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Yukio Ogawa
Personnel ; prof d'histoire-géo
Yukio Ogawa
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Dim 13 Juin 2021 - 21:24




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vendredi 10 février 2017


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Le soleil était couchant, le ciel était orange, et l'humeur était pâle. En cette période de l'année, les journées étaient courtes, et il ne faudrait pas bien longtemps pour qu'Aton ne replie ses mains, et ne s'en aille caresser d'autres contrées. Le parc de l'université était plongé dans un calme relatif, qui sentait les corps et les âmes fatigués. Pas loin, quelques étudiants marchaient, en échangeant de leurs voix étouffées par l'atmosphère dichromatique des propos à la teneur intangible. Il y avait quelque chose d’ineffable dans le mélange gazeux qui recouvrait les étendues gazonnées du campus, une ambiance de fin du monde, une impression que jamais les luminaires semés dans les jardins ne prendraient le relais des cornes d'Apis pour porter, aux hommes, le moyen de ne pas mourir de froid et de chagrin.

Yukio inscrivait son pas dans le ressenti général. Il était épuisé. La journée avait été plus qu’éreintante. Parler sans discontinuer lui avait lessivé le palais, et sur le chemin des amphithéâtres, il était tombé sur un chaton noir et sale comme de la suie. La créature démoniaque avait joué de ses charmes pour l'envouter, et il avait dû lui laisser sa boite de korrokes pour avoir la conscience libérée de toute culpabilité. A présent, le professeur avait faim, et n'ayant pu déjeuner, il avait la sale impression de s'être fait piqué son gouter. Cette dernière pensée n'était pas conçue sans une certaine ironie dans son esprit.



* "Pede pœna claudo" comme dirait Horace, le châtiment suit le crime en boitant... *


Bien qu'exténué, Yukio n'en avait pas totalement fini: certains de ses étudiants n'avaient pas encore eu droit à un devoir, et le professeur leur devait bien ça. Après tout, il avait été bien accueilli, autant se montrer à la hauteur de sa mission, et donner aux jeunes la possibilité de progresser en travaillant chez eux. Yukio trouvait que la jeune génération était quand même très pudique: à chaque fois qu'il donnait un devoir, les élèves contenaient leur joie, voire feignaient d'être déçus. Le professeur n'était pas dupe, ils adoraient ça. Qui n'aimerait pas se voir donner l'occasion d'explorer l'histoire ou la géographie mondiale en solitaire ? Il fallait se motiver, et donner des devoirs à tous, les petits le valaient bien.

Se lançant dans la dernière ligne droite de sa journée, Yukio déboula du bâtiment hébergeant la reprographie avec l'énergie d'un marathonien sur le dernier kilomètre. Ses deux bras se trouvaient chargés d'une énorme pile de papier, qui l'encombrait tellement qu'elle lui bloquait à moitié la vue. Quelle idée de filer des commentaires de corpus documentaires au lieu de s'en tenir à des sujets de dissertation aussi ? L'enfer était pavé de bonnes intentions, le chemin qui lui restait à parcourir jusqu'au bâtiment d'en face pour déposer ces sujets aussi. Déséquilibré, le professeur avançait comme un pingouin portant un iceberg, descendre les marches du parvis du bâtiment était un parcours du combattant, et évidemment, personne à proximité pour aider. Sans ça, le pauvre ère se serait trouvé réquisitionné comme un soignant à la retraite en temps de pandémie.

Lorsque ses pieds se posèrent enfin en bas des grands escaliers, Yukio émit un soupir de soulagement: le plus dur était fait. Il n'y avait plus aucun obstacle d'importance entre lui et le bâtiment d'en face. Bien sûr, la piste cyclable du campus passait par là, mais à cette heure-ci, qui serait assez louche pour l'emprunter ? De toutes façons, le professeur n'y voyait rien avec ses copies. Les statistiques étaient de son côté, autant y aller franco pour traverser.







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Mar 20 Juil 2021 - 14:55
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Vendredi 10 février 2017

    « Bonne soirée Watanabe-sempai ! »
    « Bonne soirée, rentrez bien ! »


    Dis-je en saluant les deux membres du club qui quittent le terrain d’athlétisme en dernier. Je reste seul, comme à mon habitude, et prends une gorgée de ma gourde avant de retourner courir encore un peu. Comme tous les vendredis soir, Sora est chez son meilleur copain donc je n’ai pas encore à me soucier de l’heure. Je suis même quasiment certain de recevoir bientôt un appel me demandant s’il peut dormir là-bas. Je commence à connaître son petit manège. Ça ne me dérange pas à partir du moment où il travaille bien à l’école et que je n’ai rien à lui reprocher. En attendant, ça me permet de me prendre un peu de temps pour moi et de faire crier mes muscles en courant autour du terrain.

    La fraicheur de février me fait souffler un petit nuage blanc à chaque foulée que je fais, mais j’ignore les basses températures. Je n’ai jamais été frileux de nature et le fait d’être encore en mouvement m’empêche d’avoir trop froid. Les dernières semaines ont été chargées depuis mon retour au Japon. Après les vacances passées en France en famille, je suis parvenu à me reprendre en mains, à laisser de côté les sentiments douloureux qui m’assaillaient depuis des mois. Aujourd’hui je parviens à croiser Kelly-sensei dans les couloirs sans partir en courant ou sans sentir mon cœur tomber en miettes. J’ai toujours cette pointe de tristesse mais je sais qu’elle finira, elle aussi, par partir. De plus, me consacrer au reste m’a permis de penser à autre chose.

    Après deux tours de terrain, je m’arrête finalement et fais quelques étirements rapides avant de rassembler mes affaires. J’enfile un pull pour ne pas attraper la mort et jette mon sac dans le bac de mon vélo. Je ne viens jamais sur le campus avec en temps normal, mais là je devais ramener du matériel pour le club, donc il m’a été utile. Je me mets en selle et vais donc pour quitter les lieux et rentrer chez moi. Comme je l’avais prédit, Sora reste chez son copain. Quelques personnes traînent encore dans le parc, lycéens ou étudiants, j’aperçois des professeurs sur le parking qui discutent. Quelqu’un m’interpelle au loin et je lui fais signe avant de me concentrer sur la route et…

    « Attention ! »

    Le type sort de nulle part et je n’ai pas le temps de l’éviter. Mon vélo prend de la place et freiner ne me sert qu’à éviter un trop gros choc. Le type se retrouve bousculé et tombe dans la remorque de mon bolide pendant qu’un tas de feuilles se met à voler autour de nous. Le temps s’arrête brièvement en même temps que mon véhicule et je me fige, tétanisé par ce qu’il vient de se passer. Une feuille m’atterrit sur la tête avant de glisser et de rejoindre les autres sur le sol.

