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Mer 1 Sep 2021 - 1:24
14 février 2017

Je crois que peu importe les années qui passent, cette célébration est toujours malaisante. Pour nous, les célibs, j'veux dire. On arrive devant nos casiers en espérant avoir eu un truc et des fois on découvre des choses, ou pas. Moi, j'me faisais pas d'illusions, c'est impossible qu'il y ait une love letter dans mon casier, quoi. Sauf que quand je l'ai ouvert, j'ai découvert quelques paquets... J'ai tant le côte que ça ?! J'me suis exclamé en voyant les cadeaux. J'ai fait flipper les gens autour de moi.

Le premier cadeau que je prends, d'après le mot laissé, ça vient de Mitsuki. Mais... elle a un crush sur moi en fait ? Nan, quand même pas. Même si elle est plus en couple avec Thomas c'est un peu bizarre. J'avale ma salive. J'y crois pas j'ai reçu un truc d'une vraie fille, j'en peux plus ! J'ai envie de pleurer. Je sens le paquet. Punaise, ça sent la femelle, trop bien ! Apparemment, ce sont des chocolats de l'amitié... je comprends pas le délire mais ça doit être une façon de me friendzoner. Je préfère ça à la limite, c'est moins malaisant que de découvrir qu'elle a quitté Thomas pour moi.

Le second cadeau... c'est une boîte en forme de coeur, le gros cliché des shojos mangas, wow. Je me demande ça vient de qui. Je l'attrape et le retourne vite fait. Je l'examine puis je souris parce que je vois un dragon. Alors, soit c'est Ryû qui est revenu et qui est gay, soit c'est Meyu ! Mon intuition est bonne parce que sur le message dessus, y'est écrit que ça vient d'elle. J'hume aussi le paquet. Oh bon sang, cette odeur de chocolat qui sort du four, hmmm. Je tire le ruban et je regarde dedans. Poh lolo, des chocolats, des pralines, des biscuits. Elle est vraiment bonne cuisinière. J'suppose qu'elle a eu pitié de moi et qu'elle m'a offert ces chocolats pour me remonter le moral.

Je sais pas trop pourquoi mais le cadeau de Meyuki retient toute mon attention. Je repense à ce qu'elle m'a raconté la dernière fois. Sur le coup, je me souviens que j'ai pas su quoi répondre... elle m'a sorti un truc sentimental tellement inopinément que j'ai juste répondu sans trop comprendre. Elle disait ne plus vouloir me perdre, hé oh, c'est quand le moment où j'me cache ?! On a mal vécu le départ de Ryû, elle et moi. Je pensais pas que ça l'avait autant affectée à la base, j'ai su que plus tard. C'est qu'après avoir partagé tout ce qui m'avait posé problème avec Ryû et après qu'elle m'ait parlé de son ressenti, que j'ai vraiment compris à quel point c'était difficile de composer avec ça. Au final, on se ressemble pas mal à ce propos. Ça m'a beaucoup étonné. Elle tient tellement à nous, je m'y attendais pas.

Pour moi, à nos retrouvailles, Meyuki c'était juste un nom vague associé à des souvenirs de gamins. Je pensais pas qu'on redeviendrait amis et je croyais qu'avec Ryû en moins, c'était comme si notre histoire n'avait pas de sens. J'étais prêt à y renoncer au fond d'moi. J'sais pas trop. C'est peut-être ça qui fait que ça m'a surpris qu'elle soit si directe, à l'infirmerie... J'aurais voulu lui dire que, moi non plus, j'veux pas la perdre. Je referme la boîte et je regarde le papier avec le mot. Je soupire, sans trop d'assurance. Mes yeux sont rivés sur son nom qui est écrit dessus. Je me sens bizarre. J'arrête pas de penser à Meyuki.

