Epreuve 2 - MinQ & Kobe High School

Le soleil est au zénith. Il tâche les villes et les prés d’une éblouissante peinture dorée. Ballotée dans le train, Kimiko pose son nez sur la fenêtre. Départ Kyoto. Arrivée Kobe. À peine une heure de route.

À sa droite, un siège vide. Pour profiter du silence réconfortant du voyage, elle est partie un peu plus tôt que le reste de la troupe. Ce siège, cette voiture, ce train, elle les a empruntés encore et encore. Tous les ans, comme un pèlerinage, les Geishas et Taikomochi de sa bande rejoignent le port de Kobe.

Mais aujourd’hui, c’est sa dernière.

La dernière fois qu’elle prend son train. La dernière fois qu’elle porte son kimono. La dernière fois qu’elle peint ses lèvres. Et pourtant, c’est le sourire fier et l’esprit léger qu’elle descend sur le quai.

Une grande bouffée d’air. Il est si frais qu’il en gèle ses poumons. Elle tire une grosse valise derrière elle. Dans la gare, quelques voyageurs la dévisagent. Kimiko, ça l’amuse. Elle aime avoir l’air d’une touriste, dans cette ville qu’elle connaît si bien. Tellement, qu’elle pourrait faire le chemin les yeux fermés. À la sortie de la gare, un marchand de poisson fait cuire ses maquereaux au barbecue japonais. Tout droit, les vieilles machines du lavomatique fuient sur le trottoir. Un peu plus loin encore, une école sonne l'heure de la récré. Et finalement, à gauche, en doré sur la grande affiche rouge du théâtre :

Kimiko est prête pour son dernier tableau.

Une touche de couleur, une ligne de peinture ; il faut toujours un premier coup de pinceau pour un tableau parfait. Dans cette pièce où elle est venue tant de fois, enveloppée dans ce kimono qu'elle a tant porté, Kimiko explore du regard le décor autour d’elle. Le visage qui l’observe dans le miroir. Une part d’elle qu’elle a appris à sublimer ou dissimuler, à utiliser comme un ultime moyen d’expression.

Le maquillage est un art. C’est une certitude ancrée autant dans son âme que dans le cœur même de son métier et c’est avec elle que Kimiko entame le long et précieux rituel de transformation. Son paradoxe personnel. Ce masque qui la change en œuvre d’art tout en lui permettant d’exprimer le plus profond de son cœur. Une dernière fois avant qu’elle doive découvrir de nouvelles facettes d’elle-même.

La cire parfumée détend ses muscles et son esprit. C’est sa dernière représentation. Elle n’a aucune raison d’en concevoir de l'amertume. Au contraire, c'est une profonde reconnaissance qui s'empare d'elle à mesure qu'elle applique le maquillage sur sa peau. Le fond de teint blanc à l'odeur si caractéristique, annonciatrice de spectacle, paradoxalement apaisante. La première pierre pour devenir plus qu'elle-même. Plus qu'une femme, comme elle le sera bientôt.

Un petit sourire orne ses lèvres alors qu'elle colore ses yeux avec une précision née de l'habitude. Rouge et noir se mêlent sur la ligne de ses sourcils, celle de ses paupières, transforment son regard en puits capable de noyer le plus serein des hommes. Son sourire s'efface quelques instants, le temps de peindre avec soin la ligne de sa bouche, puis revient s'y déposer avec délicatesse. Ce n'est plus le même sourire. C'est un sourire pour le monde, pour les amateurs d'art qui viendront découvrir sa dernière œuvre. Elle inspire, détendue.
Non, c'est loin d'être sa dernière œuvre. Elle a encore tant de beauté à offrir, mais sa prochaine merveille sera pour elle seule.

Kimiko relève ses cheveux, élabore la coiffure qu'elle connaît par cœur pour parachever la toile sur laquelle peindre son dernier spectacle.
Elle se lève, sereine.
C'est bientôt l'heure.

L’heure de rejoindre sa troupe.