    « Oh mon dieu ! »

    Je descends de ma selle et me précipite vers le gars. Au premier abord il n’a pas l’air beaucoup plus vieux que moi mais sa tenue un peu classe me laisse penser que c’est un prof.

    « Je suis vraiment désolé ! Vous allez bien ? Je vous avais pas vu et je m’attendais pas à voir quelqu’un et… Non pas que je me cherche des excuses hein ! Loin de là ! Attendez, je vais vous aider à sortir de là. »

    Dis-je en lui tendant la main pour l’aider à se relever.

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    Lun 26 Juil 2021 - 21:01




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    vendredi 10 février 2017


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    Le grand trou noir recracha Yukio comme un allergique à l'arachide aurait expulsé le contenu de sa bouche après avoir mordu par inattention dans un snickers. La perte de conscience avait été courte, mais elle avait rendu le malheureux professeur plutôt confus. La douleur qui se manifestait à chaque extrémité de son corps était rassurante, Ogawa-sensei n'allait pas casser sa pipe aujourd'hui, et la tétraplégie était exclue, prends ça fumier de destin, la mort, c'est pour les neurasthéniques et les gens qui portent des chaussures en mousse d'éthylène-acétate de vinyle, les autres ont droit à un ange gardien.

    Il s'agissait maintenant de reconstituer le fil des choses, où se trouvait-on ? Que s'était-il passé ? Et, surtout, qui était le pendard de basse fosse responsable de tant de souffrance ? Produisant un effort de concentration conséquent, Yukio ouvrit les yeux. Autour de lui, des feuilles blanchies au chlore voletaient telles des pétales de cerisiers, s'éparpillant dans les airs comme des esprits du vent pleins d'une malice poétique.



    *L'automne est tardif cette année. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle... et les souvenirs... et les regrets... et j'ai mal quand même.*

    Portant le regard sur son corps endolori, l'enseignant vérifia qu'aucun membre ne lui manquait, et qu'aucune de ses artères ne répandait sur le sol le liquide qui lui oxygénait le cerveau. Il fut horrifié de ses premiers constats, et faillit reperdre connaissance devant le contact avec la réalité. La situation était bien pire qu'il ne l'aurait imaginé: son costume était déchiré en plusieurs points ! De longues estafilades reliaient de profondes perforations, formant une constellation aussi terrifiante qu'un tableau expressionniste abstrait ayant pris vie. Un acte innommable avait été commis, qui avait pu commettre un tel forfait ? Un acte de pure malveillance ! L'insécurité avait gagné le parc du campus, les gangs de motards avaient déferlé sur l'université, il ne pouvait en être autrement. L'apocalypse bosozoku s'était finalement produit, et il allait falloir se battre pour renvoyer les hordes de barbares motorisés par delà Takatori station. La bibliothécaire, telle Cassandre pleurant après chaque vision, avait tenté de les prévenir. Des semaines durant, elle avait vociféré contre les jeunes à moto qui passaient près du portail, et personne ne l'avait écouté. Aujourd'hui, le pire s'était produit, et elle devait se vider de son sang entre deux rangées de livres en soupirant qu'elle l'avait bien dit. Yukio était décidé à se battre. Malgré la douleur, il allait opposer une farouche résistance à son assaillant, et défendre vaillamment sa terre, contre une armée de boryokudan prête à croiser le fer.

    *Ouvrez les portes de l'Enfer et faites de la place, la prison n'est pas assez douce pour le coupable de cet assassinat vestimentaire.*

    Le regard encore flou, Yukio entendit le colosse qui l'avait terrassé s'approcher de lui d'un pas rapide. L'ennemi ne faisait pas de sentiment, il se précipitait sur sa victime pour l'achever sans une once de pitié. Il allait falloir réagir avec vigueur pour éviter de mourir sans être debout. Le professeur tenta de s'appuyer sur les muscles qu'il contrôlait sans trop de douleur, mais l'autre bougeait avec célérité, il fut sur lui en un instant, et il lança d'une voix sans animosité aucune:

    « Je suis vraiment désolé ! Vous allez bien ? Je vous avais pas vu et je m’attendais pas à voir quelqu’un et… Non pas que je me cherche des excuses hein ! Loin de là ! Attendez, je vais vous aider à sortir de là. »

    Etait-ce un piège ? Clignant des yeux plusieurs fois, et secouant la tête pour retrouver pleinement ses esprits, l'enseignant détailla son adversaire: un étudiant on ne peut plus normal et stressé à l'idée d'avoir fait une grosse connerie... De manière totalement évidente, il allait falloir faire quelque chose pour cette légère tendance à la dramatisation et à la surinterprétation...

    -Je... Où sommes-nous ? Et quelle heure est-il ?  

    Il attrapa la main qu'on lui tendait.







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    Mer 25 Aoû 2021 - 9:22
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Paniqué, je regarde le gars dans la remorque de mon vélo, essayant d’apercevoir une quelconque blessure, du sang, un morceau de cervelle, ou n’importe quoi qui pourrait m’indiquer que je vais finir les quinze prochaines années en prison pour tentative de meurtre involontaire. Je me vois déjà suivre les autres détenus, dans une combinaison orange, à l’américaine, me battre avec eux, me faire menacer parce que je n’ai pas donné mon cookie au déjeuner ou devenir dealer de drogue au nez et à la barbe des gardiens. J’imagine Sora venir me voir chaque semaine, me racontant ses histoires de l’école avant que ses visites ne se fassent plus espacées et qu’il finisse totalement par m’oublier. Quand je sortirai de prison il aurait plus de vingt ans, une copine et serait un étudiant doué et promis à un brillant avenir. Alors que je ne serai plus que l’ombre de moi-même à quarante ans passés, que je finirai probablement ma vie à boire comme un trou dans mon appartement miteux avant de mourir suite à un coma éthylique parce que je n’aurai jamais été capable d’arrêter ma consommation malgré les supplications de ma famille.

