Dancing on the street | Feat. Maya

Dancing on the street ♫

Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

La soundtrack du post, pour vous mettre dans l'ambiance.

Juillet touche lentement à sa fin, les vacances sont bien en route, les oiseaux chantent et bon dieu, que Ryuji s'emmerde. C'est pas neuf, il n'aime pas juillet, il n'aime pas ne rien faire sans l'avoir décidé de lui-même ; bref, l'inaction gratuite c'est absolument pas son genre. Il a besoin de se dépenser et c'est plutôt tout naturellement qu'il se met en route pour la salle d'arcade de la ville.

Il a toujours aimé les salles d'arcade et les jeux vidéo en général, mais plus récemment il s'était mis à taper de gros scores sur Dance Dance Revolution, même chez lui, il avait acheté le tapis comme ceux à fond sur le jeu, tous les soirs ou presque il s'entraînait, dans le plus grand secret, un bandeau autour du front ; il ne lui manquait plus que le juste-au-corps et les chaussettes hautes et on aurait pu le croire tout droit sorti d'une film des années 80. Fort heureusement pour lui, sa réputation et les passants, il avait juste enfilé un T-shirt, son jeans fétiche (celui qui ne tombe pas tout seul au moindre mouvement) et sa fidèle paire de sneakers de sport, celles avec les bandes réfléchissantes sur le côté.

Il commença par s'échauffer sur des bornes de jeux de baston, il enchaina assez vite sur des jeux de courses, son casque audio vissé sur les oreilles, pour se croire comme dans ce célèbre animé de courses de rues. Tournant son volant comme un professionnel sur le rythme bien connu d'eurobeat, il finit la course et, enfin chaud, se décida à se présenter devant le main event de la soirée: la borne DDR, qui l'attendait au fond de la salle, au centre d'un cercle de jeunes déchainés en train de se trémousser sur la musique et d'autres qui observaient stoïquement les pas des joueurs.

Il se fraya un chemin dans le groupe et posa sa pièce sur la place du joueur venant de quitter la partie, signe incontestable de sa volonté de prendre sa place, en profitant pour couper court aux ambitions des lycéens qui étaient venus se délasser après leurs obligations de la journée. Tant pis pour eux. Il se prépara à commencer la partie, qu'il pensa en solo car aucune autre personne n'était sorti du groupe pour l'affronter, peut-être par peur ou juste par manque d'intérêt. Après un dernier étirement il se prépara à valider la piste quand soudain, son adversaire du soir se manifesta...

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Comment ça "trop vieux pour ce genre de jeu" ? Pour qui elle se prend cette gamine et puis pourquoi est-elle habillée comme une espèce de lolita d'ailleurs ? Ryuji la toise du regard, le sourire en coin. "Enfin un adversaire", se dit-il empli de fierté et galvanisé par sa pique provocatrice. Il fait quelques pas chaloupés, ses semelles glissent habilement sur les touches de la plateforme de jeu, les effets lumineux s'enchaînent et les bruits rendent le coin encore plus assourdissant qu'il ne l'était. Il termine sa démo par une pirouette qu'il conclut par une main en forme de pistolet, pointée en direction de la gamine.

Moi, trop vieux ? Mais absolument pas., dit-il tout grand sourire. T'es là pour jouer ou pour saler la piste de danse ? Parce que si t'es juste là pour te faire remarquer, passe ton tour: d'autres attendent.

Et paf, ça lui apprendra à faire la maligne et à faire son intéressante. Au fond de lui, Ryuji espérait surtout qu'elle prenne ça comme un défi et qu'elle y réponde. Ca faisait longtemps qu'il ne s'était plus mesuré à quelqu'un d'autre et il attendait la moindre occasion de le faire. La compétition, qu'est-ce que c'est grisant...