J'approche le bout de papier de mes lèvres et, truc de ouf, j'embrasse là où est écrit son nom. Ouais bon, de le raconter comme ça, c'est flippant et chelou mais j'ai pas honte du geste. Parce que je sais et j'ai compris quelque chose de super important. Meyuki est précieuse à mes yeux. J'ai pas besoin d'autres cadeaux. Alors je prends que le sien.
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Jeu 2 Sep 2021 - 16:10

Quintessentiel toi

Ça y est, LE jour est arrivé. Aussitôt réveillée et préparée, autour de 10h, j’ai récupéré tous les chocolats pour aller dans ma chambre et fermer les paquets. Je les ai emballés un par un et j’ai terminé par la boîte rouge. Pourquoi ? Parce que je devais y ajouter d’autres sucreries faites maison, mais aussi et surtout car c’est celle qui m’a pris le plus de temps. Je ne sais même pas pourquoi je me suis lancée dans un truc aussi ambitieux, d’habitude je me contente de les peindre et de les décorer facilement mais là… J’avais envie de me donner à fond. Je voulais peaufiner les détails des dessins que j’ai fait sur toute la tranche de la boite et Tessa m’a été d’une grande aide, parce que je ne sais pas si j’aurai aussi bien réussi le tracé du dragon sans elle. Je noue un ruban blanc sur la boite, assez large et en m’appliquant sur le nœud, avant d’écrire un petit mot pour l’accompagner :

Mon Tatsu,
Je te souhaite une belle fête de la Saint-Valentin.
Régale-toi bien !
Meyuki <3

Je regarde la petite carte en souriant, puis la coince sous le ruban délicatement dès que l’encre a séché. Si ça bavait, ça aurait tout fait foirer ! J’attrape un sac pour y mettre tous mes paquets, et prends la boîte rouge sous mon bras pour être sûre de ne pas l’abimer. Tout le monde est en cours à l’heure actuelle, ou presque, alors ce sera plus simple d’aller mettre les boîtes dans leurs casiers. Je passe quand même frapper à la porte de Tessa et Yukiko pour leur donner leurs chocolats en mains propres. C’est toujours le froid avec ma sœur, mais je tiens quand même à elle. Et puis, j’avais promis à Tessa de lui montrer la boîte une fois terminée. J’suis un peu stressée quand je lui montre, parce que j’ai peur d’avoir foiré quelque chose ou que ça ne rende pas aussi bien que je voudrais. Quand elle me dit qu’elle est stylée et qu’il ne pourra pas refuser, je rougis un peu en la remerciant, puis lui fait un bisou sur la joue avant de partir en mission.

Mes pas foulent le couloir des casiers de l’université, faisant quelques arrêts pour introduire mes paquets et les petits mots avec dans certains. Je souris en voyant certains casiers déjà à moitié remplis, le succès est au rendez-vous. Je sors du bâtiment et me dirige vers le lycée, toujours le sac à la main et la boite sous le bras. Je salue quelques personnes en passant et ouvre la porte quand j’arrive enfin. Une fois de plus, je foule le couloir des casiers, du lycée cette fois, pour distribuer mes petits cadeaux.

Le sac se vide et il ne reste désormais plus que celui de Tatsunosuke à trouver. Mais c’est là qu’une boule se forme dans mon ventre. Le stress, les questionnements, le cerveau qui se met à turbiner. Et si il était vexé de ne pas les avoir en mains propres ? Et si ça ne lui plaisait tout simplement pas ? Peut-être que je devrais retirer les chocolats pour ne laisser que des cookies, après tout le chocolat en général ça le tente moins… Mais j’en ai mis moins que des cookies alors ça devrait aller. Et ce rouge, je pense que ça devrait se rapprocher de ce qu’il aime. Un rouge profond et intense, comme cette sensation au creux de mon ventre.

Je lève les yeux pour lire le nom sur son casier, pose la main sur la poignée et souffle lentement. Ca va aller. Ca va toujours entre lui et moi. Je ne sais pas trop pourquoi je me mets plus de pression pour lui que pour d’autres, mais… c’est peut-être simplement qu’il n’a pas la même valeur qu’eux à mes yeux ? Déjà tout petit, on s’appréciait énormément et aujourd’hui, on a retrouvé une complicité qui saute aux yeux, toute autre que celle de deux enfants. C’est plus fort, tout comme mes sentiments j’ai l’impression.

