LET ME OUT! ; avec Chandini Appachetty

Tu semblais toute guillerette en ce milieu d'après-midi. Scotchée sur ton téléphone, tes doigts pianotaient sur l'écran tactile alors que tu étais couchée sur ton lit, prête à en bondir à n'importe quel moment. Tu n'attendais qu'une chose, un signal, et les amies avec qui tu parlais aussi. Au bout de 10 minutes, votre programme était fait et tu partais te préparer.
Tu pris une douche rapide, histoire de te rafraîchir un petit peu, et commenças à te maquiller. Une bonne base avec du fond de teint, tu t'appliquais pour poser ton fard à paupières pailletés avant de tracer ton eyeliner et poser tes faux-cils. Sur tes lèvres, un gloss transparent s'était rajouté par-dessus un rouge à lèvres marron rosé. Il ne te restait plus qu'à enfiler ta tenue, faire ton mini sac et let's go ! Let's go APRÈS t'être prise en photos, pour toi, les jeunes femmes que tu allais rejoindre mais aussi une pour Milan, en lui disant simplement que tu allais rejoindre des amiEs pour passer la soirée avant les révisions. Cette fois, c'était bon ! Tes clés, une mini batterie de secours, quelques billets et ta pièce d'identité, tu rajoutas un gloss ainsi qu'une version mini de ta trousse de “secours” : quelques comprimés de paracetamol et seulement 2 serviettes de nuit. Tu enfilas un manteau et tes talons claquaient joyeusement à chacun de tes pas vers l'extérieur.

Tu avais tant de choses en tête mais ce genre de sorties, bien que rare, te faisaient un bien fou. Ces femmes étaient ce que tu rêvais de devenir un jour : confiante, sans te soucier du regard ou de l'avis des inconnus, prête à hausser la voix sans sourciller ni bégayer face à l'adversité. C'était ta définition d'une femme forte, une femme qui ne se laissait pas faire sans écraser inutilement les autres. Elles te prenaient pour un poussin, ou une poupée, mais tu t'en fichais pas mal car ça te convenait, vous vous amusiez si bien ensemble et ce soir ne serait pas une exception.

La soirée commença dans un pub, où vous aviez pu commencer à parler, rire, grignoter et surtout boire. Tu t'étais contentée de quelques bouchées d'apéritifs et de boissons sans alcool. Vous rigoliez des mésaventures de la semaine que certaines avaient pu rencontrer et finalement, le plan initial se transforma en virée en boîte de nuit. Si au début tu étais un peu réticente, tu te laissas bien malgré toi entraînée dans cette aventure. De toutes façons, tu serais rentrée tard, non ? Alors quitte à te faire enguirlander et punir, autant que tu te sois amusée ! Adieu karaoke, ce serait pour une prochaine fois et direction le Jamdung. Y rentrer avait été quelque peu compliqué mais une fois à l'intérieur, vous aviez enfin pu vous lâcher et danser ensemble.

Tu bus ton premier verre pour fêter ta première virée en boîte avec elles, puis elles t'en offrirent un second pour ta première danse. Sans t'en rendre compte, tu enchaînais les verres mais sur la piste, tu ne ressentais que le rythme de la musique et un sentiment de liberté qui te manquait tellement. Danser ici n'avait rien de compliqué et ne demandait pas de connaître une quelconque chorégraphie, juste de ne pas être raide comme un piquet.

Si tu devais résumer ta soirée, ce serait rires, verres, danser et recaler les quelques relous.

Mais si Cendrillon avait eu minuit comme couvre-feu, pour vous, ce fut le moment où la boîte commençait à se vider de plus en plus, signe que le matin allait pointer le bout de son nez. Et s'il y en avait déjà qui vous avez faussé compagnie après avoir attrapé dans leur filet une proie à leur convenance, d'autres étaient mortes de fatigue à cause de leur emploi du temps de la semaine et vous avez quitté pour rejoindre leur lit et Morphée. Vous n'étiez plus que 3, et la maman du groupe t'avertit que vous n'alliez pas tarder non plus. Toute joyeuse malgré cette mauvaise nouvelle, tu la remercias pour cette nuit de folie et lui dis que tu avais hâte que vous remettiez ça ! Mais d'abord, un petit tour aux toilettes s'imposait, et ça ne manqua pas de la faire rire. Tu ne marchais pas très droit mais ça ne se remarquait pas vraiment au vu des gens que tu devais esquiver, et, une fois dans les WC, tu crus que le début de ta punition arrivait : toutes les cabines étaient prises !