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Elle ne se prend vraiment pas pour de la merde, la lolita vaguement gothique. Elle lui laissait le choix, hein... Il se tourna vers l'écran de la borne et commença à scroller dans la liste des chansons disponibles, il y en avait pas mal, de différents niveaux de difficultés – sans en prendre en compte les paramètres de difficulté du jeu. En parlant de ça, hors de question de partir sur un réglage facile: ce serait faire aveu de faiblesse ou bien cela pourrait donner l'impression à son adversaire qu'il la sous-estime, le typique "je choisis une chanson facile pour ne pas te perdre au premier round". Même s'il le pensait très fort, ses jeunes années en salles d'arcade lui avaient appris à ne JAMAIS sous-estimer un potentiel adversaire, ni à juger à livre à sa couverture. Après tout, les duels sur DDR c'est du sérieux.

Merci pour cet honneur, je te laisserai choisir la prochaine, si ça te va, petite., dit-il en l'observant du coin de l'oeil, alors que son choix s'arrêta sur une piste.

La piste choisie par le professeur de design était "Speed Over Beethoven", un véritable monument pour la communauté DDR, une track qui remontait à DDRExtreme, il y a quinze ans de ça. Il pensa un instant que, vu son apparence, la gamine risquait fort de ne pas être née à l'époque de sa sortie, ce qui le fit sourire en lui donnant un coup de vieux.

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Toutes ces soirées à s'entraîner sur son tapis dans son appart avaient visiblement porté leurs fruits, Ryuji se bougeait avec rythme et détermination, si la scène avait lieu dans un manga ou un anime, des éclairs sortiraient des semelles de ses chaussures et l'on pourrait distinguer l'ombre d'un esprit penché sur ses épaules, lui dictant les pas à enchaîner avec une précision chirurgicale. Sa danse n'était pas sans erreur cela dit, il atteignait rarement les 100% de complétion dès la première danse. Puis après tout, comme son adversaire l'avait mentionné, ce n'était que l'échauffement.

Alors, on en parle de mes "fragiles oreilles de vieux" ?, lança-t-il, ricanant, en buvant une gorgée d'eau.

Il s'attacha les cheveux en catogan, avec son élastique rose fétiche, que lui avait offert la championne de DDR de sa promotion. Une fille exubérante et pétillante qui se targuait d'être imbattue et imbattable dans tout le quartier. Il fallut des semaines à Ryuji pour atteindre son niveau, venant à bout de tous les membres de sa clique comme le Seiya achevant chaque Chevalier d'Or du Sanctuaire pour atteindre le Grand Pope Saga.

Pas mal comme choix. Tu penses mieux t'en sortir sur celle-là ou tu veux encore une danse d'échauffement, ma petite ?, dit-il sur un ton moquer et complaisant, le sourire en coin et le regard fixé dans celui de son adversaire, dont il ignorait encore le nom.

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19 juillet 2017, en soirée

Faire une pause, non mais ça va pas ? Elle se prenait vraiment pas pour de la merde, celle-là. Alors oui, il est vrait qu'il n'aurait pas dit non à un snack ou au moins à de l'eau, mais s'il ne voulait pas perdre la face devant cette lolita-goth sortie des pires dating-sim de cette génération, il devait prendre sur lui.

Il décida de la prochaine track à lancer. Son choix se porta sur un classique international qui étonna de sa présence dans le catalogue de la borne, un bon tube disco sorti de son terroir d'Outre-Pacifique : September de Earth, Wind & Fire, idéal pour se déhancher sur la piste. Il regretta presque de ne pas avoir mis de pantalon à pattes et d'avoir sorti sa plus belle chemise criarde. Tant pis, il se contentera de ses habits de lumière habituels.

Ca ira pour toi celle-là ? Pas trop vieux ?, lança-t-il en validant.

Au moment de danser ce fut comme si un passé de danseur de disco imaginaire l'investit, comme si dans une autre vie il avait écumé les boîtes de nuit américaines tel un John Travolta métissé, les chemises à col "pelle à tarte" en moins, mais tout aussi ouvertes, laissant dépasser un torse imberbe (parce qu'il a beau être hafu, il n'en restait pas moins plus proche du japonais que du caucasien. Il observa son adversaire et remarqua que malgré son accoutrement, elle ne s'en sortait pas si mal que ça la bougresse ! Un, puis deux et enfin trois spins plus tard, la chanson était finie. Il fit face à l'étudiante, en haletant.