J’ouvre la porte et dépose la boîte, repositionne la carte délicatement en caressant la boîte, puis referme en souriant. Je m’adosse au casier, pousse un soupir et fait demi-tour pour rentrer à ma chambre, l’esprit et le cœur léger. Ah, ce Tatsunosuke. Je ne veux plus m'en séparer.


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Mar 28 Sep 2021 - 22:38
14 mars 2017

Heureusement que les derniers exams étaient hier. C'était pas la joie. Ça me démotive. J'arrive pas du tout à me concentrer aujourd'hui, en réalisant quel jour on est, le moment de l'année. Une pensée me tracasse, m'obsède, me torture lentement, silencieusement mais ça m'émeut aussi, j'suppose. C'est bizarre. Assis dans la chaise de bureau, je regarde le plafond, j'ai un pied sur la table, l'autre parterre. J'ai pas vraiment les idées en place, c'est brumeux dans mon esprit. Je me gratte la tête, je m'étire, je soupire, je souffle. J'suis vraiment à la ramasse. J'ouvre le tiroir de mon bureau et y'a ce ruban blanc qui traîne. C'était celui que Meyu avait utilisé pour décorer sa boîte de chocolat. Je remarque que ça parce qu'aujourd'hui, c'est le White Day. C'est le moment où les garçons offrent des cadeaux en retour aux filles. Si certains font ça délibérément sans réfléchir, moi j'y arrive pas vraiment. Pour moi, le cadeau est le reflet de nos sentiments. Si on en offre en retour, ça veut dire que c'est partagé. Et quand j'y pense... je me sens bizarre.

Qu'est-ce que je dois faire ?

J'ai eu deux cadeaux cette année. Le premier de Mitsuki et l'autre de Meyuki. Mitsuki est l'ex de Thomas et même si en ce moment, on a arrêté de se parler comme avant lui et moi, j'peux dire avec certitude que j'apprécie Mitsuki comme une bonne amie. Enfin, façon d'parler, j'sais pas vraiment si j'ai le droit de la considérer comme ça. Le cadeau de sa part, ça doit bien signifier qu'elle me voit comme tel de son côté, sinon elle se serait pas donné la peine de m'offrir des chocolats. J'ai pas vraiment de problème. Je la remercierai parce que ça m'a fait plaisir mais de là à donner quelque chose en retour, ça me parait absurde. Je lui expliquerai quand j'aurais l'occasion de la croiser pour pas qu'elle se méprenne à mon sujet... Quant à Meyu... j'imagine qu'on peut dire de façon niaiseuse que mon cœur se serre quand j'pense à elle... Sans que je m'en rende compte, elle vient occuper tout mon esprit. Je me demande à quoi elle pensait quand elle a déposé les chocolats dans mon casier. Il paraît qu'elle en a donné aussi à d'autres mecs que moi donc ça signifie rien à ses yeux ? Ça me fait vraiment ch*er de me dire que c'est juste par politesse. C'est bien son style. Est-ce qu'elle aurait donné la même boîte que la mienne à Ryû s'il avait été là ?

J'songe bêtement à l'époque où on se chamaillait sur qui allait se marier avec Meyuki plus tard. Je crois qu'on avait fini par se dire que ce serait Ryû, qu'ils auraient pas d'enfants parce que ça coûte trop cher mais qu'ils auraient une grande maison avec un jardin pour leurs hamsters. On était des gamins mais j'ai aucun autre rival plus dangereux que mon frère, en y repensant. Parfois, je me demande ce que Meyuki pense de Ryûnosuke. J'pourrais jamais demander ça à mon frère. J'suis pas des plus futés mais depuis quelque temps, je sais que... enfin, j'ai l'impression que... je suis amoureux de Meyuki. J'ai toujours été préoccupé par ce que les filles peuvent penser de moi... pas toujours avec succès mais je me suis jamais demandé ce qu'une fille peut penser d'un autre mec. Parce qu'en temps normal, je m'en fous. Mais dès qu'il s'agit de Meyuki, ça m'fait péter un plomb intérieurement. Sauf que, je sais pas si elle me voit comme moi je commence à la voir. J'suis sûrement qu'un ami d'enfance pour elle. Elle m'a sans doute dit qu'elle voulait pas me perdre parce que Ryû est parti mais elle aurait agi de même si ça avait été moi. Est-ce qu'elle m'aurait empêché de partir si ça avait été moi ? Si j'lui posais la question, j'aimerais qu'elle me réponde qu'elle m'aurait retenu... mais ça risque pas.