Pendant quelques minutes, tu leur expliquais par SMS que tu devais vraisemblablement attendre ton tour pour soulager ta vessie et qu'elles pouvaient y aller, tu avais suffisamment d'argent pour te prendre un taxi. Tu ne savais pas si elles partiraient vraiment ou si elles t'attendraient toujours devant mais e ton côté, tu n'en pouvais plus ! Tu sortis des toilettes en vérifiant que personne ne regardait pour t'engouffrer dans celles des messieurs. Par un inattendu miracle, il n'y avait personne ! Ni une ni deux, tu t'enfermais dans l'une des nombreuses cabines disponibles et pus ENFIN soulager ta vessie. Qu'est-ce que ça faisait du bien ! Tu allais pour sortir quand tu entendis la porte s'ouvrir et finalement, tu te décidas à faire la morte. Tu attendrais que la personne parte… mais il ne partait pas. À la place, tu entendais une porte se faire violenter. Est-ce qu'il était coincé ? La peur d'être dans le même cas que lui te fit ouvrir le loquet et sortir sans encombres. Fiouu…

« Est-ce qu’il y a quelqu’un ? S’il vous plaît ! »

Il avait clairement dû entendre tes talons claquer sur le sol, ainsi que l'eau que tu faisais à présent couler pour te laver les mains. Comment pouvait-on rester enfermé dans des WC ?! Tu te penchas pour regarder où des pieds étaient présents et te dirigeas ensuite au bon endroit, tapotant du bout de l'ongle sur sa porte.

« Vous êtes sûr d'avoir bien déverrouillé le loquet ?, tu regardas comment il apparaissait e ton côté avant de te reprendre, Il est tout rouge de ce côté… »

Bah quoi ? C'était la vérité ! S'il n'était pas capable de simplement se rappeler qu'il avait verrouillé sa porte, ce n'était pas de ta faute… mais ton cerveau ne semblait pas envisager que c'était ce-dit loquet qui ne voulait plus me libérer…

tenue

Ta question était stupide, et le ton qu'il avait pris pour te répondre, tu avais l'impression qu'il était désespéré par ta question. Tu le prenais pour un idiot ou quoi ? Bien évidemment qu'il avait déjà dû essayer en vain de déverrouiller ce maudit loquet qui le gardait prisonnier. Mais là du coup, il vous faudrait trouver comment l'en libérer. Une lime à ongles ? Il venait sérieusement de te demander une lime à ongles ? Tu n'en avais pas mais fouillas quand même ton sac, peut-être qu'en y croyant très fort…rien ne se produira. Hé oui Monsieur, il ne fallait pas passer son temps à rêver non plus ! Il pouvait t'entendre fouiller dans ton petit sac à main encore et encore jusqu'à ce que tu finisses par sortir quelque chose, en poussant un petit son de victoire. Tu t'agrippas à la poignée de sa porte pour te laisser lentement glisser vers le bas et lui tendis par dessous la porte ton gloss.

« C'est mon préféré mais s'il peut t'aider à t'sortir de là, hésite pas à bien en utiliser. P't'être qu'en t'en servant comme d'huile avec ta carte bleue, bah t'y arriveras à t'sortir d'là ? »

Avec un peu de difficultés, tu parvins à te redresser mais tu ne pus retenir comme quoi tu étais trop vieille pour tes pauvres articulations, tes pauvres genoux souffrants. Tu finis par te détacher de sa porte et pris appuis sur le lavabo pour y poser un bout de fesses. Les bras croisés, tu attendais que le bonhomme sorte de là pour te rendre ton précieux gloss. Pour le peu que tu l'avais entendu parler, il ne te sonnait pas vraiment comme un natif. C'était un étranger, comme toi ? Ou ton audition de personne plus très sobre ? À moins que ce ne soit lui, plus très sobre, qui sonnait comme tel ? En tous les cas, la curiosité était assez grande.