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19 juillet 2017, en soirée

La gamine semblait avoir un truc pour la musique de jeux vidéo, un bon point pour elle, une preuve de bon goût ; ce qui ne rattrapait cependant pas son caractère de cochon. Si elle avait des problèmes, c'est avec un spécialiste qu'elle devait les régler, pas en balançant toute sa frustration sur Ryuji, merde.

T'aimes bien Crypt of the Necrodancer à ce que je vois ? Baranowsky est un génie., dit-il en souriant.

C'était clairement plus punchy et, la fatigue se faisant ressentir, il manqua plusieurs enchaînements de pas, ce qui lui fit perdre plusieurs points et à terme, la game. C'était peut-être la track de trop, ou bien le fait qu'il n'était pas vraiment dans son élément, il ne l'avait pas assez travaillée et il le ressentait. La défaite n'était cependant pas cuisante mais assez pour légèrement toucher son égo, déjà blessé plusieurs fois de la semaine en plus... Lorsque la musique toucha à sa fin et que la borne d'arcade annonça le vainqueur de leur duel, il se retourna vers son adversaire et lui tendit la main.

Félicitations, elle n'était pas simple celle-là. Je sais admettre quand je suis à mon désavantage et lorsque je tombe devant une adversaire qui en a dans le ventre, et j'en vois une devant moi. Alors GG., annonça-t-il un peu plus fort que d'habitude pour tenter de transpercer le bruit des applaudissements de la foule qui s'était amassée autour d'eux. Le duel sembla avoir fait des émules...

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19 juillet 2017, en soirée

Décidément, cette petite avait de la ressource ! Ou bien était-ce l'âge qui pesait soudainement sur les épaules, le dos et les genoux de Ryuji ? Honnêtement, il l'ignorait et il s'en fichait. C'était plutôt galvanisant de pouvoir se dépenser comme ça, il regretta de ne pas l'avoir fait plus tôt. Trois mois sans sorties, ça le pesait, surtout avec ce boulot de prof plutôt exigeant... Surtout avec la semaine insolite qu'il avait vécue.

J'admets qu'ils sont bons. Les reprises métal de certaines chansons de jeux surtout., dit-il en payant la prochaine partie, juste avant qu'elle ne valide la prochaine musique.

Celle-là aussi il la connaissait. Guilty Gear, quel jeu. Quel musique de personnage aussi. Pas son main, clairement pas, mais il avait un je-ne-sais-quoi qui lui plaisait ; qui lui faisait penser au Doyen en plus jeune. Ca devait être la barbe et le bouc.

Il connaissait certes la musique mais pas le pattern de dance. Il mordit sur sa chique pour tenir la distance tandis que la gamine donna tout ce qu'elle semblait avoir dans les tripes. Elle était habitée du Feu Sacré, aucune autre possibilité. La musique se termina sur une victoire de son adversaire, la deuxième d'affilée.

Une pause ? J'offre à boire en récompense, tu m'as mis à genoux., dit-il en guise de proposition, la main tendue en vue d'une poignée de mains.

L'assistance était en feu, mais la petite – dont il ignorait toujours le nom donc appelons la "la petite" en attendant –, semblait totalement l'ignorer, plus occupée à vouloir prouver sa supériorité sur le dancefloor. Epatant.

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19 juillet 2017, en soirée

Oui bon, certes, il admettait la défaite mais c'était uniquement pour cette fois là. A la prochaine occasion il se ferait un plaisir de la remettre à sa place, cette petite impertinente. Il ne réagit pas à sa provocation et observa distraitement le laminage de son remplaçant, alors qu'il cherchait du coin de l'oeil un distributeur.

Il lui laissa le loisir de l'éclater en bonne et due forme, ayant repéré la machine entre-temps. Il se freya un chemin jusqu'à elle, plutôt rapidement car elle n'était pas si loin, et une fois a sa hauteur, commanda machinalement deux sodas.

