La douce chaleur estivale prolongea son air thermique, le vent amoindrissant son effet caniculaire. Proche de la canopée, le soleil s'éclipsa dans les arbres bruissant, les feuilles vertes se frictionnant entre elles apportant un enveloppant parfum d'été.
Sous ses rayons solaires se teintant d'une douceur ambrée, Alya arpentait la cour, son humeur ruminante laissant derrière elle une traînée de gravier écrasé par le poids de ses pas délibérément lents, mais appuyés.
Elle n'eut pas l'occasion d'aller décharger ses muscles sur la piste de course que d'office, elle identifia Rindo qui la prit de court. Sa voix cinglante adressée à l'auteur des faits fendit l'air comme une menace tacite à quiconque menacerait la tranquillité de la Britannique. Cette dernière lui coula un regard en hauteur en considération de leur différence de taille.
- Attends, tu nous écoutes depuis quand ? s'enquit-elle, ses pupilles se dilatant sous la surprise.
Sa mâchoire se crispa un instant avant que sa réflexion aiguisée ne s'apaise en attribuant les propres atouts à sa colocataire : Rindo était une fouineuse, et sa curieuse manie de fourrer son nez dans les affaires de n'importe qui ne l'étonnait guère.
Pour autant, son soutien lui apportait un peu de légèreté bien que la sportive était plus évertuée à corriger son expression pour garder sa facette de marbre qu'à manifester sa gratitude.
- Qui ? Encore dans la retenue, Alya évalua les circonstances, puis finit par laisser la pression retombée. Par de maintes fois, Rindo lui avait témoigné des gages d'amitié dans la loyauté qu'elle lui prouvait en se rangeant systématiquement de son côté, il était donc injuste qu'elle le lui cache - d'autant plus que son geste sec en direction de l'accusé ne permettait aucun déni de sa part. Ah, Mori.
Ses épaules s'affaissèrent, sa garde amenuisée alors qu'elle coulait un regard chargé de jugement dans la direction du garçon.
- Ce paumard, comme tu dis, voulait me chercher des noises. Mathéo m'a balancé, alors il a cru pouvoir le défendre.
Hormis Kazane, Rindo était la deuxième fille envers qui Alya parvenait à se confier. Là où une amitié sincère et inaltérable s'était construite avec la première, le lien avec la deuxième avait pris forme grâce aux circonstances.
Camarades de chambrée, il était impossible que les deux jeunes femmes s'évitent, même si elles le voulaient. Par leur proximité forcée, elles avaient lentement établi une affinité par leur opposition entre la nature réfléchie et celle instinctive.
Alya appréciait la loyauté sans failles de la rousse qui puisait sa source dans une passion pour ses relations avec les autres - ou une forte peur de l'abandon dans un langage plus pessimiste.
Par sa force de caractère et l'affirmation de soi qu'elle imposait au creux de l'échange, la scientifique lui apparaissait comme authentique, dénuée de mauvais sentiments à l'égard de ceux qu'elle estimait.
Pour Alya, Rindo avait tout d'une formidable alliée, tout comme d'une redoutable ennemie - pour sûr qu'elle préférait être dans ses bonnes grâces, bien qu'à ses yeux, c'est Rindo qui espérait rester dans les siennes.
Expulsant un soupir de relâchement, Alya se pinça l'arête du nez en fronçant les sourcils, son esprit déjà affairé à recentraliser les différents propos tenus afin de lui servir des révélations structurées.
- Le problème, c'est que notre interaction a plus viré à un pseudo-harcèlement qu'à une demande de correction de ma part. La sportive ne tentait pas d'être objective puisqu'elle ne se trouvait aucun tort après cette discussion, preuve qu'elle n'avait pas eu l'effet escompté. Cependant, elle édulcora volontairement l'éventail de ses émotions, puisque la tendance impulsive de sa colocataire pourrait soit la mettre en porte-à-faux, soit décrédibilisé tous ses arguments au sujet de l'entraide si elle venait à bondir auprès de son ennemi. Seito a voulu réparer le préjudice subi, mais je n'arrive pas à prendre les chouineurs au sérieux.
Mal affirmée dans cette conversation où elle acceptait tout de même de se livrer, elle croisa un bras contre sa poitrine et attrapa son coude dans la paume de sa main opposée.
- Enfin... Tout ça pour dire que je n'ai rien contre les discussions, au contraire, tu me connais, j'adore débattre - mais là, on a atteint un stade où Seito a juste aimé s'écouter parler et reluire le canarticho de Mathéo en jouant son chevalier protecteur auprès de moi, t'imagines pas comment ça m'énerve. Comme si Mathéo n'était pas capable de me parler lui-même.
Ses iris coulèrent en direction du distributeur de boissons inondé d'un puit de lumière où un groupe d'étudiants joyeux avait pris possession de son utilisation. D'un pouce qu'elle jeta derrière son épaule pour le désigner, Alya suggéra.
- Je t'offre à boire, on sera plus à l'aise pour discuter.
First talk after
Ft. Rindo