    Décidément, il faut que j’arrête de regarder des séries américaines.

    Je tends donc la main au gars et sa question me fige légèrement sur place.

    « Hein ? »

    Hébété, je l’aide à sortir de la remorque avant de réaliser ce qu’il vient de dire. Mes yeux s’écarquillent de frayeur, je porte mes mains sur ma tête et détourne les yeux, baissés, encore paniqué.

    « Oh mon dieu, j’ai rendu un prof amnésique. A cause de moi il ne sait plus qui il est, il a dû oublier tout son savoir. Sa famille. Ses enfants vont me haïr, sa femme aussi, et ses élèves, je vais aller en prison. Ma vie est foutue ! »

    Inconsciemment, je me mets à faire les cent pas devant le gars en m’agrippant les cheveux, imaginant les pires scénarios possibles.

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    Mer 25 Aoû 2021 - 22:10




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    vendredi 10 février 2017


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    Yukio observa avec circonspection l'étudiant en pleine crise de panique. Il voulut l'interrompre mais hésita au dernier moment, il avait l'envie quelque peu malsaine d'entendre l'ensemble de la tirade affligée du jeune homme, et le voir s'arracher les cheveux l'espace de quelques instants ne lui était pas entièrement désagréable, compte tenu des circonstances.

    Écoutant avec attention les lamentations du cycliste, il les commenta intérieurement tout en fronçant les sourcils :


    * Mes enfants ? Ma femme ? C'est à dire que me rappeler ma solitude quotidienne ne m'aide pas à considérer la situation de manière positive... *

    Le pénitent paniqué proférait sans pauses des paroles pleines d'impatiences. Certes, l'enseignant avait eu une brève absence, mais la situation n'était pas si catastrophique, il se rappelait quand même de son nom. Voyant que le grand gamin était à deux doigts d'hyperventiler, le professeur se résolut à le sortir de la boucle infernale dans lequel il s'enfermait seul avec son anxiété. Croisant les bras et s'affublant d'une mine réprobatrice, il coupa son compère alors que ce dernier devait être à deux doigts de l'automutilation :

    -Mais calmez-vous par Byzance, on dirait un flagellant en pleine épidémie de peste noire. Ma famille vous remerciera de votre sollicitude mais je sais encore qui je suis. A vrai dire, si vous aviez réussi votre coup, vous auriez sans doute fait plus d'heureux que de malheureux.

    S'attendant à voir l'autre se calmer, Yukio enchaîna sur les terribles constatations qui s'imposaient :

    -Votre vie n'est pas foutue, mais pour ce qui concerne mon costume, le qualificatif serait adéquat, et votre roue de vélo a l'air voilée.

    Cet étudiant n'avait pas l'air d'être un mauvais bougre. A l'image de l'ensemble des disciples de l'université, l'enseignant lui présumait un bon fond. La colère face à la découverte de l’assassinat vestimentaire qui venait d'être commis était déjà retombée. On ne tuait pas un jeune homme avec la vie devant soi pour un costume, quand bien même il s'agissait d'un Smalto cousu main sur mesures en flanelle Loro Piana avec doublure soie et cachemire. C'était tentant, mais ça n'était pas convenable, et le professeur ne souhaitait pas que ses élèves se mettent à avoir peur de lui.

    Vu l'état d'esprit du plus jeune des deux protagonistes et les dégâts causés à sa bicyclette par l'accident, il n'était nul besoin de punir qui que ce soit, la situation était déjà suffisamment problématique pour tout le monde.

    Contemplant les alentours avec toute l'acuité de sa vision retrouvée, le professeur soupira devant la quantité invraisemblable de feuilles qui s'étalait au sol.


    -Il va falloir expliquer à mes élèves qu'ils n'auront pas de devoir cette semaine. Les pauvres, ils vont être dévastés, pour sûr...







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    Lun 30 Aoû 2021 - 17:34
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Ce n’est plus la prison que j’imagine maintenant mais les regards haineux d’une famille dévastée. Je me vois déjà traverser le campus sous les regards réprobateurs des élèves ayant perdu leur professeur préféré parce que celui-ci ne sait plus faire une addition ou faire la différence entre une métaphore et un euphémisme. Ou bien parce qu’il a oublié ce qu’est la photosynthèse ou les couleurs primaires. Etant donné que j’ignore la matière qu’il enseigne, mon esprit se met à partir loin. Peut-être même que ce n’est pas un professeur mais le fils caché du doyen et que je vais me retrouver exclu du campus, que je vais devoir retourner faire des boulots de déménageurs et que je ne pourrai jamais offrir à mon fils des études pour qu’il puisse avoir une vie décente à son tour. Bref. Je suis foutu.

    La voix du gars me ramène au moment présent et je me tourne vers lui quand il me demande de me calmer et je réagis à peine au fait qu’il sous-entend ne pas s’entendre avec sa famille. C’est pourtant bien triste. Mes yeux glissent alors vers le costume qu’il désigne comme foutu. Celui-ci est effectivement bien froissé à plusieurs endroits et je crois apercevoir un trou au niveau de son bras. Je blêmis et cela ne fait qu’empirer quand il parle de la roue de mon vélo. Je me tourne vers celui-ci pour vérifier ses dires mais ça n’a pas l’air si catastrophique que ça. Heureusement car je n’ai pas les moyens de payer un réparateur. Surtout si je dois payer un nouveau costume à ce prof.  Je me redresse et observe les feuilles éparpillées partout.

    « Ne bougez pas, je vais ramasser tout ça. C’est de ma faute ! Et je m’en voudrais d’être la cause de la tristesse de vos élèves. »

    Douce moquerie évidemment puisque je doute que ce soit réellement le cas, tout comme il l’a sous-entendu. Mais hors de question de laisser passer ça et je m’empresse déjà de rassembler toutes les feuilles autour de nous.

