To know or not to know ; avec Marco Moretti

Sam. 10 Fév. 2018
to know or not to know
Salle commune

Cher Journal,

J’ai fait une connerie. Quoique, je ne sais pas si l’on peut réellement appeler ça une connerie. Il y a quelques jours, je suis tombé sur une petite annonce à sur le panneau l’accueil. Tu me diras : « Mais des annonces Nassim, il n’y a que ça sur le panneau de l’accueil, il est fait pour ça ! » Et je te répondrai : je sais. Ce que je voulais dire par je suis tombé sur une petite annonce, c’est que j’y ai répondu. J’ai pris le numéro de l’étudiant qui figurait dessus, je l’ai contacté et nous nous sommes donnés rendez-vous aujourd’hui, dans la salle commune.

Là où la connerie prend sens, c’est qu’il s’agissait d’une recherche de cours particuliers. Je pourrais m’arrêter là, et la chose se suffirait à elle-même. Mais ce ne sont même pas des cours en langues que je propose, non. Ce serait bien trop simple. J’aurais eu une chance de m’en sortir !

Non. C’est de la littérature. De la littérature. Cette matière dont je n’ai lu les livres au programme qu’une seule fois au lieu des trois conseillées. Cette matière qui me fait un peu plus galérer parce que ça fait appel à des connaissances du lycée et que je n’ai pas foutu les pieds à l’école depuis l’âge de 18 ans. Ça aurait presque fait dix ans. Écrire ça m’émeut, mais ce n’est pas la question.

C’est comme ça que je me suis retrouvé, ce début d’après-midi même, assis avec un exemplaire de La Ballade de l’Impossible (ノルウェイの森 Noruwei no Mori) dans les mains, un papier, un crayon, et la tête vide en train de me demander ce que je fiche ici. J’avoue n’avoir fait aucun effort vestimentaire : un pauvre jogging gris avec un t-shirt noir. Pour ma défense, c’est samedi et je m’apprête à faire un effort intellectuel (et théâtral) intense. Ça ne m’empêche pas d’accueillir mon élève honoraire avec un grand sourire quand je le vois se diriger vers moi.

Nassim Majid & Marco Moretti

by emme

Ça faisait déjà quelques semaines que j'étais submergé par mes cours à rattraper en littérature. Les examens approchaient à grands pas et je me sentais totalement dépassé. J'avais essayé de me débrouiller seul, mais j'avais atteint un point où j'avais besoin d'aide. J'avais donc décidé de poster une petite fiche avec mon numéro dans la salle commune de notre résidence universitaire, dans l'espoir qu'une âme charitable répondrait à mon appel.

Ce jour-là, je me sentais stressé et anxieux en me rendant à la salle commune. J'avais mes notes et mes cours en main, mais je n'étais pas sûr à quoi m'attendre. J'avais tellement de matière à rattraper que j'avais du mal à me concentrer sur autre chose. Je savais que je devais redoubler d'efforts pour me mettre à niveau.

En arrivant dans la salle commune, j'aperçus la personne qui m'avait appelé en réponse à mon annonce. Mon cœur se serra légèrement, mais je me ressaisis rapidement. J'étais déterminé à profiter de cette opportunité pour obtenir de l'aide et progresser dans mes études. J'espère sincèrement que ce sera le début d'une collaboration fructueuse pour améliorer mes compétences en littérature.

J'avançai lentement vers la personne, nerveux mais résolu, il faut dire que son sourire ma un peu soulagé. J'étais reconnaissant qu'elle ait répondu à mon appel et j'espérais qu'elle serait en mesure de m'aider à combler mes lacunes en littérature. J'arrivai finalement devant elle, la saluant timidement.

Je m'arrête là, attendant de voir comment la personne réagit à ma présence, espérant qu'elle soit prête à m'aider dans ma quête de rattrapage académique.

Sam. 10 Fév. 2018
to know or not to know
Salle commune

Cher Journal,

Okay. Peut-être me suis-je trompé ? J’ai potentiellement souri à un parfait inconnu sans la moindre raison, parce que je n’ai pas la moindre réaction. Ça ne serait pas dramatique non plus, j’ai la joie de vivre après tout. Si l’on ne peut plus sourire aux gens sans raison derrière, c’est que le monde va terriblement mal.

C’est là qu’il s’arrête juste devant moi. Cette fois-ci, plus difficile de douter. Soit il est très étrange (ce qui n’est pas une fin en soi), soit il est muet, et je ne sais dire que quatre mots en langue des signes anglaise (donc s’il en parle une autre, c’est même pas la peine), soit… soit c’est bel et bien mon élève et il est timide.