   - Takahashi-san, on attend que toi !

Gronde une petite femme, rondelette, dont les pattes d’oies trahissent l’âge et le caractère. Naoki est dans la troupe depuis plus de vingt ans. Dernière arrivée dans sa loge, mais première dans les coulisses, Kimiko l’avait entendue faire le tour des salles voisines. Une vraie pipelette, cette Naoki.

   - T’es pas possible, ton nœud est encore tombant !

Après toutes ces années, Kimiko n’est pas capable d’attacher correctement son kimono. Naoki agrippe fermement les hanches de sa cadette, et l’attire vers elle. Avec une main de maître, elle attrape les rectangles de soie et enserre la taille de Kimiko. Les linges épousent parfaitement sa silhouette.

Les yeux dans les yeux, elles forment un drôle de miroir. Même maquillage, même coiffure, même tenue. Il y a beaucoup de tendresse dans le regard de Naoki. Il y a déjà dix ans qu’elle a appris à Kimiko comment peindre son visage. Au cours des années, elle avait espéré que sa cadette prenne le relai, mais Kimiko ne s’est jamais sentie prête à materner les petites nouvelles. Elle a toujours préféré être chérie dans les bras de Naoki.

  - Kimikooooooo !

Et en voilà une, qui se jette sur Kimiko. Une embrassade, maladroite, mais terriblement réconfortante. Nana Musashi est arrivée il y a cinq ans dans la troupe, et les deux femmes se sont immédiatement adoptées. L’énergie débordante de la plus jeune plaît beaucoup à Kimiko.

   - Musashi-san ! Ta coiffure !

Le chignon de Nana se délace. Les mèches de cheveux, comme des vagues, ondulent sur ses épaules. Le regard de Naoki est insistant. Alors, Kimiko abdique. Pour ce dernier spectacle, elle accepte de prendre le rôle de mère. C’est à son tour d’attraper Nana par les hanches, de la tirer vers elle, et de la recoiffer.

Quelques geste, fermes mais pourtant d'une douceur infinie, et Nana est prête. Resplendissante dans son énergie de jeunesse, elle tire un sourire attendrie à son aînée. C'est grâce à des jeunes femmes comme elle que la tradition perdurera et que l'air des geisha continuera d'exister à travers les âges. Sa coiffure enfin remise en place, la plus jeune rejoint la troupe d'un pas énergique et Kimiko la suit, plus lentement, aux côtés de Naoki.

   - Tu es prête ?
   - Toujours

Naoki sourit, Kimiko ferme les yeux. Sent l'impatience de la foule de l'autre côté, le monde qui retient son souffle. Il sont là pour eux, et eux seuls, pour voir au plus près l'art ancestral de leur pays, la beauté inexplicable mais indéniable des traditions. Elle stabilise sa posture, sa respiration. Équilibre son esprit. Puis, comme mus par un signal qu'eux seuls sont capables d'entendre, les membres de la troupe avancent d'un même pas, chacun se place là où son rôle l'appelle, le rideau s'ouvre sur la foule.
Des centaines de regards qui ne sont là que pour eux.

Alors que Naoki s'avance pour s'adresser au public, l'attention de Kimiko se perd sur toutes ces personnes. Elle n'en connaît aucune, et aucune ne la connaît, et pourtant ils sont réunis pour la même raison. Autrefois, elle craignait le regard et le jugement des autres. Aujourd'hui, savoir que tous ces yeux sont tournés vers elle l'emplit d'un sentiment de sérénité. Le regard de l'autre n'a que le pouvoir qu'on lui donne, et elle leur a offert celui de la rendre radieuse, immortelle dans leurs souvenirs.

Elle croise le regard d'un homme au premier rang. Âgé, heureux, déjà emporté par le spectacle. Un petit instant, ils communiquent sans parler, puis il lui sourit et détourne les yeux. La musique commence. Une dernière fois, Kimiko se prépare à danser. Pour lui, pour tous les autres, pour le bonheur simple d'un mouvement d'harmonie.

