The hangover [Pv Shiro]

Vendredi 5 mai 2017

« Hey Watanabe ! Ca fait plaisir de te voir ! »
« Salut Komagata, Endo. Désolé, je reviens à peine de Tokyo. »
« J’ai entendu ça ouais. La fac vous met bien à vous envoyer là-bas. »
« Ca valait le coup au moins ? »
« Carrément. »

Dis-je avec un large sourire alors que je commande un coca au bar. Comme d’habitude, je m’attire quelques moqueries de mes potes face à mon choix de boissons. Ils savent que je ne tiens absolument pas l’alcool mais me charrier s’avère être un sport national dans le coin donc je ne m’en offusque pas plus. Je m’installe avec eux pour leur raconter le voyage scolaire duquel je rentre tout juste. En effet, le bus nous a ramenés de la capitale hier et j’ai pu en profiter pour me reposer un peu chez moi avant le retour de Sora demain. C’est également pour cette raison que j’ai décidé de sortir ce soir avant la rentrée de lundi.

Komagata Hikaru et Endo Usui ne vont pas à la fac de Kobe. J’ai rencontré le premier quand je travaillais dans un konbini à mon arrivée à Kobe il y a deux ans. Il y travaillait également même s’il n’y est pas resté longtemps. Le second avait été l’un de mes clients lorsque je travaillais comme déménageur de temps à autre. Le hasard avait fait qu’ils se connaissaient et ça m’arrive de temps en temps de sortir avec eux. Le genre de types sympathiques avec qui il est agréable de passer des soirées, mais qui n’en sont toutefois pas des amis très proches. D’autres connaissances nous rejoignent au fil de la soirée et la bonne humeur est bien présente.

« Oh la vache, regardez ça. »

Je manque de mettre du coca à côté quand Komagata me donne un coup de coude en faisant un signe de tête vers le bar. Je tourne la tête pour regarder ce qu’il nous montre. Au début, je ne comprends pas ce qu’il veut que nous regardions, puis je remarque aisément la jeune femme qui est en train de commander des boissons et je hausse des sourcils surpris. Au Japon, je suis souvent considéré comme hors norme avec mon mètre quatre-vingt-dix, surtout avec mes traits japonais. Quin, par exemple, se fait remarquer aussi même s’il n’a aucune goutte de sang nippon. Alors cette femme… Autant dire qu’elle attire l’oeil. Je ne peux pas en être sûr vu la distance qui nous sépare, mais elle me semble plus grande que moi, en plus d’être très jolie. Pour ne pas paraître impoli, je détourne rapidement le regard.

Néanmoins, c’est au tour d’Endo de me donner un coup de coude.

« Je crois que tu lui as tapé dans l’oeil. Elle te regarde. »
« Hm ? »

Je tourne de nouveau la tête et, en effet, je croise le regard de l’inconnue. Un sourire poli étire mes lèvres et je lui fais un bref signe de tête avant de reporter mon attention sur mes potes.

« Bah qu’est-ce que tu fais ? »
« Quoi ? »
« Tu ne  vas pas la voir ? »
« Pourquoi j’irai ? »

Ils se regardent tous les deux comme si j’étais stupide. Je hausse un sourcil, perplexe.

« Rappelle nous c’est quand la dernière fois que tu t’es envoyé en l’air ? »

Je manque de recracher mon coca et leur lance un regard dépité.

« On dit juste que t’as l’air d’avoir une touche. Tu devrais y aller. »
« Non merci. »
« Elle te plait pas ? »
« C’est pas la question. J’ai pas envie c’est tout. »
« Et si on fait un pari ? »

Endo obtient mon attention avec ces quelques mots et il en a parfaitement conscience. J’aime trop les défis pour passer à côté même si je regrette déjà que cela se fasse au détriment de cette fille qui n’a rien demandé à personne.

« Ramène moi son numéro et je t’obtiens le dernier tome collector de One Piece à moitié prix. »

J’en reste bouche bée. Ça fait des semaines que je cherche comment le payer pour pouvoir l’offrir à mon fils pour son anniversaire. Je serre les dents et vide mon coca d’une traite. Mes deux potes se frappent les poings alors que je me dirige vers la jeune femme, en chemin pour retourner s’installer avec une amie - du moins je le suppose.

« Excuse-moi de te déranger. »

J’hésite un instant avant d’enchainer:

« Ecoute, mes potes là-bas m’ont défié pour que j’obtienne ton numéro en échange d’un truc pour mon… neveu. Est-ce que ça t’embêterait de jouer le jeu ? Tu peux me donner un faux numéro bien sûr, je ne t’en voudrais pas. »

Dis-je avec un sourire contrit. Intérieurement, je m’en veux un peu d’avoir menti sur mon neveu qui est en réalité mon fils, mais peut-être qu’une petite part de moi aimerait avoir une chance avec elle.  

Comme je l’avais supposé, l’inconnue est légèrement plus grande que moi, de quelques centimètres. Mais à notre niveau, ça se voit à peine. C’est une sensation étrange de regarder une femme droit dans les yeux sans avoir à les baisser. Autant dire que ça ne m’était jamais arrivé jusqu’à aujourd’hui. Il faut une première fois à tout et je dois admettre que ça ne me déplait pas tant que ça. Mais évidemment, je crains de me faire envoyer promener avec ma demande tirée par les cheveux. Pourtant, j’écarquille les yeux de surprise quand elle me sourit et accepte de m’aider sans souci. C’est étonnant mais je ne vais pas m’en plaindre. Un coup d’oeil vers mes potes me confirme que ceux-ci ne ratent pas une miette de mon échange avec la fille. Endo lève même le pouce dans ma direction pour m’encourager. Crétin.

Lorsque je reporte mon attention sur la jeune femme, celle-ci me scotche sur place en parlant d’un date qui a décidé de filer et en proposant de se joindre à nous. Je cligne des yeux. J’ignore ce qui me surprend le plus entre le fait qu’elle parle de « date » alors qu’elle était avec une femme - est-ce que ça veut dire que je n’ai aucune chance ? - ou qu’elle veut s’incruster avec ces crétins et moi. Je regarde le verre qu’elle me tend et le prends machinalement.

« Oh bah, euh, c’est super sympa. Merci beaucoup. »  

Le contenu de ce verre est clairement de l’alcool et ce n’est pas une bonne idée que je le boive. Je me connais, je serai par terre avant même de l’avoir terminé. Mais je n’ai pas à coeur de le refuser, surtout si ça peut me donner une chance. Endo et Komagata ont raison, ça fait trop longtemps que je n’ai pas eu de relation quelconque. Reprenant mes esprits après cette tournure d’événements improbable, je la guide jusqu’à notre table. Les gars se redressent en plissant les yeux, à la fois surpris et admiratifs - et peut-être aussi intimidés face à cette femme qui les dépasse facilement d’une tête.

« Je te présente Komagata Hikaru et Endo Usui. Oh et moi c’est Watanabe Shiro, mais tu peux m’appeler Shiro, ça me dérange pas. Et tu es… ? »