« T'es d'où ? T'es ici pour les vacances ? »

Bah quoi ? Y avait-il une loi qui interdisait de faire connaissance ainsi ? Non. AU-CUNE.

tenue

Il te remerciait et en même temps, il semblait si peu sûr de lui en prenant ton précieux brillant à lèvres. Il avait dû remarquer que ce n'était pas un vulgaire gloss acheté pour quelques maigres Yens à la supérette du coin mais bel et bien un produit de marque, acheté dans une boutique spécialisée qu'on appelait "parfumerie". Tu ne voyais que ça pour expliquer son silence. Ce n'était certainement pas à cause de cette situation sans queue ni tête, non. Assise sur le rebord des lavabos, tu attendais patiemment la sortie du jeune homme derrière la porte. Et s'il n'y arrivait pas ? Peut-être que la meilleure chose à faire aurait été d'appeler quelqu'un qui travaillait ici, non ? Le personnel devait forcément être au courant que ça pouvait parfois coincer !

« Je… je crois que ça marche !
- Ah ? T'hésites pas hein, j'pense que sinon, faudra employer les "grands moyens" ~ »

Tu finis ta phrase par un faible rire, lui expliquant que tu irais simplement chercher de l'aide à l'extérieur. Tu entendais sa carte, vaillante comme elle n'avait jamais dû l'être avant, faire de son mieux pour s'acquitter de cette nouvelle tâche bien étrange pour elle. Le prisonnier semblait plutôt amical et l'inconnu t'informa qu'il était dans l'un des campus de la ville. L'un d'eux ? Instinctivement, tu pensais qu'il était sur le même que toi. N'était-ce pas naturel d'avoir ce genre de pensées en entendant une telle chose ?

« Oooh t'es sérieux ?! Moi aussiii !, tes petites mains tapèrent l'une contre l'autre, T'es où ? T'étudies quoi ? Dans quel club ?, et puis tu eus une soudaine réalisation qui te fit inspirer assez fort, Haaan ! Ou… Vous… Vous êtes un professeur ? »

Bien évidemment que vos professeurs avaient également le droit de s'amuser en week-end, mais ce n'était pas non plus une excuse pour lui manquer de respect. Tu avais une petite montée de stress tout à coup, tu pouvais le sentir en toi. Comment faire…?

tenue

Tu ne pus t'empêcher de rigoler à sa remarque sur le fait que c'était déjà suffisamment honteux comme ça qu'une seule personne soit déjà présente pour assister à cet incroyable qu'il offrait en étant enfermé, inutile de rameuter d'autres personnes. Et alors que tu te préparais à lui présenter toute une ribambelle d'excuses toutes plus sincères les unes que les autres au cas où tu avais manqué de respect à un professeur, ce qui te faisait bien évidemment stresser, tu l'écoutais rire à son tour de tes propos. Il n'était lui aussi qu'un simple étudiant comme toi ? Un littéraire donc. Tu ne savais pas si vous étiez dans le même, et honnêtement, tu t'en fichais un peu que ce ne soit pas le cas. Lorsque tu serais redevenue sobre, tu te dirais probablement que ce c'était une bonne chose que vous ne soyez pas dans le même campus mais il venait de te donner un détail qui te faisait douter que ça ne soit le cas. Et tu en semblais plus que ravie !