J'auto-déprime, c'est ouf, ça craint, ça fait tiep.

J'ai envie de la voir. J'voudrais que ça puisse arriver naturellement sur le bout de mes lèvres, lui avouer de vive voix, mais j'suis simplement incapable de coucher ça juste par sms. J'vais aller loin comme ça. Elle se demanderait c'qui m'arrive.

J'avance à reculons. Me retrouver dans cette tourmente me fait trop baliser. J'ai conscience d'être une loque, c'est bien ça qu'est terrible ! Alors, j'décide de tenter le coup. En prenant le ruban blanc dans ma main, je réfléchis. Le white day a une coutume particulière. J'ignore si Meyuki la connait mais c'est mon seul moyen de faire valider la théorie. C'est pas mon genre de me torturer comme ça. Avec Ryû, j'ai pas su exprimer mes véritables sentiments et ça nous a séparé. Peut-être pas directement; certes, et même si aujourd'hui ça va mieux, je reste convaincu que si j'avais su trouver les bons mots, j'aurais pu avoir mon frère à mes côtés. J'ai pas réussi alors il a cherché une façon de s'en sortir seul. Il a peut-être eu raison au final... mais je veux pas que l'occasion m'échappe avec Meyuki. Je l'appelle directement sur son portable et je lui dis que je dois la voir absolument, devant le bâtiment des dortoirs universitaires. Je lui laisse pas le temps de vraiment acquiescer, je coupe l'appel quasiment après avoir parlé. Je pars là où je lui ai donné rendez-vous. Je l'attends.

Si elle me plante, j'serais fixé. Si elle vient, je devrais agir. J'sais pas c'que j'entreprends. Je souris amèrement parce que j'me trouve vraiment taré là. Elle arrive finalement. À voir sa tête, on dirait qu'elle a fait au plus vite pour me rejoindre, mais j'me fais p't'être des idées là aussi... J'ai les mains dans les poches, je la regarde arriver vers moi. Je dis rien, mon visage reste fermé et neutre. Ma bouche s'entrouvre mais j'dis rien. Elle est là, elle me parle et c'est comme si j'entendais sa voix en bruit de fond. De ma poche, je sors le ruban blanc. Je lui tends et lui montre bien. Mon air est sérieux. J'ai toujours rien dit. Doucement, j'attrape sa main droite et je pose le ruban dans sa paume. Je baisse les yeux, je m'éclaircis subitement la gorge, une fois. J'arrive pas à la regarder dans les yeux. Alors, je dis :

« Tu sais ce que ça signifie, Meyu ? »

Ce ruban, c'est la preuve que moi j'ai des sentiments pour toi. Je voudrais que tu le noues et que tu comprennes. Je sais pas comment te faire parvenir ce que je ressens mais je sais au moins que je veux que tu l'aies, même si ça représente rien pour toi.

J'ai beau essayer, rien de ce que je pense à l'instant n'est prononcé. Je n'attends que sa réponse.
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Mer 29 Sep 2021 - 1:21

