[L-1] Le jugement des 2,5 vrais

Je ne sais pas qui m’a jeté un sort pendant les vacances mais, j’ai eu assez d’émotions pour tout le reste de l’année en l’espace de deux mois. Le départ de Riku, j’ai vraiment du mal à l’encaisser. Y’a qu’à voir le bordel que j’ai mis dans ma chambre juste après...

Heureusement que je suis bien entouré, qu’on m’aide à ne plus y penser. Sans eux j’aurais pété un câble ! Mon Rinbo a eu une super idée pour qu’on se marre bien, se faire des costumes pour Halloween ! Il est temps de concrétiser notre duo, l’idée m’a tout de suite plu ! J’ai donc pris les vieux - enfin pour ma mère hein - vêtements qu’on m’a autorisé à malmener et ça fait plus de trente minutes qu’on débat ! Je pouffe de rire à l’idée de génie de Seito.

« Ouais et moi j’te poursuis déguisé en Luigi avec un aspirateur ! »

Eh en vrai, ce serait trop marrant ! Bon un peu moins de payer les frais de dégradation par contre... Je me balance sur sa chaise de bureau, offre un sourire colgate à l’un de ses colocs qui aimerait bien qu’on baisse le son. Euuh nan ? Pas envie aujourd’hui. J’sais c’est pas cool blabla. Je manque de tomber quand Seito parle de menottes. Pour quoi faire ?!

« Oh purée j’ai flippé ! J’ai cru qu’on partait dans des bails sombres ! »

J’éclate de rire et me calme aux protestations. Finalement les colocataires préfèrent s’en aller, tant mieux !

« Eeeh ! Parlant d’attacher, sinon princesse prisonnière en détresse ! Attends... »

J’attrape une robe rouge au hasard. En vrai, peu de chance que je puisse la fermer, pas assez large au niveau du torse mais pas grave. J’enfile la robe et commence à me pavaner avec, démarche chaloupée et voix aiguë en prime.

« Mon bon prince, au secours aidez-moi ! Enlevez-moi ces menottes, je vous en prie ! »

Robe:

« Parce que t’es un vilain p’tit fantôme farceur ! »

Il nous faut vraiment pas grand chose pour délirer. Comme une phrase sortie de son contexte concernant des menottes par exemple ! Je manque encore de tomber de la chaise en riant à sa définition de BDSM mais me rattrape in-extremis.

« J’sais pas moi ! J’ai cru qu’on était passé à confession de mes petits secrets intimes ! Ah purée j’vais finir au sol avec nos conneries ! »

Comme si on n’en avait terminé ! J’en ai en stock moi ! Ni une ni deux, je me retrouve avec une robe, tout fier de défiler. Eeheheheh mission réussie ! Je me plie en deux et fait autant de bruit que Seito en rigolant, on va finir par rameuter les chambres voisines. J’en essuie mes yeux !

Oh, oooh ! Je savais que je pouvais compter sur mon Rinbo. En plus il peut la fermer lui sa robe bleue ! Seito manque de tomber, forcément ça me fait pouffer !

« Raiponcinbo ! Pfhahaha ! Mais enfin belle-maman, je veux être libre et rencontrer mon prince charmant ! »

Avec la voix aiguë bien sûr ! C’est trop dur de rester dans le personnage, j’en ai des crampes au ventre ! J’sais pas trop pourquoi Seito rougit mais j’ai pas trop le temps de me poser la question qu’il me tacle !
« Tu t’es vu dans l’rôle de la mère marâtre toi ! »

« Que vous êtes cruelle mère-Rinbo ! »

Ca me rappelle notre première rencontre au speed dating de l’amitié. Il a fallut d’une phrase pour inventer tout un délire !

« Vous l’êtes je vous l’acc- »

Sauf qu’une voix qui ne nous est pas inconnue vient interrompre la pièce. Ah, qu’est-ce qu’elle nous veut Silent Heel ? On est super ! Vu qu’elle part en fou rire je reste dans l’ambiance et m’offusque du mieux que je peux. N’empêche, le Rinbo... Pourquoi il se cache les parties ?! J’en peux plus de lui ! Ou alors c’est pour jouer la reine pudique et c’est de l’acting de génie amateur. Quoi que, ses joues sont plus rouges que les miennes, j’connais bien ça. Il s’en sort quand même !