Il revint pile a la fin de son show, pile au moment pour lui tendre la cannette fraîche.

Tiens. J'espère que le soda ne te dérange pas, dit-il en ouvrant sa propre boisson. On ne s'est pas présenté je crois. Moi c'est Ryuji Yamashiro. Prof a l'Université de Kobe net afficionado des salles d'arcade

Il resta très poli, comme si sortir de son mode compétitif l'avait calmé. Il ignorait encore si une autre partie sur un autre jeu allait suivre leur session de danse, donc autant faire connaissance au cas où ils se recroiseraient à l'avenir.

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Une offrande ? Quelle offrande !? Il était juste poli et digne : il avait perdu à la loyale, il offrait le rafraichissement. Ce n'était pas comme s'il s'était incliné de tout son long ou mis à genoux devant la petite gothic lolita. Puis quoi encore ? Le pire étant qu'elle récupéra la cannette avec un dédain très marqué sur le visage. "T'es plus mature que ça, mec, réponds pas" s'était-il dit lorsqu'elle ouvrit à son tour la boisson, en espérant toutefois secrètement qu'elle explose.

La révélation de son poste de professeur ici, à Kobe, eut l'air de beaucoup amuser son adversaire. L'amuser mais aussi l'étonner. Il y avait quoi de si étonnant pour un prof trentenaire de profiter des quelques (rares (et réels)) moments de détente que lui laissaient son horaire ? Puis elle avait tort, les salles d'arcade n'étaient pas des nids à rebelles. Ou bien elle en était une aussi.

Je me détends, c'est pas interdit que je sache, c'est pas comme si je vais draguer de l'étudiante, hein..., bougonna-t-il en sirotant. D'ailleurs, si c'est un "endroit pour les jeunes rebelles", tu fais quoi ici ? T'en es une ?

Bon, la dernière invective était un peu piquante. Au moins maintenant il était plus ou moins fixé sur la bête : elle était aussi arrogante en jeu qu'en-dehors, cette petite Maya, comme elle prétendait s'appeler. A voir si elle allait continuer de le rester ou si c'était surtout du bluff.

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19 juillet 2017, en soirée

En plus c'était une étudiante... Rien du tout n'allait dans cette semaine en fait. "T'es dans de beaux draps mon grand", se dit-il en se mordant la joue. Il se reprit, se redressa comme pour devenir plus imposant et prit un ton sérieux.

Déjà je vous conseille de ne pas tutoyer un professeur, mademoiselle !

Il but plusieurs gorgées de soda pour se raffraichir. C'est qu'il faisait chaud dans cette salle d'arcade, entre tous les gens réunis, leurs danses et la tension qui venait de monter en à peine quelques secondes. Jusqu'ici il ignorait si cette Maya était étudiante à la KHS mais il y avait de grandes chance que ce soit le cas... Pourtant, un accoutrement et un tempérament aussi atypiques ça se remarques d'assez loin en général ! Cela voudrait dire qu'il était devenu moins observateur avec le temps, un comble pour un professeur de design, ancien dessinateur et animateur ! Une honte pour la profession...

Il regarda discrètement et distraitement, l'air de rien, autour de lui pour vérifier qu'aucun autre élève qu'il connaissait se trouvait dans la salle d'arcade, sentant sa vie et surtout sa carrière comme étant en danger. Entre sa rencontre avec Nissa Tanaka plus tôt dans la semaine et ça... il se sentait soudainement vacciné de rencontrer des étudiantes en-dehors des heures consacrées aux cours ou aux activités de clubs. Une fois rentré chez lui il se promettra de ne se cantonner qu'à ça, fini, rideau.

Bah ça tombe bien, c'est aussi mon intention, me détendre. C'set pas facile d'être prof hein, faut le savoir, c'est même très difficile, très exigeant, et il faut savoir relâcher la pression avant d'imploser (...), commença-t-il avant de se lancer dans un laïus interminable sur les conditions de travail des professeurs au Japon que votre serviteur se donne le soin de ne pas vous retranscrire...