« Non c'est pas vrai ?! T'y es z'aussi ??? J'étudie la méd'cine là-bas !, ta voix sembla se calmer pour prendre un semblant de sérieux, Même si je t’accorde que ça ne se voit pas vraiment actuellement, AhAh ~ »

Tu lui demandas, pour être sûre, s’il était bien sur le campus de la Kobe High School et, pour votre plus grand bonheur, la porte s’ouvrit enfin ! Tu regardas le jeune homme qui sortait enfin de son box et tu ne t’attendais pas à ça. Bon déjà, il était grand mais ce n’est pas une nouveauté : tout le monde EST plus grand que toi. Des cheveux…noirs ? Non, ça ressemblait plus à un bleu, sombre. Par contre, il avait un cache-oeil. Réel nécessité ou simple accessoire pour se rajouter un côté…fougueux ? Aventurier ? Casse-cou ? Tu lui souriais simplement alors qu’il s’inclinait poliment, se présentant à toi et te demandant de décliner à ton tour ton identité. Tu semblais intriguée et un sourire malicieux orna alors ton sourire.

« Tu peux m’appeler Jaanu ~ . Ou Appachetty Chandini »

Bah quoi ? Ce n’était pas si grave.De toute façon, il se dirait simplement que ce n’était qu’un surnom ! Tu descendis du rebord du lavabo, marquant davantage votre différence de taille. Et l’attrapas par le bras pour mieux le questionner.

« Tu restes encore danser un peu ici ou tu veux on rentre ? Tu veux on boit un dernier verre avant ? »

Tu n’en avais clairement pas besoin mais qu’est-ce qu’ils étaient bons ! Tu le relâchas alors pour pousser doucement la porte des toilettes et sortir, discrètement, la première. Tu n’avais pas l’impression que quelqu’un avait remarqué là d’où tu sortais et dans un sens, tant mieux. Les gens se feraient des films plus que douteux sur ta présence dans les toilettes des hommes alors que tu n’avais clairement fait QUE pipi.

tenue

Le jeune homme ne semblait pas emballer à l'idée de te laisser de nouveau boire un verre d'alcool. Pourtant, tu te sentais encore bien ! Tu étais encore dans la limite où ta timidité n'était plus qu'un mauvais souvenir mais où tu étais encore consciente de ce que tu faisais. Tu ne pus réfréner un faible rire et lui tapotas le bras, gentiment, en lui disant que tu prendrais alors ton dernier cocktail de la soirée, ou matinée, en sa compagnie avant de te calmer sur la boisson. Après tout, Tessa, Milan et Neil ne semblaient pas apprécier le fait que tu en boives alors que de leur côté… Tu savais te (re)tenir quand même !

De retour dans la salle  principale, celle où vous pourrez faire admirer à l'autre vos talents pour la danse, tu commençais à te diriger vers le bar pour prendre ton dernier verre d'alcool quand tu te fis interrompre par une question :

« Ah, ils ont changé le thème ! J’espère que tu aimes le rock ?
-  Oh heu je ne sais pas… ? »

Comment tu pouvais ne pas savoir ? À cette question, tu répondrais que tu ne fais pas forcément attention aux genres des musiques que tu écoutais. Comme beaucoup, tu pouvais avoir des aprioris sur certains genres pour découvrir par la suite que l'une des musiques sur laquelle tu avais fait une hyperfixation en faisait en fait partie. Hé puis le rock, ça n'avait pas changé au fil des années, des décennies ? Tu n'en savais fichtrement rien si tu aimais ça toi ! Plongée dans tes réflexions, tu étais restée immobile pour réfléchir à tout ça, silencieusement. Tu secouas faiblement ta petite tête pour sortir de tes pensées et te concentrer sur ton compagnon de fin de soirée et la musique. Et il semblerait qu'il ait réussi à te faire oublier ton envie de te commander un verre de cocktail. À la place, tu te concentrais sur le rythme et tes hanches commencèrent à chercher le rythme. Puis tes pieds. Ce n'était pas aussi compliqué que ce que tu pensais et en regardant les autres, tu n'avais pas l'air d'être complètement en décalage.
Au fur-et-à mesure que tu acceptais de te laisser aller sur ces rythmes comme si tu dansais encore avec tes amies, une nouvelle sensation t'envahit : le sentiment de liberté. Tu ne faisais même plus attention aux regards des autres et te contentais de t'amuser, de bouger ce maigre corps comme si tu étais seule avec lui. Et visiblement, ça te réussissait vraiment bien.