« Mais mais... Vous ne pouvez pas m’empêcher de suivre ma destinée ! »

Je me tourne vers Gabriella, reprenant ma voix normale. Ben tiens, elle tombe bien!

« Et elle est là ! Que nous vaut la visite de Marraine la bonne fée ? Si tu cherches le prince Monty, il fait le tour du royaume sans savoir que la chaussure de verre est à moi ! »

Parce qu’à part son frère, je ne vois pas trop ce qui pourrait l’amener ici. Gabriella finit par faire remarquer à Seito qu’il se cache pour rien et j’suis obligé de pouffer.

« Oh pardon mère-Rinbo ! Ne vous insurgez pas tant ! »

Je m’excuse, je m’excuse, mais j’en ris pas moins pour autant ! Surtout quand Seito tente de mettre sa menace à exécution, mais qu’il finit juste à se cogner la tronche contre mon torse. Alors lui... Y’a pas un moment où il m’achève pas j’vous jure ! Je le rattrape par réflexe et le laisse se redresser.

« Eheheh ! Bientôt dans vos salles, Iron Man et la tour gardée ! »

Et Gabriella qui surenchérit, clairement mon Rinbo n’a pas de chance d’être dans notre viseur. Je vais manquer d’air s’il n’arrive pas à se dépatouiller de sa robe dans les prochaines secondes. Notre invitée surprise propose de l’aider, je vais m’y mettre aussi, le pauvre.

« Allez arrête de gigoter ou c’est comme dans Harry Potter avec le filet du diable, tu vas finir étranglé ! »

Et ça f’rait pas top sur l’épitaphe ! Allez, j’aide Gabriella à remettre la robe correctement et puis il ne reste plus qu’à défaire la fermeture. Une idée me vient en tête, vu qu’on a Miss Mode avec nous.

« Et d’ailleurs, tu pourrais pas nous aider à trouver une idée de costume pour le bal d’Halloween ? Puisque t’as l’air calée sur le sujet... »

Je laisse planer ma voix jusqu'à Gabriella. Maintenant qu'elle est dans la chambre, ça m'étonnerait qu'elle ne jette pas un oeil aux robes un peu partout.

Quelques idées de robes dans le lot:

Bon, sa fierté a pris pas mal de coups en quelques minutes faut l’admettre. Je comprends qu’il ronchonne un peu. A moins qu’en fait il soit surtout vexé qu’on n’ait pas vu à quel point il était magnifaïke dans cette robe !

« Rooh tout d’suite ! Bien sûr qu’elle t’allait bien ! Mais elle n’a pas tort, faudrait tenter sans les vêtements dessous. »

Puisque Gabriella est là et qu’il me semble que la mode est son dada, j’en profite pour gratter son aide. Mon Rinbo n’a pas l’air enchanté par l’idée malheureusement. Comment il veut la mettre dehors, c’est trop mignon. Bon moi aussi j’aime l’idée qu’on galère à deux pour nos costumes et tout, mais le but c’est qu’on soit de fiers justiciers, si possible, sans que ça se déchire au meilleur endroit, les fesses !

Je hausse les épaules quand Seito me fait les gros yeux, pour faire passer le message. On est télépathes depuis peu.

« Je savais que t’allais demander ça ! T’as l’air intéressée par cette robe là, tu pourras la prendre si tu veux. T’es ok Rinbo ? »

J’ai pas non plus envie qu’il me fasse la tronche, s’il veut vraiment pas, on fera comme on avait prévu.

« Roooh, mais c’était mon plan A les robes assorties ! Nan mais y’a des parties qui peuvent servir, quand c’est assez épais. »

Et là, Rinbo prononce... Le-verbe-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-les-lettres. Attaque de robe dans la tronche de Seito, c’est qu’elle est remontée !

« Mais t’inquiète c’est que des exemplaires que ma mère met plus... Autant qu’elles servent au lieu de prendre racines dans l’armoire ! »

Je murmure quand Seito et Gabriella échangent sur son costume à elle.

« A part en sorcière t’façon... »

L'idée qu'elle propose me branche bien, ça m'a traversé l'esprit, sauf qu'il faut toujours qu'elle ajoute son p'tit commentaire, une vraie pestouille !