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Mais d'où il l'avait menacée ? C'était juste un simple rappel de courtoisie, comme une laisse gentiment mais fermement tirée afin de signifier à un animal de ne pas dépasser les bornes. Pas qu'il la considère comme un animal mais son comportement n'était pas des plus civilisés pour autant.

Alors, d'une ce n'était pas une menace. Et de deux, JE suis cool. T'en connais beaucoup des profs qui se débrouillent aussi bien sur DDR ? s'exclama-t-il, vexé

Et encore, elle ne l'avait pas vu sur les jeux de tir ou de course ! Avec son agacement, il avait lui-même oublié la règle qu'il venait de se fixer et l'avait tutoyée à nouveau. Il se voyait déjà la recroiser sur le campus et devoir réfléchir à bien faire attention à bien la vouvoyer comme il se doit. Encore que, en tant qu'aîné et professeur, il pouvait se le permettre, non ? C'était un peu son supérieur, quand on y pense deux minutes.

J'envisage juste toutes les possibiltiés., commença-t-il. Puis d'abord je ne me plains pas, j'expose des faits ! Et enseigner c'est extra. Ca change de bosser dans un bureau comme un esclave et d'être payé au lance-pierre. Ouais. C'est cool d'être prof.

Etait-ce de l'auto-suggestion ou était-il sérieux ? Au final son expérience en tant qu'enseignant ne se limitait pour le moment qu'au premier trimestre, même pas une année entière, et la rentrée des classes est souvent synonyme de rythme un poil plus lent, ce n'était pas comme s'ils étaient en période d'examens de fin d'année. Il prit un air sûr de lui, presque arrogant, pour appuyer son propos. Il devait avoir l'air sûr de ce qu'il venait de dire.

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19 juillet 2017, en soirée

La gamine le chauffait à blanc, ou en tout cas si elle continuait sur cette voie elle risquait fort de vraiment le mettre à cran et ce serait quelque chose d'absolument peu avantageux pour lui, surtout en public comme ça. Il devait garder la tête froide et essayer de garder son calme. Au pire il la défoncera à leur prochaine partie, si tant est qu'ils jouent encore ensemble ensuite. Il comprit tout de même ce qu'elle voulait dire, la séparation entre le Ryuji-prof et le Ryuji-pas-prof. En tout cas c'est ce qu'il avait compris.

Hmm.. Je pense avoir compris ce que tu voulais dire. Arrête-moi si je me trompe hein : tu fais la distinction entre ce que je suis sur le campus et ici, c'est ça ?

Il s'était un peu calmé, elle n'avait pas l'air si méchante, juste terriblement mesquine, impertinente, irrévérencieuse et vulgaire dans sa façon de parler. Un sale gosse. Il lui rappelait sa soeur. Décidément c'était la semaine !

Pour être honnête, j'ai toujours eu envie d'enseigner aux gens. A la fac j'adorais aider et je me suis dit pourquoi pas. commença-t-il en finissant sa cannette. Sauf que j'ai été vite engagé comme illustrateur clé pour des anime hentai sur Tokyo, pas si mal payé puis c'était fun. Après ça un job en a enchainé un autre et j'ai été gavé. Et l'idée d'enseigner m'est revenue. Retour en classe, c'était chiant, pour finalement atterrir ici en avril !

Bon, ce n'était peut-être pas ce qu'elle avait demandé mais soit, il avait quand même réussi à lui expliquer pourquoi il était devenu prof, non ? L'info principale y était, ça suffisait. Le reste c'était beaucoup de contexte saupoudré de politesse.

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Elle ? Devenir prof ? Ryuji n'en croyait pas ses oreilles. Il pouvait aisément imaginer n'importe qui au poste de professeur mais surtout pas Maya, avec son caractère de cochon et sa façon de s'exprimer en faisant totalement fi des normes de respect de ses ainés... En même temps, sur ce dernier point il n'avait pas été mieux lui-même et de mémoire, il n'avait pas non plus été très exemplaire ses jeunes années...