    « Je suis vraiment désolé pour cet incident. Vous êtes sûr que vous ne vous êtes pas fait mal quelque part ? Je peux vous accompagner à l’infirmerie si vous voulez ! »

    Je me mords la lèvre à cette pensée. Même si je parviens à ne plus fuir en voyant Kelly-sensei et que la douleur a disparu, me retrouver en sa présence me semble encore difficilement être au programme. Toutefois, je ne suis pas assez stupide pour faire abstraction d’un réel besoin si jamais ce type doit y aller.

    « Et je suis désolé pour votre costume. Je paierai les dégâts. »

    Dis-je en continuant de ramasser les feuilles qui trainent.

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    Yukio Ogawa
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    Yukio Ogawa

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    Jeu 2 Sep 2021 - 23:01




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    vendredi 10 février 2017


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    Quel garçon serviable et investi ! Se préoccuper ainsi de la tristesse des autres élèves, c'était d'une bienveillance toute admirable ! Yukio appréciait sincèrement le geste, et d'autant plus le fait  qu'il était accompagné de paroles témoignant d'une préoccupation et d'un sérieux que l'on ne trouvait que chez les étudiants les plus assidus. Ensemble, ils pouvaient réussir à sauver les meubles, et éviter la vague dépressive qui aurait à coup sûr submergé l'université à la découverte de l'incident rendant impossible la distribution des devoirs pourtant reprographiés avec tant de soin. Bien sûr, certaines feuilles allaient être un peu écornées, et le professeur de géographie allait devoir s'excuser platement pour la distribution de supports à l'intégrité entamée, mais l'essentiel serait bien là, et c'était tout ce qui comptait pour faire le bonheur du campus.

    Dans dix ans, dans les foyers estudiantins, on se raconterait encore l'histoire du jour où tout aurait pu basculer dans le chaos, juste pour se faire peur autour de discussions endiablées sur les méthodologies de recontextualisation des sources historiques et l'intérêt croissant pour la transdisciplinarité. L'histoire allait se souvenir du jour où deux héros du Savoir avaient, face à l'adversité, décidé de rester debout et ramasser des feuilles jusqu'à la tombée de la nuit, tels des stakhanovistes de l'extrême minant du charbon pour la Mère Patrie.

    Alors que le jeune homme s'excusait et proposait un passage par l'infirmerie sans paraitre vraiment convaincu par l'idée d'y mettre un pied, l'enseignant réalisa qu'il ne connaissait même pas son prénom. Il envisagea de lui demander, mais la chose devait être faite avec tact. Vu la propension du cycliste à se fourvoyer dans des tourbillons de panique, lui faire décliner son identité pourrait lui faire craindre toutes sortes de sanctions s'abattant sur lui comme autant de coups de tonnerre, et il faudrait alors calmer de nouveau les choses. D'un autre côté, il proposait maintenant de payer les dégâts, lui demander qui il était pouvait donc aller de soi.

    Demander son nom à l'étudiant n'était pas la seule et unique chose à faire. L'analyse de la scène de crime avait révélé à Yukio une vérité des plus noires et blessantes, qu'il digérait avec peine en tentant de conserver ses moyens. La situation était plus que gênante, mais il fallait l'accepter avec la dignité exigée: le gamin n'était pas en tort, le professeur lui avait clairement coupé la route en passant sur la bande cyclable hors d'un passage piéton, sans regarder si la voie était libre. Le règlement intérieur du campus était d'une limpidité abasourdissante sur le sujet des priorités circulatoires applicables au réseau du parc de l'université, et l'enseignant avait commis une faute des plus transparentes.

    Décidé à assumer ses errements et rassurer son interlocuteur inquiet, Yukio prit la parole d'une voix légèrement plus basse qu'à l'accoutumée:


    -Je vais bien, et vous n'avez pas l'air plus décidé que ça à vous rendre à l'infirmerie. Je comprends, moi aussi les espaces médicaux me rendent anxieux. C'est une forme de phobie assez répandue vous savez, vous n'avez pas à en avoir honte, et encore moins à vous forcer.

    Il continua sur un ton un peu plus formel:

    -Pour ce qui concerne votre proposition sur le coût des réparations, votre générosité vous honore, vraiment, mais je crains de ne pas mériter tant d'efforts. J'assumerai seul le poids de mes erreurs, un professeur doit donner l'exemple. Je vous ai coupé la route en dehors de tout marquage spécifiquement dédié à la traversée piétonnière, c'est à moi de vous présenter des excuses.

    S'inclinant légèrement, il compléta son propos par des mots plus légers et amicaux:

    -Puisque nous ne nous sommes pas présentés, je suis le professeur Ogawa, enseignant en histoire et géographie, et si vous le permettez, je souhaiterais que vous m'accordiez votre pardon pour le dérangement que j'ai pu occasionner. Si vous en avez besoin, je vous écrirai une lettre de recommandation, ou je signalerai à votre responsable de formation que vous avez eu un comportement exemplaire au cours d'un incident ayant eu lieu sur le campus. Si vous préférez, je peux aussi vous inviter au restaurant ou vous offrir un dédommagement de votre choix, à moins que ce ne soit incongru. Je suis profondément désolé de l'image que je peux renvoyer, je n'ai pas été pris en faute depuis l'âge de 15 ans, et je vous avoue ne pas savoir comment réagir.







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    Dim 3 Oct 2021 - 18:26
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Le fait que le professeur remarque mon trouble à la mention de l’infirmerie me gêne un peu. Je suis décidément un peu trop transparent sur certaines choses, même si je ne le contredirai pas sur les raisons qui me poussent à fuir cet endroit. Je me contente donc d’un petit sourire contrit à sa remarque, désolé de ne pas être davantage ravi de l’accompagner à l’infirmerie en cas de besoin. Heureusement qu’il ne semble pas avoir envie d’y aller non plus. L’homme reprend la parole, sur un ton si formel que c’en est très étrange quand on voit parfaitement qu’il ne doit pas être beaucoup plus vieux que moi. Sérieusement, je ne lui donne pas trente ans. Mon regard passe sur la piste cyclable et sur la sortie du bâtiment, comme pour constater de mes propres yeux l’infraction commise. Même si ce qu’il dit est vrai, on m’a toujours inculqué que celui qui avait le plus gros moyen de transport était toujours en faute. Une voiture face à un vélo sera toujours fautive, même si c’est le vélo qui a grillé la priorité. De même pour un vélo face à un piéton. Du moins c’est ainsi que je vois les choses, même si je me fourvoie peut-être.