« De héros tu veux dire ! On fait pas de transition et tu materas nos biceps sans un gramme de graisse ! »

Ouais j’aime Hercule, je reconnais la ref. Je lève les bras et contracte mes biceps pour faire le clown comme d’hab, sauf que... Ben la robe n’est pas trop d’accord et on entend un scraatch très net.

« Oh merde, j’l’ai déchiré ! »

Je l’enlève doucement pour voir les dégâts. C’est pas dramatique et comme j’ai dis, elles ne seront plus à mettre, enfin sauf si Gabriella était intéressée, mais vu celle qu’elle a dans les mains, c’est pas le cas. Ouf, parce que déjà qu’elle va péter un câble en voyant la déchirure...

« Mais ouais, j’y ai pensé ! Ce serait super cool, sauf que j’ai pas d’idées de design... C’est là qu’on va voir si t’auras cette robe Miss Lagerfeldossa ! »

Un mec assez spéc' la première fois qu'on le rencontre d'ailleurs.

Mon Rinbo essaie de tirer les vers du nez à Gabriella mais elle m’a pas l’air du genre à changer d’avis aussi facilement.

« Laisse tomber va, elle dira rien. »

Mon petit épisode de clown finit comme il se doit, à savoir pas très bien, surtout pour une certaine personne. Toujours un truc à dire celle-là !

« "C’est ça quand" et gnagnagna ! »

J’imite Gabriella, pas besoin d'avoir tout entendu pour comprendre et me laisse tomber sur le lit de Seito. J’vais pas mentir, je comprends que ça l’énerve de voir les robes dans cet état parce qu’elle aime ça. Moi, j’avoue que j’ai toujours une certaine rancœur et désintérêt total envers tout ça, par rapport à ma mère. J’y apporte aucun attachement et est plutôt insensible à ce qui peut bien leur arriver... J’dis pas que c’est bien mais c’est mon avis sur la question.

Alors ouais, Seito mort de rire ça me suffit pour pouffer et oublier de me prendre la tête avec elle. Par contre, il y prend goût à la destruction du matériel lui !

« Ouais le fait pas avec les autres quand même sinon y’a plus de matières ! J'sais pas dessiner non plus. »

Et on va pas avoir le choix que de chercher des modèles visiblement puisque finalement, Gabriella n’a plus envie d’aider. T’façon ça deviendrait un champ de bataille cette chambre je sens. Puis sérieux son balai de sorcière est toujours placé au même endroit depuis l’urbex ma parole ! Je crois qu’on n’arrivera pas à s’entendre de si tôt !

« Pff ben c’est ça nous aide pas, comment tu t’défiles. Trop challengeant pour toi ouais ! »

Provocation tout à fait assumée. Une minute !

« T’oublies pas quelque chose là ? Le deal c’était que tu nous aide pour avoir la robe, alors merci de la reposer où tu l’as trouvé si tu renonces. »

Tarés peut-être mais pas demeurés.

Bon ben retour à la case départ. Mon Rinbo, les robes et moi. Un bon titre pour un drôle de film. Genre deux mecs qui doivent se rendre à un gala déguisés en femme pour on ne sait quelle raison et qui galèrent à cacher la mascarade. Je divague !

« Allez, on va bien réussir à faire quelque chose tous les deux ! C’est une mission pour les Rinbos, on le devra qu’à nous ! »

Du coup, avec le très très peu de souvenir que j’ai de comment on dessine une vague silhouette - merci maman -, je prends une feuille et essaie de voir quel genre de costume on peut se faire.

« Ample ou près du corps façon marvel ? Ah nous faut un logo aussi ! »

Si Seito est choqué que Gabriella ait ignoré ses suppliques, je ne lui suis pas plus que ça.

« Moi j’abandonne, aucun humour ! »

Il y a plus important. On n’a toujours pas avancé d’un pouce sur nos costumes ! Tout compte fait, ça ne me dérange pas de galérer, on s’en souviendra longtemps comme ça. Crayon, feuille attrapée sur le bureau du Rinbo et posé en tailleur au sol, je commence à croquer une silhouette masculine. J’écoute en même temps les avis de Seito.

