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- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
En cette après-midi de septembre, le Neko Café bruissait des conversations facétieuses des clients tout autant que de l'odeur du sucre. Sur une table, une coupe glacée dépassait d'une tête le jeune couple qui l'attaquait par la face Nord. Sur une autre, des chocolats liégeois faisaient flotter une ambiance neigeuse, la crème fouettée semblant flotter au dessus des tasses comme si des nuages miniatures, aussi doux que du coton, avaient su se frayer un chemin jusqu'à l'intérieur des lieux. Du glucose, du sorbet, du caramel, l'amertume du café, des émanations de lait chaud et le bruit des siphons à chantilly détendant dans l'air du protoxyde d'azote. Le frottement des chaises sur le parquet, les éclats de rire étouffés par la musique entrainante mais laissée à faible volume, les couleurs vrillées des pailles dépassant des contenants, et une pluie de billes de tapiocas dans des mètres de verres bariolés. Aucun doute, le Neko Café était l'endroit adapté, le lieu parfait pour ensevelir n'importe quelle peine de cœur sous des mètres cubes de produits à l'indice glycémique plus élevé que la ligne de Karman.
Il était seize heures, il était l'heure du goûter, le calcul était correct. Arrivé nonchalamment dix minutes plus tôt, Yukio avait été surpris de l'affluence. En cette période de l'année, les jeunes ne devaient pas encore avoir rempli leur cartable de devoirs et de cours à réviser, car ils étaient plutôt nombreux à avoir pris d'assaut le café pour se gaver de confiseries. Ils pouvaient bien profiter les sagouins, il ne leur restait pas énormément de temps avant que leurs corps ne se mettent à stocker le trop plein de calories. C'était maintenant ou jamais, minuit moins quart avant que le moindre gâteau ne condamne à une heure de footing.
Il avait fallu, d'une certaine manière, jouer des coudes pour obtenir une table. Qu'à cela ne tienne, le professeur d'histoire était retors, une qualité essentielle à mobiliser quand il s'agit de s'assurer une place confortable dans un endroit bondé. Scrutant la salle, il avait repéré un juvénile consommateur seul à une table pour deux, habillé avec un effort certain, et en proie à un stress palpable. Cible parfaite, il n'avait eu qu'à s'approcher, et lancer sur un ton calme mais empreint de reproches: "Je suis son père, elle ne viendra pas. N'essaie plus de la recontacter sinon tu auras des problèmes. " pour que le gamin prenne ses jambes à son cou. Il n'avait même pas eu un début de remord: s'il avait tenu à elle, une discussion mouvementée se serait tenue séance tenante entre le courtisan et le géniteur. Il s'était enfui, garçon de peu de foi.
Table libérée, siège disposé avec soin à distance optimale de la table, il ne restait plus qu'à attendre Maya. Yukio n'avait pas souhaité en savoir plus par message téléphonique, les afflictions du muscle cardiaque ne pouvaient être traitées par téléconsultation. Rendez-vous avait été pris, et si l'enseignant ne connaissait pas la nature exacte du problème, il se doutait de sa teneur. Une méchante dame devait avoir cassé le kokoro de Mademoiselle Wayne, il s'agirait de recoller les morceaux.
Le carillon de la porte d'entrée le fit sortir de ses réflexions. Il leva les yeux, mais il ne s'agissait pas de celle qu'il attendait, tout juste d'une jeune fille seule et apprêtée, qui sembla chercher du regard quelqu'un dans la salle, visiblement sans succès. Ostensiblement déçue de s'être fait posé un lapin, elle ne tarda pas à tourner les talons, beaucoup moins souriante qu'à son arrivée. Le professeur d'histoire soupira avec commisération: les hommes ne savaient décidément pas tenir leurs promesses.
Le regard désabusé et circonspect, il se mit à consulter la carte, qu'allait-il bien pouvoir proposer comme défi à son pancréas ?
- InvitéInvité
Tu es juste... détruite, il n’y a pas d’autre mot. Et tu as failli faire faux bond au gentil professeur qui a libéré du temps pour toi. Tu as tellement pleuré que tu n’as plus d’eau à l’intérieur de ton petit cœur, une chose bien évidement impossible mais il faut croire que certaines lois biologiques ne s’appliquent pas à toi.
Alors bon, te voir débarquer dans un neko café, les joues creusées par les larmes, et les yeux rougis... bon, on t’a vu dans un meilleur état que ça. Là, tu es juste pitoyable. Et monsieur Lapin est de sortie, et visible, chose rare. Niveau âgé mental ? Gamine de 3 ans, environs. Mais tu arrives à arracher un visage quand tu vois le prof.
"Bonjour pro..."
Non. Si tu dis ça ici ça va répandre des rumeurs, et une étudiante qui pleure avec un prof...
"Yukio c’est ça ?"
C’est presque pire...
"Vous allez bien ?"
Tu renifles un coup. Au moins lui n’a pas besoin de poser la question.
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Le lapin fixait le professeur d'histoire avec de grands yeux tristes. D'une voix faible, on pouvait presque l'entendre se sermonner avec les mots de Lewis Caroll: "en retard, toujours en retard". Doux et affectueux, il tenait Maya par les mains, et n'était d'ailleurs pas beaucoup plus petit qu'elle. Yukio eut envie de le remercier pour avoir amener à bon port la gamine déshydratée d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps, et plus encore. Il était paradoxal d'avoir perdu autant d'eau et ne pourtant pas en être plus légère. La mine lourde, les cheveux tombants, les cernes rouges, l'étudiante s'était visiblement liquéfiée durant la nuit. Le phénomène avait été visiblement rapide et brutal, ce n'était plus une déshydratation, c'était une lyophilisation.
Invitant Mademoiselle Wayne à s'asseoir d'un geste accueillant et plein de commisération, le professeur murmura les paroles d'une lointaine chanson:
- ...Alors j'ai versé tant de larmes, que trois moulins en ont tourné, petits ruisseaux, grandes rivières, pendant trois jours ont débordé...