    La suite toutefois me laisse un peu plus désemparé. Ogawa-sensei, puisque tel est son nom a priori, se propose de se faire pardonner pour cet incident de bien des manières. Si la lettre de recommandation me semble à la limite plutôt raisonnable, le fait qu’il en vienne à vouloir m’inviter au restaurant est pour le moins inattendu. Pendant un instant, je me demande si c’est un moyen pour lui de me draguer, avant de me dire qu’il faut que j’arrête de voir le mal partout.

    « Oh non, ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas besoin de vous faire pardonner de quelque manière que ce soit. »

    Dis-je en secouant la main devant moi comme pour chasser ces idées.

    « Enchanté Ogawa-sensei. Je m’appelle Watanabe Shiro, je suis étudiant en seconde année d’arts appliqués. Enfin, pour le moment parce que je vais rentrer en filière sportive à la rentrée. Non pas que ce soit une information très intéressante pour vous. Désolé, je m’éparpille un peu. »

    Je ramasse la dernière feuille dans le fond de la remorque du vélo et lui tends le paquet rassemblé.

    « Et puis je ne suis pas certain que ce soit très bien vu qu’un professeur et un étudiant aillent au restaurant ensemble. Même si nous avons à peu près le même âge. Je crois. Désolé, c’est impoli, oubliez ça. Je reviens du club d’athlétisme et je suis en train de me demander si je ne me suis pas pris un truc sur la tête. »

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    Jeu 21 Oct 2021 - 22:32




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    vendredi 10 février 2017


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    L'étudiant semblait légèrement confus, comme gêné par les invitations avancées par l'enseignant. Yukio ne parvenait pas à comprendre si le refus de ses propositions par son interlocuteur contenait un sous-texte implicite. Pour quelle raison farfelue un diner au restaurant aurait-il pu être générateur d'une gêne chez le jeune homme ? Shiro n'était pas un de ses étudiants, et vu qu'ils étaient tous deux dotés de chromosomes X et Y, il ne pouvait rien se passer de tendancieux entre eux. Le professeur ne se serait d'ailleurs pas permis ce genre de proposition s'il avait eu en face de lui une étudiante, quand bien même elle aurait eu, à l'image de Shiro, un âge pas si éloigné du sien. Yukio était à son tour circonspect, il avait bien entendu quelques rumeurs sur les relations que pouvaient entretenir certains hommes entre eux, mais ce genre de pratiques étaient sûrement circonscrites à quelques individus débridés vivant au cœur des quartiers rouges des grandes villes. L'existence de ce type de relations sur un campus universitaire relevait pour le moins de l'hypothétique, et n'avait à la connaissance de l'enseignant pas encore été documentée. D'un autre côté, il n'avait jamais vraiment cherché à se renseigner sur le sujet, à quoi bon chercher des renseignements sur des phénomènes aussi marginaux ? Perplexe, Yukio fit la liste de ce qui pouvait gêner l'étudiant, et ne percuta qu'après plusieurs secondes d'intense réflexion. C'était après tout évident, et il s'en voulut d'avoir pu laisser son esprit cavaler sur des réflexions et considérations aussi étranges et étonnantes. Quel genre d'esprit facétieux pouvait-il avoir pour réfléchir à des choses aussi improbables ! D'une voix paternaliste, il entreprit de rassurer Shiro:

    -Je comprends tout à fait les raisons qui vous poussent à la retenue mon garçon, vous êtes d'une politesse et d'une prévenance à toute épreuve. A votre place, si j'avais en face de moi un professeur au costume déchiré, j'aurais également des doutes sur l'opportunité d'accepter une invitation au restaurant, ce n'est pas là une tenue à imposer au personnel d'un établissement respectable. Cependant, je souhaite vous apporter du réconfort intellectuel sur ce point, j'ai de quoi me changer dans mon bureau, si bien que je ne vous imposerai nullement la compagnie d'un professeur dépenaillé au milieu d'honnêtes citoyens horrifiés par l'audace d'une telle délinquance vestimentaire. Il se trouve que je garde toujours un complet de rechange au cas où une horde d'étudiants en arts lobotomisés par un professeur aigri, trop attaché à de vieilles lunes, se seraient fixés pour objectif de m'assaillir à coups de tubes de peinture acrylique. Je suis prévoyant voyez-vous.

    Yukio ne parvenait pas à identifier si ses paroles avaient un quelconque effet sur le trouble de l'étudiant. Il poursuivit sans penser à mal:

    -Vous savez, je pense être assez performant quand il s'agit d’ôter mes vêtements parce qu'ils sont déchirés, figurez-vous que j'ai déjà pratiqué, ça ne devrait pas me prendre longtemps. Vous avez dû faire travailler tous ces muscles saillants au club d'athlétisme, je suis à peu près sûr que vous devez avoir très faim, et je vous dois bien ça. Entre la fatigue du sport et le stress de l'accident, vous semblez un peu fébrile, vous avez clairement besoin d'ingurgiter quelque chose de chaud. Je ne suis pas doué pour grand chose, mais je peux au moins vous aider pour ça. A votre âge, on a un appétit solide. Je dis cela mais comme vous l'avez justement fait remarquer, nous ne devons pas avoir une si grande différence que ça, quelques années tout au plus. Je vous avoue que moi aussi je suis affamé, je n'ai rien avalé depuis un moment maintenant. Bien sûr, c'est vous qui voyez Watanabe-kun, je ne voudrais pas vous forcer la main. Je suis très respectueux du consentement des autres quand il s'agit de telles invitations.

    Non, vraiment, Yukio ne parvenait pas à discerner une dissipation de la confusion de son interlocuteur. Son propos était pourtant clair et limpide. Les jeunes d'aujourd'hui avaient décidément des réactions bien surprenantes. Le professeur s'était toujours senti en décalage avec sa génération, mais ce soir, ce décalage était assez prégnant.