« Près du corps ok... »

Mes traits ne sont pas très nets et droits mais ça suffira. Un R en logo... Ouais c’est pas mal mais... Oh pas bête l’idée des deux R !

« J’aime bien l’idée mais ça fera bizarre nan ? »

Seito prend aussi de quoi dessiner et je me penche un peu vers lui pour mieux voir. Ouais nan pas de kanjis. J’observe les deux R qui se dessinent sous plusieurs versions. Instinctivement je trouve qu’ils rendent mieux quand ils sont très proches. Seito trouve finalement la forme parfaite et je lève la tête vers lui, trop fier de mon acolyte !

« C’est génial ! Je kiffe, tu gères ! Oh je les vois bien en doré ça ressortirais bien sur le rouge et le bleu, tu trouves pas ? Ah et des masques ? T’en penses quoi ? Genre comme dans Les indestructibles ! »

Pendant que Seito réfléchit à l’idée des masques, je m’applique à reproduire le logo des R en miroir grâce à ses feutres. Concentré, un bout de ma langue dépasse de ma bouche. Parfois je gomme quand l’arrondi des R est trop différent. J’aime pas quand c’est pas symétrique. Franchement, le rendu est super cool vu le peu de temps qu’on a pris à le trouver, trop fort ! J’ajoute les masques et c’est THE REVELATIOOON ! J’le vois dans les yeux du Rinbo qu’on est complètement d’accord, croquis finalisé ! Seito s’excite comme une puce et son check me pique les phalanges, je secoue ma main en riant. Je tends la feuille devant mes yeux pour mieux admirer le travail. Je me sens l’âme d’un artiste en herbe.

« Eheheh ! Bon soyons honnêtes, c’est VRAIMENT pas ma meilleure œuvre, tu sais l’art ça va, ça vient. Il y a des jours avec, des jours sans. Des vidéos Youtube ? Allons très cher, la créativité ne supporte aucune limite. »

Je prends un ton un peu pompeux, digne d’un designer perché. Noooon, je n’imite pas du tout une connaissance de ma mère, je n’oserais jamais. Seito se lève pour prendre des ciseaux, ça va enfin prendre forme. Je dois féliciter son enthousiasme comme il se doit ! Entre jeunes pupilles de la mode !

« AH CA C’EST L’ESPRIT ! Casse les codes mon chou ! »

Je claque des doigts comme un excité transi de la mode. Bon ok, j’exagère largement, mais ma caricature me fait marrer ! Place aux choses sérieuses. On ne coupe aucun tissus sans les bonnes mesures. Et bien sûr qu’est-ce que j’ai oublié de piquer à ma mère ?

« Ah ouais ! Merde, j’ai oublié le mètre de couture que j’voulais prendre chez moi ! »

Le Rinbo a heureusement une solution. Une solution risquée et à faire crier n’importe quel couturier mais c’est tout ce qu’on a. A moins de demander a miss-j’ai-pas-d’humour mais c’est mort. Elle voudrait pas t’façon. Bah, j’ai bien dis de casser les codes nan ?

« A la règle, ma mère péterait un cable en nous voyant faire ça ! »

Je glousse en voyant Seito mesurer son bras. Le plus marrant ça a été le tour de taille, avec une règle droite... Oh purée j’en peux plus de nos conneries. Je me suis laissé tomber sur le côté en le voyant se tordre pour voir la mesure dans son dos tellement je rigolais. Bien sûr il m’a ralé dessus comme quoi j’pourrais l’aider et lui dire les centimètres au lieu de faire le c*n, mais c’était trop ! Quand mon tour est venu j’ai d’autant plus rager d’avoir oublié le mètre. Malgré ces péripéties, rien ne nous résiste et nos mesures sont prêtes ! A un ou deux centimètres près ça va le faire.
 
« Et ouais, on fait pas de figuration nous, un héros trop propre sur lui n’a pas vécu assez d’épreuves ! »

De mon côté je m’en sors pas mal niveau mesure. Sauf peut-être un peu court pour les jambes, bof ça se verra pas avec les chaussures ! On passe notre matinée à confectionner nos costumes et c’est un moment super sympa. Même s’il y a des loupés qu’on rattrape comme on peut, ça vaut bien les barres qu’on se tape. Et puis, au fur et à mesure ça commence à ressembler à des vrais costumes, j’ai hâte qu’on les enfile ! Pour moi ça marque vraiment encore un peu plus le poids de notre amitié. Je lève fièrement le haut du costume en me mettant dehors et me tourne vers Seito en le plaquant contre moi.