Il laissa Maya s'asseoir avec peine, portant son corps pourtant pas si massif comme s'il s'agissait d'un boulet de fonte, et la rassura sur un ton bienveillant:
- Yukio, c'est bien ça, et comparativement à vous, la question de savoir comment je peux aller ne se pose pas. Votre ami pelucheux n'a pas vraiment l'air plus en forme que vous, il semble que dans votre chagrin, vous lui ayez salé le poil.
Il eut un sourire indistinct, puis tendit la main pour remettre en place la mèche pendante qui se dressait entre lui et le visage de son interlocutrice, placée là par l'affaissement général de cette dernière. Tout en écartant le lot de cheveux, il lui glissa:
- Vous avez fait l'effort de venir, regardez moi au moins dans les yeux, il n'y a rien de honteux dans le fait d'être élégiaque, et je ne suis pas là pour vous juger, vous devriez le savoir.
Il reprit sa place, et tandis qu'il indiquait au serveur qui passait le besoin pressant qu'avait leur table de se voir couvrir de chocolat chaud et de café, il proposa d'un ton posé, calme et presque alcyonien:
- Et si vous commenciez par tout me raconter ? J'ai posé mon après-midi, j'ai tout mon temps, et vous semblez avoir toute une vie à déballer.
Il ponctua son offre d'une risette affectueuse: les contes des émois survoltés des coeurs ingénus étaient toujours touchants, et le portaient invariablement à l'indulgence et à la prévenance.
- InvitéInvité
Il évite ta question. C’est un peu bizarre. Non ? Oui ? Peut-être. Tu ne sais plus. Tu ne sais pas. C’est compliqué de vivre avec deux neurones, surtout quand l’un est profondément blond, et l’autre veut se noyer dans ses larmes.
"Voui. Monsieur Lapin a du mal avec l’eau. Et il pleut beaucoup en ce moment."
Inutile de préciser à quoi tu fais référence. Ca serait une perte de temps, et ton temps il est bien mieux passé à morfondre et déprimer. Non, attends...
"C’n’est pas aussi simple..."
Comme si tu peux le regarder dans les yeux. Tu es trop dépitée pour ça. Trop tristounette.
"Ca n’est pas une question de honte ou de jugement."
Encore. Oh, tout raconter ? Il pleut à nouveau. Aller, calme-toi, inspire un coup. Ouf, ça va mieux. Temporairement. Pas longtemps du tout, ça c’est sur.
"Elle ne veut pas de moi..."
Bon, c’est un début de réponse.
"Pourtant elle dit qu’elle m’aime !"
Enfin oui. Enfin non. C’est compliqué. Très compliqué.
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❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
La sagesse du colonel Hughes irriguait les paroles de l'étudiante éplorée. La pluie s'abattait sur les alentours avec la furie renouvelée d'une mousson intermittente. Les larmes des nuages embrumaient le visage de Maya, tandis que son esprit se voyait noyé par les ruissellements de ses pensées liquéfiées. Il était toujours touchant de voir quelqu'un fondre sous l'érosion de ses propres humeurs, surtout quand il s'agissait d'une jeune fille entretenant encore ses réflexions par des découvertes quotidiennes. Le cycle rythmique de la lucidité frappant les trajectoires personnelles. La vie serait bien ennuyante si les jeunes n'avaient pas à redécouvrir les peines et les joies de leurs ainés, vivant dans leur chair les désillusions et les heureuses surprises. L'existence serait alors faite de raison et d'apathie. L'espoir devait vivre, et tout le monde n'avait pas la chance d'être Antonio Gramsci.
Elle l'aimait, et ne voulait pourtant pas d'elle. Touchée dans le cœur, ses yeux disaient le contraire. Voilà qui était original. Il convenait de prendre des notes, le scénario pouvait intéresser Hollywood. Les chemins tortueux de la sentimentalité humaine avaient encore accouché d'une chimère sans queue ni tête. C'était, à vrai dire, souvent le cas. Les choses n'étaient jamais simples, du moins en apparence, et la complexité projetée du monde finissait invariablement par induire une sous-optimalité des configurations romantiques. D'aucuns auraient pu dire que l'oubli de l'essentiel faisait obstacle à la spontanéité de la fièvre amoureuse. Et pourtant, paradoxalement, la sincérité pouvait s'avérer trompeuse.
Yukio se sentit contraint à une grimace coupable. Il était plutôt mal placé pour dénoncer l'artificialité des relations contrariées. Après tout, il ne faisait pas preuve, dans sa propre vie, d'une profonde honnêteté vis-à-vis de ses sentiments et de leur mise en application concrète. S'il s'était appliqué ses leçons, il n'aurait toutefois pas tout à fait été humain. Qu'à cela ne tienne, on pouvait éclairer la voie de ses compagnons de route tout en restant soi-même dans le noir le plus complet. Après tout, les rayons de lumière d'une torche électrique étaient souvent directionnels. Personne n'était prophète en ses terres. La gamine avait besoin de ses lumières, il pouvait bien payer la facture d'électricité.
Voyant venir la prochaine vague de larmes, il tendit avec complaisance son mouchoir toujours présent dans la poche de sa veste, invitant sa patiente à y déposer ses sanglots avec dignité. Puis, d'un ton sagement affectueux, il porta à ses oreilles les paroles qui lui venaient à l'esprit:
- Les gens sont souvent indécis face aux vertiges de leurs propres passions. Pris dans leurs injonctions contradictoires, ils préfèrent la plupart du temps le malheur du statu quo à l'imprudence de l'inconnu. La peur peut conduire à bien des erreurs, mais il en est rarement d'aussi graves que celles qui consistent à renier ses sentiments sur l'autel de l'appréhension.
Il continua avec un ton légèrement monocorde, plutôt rassurant:
- Je sais à quel point cela peut vous faire mal. Cette impression d'avoir le cœur percé de milliers d'aiguilles, cet écartèlement lancinant dans la poitrine. On a beau le vivre encore et encore, on ne s'y fait jamais tout à fait. Mais si je puis négligemment vous rassurer, sachez qu'il n'y a qu'une fatalité relative à la persistance de cette affligeante condition. Posez ce lapin, regardez-moi dans les yeux, inspirez jusqu'à remplir complètement vos poumons, retenez le tout pendant trois longues secondes, puis expirez tout en vous relâchant complètement. Je pense qu'ensuite, vous serez mieux à même de m'expliquer plus en détails la situation.
