Ding dong ! Toute pressée, j'attends tout de même patiemment que la porte s'ouvre – sur l'intérieur de la maison. À peine quelques secondes après la sonnette, des aboiements imposants se font entendre. Ça gratte derrière la porte, qui finit par s'ouvrir sur un homme d'une quarantaine d'années et d'un chien tout guilleret. Ce dernier me reconnaît au point de me sauter dessus, les pattes sur mes épaules, et je lui flatte le flanc de contentement.

Le fils de la propriétaire – ou du moins, il en a l'âge, s'excuse du comportement du chien,  et tout sourire, je lui glisse un « V-vous inquiétez pas, j'ai l'habitude ! » On discute de quelques banalités, avant de revenir sur le cas de Shiro, le golden retriever.

Je dois le ramener après 18h, et ça me laisse beaucoup – voir trop, de temps libre. Le chien ne supporte pas de rester tout seul, et comme la grand-mère doit aller à l’hôpital, on s'est mis d'accord pour que je m'en occupe presque toute la journée. C'est une exception que je veux bien faire de temps en temps.

Mais je les ai prévenus qu'à la fin des vacances, je ne pourrai plus m'en occuper. Toutes mes matinées libres de ce mois-ci, et quelques après-midi par-ci par-là, ont été ballade sur ballade avec plein de chiens différents. J'ai déjà ma préférence sur le chien que je vais continuer de garder à la rentrée, mais ça peut toujours changer.

Alors me voilà partie en direction de la station Shin-Kobe où je dois retrouver Mitsuki ! On ne s'est pas vu depuis la fin des examens, alors c'est avec un certain empressement que j'ai envie de la revoir. Je lui ai demandé si le chien ne dérangeait pas, et elle avait l'air partante d'avoir un deuxième compagnon de marche.

J'arrive un poil en avance, je me cale sur un banc, et cherche des yeux la chevelure flamboyante de mon amie.

Le chien couché à mes pieds, je regarde autour du moi, les lunettes de soleil sur le bout du nez. Une inconnue s'approche de moi en me faisant signe... Avant que je réalise être face à une toute nouvelle Mitsuki ! Elle ma salue, et le chien fait de même à sa manière.

« Mitsuki-chan ! Je ne t'avais pas reconnue... »

Le teint halé, et les cheveux châtains au lieu de sa chevelure de feu... Ça la change complémentent, mais ça lui va superbement bien! J'ai envie de lui sortir une avalanche de compliments, mais je n'ai pas non plus envie de la mettre mal à l'aise, alors je lance un simple :

« Ça te va trop bien ! Tu fais super mature »

Je me suis relevée pour la saluer, et le chien aussi. Celui-ci avance vers Mitsuki pour la renifler, et je le laisse faire, le surveillant tout de même du regard. Heureusement, j'ai pris aussi le soleil en sortant les chiens tous les jours, alors je ne fais pas trop tâche à côté avec un teint pâlot, mais plutôt bronzé.

« Lui, c'est Shiro » en désignant le chien de la tête, avant de me retourner vers mon amie « Comment tu vas ? »

J'ai plein de questions à lui poser, mais autant commencer par quelque chose de simple, basique.

Mitsuki-chan a l'air tout gênée de mes compliments. Elle est trop chou à rougir comme ça ! Même sans ses joues de bébé, j'ai envie de lui tirer comme on ferait à enfant trop mignon pour son propre bien.

« Tranquille ! J'ai passé des supers vacances avec Hina et Tsumugi ! »

Je lui ai déjà parlé de mes meilleures amies vivant à Nagoya. Ce n'est pas la première fois qu'elles viennent à Kobe, ni la seule fois où je passe mes vacances là-bas.

« On a profité de la plage quand on était ici, à Kobe. Par contre, on n'est pas beaucoup sortis chez elles, passant le plus clair et plus sombre de notre temps à jouer en LAN, à lire, à faire des marathons devant des séries, écrire ou même du JDR ! »

Je regrette que les vacances soient déjà finies. J'aurais bien partager plus de temps en leur compagnie. Elles me manquent déjà...

« Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait de beau ? »

Je souris en voyant que Shiro l'a déjà adoptée.

J'écoute attentivement mitsuki-chan me parler du temps passé aux côtés de sa mère. Je suis un peu envieuse ; Momo et moi, on n'a aucune activité en commun. On discute peu de ma vie à KHS, à peine plus de mon frère.