« Allez Maji-kun, encore une ! », t'exclamais-tu.

Tu l'avais encore une fois attrapé par le bras pour le garder sur la piste alors que clairement, on pouvait voir malgré la joie apparente sur ton visage et tes mouvements toujours en rythme que la fatigue commençait à arriver. Tu la ressentais mais elle n'était pas si importante que ça, tu pouvais encore continuer pendant quoi, 30 ou 40 minutes ? Et tu ne te faisais pas prier pour ça, bien au contraire, c'est toi qui répétait à Nassim de rester pour une dernière à chaque fois avant de t'arrêter, essouflée mais le visage bienheureux pour le questionner :

« Est-ce que tu viens souvent ici ? Tout seul ?, s'il était seul c'était probablement pour une raison qui te fit rougir et tu t'approchas davantage de lui en réalisant ça, Aaaah je suis désolée ! Tu veux je te laisse aller draguer tranquillement ? »

Hé oui, tu étais en couple mais certaines personnes venaient dans ce genre d'endroits pour tenter de trouver une moitié, même éphémère, avec qui passer de bons moments. Et si tu l'avais empêché de se rapprocher de la personne qu'il avait en vue depuis un moment de la soirée, ou toute la soirée, c'était sûr qu'il t'en voudrait !

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La musique battait toujours son plein et tu réussissais parfois à reconnaître quelques uns des morceaux qui passaient : soit depuis le début pour les plus connus, soit au niveau des refrains. Nassim t’avait rejoint, dansant lui aussi et c’était amusant de danser ensemble. Tu n’avais pas idée que danser avec quelqu’un d’autre que tes amies. Tu ne faisais pas attention à ces regards, ces sourires que certaines personnes pouvaient avoir en vous regardant.
Vous faisiez une paire de danseurs hors-pairs, ne vous arrêtant finalement qu’après un très long moment. Tu ne ressentais que de la joie, c’était presque similaire à du bonheur qui se mélangeait à la fatigue. Tu étais essoufflée lorsque tu le questionnais mais il était marrant avec sa petite tête et son petit rire. Ce n’était pas grave d’être célibataire et de vouloir s’amuser avec une personne différente à chaque fois, après tout, tant que chacun y trouvait son compte…

« Je ne viens pas que pour draguer, Jaanu. Je viens surtout pour danser ! Et puis je ne suis pas seul, tu es avec moi, te dit-il en souriant alors que tu souriais en l’écoutant te nommer ainsi. Je suis venu avec des amis mais ils étaient tous trop fatigués pour rester avec moi. Et toi ? Tu es venue seule ou tu es attendue ?
- Je-… »

Tu n’avais même pas pu terminer ta phrase que tu recommenças à tourner, contre ta volonté. Des excuses qui ne semblaient pas vraiment en être, et ta tête qui commençait à tourner… Tu devais fermer les yeux pour essayer de te concentrer :

« Je… J’étais venue avec mes amies, on devait partir mais comme je voulais aller aux toilettes et que j’ai mis du temps… Je suis maintenant avec toi, Maji-kun ~ »

Tu avais terminé ta phrase sans comprendre qu’il t’avait demandé autre chose, qu’il y avait un sens caché à sa demande de si tu étais attendue. Tu étais attendue par ton lit, ta camarade de chambre, probablement par Milan qui aimerait te revoir rapidement en un seul morceau et intacte. Attendue par les révisions et les médecins aussi, la liste pourrait certainement continuer à s’allonger si tu essayais d’y réfléchir correctement mais pour le moment, au vu du maelström qui peinait à s’en aller de ta cervelle.