- InvitéInvité
Un mouchoir. C’est sympa de sa part. C’est pratique les mouchoirs, ça permet de cacher les larmes. Celles qui continuent de couler malgré tes efforts. C’est compliqué. Les émotions sont bien plus fortes que toi, et de loin.
"Ca veut dire ?"
Tu es en vrac, et il n’a pas toujours une façon de parler... facile à comprendre et à interpréter, diton. Oh, il parle bien, mais là tu es un neurone qui est difficilement capable de réfléchir correctement vu qu’il est en rapin de se noyer. Donc... Tu comprends un peu pour l’histoire peur, mais après... il dit que tu es courageuse ? C’est ça ? Tu n’es pas certaine. C’est compliqué la vie. Surtout quand on est triste.
"Nyon, vous allez faire du mal à monsieur Lapin !"
Une vraie gamine. Mais le lapinou est ta bouée de sauvetage. Sans lui tu vas certainement te noyer dans tes propres larmes, une situation bien peu enviable. La respiration, ça va encore, tu tentes un peu même si ça n’est pas très efficace. Quant à le regarder... C’est peine perdue. La table et monsieur Lapin ne te jugent pas, eux.
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Un sourire, fugace, passe sur le visage du professeur d'histoire, comme déposé par le pittoresque de la situation, vite emporté par le vent soucieux des affaires graves et sérieuses. Il eut un petit élan de contrition interne, il fallait se montrer plus accessible. Ce qu'il disait avait beau être rigoureux dans le choix des mots, la portée pédagogique s'en trouvait rongée par l'exactitude du propos. La petite n'était pas en état de passer au tamis ses paroles précises. Il tentait d'agir au pinceau d'archéologue quand le bazar nécessitait le passage de la pelle mécanisée. Évidemment, il ne faisait qu'effleurer la surface par méticulosité compulsive. Il s'éclaircit la voix, et tenta d'y aller en volant plus proche du sol, tout en conservant son ton rassurant et paternel:
- Ce que j'essaie de vous dire, Miss Wayne, c'est qu'à votre âge, on se persuade rapidement que les convenances valent plus que le bonheur, que la passion peut être mise de côté au nom d'autres idéaux, et qu'on a le luxe de se refuser à vivre certaines histoires d'amour. Bien sûr, les années n'apportent que des regrets à ceux qui se fourvoient dans une telle forme de fierté. Et pourtant, la posséder quand on est jeune n'est ni rare, ni condamnable. Il faut tenter, comme toujours, de comprendre les choses avec empathie et bienveillance, et ne pas blâmer ses congénères ou ses proches pour leurs erreurs, toutes évidentes qu'elles soient. Je suis intimement convaincu que certaines choses doivent être émotionnellement expérimentées pour amener les gens à évoluer.
Il compléta:
- Elle vous aime, et pourtant ne veut pas de vous, cela veut donc dire que vous n'êtes pas responsable du fait qu'elle se dérobe. Il y a des milliers de justifications qui peuvent pousser un être à s'éluder face à ses sentiments. Évidemment, elles sont toutes mauvaises, mais elles n'en sont pas moins sincères. Votre amie est certainement aux prises avec des injonctions qui la dépassent, et ce n'est pas une faiblesse que d'essayer de la comprendre.
Le dépôt de tasses de chocolat fumantes couvertes de guimauve, et d'immenses verres colorés chapeautés de sucreries colorées, vint conclure son propos. Tant pis pour la glycémie, on ne soignait pas les chagrins d'amour sans calories surnuméraires.
L'enseignant ponctua le parachutage des douceurs semi-liquides sur la table de quelques mots plus impératifs:
- Si vous ne posez pas le lapin, regardez-moi au moins dans les yeux. J'ai besoin de lire dans les vôtres pour vous aider, et je vous ai déjà dit que je n'étais pas là pour vous juger.
- InvitéInvité
Ne pas vivre les histoires d'amour... celle-là, tu l'as vécu a pleine balle, a 100 a l'heure. Et tu t'es pris le mur qui stoppe le tout à fond,et ça fait des dégâts. C'est ce qui se passe quand on s'enfonce trop et qu'on ne veut pas faire de... compromis.
"Bah franchement ça ne donne pas envie d'expérimenter."
Tu auras dû t'arrêter avant, bien avant. Ça aurait été une amitié bizarre, mais tu serais restée relativement heureuse, et Nissa aussi. Tu auras fait semblant que tout va bien, voilà tout. Et tu aurais été terriblement triste le moment ou elle serait sortir avec quelqu'un d'autre.
"Si, c'est de ma faute ! Je ne serai pas comme ça, elle n'aura pas eu de problème !"
Et elle ne serait certainement jamais tombée amoureuse de toi.
"Je ne serai pas une gothique lesbienne on n’aurait jamais eu de problème. Je suis certaine que si j'étais un mec on serait ensemble en ce moment. Tout ça à cause de ses connards de parents."
La vraie déprime. Imagine si jamais un toi mec te la vole ? Tu le tues, direct. Au moins la colère te redonne un peu de courage. Assez pour le regarder avec tes yeux toujours larmoyants.
"Pourquoi voulez vous lire dans mes yeux ?"
Il n'y a rien a voir sinon de la tristesse.
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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La profondeur des émotions humaines se mesure à la hauteur de l'abîme auxquelles elles peuvent nous jeter. A ce titre, il était pertinent de se demander si la jeunesse n'était pas plus vertigineuse que les autres époques de la vie. A force d'être noyé par le flot des années, on apprenait peut-être à surnager face à ses propres déceptions, à refouler avec une maturité évasive les peines de cœur, à jeter ces dernières derrière les monceaux de responsabilité accumulées jour après jour. La question était relative. La jeunesse était-elle propre à dramatiser ? Ou bien était-ce la vieillesse qui, à outrance et en se fourvoyant, ne portait pas à certaines afflictions la considération nécessaire ? Jeu de perspectives. Yukio, malgré lui, pratiquait cyniquement la première alternative. Pour autant, il était intimement persuadé que la vérité se trouvait dans la deuxième. Avoir des réactions atones face aux déchirures de ses passions, c'était une forme de capitulation en rase campagne, une lente abdication face à la fuite du temps. La résignation, suicide quotidien, disait Camus. Vivre, c'était éprouver, et se dérober à ses tourments expansifs, c'était, au fond, mourir sans vraiment le désirer. Vivre, vivre intensément, voilà qui exigeait de plonger dans l'horreur des amours déçues.