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    Lun 6 Déc 2021 - 17:56
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Si on m’avait dit qu’il y avait sur le campus un professeur aussi étrange que ce type, il est fort probable que- oui, non, en réalité je l’aurai cru immédiatement. J’ai l’impression que plus rien ne peut réellement m’étonner à Kobe High School. Néanmoins, quand il prend la parole pour supposer des raisons qui me poussent à refuser son invitation, j’en reste littéralement bouche bée malgré tout. Est-il réellement sérieux ? Pense-t-il vraiment que je refuse à cause de son costume un peu froissé et abîmé ? Pendant un instant, je me dis que je dois mal comprendre ce qu’il cherche à me dire mais la suite de ses paroles sur la présence d’une tenue de rechange dans son bureau me confirme que j’ai bien compris.

    Moi qui suis d’un naturel bavard, je reste sans voix et n’essaie même pas de savoir dans quelles circonstances il a pu pratiquer « le costume déchiré et retiré avec performance ». Néanmoins, mes pensées étant ce qu’elles sont, elles se mettent très vite à divaguer et je tousse doucement dans mon poing pour masquer ma gêne quand il mentionne mes « muscles saillants ». Ce type n’a réellement aucune idée du double sens de ses propos ou bien le fait-il exprès ? Il me suffit de voir avec quel sérieux il parle pour réaliser qu’il est on ne peut plus sérieux quand il annonce que je dois ingurgiter quelque chose de chaud. Je dois me faire violence pour ne pas exploser de rire, ce qui serait sans doute mal venu face à un professeur d’aussi bonne volonté et pensant au consentement d’autrui.

    Partagé entre le malaise et l’envie irrépressible de rire, je tousse légèrement dans mon poing encore une fois - il va finir par croire que je tombe malade et me proposer de jouer au docteur si ça continue. Reprenant mon sérieux du mieux possible, je cherche une façon polie de décliner encore une fois.

    « Je vous assure que je vais très bien Ogawa-sensei et que l’état de votre costume m’importe peu. Ne vous cassez pas la tête à aller en chercher un autre, vous avez sans doute envie de rentrer chez vous à cette heure-ci. »

    Plus je le regarde, et plus je me dis que ce type a un côté mignon dans sa naïveté. Le fait que nous soyons dans les mêmes âges ne doit pas aider mon esprit à se calmer avec ses sous-entendus involontaires. Pendant un instant, j’hésite à accepter son invitation avant de me dire que mes pensées me jouent beaucoup trop de tours et qu’il faut que je cesse.

    « En réalité, je ne peux pas vraiment m’attarder avec vous. Je suis certain que votre compagnie serait très agréable, soyez-en sûr, mais je vais bientôt devoir aller chercher mon fils. »

    Petit mensonge puisque ce dernier reste chez son ami, mais cette excuse me permettra sans aucun doute d’éviter le malaise d’une prolongation de soirée avec un professeur n’ayant même pas conscience du double sens de ses paroles.

    « Souhaitez-vous que je vous raccompagne à votre voiture ? Vous êtes sûr que vous ne vous êtes pas fait mal quelque part en tombant ? »  

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    Lun 13 Déc 2021 - 18:22




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    vendredi 10 février 2017


    Refus de priorité  Refus_10

    Yukio vit le jeune homme retenir une toux tenace, et fut saisi d’une compassion toute empathique : craindre le corps médical au point de ne pas consulter, voilà qui était d’un tragique attristant. Le pauvre garçon devait avoir la phobie tenace pour laisser s’installer en lui les afflictions qui devaient le conduire à l’immobilité. Le professeur était touché par la vulnérabilité ainsi révélée de l’étudiant, qui tentait malgré l’évidence des symptômes physiques de conserver un port digne et réservé. Par bien des moyens, l’enseignant aurait souhaité l’aider, mais n’étant pas médecin, il était aussi impuissant qu’Hannibal devant la muraille Servienne, et son aide n’aurait eu plus de valeur qu’un bloc de pyrite dans la besace d’un orpailleur. Saisi par le vertige de sa propre inutilité face aux difficultés qui tourmentaient son interlocuteur, il resta coi.

    Laissé comme seul occupant du boulevard discursif par ce spacieux silence, Shiro en profita pour enchaîner sur le renvoi de toutes les propositions avancées par le piéton maladroit. Yukio, voyant les excuses former les perles d’un collier surchargé, pensa avec circonspection :


    *Tiens, un latiniste : il décline, il décline, et à la fin, on sait toujours pas quel est le sens des mots...*

    Le professeur finit tout de même par saisir le fait que l’étudiant était avant tout le géniteur d’un bambin dépendant, et il s’en voulut d’avoir embarqué dans cet imbroglio un bon père de famille. L’espace d’un instant, il fut renvoyé par cette révélation à son propre échec en matière de construction familiale, son succès en la matière étant aussi inexistant qu’un tigre à dents de chèvres. D’une manière assez vicieuse, toute cette conversation le plaçait face au miroir de ses propres turpitudes, et il appréciait moyennement, bien que le jeune homme en face de lui n’y fût pas pour grand-chose. S’il s’était fait mal en tombant, c’était avant tout à son amour-propre, qui recevait les volées de bois vert avec l’amertume du bon élève plaqué au sol par la réalisation brutale de ses limites toutes humaines.

    Toute cette affaire le déprimait : non seulement il était en tort, mais en sus il se sentait aussi nul qu’une procédure de justice ployant sous les vices de formes. Lorsque Shiro termina sa locution par une proposition de le raccompagner à sa voiture, il sentit le dernier clou du cercueil se planter en lui comme un pieu en plein cœur : il n’avait même pas de voiture.

    Pas d’épouse, pas d’enfant, pas de doctorat en médecine, pas de voiture, un costume déchiré et un étudiant qui ne voulait même pas partager un repas à ses côtés : sa vie était un roman d’Emile Zola, et pas l’un de ceux qu’on adapte sur les écrans, l’un de ceux qu’on oublie comme on oblitère la réalité qu’ils ont pu décrire. Il était à deux doigts de se noyer comme un chat de gouttière sous les pluies cévenoles, ne tenant sur ses jambes que par la force aliénante des habitudes.

