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"Merci père", se dit-il alors qu'il se retenait de toutes ses forces de lui sauter dessus quand ce n'était plus un mètre ruban qu'il fallait employer pour évaluer la distance les séparant mais un pied à coulisse. Il se félicita de ne pas avoir succombé à ses instincts les plus primaires et de ne pas avoir fait valser la table et tout le reste, le moindre obstacle en fait. Comme son père lui avait déjà dit, il faut pouvoir se ménager soi-même pour ménager l'effet. Enfin, c'était ce qu'il lui avait raconté en expliquant les circonstances de sa rencontre avec sa mère, qui avait une version toute différente. C'était un gros lourdeau, à peine plus subtil qu'un pachyderme dans un cours de danse, mais touchant visiblement. En tout cas il n'était pas spécialement beau, qu'est-ce qui aurait pu lui plaire autrement ?
Il secoua la tête : hors de question de penser à ses parents qui batifolent, c'était le meilleur moyen de se couper toute once d'envie et il avait encore besoin de tout son courage pour la suite. Phase 4 : commencement.
Il la suivit dehors, il était à ses talons, les yeux rivés sur ses jambes, le bas de son dos et le reste. Une baie vitrée se serait glissée entre eux qu'il ne l'aurait pas vue et l'aurait prise en pleine face. Il ne manqua pas de saluer le réceptionniste, qui lui répondit avec un grand sourire, comme cet oncle heureux de voir son poulain réussir dans la vie. Il n'y était pas encore. Il rejoignit Moon dehors. La nuit était bien tombée, il faisait bon, le décor était prêt à disparaître pour laisser place au suivant.J'ai attendu d'entendre ça toute la soirée.
, dit-il en lui touchant l'épaule, avant de se mettre en route.
Le chemin jusqu'à Suma n'avait pas grand intérêt. La route était rythmée par les battements de coeur de Ryuji qui trouvaient écho dans le bruit des escarpins de Moon. Tous deux silencieux et déterminés, vraisemblablement. La main droite enfouie dans sa poche, il serrait fort son briquet. Il en mourrait d'envie de cette clope, il se retenait depuis le début de soirée, tout comme il s'était retenu jusqu'ici avec elle.
Ne pas craquer.
Il se demanda lequel de ses nerfs allait craquer. C'était un homme après tout, un homme vaguement alcoolisé et sous le charme de surcroit, mais un fumeur également. Ne jamais sous-estimer le manque de nicotine. Mais ne sous-estimez surtout pas le manque de chaleur humaine, c'est la pire des addictions.
Ne pas craquer.
Ils tournèrent au coin de la rue pour se retrouver dans celle de son appartement, gracieusement proposé par l'administration de l'académie à des tarifs plus que donnés pour la superficie. Il eut même l'opportunité d'en faire plus ou moins ce qu'il en voulait, côté déco. Une aubaine. S'il pouvait, il achèterait et vivrait là même après sa retraite. Il ne connaissait pas ses voisins cependant, leurs horaires ne correspondant pas ou peut-être juste leur rythme de vie ne cadrant pas avec le sien.
Ne pas craq-
Il craqua. Il se retourna subitement vers elle, son regard dans le sien, la détermination qui en dégoulinait. Il était clair sur ses intensions et ses envies. Là-haut dans son cerveau, l'équipe technique avait jeté l'éponge et plus personne ne contrôlait quoi que ce soit. Il s'approcha d'elle, la reculant progressivement jusqu'à l'acculer littéralement au pied du mur ; on ne pouvait mieux comme mise en scène en fait. Il posa la main gauche sur le mur, pas très loin de la tête de Moon, toujours en la regardant droit dans les yeux. Il s'approcha encore, il ne restait que peu de centimètres entre eux désormais, son avant-bras avait pris le relai comme point de soutien entre son corps et le mur.
Il lui prit le menton entre l'index et le pouce, avec une certaine tendresse qui tranchait avec son attitude très ballsy voire agressive jusqu'alors. On aurait dit qu'il suivait les étapes d'un guide pas à pas pour réussir un premier baiser, ou une première tentative de baiser. C'est vrai, il n'avait aucune garantie qu'elle allait le lui rendre après tout, bien qu'il n'était pas dupe : aucune femme ne suivrait aveuglément un homme sous prétexte de restaurant fermé et de doigts glissés sur le corps d'un instrument ; les sous-entendus étaient beaucoup trop gros.
Distance restante : très basse. Il oscilla lentement le visage de Moon vers le sien. Elle avait dit qu'elle le suivait, non ? Jusqu'à où ? Il allait en avoir le coeur net à la seconde suivante, lorsqu'il approcha finalement ses lèvres des siennes.
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Elle a bien envie qu’il la touche.
La nuit est bien silencieuse. Et sauf quelques voitures pressées, il n’y a pas un rat dans les rues qu’empruntent les deux professeurs. Moon lance quelques œillades pressées à Ryuji, essayant de lui arracher quelques mots, n’osant pas briser le silence qu’il a installé. Mais il semble dans sa tête.