Avais-tu toujours l’envie de danser ? Bien évidemment ! Mais cette fois, tu le sentais que ce n’était pas une bonne idée alors tu déclinas poliment son offre en lui expliquant que tu ne te sentais pas du tout de danser, non non non. Mais ça ne te dérangerait pas d’admirer ses petits pas de danse assise confortablement dans cette banquette, avec un petit verre à la main pour te désaltérer. Rester hydratée était tout de même important pour garder la santé !
Tu te laissais tomber dans le canapé après t'en être approchée, observant les personnes continuer à se déchaîner sur la piste. C'est ça, étalez donc votre forme et votre bonne santé à la face du monde. Profitez de votre folle jeunesse avant que le temps ne vous rattrape. Ils étaient amusants à observer et bien que tu gardais un sourire aux lèvres et que la musique était toujours aussi forte, tu ne pouvais empêcher tes paupières de se fermer par moments. Tes doigts s'accrochaient bien forts à ton petit sac à main quand ils s'en rendaient compte et tu finissais par rouvrir tes yeux verts, comme si tu n'avais fait que réfléchir pendant tout ce temps. Mais réfléchir à quoi ? Tu sortis ton téléphone pour regarder l'heure. Ah… Bon, tu n'allais pas pouvoir rentrer maintenant… Quitte à ne pas avoir dormi dans ta chambre, autant ne pas te faire prendre à essayer de t'y faufiler. Il valait mieux réapparaître lorsque le couvre-feu serait levé, te débarbouiller pour ensuite essayer de trouver un endroit où avoir la tranquillité de rattraper la nuit. Est-ce que Milan t'en voudrait d'avoir découché ? Est-ce qu'il t'en voudrait d'avoir passé la fin de ta nuit avec un autre ? Pourtant vous ne faisiez rien de répréhensible... Pourtant si c'était lui qui te racontait avoir dansé comme jamais avec une autre meuf, tu aurais bien évidemment été jalouse. Tu aurais boudé intérieurement et le lui aurait fait comprendre. Mais une pensée, très vilaine pensée, te traversa l'esprit et tu te levas brusquement pour te rapprocher de ton compagnon de soirée. C'est décidé, c'est ce soir.


Tu ne comptais pas embrasser ce pauvre jeune homme qui ne t'avait rien fait, pauvre de lui, tu n'avais pas besoin d'en arriver à de telles extrémités. Tu t'approchas du jeune homme pour poser tes mains près de ses clavicules, lui disant que s'il le voulait bien, tu aurais besoin de son numéro et de lui plus tard. Des explications ? Bien sûr qu'il en aurait sur ce qu'il se passe dans ta tête ! Il était grand, il faisait pratiquement la même taille que ton copain mais il semblait bien plus musclé que lui et tes amies. Et comme pour appuyer tes propos tu lui donnas un petit coup dans l'épaule qui prouvait sa "solidité", son statut d'homme fort et musclé.

« Et bien sûr, en échange, je t'aiderai de mon mieux avec tes révisions ! », dis-tu en lui tendant ton téléphone.

tenue

Tu semblais si sûre de toi alors que tu lui faisais ton MEILLEUR numéro de charme. Et tout ça pour quoi ? Poser tes fines mains sur le corps de cet inconnu ? En tout bien tout honneur, oui. Il y avait quelque chose d'attirant chez lui, qui te faisait croire que tu n'avais rien à craindre de sa part.
Tu réussis à obtenir son numéro, assez facilement, et ta petite caboche ne put s'empêcher de te féliciter pour ton charme irrésistible car oui, s'il avait accepté, c'était que malgré cette horrible enveloppe charnelle qui te servait de corps, tu parvenais à plaire. Ton objectif avait été atteint et c'est avec satisfaction que tu regardas l'écran de ton téléphone, un sourire sur ton visage alors que ta main libre se retirait enfin de la peau chaude du jeune homme.

« Que dirais-tu d’aller prendre l’air un peu ? Le jour ne va pas tarder à se lever et la fin du couvre-feu avec. Si on doit rentrer, autant le faire maintenant. Soit je te raccompagne jusqu'au campus, soit je te vois monter dans un véhicule en sécurité pour rentrer. C’est non-négociable, Jaanu.
- Alors marchons ensemble ! Comme ça, tu me parleras de toi et on pourra même s'arrêter pour acheter de quoi manger. »