Encore une fois, il faudrait peut-être un jour qu'il se résolve à se servir sa propre soupe. A force d'être camusien non pratiquant, on finissait par se faire enterrer avec beaucoup de livres et bien peu de souvenirs.
La bouche encore pleine d'une guimauve fondue qui gênait son élocution, le professeur reprit avec un ton moins paternel, plus amical et impliqué:
- Si vous n'étiez pas une gothique lesbienne, ma vie serait quand même moins intéressante. Vous me manqueriez presque. Pour le reste, c'est assez amusant de vous imaginer en homme, si vous permettez.
Il compléta:
- Ne vous en voulez pas, on peut se tromper sur ce qu'on fait, plus rarement sur ce qu'on est, et pour ce qui est de ce qu'on est, ce n'est pas vraiment comme si on choisissait quoi que ce soit.
Maya leva enfin les yeux, comme un chien à qui on aurait confisqué son os. Yukio y plongea son regard bienveillant, contemplant la sincérité maladroite qui habitait les larmes naissantes qu'il accouchait de son empathique observation. Il ponctua son examen d'une remarque calme:
- Oculi animae speculum sunt... Les yeux sont le miroir de l'âme. Dites-vous qu'un homme qui a mal fini a dit ça il y a à peu près deux milles ans. M'est avis qu'il ne s'est pas complètement trompé.
- InvitéInvité
Son résumé de ta personne est... intéressant. Réel, mais intéressant tout de même. C’est presque... vexant, d’une certaine manière, d’être résumée ainsi.
"Je ne vois pas vraiment en quoi je peux vous manquer."
Même si ça fait un peu plaisir, il faut bien le dire. Peut-être qu’il est maladroit lui aussi ? Non, ça t’étonnerait, il est trop malin pour dire des trucs "comme ça". Mais tu n’es pas vraiment en état de traduire. Sauf la dernière remarque.
" Alors oui, mais non. Je préfère mourir que devenir un homme."
Au moins c’est clair et net. Il y a des choses comme ça ou tu es intraitable. Tu ne veux pas devenir ton ennemi !
"On peut au moins choisir quelques trucs, même si c’est sur que ce genre de question il n’y a pas vraiment de choix, plus des envies."
Mais il y a des choses, comme ton caractère misérable, têtu et colérique, qui sont un peu par choix de ta part, même si c’est différent. On est construit par les autres, mais également pas soi même.
"C’est pas rassurant si vous dites ceci, si vous dites que je vais mal finir je pars mal."
Tu vois le mal partout. Peut-être plus que d’habitude. Ça ne serait pas étonnant. Au moins tu n’es pas en colère, c’est toujours ça.
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Yukio eut un court éclat de rire, incontrôlable. Les réponses de Maya étaient, en un sens, candides et adorables. La petite avait beau être psychologiquement instable, elle était mignonne, surtout quand elle se fourvoyait dans ses propres peurs et anxiétés. Le professeur s'éclaircit la gorge, comme pour éviter de s'étouffer en cas de nouvel éclat de rire, et s'adressa à elle avec un grand sourire:
- Il a mal fini, certes, mais notez qu'il est mort en restant fidèle à ce qu'exigeait la morale et le devoir politique. C'est triste, mais c'est une mort tout à fait honorable. Ceci étant, je doute que vous soyez contrainte à vous porter au devant d'assassins envoyés par des autocrates en devenir. Détendez-vous, vous finirez tranquillement, dans vos vieux jours, bien après moi, et avec quelqu'un à vos côtés, à n'en pas douter.
Il continua d'un ton badin:
- Vous êtes sûre de ne pas vouloir être un homme quand même ? Vous savez, c'est plutôt agréable de ne pas avoir peur d'être suivi dans la rue, ou de ne pas se faire couper la parole pour se faire expliquer quelque chose que l'on sait déjà.
Il reprit un air plus sérieux, et avala une lampée de sa boisson avant de poursuivre avec gravité:
- Personne d'autre n'arrive à me faire rire de manière impromptue. Enfin, presque personne. Voyez, heureusement que vous êtes là. Sans cela, je serais bien en peine dans mes journées moroses. Vous portez un regard rafraichissant sur les choses, et vous êtes attachante. Je sais bien que votre vie n'est pas faite de glissades sur du velours et du coton, mais ça ne vous empêche pas d'être quelqu'un de bien, et de mettre un peu de joie dans la vie des autres. Donc oui, vous me manqueriez quand même, si vous n'étiez pas là. Vous allez me dire que cela vous surprend, et c'est précisément ce qui me donne envie de vous aider. Vous êtes un peu trop dure avec vous-même. Je ne sais pas qui vous a mis dans la tête que vous ne valiez pas grand chose, et que vous ne pouviez compter pour personne, mais si je peux vous assurer une seule chose, c'est que cette personne là avait tort, et vous a menti.
Sentant que le sucre commençait à lui emplir un peu trop le sang, l'enseignant posa la main sur son front. Abuser de sa tolérance glycémique le rendait toujours un peu groggy.
- InvitéInvité
Il rigole. Pourquoi il rigole. C’est méchant de rigoler comme ça ! Il te prend pour une gamine, c’est ça ? Pas cool ! Tu l’es un peu, mais ça n’est pas une raison !
"Mouais, pour ce que vaut l’honneur de toute manière."
Pas grand-chose, c’est sur. Du moins d’après toi.
"Je ne vois pas trop pourquoi on voudrait m’assassiner. Quant au reste, bon, tant pis au pire je finis ma vie seule."
Il y a pire, vraiment. Tu n’en mourras pas. Tu crois.