Un shamisen dans les bras, le Taikomochi le plus âgé de la troupe avance au devant de la scène. Le plectre en bois frappe les trois cordes dans une lente mélodie. Les danseuses sont encore immobiles.

Puis vient le temps des percussions.

Au premier coup, les Geishas ouvrent à l’unisson leurs éventails multicolores, juste devant leurs visages. Assez pour cacher leurs lèvres, mais dévoiler leurs regards. Et la danse commence, élégante et calme. Le rythme des instruments est doux, mais les notes sont puissantes.

Kimiko se laisse porter. Ce numéro, ça fait dix ans qu’elle le joue. Alors, elle en connaît chaque pas. Elle n’a plus besoin de réfléchir, son corps porte la mémoire des gestes. Ici, et maintenant, elle fait partie d’un tout. Elle est à la fois le mouvement et la musique. Elle représente toutes les femmes qui l’ont précédée et toutes celles qui lui succéderont. Les respirations, les pas, les cœurs, sonnent tous à l'unisson.  

Mais il y a un bruit qui sort Kimiko du groupe.

Ce bruit, elle le ressent, tout au fond de ses tripes. Il bat, dans ses veines. Désormais, Kimiko n’est plus seule. Elle danse un tout autre corps à cœur. Au creux de son ventre, elle porte la vie. Un heureux évènement, qu’elle a tant attendu. Le soir de ses trente ans, elle désespérait de ne pas encore pouvoir chérir un enfant. Elle a pleuré, prié. L’esprit de l’hiver l’a entendue.

Trois mois.

Trois mois qu’ils partagent le même corps, respirent le même air. Trois mois qu’elle flippe, de ne plus jamais le sentir. Trois mois qu’elle danse, le pas léger, pour espérer ne pas lui faire peur, et de ne pas le faire fuir.

Mais ce soir, c’est la dernière. Et pour la première fois depuis trois mois, elle s’oublie, et danse pour deux.

La musique s'imprime dans ses gestes, dans le moindre mouvement de l'éventail, de ses bras, de ses jambes qui glissent comme si elles volaient. Elle s'imprime dans son cœur et son esprit, dernier hommage à ce spectacle qu'elle connaît par cœur, premier hommage à la vie qu'elle a déjà hâte d'apprendre à connaître.

Elle ressent tout. Les picotements de l'air sur sa peau. Les sons de shamisen qui agitent l'atmosphère. Les petits murmures de la foule subjuguée. La caresse des regards qui se posent sur elle, sur les autres membres de la troupe. Les couleurs qui se fondent entre elles pour recolorer le monde. L'harmonie qui les unit. Les battements de cœur qui se mêlent aux siens. La musique et la danse ont toujours guidé sa vie dans la bonne direction et forgé ses rêves. Elle les offre à la petite âme qui grandit en elle pour lui montrer la voie. Forge son nouveau rêve.

Le temps file comme un mirage. Cette dernière danse, cette fin, ce nouveau départ s'écoule en une heure qui semble n'avoir duré que quelques secondes. Elle la vit comme une nage paisible dans une rivière, à jouer avec les notes du ruisseau, se fondre dans le rythme de l'eau, apprivoiser le courant, les petites gouttes sauvages des sons solitaires, le bruissement du vent de chuchotement. Une seconde, une heure, une éternité, une respiration.

La musique s'amenuise, le cœur des danseurs suit le mouvement. Kimiko se laisse entraîner par les mouvements gravés à jamais dans ses muscles plus qu'elle ne décide de ses gestes. C'est la danse qui la porte et non elle qui décide de la danse. Une dernière fois, elle veut ressentir jusqu'au moindre effleurement de son kimono contre sa peau, elle inspire tout ce qu'elle peut d'air frais pour transmettre à son enfant le goût du bonheur et de la plénitude.

Quelques notes, les dernières. Elle les absorbe comme les respirations vitales à la sortie de l'eau.
Kimiko pose des yeux brillants sur la foule.