Elle espère qu’il pense à elle.
Et en même temps, à qui d’autre penser ? Elle-même ne réfléchit plus droit. La faute aux hormones, elle n’attend qu’à s'épancher dans ses bras. L’attention toute dirigée vers Ryuji, Moon ne fait même pas gaffe aux rues qu’ils empruntent et aux bâtiments qui les entourent. Elle ferait bien de regarder son environnement, plutôt que de se perdre dans les yeux clairs de son partenaire.
Elle espère vite arriver.
Alors qu’il se tourne vers elle, elle s’apprête à demander : “on y est ?” Mais n’en a pas le temps. Plaquée contre le mur, le souffle coupé, elle ne peut plus penser à rien. C’est le moment. Enfin. Et Moon ne se fait pas attendre. Immédiatement, elle glisse ses mains dans les cheveux roux de Ryuji. Eh merde : aussi doux que ce qu’elle avait imaginé. Elle pousse sur ses talons, afin de réduire la distance.
Et écrase hâtivement ses lèvres sur celles de Ryuji.
Moon s’abandonne complètement au baiser, et en redemande. Sa lippe refuse de lâcher celle de son partenaire. Elle avait attendu ce moment “toute la soirée”. Tant pis pour l’Université, tant pis pour tout. Là, tout de suite, elle a envie de se sentir prise par les bras de Ryuji, de goûter à l’apogée de ce rendez-vous.
Et finalement, pour reprendre son souffle, Moon se recule quelques instants. Son regard n’ose pas s’ancrer dans celui de Ryuji - un peu gênée par la situation, par sa propre fougue, par le lieu dans lequel ils se sont embrassés -. Heureusement qu’il n’y a personne dans la rue.
Ses yeux tombent alors sur l’immeuble qui lui fait face.
Et c’est la débandade. Son corps se refroidit immédiatement, et son cerveau se remet en marche. Le cortisol annule immédiatement toute l’ocytocine du baiser. La trentenaire pose une main sur ses lèvres, comme pour annoncer la fin des hostilités :
Vous vivez là ?
“Faites que non, faites que non”. Collègue, voisin, et amant, c’est trop.
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La décence empêche de décrire ce qui se passe un peu partout dans le corps du professeur de design au moment où sa collègue partenaire amante lui rendit le baiser qu'il avait plutôt habilement provoqué. Sans se jeter de fleurs, faire appel à la technique secrète du Kabedon, c'était plutôt culoté, même pour lui. C'était d'ailleurs la première fois qu'il avait recours à cette technique ancestrale et il n'en était pas peu fier, vu le résultat obtenu. Il se dit qu'il la ressortirait à l'occasion, en souvenir de leur première fois.
L'étreinte plutôt intense terminée, Moon sembla gênée. Jackpot, se dit le trentenaire, cachant tant bien que mal la fierté d'avoir réussi à ménager le suspens jusque-là. Sauf qu'à la gêne succéda une autre émotion que Ryuji ne s'attendait pas à voir : le choc. Embrassait-il si mal que ça ? Etait-ce le coq au vin qui avait trop marqué son haleine ? Sentait-il la cigarette alors qu'il n'en avait pas touché une de toute la soirée ? Il se recula d'un pas, interdit, puis suivit le regard de Moon qui pointait vers le bâtiment où il logeait.Ah ? Euh oui, c'est bien là...
, commenta-t-il, visiblement rassuré de constater que cela ne venait pas de lui. C'est l'un des bâtiments proposés en logement par la KHS, il y a plusieurs autres profs qu-
Il s'interrompit. Posa la main sur la bouche et écarquilla les yeux, passant de Moon à son appart, de son appart à Moon et ainsi de suite jusqu'à-ce qu'il en ait le tournis. "Ne me dites pas qu'elle habite là-dedans aussi...", se dit-il, hésitant entre le sentiment de chance incroyable (avoir une si belle collègue comme voisine et en plus revenir d'une si belle soirée avec, c'est plutôt pas mal !) et une intense panique. Là-haut dans son cerveau, c'était le branle-bas de combat : l'avait-il déjà croisée ? Dans quel étage vivait-elle ? Etait-ce elle la voisine qui faisait tant de bruit avec ses foutus dramas coréens !? Tant de questions se bousculaient dans sa tête. Il reprit finalement pied, se retourna vers Moon, tentant de masquer sa panique et le sentiment que la soirée était foutue.Vous aussi, hein ?
, demanda-t-il l'air grave avant de lâcher un long soupir. Cela... Cela pose un problème majeur ?
Il fit de son mieux pour cacher sa déception mais il sentait bien que cette découverte allait tout chambouler dans leur petit rancard qui avait filé comme il fallait, de A à Z, avec pas ou très peu de fausses notes. Sauf celle-là. Moralité, toujours annoncer où l'on vit.
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Je… je ne sais pas.
Avoua Moon dans un soupir. Une chose est sûre, l’envie de se glisser dans le même lit que Ryuji est passée. Elle imagine déjà les prochaines réunions entre collègues - et c’est sans parler des afterwork -, et si au premier soir ils se sautent déjà dessus, elle aura bien du mal à garder son sérieux.