La suite sur ses neveux m'arrache un sourire. Les enfants, c'est tellement chou petit ! Je suis contente qu'elle profite autant avec sa sœur et sa famille. De les voir grandir, s'épanouir aussi longtemps que possible jusqu'à l'âge ingrat.

« C'est vraiment chouette tout ce que tu partages avec ta maman ! Ils ont quel âge tes neveux et ta nièce ? »

L'humeur au beau fixe, je lui demande sur un rire léger :

« T'as des photos des petits monstres ? »

Je suis curieuse de voir leur bouille de poupons ! Dans des situations drôles, avec des têtes impossibles, ça me donne envie. Pas d'en avoir non, mais d'être la tata des enfants de Gideon et Sumire ! Je suis sûre qu'ils seront super mignons, eux aussi.

« Oui ! Tu veux passer par les cascades ? »

Il faut passer par le sous-sol de la gare, vers la droite pour atteindre la première cascade.

C'est parti pour les cascades ! Je grattouille un peu Shiro derrière les oreilles alors qu'on se met en route. Mitsuki-chan me montre son téléphone, et je me penche un peu pour regarder.

« Oh ! Ils sont adorables. Heureusement qu'il y a les lunettes pour les différencier »

Je rigole légèrement suite à mon commentaire. Avoir des jumeaux, ça me fait toujours un peur de ne pas réussir à les distinguer. Peut-être que même sans les lunettes, l’infirmière est capable de les discerner de l'un l'autre, comme un super sens de maman.

« Oh, elle est trop belle »

Y a des bébés ingrats, et les bébés mignons. Les photos de moi petite, me font entrer dans le première catégorie. J'avais même l'air d'un démon sur certaines photos, avec mes canines de bébés qui dépassaient le plus et mes yeux rouges dû au mauvais éclairage.

« J'en ai une avec Tsumugi et Hina à nos cinq ans. »

Je lui montre la photo sur mon téléphone.

Entraînée par son enthousiasme, je lui montre la photo de ma tendre jeunesse, entourée de mes meilleures amies. On est pas peu fières, dans nos kimonos de Ju-jitsu. Je rigole d'un rire léger quand elle me pointe sur la photo et me complimente :

« Merci ! »

J'écoute Mitsuki-chan me parler d'une photo prise à la maternelle, avec Ishii-san – ce qui pique fortement ma curiosité. Je craque un peu en les voyant tellement ils sont tellement adorables ! Un sourire jusqu'aux oreilles, je glousse un peu en disant :

« Mooh, vous étiez trop cute ! »

Puis, je pense au fait qu'il n'est plus à KHS... Même si j'avais un crush sur lui l'année dernière, on n'est pas resté en contact. Tout simplement parce que je n'ai jamais osé lui dire, alors je faisais partie du décor pour lui, rien de plus.

« Ce n'est pas trop dur la distance ? »

Des fois, la distance avec Hina et Tsumugi me fait pleurer d'impuissance, mais chuuut.

Je hoche la tête à la remarque de Mitsuki-chan. Cette dernière soupire, et ça m'arrache un sourire peiné. Je ne savais pas le problème des retrouvailles, et la non habitude de se côtoyer en vrai. J'ai beaucoup de mal à imaginer la chose.

Elle me parle de son changement d'école, et je sens la tristesse de la fin de sa phrase. Le perdre à nouveau, c'était un deuxième déchirement. J'ai envie de faire un câlin à Mitsuki-chan pour lui remonter le moral, mais elle ma rassure d'un sourire.

« J'espère vraiment que vous pourrez vous voir ! »

Elle me retourne la question :

« C'était un peu compliqué au début avec les transports en commun.. Mais maintenant, on s'arrange toujours pour se voir pendant les vacances ou pour les anniversaires »

Je caresse la tête de Shiro, qui vient de taper sa truffe humide contre ma main. Je n'en dis pas plus pour ne pas chagriner Mitsuki-chan, laquelle n'a pas la chance de voir son meilleur ami quand elle veut. Parce que je sais : Hina et Tsumugi, sauteraient dans le train en cas de besoin et inversement.

On traverse un pont de pierre qui nous mène à un petit sentier de randonnée.

« La dernière fois, t'es aussi passée par les cascades  ou tu as pris un autre chemin ? »