses excitations par des réponses peu concluantes, jusqu’à qu’elles arrivent devant l’entrée. Ou plutôt, l’absence d’entrée.

« Haaaaan… Sur le groupe facebook, ils avaient dit avoir trouvé une entrée. Tu penses que c’était un gros mensonge ? On fait le tour encore un peu. »

Lou tire Linnea un peu plus loin, elle s’en fiche de creuser la terre, mais elle a encore envie de croire aux inconnus d’internet. On ne sait jamais ! Mais rien n’y fait. Pas d’ouverture. Pas de porte pêtée, rien.

« Eh zut. » Flûte, crotte, saperlipopette. Pour ne pas dire d’insanités ! « On creuse ? »

Comme des petits chiens.