Elle se libère de Ryuji en avançant quelques pas, et en lui faisant signe de tête de le suivre, afin de s’engouffrer dans le bâtiment.
Elle ne sait vraiment pas ce qu’elle veut faire. D’une part, il y a le choix moral, le choix logique, celui qui veut que les relations soient extra-scolaires. D’autre part, il y a le choix du cœur, celui qui veut que la soirée continue, ou par extension la relation. Il faut l’admettre : pas un seul de ses blind-date s’est avéré aussi exaltant. Et parfois, il faut savoir déroger aux règles.
Mais les règles, Moon, elle aime ça.
Suivie par Ryuji, elle débloque la porte d’entrée. D’un geste de tête, elle l’invite à prendre les escaliers. Elle ne connaît pas son étage, mais d’une certaine manière, elle espère pouvoir passer encore quelques instants avec le franco-japonais. Juste histoire de prendre une décision.
Pour une fois, Moon n’est pas sûre de ce qu’elle veut faire.
Deuxième étage, elle s’arrête. Elle glisse sa clé dans la porte à gauche, l’ouvre, et se tourne vers Ryuji.
J’habite là.
Et puis merde les règles. Moon les abandonne pour ce soir. Elle se rapproche du professeur de design, glisse ses mains le long de ses joues, et tire son visage vers le sien. Moins violent, peut-être un peu moins passionné qu’à l’extérieur, le baiser n’en est pas moins intense.
Un baiser d’au revoir, pas un baiser d’adieu.
Moon lâche le visage de son partenaire, avant de faire quelques pas en arrière, et d'entrer dans son appartement, les joues de nouveau rouges de gêne.
Merci pour cette soirée, elle était vraiment délicieuse. Bonne nuit. Vous avez mon numéro, vous savez où j’habite. Ne m’oubliez pas.
Sur ces mots, elle ferme la porte. Elle y reste collée quelques instants, afin d’entendre les pas de Ryuji s'éloigner, avant de lâcher un ”Putain, putain, putain”. dans sa langue maternelle, encore un peu troublée de sa propre initiative.
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"Je ne sais pas", ses mots résonnaient un peu comme un bourdonnement sourd dans ses oreilles. Evidemment qu'elle le savait. Dire qu'on ne sait pas c'est souvent ce qu'on dit pour ne pas trop mettre les pieds dans le plat. Il soupira en même temps qu'elle tout en la suivant s'engouffrer dans la cage d'escaliers du bâtiment. Il aurait préféré qu'elle prenne l'ascenseur, il aurait pu malencontreusement appuyer sur le bouton d'arrêt d'urgence et grapiller quelques minutes encore, qui sait, peut-être était-ce ça dont elle avait besoin "pour savoir".
Forcément, une fois arrivé à son étage et la clé insérée dans la porte– deuxième étage, premier appartement à gauche, il nota cette information –, c'était un peu la fin des petits rêves du professeur de design. Il fit de son mieux pour faire face à la situation avec le maximum d'honneur possible. Rester digne en tout circonstance, c'est ce que son père lui avait appris, malgré les tuiles qui s'acharnent à chuter sur le coin de sa gueule. Enfin bon, on en était loin, du drame. La vie continue, ils se croiseront encore bien sur le campus. Au pire, il s'en contentera, bien qu'il en doute fort. Puis maintenant qu'il savait où elle vivait, difficile de se retenir de forcer les rencontres à l'avenir. Dans de beaux draps, Ryuji l'était, mais dans les siens et seul ce soir.
Il pensait à lui souhaiter calmement une bonne soirée et une bonne nuit lorsque la coréenne revint à la charge subitement, le prenant par surprise et de court. Le baiser était plus doux que celui à l'extérieur. Doux-amer un peu. C'était un baiser d'au revoir, pas un baiser d'adieu et il sourit sans s'en rendre compte en la collant contre lui quelques secondes. Pas question qu'il soit le seul à garder un souvenir de la soirée. Il sourit dans une sorte de grimace tordue, un sourire mi-gêné mi-drôle, en haussant les sourcils. Il aurait pu hausser les épaules mais c'aurait été de trop.Tu peux compter là-dessus.
, lui souffla-t-il accompagné d'un clin d'oeil.
Une fois la porte fermé, il tourna les talons, direction les escaliers. Il habitait un étage plus haut et selon ses calculs, c'était même possible qu'il habite carrément juste au-dessus d'elle, un comble ! Mais peut-être moins difficile à gérer que s'ils avaient été voisins directs. Il pénétra dans son appartement, lança les clés sur le comptoir de sa cuisine et se dirigea automatiquement sur le balcon. Il l'avait attendue toute la soirée cette cigarette, alors il se la fumera avec grand plaisir. Accoudé au garde-corps, le panorama devant lui, la fumée qui s'accumulait dans ses poumons, son nez et devant ses yeux, il eut un rictus.
#terminé
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