    Il tenta vainement de camoufler l’accablante mélancolie qui s’abattait sur lui comme la misère sur les canuts, mais le désarmement moral qui l’avait enlacé se lisait dans le ton de sa voix et l’inclination de son visage :


    -Oh… Eh bien… Je… Je vois… vous avez des obligations familiales, je comprends tout à fait… Votre épouse doit vous attendre, votre fils également, vous devriez y aller… Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais rentrer… Passez une bonne soirée.

    Il releva brièvement les yeux, comme pour croiser ceux de Shiro une dernière fois, puis il entreprit de rassembler ses affaires pour s’en aller.







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    Sam 1 Jan 2022 - 14:59
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Je n’ai jamais été quelqu’un de très perspicace. J’ai tendance à laisser passer facilement des choses qui semblent évidentes à beaucoup de monde. C’est ma tendance à ne pas réussir à me concentrer très longtemps qui m’a rendu un peu maladroit et parfois peu attentif à ce qui m’entoure. Pourtant, malgré l’obscurité naissante de la soirée, le changement d’attitude du professeur ne m’échappe pas. Ma remarque semble faire naître quelque chose sur lequel je n’arrive pas tout de suite à mettre de mots. Mais Ogawa-sensei a l’air de se tendre et ses épaules se voûtent en même temps très légèrement. Sa façon de me répondre, hésitante, finit par me convaincre que quelque chose ne va pas, tout comme son visage qui se baisse et soudain un sentiment de profonde culpabilité s’empare de moi.

    Si je n’ai aucun moyen de comprendre pourquoi il se met dans un tel état, je peux supposer brièvement que mon refus de dîner avec lui n’y est évidemment pas étranger. Toutefois, cela me paraît bien léger pour déclencher une telle réaction. Il vient croiser rapidement mon regard avant de terminer de rassembler ses affaires. Pendant deux secondes, je ne bouge pas, ne sachant pas quoi dire ou faire. Si je trouve gênant d’aller dîner avec un prof, je me sens encore plus mal de le laisser dans cet état.

    « Oh non, je n’ai pas d’épouse qui m’attend, et… »

    Tout en étant persuadé que je vais regretter mes prochaines paroles, je ne peux m’empêcher de les laisser sortir malgré tout. Je sors mon portable pour appuyer mes paroles suivantes.

    « Et je viens de me rappeler que mon fils ne m’attend pas non plus. Il dort chez un copain ! Je suis un peu tête en l’air, désolé. Ça doit être l’effort physique, ça fait monter le sang à la tête ! »

    Dis-je en riant légèrement, tout en m’insultant mentalement de mes stupidités.  Il va sûrement me prendre pour un crétin.

    « Du coup, si votre invitation tient toujours, ce sera avec plaisir que je vous accompagnerai manger quelque chose. Vous avez un endroit en particulier en tête ? »

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    Mar 11 Jan 2022 - 22:48




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    vendredi 10 février 2017


    Refus de priorité  Refus_10

    L'obscurité avait à présent étendu sur le campus une couverture d'un noir profond, amenant avec elle la quiétude des tristes soirées où le monde n'a pas prévu de basculer. Autour de la scène accidentée, le parc était vidé de toute présence, comme délaissé. L'herbe bruissait sous la caresse d'une brise légère, et le béton des allées rayonnait d'une froideur qui mordait les semelles trop fines. Les lampadaires s'allumaient lentement, un à un, comme touchés par un feu follet ivre et titubant, et dans les ténèbres en pleine course, ils semblaient entourés d'un halo de brouillard qui déformait  leur lumière, les faisant paraitre tels les figurants involontaires d'un tableau expressionniste. L'ambiance était sereine et lourde, calme et pesante. Les mains encombrées par ses affaires et par le poids de la solitude, Yukio était déjà sur le chemin de ses propres turpitudes lorsque Shiro le rattrapa d'une voix hésitante.

    L'invitation initialement refusée était finalement acceptée. Etait-ce de la pitié ? De la compassion ? De la curiosité ? La félicité des coïncidences ? Les paroles de l'étudiant en révélaient certainement un peu plus que ce que ce dernier aurait voulu. Pas d'épouse ? Un fils seul ? La vie du jeune homme n'était peut-être pas si parfaite et heureuse. En quelques sortes, ce n'était pas qu'une mauvaise nouvelle: le malheur se partage aussi bien, sinon plus, que le meilleur des bons vins. La vie, quelques joies, vite effacées par d'inoubliables chagrins...

    La mère de son fils. Etait-elle morte ? Ou seulement loin ? Peut-être que ça revenait au même: quand on ne voit pas les gens, on les oublie, et l'oubli, la mort, quelle différence ? Dans un cas comme dans l'autre, l'amour n'est plus là, et il ne reste que l'absence, un vide imperceptible dans les fondations de l'esprit, qui sape, qui mine l'humeur et l'euphorie, qui vibre salement en parallèle à la vie. Quelqu'un n'est plus là, c'est suffisant. Perdre quelqu'un, puis son visage, puis sa voix, puis son souvenir, puis son manque, puis l'envie d'aller fleurir sa tombe, puis la culpabilité de ne pas le faire. Le vide et l'absence, la mort et le néant. Il fallait bien apprendre à naviguer sur les torrents de larmes déversés, depuis l'éternité, par des générations d'amoureux endeuillés.

    Accepter l'invitation était touchant. Le professeur trouvait qu'il y avait un certain courage à revenir sur une excuse familiale d'une manière aussi gauche. C'était à la fois insultant et attendrissant, à l'image des paroles d'un enfant avouant une bêtise insignifiante. L'enseignant n'était pas d'humeur à mettre mal à l'aise Shiro. L'invitation était acceptée, c'était à vrai dire tout ce qui comptait. A partir d'un certain âge, la vie consistait à accepter ce qui était offert, et choisir ses batailles pour ne pas s'épuiser inutilement.

    Simplement heureux de l'issue qui se profilait, Yukio proposa avec une voix fatiguée et rassurante:


    -Osteria Gaudente ? C'est près du port. Le chef est un italien avec la main beaucoup trop lourde sur le sel, mais il est sympathique.