Quintessentiel toi

Pas un jour ne passe sans que je pense à toi, Tatsunosuke Takayanagi. J'ai beau avoir donné plusieurs boîtes à la saint Valentin, aucune n'était aussi personnelle que la tienne. Une simple boîte aux yeux des autres, mais qui avait tant de significations. Tout d'abord, le contenu. Des chocolats fait maisons, des biscuits et des douceurs plus variées les unes que les autres, mais que tu apprécies tous. Même ces bonbons qu'on mangeait quand on était petit s'y trouvaient. Ensuite, la boîte, avec un dragon que j'ai galéré à dessiner. Ce surnom que ton frère et toi vous êtes donnés depuis tout petit. Une enfance qu'on a partagé et qui s'est trop vite écourtée. "Plus tard on va se marier", qu'on disait, sans savoir décider lequel de nous trois aurait le dernier mot sur sa finalité. Aujourd'hui, dans le meilleur des mondes possible, c'est une réponse bien plus nette que j'aimerai y apporter. Mais qui sait ce qui se passerait, dans ce monde où on vit, avec toutes les personnes qu'on côtoie, ces filles que tu vois passer et après autant d'années séparées. On vient de se retrouver et pourtant… pourtant, la nature de notre lien n'a jamais été aussi forte depuis qu'on se connaît.

Aussi forte que cette couleur rouge dont la boîte est couverte d'ailleurs. Un rouge intense, éclatant et brûlant. Un peu comme la sensation que je ressens dans mon cœur quand tu es là, près de moi. Quand nos regards se croisent et qu'un sourire se dessine sur ce visage que j'ai toujours aimé. Quand tu rigole à gorge déployée et qu'on finit pliés en deux, sans parfois se souvenir comment ça a commencé. Nos fous rires, je les chéris à chaque instant, tout comme les moments difficiles de ces derniers temps. Un rouge saignant comme la douleur que j'ai ressenti de te voir souffrir du départ de Ryû. Est-ce que c'est ce que cette fois, c'est ce que tu ressentirais, si je partais ?

Je crois que c'est ça qui me tracasse depuis le 14 février. De t'avoir offert cette boîte, entourée de ce ruban blanc que tu tiens dans ta main désormais. Je me tiens là, debout devant le dortoir de l'université, face à un Tatsu à la tête baissée.

"Tu sais ce que ça signifie Meyu ?". J'en ai bien peur, je l'avoue. Peur de penser à ce que ça signifie, mais que ce ne soit pas pareil pour toi. Peur de t'avouer ce que je ressens, mais que tu déclines mes sentiments. Parce que si demain, c'est toi qui part Tatsu, j'ai peur de souffrir. Peur de t'entendre me dire "je m'en vais, je ne t'ai jamais aimée comme ça". Que tu ne m'aies jamais aimée tout court. Parce que c'est ce que je ressens là, maintenant.

Je… Je crois que je sais. Tatsu, je t'ai promis d'être toujours là pour toi en tant qu'amie, mais ça… Ce ruban, il signifie bien plus à mes yeux. Je ne sais pas si c'est justement la signification à laquelle tu penses, mais si en ce moment même ça tambourine autant que chez moi, là, ici…

Machinalement, ma main vient s'y poser. Tambouriner, est-ce qu'un mot plus fort existe ? J'ai comme l'impression que mon coeur va exploser. Que chaque battement va percer un peu plus son chemin pour faire bondir mon cœur hors de ma poitrine. Dire que j'ai paniqué en t'entendant m'appeler là, en bas, avec cette voix troublée en me raccrochant au nez. Et maintenant, j'ai une bonne raison de paniquer.

Je ne sais pas si je vais un jour oser les prononcer à voix haute, ces mots. Même si je t'ai toujours apprécié, là c'est à un tout autre niveau. Un niveau que j'avais peur d'atteindre et que j'ai peur de t'avouer. Je ne veux plus te perdre, plus jamais te quitter. Parce que moi, j'en suis sûre désormais. Je sais que c'est toi que j'aime, Tatsunosuke. Que c'est avec toi que je veux m'imaginer, avec qui je veux tout partager au-delà de l'université. Que c'est avec toi que j'ai une telle complicité, une complicité que je voudrais pousser à un stade encore plus avancée. Que je veux occuper tes pensées et que tu partages les miennes, jusqu'aux plus intimes. Et si c'est ce que je veux, il va falloir me lancer.

Mon pouce caresse le tissu, alors que je baisse la tête pour l'observer. Comment un simple ruban blanc peut autant nous perturber ?