"m’en parlez pas, c’est insupportable. Surtout le côté "je suis une femme, donc je suis fragile et je ne sais pas grand-chose"."
Ridicule. Un jour tu rendras la monnaie de leur pièce à ce genre de mec. Pour t’amuser un bon coup.
"Les gens le pensent, mais ne le disent pas forcément."
Remarque ils ont pas entièrement tord tu es le genre de femme capable de faire vite n’importe quoi.
"Chais pas vraiment si je suis quelqu’un de bien, mais on fait avec."
Pas la pire personne du monde. Mais bon, c’est sur que quand tu ne t’entends pas bien avec une personne, c’est à l’extrême. Tout est dans les extrêmes avec toi. Donc maintenant Nissa doit te détester à mort. Super...
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Maya avait raison. L'honneur n'était rien. Le Mos Majorum était tout. C'était bien plus vaste et englobant. Bien plus précis et pertinent. L'honneur était un caprice prenant le pas sur le devoir. La véritable vertu se trouvait ailleurs, dans le dévouement désintéressé d'un Cincinnatus bien plus que dans l'orgueil blessé d'un Tarquin le Superbe. Relever le gant, voilà qui était puéril. Offrir sa main au bien public, puis la dédier à la culture de la terre, voilà qui était, au sens latin du terme, civique et citoyen. Un bémol toutefois, si tout un chacun avait été Caton, le monde entier eût été une machinerie triste, ennuyeuse et bien huilée.
Légère tachycardie, le sucre faisait pulser le sang. Quelle idée de boire des trucs pareils ? Yukio parla doucement, avec un sourire gêné:
- Comme vous dites, au pire, vous finirez votre vie seule. Vous ne serez pas la première à qui ça arrive. Regardez-moi, je suis bien parti pour. Vingt-huit ans, pas l'ombre d'une bague au doigt, aucune perspective de compte bancaire commun avec qui que ce soit. C'est plutôt moi qui devrais avoir peur de finir vieux garçon. D'ailleurs, peut-être que vous ne devriez pas m'écouter avec autant d'attention. Au fond, je donne peut-être de très mauvais conseils.
Il eut un éclat de rire étouffé, comme pour se moquer de lui-même, puis continua:
- Vous avez encore le temps. L'avantage d'être une lesbienne gothique, c'est que personne ne s'attend à ce que vous soyez mariée dans les deux ans qui viennent, ou même à ce que vous vous lanciez dans la construction d'un foyer stable et au quotidien monotone. Je n'ai pas cette chance, et mon célibat persistant nourrit chaque jour le désespoir de ma pauvre mère. J'en serais presque attristé.
Le professeur hésita à se lever et à aller demander son numéro à la première femme qu'il croiserait. Parcourant l'assistance, son regard se porta sur une femme d'une grande beauté, mais dont les vêtements étaient assortis avec un mauvais goût certain. Il la passa en revue de haut en bas. La tenue cumulait deux imprimés qui n'allait pas ensemble, des surcouches mal équilibrées, et un choix de couleurs qui détonnaient les unes avec les autres, et qui étaient de toutes façons trop nombreuses. Soufflant intérieurement avec toute la médisance d'une langue de vipère au sortir de la messe, l'enseignant grimaça de dégout et clabauda d'une voix inaudible:
- Ma grande, le baroque c'est fait pour les gens avec un minimum de conscience d'eux-mêmes.
Ramenant ses yeux vers Maya tout en les roulant dans une critique conclusive, il renonça à toute demande de numéro pour la journée. Sortir avec des femmes au caractère insipide était encore tolérable, mais si en plus, elles s'habillaient mal, ça dépassait les bornes des limites.
Il reprit son discours originel avec une voix résignée:
- Peut-être bien que nous ne sommes pas faits pour fréquenter qui que ce soit... Maya, voyez, je crois que nous sommes trop bien pour le commun des gens. Ils ne veulent pas de nous parce qu'au fond, nous les éblouissons. Quelque part, notre élégance doit les intimider. Nous sommes des reines Maya, des reines incomprises. C'est pour ça que nous sommes seules.
- InvitéInvité
Finir avec une personne... pour l’instant, c’est mal parti,on ne va pas mentir. Mais ta vie va certainement être longue. Certainement. Surement. Ca dépend combien de bêtises tu fais. Et comment la société t’accepte, vu que tu es assez vocale sur ta "condition". Tu es certaine que certains refuseraient de t’employer pour ça...
"Certains débiles dirait qu’a votre âge, vous avez déjà raté votre vie et que vous êtes un échec, juste parce que vous n’êtes pas marié. C’est complètement con comme manière de raisonner."
Au moins c’est clair et net. Simple et efficace, comme critique.
"De toute manière je ne pourrais pas être mariée, donc..."
Problème réglé ? Mais tu seras mal vu quand même. C’est débile. Vive la société, vraiment. Tu adores ça.
"Votre mère vous embête autant à ce sujet ?"
Voilà qui est bien dommage. Le pauvre, tu compatis, presque. PRESQUE. Au moins tu n’entends pas sa... critique (remarque ?).
"Peut-être. Je ne sais pas si c’est vraiment ça, mais bon."
Parfois des personnes sont trop flashy pour leur propre bien, c’est vrai.
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Point psychanalyse atteint. On venait de demander à Yukio de parler de sa mère. Dans deux minutes, on allait encore lui dire qu'il avait un complexe d'Oedipe mal résolu. Il était pourtant plutôt convaincu de ne pas avoir envie d'un quelconque rapprochement physique avec Jocaste. Pour ce qui était de tuer son père, la situation était plus ambivalente, mais comme il avait eu le bon ton de se terminer tout seul à coup de cigarettes sans filtres, tout désir de meurtre se trouvait sans objet. C'était heureux, en un sens. Certaines personnes brillent par l'aspect positif de leur absence.
Fallait-il le dire à Maya ? Elle devait déjà s'en rendre compte. Qu'importe, certaines vérités doivent être tues dans des regards entendus, et n'ont valeur de sagesse que placées derrière un voile de dignité.