Acheter à manger ? Vraiment ? Bien sûr, mais surtout pour lui, de ton côté, tu te prendrais peut-être quelque chose histoire de ne pas tomber au sol. Quoi que ce serait plaisant de te faire de nouveau porter dans de doux bras chauds. Tu n'aurais peut-être pas besoin d'en arriver là, si tu le lui demandais, il pourrait dire oui, si ses forces étaient encore avec lui. Tu enfilas ton manteau avant de te diriger tranquillement vers la sortie. Il faisait si chaud que tu venais de regretter d'avoir enfilé ton manteau mais la violence avec laquelle le froid extérieur te frappa te surprit. il faisait froid ! Ou plutôt TU avais froid. Certes, il ne faisait pas 30°C mais ce choc de température te fit t'arrêter et lâcher un vilain "Oh shit !" rempli de colère et surprise. En réalisant ça, tu plaquas tes mains devant ta bouche et t'excusas pour cet affreux langage que tu venais d'utiliser. Tes mains vinrent entourer le premier bras disponible que Nassim avait eu le malheur de laisser à ta disposition et tu t'en servis pour marcher, sans tomber ni trébucher alors que l'interrogatoire commença :

« Ça fait longtemps que t'es là ? T'es d'où pour être aussi grand, là ? Peut-être que si j'avais fait du sport j'aurai pu avoir une croissance moi aussi… Pourquoi je t'ai jamais vu avant ? T'es pas très très invisible pourtant… »

Tu avais ta petite idée du pourquoi mais tu n'en dis rien, du moins, c'est ce que tu pensais car tu y réfléchis à voix haute, exprimant le fait que c'était probablement parce que tu n'avais fait que te concentrer égoïstement sur tes propres problèmes et interrogations mais aussi sur cet hamster qui te servait de petit copain.
tenue

Lorsque Nassim te proposa, sa veste, tu l'acceptas. Elle était chaude, ça te faisait du bien et en même temps, tu te sentais coupable de la lui prendre et de le laisser si peu vêtu dans le froid. Non, tu ne pouvais pas la garder pour toi. Tu finis par la lui rendre en lui disant qu'il devrait impérativement rester couvert pour éviter de tomber malade. Tu ne voulais pas être responsable de sa misère à suivre les cours. Et s'il les manquait à cause d'une fièvre ?

Tu étais si sérieuse dans tes questions que tu le regardas sans comprendre ce qu'il y avait de drôle. Tu n'étais pas blessée, juste dans l'incompréhension face à cette réaction. Cependant, il répondit à ton interrogatoire, semblant amusé par l'intérêt que tu lui portais, t'apportant de précieuses informations à son sujet. Un allemand d'origine iranienne ? C'est vrai que les allemands étaient censés être grands alors que son père le dépasse d'une tête… Tu essayais de l'imaginer plus vieux et encore plus grand et lui demandas s'ils avaient quand même besoin d'un tabouret ou d'un escabeau pour changer les ampoules. Et si leur plafond était super haut ? Et comment ça “il ne voyait pas pourquoi tu disais ça” ?!

« Tsss, tu le sais très bien ! T'es immense et t'as d'beaux cheveux, bien sûr qu'on se doit de te remarquer ! »
Par contre, tu ne t’attendais pas à ce qu’il décide que c’était à TON tour de répondre à ses questions ! Comment ça lui parler de toi ? Non. Non, non Monsieur Majid… Tu tiras une petite moue boudeuse, serrant un peu plus son bras en lui disant qu’il n’avait peut-être pas besoin de te connaître autant. Mais dans ton immense bonté, tu allais bien sûr lui répondre.

« Je suis Indienne, presque à côté de l’Iran ! Et ça doit faire… hmmm… ça fait un moment que j’suis ici en fait. 5 ans ? Je ne sais pas trop si je vais rester une fois que j’aurai fini mes études, il faudrait que je me dépêche de me renseigner sur comment faire pour rester si jamais je me décide… »

Tu avais commencé par te ronger un peu l’ongle de l’auriculaire de ta main libre, stressée à l’idée de ce que vivre ici ou rentrer chez impliquerait dans les deux cas. Tu aurais bien aimé pouvoir vivre dans l’insouciance la plus totale mais cela ne t’était pas permis, et ce qui te sauva de tout ce flux de pensées fut l’enseigne d’un convini. Tu retrouvas ton sourire et une mine bien plus radieuse comme par enchantement, secouant le bras de ton compagnon de route en lui disant que vos estomacs allaient être sauvés. Tu avais essayé de réfléchir à ça aussi, une bouteille d’eau ne te serait que bénéfique.