Ce que je veux dire c'est que c'est au-delà de l'amitié, ce que je ressens de mon côté. J'ai peur de prononcer ces mots là à voix haute et que tu les rejettes, mais tu as dû deviner. Alors si tu ressens la même chose que moi Tatsu...

J'ai peur désormais. Peur que ce que j'ai envie de crier aux oreilles de tous, là en ce moment précis, se retourne contre moi. Que cette façon déguisée de te dire que je t'aime me fasse souffrir quand tu me diras que ce n'est pas ton cas. Je crois qu'instinctivement, mes paupières se sont refermées, ou ma tête s'est baissée en tout cas, pour ne pas voir la tienne se relever. Ne pas voir quel air tu vas arborer, ne pas voir ta réaction si elle n'est pas celle que j'attends.

S'il te plaît, Tatsunosuke, fais que je ne sois pas la seule à vouloir enrouler ce ruban.


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Dim 31 Oct 2021 - 2:26
C'est dur.

J'arrive pas à anticiper et j'appréhende. Une seconde passe comme une minute. Lorsqu'elle me parle, ses mots m'ébranlent. Quand elle me touche, je suis figé. Je lève les yeux doucement vers elle, timidement. Elle me regarde pas non plus. J'ai toujours sa main dans la mienne, je la serre en tremblant légèrement. J'arrive pas à croire ce qu'elle balbutie.

Elle essaye de me dire quoi ? Elle insinue quoi ? C'est pas clair. Ou plutôt, dans mon esprit, c'est impossible que ça le soit. Je cherche l'erreur, le problème.

Mes réactions accompagnent ses paroles. Si elle savait à quel point à mes nerfs ont lâché autant que mon cœur s'est séparé de moi pour battre pour elle. C'est ça d'être en kiff ? Ça donne envie de crever comme ça ? Franchement, c'est trop contradictoire. J'croyais que ça faisait du bien d'être amoureux moi ! Et je deviens incapable de l'écouter. C'est moi où elle parle trop ? Sous la pression du moment, j'implose puis explose. Si c'est pas de la frustration ça.

« RAAAAGH !! »

Je me retourne et m'accroupis. J'ai les mains sur mon visage que je cache. Je souffle, je soupire fort. J'ai besoin de réfléchir. Tout ça, c'est pas moi. Je sais pas gérer ce que je ressens.

Je repense à ce qu'elle m'a dit.

Je me relève promptement, je me tourne, je reviens vers elle. Je la regarde franchement. J'ouvre la bouche mais rien ne sort, pourtant j'ai envie de parler. Sauf que les mots suivent pas. Tout ce que j'arrive à faire, c'est trouver le courage de prendre ce ruban blanc et lui nouer autour du poignet. Pendant que je lace le ruban, je me dis que j'aimerais l'enlacer, elle. La maladresse et le malaise m'empêchent d'agir. Avant le dernier nœud, ma main tremble un peu.

« C'est vraiment ce que tu veux ? »

Tu veux vraiment de moi ?

Mon hésitation me fait me taire. Puis je reprends. J'ai terminé de nouer le ruban.

« Je suis pas aussi bien que Ryû. »
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Mar 9 Nov 2021 - 21:47

Quintessentiel toi

Je sursaute quand il se retourne, en se cachant le visage. Mes doigts se portent machinalement à mes lèvres, est-ce que j’ai dit quelque chose qui ne va pas ? Est-ce qu’il est mal à l’aise avec ce que j’ai dit ? Peut-être que… de son côté, ce n’était pas ce qu’il voulait en me donnant ce ruban. Je me ronge l’ongle du pouce nerveusement en penchant la tête pour essayer de déchiffrer l’air sur son visage. D’un coup, il se redresse et fait volte-face, me prenant de nouveau de court. Un frisson me parcoure, mon regard se perd dans le sien pour le questionner et dérive sur ses lèvres qui s’entrouvrent. Parle-moi, Tatsunosuke. Dis quelque chose…