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    Ven 21 Jan 2022 - 14:56
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  • Vendredi 10 février 2017
  • Yukio Ogawa
  • Mon excuse est pitoyable, j’en ai bien conscience. S’il ne se rend pas compte que j’ai menti juste avant pour m’échapper, il est vraiment aveugle. Mais honnêtement, je ne doute pas qu’il s’en rende compte et j’ai même peur qu’il m’envoie balader. Mais à la place, il ne relève pas et mentionne même le nom d’un restaurant italien près du port. Je réfléchis un instant mais je ne pense pas y avoir déjà été alors c’est l’occasion de connaître un autre endroit sympa.

    « Ça me va ! J’aime bien manger italien. »

    Je vérifie autour de nous si aucune feuille n’a été oubliée mais apparemment nous avons tout bien ramassé. Marchant à côté de mon vélo pour ne pas semer le pauvre professeur, je réfléchis à la façon de rejoindre le restaurant. Il faudrait que je laisse mon vélo à la fac s’il nous emmène avec sa voiture. Mais ce ne sera pas pratique pour demain, ou alors il faudra qu’il me ramène ici après le dîner. Peut-être que nous pourrions directement nous rejoindre là-bas, ce serait plus simple.

    « Est-ce que vous- »

    Mais je suis interrompu par la sonnerie de mon portable qui retentit un peu trop fort dans ma poche. Je m’excuse auprès du professeur tout en m’arrêtant de marcher et plisse le regard en reconnaissant le nom de la mère du copain de Sora. Soudain inquiet, je réponds.

    « Bonsoir Ito-san. »
    « Watanabe-san, bonsoir. Je suis désolée de vous appeler aussi tard, mais Sora ne se sent pas très bien. »


    Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et mon regard se plante dans celui du professeur. Je sais qu’elle parle assez fort pour qu’il entende la conversation.

    « Pas très bien ? Comment ça ? Il a de la fièvre ? »
    « Non, je ne crois pas. Mais il semble enrhumé et il est tout ronchon depuis qu’il est arrivé. »
    « Je peux lui parler ? »
    « Bien sûr, attendez. »
    « Papa… »
    « Bah alors mon chéri, ça ne va pas ? »
    « Non. Je veux rentrer. Tu peux venir me chercher ? »
    « Oh, euh… »


    Je regarde de nouveau Ogawa-sensei, un peu mal à l’aise, mais le bien-être de mon fils passant avant tout, je finis par hocher la tête par réflexe.

    « Oui bien sûr. Je pars de la fac et j’arrive, d’accord ? »
    « Oui… »


    Il a une toute petite voix et je n’aime pas ça. S’il est malade, le weekend s’annonce difficile. Nous raccrochons après avoir dit à Ito-san que j’arrivais et je reporte mon attention sur le professeur.

    « Je suis vraiment désolé mais je vais devoir annuler. Visiblement mon fils est malade. Est-ce que ça vous dit qu’on remette ça à un autre jour ? Je ne voudrais pas donner l’impression de me défiler, surtout que ce resto italien me tentait bien. »

    Tout en parlant, je suis grimpé sur mon vélo, prêt à repartir.

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    Yukio Ogawa
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    Mar 25 Jan 2022 - 0:41




    Refus de priorité
    vendredi 10 février 2017


    Refus de priorité  Refus_10

    Déjà, il s'éloigne, et sur le campus déserté, le silence s'abat avec la lourdeur d'une grille en fonte. La nuit, froide et obscure, éteint les bruits avec la douceur d'un épais drap de laine. Ne résonnent plus dans les ténèbres insondables que les frottements de quelques feuilles, mortes, portées sur l'herbe par des bourrasques si légères qu'elles ne font que souligner l'immobilité de chaque chose. Au loin, le crépitement d'un réverbère attire quelques insectes, qui tournent, sans but, à l'image du monde en cette nuit. Pris dans le tourbillon d'une hypnotisant valse, chaque battement d'aile les approche, un peu plus, d'une agonie suivant l'épuisement. Pour autant, la force avec laquelle ils se débattent, sans percevoir l'inanité de leurs mouvements, ne produit aucun son. L'atmosphère, comme indifférente à l'aliénation d'un anéantissement sans propos, étouffe avec apathie les vies insignifiantes des êtres captifs du Maelström. Plus loin encore, de rares voitures fendent le soir avec léthargie, comme engourdies par la température en pleine chute de tension, transportant vers des foyers exempts de toute exaltation des âmes inertes, rendues lasses par la fatigue et l'absence de perspectives.

    Seul sur la bande cyclable, entouré de quelques feuilles imprimées qui volètent encore, Yukio regarde le ciel avec circonspection. Les étoiles semblent si lointaines, et apparaissent si frêles au milieu des immensités de vide où le regard peut se perdre aussi bien que la joie de vivre. Balbutiantes dans leur expression lumineuse, distantes au point de n'être que des points dans une voute effrayante, les constellations laissent le professeur d'histoire retomber sur terre avec le sentiment désagréable d'une morosité justifiée.

    Il est temps de rentrer, croit-il. Retrouver par delà le portique abandonné à cette heure un appartement dépeuplé, habité par l'inexprimable horreur d'une vie solitaire. Retrouver à quelques kilomètres cette cage pour misanthropes involontaires, coincée entre d'autres cages pour reclus accidentels. Dans une cuisine aussi calme que triste, cuisiner, si la résignation ne vainc pas totalement, quelque chose, au choix, de trop volumineux pour un seul, ou d'adapté, et donc élégiaque. Manger sans vis-à-vis, sans dérangement et sans émulation, sans friction et sans sel. Puis aller dormir, pour trouver peut-être, dans les rêves, l'éréthisme de l'esprit, introuvable lors de l'éveil en demi-teinte qui habite les jours de ceux qui vivent confinés dans l'ombre d'une existence sans goût.

    Il est temps, la nuit s'avance, l'envie recule, et la vie se trouve suspendue.

    Il est temps, les minutes elles-mêmes sont lasses. Le feu n'a pas pris.

    Il est temps, les yeux sont fatigués de cacher au monde ce qu'il est.

    Il est temps, peut-être.

    Il est temps.

    Rentrons. Demain, l'on y pensera plus.









    Spoiler:

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