Bon, bon, bon. Je n’ai rien contre les gens timides. C’est tout à leur honneur d’être des gens discrets qui savent se taire. Tout le monde ne peut pas dire que c’est chose aisée. Alors je m’éclaircis la gorge et, sans que mon sourire ne perde de son éclat, je dis :

« Moretti-san, c’est ça ? Je lui demande. Pour la leçon de littérature ? »

Nassim Majid & Marco Moretti

by emme

TO KNOW OR NOT TO KNOW

feat Nassim Majid

Je hoche la tête en signe de confirmation. J'ai l'impression que mes joues commencent à rougir. Je suis gêné d'avoir l'air impoli, mais en même temps, je ne veux pas non plus paraître trop insistant ou bizarre en m'arrêtant simplement devant lui sans rien dire. Je me sens un peu bête de ne pas avoir pris l'initiative de dire bonjour en premier, mais je suis soulagé de voir qu'il semble amical et compréhensif.

Je prends une profonde inspiration pour me calmer et je lui réponds :

<<Oui, c'est bien ça. Je suis Marco Moretti, je suis aujourd'hui ton élève de littérature. Je suis désolé si j'ai semblé impoli tout à l'heure en m'arrêtant sans rien dire.>>

Je souris légèrement en espérant que cela dissipera un peu le malaise que je ressens. J'ai l'impression que mes mots sont maladroits, mais j'espère qu'il comprendra que je ne voulais pas être impoli ou déplacé en m'arrêtant ainsi devant lui.

Je me sens un peu nerveux, mais je fais de mon mieux pour paraître confiant. Il a l'air sympathique et ouvert, alors je décide de continuer la conversation.

« Je suis désolé si j'ai l'air un peu distant ou timide. Je ne suis pas très doué pour socialiser, mais j'essaie de m'améliorer. »

Je lui souris de nouveau, espérant que cela le rassure. Je suis heureux d'avoir eu la chance de trouver quelqu'un. Je m'installe à la table, en face de lui, en essayant de ne pas paraître trop nerveux. Je veux m'assurer de ne pas paraître incompétent ou ennuyeux devant lui. Je me demande si j'ai ce qu'il faut pour être à la hauteur de ses attentes.

Je prends une grande inspiration et je lui demande ce qu'il va enseigner aujourd'hui. <<Alors que m'as tu réservé comme leçon ? >> lui dis-je légèrement souriant.

J'essaie de paraître intéressé et passionné, car j'adore la littérature et j'apprécie le partage de connaissances. J'espère que notre leçon sera aussi fascinante que les autres en cours et que je pourrai en apprendre davantage sur l'univers de la littérature.

(c)Padsky>

Sam. 10 Fév. 2018
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Salle commune

Cher Journal,

Je ne m’étais donc pas trompé en fin de compte. Reste à voir dans quelle catégorie est-ce qu’il se range : bizarre ou timide. À en croire sa façon de me répondre et d’aussitôt s’excuser (des manières bien japonaises pour quelqu’un qui n’a absolument pas l’air de l’être), je penche davantage pour la seconde option. D’un geste de la main précipité, je balaye ses excuses et pouffe. Je lui réponds avec un certain enthousiasme :

« Mais il n’y a pas de mal voyons ! »

Si j’étais dans la rue et que je venais de lui montrer le chemin, je lui aurais probablement donné l’accolade et tapoté l’épaule pour le rassurer. Néanmoins, je retiens mes gestes et je me contente de l’inviter à s’asseoir à côté de moi. Le livre est toujours posé bien sagement sous ma main et je secoue la tête à sa nouvelle volée d’excuses.

« Je ne me formalise pas, ne t’en fais pas pour ça, ajouté-je en faisant des percussions sur la couverte du bouquin avec le bout de mes doigts par automatisme. Tu es à la fac’, c’est le meilleur endroit pour ça. »

Et pour étudier, entre autres.

Il y a un instant où je me demande s’il n’agit pas comme ça parce que ça se voit que je n’ai plus l’âge d’être ici. S’il pense que je suis un élève de dernière année, il se fourre le doigt dans l’œil. Je ne suis rien de plus qu’une feignasse, cher Moretti-san. Cesse de te mettre des étoiles dans les yeux. De toute façon, tu risques d’assez vite le découvrir. Sauf si j’arrive à jouer la comédie plus longtemps que prévu. L’un dans l’autre (et si j’y mets du mien), lui donner des cours me permettra sûrement de réviser.

Alors quand vient la question fatidique, je ne baisse pas les masques, oh que non. Je prends une mine d’autant plus confiante, celle d’un passionné de littérature, celle d’un mec qui sait ce qu’il fait.

« Patience, patience ! Avant ça, j’ai besoin que tu te positionnes un peu si je veux que le cours soit adapté à ton niveau, expliqué-je en retirant ma main du bouquin. J’imagine que tu as déjà ton propre exemplaire du livre et que tu l’as déjà lu ? »

Enfin, je dis ça mais j’espère pour lui que c’est le cas. Parce que sinon, on est dans de beaux draps. Les examens arrivent à grands pas et s’il n’a pas lu l’ouvrage au programme, ça risque d’être tendu pour lui. Quelque-part, moi ça m’arrange. Ça voudrait dire que je pourrais passer cette première leçon à broder sur un truc que je connais déjà.

Nassim Majid & Marco Moretti

by emme