Il détailla d'une voix riante:
- Mère ne m'embête plus depuis bien longtemps. A force d'essayer de me caser avec toutes les femmes du Japon, elle s'est faite des cheveux blancs. Je ne sais pas si elle s'est vraiment découragée, ou si elle a simplement épuisé le vivier d'épouses potentielles qu'elle avait sous la main. Elle en était venue à me présenter à la fille de sa coiffeuse, c'est dire si elle a vidé jusqu'au dernier des fonds de tiroir.
Il marqua une pause, comme pour se remémorer chacune des tentatives avortées de sa génitrice, esquissant un sourire de sale gosse malicieux.
- C'est plus fort que moi. Quand elle essaie de m'introduire à une dame, je ne peux pas m'empêcher d'être insupportable. Vous voyez comment je suis dans mon état normal ? Imaginez quand, en plus, j'essaie volontairement d'être exaspérant. C'est proprement aberrant, un véritable comportement autodestructeur, et ça alors que certaines de ces gentes mégères n'étaient pas si désagréables. Il y en avait même qui avaient plus d'humour que moi, c'est dire si c'était des personnes de qualité.
La psychanalyse était bien entamée. Au point où on en était, on pouvait continuer sur la lancée.
- Au fond, mon échec sentimental est rassurant. Je m'y complais comme dans un spleen beaudelairien. Bien sûr, ça m'arrache le coeur de le reconnaitre mais à un moment donné, il faut se rendre à l'évidence. J'aime m'apitoyer sur mon sort, façon poète maudit confit dans l'absinthe.
Maya prenait-elle les règlements par carte bancaire ? La dernière psychologue de Yukio ne prenait que le liquide, c'était assez louche. Le professeur d'histoire avait fini par la dénoncer au fisc. Suite à son redressement fiscal, elle avait quitté le Japon. Depuis, l'enseignant n'avait pas cherché de nouveau thérapeute. Foutu pour foutu, autant consacrer son salaire à des emplois alternatifs.
- Enfin, je vous dis ça, mais dernièrement, je me prends à essayer sincèrement de séduire quelqu'un. C'est assez surprenant, même pour moi. Peut-être que je ne serai pas un échec toute ma vie, finalement. Vous voyez, il y a toujours de l'espoir, même pour les gens comme nous.
- InvitéInvité
Ah, visiblement ça n’est pas simple pour lui aussi. Être casé par les parents... l’horreur, ça doit être super fatigant. Ne pas vraiment avoir le choix non plus, ce n’est vraiment pas sympa. Question de famille et de tradition... mais il ne faut pas exagérer tout de même !
"Oh vous êtes encore célibataire ? C’n’est pas dans un mauvais sens ! Je veux dire, je comprends, et je détesterai aussi si ma mère voulait me caser à tout prix."
C’est ridicule. Pourtant il a l’air assez sympa, c’est un peu dommage, non ? Mais tu ne vas pas juger ou poser trop de questions. Quoique, pas besoin de la poser, tu as très vite la réponse.
"Je vois. Pourtant vous êtes sympa."
Non tu comptes certainement pas le séduire ou quoi, oh.
"Mais je suis pareil, si on me force trop à faire quelque chose, je sabote aussi."
Dommage pour les filles en question, mais c’est sures que si elles étaient invitées dans ce but elles pouvaient s’y attendre ?
"Heu la on est deux pour le coup, même si c’est a évité."
Tu n’es pas du genre a rester trop longtemps dans l’apitoiement.
"C’est quoi déjà qu’il dit dans Rocky ? Que la vie c’n’est pas tant comment on se fait frapper, mais qu’on s’en prend plain la tronche et qu’on continue d’avancer ?"
Oui voilà, un truc dans le genre.
"Et comme vous allez l’air de le faire tout va bien, non ?"
Non, peut-être. Tu n’es pas psy, même si la socio, ça aide un peu ? Non, pas vraiment.
"Ah bon ? Qui ça ?"
La mauvaise curiosité, cette question...
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Rocky, une référence à l'âme de l'Amérique, logique en un sens, pour une américaine. Maya buvait sa boisson tout en tournant vers Yukio ses yeux pleins d'une curiosité impliquée. Le café bruissait toujours des conversations à voix basse, des chocs épars de la céramique rencontrant le zinc des comptoirs, des sons étouffés des boiseries frottées par le textile, comme les cordes d'une guitare inaudible. L'aiguille tournait, le temps fuyait, guidé dans ses méandres par le cliquetis régulier de l'horloge au fond de la pièce, et, déjà, beaucoup trop de sucre avait été avalé.
Yukio eut une pensée fugace pour sa mère. Il est vrai qu'elle aurait du mal à l'embêter maintenant. Maya n'avait pas besoin de savoir cela, comme d'autres choses. Le professeur avait son jardin secret, et il gardait, consciencieusement rangée dans son esprit, une grande part de son intimité. L'étudiante en face de lui avait déjà un panoramique de sa personne plus large que bien des gens de son entourage, et il devait conserver nimbé de mystère une portion substantielle de sa personne.
D'une voix douce, il glissa:
- C'est à peu près cela oui. L'important n'est pas tant de gagner, que de se relever après chaque coup reçu.
Il continua avec un petit sourire en coin:
- Vous avez des questions bien indiscrètes jeune fille. Vous comprenez bien que je ne peux pas révéler le nom d'un crush pour un simple milk-shake, ça va vous couter un peu plus cher que ça. Voilà ma proposition. Si vous avez votre année avec des résultats satisfaisants, je vous dirai de qui il s'agit, sous le sceau du secret à ne pas répéter, bien évidemment.
Il tendit sa main, paume ouverte, à l'américaine:
- Deal ?
- InvitéInvité
Gagner. Est-ce que l’on gagne en amour ? Peut-être, si finir en couple est une victoire. Non, être heureux en amour est une véritable victoire. Être en couple est relativement aisé, non ? Les histoires de quelques semaines, tu connais. Enfin, des amies font ça quoi. Pas toi. Tu t’attaches trop. Tu es jalouse, aussi. Et possessive. Ça n’aide pas à avoir des relations à courte durée. Surtout que tu es un peu du genre… vengeresse. Est-ce que tu as des points positifs en relationnel en fait ? Visiblement, non.