« Les criminels de Kotham n’ont qu’à bien s’tenir! »

« Nan j’abuse, j’ai rencontré qu’une personne qui parlait vraiment comme ça ahah ! »

Autant dire qu’elle m’a marqué ! Au-delà du milieu en lui-même, chaque fois que j’y ai mis les pieds j’ai rencontré un tas de personnes différentes. Elles m’ont appris très jeune l’ouverture d’esprit, sans même que j’y vois un quelconque effort d’éducation. C’est pour ça que voir un homme avec une jupe ou des talons ne m’a jamais choqué, de même qu’une femme en costard d’homme. C’est que du tissu et puis il y a quelques siècles, les talons c’étaient pour les rois, on l’oublie vite.

Enfin bref, tout ça pour dire que j’aime ce que la mode a pu m’apporter psychologiquement et tout le reste c’est très mitigé. Autant que l’idée de se mesurer avec une règle en plastique. Pourquoi je l’ai écouté déjà ? Ah oui, j’ai oublié Maître Ruban ! Au final heureusement, je me tape mon meilleur fou rire et ça vaut tous les rubans du monde ! Encore plus quand ça fait râler mon Rinbo. La souplesse c’est pas son fort le pauvre. En bon coéquipier, j’essaie de me calmer pour répondre à son appel à l’aide. Purée que c’est dur.

« D’accord pffrt, j’arrive, j’arrive ! Krkrkr... »

Avec peine, car je ricane toujours, je me mets debout pour tenir la règle et mesurer correctement son dos. Seito me le fait bien payer quand c’est mon tour. Je dois galérer un moment et lui demander plusieurs fois de m’aider quand je me rends compte que je ne suis pas plus souple que lui. On a aussi bien rit quand j’ai précisé qu’il fallait bien prendre en compte l’arrondi de mes fesses. Oui j’suis con, il l’a dit tout à l’heure faut suivre un peu.

Passons à la couture, l’étape de vérité, cruciale et déterminante. J’ai les mains qui tremblent un peu. Ca me demande beaucoup de concentration de rester sérieux pour coudre. A part une fois quand ma mère a insisté pour me montrer comment recoudre un trou de pantalon, je n’ai jamais retouché une aiguille. J’vois pas l’intérêt quand on peut payer quelqu’un pour le faire. Le haut survie a mon absence de talent et je montre le résultat à Seito qui me complimente. Eh lui aussi s’en sort bien !

« On est des génies ! »

Il a bien fallu deux cerveaux sur ce projet ! Plus qu’à terminer les bas, bricoler un peu les couacs comme on peut et tada ! On essaie les costumes terminés et Seito me fait sursauter.

« Oh, où ça ? »

Ca va c’était pas à un endroit chiant. Vu qu’on n’a pas de miroir on se regarde l’un l’autre et rien que ça suffit à donner le verdict. On déchire ! Les R, les couleurs qui ressortent bien, c’est ni trop moulant ni pas assez. Seito prends un des masques, le mien ? Il se place derrière moi pour le mettre. Je souris, c’est un peu comme si on avait signé un pacte invisible. Quand il revient le sien, je fais pareil une fois qu’il me tourne le dos. J’essaie de ne pas le toucher et frôle juste ses cheveux. J’ai du mal à décrire comme je suis content de le connaître, comme j’ai vraiment envie qu’on reste amis indéfiniment. Je sais qu’un jour, on ne sera plus sur ce campus mais, j’ai envie de croire que ce sont pas quelques kilomètres qui auront raison des Rinbos. C’est impossible.

« Ouais, toi et moi, Rinbo forever. »

C’est un vrai, il a forcément la référence comics. Promesse tacite, les Rinbos sillonneront Kobe pendant très longtemps. Même si nos costumes finissent en lambeaux, on les raccommodera, peut-être même qu’un jour on s’en fera des encore meilleurs. Dans tous les cas, les premiers seront toujours spéciaux, avec une valeur en plus.