L’homme au premier rang est toujours là. Les yeux embués d’une émotion sans pareille, il la regarde comme s’il avait tout compris. Son sourire, timide mais poli, l’encourage. Elle en vivra d'autres, des dernières fois. Il est le premier à applaudir, et à rompre le silence qui petit à petit pesait sur la salle. Puis, un groupe de lycéens.

En dix ans de spectacles, ce n’est que la deuxième fois qu’elle voit une classe de lycéens. Comme s’ils étaient là pour lui dire au revoir. Leurs acclamations sont puissantes, chaleureuses. Ils crient “encore, encore”, comme s’ils étaient à un concert. Pour un instant, pour un instant seulement, Kimiko se sent rockstar.

Plus jeune, elle s’était promis, après une représentation : “je vivrai toute ma vie sur scène. Non. Je vais mourir sur scène.”

Elle n’est même pas à la moitié de sa vie, et la scène, elle la quitte. Et soudainement, tous ces regards, tous ces inconnus, lui manquent. Le bruit assourdissant des applaudissements est presque désagréable. Ils sont les derniers à avoir la chance de l'admirer dans ce kimono, avec ce maquillage, auprès de Naoki et de Nana.

   - Mesdames et messieurs, je vous remercie pour votre attention. C’était « Pontocho Kamogawa Odori ».

Pourtant, tous ces inconnus ne se rendent pas compte de leur chance. Kimiko s’en va, mais le monde va continuer à tourner. En rentrant chez eux, les lycéens raconteront tout à leurs parents. Ils leur diront combien Kimiko était belle dans son kimono blanc et rouge. Qu’ils aimeraient la voir de nouveau. Eux, ils ne le savent pas, que s’ils reviennent, demain, comme dans deux ans, ils ne la retrouveront pas.

L’émotion de Kimiko se coince dans sa gorge. Il est interdit de pleurer. Le spectacle ne se termine que lorsqu’elle quitte la scène. Tant qu’elle est là, face aux spectateurs, elle n’a que le droit de sourire.

Mais son sourire tremble. Elle le maintient par la force de l'habitude, parce que tant qu'elle a ce maquillage, cette tenue, cette allure, elle doit rester geisha ; impassible, œuvre d'art et femme, femme et œuvre d'art, incarnation de la beauté et de l’assurance. Elle sourit à la foule, s'incline avec les autres, s'éloigne avec les autres sur cet adieu à la scène qui laisse sa gorge serrée.
Un pas dans les loges.
Le rideau se ferme. Comme son passé. L'avenir s'ouvrira sous peu mais pour l'instant, quelque chose implose dans sa poitrine. C'est bientôt la fin.

Les autres membres de la troupe se réunissent autour d'elle. Quelques mots pour certains, un regard embué de larmes pour d'autres. Naoki, pour la première fois depuis qu'elle la connaît, est muette. Elle la regarde avec une expression si conflictuelle dans le regard, mélange de peine et de fierté, de solitude et de bonheur. Heureuse pour elle, triste que ce soit la fin. Elle lui agrippe les hanches, l'attire vers elle. Pour la première fois tout en douceur. Pour la dernière fois avec l'amour d'une aînée pour sa cadette.

Kimiko respire le parfum de la fin et lui fait une place. Elle doit l'accepter tout entier pour que cette page tournée devienne le premier pavé d'une voie de rire et de joie, et non un regret. Elle est prête.
Presque.
L'étreinte de Naoki laisse place aux yeux emplis de larmes de Nana.

   - Tu vas me manquer.

Une fissure dans son assurance. Comme s'il n'attendait que ça, le chagrin s'infiltre par cette ouverture pour noyer son propre regard et elle serre la jeune femme dans ses bras.

   - Tu seras merveilleuse même sans moi.

Acquiescement proche du sanglot. La silhouette de la plus jeune brise les barrières pour à son tour se blottir dans ses bras. L'air a un goût d'achèvement. De renouveau. Toute fin n'est que le début d'une nouvelle histoire. Nana s'éloigne, Kimiko sourit en lui essuyant une larme, relève la tête vers la troupe.