"C’est un peu injuste, vous connaissez le mien maintenant."
D’un autre côté, lui c’est un adulte, avec ses problèmes d’adultes. Peut-être que c’est un amour interdit ? Avec une élève ? Nan, il ne t’en parlerait pas, non ? Non ?
"Et puis j’ai toujours de bonnes notes, sinon je ne serais pas ici. Donc vous pouvez me dire, je ne répèterai pas !"
Si ça, ce n’est pas de la super négociation !
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 28 ans
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❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Maya tentait vainement d'adopter une posture propre à susciter l'attendrissement, jouant de ses grands yeux pour faire parler son professeur. Si la tactique n'était pas idiote, l'exécution laissait à désirer. Il restait, au cœur de l'attitude touchante de la jeune étudiante, une lueur psychopathique qui mettait à bas tous ses efforts. Yukio était amusé, il avait connu des auditions autrement plus stressantes. On ne s'improvisait interrogatrice de la Stasi au détour d'un café.
L'enseignant voyait défiler dans le regard de son interlocutrice toutes sortes de divagations extravagantes, faites de relations interdites et de rendez-vous secrets. Capulet et Montaigu, unis dans des ballades sous des balcons à l'horloge sonnante, indémodable, scoop passionnel infiniment renouvelé. La gamine partait beaucoup trop loin, les choses étaient heureusement bien plus attendues. Quoique, c'était une histoire d'ennemis éternels cherchant la rédemption dans un amour impossible. On n'en était pas à avaler du poison, mais c'était tout de même quelque chose, au moins de quoi faire un roman de gare correct.
Yukio eut un fugace et interpellant questionnement. Sa vie n'était-elle vraiment qu'un roman distrayant ? Trivial ? Oubliable ? Il jeta la question au fin fond de son coffre à interrogations philosophiques et métaphysiques, sans autre considération. Si sa vie n'était composée que de lignes sur du papier, il avait au moins la satisfaction de satisfaire ses lecteurs par ses mésaventures. C'était encore une façon d'apporter du sourire quelque part, ne pouvait-on pas juste s'en satisfaire ?
Il revint aux préoccupations de sa petite protégée, qui plaidait toujours sa cause en toute absence de componction, à la manière d'une avocate inexpérimentée. Dans la mesure où Maya était plus soprano de la barrette que ténor du barreau, ça restait peu convainquant.
Il modula sa voix façon main de fer dans un gant de velours, démontrant une inattendue fermeté, tout en l'enrobant d'une douceur affectueuse:
- Désolé, ma proposition est à prendre ou à laisser. J'attendrai de juger sur pièces vos résultats, ça vous motivera à donner le meilleur de vous-même. Soyez rassurée, je n'ai qu'une seule parole.
Il prit une légère inspiration, tout en regardant autour d'eux.
- J'ai comme l'impression que le temps a continué sa fuite pendant que nous discutions. Il va bientôt falloir mettre fin à notre charmante entrevue. Alors, deal ?
Il bougea légèrement la main, qu'il tendait toujours comme un gamin prêt à un éternel serment d'amitié, de façon à souligner qu'il attendait encore une réponse engageante.
- InvitéInvité
À prendre ou à laisser. Grumf. Il triche. C’est sur qu’il utilise sa position pour te mettre la pression, ce vilain ! Bon il a raison de calmer tes envies et tes idées, tu as tout sauf de bonnes idées.
"Humf, je n’ai pas besoin de ça pour être motivé."
Et puis quoi encore ? Tu es une femme forte et indépendante ! Comme si faire plaisir à un mec va te motiver ! Bon d’accord, c’est un prof, c’est légèrement différent. Et même s’il est sympa... voilà. Tu le supportes, c’est déjà beaucoup ! De quoi ? Admettre que tu l’aimes bien ? Jamais, ce n’est un homme, ils sont tous vilains ! Nah ! Le moyen pour que tu ne pleures plus, c’est de te rappeler que tu détestes quelque chose, c’est ... une méthode.
"J’espère que vous allez là tenir votre parole."
Ah, tu mets les conditions maintenant ? C’est nouveau.
"Mais on a un deal."
Et il peut déjà préparer son discours, il va revoir tout révéler ! Et comment ça le temps passe aussi vite ? Ce n’est pas normal. Hum...
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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Maya affichait sa mine contrite, à l'image d'un chat qui aurait été vexé de se prendre un coin de meuble en pourchassant une souris. Déconfite devant sa propre capacité à céder à des chantages jouant sur sa curiosité de Gossip Girl, la voilà qui faisait pénitence tout en signant d'une main fébrile un accord pour le moins dolosif. Telle une amputée des deux mains sentimentales se dépatouillant avec ses moignons de ses émotions encombrantes, elle fuyait ses désarrois par le plongeon dans d'autres bouillonnantes agitations, à la manière d'un pompier éteignant un incendie à coup d'explosif. Certes, la technique avait fait ses preuves, mais c'était encore le meilleur moyen d'émietter multivectoriellement les confettis de ses sentiments. Comme dirait l'autre, elle se soignait, elle se faisait des ordonnances, et des sévères ! Elle se retrouvait aux quatre coins de Kobé, éparpillée par petits bouts, façon puzzle. Quand elle en faisait trop, elle se correctionnait plus, elle se dynamitait, elle se dispersait, elle se ventilait.
C'est peut-être ce qui la rendait attachante, cette incapacité à porter ses émois comme un vêtement bien repassé. Cette impression qu'elle donnait de trainer sa sensibilité comme un chalut qui raclerait le fond, ses traumatismes comme autant de remorques à la traine, ses effervescences comme une cape mal taillée, dans laquelle elle se prenait les pieds en pestant. Elle trébuchait sur ses peurs, elle perdait l'équilibre sur ses colères, elle glissait sur le verglas de ses passions. Au fond, ce qui lui manquait, c'était juste une bonne paire de patins. Avec de la discipline et de l'entrainement, elle pourrait slider sur la glace plutôt qu'y voir le reflet de ses échecs. Le triple axel n'était pas pour demain, mais Yukio percevait chez l'étudiante les réfractions imparfaites du diamant resté brut trop longtemps.