Mais plutôt que des mots, ce sont ses gestes qui font rater un battement à mon cœur. Mes bras retombent naturellement et mes lèvres s’entrouvrent à leur tour, sans briser le silence. Emue et fébrile, je le regarde nouer le ruban sans y croire. Est-ce qu’il est vraiment entrain de me dire ce que je pense ? Qu’on me pince pour me dire que ce n’est pas un rêve, ou qu’on me dise que c’est un rêve éveillé. Tatsunosuke… Mes joues rosissent sous le coup de l’émotion et des papillons s’agitent sous mon nombril. Mon cœur accélère et là, tout de suite, j’ai envie de le prendre dans mes bras, de le serrer contre moi de l’embrasser… Mais j’en suis incapable, bien trop réservée. Un jour, qui sait…

On se fixe pendant quelques secondes, d’une intensité sans pareil, quand sa voix brise le silence. Je m’apprête à lui répondre, pleine de conviction quand il termine de nouer le ruban en se comparant à Ryûnosuke.

Ça tombe bien, ce n’est pas lui que je veux. Tu es tout ce que je souhaite, Tatsu. Celui qui me correspond.

Mes joues s’enflamment d’un coup, puis je m’approche d’un pas en avant. Instinctivement, Tatsunosuke recule, mais je souris. On aura tout le temps de s’apprivoiser, maintenant qu’on s’est trouvé, je pourrai attendre toute ma vie.

Je vais devoir te laisser, il se fait tard mais… Merci Tatsu, je n’oublierai jamais ce moment.

Je me retourne vers la porte du dortoir après avoir échangé un dernier regard. Je crois que j'ai besoin de me remettre de mes émotions ce soir.


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Mer 1 Juin 2022 - 10:32
17 mars 2017

La pression des résultats des exams m'a permis de pas trop penser à Meyuki. L'autre jour, on s'est avoué nos sentiments. Et depuis, il s'est rien passé. Je pensais pas que ce serait réciproque, puis elle m'a sorti ça tellement solennellement aussi, alors sur le coup j'ai été saturé par tout ce que ressentais. J'ai pas su lui répondre malgré sa déclaration, même si ça m'a fait plaisir que nos sentiments soient partagés. On s'est juste quitté sans vraiment se dire plus...

J'en oubliais presque les exams. Parlant d'ça, le jour des résultats est arrivé. J'suis pas optimiste pour mes résultats, j'y vais pour la forme et sans espérer. Ou du moins, j'essaie... j'échappe pas au stress qu'on ressent tous. Les résultats parlent d'eux-mêmes. Je passe pas. Il me manquait pourtant pas grand-chose mais c'était pas assez. Même si c'était pas une surprise, ça fait mal quand même, ça humilie pas moins. Mais j'prends sur moi, c'est ce que j'ai choisi et je dois me ressaisir.

Franchement, je le sentais pas du tout. Cette année, j'ai vraiment eu beaucoup de bas et pas qu'au niveau des notes. Le départ de Ryû a été dur à vivre et ça a remué pas mal de trucs en moi, des insécurités, des incertitudes. Enfin des trucs comme ça, pas cools. Comment décider de ce que j'ai envie de faire ? C'est clair que contrairement à moi, Ryû a trouvé sa voie. Il s'épanouit dans ce qu'il a choisi. J'suis heureux pour lui mais en attendant, moi j'ai pas avancé. J'dirais même que je sais pas vers où aller. Ça en fout un sacré coup de devoir penser à ce qui vient ensuite.

Le vide que m'a laissé Ryû, c'était pas juste son absence au final. Ça m'a juste fait réaliser plus important et voir beaucoup plus loin.

Mes parents sont dans l'enseignement alors je peux pas leur cacher mes tourments. J'préférais être honnête avec eux. Je m'attendais à des sermons mais j'crois que le revirement de mon frère a simplifié les choses. Ouais, j'crois que ça a permis faire passer la pilule aisément pour moi. Ils m'ont écouté, ils m'ont compris et m'ont dit que « c'était pas grave ». Moi aussi je pouvais recommencer. C'est sûr qu'il vaut mieux prendre ça de cette façon que de croire que j'ai plus rien envie de tenter.