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Plus tu essayais de lui rendre sa veste et plus il t'esquivait. À quoi jouait-il cet espèce de petit chiot ?! Tu la gardais donc et la remettais sur tes épaules, lui promettant de la laver le plus rapidement possible pour la lui rendre. Il était assez drôle malgré tout. Apprendre que même un immense gaillard comme lui avait besoin d'une chaise pour changer ses ampoules te surprit, les plafonds devaient être vachement hauts en Allemagne ! En revanche, une de ses questions te prit de court. Si tu te plaisais au Japon ? Oui. Oui bien sûr, même si tu trouvais la vie assez chère, oui, tu t'y plaisais. Enfin, tu n'y avais jamais vraiment plus réfléchi que ça. Ça aurait été dommage de repartir en Inde sans diplôme après avoir passé autant de temps à te préparer pour venir sur l'archipel, à y avoir étudié… Tu aurais dû, encore une fois, refaire une même année mais en Inde cette fois. Et puis, si tu étais restée, c'était surtout que tu avais eu bien trop peur de ta famille mais maintenant…?

Tu y réfléchissais toujours, malgré ton sourire, alors que vous rentriez dans le petit magasin. Tu observas la bouteille d'eau que tu avais prise, réfléchissant à ce qui te retenait au Japon maintenant que tu savais que tes parents n'avaient jamais cessé d'être de ton côté. Tu avais ton petit-ami et pas mal d'amis ! Tu appréciais le paysage marin que tu pouvais admirer dès que tu le souhaitais. D'un autre côté, ta famille te manquait et il était vrai que de ne pas avoir la présence réconfortante de ta mère quand tu le souhaitais était un moins. Tout comme avec ta cousine, tu aimais bien quand vous étiez couchées dans le lit, à regarder le plafond tout en parlant. Il y avait toujours une main pour te caresser les cheveux et te rassurer. La nourriture aussi te manquait. Au vu des prix des fruits et légumes ici, tu faisais très attention à ceux que tu choisissais mais oui, tu en mangeais beaucoup moins que sur le continent.

Tes yeux verts étaient perdus sur l'étiquette de cette bouteille d'eau qui, si elle en avait la capacité, se demanderait pourquoi tu la fixais autant. Lorsque tu te remis enfin en mouvement, tes pieds se dirigèrent au rayon frais et tu attrapas le moins cher et le plus basique des onigiris. Est-ce que Nassim avait trouvé quelque chose ? Tu fis demi-tour avec tes futurs achats et croisas ton partenaire de danse, lui aussi en caisse. Tu déposais tes affaires, un peu plus éloignées des siennes afin de chercher ton porte-monnaie ce grand dadet te lança avec un sourire qu'il ne “voulait rien savoir”.

« M-Mais…
- Ça te donnera une bonne raison de nous revoir pour que tu puisses me rendre la pareille. »

Oh…? Hé bien, si ça pouvait lui faire plaisir… tu lui rendrais tout en cuisinant quelque chose au Club de cuisine pour lui. Tu ne savais pas quoi mais tu te le notais dans un coin de ta tête. Tu le remerciais une première fois. Puis une seconde. Et comme on dit jamais : jamais deux sans trois, des remerciements suivis par des excuses. Tu lui prenais beaucoup de choses ce soir dis donc.
Une fois vos en-cas réglés et emportés, tu lui indiquas connaître un endroit parfait pour les déguster en toute tranquillité : les marches du sanctuaire juste en face de votre établissement !

« T'sais, pour ta question de tout à l'heure… Le Japon me plaît bien, oui. Il faut peser tous les pour et contre mais ça va. »

tenue