Pour l'heure, l'accord était scellé par un duel réciproque de regards. C'était tout ce qui comptait.
Souriant malicieusement à sa protégée, le professeur d'histoire lui confia avec l'espièglerie d'un goupil:
- Je n'ai qu'une seule parole Mademoiselle Wayne. Je la distille au compte-goutte, comme on imbibe d'absinthe un morceau de sucre. Soyez rassurée, les contrats chez moi sont si synallagmatiques qu'ils signent cérémonieusement la décence de ma considération...
Il coupa sa propre phrase:
- Bref, je respecte la loi du binks, la fides du Mos Majorum, j'antithèse les gascons. Faites-moi confiance.
Joignant la geste à la parole, il attrapa négligemment, dans son portefeuille, de quoi payer les consommations du jour, et s'éclipsa brièvement vers le comptoir, où il tendit, à deux mains, son billet à une tenancière plus intimidée par son attitude ahurie que séduite par le charme de sa poésie lyrique. Pris dans ses habitudes, il avait encore dû faire preuve d'une théâtralité inadaptée. Pas le moins du monde perturbé, il revint vers la table et conclut la rencontre avec le premier degré le plus absolu:
- On fera plutôt un barbecue coréen pour votre prochaine peine de coeur, ça sera quand même plus sympa pour ma glycémie.
- InvitéInvité
Il continue d'utiliser des images bizarres, ce prof, mais ça t'amuse, au moins un peu. C'est mieux que rie net lui hurler dessus pour une raison stupide, comme "être un mec". Mais bon, ça ne se produit pas, c'est le plus important. Pour l'instant. Tu le trouves sympa, c'est un miracle en soi.
"J'espère bien."
Et pourtant, tu restes un peu désagréable. Question d'habitude ? Pour faire genre, peut être ? Difficile à dire avec toi parfois. Tu fais avec. Au moins son plan de te faire penser à autre choses à fonctionner. Qui l'eu cru que tu te confierais à un homme pour une peine de cœur ? On va finir par croire que tu progresses.
"Si vous préférez, oui."
Pourquoi pas, après tout ? Mais il n'y aura pas de prochaines fois, pas vrai ? Il faut y croire. C'est mieux pour toi. C'est plus positif.
"Encore merci monsieur."
Ça ne serait pas ton prof, tu lui auras presque fait un hug. Presque. Toi être aussi proche physiquement de mec ? C'est beau de rêver. Ou alors tu te mens à toi même, au choix. À croire que c'est compliqué d'être misandre et stupide…
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
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Le soleil, fatigué, terminait sa course en collisionnant l'horizon avec une douceur feutrée. La fin de l'après-midi était calme, presque trop. Des lueurs roses pâmaient les bâtiments, dansantes au gré de la légère brise, et la ville bruissait de quelques chants d'oiseaux accablés. L'ambiance était matelassée, et les quelques nuages presque immobiles qui peuplaient le ciel donnaient l'air d'être des coussins, prêts à accueillir, d'un instant à l'autre, les songes orientaux et entêtants des rêveurs exténués.
Le pied sur le trottoir, Yukio entendit la porte du Neko Café s'ouvrir brièvement derrière lui, puis se refermer, laissant échapper quelques jeunes en déshérence. Il ne se retourna pas, laissant trainer son regard sur le bout de la rue, où Maya s'éloignait sous la forme d'une tâche de couleur. Bien que son pas fût lourd, sa petite taille donnait à sa démarche une allure sautillante. De loin, on eût dit qu'un lutin bariolé courait rejoindre le Père Noël. Le drapé chamarré des fripes de la jeune étudiante donnait des airs de lanterne dansante dans l'agonie du crépuscule. Tenu d'une main, pendouillant à bout de bras, Monsieur Lapin remuait en laissant l'impression de vouloir s'échapper. Si sa maîtresse l'avait lâché, il en aurait sûrement profité pour prendre la poudre d'escampette. Lorsqu'enfin, au bout de longues secondes, Maya eut tourné au coin de la ruelle, le professeur laissa échapper un soupir.
Ce n'est pas qu'il n'appréciait pas sa protégée, mais elle avait le don de le plonger dans une asthénie nerveuse peu commune. Écorchée vive, elle ne laissait que peu de place aux faux pas, et Yukio n'avait pas bon équilibre. Harassé par le déroulement de sa journée, l'enseignant ferma les yeux et se massa doucement les tempes, se laissant, dans l'espace momentané de quelques mouvements de mains, la possibilité de vider son esprit. Calme, serein, alcyonien comme un marais barométrique, il écouta avec tranquillité l'atmosphère détendue de la rue, et n'offrit le monde à son regard que lorsqu'il fut certain que son bouclier d’exubérance avait retrouvé sa superbe. La pétulance ainsi restaurée, il était prêt à aborder sa soirée avec l'optimisme de la volonté.
Décidé à réinscrire sa personne dans l'univers matériel, il prit la direction de son logis. Méditatif, il songeait avec exactitude à ce qu'il allait pouvoir cuisiner en rentrant. Faisant l'inventaire de ce qu'il restait dans sa cuisine, il sut. Il pouvait faire, à partir de quelques fanes de radis, d'une huile d'olive infusée au basilic fumé, d'amandes grillées et d'un vieux parmesan, un pesto des plus convaincants. Versé sur des pommes de terre encore fumantes, et accompagné de chou chinois doucement poêlé, avec du tofu aux graines de coriandre, ce serait d'une simplicité plus que satisfaisante.
Il en ferait deux fois trop, comme d'habitude. Et ce serait fait exprès, comme d'habitude. Il fallait bien trouver des raisons de sonner à la porte de l'appartement du dessus, et ce n'était pas vraiment comme si Gareth avait des kilogrammes à perdre.
Il leva la tête. Le soleil couchant écrasait les perspectives. Il haussa les épaules, prit une grande inspiration, et murmura pour lui-même, tandis que la ville endolorie vivait d'une langueur assoupie:
- C'est quand même pas mauvais le pesto.
#Fin
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