En vrai... t'es une petite effrontée., commença-t-il en la regardant du coin de l'oeil. Mais tu pourrais faire une prof pas dégueu. Si tu t'étais moins sanguine.

Il secoua les épaules lorsqu'elle le regarda, prête à réagir à sa remarque qui sonnait forcément comme une pique ou un reproche, mais il n'en était rien. La petite lui rappelait beaucoup sa soeur, y compris dans la tenue, avec ses nombreux shootings photo depuis le début de sa carrière d''idol.

Et tu serais bien étonnée de ce que je fais dessiner à mes élèves ! Des vêtements, des meubles, des logos... parfois même je rattrape les erreurs d'arts plastiques, c'est pas mal de taf!

Il paraissait fier de ce qu'il faisait mais au fond de lui, c'était plutôt naturel. Y compris rattraper les erreurs de ses collègues, pour le peu qu'il y en avait en même temps...

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19 juillet 2017, en soirée

Mais elle cherchait vraiment, bien qu'elle semblait plus apaisée qu'au moment de leur rencontre. Elle avait le potentiel d'être même plutôt sympathique bien que taquine. S'il n'avait pas une dizaine d'années de plus qu'elle, Ryuji aurait pu envisager être ami avec elle, mais vu le contexte, ce n'était pas réellement à l'ordre du jour et ça risquait fort de ne jamais l'être.

Franchement, c'était un encouragement. Faut de la patience pour enseigner à des merdeux., lui répondit-il d'un air désinvolte avant de se reprendre. Pas que tous les étudiants soient comme ça, il y en a de très bien même !

Manquerait plus que le bruit court qu'un professeur de l'université de Kobe casse du sucre sur le dos des étudiants de l'institution et c'était un rendez-vous à la direction assuré pour le professeur de design. Manquerait plus que ça pour le mettre dans la sauce jusqu'au cou. Mais non, il ne laisserait pas ça faire, il y tenait à son poste à peine décroché, et reprendre son passé de dessinateur n'était plus à l'ordre du jour depuis son départ, sauf en loisir.

Non ça jamais. Personne n'est au courant techniquement, la magie des pseudos. On fait des meubles, des vêtements, classique quoi., dit-il en riant un peu. Et ce sont des erreurs à la con, type mauvaise maîtrise de la perspective, des proportions, ... j'impute pas ça aux professeurs, on manque de temps et les étudiants de pratique. Pour ça que je propose un espace pour s'exprimer, c'est important.

Il en était d'ailleurs totalement convaincu: un environnement sain était l'idéal pour laisser s'exprimer les esprits dopés aux hormones des adolescents et jeunes adultes. Il fallait stimuler leur créativité et que ce soit dans son cours ou ses activités de référent de club de photo (même s'il était surtout prêteur, comptable et gratte-papiers pour le moment), c'était son petit objectif personnel qu'il espérait relever avec brio.

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Feat. Maya Wayne

19 juillet 2017, en soirée

Club de photo !, répondit-il fièrement. C'est qu'il aimait bien son club photo, même si son rôle se résumait à être une espèce de gratte-papier. J'aimerais proposer des expos, des shootings photo en extérieur, du portrait aussi. Eventuellement leur apprendre un peu de retouche, pourquoi pas ? Leur donner une petite impulsion et les laisser se débrouiller ensuite.

Il était sincère, même s'il n'était pas en charge d'un cours de photo et que son rôle était surtout administratif, il avait néanmoins l'ambition de vouloir être un peu plus que ça, de se démarquer en bien des autres membres du corps professoral. Pas qu'il était moins bon qu'un autre, tous les profs se valent au final tant qu'ils ont leur travail à coeur.

C'est vrai qu'en cherchant bien et aux bons endroits, on peut tout apprendre !, dit-il en riant. T'envisages de faire quoi de ta vie à part prof ? Jamais envisagé de faire de la recherche ?

Il était curieux parce que cette impertinente s'avérait plus intéressante qu'il n'y paraissait de prime abord, une fois qu'on passait par-dessus son parler digne de celui de Ryuji: irrévérencieux, faisant fi des barrières hiérarchiques.