   - Merci.

Murmure final, plein de tendresse, d'amour et de reconnaissance.

Kimiko serre le corps de Nana un peu plus fort contre le sien. Elle aurait aimé la materner davantage, finalement. Un dernier baiser sur le front, avant de se séparer. Après un geste de la main à l’encadrure de la porte de la loge, Kimiko est enfin seule.

Et de nouveau, c’est le silence. Désormais, la pièce lui semble toute petite. Sa valise, grande ouverte, contient quelques vêtements de ville en bordel et des disques de coton. Elle se regarde, détaille chaque parcelle de son corps, imprime cette image pour toujours.

Kimiko, ça ressemble à ça.

Délicatement, elle tire sur les rectangles de soie. Son kimono se dénoue simplement, et tombe à ses pieds. Précieusement, elle le ramasse, le plie, et le troque contre les vêtements dans la valise.

Assise sur le petit tabouret de la coiffeuse, elle fait face à elle-même. Un coton dans la main, imbibé de démaquillant, elle hésite. Elle s’est habituée à ce masque. C’est sous ces traits qu’elle a appris à se faire confiance. C’est avec ce fond de teint au blanc si éclatant, et avec ce rouge à lèvres si brillant, qu’elle a appris à s’aimer. Couche par couche, elle le fait disparaître.

Sous le fond de teint blanc apparaissent quelques cicatrices d’acné, sous le rouge brillant, des lèvres gercées, et sous l’épais trait noir au-dessus des yeux, des paupières tombantes. Une vue qu’elle a longtemps caché sous un autre masque de maquillage. Mais, alors qu’elle se trouve face au miroir, le visage à nu, elle sourit.

Kimiko, ça ressemble à ça aussi.

Elle aime cette image, et ce qu’elle raconte d’elle. C’est drôle, sans maquillage, elle ressemble à sa mère. La même peau tâchée, les mêmes lèvres abîmées, et les mêmes yeux tombants. Sereine, elle glisse une main sur son ventre.

   - Et toi, à quoi ressembleras-tu ?

Elle essaye de l'imaginer. Cet enfant, cette enfant, elle l'ignore encore. Elle l'imagine avec les yeux de son père, ce noir intense qui l'a absorbée le jour de leur rencontre pour ne jamais plus quitter ses pensées. Elle l'imagine avec ses propres cheveux bruns, fils d'obsidienne tombant sur un petit visage poupin, curieux de découvrir le monde, une petite bouche en cœur, des petites mains prêtes à saisir, des petits pieds s'agitant en la voyant approcher. Son cœur se serre d'une force nouvelle ; l'expectative, l'impatience. Elle a hâte de rencontrer enfin cette vie qu'elle a tant voulu amener dans ce monde. Toutes ses déceptions, elle veut les voir voler en éclats face au sourire de son enfant.

Elle regarde une dernière fois le reflet que lui offre le miroir. Pour son retour chez elle, pour ce voyage vers l'avenir, elle veut être elle. Elle range son maquillage, gardant son visage à nu pour la première fois depuis bien longtemps. Elle se lève, s'incline face à cette image. Elle et sa mère, unies dans un reflet. Elle, sa mère et son enfant, unis dans un souffle.

Elle prend sa valise. Elle veut marcher, profiter de l'air frais, partager les sensations de l'hiver avec la petite vie qui grandit dans son ventre. Elle se retourne une dernière fois avant d'entrer dans la gare. L'affiche rouge du théâtre. La cloche qui signale la fin de la journée d'école. Sereine, elle entre dans le bâtiment.

Le soleil décline. Les lueurs du ciel, les villes et les prés se colorent de mauve et de orange. Départ Kobe. Arrivée Kyoto. Une heure de route, et toute une vie à venir. Kimiko laisse sa tête reposer contre la vitre du train refroidie par l'air de l'hiver.
Elle est prête pour un nouveau tableau.