Pour autant, là, où je me tiens, je veux parler à personne. Je suis seul et j'ai l'impression que ce qui m'entoure devient de l'écho, du flou. Une voix que je connais bien vient percer dans le trouble. Et c'est Meyuki. Ça a pas l'air d'aller pour elle non plus, j'suppose que quand le contact visuel se fait, on comprend chacun que l'autre a merdé aussi. Du coup j'ai la larmichette et ça tombe avec un souffle lourd. Parce que c'est ça. Dès que mon frère est parti, j'ai été en échec, j'suis un échec. C'est tellement dur d'apprendre à vivre sans quelqu'un avec qui j'ai toujours été. Puis c'est encore plus ch*ant de réaliser que ça va pas en conséquence. J'en ai pas honte, c'est juste une évidence qui frappe fort.

Meyuki et moi, on s'prend en accolade. Au début, c'est maladroit, on sait pas trop comment réagir. Et on se sépare assez vite, elle est appelée puis moi aussi, mais par Ryû en personne. Je m'attendais pas à ce qu'il m'attende au tournant. Par tournant, je reçois un message qui me dit qu'il m'attend devant le campus. Je loupe pas ma minute même si une partie de moi a pas encore compris. Je sprinte vers le portail principal. Il y a beaucoup de gens pourtant je reconnais immédiatement cette silhouette, ce gars ténébreux là-bas, de dos de biais de front, peu importe, je connais ce mec. Je vois mon frère.

P*tain de m*rde. La larmichette que j'attrape en courant. J'vais prétexter que c'est le vent qu'a glissé une poussière dans mon œil tellement je cours vite. J'ai l'impression de courir à mort pour rattraper toute la distance qui a pu nous séparer pendant tout ce temps. J'me souviens de ce rêve que j'ai fait une fois, avant que Thomas me réveille. Ce rêve où il était si loin au pas de la porte de sa chambre et moi à l'autre bout du couloir. Et j'ai le sentiment que, là tout de suite, j'ai rebroussé chemin à ce moment-là, au lieu d'aller au bal. Tout se mélange quand j'me rapproche de Ryû. Je ralentis même pas et quand j'débarque à quelques mètres de lui, j'lui saute juste dessus pour le prendre dans mes bras. Ça ressemble sûrement à un plaquage à la rugbyman, vu qu'on tombe tous les deux sous la force du missile que j'suis devenu.

Et on s'en fout. Moi j'pleure, lui il panique ('fin façon de parler, il me lance son regard de Jedi dubitatif, truc du genre). Pis j'me mets à rire en pleurant et lui à rire de honte, toujours parterre. À ce moment-là... j'suis heureux comme tout, bordel. Juste le revoir, ça m'balaie à l'ouest toute la négativité qui m'a bouffé. On finit par se relever et le premier regard qu'on s'échange c'est celui de la maladresse, entre moi qui ai les yeux rouges et lui qui a son air blasé, puis on éclate de rire chacun. On arrive plus à se prendre au sérieux.

Ryû est le premier à se calmer. Il prend un air doux que j'connais bien. Puis il m'attrape la tête pour me coller le visage contre son épaule. Il me tapote aussi le dos.

— On se retrouve sur la ligne de départ. Comme toujours.

Ce qu'il me dit, je le comprends dans tous les sens qu'il veut. Parce que je sais ce qu'il grave dans sa voix quand il me parle comme ça. Il insinue que si j'redouble c'est pas un échec, c'est qu'une partie-remise, comme lui, parce que c'est nous, qu'on se suit même sur une course différente. Mes yeux mouillent même si j'fais tout pour retenir la pleurniche. Ça m'émeut d'une dinguerie. Sa présence ici pour me réconforter, par surprise en plus, on dirait qu'il savait que j'avais besoin de lui. Alors qu'on vienne jamais me dire qu'il n'est pas mon vrai frère ou quoi. On a ça dans l'âme, la résonance entre frangins. Et je lui revaudrai toujours ça. À jamais.

« Et jamais de faux départ hein ? »

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